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Le règlement pacifique des différends

internationaux aujourd'hui : principes et


pratiques
Les intérêts des États sont parfois opposés sur la scène internationale ce qui entraîne
des conflits diplomatiques ou des conflits pouvant compromettre la paix et la sécurité
internationale. Pour anticiper sur cette éventualité, le droit international public prévoit
des mécanismes de règlement pacifique des différends internationaux. C'est l'esprit de
la convention de La Haye en ses articles 3 à 14 de la convention du 29 juillet 1899 et les
articles 9 à 35 de la convention de La Haye du 18 octobre 1907. La charte des Nations
Unies en ces articles 2, paragraphe 3, et 33 pose aussi le principe du non-recours à la
force et incite aux États à privilégier les modes de règlement pacifique des différends.
En effet, en cas de conflit entre les États, le différend peut être solutionné en optant
pour une solution diplomatique directe entre les États concernés ou alors le conflit peut
nécessiter l'intervention d'un tiers afin d'aboutir à une solution pacifique du litige en
question. De même, en cas de conflit les organisations internationales peuvent utiliser
des procédures de règlement pacifique des différends pour trouver une issue favorable
au conflit. L'un dans l'autre, les objectifs restent identiques, il s'agit de miser sur les
modes de règlement pacifique des différends internationaux pour préserver la paix et la
sécurité internationale, d'où l'objet du sujet soumit à notre réflexion : le règlement
pacifique des différends internationaux aujourd'hui : principes et pratiques.
Le règlement pacifique des différends internationaux peut être appréhendé comme un
mode de résolution des conflits entre des États en conflit en vue d'aboutir à une solution
pacifique pour sauvegarder la paix et les relations diplomatiques.
Par conséquent, une question fondamentale mérite d'être posée à savoir : quels sont les
principes et les modes de règlement pacifique des différends internationaux ?
L'orientation que prendra cette question influencera nos futures approches.
Par ailleurs, le sujet revêt un intérêt théorique concernant l'ordre de priorité des moyens
de règlement pacifique comme listé dans l'article 33 de la charte des Nations Unies.
Faut-il privilégier alors tel ou tel moyen ou commencer par tel moyen puis un autre.
Dans tous les cas, les parties sont libres de choisir le moyen de règlement en leur
convenance, sauf dans la situation où le traité exige une procédure particulière sur le
moyen de résolution à faire valoir en cas de conflit.
Ainsi, pour mieux cerner un tel sujet, nous aborderons dans une partie, le principe du
consentement et les modes de règlement pacifique des différends internationaux dans
le cadre étatique (I), avant d'analyser dans une seconde partie, les modes de règlement
pacifique des différends internationaux dans le sillage des organisations internationales
(Il).

I. La question du consentement et les modes de règlement pacifique des


différends internationaux dans le cadre des États

Dans cette séquence, il sera question de montrer que le consentement des États est
une condition nécessaire pour que le règlement pacifique aboutisse, mais aussi le choix
du type de règlement est aussi conditionné par le consentement des États (A), avant
d'étudier les mécanismes de règlement pacifique des différends dans le cadre étatique
(B).
A. Le respect du consentement des États dans le règlement pacifique des
différends internationaux

L'engagement international est soumis au principe de consentement. Un État ne peut


pas être partie à un traité international sans son consentement. Il s'agit là, d'un principe
fondamental en droit international public, mais surtout pour le respect de la souveraineté
internationale des États. Le règlement des conflits internationaux obéit au même
principe. En d'autres termes, si un État est en conflit avec un autre État rien n'oblige aux
États de régler leur différend pacifiquement.
En outre, selon l'article 95 de la charte des Nations Unies le choix du mode de
règlement est soumis à la volonté des parties en litige. L'article 33 de la charte des
Nations Unies fait référence à plusieurs moyens de règlement pacifique des différends,
il s'agit entre autres de la négociation, l'enquête, la médiation, la conciliation, le
règlement judiciaire, etc. Cependant, certaines conventions encadrent les moyens de
règlement en intégrant certains modes de règlement. En effet, en ratifiant le traité, l'État
s'engage sur le moyen de règlement établi par le traité. Il faut sans doute préciser que
ce mode de procédé n'exclut pas le consentement des États parce qu'il sous-entend le
consentement préalable des États avant la signature du traité.
Par ailleurs, les mécanismes de règlement juridictionnel participent d'une certaine façon
à la pacification des relations interétatiques, seulement la procédure judiciaire est
sanctionnée par une décision obligatoire qui s'impose aux parties en conflit tout en
respectant leur consentement parce que ces États ont choisi cette procédure lors de la
signature de la convention qui l'institut. Par contre, les modes de règlement pacifique
non juridictionnel aboutissent à des solutions aux allures d'une recommandation ou de
proposition.
En effet, la voie judiciaire n'écarte pas de manière définitive le règlement non
juridictionnel comme on peut le noter dans la décision de la CIJ dans l’affaire des zones
franches de 1969 dans laquelle la Cour précise clairement que la procédure judiciaire
n'exclut pas la procédure amiable.
Il convient alors d'étudier les mécanismes de règlement pacifique des différends dans le
domaine étatique.

B. Les modes de règlement pacifique des différends dans le cadre étatique

Dans cette partie, nous allons analyser une liste de procédé dans le règlement pacifique
des différends.
Premièrement, les États en conflit peuvent choisir la négociation directe ou diplomatique
pour trouver une issue favorable à leur différend. Ce mode règlement est institué par
l'article 33 de la charte des Nations Unies. En conséquence, la négociation directe fait
intervenir des diplomates, des politiques et des personnes habilitées à négocier pour le
compte des États en conflit. L'intérêt de ce procédé réside sur le fait que les États
connaissent le mieux leur problème et ils savent ce qu'il a lieu de faire pour trouver une
solution diplomatique à leur différend.
En outre, la méditation et les bons offices sont des modes de règlement pacifique des
différends internationaux qui nécessitent l'intervention d'un tiers.
S'agissant des bons offices, le principe consiste à permettre les parties en conflit à
reprendre les négociations. Dans ce cas, les négociations entre les parties étaient, soit,
rompues ou soit, bloquées, de ce fait un État tiers peut intervenir par exemple en vue
d'une reprise des négociations pour trouver une solution au conflit. Nous pouvons citer à
titre d'exemple l'intervention de la Suisse dans les années 1962 dans le cadre du conflit
opposant la France et la FLN.
En ce qui concerne la méditation, l'objectif consiste à proposer des termes de référence
pour favoriser une négociation afin d'inviter les entités en conflit de trouver un terrain
d'entente. La mission du médiateur est beaucoup plus accrue, en ce sens, le médiateur
décline les grandes lignes pour favoriser une négociation possible et concluante.
Deuxièmement, les modes de règlement pacifique consacrés dans le cadre d'un traité
international. On peut en distinguer trois modes.
D'abord, l'enquête qui est un procédé permettant de mieux cerner le conflit en question
dans tous ses aspects afin d'en aboutir à une meilleure qualification du problème. Cette
mission est menée par un organe d'enquête constitué d'experts des deux parties en
conflit. Cette mission d'enquête peut être assurée par des organes d'enquête investis à
cette fonction.
Ensuite, la conciliation qui est un mécanisme visant à arrondir les angles entre les
différents protagonistes en vue de parvenir à une entente. L'équipe est composée par
des acteurs originaires des États en conflit, mais avec d'autres acteurs de nationalité
différente des parties en conflit. La conciliation est finalisée par un rapport non
obligatoire, mais l'objectif est de parvenir à une solution pacifique.
Enfin, l'arbitrage est un mode de règlement pacifique faisant appel à des arbitres choisis
par les États en conflit. La décision des arbitres s'impose aux parties en conflit.
L'arbitrage est un mécanisme flexible et peut aboutir à une solution pacifique, mais
concerne beaucoup plus les questions techniques.
À côté du principe de consentement et des modes de règlement des différends dans le
cadre étatique, il est important de souligner les modes de règlement pacifique par
l'entremise des organisations internationales.

II. Les mécanismes de règlement pacifique des différends internationaux


entrepris dans le cadre des organismes internationaux

Dans cette partie, nous analyserons les mécanismes de règlement pacifique des
différends internationaux dans le cadre des Nations Unies (A) et celui des organisations
régionales (B).

A. Le cadre onusien

La mission fondamentale des Nations Unies est le maintien de la paix et de la sécurité


internationale. C'est pour cette raison qu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale
le règlement pacifique des différends a été érigé comme principe fondamental
permettant à l'organisation onusienne de bien assumer son rôle de gardien de la paix
internationale. La charte des Nations Unies est un dépassement des pratiques
favorisant la terreur comme la notion de guerre juste. Il s'agit en conséquence pour les
Nations Unies de favoriser le dialogue et la négociation entre les États en cas de conflit.
De plus, l'ONU assure des missions de bons offices pour pacifier les relations tendues
de certains États. C'est le cas de ses missions de bons offices en Afghanistan et
Pakistan en 1990.
L'ONU est habilitée aussi à mener la méditation dans le cadre du règlement pacifique
des différends. C'est la raison de la mise en place d'une équipe de médiation
notamment avec la création en 2006 du groupe de l'appui à la médiation du
Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA).
Par ailleurs, l'organisme onusien peut s'autosaisir en cas de menace à la paix et à la
sécurité internationale, mais aussi elle peut être saisie par un État. En plus, le Secrétaire
Général des Nations Unies en raison de ses missions de médiation a lancé un appel à
l'endroit des acteurs à favoriser une médiation beaucoup plus prometteuse sur le
règlement pacifique des différends internationaux comme le précise le chapitre 6 de la
charte des Nations Unies, CS/13475 du 29 août 2018.
À côté du cadre onusien, les organisations régionales disposent aussi des mécanismes
de règlement pacifique des différends.

B. Le règlement pacifique des différends internationaux dans le cadre régional

Les organisations régionales sont dotées de mécanismes de règlement pacifique des


conflits concernant leur cadre d'intervention. La mission de pacification des
organisations régionales n'est pas un cas isolé, elle est encadrée par la charte des
Nations Unies, notamment dans le cadre du chapitre 8. En fait, il s'agit là, d'une mission
de complémentarité entre ces différentes entités internationales. Au vu de la charte plus
précisément le chapitre 8 paragraphe 1, 2, 3, le Conseil de Sécurité ne s'oppose pas à
ce qu'il ait des organisations régionales œuvrant dans le maintien de la paix et il les
encourage même à régler les conflits qui sévissent dans leur région avant de les
soumettre au Conseil de Sécurité.
En conséquence, les organisations régionales assurent des missions de conciliation et
de médiation comme c'est le cas de l'Union africaine à travers la Commission de
médiation, de conciliation et d’arbitrage. Malgré son bilan mitigé sur le plan du maintien
de la paix, l'Union africaine a pu solutionner pacifiquement quelques conflits, on peut
citer l'accord-cadre ayant permis la résolution du conflit opposant l'Éthiopie et l'Érythrée.
C'est le cas aussi de la CEDEAO qui fait des efforts pour résoudre les conflits comme,
on peut le constater à travers l'ECOMOG dans le cadre de son intervention en Côte
d'Ivoire en 2003.
En outre, d'autres organisations régionales disposent de mécanismes de règlement
pacifique des différends, c'est le cas de Ligue arabe en ce qui concerne leur mission de
bons offices.
L'espace européen est aussi concerné, on y trouve des organes habilités à favoriser la
résolution pacifique des différends comme la Commission permanente de conciliation
ou la Commission spéciale de conciliation dans le cadre de la Convention européenne
pour le règlement pacifique des différends du 29 avril 1957. Nous pouvons citer encore
la mission du Conseil de l'Europe dans le règlement pacifique des conflits comme dans
les affaires de la Sarre et du Haut-Adige-Tyrol du Sud.
Enfin, l'espace américain n'est pas aussi en reste concernant la priorité donnée aux
mécanismes de règlement pacifique des différends, comme on peut le constater dans le
pacte de Bogota en date du 30 avril 1948.

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