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1.1.

Les notions de base du FLE


Nastasja Caneve : Avant d’entrer dans le vif du sujet, j’ai quelques petites questions à vous
poser ? Par exemple, pourquoi parle-t-on tantôt français langue étrangère, tantôt de français
langue seconde ?

Jean-Marc Defays : Excellente question, Nastasja ! Je ne pourrais cependant pas répondre de


manière définitive car la différence reste assez imprécise. Même si elle reste contestable, la
formulation français langue étrangère et seconde et l’acronyme FLES se sont largement
répandus et s’opposent dorénavant au français langue maternelle ou langue première. En
général, on réserve l’appellation français langue seconde aux situations où le français ne peut
être totalement considéré́ comme une langue étrangère ; soit dans le pays où il est enseigné
(en Belgique, en Suisse, au Maroc), soit pour le public à qui il est enseigné (à des immigrés de
longue date, à des enfants de famille bilingue).

Vous verrez que l’on ajoute toute une série d’autres étiquettes au français langue étrangère
ou seconde en fonction des circonstances dans lesquelles on l’enseigne : français sur objectifs
spécifiques (FOS), français langue d’accueil ou d’intégration (FLI), français professionnel,
français de scolarisation (FLSco) , français sur objectifs universitaires (FOU), etc.

J’en profite pour signaler que l’on appelle : langue-cible et culture-cible la langue et la culture
enseignées, ici le français et les cultures francophones ; langue-source et culture-source la
langue et la culture maternelles des apprenants ; et éventuellement langue et culture-relais,
la langue et la culture étrangères que ces apprenants connaissent bien et qui servent –
volontairement ou non – d’intermédiaires. Comme par exemple, l’anglais pour des Chinois
qui apprennent le français. On peut aussi designer ces différentes langues par des numéros :
L1 pour la langue maternelle, puis L2, L3, etc.

Nastasja Caneve : À propos du public, justement, vous ne parlez pas d’élèves ou d’étudiants,
mais d’apprenants… Ce n’est pas un peu trop savant ?

Jean-Marc Defays : Rassurez-vous, ce n’est pas pour le plaisir de jargonner que l’on utilise le
mot apprenants à la place d’élèves ou d’étudiants comme dans d’autres didactiques, mais pour

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la bonne raison que les publics sont beaucoup plus variés en didactique des langues
étrangères qui dépasse largement le cadre scolaire.

Ce terme d’apprenants met aussi l’accent sur leur rôle actif, au même titre que celui
d’enseignant. Ceci me permet d’insister sur les deux versants de la didactique :
l’enseignement d’une part et l’apprentissage de l’autre.

On ne peut plus les confondre comme quand on pensait qu’il suffisait à l’enseignant
d’enseigner pour que les apprenants apprennent. Il faut surtout rappeler que l’enseignement
est au service de l’apprentissage et non l’inverse. Pour éviter les malentendus, on associe les
deux termes apprentissage et enseignement, quand la distinction n’est pas en cause. Nous y
reviendrons car cette problématique est au cœur de notre travail et de notre réflexion.

Ces apprenants sont donc allophones et à ce titre, ils participent à des échanges exolingues,
c’est-à-dire que la langue utilisée n’est pas leur langue maternelle. Un locuteur ou un
professeur natifs parlent et enseignent au contraire leur langue maternelle.

On appelle primo-arrivants les personnes dont c’est le premier contact avec le pays étranger,
sa langue et sa culture. Ce sont des personnes qu’il faudrait accueillir le mieux et le plus
rapidement possible.

Pour terminer cette leçon de vocabulaire, les caractéristiques des apprenants, par exemple
leur langue maternelle, leur âge, leur niveau de scolarité́, constituent ce qu’on appelle leur
profil, profil dont il faut que l’enseignant tienne évidemment compte à tout moment dans son
travail qui consistera à fixer des priorités, à établir un programme, rythmé par des projets, qui
jalonneront le parcours de l’apprenant. Voici beaucoup de p à associer les uns aux autres !

Nastasja Caneve : Dernière question. Quelles sont les différences entre cette didactique, la
méthodologie et la pédagogie ?

Jean-Marc Defays : C’est encore tout un débat parmi les spécialistes, mais nous préférons
nous en tenir ici à une répartition rudimentaire mais qui a l’avantage d’être claire et pratique.

La didactique au sens étroit s’intéresse aux théories scientifiques, linguistiques,


psychologiques, communicatives, culturelles et autres qui inspirent les méthodes
d’enseignement des langues. La didactique des langues se trouve en effet au confluent de
nombreuses autres sciences et disciplines, ce qui la rend passionnante mais aussi difficile, tant
dans le domaine de l’enseignement que de la recherche.

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Comme son nom l’indique, la méthodologie analyse, contrôle, innove, crée des méthodes à
mettre en œuvre pour enseigner les langues, en recourant à telles activités, à telles
ressources, à tel équipement, en fonction des théories que les didacticiens ont proposées.

La pédagogie se concentre sur le travail direct de l’enseignant avec les apprenants, en classe
ou à distance, comme c’est le cas ici. Nous l’avons déjà̀ dit, enseigner les langues est un métier
à part entière qui demande la maitrise de compétences, de techniques, de stratégies variées
dont on peut toujours améliorer l’efficacité́.

Les trois niveaux ne sont évidemment pas isolés : il est indispensable de les articuler les uns
aux autres. Un bon enseignant ne cesse de chercher et c’est en enseignant qu’un bon
chercheur vérifie ses travaux. À tel point qu’on utilise aussi – ce sera notre cas ici – le mot
didactique dans un sens large, pour englober aussi la méthodologie et la pédagogie.

Pour finir, il faut signaler que les langues sont tellement indissociables des cultures, comme
nous le constaterons constamment, que le terme qui s’impose maintenant est celui de
Didactique des langues et des cultures étrangères et, en ce qui nous concerne, Didactique du
français langue étrangère (et seconde) et des cultures francophones.

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