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CHAPITRE III

GENOTYPAGE ET EMPREINTE GENETIQUE

1- Généralités
1-1 Génotypage
Le génotypage est l’ensemble des analyses génétiques moléculaires visant à déterminer
l'identité d'une variation génétique, à une position spécifique dans le génome (entier ou une
partie), pour un individu ou un groupe d'individus donné appartenant à une espèce animale,
végétale, fongique... Il est effectué :
- Soit de manière standardisée et automatisée par des robots (robots de pipetage,
robot extracteur d'ADN...), thermocycleurs, séquenceurs...(cas des grands
programmes visant à cartographier le génome entier de certaines espèces d'intérêt
médical ou économique, exemple : On estime que les différences entre deux êtres
humains sont d'environ 3 millions de nucléotides sur les 3 milliards de nucléotides qui
constituent leur génome)
- Soit par d’autres techniques tel que le génotypage microsatellite dans des
laboratoires (exemple 1 : par PCR en temps réel, il est possible de détecter si un
animal est transgénique ou non, combien de copies d'un gène sont disponibles et s’il
est hétérozygote ou homozygote. Exemple 2 : 1 seule puce à ADN permettrait
actuellement de génotyper une région du génome bactérien pour identifier certaines
espèces et de vérifier une éventuelle antibiorésistance : intérêt médical).

1-2 Empreinte génétique


L'expression empreinte génétique provient de l’expression « genetic fingerprint » par
analogie avec les empreintes digitales (propres à chaque individu) utilisées dans le cadre de
l'identification des criminels.
Une empreinte génétique = profil génétique est le résultat d'une analyse génétique, rendant
possible l'identification d'une personne à partir d'une petite quantité de ses tissus
biologiques (bulbe de cheveux, sang, salive, sperme). Elle repose sur le fait que bien que 2
humains aient une large majorité de leur patrimoine génétique identique, un certain
ensemble de séquences dans leur ADN reste spécifique à chaque individu (en raison du
polymorphisme). L’analyse de cette empreinte permet de comparer des séquences
spécifiques d'un individu. Un échantillon de cellules présentant la même empreinte génétique
qu'un individu confirme la provenance de ces cellules de cet individu ou de son éventuel
jumeau monozygote.
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Le procédé des empreintes génétiques intéresse la médecine, la recherche et le droit, en
identifiant des espèces animales, végétales ou l’homme par la connaissance de leurs
caractéristiques génétiques... Les domaines d’expertise des laboratoires d’empreintes
génétiques concernent donc le domaine de l’agriculture, légal et médical par génotypage de
la trace (dosage de l’ADN nucléaire, séquençage de l’ADN mitochondrial à partir d’une trace
isolée ou d’un prélèvement salivaire ou sanguin) et tests de paternité (dossiers civil ou pénal
avec génotypage direct pour confirmation/infirmation des liens de parenté directs, de fratrie
ou encore de liens complexes de parenté).

2- Applications
Dans cette partie, on étudiera l’application des différentes techniques d’analyse étudiées
dans plusieurs somaines.
Les empreintes génétiques sont utilisées en médecine légale pour identifier ou
innocenter des suspects grâce à leur sang, leur salive, leurs poils ou leur sperme. Elles
permettent également d'identifier des restes humains, de faire des test de paternité,
d'organiser le don d'organe, d'étudier des populations d'animaux et de végétaux et même de
détecter des aberrations chromosomiques responsables de maladies génétiques.

2-1 Applications en agriculture


2-1-1 Identification variétale par marqueurs moléculaires
Le génotypage végétal est un outil de traçabilité et de sélection.
La commercialisation nationale et internationale de matériel végétal (arbres, semences)
et de produits dérivés (fruits, plants, graines, tubercules) exige de plus en plus de garanties
d'authenticité variétale. La technique utilisée pour l'identification variétale par les marqueurs
moléculaires est l'empreinte génétique (figure 41) (caractérisée par une succession de
bandes correspondant à des fragments d'ADN) d'une plante. Elle consiste à comparer les
profils ADN obtenus par la présence ou non des marqueurs moléculaires (Technique du
marquage moléculaire) constituant ainsi une combinaison de bandes (code-barres), pour
deux individus, et de noter leurs différences. Il est possible de distinguer deux variétés
proches avec seulement deux marqueurs moléculaires judicieusement choisis. L'empreinte
génétique est donc spécifique de la variété. Cette identification est directement réalisée à
partir de leur ADN purifié de n'importe quel organe (feuilles, fruits, semences, tubercules,
écorce) et indépendamment du stade de développement de la plante et des conditions
environnementales.
Le projet d'identification variétale a débuté fin 2005 où les marqueurs moléculaires (très
fiables et précis quelque soit l'environnement) viennent compléter les descriptions visuelles

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(sensibles au milieu de culture : sol, climat...et peuvent conduire à des erreurs) des
nouvelles variétés.

Parmi ces marqueurs on trouve principalement :


- Les marqueurs microsatellites ou SSR (Single-Sequence Repeat) qui
correspondent à des régions non codantes du génome présentant un motif d’ADN
répété de type (CA)n. Ce sont des marqueurs codominants et très polymorphes
nécessitant un effort de développement pour chaque espèce végétale. Actuellement,
plus de 1000 marqueurs microsatellites sont disponibles au laboratoire pour une
quarantaine d’espèces végétales.
- Les marqueurs AFLP (Amplified Fragment Length polymorphism) obtenus par
restriction enzymatique de l’ADN total et amplification sélective de certains fragments.
Ils sont très polymorphes et permettent de travailler sur tout matériel végétal sans
connaissance préalable du génome.
Ces marqueurs moléculaires (AFLP, microsatellites, RFLP, RAPD) permettent une
cartographie génétique et une identification variétale dans le but de distinguer les lignées, de
reconnaître les parents d'hybrides, de détecter des contaminations variétales de lots de
semences, ou de tester l'homogénéité d'une population à n'importe quel stade d'un schéma
de sélection. Ceci permet une protection variétale d’où l’introduction de la notion de variété
essentiellement dérivée (VED) (= variété dérivée d'une variété originale par modification de
quelques régions chromosomiques réduites).

Différents projets ont été menés pour différentes espèces. Ainsi, un programme
d'identification de fruitiers ligneux a conduit à l'obtention, par marqueurs AFLP et
microsatellites, d'empreintes génétiques d'un certain nombre de variétés de référence tels
que les pommiers, poiriers, pruniers et cerisiers. Exemple : usage de routine des marqueurs
moléculaires pour l’authentification variétale d’espèces commercialisées tel que la pomme
de terre par marqueurs microsatellites (figure 42) et le fraisier par marqueurs AFLP (figure
43).
L’identification variétale vise la protection des plants et la mise au point de protocoles
uniformisés par :
- Optimisation des protocoles d'extraction d'ADN pour l’obtention d’une bonne qualité
de l'ADN pour la reproductibilité des résultats, la rapidité et le coût faible.
- Choix de marqueurs spécifiques pour chaque espèce afin de garantir la
reproductibilité et pouvoir de discrimination des variétés.

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- Constitution de bases de données d'empreintes génétiques afin de pouvoir identifier
par comparaison le plus grand nombre de variétés possible.

Pour l'inscription d'une variété au Catalogue officiel, l'identification variétale est


indispensable pour répondre aux exigences de distinction des épreuves de Distinction-
Homogénéité-Stabilité (DHS) (c’est-à-dire que chaque nouvelle variété doit être distincte
des variétés existantes, homogène et stable dans le temps). L'identification variétale
contribue donc au processus de certification des obtentions.

2-1-2 Certification des semences


2-1-2-1 Définition
La certification est une garantie officielle de conformité du produit. Elle comprend 3
aspects : une certification variétale (identité et pureté variétale), technologique (faculté
germinative minimale, pureté spécifique, dénombrement ...) et sanitaire (cas du plant de
pomme de terre, semences de tournesol ...).

2-1-2-2 Principe de la certification


Pour pouvoir être commercialisées dans l'Union européenne, les semences et plants
des variétés des principales espèces de grandes cultures sont soumises à
une certification "produit". Cette certification est obligatoire et officielle. Elle est mise en place
par les pouvoirs publics de chaque Etat (figure 44 et décret N° 2000-101 du 18 janvier 2000,
Journal Officiel de la République Tunisienne).
En France, le ministère de l'Agriculture a délégué depuis 1962 la mission de contrôle officiel
et de certification au service technique du Groupement National Interprofessionnel des
Semences (Gnis) : le Service officiel de contrôle et de certification : SOC (figure 45) (chargé
de faire appliquer les règlements arrêtés par le ministère de l'Agriculture pour la production,
le contrôle et la certification des semences et plants). Pour les espèces agricoles (céréales,
maïs, betteraves, oléagineux, textiles, pommes de terre, fourragères…) il s'agit d'une
certification de produit qui comprend trois aspects :
 La qualité variétale = l'identité et la pureté de la variété.
Elle est basée sur le respect de la filiation et des règles en culture au
travers d'inspections au champ conduites par les techniciens du Soc et ceux
agréés des entreprises.
 La qualité technologique : garantit la pureté spécifique et la faculté
germinative des semences. Elle résulte des analyses réalisées par la Station
nationale d'essais de semences (SNES) et les laboratoires reconnus des

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entreprises (reconnus par le Ministère de l'Agriculture) selon des règles
internationales (règles ISTA)
 La qualité sanitaire : relève à la fois des inspections des cultures et des
vérifications en laboratoire. Le SOC applique un passeport phytosanitaire sur
chaque emballage de semences et plants répondant aux exigences liées aux
organismes de quarantaine (agents pathogènes) pour certaines espèces
(pomme de terre, tournesol, luzerne, fraisier…).

2-1-2-3 Exemple de contrôle et mise sur le marché du maïs


 Contrôles en culture : vérification des distances d’isolement, pureté
génétique des parents, épuration, castration (consiste à supprimer les fleurs
des plantes sur les rangs femelles) pour décider de l’acceptation ou du refus
de la parcelle (déclassée) en tant que semence (figure 46)  une excellente
pureté variétale des semences de l'hybride commercial produites
 Contrôles et normes de certification : les contrôles sont réalisés au
laboratoire avant la récolte pour la vérification de la pureté et de l'identité
variétale du lot, en micro parcelles ou éventuellement par l'électrophorèse sur
grains. Les normes de certification concernent la pureté spécifique (minimum
98 % du poids, aucune graine étrangère), faculté germinative (minimum 90 %)
et humidité (maximum 14 % ; 15 % pour les semences traitées) (figure 47).
 Mise sur le marché d’une nouvelle variété : après ~ 7 ans pour créer, fixer,
tester la ou les lignées issues du croisement de départ.

2-1-3 Certification des races animales


Elle est effectuée par la réalisation d’empreintes génétiques à l’aide de microsatellites.
En effet, on dispose actuellement pour la plupart des espèces animales domestiques,
d’informations de plus en plus complètes sur les microsatellites, de point de vue leur
composition (souvent la répétition des dinucléotides (CA)n/(GT)n), leur disposition tout au
long du génome, leur nombre, et leurs séquences adjacentes (flanquantes). Celles-ci servent
d’amorce pour l’amplification PCR du microsatellite choisi. La longueur des microsatellites
amplifiés est spécifique à chaque individu et comparé à celle de l’échantillon de référence et
l’ensemble des microsatellites analysés (6 à 10 ou plus) permettent alors d’établir un profil
unique, une empreinte génétique ou une carte d'identification ou certificat d’identité (et une
seule), pour chaque individu animal.
L’identification génétique est une empreinte génétique de l’animal reposant sur l'utilisation de
plusieurs marqueurs génétiques définis par l'ISAG (International Society for Animal
Genetics). L'empreinte génétique est codée sous forme de lettres pour vérifier facilement la

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compatibilité des empreintes entre les reproducteurs et les animaux. Le prélèvement est
réalisé à partir d’un frottis buccal effectué et authentifié par un vétérinaire (figure 48).
Exemple : cas de l’élevage de chiens de race : l’empreinte génétique permet de vérifier ou
d’authentifier les pedigrees. La fécondation involontaire par un autre ♂ que l’étalon prévu
peut conduire à une fausse parenté ou à une paternité multiple au sein d’une même portée.
Il faut savoir qu’en élevage, en moyenne 20 à 30 % des chiots seraient issus d’unions «
accidentelles ».
Grâce au Certificat ADN de parenté, la filiation du chiot est attestée génétiquement par
génotypage des parents et des chiots.

2-1-4 Détection des OGM


2-1-4-1 Définition d’un OGM
Selon le Codex Alimentarius, un OGM est « un organisme, à l'exception des êtres
humains, dont le MG a été modifié par le biais de la technologie génétique d'une
manière qui ne s'effectue pas naturellement par multiplication et/ou par
recombinaison naturelle » (Organisation Mondiale de la Santé, le 10 mai 2000, Ottawa,
Canada). Cette modification est réalisée par l'introduction d'un ou de plusieurs gènes
nouveaux donc étrangers héritables (transmissible à la descendance) provenant d'un autre
organisme : c’est la transgenèse. L'introduction de cet ADN conduit à la production de
protéines qui confèrent à l’OGM des caractères nouveaux ou améliorés ou au contraire qui
atténuent ou éliminent certaines caractères considérées comme indésirables par inactivation
des gènes originels (mécanisme d’invalidation de gènes). En plus du transgène introduit
dans l’OGM, l’insertion d’un gène de résistance (à un antibiotique, à un désherbant ou à une
toxine) est nécessaire pour la détection et donc la sélection des OGM. La transgenèse peut
s'effectuer entre organismes de la même espèce ou d’espèces différentes (le plus souvent).
Dans le domaine végétal, la transformation génétique des cellules se fait dans un but
d’amélioration des plantes permettant le développement au niveau agroalimentaire et
agroindustriel. Quant aux cellules animales ou humaines, leur transformation intéresse le
domaine de la santé c'est-à-dire celui de la pharmacie, de la parapharmacie et de la
cosmétique. Sachant que l’agroalimentaire et la santé sont les 2 secteurs clés de l’économie.

2-1-4-2 Pourquoi faut-il détecter les OGM ?


 Pour des raisons biologiques
Car la transgenèse peut conduire à la production de protéines dangereuses pour
l'être humain (toxiques, allergisantes, etc…), ou pour l'environnement.
- La toxicité de ces protéines pour l'être humain n'est pas nécessairement intrinsèque
à la protéine dans son contexte originel. En effet, une protéine non toxique dans une

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espèce A, n'est pas nécessairement non toxique dans une espèce B. Cette protéine
peut également avoir une incidence sur le métabolisme de la cellule réceptrice. Ainsi,
le transgène peut avoir un effet non désirable dont l'effet pourrait n'être décelable
qu'à long terme.
- L'effet allergisant de certains OGM est dû au transfert d'une protéine allergène
(susceptible de provoquer une réaction d’allergie) provenant d'une espèce dont
l'allergénicité est connue vers une espèce réputée non-allergène. Il est possible
d'éviter cet inconvénient en pratiquant des tests d'allergénicité.
- Le transfert de gènes de résistance aux antibiotiques aux micro-
organismes pourrait les rendre résistants aux antibiotiques.  problème de santé
publique (même si la probabilité de transfert est faible). Pour éviter ce problème, il
suffit d'éviter l'utilisation des gènes de résistance aux antibiotiques dans certaines
constructions géniques.
- Transmission du phénotype OGM par le pollen (donc par voie sexuelle) vers une
plante sauvage (non-OGM). De cette façon, il est possible de transmettre le nouveau
caractère à des mauvaises herbes ou à une culture biologique, placée à proximité de
la culture OGM. La notion de proximité varie d'une espèce à l'autre (pour le colza, elle
est d'environ 25 à 50 mètres, de 200 m pour la betterave et extrêmement variable
pour le maïs puisque influencée par le vent). Pour éviter ce problème de transmission
par pollen, on peut utiliser des plantes ♂ stériles (qui ne produisent pas de pollen).
Cela est une solution efficace à condition que les graines de cette plante ne germent
pas l'année suivante dans le champ (car ces graines ne porteront pas toutes le
caractère ♂ stérile, certaines seront donc capables de produire du pollen porteur du
caractère OGM et ce pollen pourra alors atteindre d'autres plantes).
- Impact des OGM sur la biodiversité : par réduction du nombre d'espèces cultivées.
Car si certains OGM résistants par exemple au froid ou à la sécheresse sont
commercialisés, la culture de l'igname et du manioc serait remplacée par une culture
de pomme de terre transgénique.
- des OGM peuvent être naturellement produits grâce à une bactérie du sol
(Agrobacterium) capable de transférer naturellement ses gènes aux plantes qu'elles
infectent. On pense que ces bactéries pourraient récupérer les gènes d'un OGM et
les transférer vers une plante non-OGM.

 Pour des raisons légales


Le règlement européen a instauré (11 avril 2000 ; Règlement CE n°49/2000)
l'étiquetage des produits alimentaires contenant des OGM afin que le consommateur

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puisse les identifier. Si l’aliment est composé d'un seul ingrédient, le taux d'OGM doit être
<1% pour éviter la mention « contient des OGM ». Si l'aliment contient plusieurs
ingrédients, la proportion en OGM de chaque ingrédient doit être <1 %.

 Pour des raisons commerciales


Puisque actuellement, la majorité des consommateurs estime que les OGM dans
l'alimentation font courir un risque inacceptable. Seule la détection de protéines ou
d'ADN transgéniques dans le produit ou dans ses ingrédients permet d'assurer au
consommateur l'absence d'OGM.

2-1-4-3 Détection d’OGM


 La détection des OGM dans les graines et les produits frais est techniquement simple
et se base sur la PCR moyennant des amorces spécifiques du transgène introduit
dans la plante. Ainsi, les autorisations de commercialisation, de culture et
d'importation doivent être accompagnées d'un dépôt obligatoire soit de ces amorces,
soit de la séquence du transgène.
 Quant à la détection des OGM dans les produits transformés, elle suit le même
principe d'analyse mais avec une difficulté supplémentaire : difficulté d’extraction de
l'ADN de bonne qualité (non dégradé) à partir de produits transformés ayant subi de
nombreux traitements physiques (↑ t°, broyage, hydratation, compression...),
chimiques (modification de pH, addition de substances diverses...) et/ou biologiques
(maturation, fermentation, addition d'enzymes...) rendant ainsi l’ADN soit inextractible
(car fortement lié à certaines molécules ce qui ne permet plus ensuite son
amplification) soit irréversiblement dégradé (par exemple hydrolyse).  Il faut donc
avoir une idée précise des transformations diverses qu'a subies le produit à analyser.
 Nécessité d’adaptation d’un protocole d'extraction spécifique à chaque type de
produit et faire des traitements spécifiques pour éliminer les inhibiteurs et obtenir de
l'ADN pur amplifiable.

La détection des OGM peut cibler directement le transgène ou la protéine exprimée. On


distingue ainsi 2 types de techniques de détection :

- Détection basée sur l'ADN (figure 46)


La PCR peut-être qualitative (présence/absence de cible) ou quantitative (quantification de
l’ADN cible initial). Il est nécessaire de disposer : d'ADN purifié en quantité suffisante;
d'amorces (spécifiques du gène recherché); d'échantillons témoins (OGM et non-OGM) pour
interpréter et valider les résultats.

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o Test qualitatif
Deux approches de détection des OGM sont envisageables selon la cible ADN choisie :
 Détection d’un transgène : c’est une technique de détection générale : elle
détecte de nombreux OGM différents mais construits suivant des modèles
semblables (promoteurs, gènes de résistance, gènes de visualisation, etc…). La
simple détection d'un de ces motifs permet d'affirmer que nous sommes en
présence d'OGM, mais pas quel est le type d'OGM impliqué. Un transgène peut-
être commun à plusieurs OGM, cette approche ne permet pas une identification
claire d’un OGM. Exemple : détection du maïs Bt sans distinction entre Bt 11 et Bt
176.

 Détection d’un OGM : détection d’un gène codant pour l'une des protéines
conférant de nouvelles caractéristiques à la plante  identifier le type d'OGM
impliqué par des amorces spécifiques d'un événement de transformation : une
amorce spécifique du génome de la plante transformée et l’autre spécifique du
transgène  l’identité exacte de l'OGM détecté est confirmée. Exemple :
distinction entre Bt 11 et Bt 176 ; différenciation entre les produits contenant du
soja transgénique et ceux contenant du maïs transgénique.

L’analyse qualitative est très sensible : elle permet de détecter des OGM à partir d’une infime
quantité d’ADN (1 millième - 10 millionièmes). Cependant, ce seuil de sensibilité très faible
rend difficile la quantification précise du taux d'un aliment en OGM. Si un test quantitatif est
nécessaire, la PCR doit être mise au point avant utilisation.

o Test quantitatif
Réalisé par la technique PCR en temps réel qui permet une quantification exacte de
l’ADN amplifié.

- Détection basée sur la protéine exprimée par l’ADN


La détection des OGM peut être aussi effectuée par la recherche (non pas du gène mais)
de la protéine exprimée par le transgène via des tests immunologiques. Pour cela, il
faut disposer d'anticorps efficaces et en quantité suffisante correspondant à la protéine
recherchée. Cette méthode est facile à réaliser, plus rapide et moins coûteuse que celle
basée sur l’ADN. Elle est surtout utilisée pour les produits bruts (= matières premières tel
que les semences) ou peu transformés (tel que les farines), car les traitements
industriels (thermiques et chimiques…) détruisent souvent les propriétés antigéniques de

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la protéine OGM (en modifiant sa conformation d’où son altération) les rendent ainsi
indétectables.
Par ailleurs, la même protéine peut se retrouver dans différents OGM. Il existe des kits
de détection commercialisés et basés sur ces méthodes. La modification génétique ne
conduit pas toujours à la synthèse d'une protéine nouvelle. Il peut s'agir au contraire de
diminuer ou d’augmenter la synthèse d’une protéine initialement présente. C'est le cas
de la tomate à maturation retardée. La recherche de la protéine n’est donc pas applicable
dans ce cas.

2-1-4-4 Exemple
En Février 1997, on a développé dans des laboratoires spécialisés, un nouveau
protocole de détection d'OGM sur le CGF (Le Corn Gluten Feed = co-produit de
l'industrie amidonnière, destiné à l'alimentation animale et obtenu après divers
traitements hydrothermiques des enveloppes de grains de maïs auxquelles sont ajoutées
des brisures) :
- mise au point d'une méthode d'extraction de l'ADN à partir de grains de maïs
- mise au point des conditions expérimentales d'amplification des transgènes avec les
amorces spécifiques utilisées
- mise au point d'un témoin positif interne, c'est-à-dire amplification d'un gène présent
naturellement dans le maïs
- estimation d'un seuil de détection en incorporant du maïs transgénique à du maïs non
transgénique dans des proportions déterminées.
Actuellement, la technique permet de détecter dans un mélange la présence d'un gr de
transgène/kg de plante (soit 0,1 %).

2-1-4-5 Une perspective intéressante : l’utilisation des puces à ADN


Les puces à ADN constituent une technologie d’avenir en matière de séquençage et
d’analyse de l’expression des gènes. Ce sont des combinaisons de techniques issues de la
micro-électronique, de l’informatique, de la chimie et de la biologie moléculaire. Leur principe
est basé sur la complémentarité des brins ADN : des séquences d’ADN greffées sur une
puce constituent des sondes dont le rôle est de détecter d’autres séquences qui leur sont
complémentaires. Les avantages de puces sont : la très grande spécificité des sondes et le
gain de temps. Diverses applications diagnostiques des puces à ADN existent dans le
domaine médical.

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2-2 Applications légales
L’analyse génotypique (tests ADN) à des fins d’identification est en France un acte de
médecine légale strictement réglementé et encadré sur le plan légal (donc ne peut être
pratiqué que par des laboratoires et des biologistes agréés et ceci dans des circonstances
définies par la loi). Elle ne peut donc être effectuée que dans certains cas bien précis :
- À des fins médicales ou de recherches scientifiques.
- Dans le cadre d'une enquête ou d'une instruction judiciaire (vols, crimes, viols)
- Afin d'identifier un militaire décédé dans le cadre d'opérations armées
- Pour établir ou contester un lien de filiation : test de paternité.

2-2-1 Empreinte génétique


Les empreintes génétiques constituent un indice dont les implications dans les enquêtes
criminelles et les expertises légistes sont nombreuses. Elles peuvent ainsi confirmer la
culpabilité d'un individu suspecté d'avoir commis un crime, si son empreinte génétique
correspond à celle obtenue à partir de traces laissées sur les lieux du crime. À l'inverse, elles
permettent également d'innocenter un suspect. Généralement, les tribunaux reconnaissent la
fiabilité des empreintes génétiques et acceptent les résultats de ces tests comme preuves
lors des procès.

2-2-1-1 Aspects législatifs et juridiques


Comparée à la RFLP (difficile à interpréter avec une probabilité de coïncidence de 1/1010,
due au fait que 2 marqueurs dans 2 échantillons génèrent une bande au même endroit),
l’analyse des empreintes génétiques par microsatellites permet une meilleure précision
de distinction d’ADN avec une probabilité de coïncidence de 1/1013.
Dans le cas où le test effectué est positif, les questions suivantes doivent être résolues :
- Peut-il y avoir une coïncidence aléatoire ?
- Sinon, l’échantillon a-t-il été pollué ?
- Sinon, le suspect a-t-il laissé cet ADN au moment du crime ?
- Si oui, est-ce que cela signifie que l'accusé est coupable du crime ?

2-2-1-2 Erreurs dues aux analyses ADN


La principale limite de la preuve génétique dans l'avenir c’est que les criminels peuvent
laisser des échantillons de « faux » ADN sur les scènes de crimes. Le problème n'est
plus une erreur technique (qui reste certes possible) mais le contournement de nouveaux
moyens d'investigation par les criminels  « la génétique ne devrait représenter dans
l'esprit de tous qu'un élément, tout à fait nécessaire, mais non suffisant, pour le

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raisonnement. Le test ADN ne doit pas se substituer à l'enquête. Mais il faut aller
plus loin. L'enquêteur doit impérativement, dans le cadre de son analyse et de ses
réflexions, faire la critique de cette preuve génétique et imaginer les hypothèses
où elle peut fausser l'interprétation des faits ».

2-2-1-3 Exemples de cas remarquables


- En 1920, Anna Anderson déclarait qu’elle était la grande-duchesse Anatasia
Romanova de Russie. Dans les années 1980, ses cendres de crémation ont été
testées et ont montré qu’elle n’avait aucun lien de parenté avec les membres restants
de la lignée des Romanova.
- En 1987, en Floride, un violeur a été la 1ère personne aux États-Unis à être
condamnée à 22 ans de prison sur la base d'une analyse ADN, pour le viol d’une
femme au cours d’un cambriolage.
- En 1989, à Chicago, un 1er suspect a été innocenté par un test ADN.
- En 1994, des tests ADN sur des poils de chat ont permis de condamner un homme
pour le meurtre de sa femme. Ce fut une 1ère dans l’histoire de la médecine légale, de
l’utilisation d’un ADN non humain pour identifier un criminel.
- En 1998, un docteur (Richards J Schmidt) a été déclaré coupable de tentative de
meurtre quand on a montré un lien entre l’ADN de la souche virale VIH qu’il a été
accusé d’avoir inoculé à sa compagne et celle d’un de ses patients atteint du Sida.
Ce fut la première fois qu’un ADN viral a été utilisé comme pièce à conviction.

2-2-1-4 Analyse de l'ADN mitochondrial


L'analyse de l’ADNmt ne permet pas d'identifier à 100 % un individu, mais permet
d'exclure une hypothèse, car cet ADN ne présente pas assez de variabilité dans les
populations (~1 risque / 2000 que 2 personnes non apparentées présentent le même
ADNmt).
Les médecins légistes étudient les sites HV1 et HV2 de l’ADNmt. Ce sont des séquences
hypervariables (HV) dont les différentes versions sont nombreuses et avec des
fréquences relativement faibles (quelques % de la population générale)  ces
marqueurs ne confirment pas si un échantillon provient d'une unique personne. Mais, si
on obtient 2 ADNmt différents on peut être sûr qu'il ne s'agit pas de la même personne.

2-2-1-5 Analyse du Chromosome Y


Il existe sur le Chromosome Y des régions hypervariables dites STRY pouvant être
utilisés en criminologie. Le chromosome Y est transmis par le père, et l’analyse de ce

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chromosome permet de faire les tests de paternité, lorsque le père n'est plus vivant.
Cependant, ce chr n’existe que chez les individus de sexe masculin  Il ne pourra donc
pas être effectué sur une femme.

2-2-2 Test de paternité


2-2-2-1 Définition
Un test de paternité consiste à analyser l'ADN de 2 personnes dans le but d'établir un
lien de parenté génétique (filiation) avec les conséquences juridiques qui peuvent en
découler.

Le génome peut être utilisé en biométrie [= Analyse mathématique des caractéristiques


biologiques (empreintes digitales, les indices de l'iris, de la rétine, de la main et des
empreintes vocales) d'une personne pour déterminer son identité précise. Elle repose sur le
principe de la reconnaissance de caractéristiques physiques].  A l’exception des
jumeaux monozygotes, tous les humains ont un génome sensiblement différent en
raison du polymorphisme génétique.

2-2-2-2 Aspects scientifiques


La génétique permet d'apporter des réponses complètes et fiables aux questions de
filiation soit par des méthodes simples soit par l’analyse de l’ADN.

 Méthodes simples
Il existe 2 méthodes simples qui ne demandent aucune analyse poussée et qui donnent
des hypothèses quant au lien de parenté :
o Méthode des gènes récessifs
En étudiant les caractères exprimés par des gènes récessifs, il est possible
d'écarter certaines parentés. Exemple : le caractère couleur des yeux étant codé
sur plusieurs gènes distincts, il est rare que 2 parents aux yeux bleus (allèle
récessif) donnent naissance à un enfant aux yeux d'une autre couleur plus
foncés.

o Méthode des groupes sanguins


Les groupes sanguins donnent aussi des indications sur la filiation. Une mère de
groupe « A » ne pourra pas avoir d'enfants de groupe « AB » avec un père de
groupe « A » ou « O » (les caractères A et B des groupes sanguins d'un enfant
doivent nécessairement avoir été hérités soit du père, soit de la mère car les
gènes exprimant ces deux caractères sont codominants).

13
Un couple de groupe sanguin A et B peut avoir un enfant de groupe O (car le
gène exprimant le groupe « O » est récessif : il ne s'exprimera qu'en l'absence
des autres caractères).
Si le père et la mère sont de groupe A avec, dans les deux cas, un allèle « A » et
un allèle « O », alors ils pourront avoir des enfants : de groupe « A » avec deux
allèles « A » , ou de groupe « A » avec un allèle « A » et un allèle « O », ou de
groupe « O » avec deux allèles « O ».
De même, le rhésus- est récessif, il ne s'exprimera qu'en l'absence du caractère
+. Si les parents sont de rhésus-, ils ne pourront pas avoir d'enfant au rhésus+.

 Analyse de l’ADN
Cette méthode, contrairement aux précédentes, nécessite une analyse poussée de
l'ADN de l'individu qui recherche ses parents ainsi que celui de son père et/ou de sa
mère potentiels. Elle demande plusieurs jours mais permet d'arriver à des réponses
tranchantes : soit écarter la filiation, soit au contraire conclure à une très forte probabilité
de filiation (> 99 %). Grâce à la PCR (facile, peu couteuse et sensible) la détermination
des « empreintes génétiques » (ou profil génétique) d’un individu est réalisée par
analyse des minisatellites et microsatellites.

- Principe : Le test de paternité consiste donc à évaluer la taille de certains mini ou


microsatellites bien spécifiques et à comparer pour chaque chromosome, ces
caractéristiques entre les chromosomes de l'enfant et ceux de ses parents
potentiels.

- Technique (déjà vue chap II) : Extraction d’ADN d'un échantillon prélevé sur
l'individu (sang, salive, etc.) puis amplification PCR de l'ADN de chaque paire de
chromosome puis digestion de l’ADN amplifié par une enzyme de restriction qui
va isoler les minisatellites ou microsatellites en préservant leur longueur et enfin
analyse des fragments d’ADN digérés par électrophorèse (exemple d’analyse
d’un test de paternité tableau VI).

- Avantages de l’analyse des marqueurs microsatellites


o doués d’une fréquence équilibrée des différents allèles
o identiques d’un groupe ethnique (racial) à l’autre
o puissants et fiables  considérées comme sûres à 100%

14
o ont été standardisés à l’échelle internationale grâce à des « kits »
commerciaux disponibles sur le marché (en 2007 10 000 tests ont été vendus
à 200 - 500 euros par examen) permettant de tester simultanément 11 à 16
microsatellites indépendants et localisés sur les autosomes.
o le dispositif juridique actuel autorise environ 1500 examens annuels.

2-2-2-3 Aspects juridiques en France


L’établissement d’une filiation entraine des conséquences juridiques importantes sur
le nom, la nationalité, l'autorité parentale, l'obligation alimentaire, la transmission
du patrimoine, les empêchements de mariage… L'identification génétique du lien
maternel ou paternel ne peut être recherchée que sous ordre du juge avec consentement
de l'intéressé  si une procédure en justice est indispensable pour pouvoir
effectuer les tests ADN, ceux-ci ne sont pas indispensables pour établir la filiation
juridique (D'ailleurs, avant que ces tests n'existent, la filiation était établie sans eux.).

2-3 Applications médicales


2-3-1 Diagnostic anténatal ou prénatal
Tout diagnostic prénatal (DPN) est précédé par un conseil génétique.

2-3-1-1 Définition et conditions de réalisation


Le DPN est l'ensemble des pratiques médicales ayant pour but de détecter in utéro, chez
l'embryon ou le fœtus, une affection d'une particulière gravité. Celle-ci peut parfois être
traitée in utéro avant même la naissance de l'enfant, dans le cas contraire (le plus souvent),
les couples peuvent alors demander une interruption médicale de grossesse. Il est effectué à
la demande d’un couple précédemment confronté à une maladie génétique dans son
ascendance ou sa descendance ou bien pour confirmer une maladie génétique soupçonnée
lors des échographies pratiquées de façon systématique au cours des grossesses.
Une alternative au DPN est le diagnostic préimplantatoire (DPI) succède une fécondation
in vitro, afin de ne réimplanter in utero qu’un embryon non atteint et éviter ainsi le recours à
une interruption de grossesse. Il est plus rarement utilisé du fait de ses contraintes :
stimulation ovarienne, tri des embryons après prélèvement d’un ou deux blastomères trois
jours après une FIV (stade 8-10 cellules) et enfin l’implantation intra utérine des embryons
sélectionnés. Il nécessite une analyse génotypique à partir de quelques pg d’ADN reposant
sur les performances et la qualité de la PCR. En raison de ces difficultés multiples, le DPI
n’est pratiqué en France que dans trois centres (Paris, Marseille, Strasbourg) ayant reçu un
agrément particulier.

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2-3-1-2 Historique
→ 1958, première échographie obstétricale ;
→ 1972, première amniocentèse ;
→ 1976, première fœtoscopie ;
→ 1982, premier prélèvement de sang fœtal guidé par échographie ;
→ 1983, première choriocentèse.

2-3-1-3 Indications du DPN


Le DPN des aberrations chromosomiques s'effectue par le caryotype fœtal dans
différentes situations :
- L’âge de la mère > 38 ans : ↑ fréq des trisomies 21, 13 et 18 et des anomalies de l’X
 amniocentèse puis culture cellulaire puis caryotype.
- La patiente a déjà présenté une grossesse avec une anomalie chromosomique
- un membre du couple est porteur d'une anomalie chromosomique
équilibrée découverte par la naissance d’un enfant avec une anomalie déséquilibrée
ou mort-né ou mort néo-natale conduisant à l’étude du caryotype des 2 parents. Les
anomalies les plus fréquentes : translocations Robertsoniennes / 14q21q. Le risque
d’anomalie déséquilibrée ↑ quand la mère est porteuse de la translocation et ↓ quand
c’est le père qui la porte. Dans les translocations 13q14q, le risque est très faible
quelque soit le parent porteur.
- Dans le cadre du diagnostic de sexe pour les maladies liées au sexe
- Un motif psychologique : une mère anxieuse, un couple qui a eu un enfant handicapé
mental ou pour une autre raison qu'une aberration chromosomique

2-3-1-4 Techniques de prélèvements ovulaires


Le DPN nécessite habituellement une amniocentèse avec culture et examen des cellules
du liquide amniotique ou une choriocentèse. Donc l’ADN fœtal est préparé soit à partir de
cellules amniotiques, soit à partir des cellules trophoblastiques. Dans le sang maternel, du
matériel fœtal est présent sous forme de cellules (érythroblastes, lymphocytes, cellules
épithéliales trophoblastiques) et surtout sous forme d’ADN extracellulaire ; ce matériel est
utilisable pour un diagnostic de sexe (par amplification directe d’une séquence spécifique du
chromosome Y) et pour le diagnostic précoce d’incompatibilité foeto-maternelle. De gros
efforts sont faits pour améliorer ces méthodologies afin d’éviter des techniques invasives de
prélèvement responsables d’avortement. La mutation recherchée ayant déjà été identifiée
(chez des parents hétérozygotes par exemple), le diagnostic génotypique est simple et
direct. Cependant, il sera bientôt possible d’examiner l’ADN des cellules fœtales circulant

16
dans le sang maternel. Ces progrès techniques qui rendent le diagnostic prénatal plus facile
présentent le risque d’informer les parents d’anomalies mineures.
Le type de prélèvement dépend de l’anomalie à rechercher et de l’âge de la grossesse.
Un prélèvement ovulaire doit toujours être fait sous contrôle échographique.

 Amniocentèse
C’est une procédure médicale invasive [une ponction abdominale est réalisée avec
une aiguille à ponction lombaire sous guidage échographique continu. Dès que l’aiguille
atteint la cavité amniotique (amnios est une des trois enveloppes de l'œuf) où se trouve
le fœtus, 20 ml de liquide amniotique est prélevé dans une seringue] utilisable à partir du
2ème trimestre de la grossesse (date précise 16SA à 19SA, jamais avant la 15e SA pour éviter
une fausse couche spontanée) (SA = semaine d’aménorrhée = unité de mesure du temps
utilisée en obstétrique pour calculer l’âge de la grossesse = à partir du 1er jour des dernières
règles). Le délai d’obtention du résultat est en moyenne de 14 jours de culture des cellules
contenues dans le liquide amniotique. C’est la technique de prélèvement fœtal la plus
répandue qui permet de dépister les anomalies chromosomiques et donc un diagnostic
cytogénétique anténatal. Elle est simple, rapide, indolore et peu risquée pour la grossesse.
Elle permet l’interruption thérapeutique de la grossesse quand le fœtus est anormal. Les
examens réalisés sur le liquide amniotique sont : le dosage de l’fœto-protéine, la recherche
de l’acétylcholinestérase, le dosage de certaines protéines (tel que l’1antitrypsine), le
diagnostic de certaines maladies métaboliques, le caryotype après culture cellulaire, l’étude
du système HLA (Ensemble de groupes d'antigènes tissulaires constituant le facteur majeur
de l'histocompatibilité, parfois lié à certaines maladies) et l’extraction de l’ADN après culture
cellulaire.

 Le prélèvement de trophoblaste = prélèvement des villosités choriales =


choriocentèse (= biopsie du trophoblaste, consiste à prélever par aspiration
des cellules chorioniques = cellules du futur placenta)
Au 1er trimestre de grossesse, le futur placenta est un tissu présent en grande
quantité par rapport à la taille de l’embryon. Il provient de la même cellule initiale que les
cellules fœtales. Il a donc les mêmes caractéristiques génétiques. Le prélèvement d’un
échantillon de ce futur placenta est réalisé entre 9 et 12 SA (car avant cette date, le
trophoblaste est peu développé). L’intérêt de ce prélèvement est la précocité (Ce qui permet
une décision de poursuivre ou d’interrompre la grossesse au 1er trimestre ce qui est moins
traumatisant pour les couples) et la rapidité de la réponse obtenue, la possibilité de
caryotype direct et la possibilité de recueil de spécimen de bonne qualité pour des analyses

17
enzymatiques et l’extraction de l’ADN. Cependant, elle peut présenter des problèmes
d’interprétation des anomalies chromosomiques.
Dans la majorité des cas, les prélèvements sont réalisés par voie trans-abdominale. La
technique est voisine de celle de l’amniocentèse mais nécessite habituellement une
anesthésie locale. Après repérage échographique du futur placenta et d’une voie d’accès, on
introduit une aiguille à laquelle on adapte une seringue pour effectuer le prélèvement
toujours parallèlement aux membranes. Plus rarement, le prélèvement peut être réalisé à
travers le col utérin.
La choriocentèse est réservée dans le cas où le % d’aberration chr est ↑. Exemple : pour
une t(14/21) portée par une mère  récurrence élevée  diagnostic direct sur villosités
choriales à 11SA. Pour une translocation réciproque découverte à la suite d’avortement a un
risque faible  diagnostic du liquide amniotique à 17SA.

 Le prélèvement du sang fœtal


Mis au point en 1982, le prélèvement de sang fœtal a ouvert la porte du
compartiment vasculaire du fœtus. Il est réalisé tardivement à partir de 17 SA jusqu’à terme
par ponction de 1 - 2,5 ml de sang dans les vaisseaux de la plaque choriale ou du cordon.
Son indication pour déterminer le caryotype fœtal est rare (1 %) réservé à des situations peu
courantes. Il permet de faire des diagnostics réalisables uniquement sur le sang tels que les
déficits immunitaires, l’hémophilie, les infections virales, parasitaires, le caryotype rapide en
fin de grossesse. Le dosage des IgM totales ou spécifiques sur le sang fœtal indique une
atteinte hépatique fœtale par la toxoplasmose
2-3-1-5 Techniques biologiques
Le DPN repose sur les examens suivants :
 Echographie
Entre 11e et 14e SA, la mesure de la clarté nucale permet d’évaluer le risque potentiel
de trisomie 21 et de dater avec certitude la grossesse. Certaines malformations peuvent être
associées à des anomalies chromosomiques. Dans ce cas, un caryotype fœtal peut être
indiqué et une amniocentèse réalisée.

 Culture cellulaire et établissement du caryotype


Le caryotype permet le diagnostic de toute anomalie chromosomique. Les cellules
fœtales examinées proviennent d’une amniocentèse (94 % des caryotypes), d’une biopsie
de trophoblaste (5% des caryotypes) ou d’un prélèvement de sang fœtal (1% seulement des
caryotypes). Dans le sang fœtal, les cellules sont stimulées au préalable par la PHA
(phytohémagglutinine). Dans le liquide amniotique, l’établissement du caryotype fœtal est
possible après 14 jours de culture cellulaire. L’utilisation de sondes spécifiques d’un

18
chromosome ou d’une région chromosomique permet également le diagnostic
chromosomique. Exemples : diagnostic du sexe en utilisant une sonde du chromosome Y et
diagnostic de la trisomie 21 en utilisant une sonde du chr21 qu’on hybride in situ.

 L’analyse FISH (principe vu précédemment)


Permet en quelques jours, un dépistage des trisomies (trisomie 21) sans culture
cellulaire. Elle s’applique directement aux cellules contenues dans le liquide amniotique (15-
20 ml), à partir duquel, 2 ml sont suffisants pour réaliser cette technique. Le liquide restant
servira pour l’analyse cytogénétique classique ou caryotype qui est réalisé même si l’analyse
FISH est demandée. Actuellement, cette technique n’est applicable que pour les anomalies
des chromosomes 21,13, 18, X et Y qui représentent 70% des anomalies les anomalies
dépistées : les trisomies 21, 13 et 18 et les anomalies de nombre des chromosomes sexuels
(Turner, triple X, Klinefelter, Double Y). Comme ce test ne couvre pas toutes les anomalies
chromosomiques qui peuvent être présentes chez un bébé, les analyses classiques sont
effectuées de toute façon. En cas d’anomalie, un conseil génétique est recommandé lors
duquel les généticiens expliquent ces résultats et leurs conséquences. Le taux de réussite
de cette technique est de 97%. Les échecs sont dus au nombre de noyaux trop faible
contenus dans l’échantillon, ou à l’origine maternelle des noyaux (lorsque le liquide est
rouge, contaminé par le sang de la mère et qui est un mauvais élément pour les dosages).

 Techniques biochimiques
Depuis 1997, un dépistage par prélèvement sanguin maternel est systématiquement
proposé à toutes les femmes enceintes à partir d’un dosage de 2 ou 3 marqueurs sériques
au cours du 2ème trimestre de la grossesse. Par ailleurs, 3 autres tests de dosages
biochimiques sont réalisés sur le liquide amniotique :
 Electrophorèse des cholinestérases (à partir de 1ml de liquide amniotique) pour
le diagnostic des défauts de fermeture du tube neural (DFTN) (le liquide
amniotique contient de la butirylcholinestérase qui migre en une bande lente, alors
que dans le cas de DFTN, il contient la butirylcholinestérase et
l’acétylcholinestérase neuronale, donc migration de 2 bandes).
 Dosage de l’ fœto-protéine (AFP) : c’est une protéine fœtale synthétisée par le
foie et filtrée vers le liquide amniotique. Elle atteint son pic dans le liquide
amniotique vers 17 SA puis ↓ avec la maturité du rein. Son dosage dans le sang
maternel permet aussi d’évaluer le DFTN. Cependant, une datation incorrecte de
la grossesse, une consultation tardive au-delà du terme légal du dépistage
seraient la cause d’erreurs d’interprétation du test.

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 Dosage des enzymes digestives : toute anomalie du transit intestinal normal du
fœtus a des répercussions sur le profil enzymatique du liquide amniotique. Parmi
ces enzymes : la phosphatase alcaline type intestinale, la G
glutamyltranspeptidase, la leucine aminopeptidase. Ces activités enzymatiques
peuvent être dosées à la 18SA et ont un intérêt dans le diagnostic de la fibrose
kystique et de l’imperforation anale.

 Techniques d’analyse de l’ADN


L’ADN est obtenu à partir des villosités choriales, ou des cellules en culture du liquide
amniotique. Ces analyses sont réalisées par l’utilisation des enzymes de restriction et des
sondes moléculaires radiomarquées (ADNc, ADNg, olgont de synthèse, ARNm); par la RFLP
qui détecte des mutations dans des régions non codantes donc sans conséquences
phénotypiques et qui se transmettent dans une même famille comme un caractère
mendélien, par dot blot, southern, northern, PCR.

Stratégie générale du diagnostic prénatal par l’étude de l’ADN :


- Le gène est cloné et l’analyse est soit directe mettant en évidence la lésion
moléculaire par PCR soit semi-directe par une sonde du gène muté mettant en
évidence un polymorphisme intragénique ou très proche du gène.
- - Le gène est inconnu mais localisé  diagnostic indirect basé sur les sondes non
spécifiques du gène muté.

Quelque soit la méthode utilisée, la réussite du DPN par analyse de l’ADN dépend d’un
diagnostic clinique, de la disposition de l’ADN du patient et de la qualité de l’enquête
génétique familiale préalable.

2-3-1-6 Exemples d’anomalies


 Anomalies géniques : maladies récessives liées à l’X
Le diagnostic de ces maladies comporte le diagnostic des conductrices et le DPN :
choriocentèse (10SA - 11SA) puis technique cytogénétique directe pour obtenir le caryotype
et donc le sexe en qq heures. Ensuite un examen biochimique direct donne des résultats en
24h – 48h. Quand le produit du gène est inconnu et que le gène est localisé et qu’on
possède des marqueurs génétiques qui lui sont liés  c’est la méthode de diagnostic
indirecte. Quand le produit du gène est inconnu mais ne s’exprime pas dans un tissu fœtal
accessible, l’ADN nécessaire à cette étude est extrait des villosités choriales ou des cellules
du liquide amniotique en culture.

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 DFTN
Ce sont des malformations dues à une origine multifactorielle ou polygénique avec un
risque de récurrence de 1 - 2% quand un enfant est atteint, de 10% quand 2 enfants sont
atteints et de 5% quand un parent est atteint. Les méthodes de diagnostic sont basées sur le
dosage de l’AFP dans le sang de la mère et le liquide amniotique, sur l’électrophorèse de
l’acétylcholinestérase dans le liquide amniotique et sur l’échographie fœtale.
La stratégie à adopter : en cas d’enfant déjà atteint  échographie + électrophorèse des
AchE sur le liquide amniotique à 17SA.

2-3-2 Conseils génétiques


2-3-2-1 Définition
Le conseil génétique est un acte médical qui permet d’évaluer pour un couple
donné le risque de survenue d’une maladie génétique héréditaire ou chromosomique dans
sa descendance, sur les bases d’une enquête familiale, clinique et biologique. Les patients à
risque sont conseillés et informés de la nature, des causes et des conséquences de la
maladie en question, de la probabilité de la développer et/ou de la transmettre à leur
descendance (risque de récurrence), et des options qui se présentent à eux en matière de
planification de vie et planification familiale, de manière à prévenir, éviter et améliorer leur
situation. Un conseiller génétique est un professionnel de la santé spécialisé et
expérimenté dans le domaine de la génétique et du conseil médical.
Les couples consultent dans 3 circonstances :
- Avant la procréation, si l’un des membres du couple ou de leur famille, est porteur
d’une anomalie génétique ou s’il s’agit d’un mariage consanguin
- A la suite de la naissance ou de l’avortement d’un enfant mal formé
- Suite au DPN d’une anomalie ou malformation alors même que la grossesse se
poursuit.

2-3-2-2 Conditions
Avant de donner un conseil génétique, il faut :
- effectuer une enquête familiale correcte pour la recherche d’autre cas familiaux et
l’évaluation du degré de parenté entre les conjoints chez lesquels la présence d’une
pathologie récessive autosomique est possible
- essayer d’avoir un diagnostic précis de la pathologie et de s’assurer de son caractère
héréditaire

21
2-3-2-3 Etapes
Ce processus complexe est réalisé en 2 étapes :

2-3-2-4 Diagnostic : une estimation des risques


- Prénatal : DPN et DPI (voir ce qui précède)
- Postnatal : dépistage des hétérozygotes pour les mutations géniques autosomiques
récessives, diagnostic présymptomatique et dépistage des mutations autosomiques
dominantes et des femmes hétérozygotes pour une maladie liée à l’X.
Le diagnostic post-natal ne présente pas les mêmes contraintes que le DPN surtout
qu’avec le développement de la PCR il n’est même plus besoin d’un prélèvement
sanguin. Il est réalisé dans le cadre d’études familiales étendues (fratries de conjoints
avec un enfant atteint, frères et sœurs d’un malade) pour dépister les hétérozygotes
porteurs sains de la mutation. Exemple extrême : chorée de Huntington (maladies
autosomiques dominantes à révélation plus au moins tardive) dont le diagnostic
moléculaire correspond à une dégradation cérébrale annoncée, puisque sa pénétrance
est pratiquement de 100%.

2-3-2-5 Conseil génétique en fonction du diagnostic et information de la


parentèle (plus complexe)
On doit fournir une information précise sur la nature de la maladie, sa liaison ou non
au sexe et le risque de transmission de la mutation à leur descendance et si les enfants à
naître sont des porteurs sains hétérozygotes. L’information de la parentèle demande à
concilier le respect du secret médical avec l’obligation d’éviter à autrui un risque connu. Ceci
est facile lorsque le malade accepte d’informer sa parentèle du caractère héréditaire de la
maladie. Dans le cas contraire, la législation prévoit une « procédure d’information médicale
à caractère familial» avec l’autorisation du malade concerné.

 Le conseil génétique facile


Lorsque la pathologie et son mode de transmission sont connus  l’évaluation du
risque de cette maladie (probabilité de sa survenue) et de sa récurrence (réapparition) est
fonction de son déterminisme génétique :
 Maladie génique Autosomique dominante : la maladie s’exprime chez tout sujet
porteur du gène à l’état hétérozygote. Un sujet malade a 50% de risque de donner
naissance à un enfant malade. Un sujet sain n’a aucun risque d’avoir un enfant
malade.
 Maladie génique Autosomique récessive : pour un couple ayant déjà eu un
enfant atteint, le risque de donner naissance à un autre enfant malade est de 25%
22
à chaque grossesse puisque les 2 membres de ce couple sont forcément
hétérozygotes.
 Maladie génique Dominante liée à l’X : si on considère que tous les sujets sont
hétérozygotes, la mère malade a 50% de risque de donner naissance à un enfant
malade quelque soit le sexe alors que le père malade aura une descendance
féminine toute malade et masculine toute saine.
 Maladie génique Récessive liée à l’X : le risque dépend du parent porteur : le
père malade aura une descendance phénotypiquement saine et toutes les filles
sont conductrices. La mère conductrice aura 50% de risque de donner naissance
à un garçon malade et 50% de risque de donner une fille conductrice.
 Aberration chromosomique à partir d’un enfant porteur d’une anomalie
chromosomique  caryotypage systématique des parents : si le caryotype est
normal, il s’agit d’une anomalie de novo apparue chez leur enfant et le risque de
récurrence est très faible. Si le caryotype de l’un des parents au moins porte une
anomalie équilibrée, le risque de récurrence est élevé et il devient nécessaire de
pratiquer un DPN pour les grossesses ultérieures.
 Aberration chromosomique pour une femme âgée : le risque de donner
naissance à un enfant porteur d’une anomalie chromosomique de novo augmente
avec l’âge de la mère (ce risque ↑ à partir de 35 ans).
 Le conseil génétique n’est pas difficile dans le cas d’une anomalie
chromosomique, le risque peut être calculé après établissement du
caryotype des patients pouvant porter l’anomalie.

 Le conseil génétique difficile


A cause de la pathologie qui motive la demande et de la prédisposition du couple à
l’application du conseil génétique  nécessité d’une enquête familiale.
Par ailleurs, théoriquement, un gène dominant s’exprime chez le sujet hétérozygote :
pénétrance complète de ce gène. Ce n’est pas toujours le cas (il y a des exceptions aux
lois de Mendel) : un sujet hétérozygote peut ne pas être apparemment malade mais il
transmet le gène anormal à sa descendance  le caractère saute ainsi de génération :
pénétrance incomplète de ce gène. Exemples : le gène de l’achondroplasie (dysplasie
osseuse) a une pénétrance complète à 100%. Le gène de la polyposo recto-colique a une
pénétrance incomplète à 80%. Dans ce cas, 20% des porteurs du gène sont cliniquement
sains ce qui peut fausser l’analyse généalogique dans leur familles. Le problème du conseil
génétique se pose à l’apparenté du sujet malade qui a une probabilité de porter le gène et
qui est phénotypiquement sain. Dans ce cas, il faut rechercher des signes minimes de la

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maladie sinon, on peut utiliser les techniques des acides nucléiques pour les maladies à
gènes localisés et vérifier si le patient est porteur ou non de la séquence anormale.

La manifestation phénotypique d’un gène peut varier d’une famille à l’autre, d’un individu à
l’autre (dans une même famille)  l’expressivité de ce gène est variable. Ceci nécessite
un examen minutieux des parents et/ou de la descendance d’un sujet malade. La difficulté
du conseil génétique réside ici dans le fait que le diagnostic d’une pathologie grave peut être
méconnu et le conseil donné sera ainsi faussement sécurisant.
Il existe plusieurs autres types de maladies rendant le conseil génétique difficiles….

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