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Exemple 2
Voici plusieurs énoncés assez voisins. Tous, ils assertent
quelque chose au sujet du travail de Martin. Dans
certains, le locuteur assume ce qui est asserté. Dans
d'autres, il doute plus ou moins fortement. Dans les
derniers, il prend un avis contraire. Analysez les énoncés
proposés a) du point de vue de la distance Locuteur /
énonciateur b) en rappelant le procédé de distanciation
qui permet l'interprétation obtenue.
Exemple : Martin travaille. L = é1
J'ai rencontré Martin. Il m'a assuré qu'il travaillait. Je
demeure sceptique. L = je
a) J'ai vu Martin. Il travaille.
b) J'ai vu Martin. Il paraît qu'il travaille.
c) Martin travaillerait.
d) J'ai vu Martin : il doit travailler pour son partiel.
e) En ce moment, Martin doit travailler.
f) J'ai vu Martin qui m'a assuré qu'il travaillait.
g) Martin ? On dit qu'il travaille.
h) J'ai vu Martin. « Je travaille » m'a-t-il dit...
i) J'ai vu Martin. Il travaillerait.
j) Martin ? Il « travaille ».
k) Martin ? Sa mère s'imagine qu'il travaille...
l) Il prétend travailler.
L’ironie
On peut considérer avec C. Kerbrat-Orecchioni que
l'ironie « se doit d'utiliser certains indices... sinon à quoi
bon utiliser ce procédé sophistiqué » et surtout prendre
le risque de n'être pas compris même si ces indices
restent « toujours présomptifs et toujours incertains ».
Quelques indices
a) Le contexte linguistique
C'est sans doute l'indice le plus manifeste pour mettre à
jour une contradiction interne entre deux séquences
d'un énoncé.
b) L'hyperbole
(C. Kerbrat-Orecchioni, 1980), affirme qu’ « une
assertion suspecte, mais à la rigueur plausible, énoncée
en termes modérés, cesse d'être acceptable dès qu'elle
est superlativisée. C'est pourquoi, malgré l'apparent
paradoxe, l'outrance de la formulation dénonce une
séquence comme ironique ».
L’emploi de certains adverbes modalisateurs tels que «
vraiment », « bel et bien, « sûrement », « sans doute »,
« enfin ! »
c) Les procédés typographiques
Les guillemets, les points de suspension, le point
d’exclamation…
d) Le contexte extra-linguistique Dans Poétique (Nº 36),
Booth, cité par D.C. Muecke, affirme que « les
reconstructions de l'ironie sont rarement, sinon jamais,
réductibles aux opérations de la grammaire, de la
sémantique, de la linguistique ». Il est évident que des
compétences d'un autre type, souvent d'ordre culturel
ou idéologique, sont nécessaires, voire indispensables
pour décrypter l'ironie.