Vous êtes sur la page 1sur 12

Noesis

7 | 2004
La philosophie du XXe siècle et le défi poétique

Claudel philosophe ?
Le poète, les théologiens et le petit canard

Claude-Pierre Perez

Édition électronique
URL : https://journals.openedition.org/noesis/31
DOI : 10.4000/noesis.31
ISSN : 1773-0228

Éditeur
Centre de recherche d'histoire des idées

Édition imprimée
Date de publication : 15 mars 2004
ISSN : 1275-7691

Référence électronique
Claude-Pierre Perez, « Claudel philosophe ? », Noesis [En ligne], 7 | 2004, mis en ligne le 15 mai 2005,
consulté le 19 septembre 2022. URL : http://journals.openedition.org/noesis/31 ; DOI : https://doi.org/
10.4000/noesis.31

Ce document a été généré automatiquement le 19 septembre 2022.

Tous droits réservés


Claudel philosophe ? 1

Claudel philosophe ?
Le poète, les théologiens et le petit canard

Claude-Pierre Perez

1 Il est des poètes qui font vœu d’aller au Paradis avec les ânes, et d’autres, plus rares
sans doute, qui préfèrent la compagnie du docteur angélique et des Pères de l’Église.
Claudel, quelque sympathie qu’il marque à l’occasion pour l’animal qui servit « de trône
au Rédempteur1 » entrant à Jérusalem, se range assurément au nombre des seconds.
C’est dire qu’on ne saurait s’étonner de voir son nom au programme d’un colloque
comme celui-ci, et de le trouver marié, fût-ce sur le mode interrogatif, avec la
philosophie. Il s’est trouvé dans le passé plusieurs philosophes (Maurice de Gandillac,
Jean Wahl, Maurice Merleau-Ponty...) pour donner de ses livres un commentaire
philosophique. La critique récente a repris ces travaux de sorte que la description de la
culture philosophique de Claudel, et de la manière dont sa pensée s’inscrit dans une
histoire des idées, me paraît aujourd’hui à peu près achevée, même s’il subsiste des
divergences d’appréciation non négligeables entre ceux qui l’habillent en thomiste
rigoureux, et ceux, dont je suis, qui estiment qu’il enveloppe dans le manteau de
l’aristotélo-thomisme une pensée qui est principalement redevable au XIXe siècle
européen, et n’est pas sans affinités avec la phénoménologie. On oublie parfois un peu
vite que l’usage qu’il fait de la philosophia perennis est historiquement situé, et
qu’Aristote lui procure des munitions utiles ici et maintenant 2.
2 C’est cette bataille qui est primordiale. Refus violent opposé au mécanisme, au
positivisme, à une certaine philosophie des années 1880, Taine et Renan, bien sûr, mais
aussi le néo-kantisme, et le « nihilisme » qu’on lit alors dans Schopenhauer. Au-delà, les
proximités (avec Bergson ou avec Nietzsche) sont diverses et parfois inattendues ; et
pareillement les emprunts (aux spiritualistes français et notamment à leur
épistémologie ; au romantisme, et notamment au romantisme allemand en y incluant la
Naturphilosophie de Novalis et Schelling). Je rappelle tout cela pour mémoire, et pour
situer très rapidement Claudel dans un paysage philosophique, mais mon intention ici
n’est pas de chercher de la philosophie dans Claudel. Je veux plutôt revenir à mon point
d’interrogation. Ce que je viens de dire pourrait contribuer à le faire regarder comme
superflu. Mais on peut penser le contraire. C’est parce que Claudel ne rejette pas la

Noesis, 7 | 2004
Claudel philosophe ? 2

philosophie, parce qu’il ne l’excommunie pas, parce que le syntagme « poésie


philosophique » ne déclenche pas chez lui les manifestations scandalisées de
répugnance ou de mépris à quoi tant d’autres se croient autorisés par la lecture de
Mallarmé (ou de Stuart Mill3 ?), c’est pour cela que ses livres constituent un terrain
d’expérience favorable pour qui souhaite mettre à l’épreuve cette coupure que Paul
Ricœur, dans la dernière des huit études de La Métaphore vive, entend malgré tout
maintenir entre poésie et philosophie, entre « discours poétique » et « discours
spéculatif ».

3 Il existe, dans l’œuvre de Claudel, plusieurs textes, et non des moindres, qui semblent
avancer une hypothèse comparable, et même faire de la poésie « l’autre » de la
philosophie.
4 C’est le cas de Connaissance du Temps, le premier des trois volets de l’Art poétique qui, au
moment de conclure, élabore l’opposition du syllogisme (organe de « l’ancienne
Logique ») et de la métaphore. On peut être tenté de retrouver là l’opposition de
Ricœur entre le discours philosophique « gardien des extensions de sens réglées 4 », et le
discours poétique, la place faite à la métaphore donnant du reste à penser que (à
l’instar de Ricœur qui emploie à peu près indifféremment, me semble-t-il, « discours
poétique » et « énonciation métaphorique »), Claudel logerait le poétique tout entier à
l’enseigne de la métaphore – et cela, en dépit de ses propres poèmes, qui font grand
usage de la comparaison. Mais la tentation ne résiste pas à l’examen. La métaphore de
Claudel, en effet, n’est pas celle de Ricœur et des poéticiens. Elle « ne se joue pas qu’aux
feuilles de nos livres », ce n’est pas uniquement, ni même principalement, un fait de
langage. L’Art poétique a peu à voir avec ce qu’on nomme ainsi d’habitude; c’est un Ars
pœtica mundi, un art poétique de l’univers. « Figure de mots » tant que vous voudrez, la
métaphore est d’abord – dans ce contexte – une relation entre des choses, c’est le
« rapport infini » de chaque chose « avec toutes les autres5 », la trace laissée dans la
Création par la main d’un Dieu artiste. C’est du même coup ce qui manifeste l’infirmité
de la démarche analytique, réductionniste, du mécanisme, et ce qui rend indispensable
une approche holistique ou disons (si l’on veut actualiser Claudel) écologique, tout en
légitimant un finalisme. Nous voilà bien loin des minuties de la rhétorique et des
prudentes analyses de Ricœur.
5 Mais j’ai parlé de plusieurs textes. Parmi ceux-ci, je voudrais distinguer les pages
consacrées au Sens figuré de l’Écriture. Il s’agit là d’un texte important et moins connu,
qui a été rédigé en 1937 (Connaissance du Temps est de 1903) pour servir de préface au
commentaire du Livre de Ruth d’un abbé Tardif de Moidrey (1828-1879) ; c’est également
une machine de guerre contre l’exégèse littéraliste et en faveur de la lecture figurative
de la Bible. C’est l’occasion pour Claudel d’opposer deux types de textes, ou disons
plutôt deux modes d’appréhension du réel par le langage : d’un côté, le discours de la
logique, de la science, de la théologie argumentative et sans doute aussi de la
philosophie, qui a pour instrument le raisonnement, il dit même encore, comme en
1903, le syllogisme; et de l’autre, le discours de la Bible, de la poésie et aussi de ce qu’il
nomme, en citant l’Aréopagite, la symbolica theologia, dont l’instrument essentiel est la
figure – la figure, dit-il, sous toutes ses formes6. Ici, bien sûr, on se récriera que
l’opposition est rebattue, et d’ailleurs intenable, puisqu’il n’existe nulle part, ni dans la

Noesis, 7 | 2004
Claudel philosophe ? 3

science, ni dans la philosophie, de discours sans figure. L’objection, toutefois, rate sa


cible : car il faudrait s’entendre sur ce qu’on appelle une figure.
6 Comme la métaphore tout à l’heure, la « figure » dont parle Claudel ne se confond que
par instants avec ce que la rhétorique appelle ainsi. Certes, il est très capable de
développer ce terme au moyen d’une énumération tout à fait correcte, bien que courte,
aux yeux de Du Marsais et de ses successeurs7. Mais préface ou pas, il ne se soucie
aucunement de contenir la polysémie du mot, et l’examen de son texte montre que
d’autres sens contaminent sans cesse l’emploi qu’il en fait : lorsqu’il parle par exemple
des « figures de l’Ancien Testament », il vise assurément les métaphores, comparaisons,
etc.; mais aussi, et dans le même souffle, ces figures qui se nomment Joseph ou
Héliodore – figures qui, du reste, en raison de son herméneutique, sont à ses yeux des
symboles ou des métaphores (Joseph préfigure le Christ etc.). De même, lorsqu’il écrit :
« un lion, un cèdre, un aigle, nous savons ce que c’est », c’est que ce lion, ce cèdre, cet
aigle sont pour lui des « figures de la nature », comme le dit la cinquième Ode 8.
7 Le discours par figures (celui de la poésie), c’est donc non pas tellement le discours qui
multiplie métaphores et autres tropes, c’est celui qui appelle la nature dans le
discours9. Le discours par figures est celui qui figure. Les philosophes assurent que le
concept de chien n’aboie pas. Mais Claudel : « Quand je dis « le chien aboie », c’est le
chien dans la pensée qui aboie, ce chien assimilé à qui j’impartis mon énergie de sujet;
je répète en court l’action, j’en deviens moi-même l’auteur, l’acteur 10 ». Et plus
généralement : « Nommer une chose, c’est la répéter en court11 ». Mais le
raisonnement, lui, ne répète rien, n’appelle rien, c’est un « membre artificiel » qui
délaissant les créatures en faveur des abstractions est impuissant à ménager ces
devenir-chien, devenir-arbre, devenir-aigle qui surviennent dans le poème.
8 Ceci montre, je crois, deux choses : d’une part que Claudel ne se soucie pas de définir la
poésie par opposition au roman, au drame, au récit, à la prose etc. (tout cela pour lui,
c’est des poèmes, il n’a cessé de dire que les meilleurs poètes français s’appellent Saint-
Simon, Balzac, Michele, etc.), mais bien par rapport au discours conceptuel et au
raisonnement ; et de ce point de vue, il peut se rencontrer avec Ricœur. Et d’autre part,
la poétique de Claudel n’est pas essentiellement une théorie du texte, de la positivité
textuelle, mais plutôt une théorie (si théorie est le mot qui convient : je dirais plutôt un
mélange instable de phénoménologie et de mythologie) du sujet (lecteur ou scripteur)
imaginant, et du poème en tant qu’il est un « acte imaginaire » 12.

9 Si j’ai tenu à commencer par ces observations, c’est afin d’indiquer d’emblée à quel
point la poétique de Claudel peut s’écarter de ce que nous appelons ainsi, alors que les
mots sont les mêmes, et que Ricœur et lui semblent bien parler de la même chose.
10 Ceci me paraît d’autant plus digne d’être noté que Claudel est loin d’être de ces poètes
qui dédaignent la philosophie. Non seulement il écrit de la « poésie pensante », comme
on dit, mais il le revendique. Il voit sa poésie (en tout cas ses Odes) « toute mêlée d’idées
philosophiques13 », et il lui est même arrivé de déceler un progrès entre une première
manière « décorative » et « ornementée » – il se compare alors à d’Annunzio, ce qui
dans sa bouche n’est pas un éloge ! – et la seconde, soucieuse de son « rôle substantiel »,
et désireuse de « voir les choses telles qu’elles sont dans leurs rapports philosophiques
les unes avec les autres14 ».

Noesis, 7 | 2004
Claudel philosophe ? 4

11 Laissons cette hypothèse des deux « manières ». Ce qui est certain, c’est que Claudel, en
dépit de ce que j’ai dit tout à l’heure, n’est pas de ces poètes qui portent sur le concept
un regard assombri de rancune ou d’appréhension. Il a maintes fois mentionné le
« travail très long, un travail philosophique, métaphysique 15 » qu’il a eu à engager et à
poursuivre à la suite de sa brusque conversion de 1886, travail de pensée qu’il appelle
encore une « formation rationnelle et spirituelle16 » – et je souligne cet attelage, assez
inattendu peut-être. Dès l’époque de La Ville, c’est-à-dire très tôt, à 25 ans, il commence
à avoir « des idées philosophiques très nettes », assises sur une lecture d’Aristote, dont
la Métaphysique l’aurait « débarrassé » de Kant17 – ce qui est, soit dit en passant, un
usage d’Aristote dont on trouverait d’autres exemples dans une fin de siècle qui gémit
sous le poids de l’impératif catégorique. Puis, vers 1895, il commence à « prendre plaisir
à la logique »18.
12 Raison tout à l’heure, logique à présent, il n’est pas douteux que pour Claudel il existe
un lien solide entre philosophie et rationalité. Les philosophes dont il se réclame –
Aristote, Thomas d’Aquin – sont des rigoureux, des logiciens. Et parmi les crimes
imputés à Nietzsche, il y a celui d’être un « bonhomme » qui « ne définit jamais rien 19 ».
13 D’où il suit – puisqu’il est possible, et même souhaitable, de mettre de la philosophie
dans la poésie, d’écrire une poésie « mêlée d’idées philosophiques » – que la rationalité
n’est pas le diable dans le bénitier poétique, que poétique et irrationnel ne se
confondent pas. Pas davantage, bien entendu, le poétique et le rationnel, et nul n’oublie
la muse de la quatrième Ode : « je ne suis pas accessible à la raison 20 ». Mais ceux qui
citent ce fragment en le donnant pour la pensée – toute la pensée – de Claudel oublient
le caractère presque toujours dialogique de cette pensée. La muse, toute muse qu’elle
est, n’est qu’une des deux voix d’un dialogue, qui est aussi un combat, et dans lequel
l’autre protagoniste est d’un autre avis. Du reste, Claudel le dira sur le tard à
Amrouche : « La raison et l’esprit de distinction jouent un rôle en art comme partout
ailleurs21. » Et, au début du siècle, au moment où chacun, de Bergson à Proust et Barrès
et tant d’autres, s’en prend à l’intelligence, cette « petite chose à la surface de nous-
même », lui s’inscrit volontiers à contre-courant22, ce qui mérite d’autant plus d’être
rappelé que Claudel, à ce moment et plus tard, a pu dérouter ou scandaliser par des
poèmes qu’on jugeait dépourvus de tout « fil logique23 ». L’Action Française, en
particulier, en la personne de Pierre Lasserre, a eu recours à cet argument pour
instruire le procès du « claudélisme » et d’un ambassadeur coupable d’écrire de la
poésie allemande, c’est-à-dire incompatible avec l’intelligence 24.
14 Or, les propos que je viens de rappeler (et qu’il est utile, encore une fois, de contrebuter
par ce que ce prétendu monolithe appelait des « vérités perpendiculaires » : il n’est
évidemment pas question d’habiller Claudel en rationaliste) ne sont pas des paroles en
l’air, sans rapport avec ce qu’on observe dans certains textes. Si « l’absence de fil »
désormais ne nous arrête plus (nous en avons vu bien d’autres) la présence, dans ces
poèmes, ou du moins dans certains d’entre eux, d’un appareillage logique, d’un
outillage rationnel bien visible, et parfois voyant, surprend peut-être davantage.
15 Il suffit en effet d’ouvrir les Œuvres poétiques pour constater non pas seulement leur
attachement rarement démenti à la syntaxe, mais pour vérifier qu’un poème de Claudel
ne croit pas nécessairement devoir s’interdire de chercher des raisons ou d’exposer des
conséquences, qu’il n’est pas incompatible avec une certaine « humeur
démonstrative », qu’il peut lui arriver, de l’aveu même de son auteur, qui n’en paraît
pas autrement contrit, de développer une « doctrine » et une « théorie 25 » touchant

Noesis, 7 | 2004
Claudel philosophe ? 5

l’idée de cause, ou le langage, ou la connaissance – bref, pour se convaincre qu’un


poème de Claudel ne croit pas nécessairement devoir excommunier la démarche
argumentative (et je rappelle que les Grandes odes, à l’exception de la première, sont
précédées depuis l’édition de 1913, d’un « argument », justement). Claudel a fréquenté
la rue de Rome; cela ne l’empêche pas de donner souvent des gages à cette « pensée
exacte » que Mallarmé récusait comme trop « brutale26 ». Il est vrai que la brutalité
n’est pas nécessairement à ses yeux un défaut, et il se pourrait que la logique et le
concept aient aussi pour fonction de disgracier le poème, de le durcir, de lui interdire
une suavité trop faciles tout en marquant ostensiblement ses distances avec ce que
Rimbaud appelait dédaigneusement « poésie subjective » – entendez sentimentale – et
qu’il jugeait déjà « horriblement fadasse27 ». Ce qui est sûr en tout cas, c’est qu’on
trouve sous la plume de Claudel des textes qui s’approprient non seulement le
vocabulaire (et l’Être et la « substance », et même les « qualités secondes » et les
« prédicaments »), mais encore, et ostensiblement, la syntaxe du discours
philosophique et logique.
16 Ainsi de l’Art poétique. Bien malin qui décidera du genre auquel ressortit cet étrange
objet (ce « monstre » dit l’auteur28) et du régime discursif qui est le sien. Stanislas
Fumet l’a inséré dans le volume Œuvres poétiques de la Pléiade, non sans ressentir le
besoin de s’en expliquer dans l’introduction29. Claudel l’appelle parfois poème, mais il
parle aussi à son propos d’ « étude purement intellectuelle 30 », voire de « philosophie »
ou d’ « ouvrage didactique31 », et il a donné le nom de traité à la partie centrale, dont le
titre est imité de Bossuet. Les références qu’il a indiquées – l’Eurêka d’Edgar Pœ,
Aristote, la Somme théologique, des ouvrages scientifiques... – brouillent encore un peu
plus les repères génériques.
17 On ferait des observations analogues dans Connaissance de l’Est. Je citerai seulement, en
guise d’exemple, deux poèmes tirés de ce livre admirable et qui sont par ailleurs des
textes importants pour définir ce qu’on peut appeler la philosophie de la nature de
Claudel : il s’agit de la « Proposition sur la lumière » et de « Sur la cervelle ». Le premier
ne se propose rien de moins que de réfuter la théorie newtonienne de la décomposition
de la lumière (et en cela Claudel, le sachant ou non, prolonge une longue tradition où se
sont illustrés Gœthe, Schelling, Schopenhauer, etc.). Le second prétend renverser des
propositions matérialistes venues de Cabanis selon lesquelles la pensée serait une
« sécrétion » du cerveau. Ceci nous vaut des fragments de poème – car ce texte nous est
donné comme un poème – dans ce goût-ci : « Il serait inexact de voir dans les nerfs de
simples fils, agents par eux-mêmes inertes d’une double transmission, afférente, comme
ils disent, ici, là efférente : prêts indifféremment à télégraphier un bruit, un choc, ou
l’ordre de l’esprit intérieur. L’appareil assure l’épanouissement, l’expansion à tout le
corps de l’onde cérébrale, constante comme le pouls. La sensation n’est point un
phénomène passif; c’est un état spécial d’activité32. » Je pourrais citer encore des
fragments du « Pin » qui ne dépareraient pas un ouvrage de botanique et qui surgissent
sans transition, bord à bord avec un fragment lyrique. Si Bakhtine avait lu Connaissance
de l’Est, aurait-il pu continuer à prétendre que la poésie est condamnée au
monologisme, et vouée à ignorer la « pluralité des mondes linguistiques 33 » ?
18 À l’évidence, on conclura que de tels textes réalisent cette intersection, ou cette
interaction, ou cette collision, du poétique et du spéculatif, dont Paul Ricœur n’a bien
sûr pas écarté la possibilité. Soit ces lignes de l’Art poétique :

Noesis, 7 | 2004
Claudel philosophe ? 6

Tout périt. L’univers n’est qu’une manière totale de ne pas être ce qui est. Que disent
donc les sceptiques et quelle n’est pas la sécurité de notre connaissance! Certes, et
nous avec, le monde existe; certes, il est puisqu’il est ce qui n’est pas 34.
19 Il y a bien là une prise de position philosophique (qui soit dit en passant devrait
conduire à nuancer ce qu’on lit partout à propos de l’éloge du monde à quoi Claudel
s’adonnerait aveuglément) et si le discours spéculatif est celui qui met en ordre « les
catégories de l’être35 », on peut juger que ces lignes, où le retour des mêmes syntagmes
peut mimer la rigueur formalisée du syllogisme, ont quelques titres à être reçues dans
cette catégorie. D’autre part, l’élan, l’intensité, le rythme de cette prose à la fois logique
et lyrique, caparaçonnée de gutturales, les jeux d’échos qu’elle organise, la
multiplication des accents prosodiques – sont tels qu’on n’hésitera pas à y reconnaître,
malgré l’absence de métaphores ou de figures au sens indiqué plus haut, une vis pœtica
dont approchent peu de poèmes plus conformes à l’idée qu’on se fait ordinairement
d’un poème.
20 L’examen de tels textes dément donc absolument ceux qui assurent que la poésie ne
communique rien, qu’elle serait une « pure pensée » sans objet 36. Certes, le poème
claudélien ne fait pas que cela; mais il communique, il a un objet, il est impur –
délibérément. Et ce n’est pas le moindre paradoxe de ce poète théologien que de
remettre cette évidence empirique sous les yeux de certains sublimes pourfendeurs de
la métaphysique, et de rappeler à l’occasion qu’un poète est aussi ce prosaïque
personnage qui fabrique « en dehors de ses heures de bureau [...] quelque chose
d’affreux et de compliqué / Où il a mis tout son cœur et qui ne sert à quoi que ce soit ».
Ainsi, continue-t-il, « ma petite fille, le jour de ma fête [...] qui m’offre [...] un
magnifique petit canard, œuvre de ses mains, pour y mettre des épingles en laine rouge
et en fil doré37 ». Preuve que, n’en déplaise à Richard Rorty, on peut être à la fois ironiste
et théologien.

21 Bien sûr, ce n’est pas là le dernier mot de Claudel, et pour ne pas donner l’impression
de m’en tirer par une pirouette, je mettrai momentanément l’ironie entre parenthèses,
et ferai un dernier détour par Ricœur. Lorsque il analyse les rapports de la métaphore
et du discours philosophique, il prend appui, on s’en souvient, sur le Kant de la Faculté
de juger, et il aboutit à cette conclusion que l’imagination a le mérite de « contraindre la
pensée conceptuelle à penser plus »; elle est donc, dit-il, une demande adressée à la
pensée conceptuelle. À vrai dire, il lui arrive même de laisser échapper qu’elle « n’est
pas autre chose38 ».
22 Laissons cette formulation, qui trahit son philosophe. Sur le fond des choses, Claudel
parfois ne semble pas loin de partager ce point de vue. D’une part, lorsqu’il écrit que
« l’image » a pour vertu de « faire penser davantage », de nous présenter « une idée si
complexe qu’il serait sans doute difficile de la faire entendre directement » 39, il me
paraît, Dieu me pardonne, bien proche de Kant et de son idée esthétique à laquelle
« aucun concept » ne peut « être adéquat ». De plus, il lui arrive de s’exprimer de telle
manière qu’il semble lui aussi faire du concept l’avenir (ou le destin) de l’image : ainsi
lorsqu’il commente ses propres drames, sans craindre d’allonger ses personnages sur le
lit de Procuste de l’allégorie. Dans Le Pain dur, explique-t-il par exemple, Turelure est le
capitalisme et son fils Louis le colonialisme, Lumîr est le nationalisme, Sichel le

Noesis, 7 | 2004
Claudel philosophe ? 7

féminisme, etc40. On ne s’étonnera pas que les gens de théâtre aient pu parfois s’agacer
de cette façon de changer ses personnages « en entités parlantes 41 ». Il est plus
surprenant peut-être de voir Maurice Blanchot aller dans le même sens au début des
années quarante et, récusant la filiation symboliste, décrire Claudel comme un
allégoriste, ce qui le contraint, soit dit en passant, à traiter le « ruissellement » des
figures comme une « parure », « somptueuse42 » certes, mais parure, dont l’exubérance
ne doit pas dissimuler la simplicité de « l’empreinte intelligible » et du « sens
véritable43 ». On voit bien du reste ce qui conduit Blanchot à ces affirmations : c’est que
Claudel lui-même, reprenant un motif qu’il dit avoir emprunté à Mallarmé, mais qui est
en vérité un topos romantique, a maintes fois donné le poète pour un interprète, et le
travail poétique pour un travail herméneutique. Il s’agirait d’interroger le créé avec la
question apprise rue de Rome (« Qu’est-ce que ça veut dire ? ») afin d’accomplir
l’effusion du « principe intérieur44 », disons l’essence, disons le concept, lequel se
trouve ainsi (semble-t-il) placé en situation de terminus ad quem. Nous voici assez loin,
tout à coup, du petit canard.
23 Mais le petit canard est-il mort ? Dans la dernière des Conversations dans le Loir-et-Cher
(1928), c’est lui qui reparaît, me semble-t-il, sous la forme d’un chat. Les deux
interlocuteurs échangent sinon des concepts du moins des idées, quand l’un d’eux fait
retour sur l’usage qu’ils en font, de ces idées, et sur la fonction qu’elles remplissent :
Moi-même de temps en temps j’aime à vous lancer une idée pour voir ce que vous
en ferez. C’est ce que les Américains appellent « jeter un chat dans l’éventail
électrique ».
24 et plus bas, le même :
Je vous connais bien, vous et votre absence absolue de sincérité! Une idée, pour
vous, c’est quelque chose comme le manteau que Joseph laissa entre les mains de la
femme de Putiphar, et qui permit au fonctionnaire de Pharaon de vaquer aux
ordres de son maître45.
25 Deux questions ici. D’abord celle de la croyance. Paul Veyne demandait si les Grecs
croyaient à leurs mythes. On ne se demande pas assez jusqu’à quel point les adeptes du
théologico-poétique croient aux leurs, et quel est exactement le statut de ce qu’on
baptise leurs « théories ». Pour ce qui est de Claudel, en tout cas, il n’est pas superflu de
rappeler qu’il s’est trouvé assez embarrassé en trouvant les siennes arrangées par les
soins du jeune Jacques Rivière « en un corps rigide de doctrine 46 ». Il y a là, assurément,
quelque chose de l’hésitation d’un dévot alarmé par la « couleur mystagogique » que
prennent ses « galimatias » une fois objectivés et ordonnés en système 47; mais aussi
l’embarras d’un artiste qui, si peu porté qu’il soit à modaliser ses affirmations, persiste
in petto à les faire suivre d’un cœfficient d’ailleurs variable d’incertitude et à les
48
regarder comme un « ensemble de propositions » (je souligne).
26 L’autre question est plus compliquée. C’est que le poème (et le poète) font plusieurs
choses à la fois. « Il faut parler haut pour qu’on vous entende, il faut parler bas pour
qu’on vous écoute49 ». Il y a un parler haut et un parler bas; un par-devant, et un par-
derrière; du frontal et du latéral; du déclaratif et de l’allusif; un ventilateur et un chat;
un manteau et un corps qui « vaque ». Et ici, entendons-nous bien : Claudel, en dépit du
manteau, ne dit pas que le frontal (ou le parler haut) est pure apparence, que l’explicite
compte pour du beurre, et que le travail du lecteur serait de trouer un semblant pour
aller chercher par-derrière un signifié ésotérique. Non. D’abord, parce qu’il n’est pas
sûr le latéral soit toujours du signifié. Ce peut-être un ton, un rythme, une couleur

Noesis, 7 | 2004
Claudel philosophe ? 8

affective, une pointe de mélancolie dans un poème triomphal pareille à l’imperceptible


point rouge dans les profonds feuillages verts du Diogène de Poussin. Mais surtout parce
que ce qui aimante Claudel, ce n’est pas je ne sais quel secret, mais une fois de plus le
rapport, une fois encore la métaphore au sens très particulier qu’il donne à ce mot :
« existence conjointe et simultanée de deux choses différentes », ou encore « ïambe
fondamental50 », une brève, une longue, une majeure et une mineure, une note claire et
une note sombre. Le prétendu marteau-pilon est un génie du contrepoint, et ce n’est
pas hasard si l’œuvre de ce dogmatique (on ne paraît guère s’en être avisé) fait une telle
place aux dialogues. On comprend alors combien il peut être risqué de prétendre
exposer fidèlement la « philosophie » de Claudel, combien est périlleux l’exercice de la
paraphrase, piégé l’usage des citations. Il l’est d’autant plus que le ton volontiers
véhément est en partie trompeur : il indique sans doute la vigueur de la conviction,
mais résulte aussi du besoin qu’éprouve ce dramaturge né de donner de l’intensité –
c’est-à-dire de l’intérêt – au dialogue. Tant qu’à laisser un manteau entre les mains
d’une dame, autant que ce soit un manteau rouge.
27 Faut-il conclure ? On a trop souvent fait de Claudel un gardien de l’Ordre pour qu’il ne
soit pas nécessaire de rappeler quelques évidences. Bien sûr ses chants triomphaux, et
la confiance maintes fois exprimée dans l’aptitude du langage à dire le monde prennent
à revers tout un pathos de l’impuissance et du défaut dont les modernes ont usé (et
abusé ?) : « J’ai trouvé le secret; je sais parler; si je veux je saurai vous dire cela que
chaque chose veut dire51 », voilà précisément ce dont on ne veut plus, ce que l’on
déclare non seulement illusion mais scandale, et l’on s’arrête là en oubliant le contre-
chant, la note en mineur, trois odes plus loin, à propos du sens « dont mon art est de
faire une ombre misérable avec des lettres et des mots52 ». Bien sûr, Claudel ne touche
pas au Sens, si l’on désigne au moyen de cette majuscule le fondement de la
métaphysique (ça ne l’empêche pas à l’occasion de comparer Dieu le père à un « aïeul
fantasque » qui aurait des vues sur la bonne – laquelle est la vierge Marie, ancilla
53
domini ); mais on ne prend pas garde que le sens prolifère en tous sens, que son
herméneutique est anarchisante. Il ne cesse de le redire : un signe « peut l’être de
plusieurs choses »; « toutes choses dans la nature [...] ont un caractère ambivalent 54 » ;
le soleil qui permet de « vérifier » Dieu est « le même qui sert à l’Enfer 55 ». Le monde et
la Bible sont une « œuvre ouverte » dans l’exégèse de laquelle la subjectivité s’exerce de
plein droit, au motif que l’Écriture (et les objets du monde) sont « comme une lettre
adressée à chacun de nous [...] Ainsi un héritier retrouvant le testament d’un père chéri
et y relevant les instructions qui s’appliquent à son cas, à sa propre situation, à son
tempérament, à ses difficultés particulières56 ». Claudel, décidément peu fait pour
s’instituer « gardien des extensions de sens réglées57 » ira jusqu’à écrire : « L’important
est de passer et tant pis si je ne puis passer qu’à contre-sens 58 ! ». Si donc le poème tente
de répondre au « Qu’est-ce que ça veut dire ? », ce n’est pas dans l’espoir de se saisir
d’un « sens véritable » (moins encore, grands dieux! « objectif »). Ce n’est pas même
pour en saisir plusieurs, ni même plusieurs à la fois. C’est afin de vérifier, une fois de
plus, et inlassablement, que « tout veut dire » (mais « rien ne signifie qu’en excluant la
traduction59 »); c’est afin de faire l’épreuve, inlassablement, d’une signifiance, diraient
certains, Claudel préférerait parler d’un vouloir-dire – et dans vouloir-dire il y a
vouloir, qui est le désir, qui est la vie. Ce qu’on appelle, assez mal peut-être,
l’herméneutique claudélienne, c’est une vie qui reconnaît la vie : « Image de Dieu, il n’y
aura jamais assez de soin, assez de lenteur en moi pour t’étudier, pour te palper l’être
avec mon être, pour interroger ton pouls par le moyen de ma propre pulsation 60. »

Noesis, 7 | 2004
Claudel philosophe ? 9

NOTES
1. Quelques planches du bestiaire spirituel, dans Œuvres en Prose (désormais O. Pr), Paris, Gallimard,
La Pléiade, 1965, p. 989.
2. Je me permets de renvoyer sur ces questions à mon Le Visible et l’invisible, pour une archéologie de
la poétique claudélienne, Besançon-Paris, Annales littéraires de l’Université de Franche Comté, 1998
(distrib. Les Belles Lettres); et pour Aristote à mon article « Aristote dans le XIXe siècle. Lectures
d’Aristote en France de Cousin à Claudel », Romantisme, n° 103, 1999.
3. What is pœtry, cité in G. Genette Introduction à l’architexte, dans Théorie des genres, Paris, Points
Seuil, 1986, p. 138
4. P. Ricœur La Métaphore vive, Paris, Le Seuil, 1975, p. 327.
5. Claudel, Art poétique, in Œuvre poétique (désormais O. Po) Paris, Gallimard, B. de la Pléiade, 1967,
p. 143.
6. Du Sens figuré de l’Écriture, Œuvres complètes (OC) Paris, Gallimard, 1950, vol. XXI, p. 48.
7. « Comparaison, métaphore, allégorie, symbole, parabole, allusion », OC, XXI, p. 48.
8. O. Po. p. 281
9. « Quand tu parles, ô poëte [...] /Proférant de chaque chose le nom/ Comme un père tu
l’appelles mystérieusement dans son principe » (« Les Muses », O. Po. p. 230).
10. O. Po. p. 179.
11. O. Po. p. 178.
12. « Les Muses », O. Po. p. 228.
13. Mémoires improvisés (désormais MI), Paris, Gallimard, « Idées », 1973, p. 195.
14. MI, p. 195.
15. MI p. 51
16. MI p. 146.
17. MI p. 49.
18. MI p. 154
19. MI, p. 109.
20. O. Po, p. 268.
21. MI p. 154
22. Par ex. « l’inconscient, le subliminal sont trop à la mode », Correspondance Paul Claudel-Jacques
Rivière, Paris, Gallimard, Cahiers Paul Claudel 12, 1984, p. 146. Il s’agit de notes prises par Rivière
en 1909, au lendemain d’une conversation avec Claudel.
23. Jacques Rivière, « Les Œuvres lyriques de Claudel », in Etudes [1911] rééd. Paris, Gallimard,
1944, p. 103.
24. Voir Pierre Lasserre : Les Chapelles littéraires, Claudel, Jammes Péguy, Paris, Garnier, 1920.
25. Dans une lettre à Rivière de 1908, à propos de la cinquième ode.
26. Variations sur un Sujet, in Mallarmé, Œuvres complètes, éd. Henri Mondor, Paris, Gallimard, B.
de la Pléiade, 1945, p. 365.
27. Lettre à Izambard, 13 mai 1871, in Rimbaud, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, B. de la
Pléiade, 1972, p. 248.
28. Lettre au P. Angers, cité in O. Po. p. 1055.
29. O.Po., p. xiii.
30. M.I. p. 195.

Noesis, 7 | 2004
Claudel philosophe ? 10

31. Lettre à Frizeau du 6 sept. 1905, in Claudel, Jammes, Frizeau, Correspondance 1897-1938, Paris,
Gallimard, 1952, p. 57
32. O. Po. p. 105. Il est curieux d’observer comment ce texte mime le discours scientifique tout en
le subjectivant discrètement par certains effets de ponctuation, certains choix lexicaux (« l’esprit
intérieur ») ou syntaxiques, certaines inflexions rythmiques.
33. M. Bakhtine : Esthétique et théorie du roman, Paris, Gallimard, 1978, p. 108. Bien loin d’être
« aliénés de toute action réciproque avec le discours d’autrui » et du « regard vers le discours
d’un autre » (p. 157), les poèmes de Claudel adoptent volontiers la forme du dialogue; par ailleurs
Claudel conçoit ses drames comme des poèmes.
34. O. Pr. p. 184
35. P. Ricœur, op. cit. p. 380.
36. Alain Badiou, « Que pense le poème », in L’art est-il une connaissance ?, éd. R.-P. Droit, Paris, Le
Monde éd. 1993, p. 219.
37. O. Po., p. 446.
38. p. 384.
39. Journal, Paris, Gallimard, B. de la Pléiade, vol. I, (J. I), 1968, p. 698-9 (déc. 1925).
40. Le Monde, 12 mars 1949, cité dans Claudel, Théâtre, Paris, Gallimard, B. de la Pléiade, vol. II (Th.
II), 1965, p. 1445.
41. Henri-René Lenormand, à propos d’une mise en scène de L’Annonce en 1914; cité in M. Lioure :
L’esthétique dramatique de P. Claudel, Paris, A. Colin, 1971, p. 153.
42. « Une œuvre de P. Claudel », in Faux pas, Gallimard, 1943, p. 332-3
43. Ibid., p. 333.
44. OC XXI, p. 26.
45. O. Pr. p. 791.
46. Lettre à Frizeau du 1/05/08, op. cit. p. 129. Claudel réagit à l’article que Rivière vient de lui
consacrer, et qui sera repris plus tard dans Études.
47. Lettre à Jammes du 1/2/08, op. cit. p. 125.
48. Lettre à Frizeau du 1/05/08, op. cit. p. 129.
49. J. II, 462.
50. O. Po. p. 143.
51. O. Po. p. 231.
52. Quatrième ode, O. Po. , p. 272.
53. La Rose et le rosaire, in Le Poète et la Bible, Gallimard, 1998, p. 1295.
54. OC XXI, p. 50 note 1 et O.C. XXVIII, 216.
55. O. Po. p. 458.
56. Du Sens figuré de l’Écriture, p. 20-21. Et dans la première Ode : « O poète, je ne dirai point que
reçois de la nature aucune leçon, c’est toi qui lui impose ton ordre. » (O. Po. p. 230)
57. P. Ricœur, op. cit. p. 327.
58. O. Po., p. 795.
59. O. Pr. p. 620.
60. O.C. XXIV, p. 271.

Noesis, 7 | 2004
Claudel philosophe ? 11

AUTEUR
CLAUDE-PIERRE PEREZ

Claude-Pierre Perez est professeur à l’Université de Provence (Aix-Marseille I),


spécialiste de Paul Claudel (Le visible et l’invisible, pour une archéologie de la poétique
claudélienne, Annales littéraires de l’université de Franche-Comté, 1998) et de Jean
Paulhan.

Noesis, 7 | 2004

Vous aimerez peut-être aussi