Épées & Voleurs

Options : Combats Héroïques

Texte : Olivier Legrand (2021)

Illustration : © Jason Walton, used with permission

Remerciements spéciaux au Khanissime

 COMBATS HÉROÏQUES
Même si les règles leur garantissent d’assez bonnes chances de
survie, les aventuriers d’E&V sont loin d’être invincibles : un
seul adversaire Redoutable (ou même Dangereux) peut suffire
à placer un aventurier en mauvaise posture ! Il en va de même
pour les combats à un contre plusieurs : même s’il ne peut être
attaqué qu’une seule fois par tour, un personnage qui fait face
à deux ou trois adversaires à la fois peut assez facilement se
retrouver en situation critique. Les règles de combat d’E&V ont
été précisément calibrées pour favoriser les aventuriers, sans
toutefois leur faire oublier qu’un combat est toujours
dangereux – et que, partant de là, tout avantage (comme, par
exemple, l’effet de surprise) est bon à prendre… Les règles
optionnelles qui suivent s’adressent aux MJ qui souhaiteraient
rendre leurs scènes de combat plus héroïques. Libre à chaque
MJ de les adopter en totalité, en partie ou pas du tout !
Options Épiques
Un MJ qui souhaite rendre les combats plus spectaculaires et,
sans doute, plus expéditifs (au moins pour les adversaires des
personnages) pourra utiliser les règles optionnelles suivantes.
Fureur Sanguinaire : Un aventurier avec un score d’au moins
4 (Remarquable) en Combat et en Vigueur peut, au choix du
joueur, entrer en état de fureur sanguinaire à tout moment
d’un combat et pour le reste de la scène en cours. Dans ce cas,
au lieu d’effectuer, chaque tour, un test d’attaque et un test de
défense séparés, il effectuera deux tests de Combat comptant
chacun comme un test d’attaque et comme un test de défense,
ce qui le rend plus dangereux mais l’expose davantage. Cet
état est incompatible avec toute fuite ou manœuvre spéciale.
Coup Critique : Lorsqu’un aventurier obtient une réussite de
plus que le seuil requis (ex : 3 réussites contre un adversaire
Dangereux) contre un adversaire en armure ou muni d’un
bouclier, les effets de ces protections seront tout simplement
ignorés. Cette règle peut aussi s’appliquer au Tir mais pas aux
protections spéciales de certaines créatures.
Mêlées Héroïques : Lorsqu’un aventurier fait face à plusieurs
adversaires à la fois, il n’est plus désavantagé en défense. En
outre, il pourra répartir les réussites de son épreuve d’attaque
entre différents adversaires. Si, par exemple, il fait face à trois
adversaires Ordinaires et obtient trois réussites, il pourra
éliminer les trois en un seul tour ! Si, en revanche, il est face à
deux adversaires Dangereux, il lui faudra obtenir au moins
quatre réussites pour les éliminer en un tour (2 réussites pour
chacun). Enfin, si les adversaires n’ont pas le même niveau de
danger, on commencera toujours par les moins dangereux.
Bottes Secrètes
Selon les règles d’E&V, un aventurier est considéré comme un
bretteur accompli s’il a au moins 4 (Remarquable) en Combat
et en Agilité. Il a alors accès à quatre manœuvres spéciales : la
feinte, la posture défensive, l’attaque en flèche et le combat
avec deux armes. Ces manœuvres constituent le répertoire de
base de tout bretteur accompli – mais si le MJ souhaite donner
encore plus d’importance à l’art de l’escrime, il pourra
permettre à un bretteur accompli dépassant le seuil requis en
Combat et en Agilité de devenir un véritable maître d’armes.
Un maître d’armes a accès à des bottes secrètes : chaque point
de Combat ou d’Agilité au-dessus de 4 lui permet d’ajouter
une des bottes secrètes décrites ci-dessous à son répertoire, au
choix du joueur. Ainsi, un aventurier avec 5 en Combat et en
Agilité maîtrisera les quatre manœuvres de base et deux bottes
secrètes (une pour le 5 en Combat et une pour le 5 en Agilité).
Attaque Foudroyante : Cette botte permet d’attaquer avant un
adversaire qui devrait normalement bénéficier de l’initiative à
cause de ses armes (armes d’hast au premier tour) ou d’un
attribut (groupe d’adversaires Disciplinés) – mais elle ne peut
être utilisée si l’on est pris par surprise. Sa rapidité permet, en
outre, d’ignorer les effets d’un éventuel bouclier adverse.
Coup Vicieux : Cette botte secrète ne peut être utilisée que par
un bretteur qui combat avec deux armes. En termes de jeu,
elle permet tout simplement au personnage de transformer
son avantage défensif en avantage offensif (+1 dé).
Défaut de la Cuirasse : Cette botte secrète permet au bretteur
d’attaquer sans tenir compte de l’armure adverse.
Riposte Meurtrière : Cette botte permet de contre-attaquer
juste après avoir réussi une épreuve de défense. Elle peut donc
donner au bretteur la possibilité d’attaquer deux fois par tour.
Ces manœuvres ne peuvent être utilisées que par un maître
d’armes qui les connaît (voir ci-dessus), lorsqu’il se bat avec
une épée à une main (et, dans certains cas, avec une seconde
arme d’appoint, comme une dague).
Un bretteur ne peut utiliser qu’une seule manœuvre ou botte
secrète par tour, à l’exception du combat avec deux armes, qui
peut toujours être combiné à une autre manœuvre. Précisons
enfin qu’un bretteur pris par surprise ne pourra pas utiliser
de manœuvre spéciale lors du premier tour.
Notons que ces règles optionnelles augmentent notablement le
potentiel meurtrier d’un aventurier – au moins dans un
combat à l’épée. S’il utilise ce système, le MJ pourra décider de
doter certains adversaires déjà redoutables d’un équivalent du
statut de maître d’armes, représenté par l’attribut suivant :
Duelliste Invincible : Lorsqu’il manie l’épée, l’adversaire prend
automatiquement l’initiative, sauf si l’aventurier qui l’affronte est
un maître d’armes et utilise une attaque foudroyante. En outre,
ses attaques ignorent les boucliers comme les armures – et s’il
combat avec deux armes, l’aventurier sera désavantagé (-1 dé)
soit en attaque, soit en défense (au choix de l’adversaire).
Ces bottes secrètes ne feront toutefois pas du personnage un
guerrier invulnérable. Comme indiqué dans les règles de base,
l’art de l’escrime n’est efficace que contre les adversaires
humains (ou assimilables) ; il ne sert à rien, par exemple, de
tenter une feinte contre une bête sauvage ou d’adopter une
posture défensive face à une créature monstrueuse.
Dans le doute, le MJ devra trancher, en tenant compte de
l’anatomie de la créature et de son style de combat. Si elle se
bat à l’arme blanche (ex : un squelette avec une épée, un
Habitant des Profondeurs avec une lance…), alors un bretteur
pourra, en toute logique, recourir à ses techniques spéciales,
sauf dans le cas des créatures Gigantesques. Si, au contraire,
la créature se bat comme une bête sauvage (ex : une Goule),
les manœuvres d’escrime ne seront d’aucun secours contre
elle, à l’exception du combat avec deux armes.
Le fait que ces manœuvres soient strictement limitées à l’art
du combat à l’épée (à une seule main) reflète la supériorité de
l’escrime technique sur les styles de combat plus brutaux ou
basiques – par fidélité à certains récits ayant inspiré E&V, à
commencer par le célèbre (et bien nommé) Cycle des Épées.
Rien n’empêche, cela dit, de codifier des manœuvres spéciales
pour d’autres armes ; dans ce cas, les combats d’E&V pourront
prendre une saveur plus orientale, à la sauce wuxia.
 Gérer les Combats (FAQ)
Pourquoi les aventuriers et leurs adversaires sont-ils traités de
façon si différente au niveau des dégâts qu’ils peuvent subir ?
Le traitement préférentiel des aventuriers reflète moins leur
combativité que leur statut dramatique particulier : dans les
récits dont s’inspire le jeu, le héros encaisse généralement sans
trop broncher la première blessure, souvent située à l’épaule,
au torse, etc. Mais lorsqu’il parvient, en revanche, à percer les
défenses de son adversaire, c’est presque toujours pour porter
une attaque fatale. Quant aux attaques manquées, il ne s’agit
pas de « coups dans le vide » mais d’attaques ne parvenant pas
à percer les défenses adverses ou n’infligeant que des
dommages légers, sans conséquences en termes de jeu.
Comme tous les autres aspects du système de jeu, les combats
doivent être interprétés et « habillés » de façon narrative par
le MJ comme par les joueurs, pour rendre ces scènes aussi
évocatrices que possible. Les règles de dégâts ont été conçues
pour éviter au MJ d’avoir à comptabiliser des points de vie ou
des niveaux de blessures pour les adversaires des aventuriers.
Dans E&V, un ennemi est toujours vaincu par une attaque
décisive, plutôt que par une accumulation de blessures.
Le nombre de réussites nécessaires pour abattre un adversaire
en combat, c’est bien en une seule fois ?
Absolument ! Comme indiqué dans les règles, c’est le degré
de réussite de l’attaque qui est pris en compte. Ainsi, pour
vaincre un adversaire redoutable (3 réussites), il faut obtenir
au moins 3 réussites sur la même épreuve d’attaque : face à
un tel adversaire, obtenir une seule réussite sur trois épreuves
d’attaque successives n’aura aucun effet notable.
Ce nombre de réussites n’étant valable que pour le corps-à-
corps, les adversaires dangereux et même redoutables sont
donc beaucoup plus faciles à tuer avec une arme de jet ?
En effet : une seule flèche ou un seul poignard bien lancé peut
avoir raison du tueur le plus coriace… Cela dit, le MJ qui
trouverait cette règle trop généreuse pour les aventuriers est
libre de traiter les armes de jet comme les armes de corps-à-
corps, en faisant varier le nombre de réussites nécessaires en
fonction de la dangerosité de la cible. Rappelons tout de même
que les tirs et autres lancers peuvent être impactés par les
effets des armures, certains attributs comme Insaisissable, des
circonstances comme la pénombre ou encore la possibilité de
se mettre à couvert – et qu’il n’est pas toujours possible de
viser correctement en intérieur ou dans la confusion d’une
mêlée. Là encore, l’appréciation du MJ sera déterminante.
Comment résoudre un combat entre deux PNJ ?
De la façon la plus simple possible : le MJ décide qui l’emporte,
en tenant compte des profils respectifs des combattants et de
l’intérêt de l’aventure en cours. Dans le même ordre d’idée, si
un allié PNJ se bat aux côtés d’un aventurier pour lui prêter
main forte, le MJ pourra décider d’octroyer au personnage un
avantage (+1 dé) en défense ou en attaque, au choix – et, bien
entendu, d’exposer cet allié aux attaques de l’adversaire…
Deux ou trois aventuriers peuvent-ils unir leurs forces pour
attaquer le même adversaire lors du même tour ?
Oui. On applique alors la même règle que lorsque plusieurs
adversaires assaillent un aventurier. En règle générale, le
premier à réussir son attaque met l’adversaire hors de combat
mais si celui-ci est toujours debout (grâce, par exemple, à son
armure ou à un attribut spécial comme Massif), il ne pourra
pas être réattaqué durant ce tour.
Puisque les armes à deux mains confèrent un avantage en
attaque, pourquoi utiliser une arme à une main ?
Parce que c’est plus pratique, plus stylé et plus discret ! Un
combattant muni d’une arme à deux mains ne peut utiliser ni
bouclier ni manœuvre d’escrime – et une telle arme est, en
outre, impossible à dissimuler. Pas question, donc, de passer
inaperçu ! Le MJ pourra également décider qu’une telle arme
peut infliger un désavantage (-1 dé) sur certaines épreuves
d’Agilité ou de Discrétion ou qu’elle ne peut être maniée que
par un aventurier Remarquable (4 ou plus) en Combat et en
Vigueur (ou par un adversaire Massif).
Une armure ne peut être efficace qu’une seule fois par scène
de combat. Comment expliquer cela en jeu ?
Comme tout le reste : de façon dramatique ! Cette règle (qui
relativise beaucoup l’importance des armures, conformément
au type de récits qu’E&V se propose d’émuler) ne signifie pas
que l’armure « s’use » puis se « régénère » une fois le combat
fini : il s’agit d’une convention purement narrative, visant à
refléter l’idée qu’un aventurier d’E&V ne doit jamais trop
compter sur son armure (s’il en porte une). Il en irait tout
autrement dans un jeu sur les chevaliers de la Table Ronde !
Un bouclier peut-il protéger lorsqu’on est pris par surprise ?
Non, en toute logique. L’armure, en revanche, peut tout à fait
protéger contre une attaque-surprise.
Un aventurier sans arme qui affronte un adversaire armé est
désavantagé. Quid de la situation inverse ?
Il suffit d’inverser la règle : face à un adversaire sans arme, un
aventurier armé est avantagé (+1 dé) en attaque et en défense.
Mais où sont les règles de mouvement ?
Nulle part ! Dans E&V, les mouvements sont gérés de façon
narrative, sans avoir besoin de mesurer vitesses ou distances.
Les cascades (bondir par-dessus une table, sauter depuis un
balcon, etc.) feront évidemment appel à l’Agilité. Là encore, le
système peut s’adapter à toutes sortes de situations.
Et les effets du terrain, dans tout ça ?
Si le MJ souhaite vraiment s’encombrer l’esprit avec ce genre
de facteurs, il pourra décider qu’une position avantageuse sur
le plan tactique confère un avantage en attaque, en défense,
voire dans les deux ; à l’inverse, une position désavantageuse
pourra faire perdre 1 dé. Là encore, le plus simple est de juger
au cas par cas, en privilégiant la simplicité et en gardant à
l’esprit que, dans E&V, les aptitudes ont plus de poids que les
circonstances : c’est d’ailleurs pour cela qu’il est impossible de
cumuler plusieurs dés d’avantage ou de désavantage.
Comment fuir un combat ou battre en retraite ?
Voilà un exemple-type de situation pouvant être gérée au cas
par cas par la combinaison gagnante « bon sens + système de
jeu ». Lors d’un combat, les aventuriers devraient toujours
avoir la possibilité de fuir ou de battre en retraite après le
premier tour – sauf s’ils sont cernés ou acculés par des
ennemis trop nombreux ou que le décor autour d’eux leur
coupe toute retraite. Entre ces deux extrêmes (fuite toujours
possible vs. retraite coupée), le MJ pourra tout simplement
exiger une épreuve d’Agilité réussie pour pouvoir rompre le
combat et prendre ses jambes à son cou…