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B.A.-BA
DU MANAGEMENT
Hélène JONCHERAY
Emmanuel SURUN
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[SOMMAIRE]
INTRODUCTION
[PARTIE I]
DEVENEZ UN MANAGER !
1- Où en êtes-vous ?
j Se gérer soi-même
j Se donner les moyens de réussir
2- Les objectifs
j Sortir de son isolement
j Devenir un stratège
[PARTIE II]
GÉREZ LES DIFFÉRENTES FONCTIONS DE
L’ENTREPRISE
3- La gestion financière
j La comptabilité
j Le « process » client
j L’analyse financière
j Le business plan
j Le contrôle de gestion
[PARTIE III]
MENEZ LES HOMMES
1- L’entreprise
j La culture d’entreprise
j La Responsabilité sociale de l’entreprise
j L’innovation, la prise de risques
4- Manager/coacher
j La conduite du changement
j Les styles de management
j Le leadership
j Le coaching
[CONCLUSION]
[BIBLIOGRAPHIE]
[INTRODUCTION]
1. Philippe Deubel, « Quel rôle pour les managers intermédiaires dans l’entreprise ? »,
www.melchior.fr
2. Jean-Philippe Tixier, 10 points clés pour réussir : auto-entrepreneurs, indépendants, patrons,
artisans, TPE…, Paris, Maxima, 2010.
[PARTIE I]
DEVENEZ
UN MANAGER !
1- OÙ EN ÊTES-VOUS ?
« Pour ce qui intéresse les questions de personnalité ou de
comportements avec les autres, nous pensons qu’elles jouent un rôle
capital dans les entreprises et que, plus l’effectif est faible, en réalité
plus l’impact du dirigeant se manifeste intensément », écrit Gérard
Regnault dans son ouvrage La communication interne dans une PME1.
Se gérer soi-même
« Les recherches ont clairement montré que si la plupart des grands
dirigeants savent écouter, ils possèdent également en commun deux
autres qualités : ils ont d’abord fait l’effort de mieux percevoir leurs
objectifs et leurs motivations, d’une part, leurs qualités et leurs limites,
d’autre part », constate Robert Papin, qui estime qu’il est primordial de
se connaître pour réussir, dans L’Art de diriger2. « Ils sont ensuite restés
toujours soucieux de mieux gérer leur bien le plus précieux : leur
temps. Pour cela, ils ont été amenés à élaborer une stratégie afin de
pouvoir consacrer leur énergie à la réalisation des objectifs les plus
importants. »
Robert Papin invite quant à lui ses lecteurs à pratiquer une analyse
prospective et à déterminer leurs qualités et leurs limites, mais aussi les
buts qu’ils poursuivent dans la vie grâce à des tests.
« L’épanouissement de votre vie professionnelle et personnelle pourrait
largement découler des efforts de réflexion que vous développerez
pour prendre conscience de ce que vous en attendez. » Il conseille de
mesurer la réussite par rapport à ses objectifs personnels et pas
seulement professionnels, de déterminer l’important et d’éviter d’être
totalement prisonnier de son métier. D’ailleurs, pour lui, le but « n’est
pas de beaucoup travailler, mais d’être efficace ».
Or, « généralement, les TPE sont dirigées par une personne qui
concentre sur elle un seul métier et un grand nombre de fonctions :
c’est en quelque sorte l’entrepreneur chef d’orchestre », affirme Olivier
Ferrier6. Ce n’est pas un homme-orchestre, puisque, d’après les auteurs
de Management : stratégie et organisation7, « le chef d’entreprise
possède rarement une formation complète en management. En
général, il a acquis une compétence technique qui lui semble suffisante
pour réussir. Quant à la gestion, elle lui paraît secondaire. D’ailleurs, il
la limite au territoire de la comptabilité qu’il sous-traite à un expert-
comptable, afin de respecter les obligations de la loi. Le créateur
d’entreprise suit parfois un stage d’initiation à la gestion mais, une fois
l’affaire démarrée, il n’a plus le temps, ni l’envie, de poursuivre sa
formation générale du management ».
Il s’avère que les intéressés ne sont pas dupes : d’après l’enquête
portant sur les attentes des TPE (très petites entreprises) menée en
2007 par le groupe Rivalis, 86 % des dirigeants de TPE pensent que
leurs connaissances en management sont « incomplètes » ou
« inexistantes ».
É
Éric Carreel : « Il y a une forte transformation à faire. »
Éric Carreel a surmonté des échecs chez Inventel, qu’il avait créée, puis Thomson, où
l’inertie a eu la peau de son inventivité, avant de créer trois nouvelles start-up
innovantes en autant d’années. Le succès est à nouveau au rendez-vous pour ce fils
d’agriculteur qui cultive l’humilité.
Vous auriez pu vous permettre d’arrêter de travailler après avoir revendu Inventel à
Thomson et après avoir claqué la porte de Thomson au bout de deux ans, ou encore
accepter les offres qui vous ont été faites pour diriger d’autres sociétés. Pourquoi
avoir décidé d’en créer de nouvelles ?
Dans mon parcours, je ne sais faire que de la technologie. Je ne suis pas un financier
de naissance ou un commercial. C’est pour cela que j’ai décidé de me réinvestir dans
la création de sociétés technologiques. Je suis convaincu que l’innovation
technologique est la source essentielle de croissance de notre société, pas une
croissance visant à plus consommer, mais à mieux organiser la société, et que nous,
Français, nous sommes timorés dans ce domaine et handicapés par un certain
nombre de grosses entreprises qui ont trop le sentiment qu’elles doivent diriger le
monde. Un sentiment assez franco-français, du reste.
J’ai été très étonné de voir que dans pas mal de grosses sociétés technologiques,
donc dans ce secteur que je connais, les conseils d’administration sont peuplés des
mêmes personnes, des bandes d’amis qui se connaissent, mais pas des bandes de
gens qui connaissent la technologie. C’est quand même un peu embêtant. Je ne
connais pas un PDG de société française qui montre lui-même comment fonctionnent
ses produits alors que c’est à peu près systématique aux États-Unis. Je pense qu’il y a
une forte transformation à faire.
1. Gérard Regnault, La Communication interne dans une PME : outils et comportements pour
travailler ensemble, Paris, L'Harmattan, 1996.
2. Robert Papin, L'Art de diriger, Vol. 1, Management, stratégie, Paris, Dunod, 2006.
3. Peter Drucker, L’Avenir du management : réflexions pour l’action, Paris, Pearson, 2010.
4. Laurance N'kaoua, « Les patrons de PME et de TPE à l'épreuve du stress », Les Echos, 27 mai
2010.
5. Jacqueline Socquet-Clerc Lafont, Conseil économique et social, Création et pérennisation de
l'entreprise de petite taille, Rapport, La Documentation française, juillet 2001.
6. Olivier Ferrier, Les Très petites entreprises, Bruxelles, De Boeck, 2002.
7. Jean-Pierre Helfer, Michel Kalika, Jacques Orsoni, Management : stratégie et organisation,
Paris, Vuibert, 2010.
8. 10 points clés pour réussir, op. cit.
9. Pierre Coureil, Valeur ajoutée : construire et développer les compétences de
l'entreprise, Paris, Dunod, 1997.
10. Philippe Lê, Philippe Le Rivet, Piloter et réussir l'innovation en entreprise, Paris, Maxima,
2006.
2- LES OBJECTIFS
Or, selon Henri Mahé de Boislandelle12, dans les TPE (jusqu’à neuf
salariés) « la délégation à un responsable (autre) d’un quelconque
domaine de décision est exceptionnelle ; le cas le plus fréquent est
plutôt celui d’une mise au courant, ou d’une consultation pour avis ». Il
nous semble pourtant également important de mettre à contribution
ses collaborateurs ou des gens extérieurs à l’entreprise en leur
demandant leur opinion, voire leur assentiment.
Devenir un stratège
Avoir recours à des conseillers peut bien sûr avoir ses limites, en plus de
représenter un coût important : « Aujourd’hui, trop d’entreprises sous-
traitent à des cabinets de consultants externes la réflexion sur la
stratégie de l’entreprise », estiment en effet Gérard Roth et Michal
Kurtyka dans Profession dirigeant17. « Or l’essence même du dirigeant
est de donner le sens, de porter la stratégie, d’être responsable de
milliers de personnes. S’il est nécessaire de recourir aux services des
cabinets de consultants, nous pensons qu’il ne faut pas sous-traiter ce
qui est au cœur de la responsabilité du dirigeant et de son équipe. »
Malheureusement, de nombreux dirigeants pensent qu’une stratégie
digne de ce nom est inaccessible pour eux, ou qu’ils peuvent s’en
passer. Jean-Philippe Tixier18 détaille par exemple les trois idées fausses
que trop de patrons de petites entreprises se font : « Ils pensent que la
stratégie, c’est pour les “grands” ; mal informés, ils confondent
souvent stratégie et tactique ; ils croient qu’une stratégie coûte cher et
qu’on ne peut en mesurer concrètement les résultats. »
Cela paraît d’autant plus important que la stratégie à suivre n’est pas
toujours celle que l’on imagine, ou ne doit pas forcément être mise en
œuvre dans l’ordre que l’on croit : pour Michel Marchesnay par
exemple, la segmentation des marchés apparue ces vingt-cinq
dernières années favorise l’émergence de petites entreprises
spécialisées dans la satisfaction de besoins bien délimités, pour lesquels
elles possèdent une compétence distinctive (adaptabilité, proximité et
disponibilité). « L’exemple type est celui des sociétés de conseils en
informatique, et, plus généralement, du secteur des services. »
D’après lui, la spécialisation, qui s’oppose à la diversification, touche
également les fonctions dans l’entreprise. « Celle-ci se concentrera sur
les fonctions qui lui confèrent des compétences distinctives,
conformément à l’analyse en termes de chaîne de valeur, et en termes
de comptabilité d’activité. Les autres fonctions, qui n’apportent pas de
contribution nette à la valeur ajoutée par l’entreprise, seront
externalisées », poursuit-il. « Cette stratégie touche d’abord les petites
entreprises, dans la mesure où certaines fonctions sont sous-
dimensionnées (elles ne peuvent se “payer” un directeur du personnel
très compétent par exemple, et s’adresseront, pour le recrutement, à
un cabinet spécialisé). »
Pour Jean-Philippe Tixier, « la réussite, aujourd’hui, repose davantage
sur la spécialisation – sur des segments de marchés précis – que sur la
généralisation, quand on veut vendre de tout en “ratissant large”. »
L’entreprise coopérative adopte le statut de Scop SARL (elle a maintenant celui de SA) et
externalise sa production en en délocalisant une partie en Roumanie dans un premier
temps. Elle fera plus tard appel à des fabricants chinois, mais toujours en privilégiant la
qualité. « Même en Chine, nous travaillons avec les mêmes usines depuis 1993. Nous
n’en avons jamais changé », précise le sémillant dirigeant. « On ne peut pas dire que l’on
ne discute pas les prix, mais nous mettons deux couturières là où eux en mettent une. »
Moulin Roty est même cité en exemple dans une publication de la Commission
européenne sur l’entrepreneuriat responsable : « Afin de garantir le respect, par leurs
sous-traitants étrangers, des principes éthiques en matière de conditions de travail et de
rémunération, la coopérative a recruté un intermédiaire de confiance sur place, plutôt
que de passer par une société d’importation. Même si cette procédure n’a sans doute pas
la rigueur d’un audit externe effectué par un tiers, elle n’en soumet pas moins la gestion
de la chaîne d’approvisionnement au contrôle démocratique interne des membres de la
coopérative. » Le grand fabricant de jouets a aussi recours à des travailleurs handicapés
au sein de Centres d’aide par le travail.
Cela ne l’a pas empêché de peiner à se développer, puisqu’il comptait quinze salariés en
1995. Deux ans plus tard, Moulin Roty décide de faire appel à un consultant choisi après
un appel d’offres consécutif à l’octroi d’une subvention. « Il m’a envoyé en stage
obligatoire de dirigeant de PME pendant dix-huit mois, poursuit-il en plaisantant. J’y suis
allé à contrecœur. Je me suis retrouvé avec des gens en costard-cravate qui avaient
comme préoccupation de mettre en place les 35 heures. Mais ça m’a plu dès la première
journée et cela m’a beaucoup servi. C’est toujours intéressant de rencontrer des gens
extérieurs. C’était très complet, avec des sessions de deux, trois jours de comptabilité,
marketing, management, ressources humaines, etc. » Fort de ses nouvelles
connaissances, il décide de développer la marque Moulin Roty, qui n’existait pas jusque-
là, les produits étant vendus sans étiquette. « Nous avons remis en cause toute notre
organisation, changé la grille salariale et adopté une approche marketing. Nous refusions
de communiquer, nous étions des anti Coca-Cola. » Il a aussi revu toute la distribution :
« Nous sommes passés de 2 400 à 1 200 clients mais en étant mieux représentés dans
chaque boutique », grâce à un système de corners.
En 2009, Moulin Roty a réalisé un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros dont 80 % en
France, et employait trente-six personnes à son siège, trente-neuf en dehors… Et tout
cela, Moulin Roty l’a accompli sans renier ses valeurs puisque Dominique Jalaber, le
dernier de la bande de 1972 à encore y travailler, gagne seulement deux fois plus
d’argent que le plus bas salaire de l’entreprise, et que tous les bénéfices sont partagés
équitablement. Même s’il estime que « nous avons connu des périodes plus rigolotes, et
les gens viennent pour un boulot et pas pour travailler dans une coopérative », il constate
que « les salariés sont plus épanouis que dans d’autres structures. Il y a un investissement
de la personne supérieur. »
11. Annabelle Jaouen, Olivier Torrès, Les Très petites entreprises : un management de proximité,
Paris, Hermès science publications, 2008.
12. Henri Mahé de Boislandelle, Gestion des ressources humaines dans les PME, Paris,
Economica, 1998.
13. Pierre Bellon, Je me suis bien amusé ! Sodexho raconte…, Paris, Éditions d'Organisation,
2006.
14. L’Art de diriger, vol. 1, op. cit.
15. www.apce.com
16. Jacques Gautrand, « Un engouement pour la vie associative, école du management »,
Personnel n° 488, mars/avril 2008.
17. Gérard Roth, Michal Kurtyka, Profession dirigeant : De la conception du changement à
l'action, Paris, Dunod, 2007.
18. 10 points clés pour réussir, op. cit.
19. Gestion des ressources humaines dans les PME, op. cit.
20. Michel Marchesnay, Management stratégique, Éditions de l’ADREG, mai 2004.
21. L’Art de diriger, vol. 1, op. cit.
22. Op. cit.
23. Gilles Barouch, Élaborer des objectifs et un tableau de bord de suivi, Issy-les-Moulineaux,
Éditions Livres à vivre, 2010.
[PARTIE II]
GÉREZ
LES DIFFÉRENTES
FONCTIONS
DE L’ENTREPRISE
D’après Henri Fayol, un ingénieur français considéré comme l'un des
précurseurs du management, ce dernier a pour objectif de veiller aux
fonctions technique, commerciale, financière, de sécurité, comptable et
administrative. Bien sûr, cette subdivision a subi de nombreuses
évolutions.
La production
« On peut dater les premières réelles expériences en matière de gestion
de la production au moment de la réalisation des premières pyramides
égyptiennes », expliquent Alain Courtois, Maurice Pillet et Chantal
Martin-Bonnefous dans leur ouvrage, Gestion de production2. « Ces
grands chantiers ont suscité les premières réflexions dans le domaine
des approvisionnements, des ressources humaines mais aussi de la
standardisation des tâches. »
Les entreprises doivent aujourd’hui plus qu’en tout autre temps être
capables de s’adapter très vite et en permanence aux besoins de plus
en plus variés d’un marché mondial fortement concurrentiel. « Qu’on
soit intégré dans un projet de type Supply Chain ou non, l’objectif
“Produire ce qui est déjà vendu” reste l’objectif dominant »,
poursuivent Alain Courtois, Maurice Pillet et Chantal Martin-
Bonnefous. « Pour y parvenir, l’entreprise se doit d’être au moins
réactive, voire proactive. »
La réactivité est au centre des préoccupations de l’entreprise, de sa
stratégie, et par conséquent la fabrication à l’étranger, voire la
délocalisation de sa production ne sont pas toujours de mise. On
assiste même souvent (enfin, trop peu) à des relocalisations, comme
l’illustre l’exemple d’Envie de fraises (lire plus loin), ou à
l’externalisation de certaines parties de la production.
« Comparez toujours vos prix de revient avec les prix d’achat que vous
pourriez trouver, dans le monde, pour les mêmes produits, finis »,
conseille Alain Goetzmann, le président de Delta Inter Management
(cabinet de conseils aux dirigeants de PME), sur le site Portail-des-pme5.
« C’est le choix du “make or buy”. Si vous produisez, flexibilisez votre
production, raccourcissez le délai entre la prise de commande et
l’exécution, exigez que la production soit source d’innovation et
essayez de ne produire que ce qui est vendu, cela vous permettra de
multiplier l’offre, tout en réduisant vos stocks. »
Cette recherche de réactivité se traduit parfois par une planification de
la production « en juste-à-temps » qu’Anne Gratacap et Pierre
Médan6 opposent à une organisation « classique » qui peut bien
entendu prendre différentes formes plus ou moins adaptées à l’activité
de l’entreprise. Le juste-à-temps a le vent en poupe car il permet de
minimiser les coûts, mais ils préviennent qu’il « nécessite de longs
développements » et engendre donc des coûts.
Or, la rentabilité prime et l’objectif financier amène à minimiser les
stocks de produits, mais aussi de matières premières, tout en
amortissant les coûts engendrés par la recherche et le développement,
qui sont encore plus sollicités…
La qualité
La qualité des produits et des services proposés par une entreprise est
devenue un enjeu majeur du management car le coût des
dysfonctionnements peut représenter plus de 30 % de son chiffre
d'affaires. Dans la mesure où la correction de ceux-ci permet de réaliser
des économies importantes et d'améliorer les prestations proposées, et
donc d'être plus compétitif, la qualité a le double avantage d’améliorer
le fonctionnement interne et surtout de satisfaire les clients.
Pour cela, il peut être utile de mettre à profit des techniques plus ou
moins simples et onéreuses d’optimisation des processus comme le
« reengineering » cher à Michael Hammer. « En fait le
“reengineering”, mais aussi le juste-à-temps, le “lean management”,
la gestion au plus juste, le Six Sigma, les cercles de qualité, le zéro
défaut ou la qualité totale ne sont que des procédés, parmi d’autres,
pour inciter les collaborateurs à repenser leurs activités quotidiennes
afin de mieux répondre aux désirs de leur clientèle », considère Robert
Papin10. Pour lui, il n’existe pas de recettes miracles mais il préconise
« l’obsession de la qualité, des coûts et de la vitesse de réaction aux
besoins de la clientèle ».
Il estime qu’il faut alléger les structures, ou au moins augmenter les
responsabilités des employés en contact direct avec la clientèle afin
d’améliorer la remontée d’informations et la gestion des réclamations.
« Contrairement à beaucoup d’idées reçues, la satisfaction des
réclamations ne coûte pas très cher et l’expérience montre que 90 %
des clients mécontents sont de bonne foi. »
Pour Robert Papin, une autre voie détournée pour aborder la qualité
totale est celle de la certification. À ce sujet, il conseille de mettre à
contribution des consultants expérimentés ayant de solides références
dans le domaine au sein d’équipes mixtes constituées avec le personnel
de l’entreprise. « Cela permettra surtout aux collaborateurs d’acquérir
plus vite des connaissances qui leur donneront la possibilité de
s’approprier la démarche de qualité. »
Malgré des freins réels (manque de ressources en personnel, manque
de temps, coûts d’accompagnement jugés prohibitifs ou accès à
l’information malaisé), « faire certifier son système de management de
la qualité ne doit pas rester l’apanage des grandes entreprises. Pour
garantir la confiance et la satisfaction de leurs clients, les PME et TPE
doivent aussi pouvoir faire reconnaître l’efficacité de leur
organisation », peut-on lire dans La Certification qualité à l’usage des
TPE-PME-PMI11. Publié par l’Afnor, cet ouvrage tente de les aider à
appréhender les différentes étapes d’une démarche de certification
qualité.
Les achats
« La qualité des achats joue sur tous les tableaux de votre activité »,
poursuit Jean-Philippe Tixier. « Notre époque attache une grande
importance à tout ce qui “montre” votre entreprise. Votre papier à
lettres, vos enveloppes, le message d’accueil de votre répondeur
téléphonique, la netteté de vos lieux d’accueil et de vos collaborateurs,
entre autres, points dits “de détail”, doivent impérativement faire
l’objet de soins attentifs. »
La logistique
« La logistique est la fonction organisant les circuits de matières au
moindre coût, autrement dit l'art de livrer le bon produit au bon
endroit et au bon moment », affirme Joël Sohier dans La Logistique16.
Si elle concerne plus les PMI, elle peut aussi constituer un facteur
d’efficacité et de performance pour les entreprises de services : « La
logistique concerne, bien entendu, en priorité, les entreprises qui ont
une activité industrielle (fabrication) et/ou commerciales (achat/vente),
car ce sont ces activités qui génèrent des flux de matières et/ou de
produits », explique Piotr Michejda, directeur de missions transport et
logistique d’Esalys, une société spécialisée dans l'audit et la réduction
des coûts des entreprises, sur le site Portail-des-pme17.
« Mais les entreprises de services ont, elles aussi, des problématiques
de flux avec la gestion d’éventuels engins (de chantier par exemple), de
pièces de rechange (entretien de machines de bureau par exemple) et
de consommables (cartouches d’encre, papiers…). »
D’autant plus que la logistique n’est que très peu mise à contribution
ou du moins optimisée dans les petites entreprises : « Dans un contexte
de mondialisation des échanges, d’accélération des flux, d’hyper
concurrence et de renouvellement rapide des produits, la logistique
constitue un puissant levier de compétitivité.Or cette fonction
stratégique n’a pas encore livré tout son potentiel dans les PME
contrairement aux grands groupes qui ont accompli leur révolution
logistique », peut-on par exemple lire dans l’enquête menée par la
chaire de Logistique et transport du Cnam (Conservatoire national des
arts et métiers) et par l’Ania (Association nationale des industries
alimentaires) sur la logistique dans les PME-PMI de l’agroalimentaire.
Le marketing
L’utilisation régulière du marketing est indispensable et elle n’est pas
réservée aux grosses cylindrées. « Les dirigeants de petites et moyennes
entreprises, comme les investisseurs, s’aperçoivent que des éléments
liés à l’évaluation du marché potentiel, à l’analyse préalable des
attentes des clients et des distributeurs, à l’appréhension du pouvoir
compétitif de la concurrence, au choix d’un positionnement
différenciateur, à une harmonisation du “marketing mix”… constituent
pour beaucoup de “success stories” d’incontestables atouts de la
réussite », affirme Michel Badoc21 qui propose une méthodologie
illustrée de cas réels pour aider les PME à mettre en œuvre un
marketing stratégique adapté à leurs besoins particuliers et à leurs
moyens limités.
« Dans sa vie active, l’entrepreneur doit changer plusieurs fois
l’ensemble de son dispositif s’il ne veut pas disparaître, poursuit-il.
L’entrepreneur ne doit pas attendre les difficultés pour réagir. Après
avoir lancé son entreprise, il lui faut dresser chaque année un bilan
réaliste de sa position face au marché, à l’environnement, à la
concurrence et en tirer un pronostic pour la société. Cette démarche
matérialisée par un plan marketing apparaît comme indispensable pour
permettre d’assurer l’avenir de son entreprise. »
Vous pouvez aussi faire appel à des étudiants stagiaires bien encadrés,
à une junior-entreprise (associations d'étudiants implantées au sein
d'écoles ou d'universités), directement à une association d’étudiants
(parfois gratuitement), à un cabinet d'études spécialisé (3 000 euros en
moyenne) ou à un organisme d'accompagnement.
S’appuyant sur les systèmes d’information de l’entreprise (lire la partie
consacrée à la récupération de l’information), l’étude de marché est
indispensable dans la mesure où même si elle ne représente pas un
gage de succès absolu, sa vocation est de réduire au maximum les
risques en vous permettant de mieux connaître l'environnement de
votre entreprise et ainsi de prendre des décisions adéquates et
adaptées.
Comme l’explique Claude Triquère dans Le Grand Livre de la création
d’entreprise23, « la finalité d’une étude de marché est de se persuader
qu’une clientèle existe pour son activité et, lorsqu’on sait qui est cette
clientèle, de pouvoir lui offrir exactement ce qu’elle demande et de le
lui faire savoir ».
En outre, elle est essentielle dans la mesure où elle s’inscrit dans un
plan marketing qui, d’après Michel Badoc, devient de plus en plus
indispensable pour obtenir la confiance des financiers, des investisseurs
et des partenaires.
L’organisation commerciale
Vous pouvez consulter les appels d’offres sur le site Internet d’Oséo
(www.oseo.fr), acteur incontournable de l’aide apportée aux PME dans
la passation des marchés publics, dans le Journal officiel de L’Union
européenne (eur-lex.europa.eu) ou dans les journaux habilités à
recevoir des annonces légales (par exemple Le Moniteur des travaux
publics). Vous pouvez également vous abonner aux alertes du Bulletin
officiel des annonces des marchés publics (boamp.fr), ou, mieux encore
mais payant, avoir recours aux services de sociétés spécialisées dans
l’assistance en marchés publics comme MPFrance (www.mpfrance.fr).
Ancien cadre dirigeant, responsable de centres de profit dans l'univers des médias,
Bertrand Dietz est consultant et enseigne à Euromed-Management la communication
professionnelle et le management commercial.
La gestion de l’information
j La récupération d’informations
j La communication
Mais cela ne veut pas dire que l’on ne puisse pas faire des choses par
soi-même. Pour Jean-Philippe Tixier36, il faut commencer par agir au
niveau local. « On croit trop souvent que, parce que l’on a pignon sur
rue, on est systématiquement remarqué par tout le monde. » Selon lui,
il ne faut pas négliger la publicité de proximité, les emplacements, les
messages et leur cohérence, leur forme. Il conseille aussi de surveiller
l’impact de toute campagne publicitaire, et de rectifier le tir le cas
échéant. Ses conseils ont beau être frappés au coin du bon sens, il ne
faut pas oublier de se faire référencer dans les Pages jaunes et sur
Internet. Il est aussi très sensible à l’accueil réservé aux clients – l’accueil
téléphonique ; l’accueil sur un stand d’exposition ; l’accueil statistique
extérieur à l’atelier, au magasin ; l’accueil statistique intérieur ; l’accueil
par les collaborateurs – car il peut constituer un levier de fidélisation (il
préconise de créer des visites d’ateliers ou de magasins) ou se révéler
nuisible. « Vous devez soigner votre image en permanence car cette
image est fragile », explique-t-il avant d’inviter à changer souvent ses
messages. « Affichez-vous avec originalité », conseille-t-il encore. Cela
permet en effet de sortir du lot, comme l’illustre l’exemple d’Invicta ci-
après.
La comptabilité
Toute entreprise immatriculée au registre du commerce et des sociétés
et soumise à un régime réel d'imposition doit en effet tenir une
comptabilité normale ou simplifiée. En cas de manquement, ou lorsque
la comptabilité n'a pas été établie correctement, l'entreprise s'expose,
entre autres, à des sanctions de la part du fisc.
Avec ses sept cents agences implantées sur l'ensemble du territoire, CER France offre une
forte proximité géographique et culturelle aux acteurs économiques locaux. Soixante-dix-
sept entités départementales ou régionales constituent un réseau de type associatif,
administré par des clients élus et fédéré au plan national par le Conseil national du
réseau CER France. Ce fonctionnement de type mutualiste se différencie du mode libéral
notamment par une affectation prioritaire des résultats à la recherche et au
développement, du fait de l'absence de rémunérations de dividendes ou d'achats de
clientèle. Cette forme juridique garantit aussi la pérennité de l'entreprise associative CER
France, qui ne peut être rachetable ou « opéable ».
Source : CER France.
Le « process » client
Le recouvrement joue un rôle important dans la vie de l’entreprise : les
impayés ou simplement les retards de paiement des factures peuvent
perturber la gestion de l’entreprise, freiner sa croissance en étant à
l'origine de difficultés de trésorerie, voire de défaillances. Une faillite
sur quatre est en effet due à des retards de paiement. C'est pourquoi,
comme l’explique Jacqueline Socquet-Clerc Lafont39, le chef
d'entreprise doit « s’assurer de la fluidité du compte client. Celui-ci
devrait être "épluché" tous les matins. En effet, une créance de plus de
six mois est quasiment irrécouvrable ».
À
À la perte de chiffre d’affaires générée par une créance impayée,
s’ajoutent les frais et le temps liés à son recouvrement, et peut-être la
perte d’un client, synonyme de manque à gagner futur. Afin de
garantir la poursuite de bonnes relations commerciales avec les clients
retardataires, il faut donc prendre en compte l'importance et la
fréquence des relations commerciales que vous entretenez avec eux
ainsi que le montant des sommes dues, pour mieux adapter les actions
à mettre en œuvre.
Mais une démarche préventive s’impose aussi pour réduire les risques
d’impayés. Développer sa clientèle est indispensable, mais bien
connaître ses futurs clients en se renseignant sur leur situation
financière permet d'éviter nombre de désagréments.
Il existe en effet des sources d'information pour repérer les mauvais
payeurs. « Vous pouvez commander au greffe du tribunal de
commerce les états privilégiés qui sont renseignés tous les un à trois
mois par les entreprises », conseille Thierry Gingembre, président de la
société Saint-Louis recouvrement et vice-président du Syndicat national
des cabinets de recouvrement de créances et de renseignements
commerciaux, dans un article du Journal du Net40 signé Agnès le
Gonidec. « Vous y apprendrez si les salaires, l'Urssaf ou encore les
caisses de retraite ont été payés ou non. » Vous pouvez aussi consulter
le bilan des entreprises, publié chaque année, votre banquier, le bureau
des hypothèques, ou encore faire appel aux services d’agences de
renseignements commerciaux.
L’analyse financière
« Une entreprise a tendance à croître. L’augmentation du chiffre
d’affaires implique une augmentation des moyens de production, de la
surface des locaux, des aménagements. Bref, il faut investir. Et pour
investir, il faut du financement », estime Claude Triquère41. Ceci étant
dit, on ne peut pas avoir recours au financement sans analyse
financière, seule à même de déterminer la nature et le montant des
fonds à rechercher, mais aussi indispensable pour optimiser la
trésorerie afin de minimiser son utilisation. On peut aussi se poser la
question de savoir si un business plan est nécessaire pour trouver un
financement optimal.
Le business plan
Dans la mesure où il vous force à vous poser des questions sur tous les
aspects du développement de votre projet et à y apporter des éléments
de réponse, le business plan vous permet également de clarifier vos
idées et de vous assurer que tous les éléments ont été pris en compte
dans sa construction.
« Un bon business plan permet surtout de vérifier que le projet est
viable et d’élaborer des hypothèses pour l’avenir », poursuit Stéphanie
Missonier. « Le business plan devient un outil de management
indispensable de la PME moderne. En effet, il est le seul moyen
rigoureux de se fixer des objectifs cohérents à atteindre, dont on
pourra ensuite mesurer le niveau de réalisation. »
Pour cela, elle conseille de ne pas être trop optimiste dans l’évaluation
du chiffre d’affaires et du point mort (le moment à partir duquel le
chiffre d’affaires sera supérieur aux charges fixes), et même de prendre
en compte les hypothèses les plus défavorables afin d’éviter les
mauvaises surprises. Elle recommande également de présenter une ou
plusieurs études de marché crédibles et de mentionner vos points
faibles ou « risques » afin de crédibiliser votre business plan.
Quelles sont pour vous les limites d’un business plan, particulièrement dans une
perspective de développement ?
Le plan d’affaires ne répond pas directement aux questions que les décideurs se
posent vraiment et intervient trop tôt dans le processus. Il a l’ambition d’expliquer,
fonction par fonction, comment un projet sera réalisé. Cette démarche par fonction
est contre nature dans la mesure où elle ne correspond pas à la manière de penser,
beaucoup plus holistique, d’un porteur de projet.
Les décideurs s’intéressent d’abord au « pourquoi » d’un projet et à la crédibilité de
l’équipe qui va le mener. Ce n’est que si ces deux composantes sont convaincantes à
leurs yeux qu’ils s’intéresseront au « comment » du projet. Il est donc excessif et
prématuré de les bombarder avec un plan d’affaires qui a l’ambition de répondre
d’emblée à toutes les questions, et plus particulièrement à celle du « comment ».
Quels sont, selon vous, ses avantages dans une perspective de développement ?
En procédant ainsi en deux temps, le porteur de projet peut savoir beaucoup plus tôt
si son projet suscite un intérêt auprès des investisseurs. Si ce n’est pas le cas, il aura
économisé la rédaction d’un plan d’affaires, complet mais… condamné !
Si, au contraire, les décideurs manifestent un intérêt et demandent des détails sur les
modalités de mise en œuvre, le porteur de projet, débarrassé d’une partie de ses
doutes existentiels, se verra pousser des ailes et sera « énergisé » pour expliquer sans
peine, dans un plan d’implémentation, comment il entend saisir cette opportunité.
Le contrôle de gestion
Même s’il est parfois rattaché à la direction générale (surtout dans les
petites entreprises dépourvues de directeur financier et parfois même
de comptable) car il ne traite pas que de rentabilité financière, il est
plus fréquent que le contrôle de gestion dépende de la fonction
financière. C’est pour cela que nous l’abordons ici.
MENEZ
LES HOMMES
« La ressource humaine pertinente, ce n’est pas une collection
d’individus mais une organisation, ou plutôt un ensemble de relations
organisées avec une culture. » Si cette citation de Michel Crozier,
principal concepteur de l'analyse stratégique en sociologie des
organisations, montre l’importance d’une bonne gestion des ressources
humaines en entreprise, elle ne dit pas si elle est compatible avec la
taille réduite de certaines.
La culture d’entreprise
La culture d'entreprise, parfois appelée « culture organisationnelle »,
est l’ensemble de la psychologie, des attitudes, des expériences, des
croyances et des valeurs, personnelles et culturelles, d’une
organisation.
9. Olivier Devillard, « Piloter la stratégie par la culture d'entreprise », Les Echos, février 2007.
10. Éric Delavallée, La Culture d'entreprise pour manager autrement : surmonter les résistances
culturelles, Paris, Éditions d'Organisation, 2002.
11. Thomas Peters, Robert Waterman, Le Prix de l’excellence : les huit leviers de la performance,
Paris, Dunod, 2004.
12. Gérard Regnault, Animer une équipe dans les PME aujourd'hui : qualité et management
des hommes, Paris, L’Harmattan, 1994.
13. www.vocatis.fr
14. Philippe Détrie, L’Entreprise durable, Paris, Dunod, 2005.
15. Fabrice Mauléon, Dominique Wolff, Le Management durable : l’essentiel du développement
durable appliqué aux entreprises, Paris, Hermès science publications, 2005.
É
16. Élisabeth Laville, L’Entreprise verte : le développement durable change l’entreprise pour
changer le monde, Paris, Village mondial, 2004.
17. Bernard Calisti, Francis Karolewicz, RH et développement durable : une autre vision de la
performance, Paris, Éditions d'Organisation, 2005.
18. Michel Dion, Dominique Wolff, Le Développement durable : théorie et applications au
management, Paris, Dunod, 2007.
19. Thierry Wiedemann-Goiran, Frédéric Perier, François Lépineux, Développement durable et
gouvernement d’entreprise : un dialogue prometteur, Paris, Éditions d’Organisation, 2003.
20. Pierre Louart, Marc-André Vilette, La GRH dans les PME, Paris, Vuibert, 2010.
21. Les Très petites entreprises, op. cit.
22. Op. cit.
23. Emmanuel Betry, « Sodexo au Pérou, un exemple de contribution au développement de
l’économie locale », www.melchior.fr
24. Op. cit.
25. Sandrine Fernez-Walch, François Romon, Management de l'innovation : de la stratégie aux
projets, Paris, Vuibert, 2006.
26. Alain Bloch et Delphine Manceau, De l'idée au marché : innovation et lancement de
produits, Paris, Vuibert, 2000.
27. Alan Robinson, Sam Stern, L’Entreprise créative : comment les innovations surgissent
vraiment, Paris, Éditions d'Organisation, 2000.
28. Pierre Musso, Laurent Ponthou, Éric Seulliet, Fabriquer le futur 2 : l'imaginaire au service de
l'innovation, Paris, Pearson Education, 2007.
29. Jean-Louis Swiners, Jean-Michel Briet, L'Intelligence créative au-delà du brainstorming :
innover en équipe, Paris, Maxima, 2004.
30. www.netpme.fr
31. Op. cit.
32. Op. cit.
2- LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
La gestion des ressources humaines (GRH) fait depuis longtemps partie
des domaines clés de l’entreprise, gagnant ses lettres de noblesse avec
l’expérience d’Elton Mayo dans l’usine de la Western Electric à
Hawthorne.
Même si la portée des résultats de ses travaux a été relativisée depuis
quelques années, il n’en reste pas moins que l’on ne peut pas nier
l’importance du facteur humain dans la productivité d’une entreprise,
quelle que soit sa taille.
La planification
Le recrutement
Le recrutement n’est pas toujours urgent dans une PME car il nécessite
le budget correspondant, du matériel ainsi qu’un aménagement du lieu
de travail. Il faut néanmoins anticiper les besoins en compétences pour
mettre en place un futur recrutement si nécessaire.
Le recrutement représente un coût réel, notamment en termes de
charges sociales et de coûts individuels, non seulement sur le plan
financier, mais également en temps passé à former le salarié, en temps
d’adaptation, en moyens matériels supplémentaires et en démarches
administratives (réglementation du travail)…
Avant de songer à un recrutement externe, il convient donc de
favoriser le recrutement en interne, d’autant plus qu’une promotion est
souvent source de motivation. Voilà une pratique managériale à
diffuser au sein des PME.
« C’est très important parce que dans les petites structures, les
collaborateurs risquent de se sentir livrés à eux-mêmes ou d’avoir le
sentiment de ne pas être managés », affirme pour sa part Bertrand
Dietz, consultant et enseignant à Euromed-Management. « D’autre
part, des lignes de conduite précises n’ont jamais empêché la créativité
de s’épanouir. Dans une TPE. il faut cadrer encore plus par rapport aux
grosses entreprises qui ont des habitudes et des “process” existants. En
outre, pour un collaborateur, il n’y a rien de plus démotivant que
d’avoir l’impression que l’on n’apprend pas grand-chose, et les gens
apprécient toujours la mise en place de méthodes rigoureuses, car elles
leur donnent l’impression de progresser. Enfin, les petites entreprises
sont en général moins résilientes que les grandes et beaucoup plus
sujettes à des fluctuations d'activité, difficultés économiques, etc. En
cas de difficulté, il peut être très rassurant de s'appuyer sur des
procédures éprouvées qui permettent d'éviter la “gamberge”. »
OBJECTIFS
Catégorie Description Poids ou Objectif Commentaires Commentaires Résultat
SMART priorité haut du du manager final
Objectif collaborateur (manager)
bas
1 Individuel
2 Individuel
Dans votre livre, vous remettez en cause les démarches d’évaluation traditionnelles…
Ce qui n’est pas évalué n’est pas managé ! Les méthodes d’évaluation les plus
usuelles jugent la prestation par rapport à ce qui était programmé par la fonction et
les objectifs, et ne sont pas en mesure de prendre en compte les initiatives et les
innovations. Elles n’incitent donc pas les personnes à fournir une prestation d’une
qualité optimale. En appréciant les prestations par rapport à des références
spécifiques à chacun comme sa fonction et ses objectifs, ces démarches d’évaluation
incitent chaque collaborateur à jouer « perso » et nuisent au travail d’équipe et à la
coordination des actions.
Enfin, il manque dans les supports existants des rubriques qui obligeraient les
utilisateurs à introduire des données essentielles qui permettraient de formaliser et
d’encadrer suffisamment l’évaluation pour garantir l’objectivité des données
reportées sur les supports pour permettre leur supervision.
Que proposez-vous ?
Nous avons élaboré des supports qui formalisent une méthode d’évaluation équitable
et efficiente qui remplit les conditions de fond et de forme suivantes :
Par le choix de la démarche d’évaluation et des critères, les supports doivent
formaliser une méthode d’évaluation qui incite l’ensemble des collaborateurs à
fournir une prestation d’une qualité optimale en n’évaluant pas seulement les
réalisations par rapport à ce qui était prévu, mais aussi les initiatives prises et les
valeurs apportées non prévues.
Cette même démarche doit inciter l’ensemble des salariés à coordonner leurs actions
et à unir leurs compétences et leurs talents pour assurer la réussite globale de
l’entreprise.
La rémunération
Dans les grandes entreprises, il existe des outils collectifs pour motiver
les salariés par la rémunération : l’épargne salariale, l’intéressement et
la participation. Les petites entreprises y ont très peu recours, mais elles
peuvent également faire valoir des composantes salariales indirectes,
comme les avantages en nature ou une couverture prévoyance santé.
Elles peuvent en outre utiliser quelques outils, individuels, pour motiver
les salariés par la rémunération, comme les primes variables en fonction
d’objectifs quantitatifs ou qualitatifs.
La formation
Quelles que soient les raisons pour lesquelles les entreprises n’ont pas
recours à la formation, il existe des alternatives.
Le DIF (Droit individuel à la formation) est une modalité d’accès des
salariés à la formation existante, à côté des formations retenues par
l’employeur dans le plan de formation et du projet individuel du salarié
formalisé dans le cadre du congé individuel de formation (CIF, plus
long par définition).
Destiné à des formations relativement courtes, le DIF leur permet de
bénéficier d’actions de formation professionnelle continue, rémunérées
ou indemnisées, durant le temps de travail ou en dehors de celui-ci. Les
frais pédagogiques, qui correspondent au nombre d’heures auxquelles
les employés ont droit, ainsi que l’allocation de formation sont à la
charge de l’employeur, ce dernier pouvant les imputer sur sa
participation au développement de la formation continue. Rien
n’empêche l’employé d’entreprendre une formation à distance, bien au
contraire. Comme pour le reste, elle est soumise à un accord avec son
employeur.
É
Élisabeth Carpentier : « Faire de nos ressources humaines et de leur diversité un
avantage compétitif. »
Car se sentir bien sur son lieu de travail augmente la productivité. C’est
ce qui explique que de plus en plus de petites entreprises prennent des
mesures organisationnelles pour faciliter le quotidien de leurs
collaborateurs.
Cela demande aussi qu’il existe une réelle relation de confiance entre le
manager et son subordonné, et cela s’accompagne pour ce dernier
d’un risque non négligeable d’isolement.
Serge Le Roux : « Le télétravail permet une gestion plus fine et performante des
ressources de l'entreprise. »
La gestion du personnel, c’est aussi, bien sûr, celle des fins de contrat
(démissions, licenciements et autres ruptures conventionnelles). Plus
encore que pour d’autres aspects de la GRH, un nouveau champ
d’action s’ouvre : celui du droit du travail qui, d’après Jacqueline
Socquet-Clerc Lafont70, s’avère « peu adapté, voire totalement
inadapté, aux plus petites structures ».
Et que dire des démissions qu’il n’aurait pas prévues ? Il devient difficile
pour lui de rester objectif au moment de négocier un départ. D’après le
baromètre des PME et TPE du Conseil supérieur de l'ordre des experts-
comptables, réalisé par la TNS Sofres en avril 2010, la gestion du
personnel est une source de stress pour 67 % des patrons.
La moitié des dirigeants de PME et TPE se déclarent dépassés par tout
ce qu'ils ont dû faire depuis un an. « Dans une PME, les difficultés de
trésorerie sont des problèmes récurrents. Les patrons vivent avec »,
analyse Olivier Torrès dans Les Echos72. « Mais lorsqu'ils doivent
licencier une personne avec laquelle ils travaillent depuis dix ans, cela
crée un traumatisme. […] Quand un salarié quitte l'entreprise, il n'est
pas rare que cela génère un profond sentiment de trahison chez son
dirigeant. »
C’est encore plus manifeste dans une structure familiale, où le
dirigeant n’est pas toujours juste, ce qui peut inciter les « outsiders » à
se diriger vers la sortie. « La famille peut aussi devenir un cercle très
fermé, instaurant une gestion clanique, notamment en matière de
gestion des ressources humaines (distribution exclusive des postes à
responsabilité au sein de la famille) ou de fixation des objectifs (refus
de la croissance pour préserver un contrôle familial) », écrivent
Annabelle Jaouen et Olivier Torrès73, tandis que pour Jérôme Caby et
Gérard Hirigoyen74, « l’interaction famille-entreprise est une source de
contrainte supplémentaire en matière de relations humaines. En
position d’acteurs et d’observateurs, les collaborateurs étrangers au
cercle occupent une position inconfortable. Ils subissent les conflits qui
traversent la famille et qui viennent se déverser dans l’entreprise ».
Cela peut prendre une dimension encore plus dramatique dans le cadre
d’une cessation de paiement, d’un dépôt de bilan ou d’un
redressement, domaines où le dirigeant navigue à vue.
Là encore, le recours au conseil peut s’avérer utile, voire indispensable,
puisque seulement 2,5 % des sociétés placées en dépôt bilan voient le
bout du tunnel.
[BIEN CONSEILLÉ, SOLIC A SURVÉCU À LA CRISE]
Premier groupe français indépendant de conseils en ressources humaines et recrutement
spécialisé, Solic affichait 10 millions d’euros de chiffre d’affaires et 2 millions
600 000 euros d’actif net en 2006… « L’entreprise réalisait un peu plus de 40 % de
croissance par an, depuis cinq ans nous étions dans une dynamique de croissance
extrêmement forte avec beaucoup de création d’emplois, raconte Nicolas Doucerain. À
tel point que quelques mois avant la crise, le gouvernement de Dominique de Villepin
nous avait remis le diplôme de Gazelle, décerné aux deux mille PME les plus
performantes, les plus rentables et créatrices d’emploi. »
Mais voilà, la crise « s’est abattue sur Solic comme une vague, balayant des années
d’efforts, de réussite et de confiance en l’avenir », comme l’écrit le président de Solic
Groupe dans Ma petite entreprise a connu la crise75. Le flot d’annulations ou de reports
de missions de recrutement est inarrêtable.
« Quand nous nous sommes aperçus de l’effondrement de l’économie et de l’impact sur
nos contrats, il a fallu prendre des mesures draconiennes qui ont été, avant les
licenciements, de baisser ma rémunération de 40 % et de demander à l’ensemble des
actionnaires et membres du comité exécutif de faire de même, de supprimer toutes les
voitures de fonction, les notes de frais. Nous avons réduit tous les frais généraux, et
malheureusement, comme je me suis vite aperçu que ça n’allait pas être suffisant, c’est
seulement après que nous avons initialisé le premier des quatre plans de licenciements.
C’est dû à la législation, car elle aurait voulu que l’on fasse plutôt un PSE [plan de
sauvegarde de l’emploi], qui mécaniquement n’était pas possible, était de toute façon
trop long et risquait de tous nous mettre en péril puisqu’il s’accompagne de contraintes
trop fortes, notamment sur le plan juridique. […] Notre inspection du travail était
injoignable pendant trois semaines. J’ai dû aller physiquement dans leurs locaux et faire
le pied de grue devant un bureau pendant deux heures pour avoir un rendez-vous et
repartir avec des données précises. »
Nicolas Doucerain est entré bien malgré lui dans un domaine où ses compétences ont
atteint leurs limites. « J’ai vécu avec Solic une situation à laquelle je n’étais vraiment pas
préparé », explique-t-il sur le site de New CFO76. « Premiers licenciements, fermeture de
bureaux, nouveaux licenciements, tout s’enchaîne sur un rythme effréné, en devant
composer avec des réglementations complexes, des banquiers soupçonneux, des
inspections du travail débordées, et des conseils juridiques parfois dépassés. Jusqu’à ce
moment de juin 2009 où le dépôt de bilan s’est imposé comme la seule solution pour
espérer continuer. Et là, nous sommes rentrés dans une nouvelle aventure en termes de
gestion – car il s’agit bien d’un acte de gestion – à laquelle aucune école n’a jamais
formé aucun dirigeant, du moins sur le plan pratique. »
Heureusement, il explique avoir été bien conseillé par son directeur administratif et
financier, essentiel dans le cadre d’un redressement selon lui pour optimiser la trésorerie,
qui d’après lui « se révèle une fois de plus le véritable nerf de la guerre pour la PME », et
aussi par un avocat. « L’administrateur nommé par le tribunal de commerce a été
particulièrement efficace, nous nous sommes bien entendus avec lui et il a joué son rôle
parce que j’ai été bien épaulé par un conseil externe qui a surtout su m’expliquer, avant
même que je dépose le bilan, les différentes phases, les différentes modalités, comment
ça allait se passer, quel allait être le coût, la relation ou autre. Mine de rien, ça permet de
voir les choses avec un peu plus de sérénité. C’est vrai qu’on perd son pouvoir, on perd
sa signature, et pourtant c’est une période importante pour bien orchestrer, bien déposer
son bilan entre guillemets, pour laisser un maximum de chances à l’entreprise de
rebondir après. »
Après avoir compté seulement vingt-huit collaborateurs au pire de la crise, Solic en a
embauché seize nouveaux.
33. Gestion des ressources humaines dans les PME, op. cit.
34. Jean-Marie Peretti, Tous DRH : les responsabilités ressources humaines des cadres et
dirigeants, Paris, Éditions d'Organisation, 2006.
35. Maurice Thévenet, Cécile Dejoux, Éléonore Marbot, Étienne Normand, Anne-Françoise Bender,
Fonctions RH : politiques, métiers et outils des ressources humaines, Paris, Pearson Education,
2009.
36. « Motivations et clés de succès de l’externalisation RH », juin 2008, www.markess.fr
37. www.focusrh.com
38. Les Très petites entreprises, op. cit.
39. Elyes Bentabet, Stéphane Michun, Philippe Trouvé, « Gestion des hommes et formation dans
les très petites entreprises », Centre d’études et de recherches sur les qualifications, 1999,
Étude numéro 72.
40. Les Très petites entreprises, op. cit.
41. Yves Chassard, Christophe Bouruet, « Gestion du personnel et de l’emploi dans les petites
entreprises », Regards sur les PME, n° 3, 2003.
42. Bertrand Duchéneaut, Enquête sur les PME françaises : identités, contextes, chiffres, Paris,
Maxima, 1995.
43. www.focusrh.com
44. Anne Chevallier, Monique Coiffard, Willy Guillaume, Gestion RH des PME-PMI : guide
pratique du dirigeant, Paris, Liaisons, 2004.
45. www.journaldunet.com
46. www.focusrh.com
47. Op. cit.
48. Brad Sugars, Coaching pour faire décoller votre entreprise, Paris, Maxima, 2007.
49. Op. cit.
50. Laurence J. Peter, Raymond Hull, Le principe de Peter ou Pourquoi tout va toujours mal,
Paris, LGF, 2009.
51. Enquête sur les PME françaises, op. cit.
52. Op. cit.
53. Op. cit.
54. Op. cit.
55. Jean-Pascal Lapra, L’Evaluation du personnel : pour une nouvelle approche, Paris, Liaisons,
2006.
56. Op. cit.
57. Op. cit.
58. Stéphanie Jallut, Dominique Bourdiau, « La Gestion des ressources humaines au sein des
petites entreprises », www.oeconomia.net, 2005.
59. Jérôme Caby, Gérard Hirigoyen, La Gestion des entreprises familiales, Paris, Economica,
2002.
60. Op. cit.
61. Patrick Burnel, Formation professionnelle continue, vol. 2, Obligations financières et
juridiques de l’entreprise, Paris, Lamy, 2010.
62. Agnès Paradas, « Identifier les compétences à renforcer, difficultés d’application et
réponses possibles en matière de formation professionnelle dans les petites entreprises »,
Management & Avenir, n° 21, 2009/1.
63. « Gestion des hommes et formation dans les très petites entreprises », op. cit.
64. Formation professionnelle continue, vol. 2, Obligations financières et juridiques de
l’entreprise, op. cit.
65. Op. cit.
66. Op. cit.
67. www.decideurstv.com
68. Op. cit.
69. Op. cit.
70. Création et pérennisation de l'entreprise de petite taille, op. cit.
71. Les Très petites entreprises, op. cit.
72. Laurance N'kaoua, « Les patrons de PME et de TPE à l'épreuve du stress », op. cit.
73. Les Très petites entreprises, op. cit.
74. La Gestion des entreprises familiales, op. cit.
75. Nicolas Doucerain, Ma petite entreprise a connu la crise, Paris, Bourin éditeur, 2011.
76. www.new-cfo.fr
77. Émile-Michel Hernandez, L'Entrepreneuriat : approche théorique, Paris, L’Harmattan, 2001.
3- DE LA GESTION D’UN INDIVIDU À CELLE D’UN
GROUPE
Pour comprendre les autres, le dirigeant doit avant tout savoir les
écouter, mais aussi se rendre disponible, attribuer du crédit aux avis
fondés, savoir déléguer, être respectueux, avoir (ou acquérir) des
compétences techniques et une expérience du terrain minimale.
j Le travail en équipe
Dans Animer une équipe dans les PME aujourd'hui86, ce même Gérard
Regnault traite sous un angle opérationnel des différentes
compétences que doit avoir l'animateur d'équipe dans une PME, quel
que soit son secteur d'activité. Il met en avant la nécessité de « savoir
analyser et résoudre des problèmes ».
À
À ce sujet, nous ne saurions trop mettre l’accent sur la préparation : il
faut bien définir l’objet de chacune, ainsi que ses objectifs et sa durée,
son programme et les procédures qui vont être utilisées ; il ne faut pas
non plus négliger les paramètres physiques – aménagement de la salle,
fonctionnement des équipements, rédaction et diffusion de l’ordre du
jour.
Pendant la réunion à proprement parler, il faut veiller à énoncer les
objectifs, synthétiser les réponses, annoncer des actions, distribuer
équitablement la parole puis établir ensemble le compte rendu, qu’il
conviendra ensuite de diffuser avant de mettre en place les actions.
Attention cependant à la « réunionnite », car des réunions bien
préparées et menées à bien peuvent être voraces en temps.
[LE REVERSAL DAY À LA RESCOUSSE]
Des actions plus ou moins ponctuelles peuvent favoriser la cohésion comme le Reversal
Day, un concept anglo-saxon d’échange de postes de travail par tirage au sort le temps
d’une journée. C’est le cas chez le groupe d'agences de publicité de proximité Sioux, qui
y a recours tous les ans.
« Il n’y a aucune réticence dans la mesure où c'est finalement une occasion presque
inconsciente pour chacun de discuter avec son collègue et de mieux comprendre ce qu'il
fait tout au long de la journée. Grâce à cette expérience, chacun change de
comportement car on apprend à connaître les autres postes et leurs difficultés. C’est un
outil de management très concret, peu coûteux, et qui permet de détecter en amont ce
qui ne va pas », estime Emmanuel Debuyck, le directeur du groupe, sur le site d’Agir
Magazine87.
« Mais c'est surtout sur le long terme que l'on mesure l'intérêt de cette journée car on
constate que le climat s'apaise. C'est un peu comme pratiquer un sport ensemble pour
mieux se connaître. Dans le cas du Reversal Day, non seulement on se connaît mieux,
mais on se connaît mieux dans son environnement professionnel. L'esprit d'équipe est
renforcé, les relations interpersonnelles et la circulation de l'information sont améliorées.
C'est d'ailleurs cette faculté de l'opération à réduire les conflits, voire à les annihiler, qui
m'incite à reproduire cette opération depuis dix ans. »
Il faut tout de même prendre quelques précautions, et notamment faire un débriefing, ne
pas échanger des postes équivalents, s’assurer que chacun se prête au jeu et
éventuellement prévenir les clients.
Cet outil semble de plus particulièrement bien adapté aux petites entreprises : « Pour un
fonctionnement optimal, l'effectif de la société ne doit pas dépasser cinquante
personnes », explique Caroline Le Moigne, fondatrice et gérante de l'agence de
communication Les Têtes chercheuses, dans un article de L’Expansion88. « Il permet
d'optimiser les processus, d'améliorer la communication intra-entreprise, ce qui génère
une meilleure productivité. »
j La communication interne
Comme le constate Gérard Regnault dans Animer une équipe dans les
PME aujourd'hui90, « lorsque l’on interroge le personnel
d’encadrement sur son emploi du temps, il apparaît dans la majorité
des cas qu’il consacre entre 50 à 70 % de ses heures au travail à
communiquer ». Or d’après Brad Sugars91, la communication « c’est
l’huile que vous mettez dans les rouages pour que l’équipe puisse
continuer à avancer, et vous n’en mettez jamais trop ».
Il est donc vital de mettre en place une communication interne digne
de ce nom. « Une idée largement répandue par les dirigeants consiste
à mettre en avant le fait qu’elle ne pose pratiquement pas de problème
au sein des petites structures, du fait de la bonne connaissance et de la
proximité des gens », affirme encore Gérard Regnault dans La
Communication interne dans une PME92. « Cette appréciation
nécessite beaucoup de nuances car si un petit nombre peut faciliter les
contacts entre les personnes, il ne garantit pas les nécessaires échanges
sur des sujets nombreux et importants relatifs à la vie de l’entreprise et
de ses salariés. »
Le plan d’action, qui détaille qui fait quoi, quand et comment, peut lui
aussi s’avérer bénéfique. « Lorsque je communique à mon équipe un
ensemble clair de règles à suivre, il est plus facile de faire son travail »,
poursuit en effet Brad Sugars.
Mais cela peut s’avérer difficile, même dans les TPE où, d’après Henri
Mahé de Boislandelle94, « la communication entre le dirigeant et le
personnel est directe et fréquente. Entre les membres du personnel il
en est de même, qu’il s’agisse des besoins d’information dans le cadre
du travail ou d’échanges informels. L’information se diffuse très vite,
les relations revêtent souvent un caractère affectif – on aime ou on
n’aime pas quelqu’un ».
Là encore, il faut savoir trouver le bon dosage pour ne pas être accusé
de « fliquage ».
[EN TOUTE TRANSPARENCE]
Nicolas Doucerain dirige une société de conseils en ressources humaines et recrutement
qui a bien failli ne pas survivre à la crise. Une aventure qu’il a osé raconter dans un livre
fidèle à sa vision de la vie, qui a permis à Solic de réussir puis de ressusciter.
« En à peine deux mois, du 15 septembre au 15 novembre 2008, 115 missions de
recrutement sur 210 sont annulées ou reportées sine die. Tout au long de cette période,
pas un jour ne passe sans qu’une nouvelle désastreuse ne nous parvienne, laissant une
équipe commerciale tétanisée et des consultants plongés dans des abîmes d’angoisse.
Pas un des huit bureaux que compte le cabinet en France, en Suisse ou en Algérie n’est
épargné. Pas un des quatre-vingt-sept collaborateurs du groupe n’est à l’abri, tous
touchés à des degrés divers par les conséquences d’une crise qui s’est abattue sur Solic
comme une vague, balayant des années d’efforts, de réussite et de confiance en
l’avenir », raconte Nicolas Doucerain dans Ma petite entreprise a connu la crise99, écrit
avec l’appui de l’un de ses collaborateurs, Florent Papin, qui a vécu de l’intérieur les longs
mois de crise au cours desquels Solic a failli sombrer.
Et si son titre est un brin racoleur, le livre mérite d’être lu, ne serait-ce que pour la
démarche courageuse qui lui a donné naissance : « L’idée première, c’était d’apporter un
témoignage sincère, authentique pour montrer, tant du point de vue des salariés que du
monde politique ou des chefs d’entreprise, ce que c’est qu’une PME frappée de plein
fouet par la crise. Il y a tout de même soixante-sept mille entreprises qui ont déposé le
bilan en 2009. Il n’y a que 2,5 % qui s’en sortent donc 97,5 % qui restent au tapis,
précise-t-il. L’objectif était de rebondir. Je n’ai jamais pris le soin d’écrire un bouquin, je
ne suis pas connu médiatiquement et si on voulait que le livre soit édité il fallait amener
du fond, ce que l’on a essayé de faire, et se démarquer, d’où le fait de l’avoir écrit sous
forme de témoignage. »
Le président de Solic avoue encore s’être « beaucoup livré », mais aussi que cela s’est fait
assez naturellement. « Il y avait deux options : soit culpabiliser et se cacher, soit assumer
et m’exposer pour sortir plus fort », poursuit-il en toute franchise. « C’est dans ma
nature profonde. J’ai toujours été comme ça, je n’ai jamais aimé être dans le moule
classique, entre guillemets. Ce qui m’a toujours intéressé, c’est de me démarquer par
rapport à la normalité, à la moyenne. J’ai toujours été volontairement à l’écart, comme
j’ai arrêté mes études en seconde je me suis extrait du modèle de l’éducation nationale
qui imposait un système, des règles qui ne me convenaient pas, en tout cas dans mon
apprentissage des différentes matières. » Après avoir exercé des fonctions commerciales
dans le domaine automobile, à 19 ans il a repris un cabinet de recrutement qui allait être
fermé pour « apprendre un nouveau métier, le développer avec mes idées, mon
concept ». Et s’il estime que sa réussite est notamment due à sa pratique du golf en
compétition, utile au moment de « réunir les équipes pour remporter des appels
d’offres », c’est cette différence qui d’après lui a permis à Solic de devenir le premier
groupe français indépendant de conseils en ressources humaines et recrutement
spécialisé.
« J’ai développé Solic petit à petit, étape par étape, en me démarquant volontairement
de mes concurrents, ce qui a toujours fait du bruit dans la profession et nous a permis,
en moins de cinq ans, de devenir l’un des leaders en France », estime Nicolas Doucerain.
C’est aussi une de ses différences qui lui a permis de sauver la tête de Solic : « Ce qui m’a
guidé à travers ma carrière professionnelle et la période plus difficile que j’ai été amené à
traverser sur le plan économique, c’est la transparence, qui vient sans doute de mon
éducation. C'est-à-dire avoir toujours la démarche de donner du sens aux choses, de ne
pas imposer sans donner d’explication. Lorsque j’ai été amené à déposer le bilan,
beaucoup de personnes m’ont conseillé de cacher la vérité, de ne rien dire aux clients,
aux fournisseurs, aux salariés. J’ai pris le contre-pied de tout le monde : au contraire, j’ai
communiqué, pour ne pas dire surcommuniqué. Tous nos gros clients ont été informés
dans les quarante-huit heures, je suis allé les voir personnellement, nous avons adressé
un courrier à l’ensemble de nos prospects et clients pour les tenir informés, toujours en
donnant beaucoup de sens et de pédagogie. […] Cette manière de communiquer, aussi
bien auprès des clients, fournisseurs et collaborateurs, a permis à Solic de créer un climat
de confiance auprès des différents acteurs et de rebondir beaucoup plus rapidement. »
Cette transparence, il dit d’ailleurs l’avoir toujours appliquée en interne et auprès de ses
clients. « Quand nos clients sont amenés à nous confier un certain nombre de
prestations, soit vous êtes un petit peu mielleux et restez dans une espèce de moyenne,
soit vous avez le courage de dire les choses. C’est toujours informer en donnant du sens,
confie-t-il. Voici un cas précis : un de nos clients qui subit la crise de plein fouet. Il a fait le
choix stratégique de bâtir une cellule de crise il y a trois quatre mois pour mettre en place
plusieurs scénarios en toute confidentialité après la perte d’un énorme appel d’offres. Il
m’a informé que par manque de temps, il ne faisait pas partie de la cellule et qu’il avait
délégué cela à l’un de ses fidèles qui est là depuis douze ans et membre du Comex. Je lui
ai dit que c’était une erreur et je lui ai expliqué pourquoi : je lui ai dit que quand l’on
rentre dans des périodes de crise très violentes, où vous avez un impact et un risque sur
40 % de vos effectifs, la perception des gens est totalement différente par rapport à une
activité économique normale, normalisée. C’est une situation exceptionnelle, la tension
est à son comble, le stress augmente fortement chez les collaborateurs et donc les
réactions diffèrent énormément d’un individu à un autre. Les gens que vous pensiez
connaître, vous allez vous apercevoir que vous ne les connaissiez pas du tout. Je m’en
étais aperçu parce qu’en côtoyant un certain nombre des membres de cette cellule, je me
suis rendu compte que ça commençait à se battre, comme il n’y avait pas de chef
derrière ça partait dans tous les sens. Dans le management, on vient de vivre trois quatre
crises importantes au niveau de grands groupes et on voit bien que cela a été plus ou
moins bien géré. » Et d’opposer l’affaire Dior, exemple pour lui d’une bonne gestion, aux
couacs de Quick et Renault.
j Motiver…
Elles ont été alimentées par les travaux d’Abraham Maslow, connu
pour sa pyramide des besoins qu’il faut chercher à satisfaire, à chaque
niveau donné, sans penser aux besoins situés au niveau
immédiatement supérieur ; Douglas McGregor, auquel on doit la
théorie X où l’employé n’aime pas travailler et on doit mettre en place
une direction participative par objectifs, et la théorie Y où l’employé
aime travailler et on doit avoir recours à la direction par objectifs ;
Frederick Herzberg, qui a étudié les facteurs de satisfaction et de
mécontentement au travail : les facteurs d’hygiène (bruit, chaleur,
salaire, statut, relations humaines, etc.), qui doivent être assurés avant
que les facteurs valorisants – le travail en lui-même, l'accomplissement,
la reconnaissance, les responsabilités et l’évolution de carrière – ne
puissent être remplis pour générer de la satisfaction…
Il faut tout faire pour éviter d’en arriver au conflit social, qui est,
d’après Annabelle Jaouen et Olivier Torrès103, « une véritable
souffrance pour ces dirigeants, et peut être rapidement désamorcé. Les
explications prennent beaucoup d’importance et des terrains d’entente
semblent émerger assez facilement ».
Nous vous souhaitons de ne pas en arriver là, mais pour cela, il semble
primordial de remettre en cause le fonctionnement existant.
« En très petite entreprise, les décisions tant stratégiques
qu’organisationnelles ou managériales sont rarement le fruit d’une
réflexion objective et délibérée », affirment Nathalie Tessier et
Annabelle Jaouen106. « Bien au contraire, l’intuition, l’affect,
l’irrationnel et l’arbitraire tiennent une place prépondérante dans les
processus décisionnels du dirigeant. De fait, les pratiques de gestion
des ressources humaines en sont imprégnées. »
Directrice d’une crèche municipale, Sylvie Salmon gère une équipe de dix personnes
(éducatrices, auxiliaires de puériculture, infirmière et cuisinières) et des structures
d’accueil différentes (une halte-garderie, deux crèches en fonction des âges) au
quotidien.
Ces dernières peuvent passer pour des rabat-joie auprès des autres…
Elles peuvent en effet être difficiles à motiver. En même temps, je leur rappelle que si
elles ont accepté de travailler ici, je ne les ai pas trompées en entretien d’embauche.
Je leur ai dit exactement ce à quoi elles devaient s’attendre. Elles ont le droit de ne
plus adhérer, mais les histoires personnelles doivent rester au vestiaire le matin. Elles
ont le droit d’avoir des flottements dans leur vie professionnelle ou personnelle. Pour
autant, je ne suis pas leur confidente. Là où je m’inquiète, c’est si pendant six mois,
neuf mois, il y a un grand flottement. Alors, je leur conseille de partir en formation ou
bien d’aller faire des stages inter-crèches, voir ce qui se passe ailleurs, ou encore
d’envisager d’aller travailler ailleurs.
Est-ce que l’équilibre entre les personnalités entre en compte dans la composition des
équipes ?
Plus difficilement. J’essaye d’en tenir compte, mais quelquefois je me heurte à la
problématique qui est de faire en sorte qu’il y ait le moins de changements possible
pour les enfants. Certaines années, je sais que ce sera une année difficile de par la
constitution des équipes. Mais entre une équipe qui flotte et trop de changements,
j’ai toujours fait le choix de privilégier les enfants.
Comment gérez-vous les périodes de stress, par exemple quand plusieurs d’entre elles
sont absentes ?
C’est compliqué parce que toute l’organisation est à repenser. Ce qui est difficile,
dans le stress, c’est comme pour les conflits : pouvoir prendre du recul. Les moments
conviviaux, où l’on se retrouve et où chacun se livre un peu sur sa vie personnelle
sont importants pour l’équipe. C’est à mon avis une façon d’anticiper les périodes de
tension.
La conduite du changement
Le changement est inévitable car la société est en perpétuelle mutation,
et nous ne pouvons donc que nous y adapter. Les petites entreprises
doivent d’autant plus s’efforcer de faire preuve de souplesse, car elles
sont par définition plus soumises à l’instabilité de l’environnement.
Courageusement, car cela ne permet pas d’éviter tous les
désagréments : « Les doigts de pied écrasés. Cette expression était
utilisée par un consultant psychologue, Patrice Bertier. Elle exprime de
façon imagée le fait qu’il n’y a malheureusement de réel changement
possible que s’il y a des “doigts de pied écrasés”, c’est-à-dire des
personnes qui souffrent de la situation existante, estime Gilles
Barouch108. Paradoxalement, l’existence de difficultés peut être un
atout pour le changement. Pour qu’il y ait changement, il faut donc
une certaine insatisfaction par rapport à la situation existante. Sinon,
c’est la force de l’habitude qui risque de l’emporter. »
Docteur en sociologie, Ali Taleb est intervenu dans des entreprises de tailles variées
en tant que consultant en management avant de prendre la direction de l’office-relais
des Restos du cœur de Paris, un centre d’approvisionnement et de mise en
température des repas, également conventionné chantier d’insertion. La façon dont il
a pris ses fonctions illustre les choses à faire ou à ne pas faire pour bien accompagner
le changement.
Vous avez un poste au profil différent de la personne que vous avez remplacée…
Tout à fait, la précédente directrice est issue du secteur de l’insertion
socioprofessionnelle. Elle a été dans un premier temps chargée de l’accompagnement
des salariés en insertion au chantier avant d’en prendre la direction.
Au-delà des tâches qu’elle assurait, le développement de nouveaux projets est au
cœur de mes responsabilités. Il faut innover vers des items encore peu abordés à ce
jour, notamment en matière de formation et de modernisation dans
l’accompagnement professionnel des salariés en insertion. D’ailleurs, mon
recrutement à l’office-relais a surtout reposé sur mon appétence pour les questions
de formation et d’innovation pédagogique.
Elle vous avait donc préparé le terrain… Quels conseils vous a-t-elle prodigués ?
Tout à fait, on peut dire qu’elle a anticipé son départ et pris très au sérieux la
transmission des dossiers. Cela m’a fait gagner du temps dans l’appropriation et la
gestion de l’office. D’autant que j’arrivais à une période particulière, puisque les
entretiens annuels avec les salariés étaient programmés la semaine qui suivait mon
intégration. Les questions de gestion des ressources humaines cristallisaient beaucoup
notre attention. Plus que des conseils, elle me faisait des recommandations, parfois
écrites, sur la prise en compte des personnels encadrants.
De fait, les degrés d’attention n’étaient pas les mêmes et ses recommandations se
voulaient très hétérogènes. Elle me conseillait plus ou moins de rigueur dans la prise
en main de l’équipe selon les personnalités en présence : pour l’un, je devais être
vigilant sur la manière dont il encadre ses salariés en insertion et les forme à devenir
de bons techniciens. Pour un autre, ce sont plutôt des problèmes d’accompagnement
dans la gestion administrative qu’il faut surveiller. Pour un autre encadrant, je devais
veiller à ce qu’il soit rigoureux dans le suivi des personnes en insertion et dans son
relationnel avec les partenaires de l’office. Ces aspects-là étaient très formalisés et
relevaient de discussions dont le point d’orgue était le bon fonctionnement du
chantier et nos capacités à trouver un emploi pérenne ou une formation qualifiante
aux personnes en insertion.
Mais concernant la gestion d’équipe, un discours plus officieux, moins formel, s’est
fait jour. Il ciblait une à deux personnes selon les problématiques rencontrées. J’ai pris
note de ces informations, très orientées sur la nature des relations hiérarchiques
entretenues, et je me suis dit que je les apprécierais une fois seul en poste. Je ne
voulais pas être influencé dans ma manière de manager. Je craignais les interférences
liées à une mauvaise interprétation des rôles et activités de chacun.
Une fois la période de transition terminée, je me retrouve directeur à part entière.
Cette période, bien que bénéfique, ne m’avait pas permis de m’exprimer pleinement.
À compter de ce jour, les salariés que j’encadrais sont spontanément venus me
trouver et m’ont rappelé à mon bon rôle de responsable de l’office. J’ai rapidement
été légitimé.
Pour résumer, je dirais qu’actuellement, avec du recul sur ma prise de fonctions, seuls
les conseils objectifs délivrés par l’ancienne directrice, ceux liés à la vie du chantier, à
la répartition des responsabilités, ont eu un impact favorable sur mon travail et m’ont
permis d’enclencher une nouvelle feuille de route. En revanche, les recommandations
informelles sur les personnalités et la manière de fonctionner des uns et des autres
auraient pu me pousser à commettre des erreurs dans la gestion de mon équipe si je
les avais appliquées au pied de la lettre. La transition était donc nécessaire seulement
quand elle permettait de soulever les problématiques et les enjeux d’amélioration de
nos objectifs de production et d’accompagnement socioprofessionnel.
Le leadership
« Une direction solide : je dois être un leader décidé et résolu pour que
mon équipe puisse avoir confiance dans les instructions que je lui
donne », préconise Brad Sugars dans Coaching pour faire décoller
votre entreprise116. Cela peut être utile de donner l’exemple, mais
l’abnégation a ses limites.
De la même façon que l’on doit faire preuve de plus d’humanité à
l’égard des salariés, cela ne doit pas interdire au dirigeant de paraître
humain. « L'idéologie du leadership reste pugnace et interdit au patron
d'avoir des failles. Elle leur impose d'apparaître tels des surhommes »,
explique Olivier Torrès dans Les Echos117. « Parallèlement, le fait de
parler du stress des collaborateurs a conduit à une victimisation des
salariés et, face à des victimes, il faut un bourreau. Cela a recréé un
manichéisme qu'il faut briser. »
Le coaching
Les bénéfices peuvent donc être multiples, pour les dirigeants comme
leurs subordonnés. « Ensemble, qualifiés, unis, impliqués, passionnés,
efficaces. Il ne s’agit pas uniquement de se sentir plus à l’aise. Il s’agit
de réaliser davantage de choses », écrit en effet Brad Sugars dans
Coaching pour faire décoller votre entreprise119.
D’après lui, constituer une équipe plus efficace passe par exemple par
les six points fondamentaux suivants : « une direction solide, des
objectifs communs, des règles de fonctionnement, un plan d’action, le
soutien de la prise de risque, 100 % d’implication et d’intégration ».
[GROSPIRON SURFE SUR LA VAGUE DU COACHING]
Champion olympique et triple champion du monde de ski de bosses, Edgar Grospiron
s’est orienté depuis sa retraite sportive vers les métiers de coach, de formateur et de
conférencier.
Grâce au réseau Edge, franchise de conseils aux entreprises lancée en 2008, il diffuse
maintenant par le biais de consultants indépendants son concept de management de la
performance et de la motivation. La société intervient dans des domaines variés comme
la conduite du changement, la pérennisation de la performance ou la motivation des
équipes.
« Ce qu'Edge propose, c'est de susciter l'envie chez les collaborateurs de se former plutôt
que de subir », explique Edgar Grospiron, qui assimile volontiers les bosses aux obstacles
que peut avoir à surmonter une entreprise, dans une interview consacrée à l’Observatoire
de la franchise120. « Quand vous arrivez ainsi à provoquer un déclic dans une entreprise,
ne serait-ce que le temps d'une conférence, tout le monde en redemande : les
collaborateurs, les managers et la direction. En pratique, je suis fréquemment sollicité
pour des missions de coaching ou des formations lourdes que je n'ai pas le temps
d'assurer ! Grâce au réseau, nous aurons désormais les talents et les effectifs pour
répondre. »
Ses consultants prospectent, vendent des missions, réalisent l’audit motivationnel qui
inspire leur plan d’action. Ils orchestrent ensuite la mise en œuvre de ce plan qui
comprend des formations, des missions de coaching et des conférences sur la motivation
animées par des orateurs prestigieux (anciens sportifs de haut niveau, aventuriers,
artistes…) et non, comme souvent, par des professionnels moins aguerris ou à des
« juniors ». Ce dernier point est très important à ses yeux : « Mon rôle n'est pas de me
multiplier et d'assurer des missions de tous les côtés mais d'être l'inspirateur et le référent
du réseau, poursuit-il. Nous sélectionnerons des conférenciers reconnus et charismatiques
qui ont des choses à dire sur la motivation, des formateurs et des coachs de tout premier
ordre, des consultants issus de directions générales ou opérationnelles qui feront
d'excellents conseils. »
Edgar Grospiron attache aussi une certaine importance à l'engagement inconditionnel du
dirigeant, la volonté de travailler en profondeur et la capacité à se remettre en cause,
véritables conditions de réussite selon lui.
107. Ibid.
108. Élaborer des objectifs et un tableau de bord suivi, op. cit.
109. L’Avenir du management, op. cit.
110. L’Art de diriger, vol. 1, op. cit.
111. Op. cit.
112. François Colle, Le Guide stratégique du responsable d’entreprise, Paris, Maxima, 1993.
113. Op. cit.
114. Op. cit.
115. Christophe David, Management N° 158, novembre 2008.
116. Op. cit.
117. Laurance N’kaoua, « Les patrons de PME et de TPE à l'épreuve du stress », Op. cit.
118. Ivan de Borde, Management d’équipe : les neuf missions du manager, Paris, Ellipses,
2008.
119. Op. cit.
120. Rodolphe Hatchadourien, www.observatoiredelafranchise.fr
[CONCLUSION]
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