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Cette vision est malheureusement trop idéaliste, ainsi que trop simpliste. Elle est
idéaliste car les classes de langues ne regroupent pas systématiquement des
apprenants ayant un niveau et des compétences similaires, les répartitions hétérogènes
étant tributaires des contraintes financières, logistiques ou diagnostiques. Elle est aussi
simpliste car l'hétérogénéité ne concerne pas uniquement celle des niveaux ; en effet,
même au sein d’une classe où tous les apprenants auraient un niveau et des
compétences similaires, d’autres facteurs viennent contrarier la possibilité d’un
enseignement unique :
● L’origine culturelle des apprenants, sur laquelle ont été construites des stratégies
d’apprentissage différentes. Par exemple, Béatrice Bouvier a analysé les raisons
pour lesquelles les apprenants sinophones n’ont pas l’habitude de prendre la
parole dans un contexte d’apprentissage, redoutent de soumettre leurs
productions au regard de l’autre et hésitent à poser une question car celle-ci
traduit soit que l’apprenant n’a pas su comprendre des explications claires, soit
que l’enseignant n’a pas su expliquer clairement. Aux côtés d’apprenants
(notamment provenant de certains pays européens ou des deux Amériques) plus
habitués à concevoir la classe comme un lieu d’interaction avant tout, l’enseignant
de FLE se retrouve face à des stratégies d’apprentissage particulièrement
différentes.
● L’origine linguistique des apprenants. Par exemple, les apprenants
hispanophones ont évidemment beaucoup plus de facilités (que, par exemple,
des apprenants arabophones ou russophones) en raison de l’appartenance du
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La différenciation en classe de FLE, comment en faire ?
Il ne s’agit ici que d’un aperçu des facteurs hétérégonéisants dans une classe de FLE ;
dans une analyse du système éducatif français, Jean-Louis Chiss précise que
l'hétérogénéité d’une classe ne saurait être réduite au niveau de maîtrise d’une
compétence, mais qu’elle concerne bien un ensemble de facteurs sociaux,
psychologiques et culturels :
Au vu de tous les facteurs pouvant entrer en jeu, c’est bien la classe hétérogène qui nous
semble être la norme, la classe homogène étant une exception, sinon une utopie. Ce
faisant, la gestion de l'hétérogénéité des apprenants en classe de FLE est donc un
problème qui concerne tous les professionnels du FLE.
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La différenciation en classe de FLE, comment en faire ?
Différencier, c’est rompre avec la pédagogie frontale, la même leçon, les mêmes
exercices pour tous ; c’est surtout mettre en place une organisation du travail et des
dispositifs qui placent régulièrement chacun, chacune dans une situation optimale.
Cette organisation consiste à utiliser toutes les ressources disponibles, à jouer sur
tous les paramètres, pour organiser les activités de telle sorte que chaque élève soit
constamment, ou du moins très souvent, confronté aux situations didactiques les
plus fécondes pour lui.
Il est cependant une réalité qui n’est que trop rarement évoquée depuis l’article de
Christian Puren : dans une classe où trois apprenants sur quinze ont un besoin ponctuel
ou particulier, le problème d’un enseignant n’est pas Comment répondre à ce besoin ? En
effet, nous savons, en tant qu’enseignants, comment répondre au besoin d’un apprenant.
Le problème est dans la gestion de cette réponse : que faire, pendant que nous
répondons au besoin de ces trois apprenants, des douze autres ? Si le renforcement et la
remédiation ont leurs vertus, ils ne peuvent systématiquement combler l’attente d’un
apprenant qui n’est pas intégré dans un échange didactique. Il nous semble nécessaire
d’insister sur ce point : la difficulté de gestion de l’hétérogénéité ne découle pas
uniquement de la nécessité de répondre à des besoins différents, ce que l’enseignant
sait faire, mais de la nécessité de répondre à un faisceau de besoins différents sans
qu’aucun apprenant ne se sente délaissé.
Christian Puren fait donc la différence entre la « variation », qui est une diversification
successive des tâches d’apprentissage, et la « différenciation », qui implique que les
apprenants effectuent des tâches différentes mais de manière simultanée. Puisque nous
supposons que la variation est une pratique ancrée partout, c’est bien de différenciation
que nous parlons ici. Nous rajouterons cependant une nuance enrichissante à la
différenciation telle que définie par Puren : nous verrons effectivement comment Frello
facilite la réalisation de tâches différentes simultanément, mais nous verrons aussi qu’il
est possible de faire de la différenciation en proposant la même tâche à tous les
apprenants.
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La différenciation en classe de FLE, comment en faire ?
Ces implications intervenant avant, pendant et après le cours, c’est sans surprise que les
enseignants se retrouvent dans l’incapacité de proposer une diversification dans le
contenu qui puisse répondre aux besoins de différenciation, tel que l’écrivent David et
Abry :
Le travail préparatoire est très important puisqu’il faut préparer deux ou trois cours
en un seul, parfois rédiger des fiches autocorrectives pour gagner du temps.
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La différenciation en classe de FLE, comment en faire ?
C’est dans la perspective de résolution de ces problématiques que les outils de Frello
ont été créés :
1. Disponibilité des contenus : Frello propose environ 800 modules (octobre 2019)
portant sur les quatre compétences de communication et les compétences
linguistiques du français, pour les niveaux A1, A2 et B1, soit environ 150 heures
d’apprentissage. Ces contenus sont consultables sur notre référentiel de
compétences. Ils ne visent pas à révolutionner les pratiques enseignantes, mais à
les accompagner. Il s’agira toujours d’identifier les besoins et de trouver les
modules qui traitent des compétences visées, mais ces contenus sont déjà
didactisés tout en respectant les principaux points de notre charte pédagogique
(authenticité, contextualisation, apprentissage numérique pérenne).
2. Gestion des groupes : Frello permet à l’enseignant, au sein d’une classe,
d’assigner des devoirs différents à un ou plusieurs sous-groupes de la classe. La
possibilité d’assigner également en présentiel épargne à l’enseignant toute la
logistique de préparation à l’activité (copies, distribution, explication de l’activité) :
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La différenciation en classe de FLE, comment en faire ?
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La différenciation en classe de FLE, comment en faire ?
Apprendre en enseignant
Le Lernen durch Lehren (LdL), ou « apprendre en enseignant », est une technique
d’enseignement développée par Jean-Pol Martin et pratiquée en Allemagne depuis les
années 1980, dont les bases théoriques sont décrites ici. Il s’agit de demander à un
apprenant de se placer en tant qu’enseignant, cette démarche nécessitant la maîtrise de
la compétence enseignée.
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La différenciation en classe de FLE, comment en faire ?
Les apprenants les plus faibles construisent leur savoir grâce à l’aide des apprenants les
plus avancés qui sont alors dans une démarche de remédiation, qui leur permet
d’identifier les limites de leur maîtrise d’une compétence qu’ils croyaient acquise. Par
ailleurs, les questions et les explications permettent des interactions plus riches et plus
nombreuses, mais surtout plus authentiques. En effet, l’objectif ne se limite plus à la
réalisation d’un exercice structural, mais à l’accompagnement à sa réalisation, ce qui
place cette technique dans une démarche actionnelle, car les intentions de parole sont
alors authentiques.
Là encore, chaque apprenant fait ce qui lui permet de construire ou de consolider ses
compétences, les apprenants les plus avancés ayant à expliquer divers points
linguistiques, sociolinguistiques ou pragmatiques aux plus faibles. L’expérimentation de
cette pratique nous montre que l’activité langagière qui en découle dépasse très souvent
l’objectif initial : les apprenants discutent entre eux, les plus avancés prennent plaisir à
expliquer aux autres tandis que les plus faibles se construisent des stratégies
d’apprentissage plus autonomes.
Ce n’est donc pas le support qui détermine les limites d’une activité, mais le rôle que l’on
attribue à chacun lors de la réalisation de cette activité.
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La différenciation en classe de FLE, comment en faire ?
Ludo-éducatif
Les outils Frello proposent de très nombreuses activités ludo-éducatives, ou des « jeux
sérieux ». Lors de ces activités, l’apprenant n’est pas sollicité pour une réflexion-réponse
sur la langue elle-même, mais pour trouver une solution à un problème ludique, ou des
informations culturelles. Durant ces activités, l’apprenant est néanmoins obligé de manier
la langue pour pouvoir comprendre et proposer des solutions, et la langue devient alors
un moyen et non une finalité.
Outre les bienfaits reconnus de ces activités, elles permettent une différenciation. En
effet, nous avons systématiquement pensé ces activités pour qu’une activité proposée au
niveau A1 puisse néanmoins intéresser tous les niveaux supérieurs, y compris des natifs.
Autrement dit, une activité ludo-éducative de niveau x peut être proposée à tous les
niveaux supérieurs, la difficulté de l’activité résidant dans sa réalisation et non dans la
complexité de la langue.
C’est pour cela que ces activités peuvent être proposées à des groupes hétérogènes.
L’entraide se fait alors dans les deux sens, un apprenant de A2 pouvant aider un
apprenant de B2 à la résolution du problème, comme dans les exemples suivants :
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La différenciation en classe de FLE, comment en faire ?
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La différenciation en classe de FLE, comment en faire ?
Réalisées collectivement, ces activités permettent des interactions qui donnent lieu à
plusieurs questions logiques et formelles. L’enseignant joue alors le rôle de coordinateur
entre les groupes.
Suivi et évaluation
La condition première, constante et dernière de la mise en place d’une pédagogie
différenciée est l’identification des besoins, et donc l’évaluation (nous proposons un
schéma de l’évaluation sur Frello ici). Sur Frello, cette évaluation est rendue possible
grâce à l’outil de suivi à disposition des enseignants, qui permet une vision globale,
individuelle, détaillée ou granulaire de l’avancée des apprenants (Ces diagrammes de
compétences sont présentés en détail ici). En voici un aperçu :
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La différenciation en classe de FLE, comment en faire ?
Conclusion
Perrenoud fait un constat : dans la littérature, dans les mouvements pédagogiques, dans
les textes officiels et dans les formations initiale et continue, il y a bel et bien rupture avec
la pédagogie de la transmission (l’enseignant transmet verticalement le savoir) pour une
vision où l’enseignant est une « personne-ressource » dont le rôle est d’organiser les
situations d’apprentissage ; mais dans les faits, « les représentations de l’enseignement et
de l’apprentissage restent assez traditionnelles ».
Les raisons de ces entraves sont nombreuses et complexes (formation des enseignants,
remise en question de leurs pratiques enseignantes), mais elles concernent, au moins en
partie, la disponibilité des moyens et des outils, tels que le résument Catherine David et
Dominique Abry :
C’est pour la mise à disposition de ces moyens que Frello a été créé. Pouvant être utilisé
avant, pendant ou après la classe, les outils de Frello permettent la mise en place d’une
différenciation de qualité qui prend en compte les besoins de tous les apprenants. Non
seulement leur progression s’en voit accélérée, mais ils gagnent également en
autonomie et en motivation.
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La différenciation en classe de FLE, comment en faire ?
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