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Revue Africaine des sciences politiques et sociales NO 46 OCT NOV DEC 2023

Polémocène, irénocène et sécurocène au Cameroun : un exemple pertinent du paradigme


afropolitain de la sécurité en Afrique.
OWONA Wolfgang Jr.,
PhD Political Science.
Enseignant de Science politique à l’Université Catholique d’Afrique Centrale, Chercheur au CERDAP,
Université de Yaoundé II- Soa.

Résumé :
Proposer la polémocène et l'irénocène, voire la sécurocène, comme concepts et grilles de lecture de la gouvernance
de la sécurité au Cameroun participe de la formulation d'une analyse des dynamiques politiques, diplomatiques et
sécuritaires qui président à la gestion afropolitaine de la sécurité par cet Etat. Cet afropolitanisme sécuritaire s'observe,
tant en interne que sur le plan régional et mobilise des ressources essentiellement polarisées vers l'utilisation prioritaire
des ressources nationales, tant dans la gestion des menaces intérieures telles que le sécessionnisme en zone anglophone
et le terrorisme de l'Etat Islamique et l'insécurité maritime posés en menaces régionales. Ces deux positions traduisent
une méfiance croissante à l'égard des solutions étrangères au continent dans la gestion de l'insécurité et la recherche
de la paix. Cette approche conciliante entre souveraineté et panafricanisme apparaît comme une option qui pourrait
être mobilisée comme paradigme de gestion de la sécurité et des conflits par les États africains.
Mots-clés (03) : Polémocène (Polémocène), Irénocène (irénoscène), sécurocène (sécurocène, afropolitanisme
sécuritaire.

Abstract:
Suggesting the employment of the Polemocene, Irenocene, or Securocene, as frameworks for governing security in
Cameroon, is a fundamental aspect of exploring the political, diplomatic, and security dynamics that dictate the
management of security in this state as part of the Afropolitan model. This approach to security, termed Afropolitan,
can be observed both within national borders and regionally. It utilizes resources that prioritize internal threats such
as secessionism in the Anglophone zone, Islamic State terrorism, and regional threats like maritime insecurity. The
positions reflect a growing mistrust of external solutions in managing insecurity and striving for peace. This
reconciliatory approach towards sovereignty and pan-Africanism presents a viable option that African nations could
utilise as a model for the handling of security and conflict.

Key words (o3): Polemocene , Irenocene, securocene, Security Afropolitanism,

Au sortir du système colonial, assurer la paix et la stabilité des jeunes nations naissantes constituaient
deux des principaux enjeux auxquels les pays africains devaient faire face1, et la gestion maitrisée de
ces dernières a rarement été aisée, voire maitrisée par les Etat africains eux-mêmes. L’avènement de
la multipolarité et des reconfigurations dynamiques de la société internationale 1 n’y changera pas
grand-chose. Avec plus d’une dizaine d’opérations de maintien de la paix 2 menée par les nations
unies dans le but principal d’assurer la sécurité et de préserver le continent contre les crises

1 Lire Ganapathy-Doré, Geetha. « Du tiers-monde au monde multipolaire : l’évolution du paradigme du non alignement
dans la reconfiguration de l’ordre mondial », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques, vol. 42, no. 2, 2015, pp.
117-139.
2 Lire Novosseloff, Alexandra. « Engagement de l’ONU en Afrique : un état des lieux », Revue Défense Nationale, vol. 792,

no. 7, 2016, pp. 105-109.


humanitaires les plus meurtrières, l’Afrique qui est le continent connaissant le plus de conflits 3 se
trouve en situation de fragilité 4 dont les dynamiques d’ordre et de désordres5 appellent le plus
souvent à l’intervention d’acteurs métropolitains et d’ailleurs. Si cette réalité semble être une
tendance lourde consacrée par la réalité des multiples opérations militaires des puissances et
complexes extra-africains sur le continent dans l’ère contemporaine (MONUSCO, MINUSMA,
Barkhane, Serval, Sangaris… ), il ne demeure pas moins vrai que quelques exemples de mobilisation
de dispositifs appropriés permettent de montrer la prise de conscience stratégique progressive de
certains acteurs du Continent dans la gestion des divers problèmes sécuritaires qu’ils rencontrent à
l’intérieur qu’à l’international.
De la lutte contre le terrorisme désormais à la mode, à la gestion des répliques des crises
politiques et sécuritaires, le Continent africain se pose désormais en acteur participant au traitement
des crises et des conflits militaro-sécuritaires qui travaillent la dynamique de la sécuroclastie6 en
Afrique. C’est dans ce paradigme que s’inscrivent les diverses politiques publiques de sécurité 7
hybrides mises en place par le Cameroun dans le traitement des menaces susceptibles non seulement
de fragiliser la paix et la tranquillité internes, mais aussi les diverses agressions portant atteinte à la
souveraineté et à l’intégrité territoriale du pays. Que ces dynamiques soient internes, avec la lutte
contre le phénomène des coupeurs de routes8, la grande criminalité transfrontalière9, et la gestion
de ce qu’il convient d’appeler pour des besoins heuristiques et opératoires la crise anglophone 10 ,
ou encore sous-régionales et régionales, avec la gestion de la crise Boko Haram 11 et la piraterie

3 Anatole Ayissi, Anatole .« Le défi de la sécurité régionale en Afrique après la guerre froide, vers la diplomatie
préventive et la sécurité collective », Travaux de recherche de l’UNIDIR, New York et Genève, no 27, 1994, cité dans
D. Bach et L. Sindjoun, « Ordre et désordre en Afrique », Polis, Revue camerounaise de science politique, vol. 4, no 2,
1997, p.
3-18,
4 Nay,Olivier. Fragile and failed states: Critical perspectives on conceptual hybrids, International Political Science Review

34(3):326-341, June 2013.


5 Cart, Henri-Philippe. « Guerres africaines en perspective : la refondation ardue d'États en plein désarroi », Cités, vol. 24,

no. 4, 2005, pp. 63-84.


6 La sécuroclastie renvoie à une dégradation générale ou localisée de la sécurité dans un contexte précis.

7 Bagayoko-Penone, Niagalé, Eboe Hutchful, et Robin Luckham. « Hybridité et gouvernance de la sécurité en Afrique. Entretien

», Afrique contemporaine, vol. 260, no. 4, 2016, pp. 93-109.


8 Gaulme, François. « Saïbou Issa. Les coupeurs de route. Histoire du banditisme rural et transfrontalier dans le bassin

du lac Tchad », Afrique contemporaine, vol. 239, no. 3, 2011, pp. 157-159.
9 Issa, Saibou. « La prise d’otages aux confins du Cameroun, de la Centrafrique et du Tchad : une nouvelle modalité du

banditisme transfrontalier », Polis/R.C.S.P. /C.P.S.R., Vol. 13, Numéros 1-2, 2006, p. 126.
10 Machikou, Nadine. « Utopie et dystopie ambazoniennes : Dieu, les dieux et la crise anglophone au Cameroun », Politique

africaine, vol. 150, no. 2, 2018, pp. 115-138.


11 Owona Wolfgang, Fernand Jr. La dynamique politico-diplomatique et sécuritaro-stratégique du traitement de Boko

Haram comme menace à la sécurité au sein des Etats de la CBLT : la prédominance des approches réalistes face à une
maritime dans le Golfe de Guinée12, on note l’émergence d’une conscience stratégique propre aux
acteurs africains, entendue comme la capacité de construction par les acteurs africains des schèmes
heuristiques, programmatiques et opérationnels définissant les menaces et les mécanismes visant à
les combattre. Ces instruments cognitifs, prévisionnels et capables d’être opérationnalisés se
structurent autour des socles et référents afropolitains pour inscrire ces acteurs continentaux dans
une perspective d’autonomisation stratégique et opérationnelle dans le traitement des crises et
conflits fragilisant le continent sur les plans politique, militaire et sécuritaire.
En analysant ainsi les configurations actancielle et opérationnelle de ces menaces à la sécurité et à la
souveraineté de grand ampleur au Cameroun, à travers les modèles de la polémocène (du grec
« πόλεμος» polémos signifiant guerre, et « cène »13 qui renvoie à une liturgie religieuse, et scènes
qui traduit un théâtre. Cette notion renvoie à l’ensemble des acteurs structurant la dynamique
conflictuelle dans un ou plusieurs théâtres donnés), de l’irénocène (de « ειρήνης » eirèné, la paix.
Cette notion traduit l’ensemble des acteurs animant les dynamiques pacificatrices dans un ou plusieurs
contextes précis), voire de sécurocène (qui désigne les divers acteurs agissants dans les dynamiques
de sécurisation d’un ou de plusieurs théâtres, on peut observer quelques points saillants qui
permettent de comprendre la posture camerounaise dans la gestion de la sécurisation de l’Etat (voir
figures sémantiques des notions).

Schéma no1 : La polémocène Schéma no 2 : l’irénocène Schéma no 3 : La sécurocène


Il s’agit notamment d’un comportement stratégique postulant le primat des solutions nationales
dans le management des questions sécuritaires internes d’une part (I), et des choix stratégiques
traduisant une forme de régionalisme sécuritaire afropolitain comme technologie pacificatrice et

menace phénoménologiquement holiste, Institut des Relations Internationales du Cameroun, Thèse de Doctorat-
PhD.
en Relations Internationales ; 2019.
12 Koungou, Léon. « Piraterie et insurrections dans le golfe de Guinée », Politique étrangère, vol., no. 2, 2018, pp. 117-129.
13 Lienhard, Fritz. « Le langage et la Cène », Recherches de Science Religieuse, vol. 91, no. 2, 2003, pp. 175-

202.
sécurisatrice agressions portant atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du pays. Que
ces dynamiques soient internes, avec la lutte contre le phénomène des coupeurs de routes 14, la
grande criminalité transfrontalière15, et la gestion de ce qu’il convient d’appeler pour des besoins
heuristiques et opératoires la crise anglophone16 , ou encore sous-régionales et régionales, avec la
gestion de la crise Boko Haram 17 et la piraterie maritime dans le Golfe de Guinée 18 , on note
l’émergence d’une conscience stratégique propre aux acteurs africains, entendue comme la capacité
de construction par les acteurs africains des schèmes heuristiques, programmatiques et opérationnels
définissant les menaces et les mécanismes visant à les combattre. Ces instruments cognitifs,
prévisionnels et capables d’être opérationnalisés se structurent autour des socles et référents
afropolitains pour inscrire ces acteurs continentaux dans une perspective d’autonomisation
stratégique et opérationnelle dans le traitement des crises et conflits fragilisant le continent sur les
plans politique, militaire et sécuritaire. En analysant ainsi les configurations actancielle et
opérationnelle de ces menaces de grande ampleur à la sécurité et à la souveraineté au Cameroun,
à travers les modèles de la polémocène et de l’irénocène, on peut observer quelques points saillants
qui permettent de comprendre la posture camerounaise dans la gestion de la sécurisation de l’Etat.
Il s’agit notamment d’un comportement stratégique postulant le primat des solutions nationales
dans le management des questions sécuritaires internes d’une part (I), et des choix stratégiques
traduisant une forme de régionalisme sécuritaire afropolitain comme technologie pacificatrice et
sécurisatrices (II).

I- DU PRIMAT DES SOLUTIONS NATIONALES DANS LE TRAITEMENT DES


QUESTIONSSECURITAIRES INTERNES

La gestion des questions sécuritaires et le traitement des situations de forte dégradation de la sécurité
au Cameroun ont toujours fait l’objet d’une prise en charge interne dans une dimension
prévisionnelle et curative. De l’analyse des dispositions pertinentes des instruments cognitifs

14 Gaulme, François. « Saïbou Issa. Les coupeurs de route. Histoire du banditisme rural et transfrontalier dans le bassin
du lac Tchad », Afrique contemporaine, vol. 239, no. 3, 2011, pp. 157-159.
15 Issa, Saibou. « La prise d’otages aux confins du Cameroun, de la Centrafrique et du Tchad : une nouvelle modalité du

banditisme transfrontalier », Polis/R.C.S.P./C.P.S.R., Vol. 13, Numéros 1-2, 2006, p. 126.


16 Machikou, Nadine. « Utopie et dystopie ambazoniennes : Dieu, les dieux et la crise anglophone au Cameroun »,

Politique africaine, vol. 150, no. 2, 2018, pp. 115-138.


17 Owona Wolfgang, Fernand Jr. La dynamique politico-diplomatique et sécuritaro-stratégique du traitement de Boko

Haram comme menace à la sécurité au sein des Etats de la CBLT : la prédominance des approches réalistes face à une
menace phénoménologiquement holiste, Institut des Relations Internationales du Cameroun, Thèse de Doctorat-
PhD. en Relations Internationales, 2019.
18 Koungou, Léon. « Piraterie et insurrections dans le golfe de Guinée », Politique étrangère, vol., no. 2, 2018, pp. 117-129.
constituant ce qui pourrait être considéré la politique nationale de défense et de sécurité de ce pays19
telle que la loi sur la défense nationale de 1967 20, et d’autres éléments synoptiques 21 , on peut
observer la manifestation d’une volonté forte de formuler des dispositifs propres pertinents à l’effet
d’assurer la sécurité et la défense du pays. Des ressources politiques, aux ressources économiques en
passant par les ressources normatives, opérationnelles et humaines, le Cameroun privilégie d’abord
l’usage des moyens nationaux de réponse, une attitude stratégique qui traduit le primat de
l’approche nationale dans le management des épisodes de dégradation de la sécurité sur le plan
interne. Ce primat s’illustre dans la consécration politique et stratégique pertinente de la gestion des
préoccupations et des menaces sécuritaires usuelles sur le plan interne A), et dans la gestion de
certains problèmes de fragilité sécuritaire (B) 17.

A- DU PRIMAT DE L’APPROCHE NATIONALE DANS LA GESTION DES


ET MENACES SÉCURITAIRES USUELLES

Comme tout Etat faisant face à des problèmes de sécurité, le principe de la réponse nationale
apparait comme un truisme, une évidence, puisque l’un des éléments les plus importants de la
statolité c’est la capacité pour chaque Etat d’assurer la gestion de sa sécurité par ses propres moyens.
Face aux menaces à la sécurité de l’Etat et des populations usuelles d’ordres divers, le paradigme du
primat de l’approche nationale a permis au Cameroun de gérer avec un certain succès nombre de
problèmes. C’est ainsi qu’on peut observer l’illustration de cette option dans la formation des
ressources humaines des forces armées et de police dédiée à la gestion des crises (1), et Ia maitrise
du phénomène des coupeurs de routes (2).

1- La formation des ressources humaines des FDS dédiées à la gestion des crises

La formation au Cameroun des ressources humaines des forces armées africaines et de l’océan
indien est motivée par trois principaux enjeux stratégiques importants (a) et se décline dans une
perspective afropolitaine claire (b).

a- Des enjeux stratégiques de l’afropolitanisme dans la formation des ressources humaines

Les enjeux stratégiques de la construction et de la constitution d’un appareillage logistique


dédié à la formation des personnels des forces de défense et de sécurité au Cameroun se structurent

19 Hameni Bieuleu, Victorin. Politique de défense et sécurité nationale du Cameroun, Paris, Harmattan, 2012, 519 p.
20 Il s’agit de la Loi n°67/LF/9 du 12 Juin 1967 portant organisation générale de la défense.
21 Il s’agit entre autres des discours présidentiels, des diverses lois et règlementations spéciales encadrant et

déclinant la vision camerounaise en matière de sécurité et de défense. 17 Il s’agit ici des forces de défense nationale
ou forces de type martial.
autour de deux principaux enjeux. Ces enjeux sont sur les plans interne et international. Sur le plan
interne on peut évoquer l’acquisition des expertises professionnelles et académiques. Les Forces de
défense et de sécurité sont formées au sein d’un réseau d’écoles et de centre d’instruction à tous les
niveaux des enseignements militaire et sécuritaire22. Sur le plan international, l’enjeu se décline en
termes de recherche de l’intérieure, les voies et moyens d’un rayonnement international de
Yaoundé, notamment aux niveaux régional et sous-régional. Ces tendances afropolitaines de
formation empruntent des voies précises.

b- Des tendances afropolitaines de Yaoundé dans la formation des ressources humaines des
armées

Historiquement les formations en spécialisation et de perfectionnement des forces de défense


camerounaises s’est souvent faite dans les académies internationales à travers un dense réseau de
partenariat en matière de défense et de sécurité. Cependant, le Cameroun essaie depuis quelques
dizaines d’années d’inverser la tendance à cette dépendance extérieure en empruntant deux
principale voies. La première consiste en la redéfinition des curricula et des programmes dans écoles
nationales existantes à travers des mises à jour où sont désormais prises en compte des
préoccupations relatives à la gestion des crises et des conflits, voire des situations d’urgence diverses.
La seconde quant à elle obère par la création d’écoles et centre d’excellence au plan national ou des
formations de spécialisation et de perfectionnement sont menées. Dans cette seconde optique, on
peut citer la montée en puissance du Cour Supérieure Interarmées de Défense depuis 2005 devenu
l'Ecole Supérieure Internationale de Guerre (ESIG) avec l’aide technique de la coopération Française
ayant formé des auditeurs issus d’Afrique, d’Amérique, d’Europe , d’Asie et de l’Océan Indien, ou
encore l’Ecole Internationale des Forces de Sécurité (EIFORCES) créée le 22 Mai 2008, qui forme
les force de défense, de sécurité et des civils sur des thématiques relatives à la paix , la sécurité et
l’assistance humanitaire telles que : la protection des civils, la lutte contre le terrorisme la
gouvernance sure, la criminalité transfrontalière, la protection des personnes vulnérables en
situation de crise et de conflit, la négociation et la médiation dans les opérations de soutien à la
paix... Ce choix de Yaoundé de réduire sa dépendance extérieure dans le domaine de la formation
militaro-sécuritaire, s’est aussi observé aussi dans les options de conduite d’opérations strictement
nationales dans la lutte contre le phénomène criminel des coupeurs de route.

22Susnjara,Philippe. « Révolution dans les affaires militaires africaines », Revue Défense Nationale, 2016/7 (N° 792),
p. 38-42.
2- La gestion du phénomène criminel des coupeurs de routes

Les coupeurs de route sont des groupuscules d’hommes armés interceptant les voyageurs dans
le but de les dépouiller de leur argent et de certains biens à valeurs économique et financière
importantes. Communément appelés zarguinas par les populations des trois régions septentrionales
du pays, le phénomène des coupeurs de route a constitué une menace importante à la sécurité pour
les particuliers et le développement du commerce entre le Cameroun, et trois de ses principaux
voisins, à savoir le Tchad23, le Nigéria et la République Centrafricaine. Par le développement d’une
approche combinant la création et la coordination des moyens sécuritaires étatiques et les
dynamiques participatives impliquant les mêmes communautés locales à travers des mesures
vigilantistes, la menace fut fortement jugulée pas seulement au Cameroun, mais dans l’espace
transfrontalier tout entier. Les lectures de cette approche permettent de distinguer un traitement
national de la menace qui obère à une dynamique qui opère d’abord par la mobilisation des forces
gouvernementales (a) et ensuite par l’application d’une approche civilo-militaire qui s’appuie sur les
communautés locales (b).

a- De la mobilisation des forces nationales face à une menace transnationale


Les exactions commises par les bandits transfrontaliers que sont les coupeurs de route, sont
nombreuses. Si les populations locales se sentent particulièrement ciblées par ces hordes de criminels
et de bandits transfrontaliers24 , qui ont étendu leurs activités au vol de bétail 25 dans un espace
couvrant près de quatre régions du pays, force est de constater que la riposte gouvernementale s’est
construite autour d’une stratégie ayant porté des fruits. Cette situation permet non seulement de de
mener des actions impliquant la gendarmerie nationale, à travers les démembrements de la routière,
mais aussi à mettre sur pied une unité spécialisée au sein de l’armée de terre. C’est dans ce contexte
qu’émerge le Bataillon Léger d’Intervention (BLI)26, ancêtre du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR),
dont les résultats opérationnels appréciables ont permis de traiter la menace avec plus d’efficacité.

23 Issa, Saïbou. « L'embuscade sur les routes des abords sud du Lac Tchad », Politique africaine, vol. 94, no. 2, 2004, pp. 82-
104.
24 Issa, Saïbou. « La prise d’otages aux confins du Cameroun, de la Centrafrique et du Tchad : une nouvelle modalité du

banditisme transfrontalier », Polis/Revue Camerounaise des Sciences Politiques, Vol. 13, 2007, N° 1-2.
25 Lire L’Œil du Sahel (n° 228 du 26 février 2007), dont la une titre : « Insécurité, les Mbororo fuient le Grand Nord, ils

ne se sentent plus protégés par le gouvernement. ».


26 Cette unité spéciale de l’armée camerounaise développée sur le modèle et les curricula de certaines forces spéciales

israéliennes a été créée en 1999 par le Président Paul Biya pour gérer cette menace en combinant les approches
sécuritaires et militaires tout en étant aidée par la population et les autres Unités des forces de défense lui fournissant
du renseignement. En 2001, cette unité spéciale change de nom et devient le Bataillon d’Intervention Rapide tout en
améliorant sa spécialisation fonctionnelle et logistique face à d’autre défis militaro-sécuritaires.
L’approche camerounaise dans une logique complémentaire a aussi mobilisée les paradigmes civilo-
militaires dans le traitement de la menace.

b- De la mobilisation des approches civilo-militaires par l’association des populations locales

L’afropolitanisme camerounais dans le traitement des menaces intérieures à la sécurité se base


abondamment sur la mobilisation d’une coopération entre le gouvernement et les populations
civiles, notamment des diverses communauté locales présentes sur les théâtres. Dans le traitement
de la menace les chefs locaux que sont les lamibé27, les lawanes et les djaouro28 , ou encore des
notabilités telles que les ardo voire les des émanations communautaires comme le Poulaako ont
favorisé la circulation de l’information et la dénonciation des coupables de ces pratiques ayant
entrainé une importante répression. Si les dénonciations faites par les communautés locales ont été
décisives, elles ont aussi souvent épargné certaines notabilités des coins du fait de leur pouvoir
financier et de leur influence sur la communauté. C’est dans cette perspective qu’il a été observé
qu’:« une multitude de commerçants ful’bé ou kambari’en (musulmans anciens autres que peuls :
Bornouans et Hausa) qui soit se dérobèrent, soit n’acceptèrent de faire amende honorable de leurs
forfaits que dans le secret du palais du lamido, loin de la foule »29. Ces actions sont aussi menées
dans une dimension communautaire en favorisant la dénonciation et/ou le pardon au sein de la
communauté à l’effet d’éviter une dénonciation auprès des autorités gouvernementales. En dehors
des notabilités traditionnelles peuhles ou « peuhlisées », les chefs traditionnels d’autres groupes
ethniques se sont aussi illustrés dans l’incitation des populations à fournir le renseignement aux
autorités militaro-sécuritaires à l’effet de faciliter la lutte contre cette forme de criminalité qui a porté
un sérieux coup à la sécurité et au développement du commerce transfrontalier. Dans la lutte contre
les coupeurs de routes, le renseignement issu des populations et des notabilités locales a constitué
l’un des éléments décisifs utile pour freiner le développement de cette menace, et consacre ainsi la
dimension fortement vigilantiste de cette dernière et le triomphe du duopole armée-Nation comme
vecteurs cognitifs importants dans la politique de défense et de sécurité nationale du Cameroun.
Cet exemple illustre à suffisance la combinaison des moyens étatiques et populaires conjugués en
bonne intelligence entre les deux catégories d’acteurs pour venir à bout d’une menace armée

27 Pluriel de lamido, chef traditionnel et religieux local dirigeant un lamidat. Ils sont généralement Peuhls, mais pas toujours.
28 Les Lawane et Dajouro sont chefs territoriaux selon des divisions précises au sein d’un lamidat. Le Lawane a préséance sur
le Djaouro qui renvoie de manière explicite à un chef de quartier.
29 Seignobos, Christian. « Le pulaaku, ultime recours contre les coupeurs de route. Province du Nord au Cameroun »,

Afrique contemporaine, vol. 240, no. 4, 2011, pp. 11-23.


mettant en danger l’Etat et ses populations. Cette dynamique s’observe aussi dans la gestion des
situations de fragilité sécuritaire sur le plan interne.

Figures 4 and 5: La sécurocène dans la lutte contre les coupeurs de route au Cameroun : acteurs et
Logiques sécurisatrices

B- DANS LA GESTION DE CERTAINS PROBLÈMES DE FRAGILITÉ SECURITAIRE

La mobilisation et l’implication des forces de défense et de sécurité dans la gestion de la fragilité


a toujours été une option pertinente et efficace empruntée par les Etats, et le Cameroun n’échappe
pas à cette règle générale. Cette option se justifie notamment par la possession par ces dernières
d’expertises et de moyens logistiques adéquats susceptibles d’être mobilisées pour apporter le
secours nécessaire au traitement de diverses menaces à la fragilité sécuritaire. Cette dynamique se
matérialise dans la gestion de certaines catastrophes relevant de du domaine de la protection civile 30
(1) et du traitement des crises politico sécuritaires internes, notamment de la crise dites anglophone
au Cameroun (2).

1- La gestion de certaines crises et catastrophes relevant de la protection civile


Dans les politiques de préservation de la sécurité publique et nationale, les approches auto-
centriques choisies par le Cameroun ont toujours porté des fruits. En effet, l’un des champs
d’expression de cette option pertinente est la gestion de certaines catastrophes relevant de la

30Saha, Frédéric, et al. « Production des risques dits « naturels » dans les grands centres urbains du Cameroun », Natures
Sciences Sociétés, vol. 26, no. 4, 2018, pp. 418-433.
protection civile. Dans cette catégorie, la gestion des catastrophes du Lac Nyos et de Nsam dans
une perspective de légère ouverture (a), montre cette propension nationale à peu s’exposer à la
dépendance extérieure, notamment dans la gestion de l’explosion d’un dépôt de munitions dans la
capitale (b).

a- La gestion des catastrophes du Lac Nyos et de Nsam dans une perspective de légère
ouverture
Si la gestion de la catastrophe du Nyos avait fait de milliers de morts et les secours avait été
menées de façon inefficace, notamment du fait d’une réponse institutionnelle peu adéquate et
déficiente, la gestion de deux catastrophes impactant la sécurité humaine et la sécurité militaire vont
révéler une amélioration des réponses face à ce type de catastrophes31. Il s’agira de la catastrophe
de Nsam en Février 1998, et l’explosion de la poudrière au quartier général dans la ville de Yaoundé,
capitale du pays. La catastrophe de Nsam débute le 14 février 1998, où deux citernes de la société
ferroviaire nationale sont renvoyées à la gare de Mvolyé suspectant la présence d’hydrocarbures de
nature frauduleuse sur le site de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP). La chute
desdites voitures contenant du carburant ayant entrainé l’écoulement de plus de la centaine de
milliers de litres, puis attiré des milliers de populations pauvres qui vinrent pour s’approvisionner
de manière frauduleuse du liquide, au mépris des règles de sécurité favorisé par le caractère poreux
de la barrière de protection des installations de la SCDP au point d’arrêt ferroviaire de Mvolyé. Si
l’incendie entraina directement les pertes en vies humaines de plus de 250 personnes, force est de
constater que la mobilisation populaire des riverains 32 conjuguée à l’action des éléments de la
protection civile et des forces de défense et de sécurité ont pu freiner la spirale incendiaire et permis
le transport des personnes brulées. Si au cours de cette catastrophe le Cameroun a bénéficié de la
coopération internationale, notamment française pour mener les secours, il est important de noter
que le gros des actions a été mené par des acteurs nationaux de types institutionnels et non étatiques.
Cette catastrophe qui a montré les vulnérabilités des mécanismes de sécurisation du transport et de
l’entreposage des hydrocarbures a permis au gouvernement camerounais de sécuriser davantage ces
derniers en essayant d’éloigner au maximum les populations des lieux d’entreposage des réserves

31 Plusieurs mesures normatives et institutionnelles ont permis de combler les lacunes nationales en la matière. Il
s’agit notamment de la signature du décret n° 98/031 du 9 mars 1998 portant organisation des plans d’urgence et
des secours en cas de catastrophe ou de risque majeur, la mise sur pied du Conseil National de la Protection Civile
l’affinement des plans d’Organisation des secours (ORSEC) qui précisent et améliore la coordination des réponses
étatiques, et la sensibilisation populaire aux mesures de secourisme diverses à travers les actions publiques et de
certaines ONG.
32 Molo,Brice. « Une géohistoire des catastrophes rumorogènes au Cameroun : les éruptions limniques de Njindoun et

Nyos, 1984-1986 », Géocarrefour, 93/1p. 2019.


de ces liquides inflammables, notamment dans les lieux de transport ferroviaires. Toutefois, ils ne
demeurent pas infaillibles. Cette dynamique endogène a aussi été mobilisée dans la gestion des
catastrophes anthropiques relevant de la sécurité militaire.

b- La gestion de l’explosion d’un dépôt de munitions

Dans la nuit du 10 au 11 février 2001, croyant à un putsch militaire, les populations des environs
du quartier Ngoa Ekelle sont réveillées par les bruits des déflagrations en provenance du Quartier
Général de l’armée, non loin du Ministère en charge de la défense. Ces bruits d’explosifs
proviennent d’une série d’explosions ayant eu lieu dans la poudrière militaire du Quartier général,
où l’incendie de quelques dépôts de minutions a semé la panique et troublé le moral des populations
riveraines dont certaines avaient déjà opté de quitter la ville sans savoir avec certitude ce qui se
passe. Ce genre d’incident qui dans certains pays entraine les interventions de l’expertise
internationale, au Cameroun a fait strictement l’objet d’un traitement interne sans l’aide d’aucune
puissance extérieure, africaine ou non africaine. Elle traduit ainsi une affirmation importante et
structurante de la souveraineté nationale, et le triomphe d’une vision camerounaise fortement
autocentrée dans la gestion des menaces à la sécurité qui triomphe aussi dans la gestion auto-
centrique des excroissances sécuritaires de la gestion de la crise anglophone.

2- La gestion de la crise politico-sécuritaire dans les « régions anglophones » :

La crise politico-militaire qui sévit dans les régions anglophones, et sa gestion par des moyens
propres par le Cameroun se comprend d’abord à travers ses logiques génétiques et options prises
par le politique pour la traiter (a) et ensuite, par une élucidation des dynamiques opérationnelles
peu ouvertes à l’extérieur qui structurent ce management national (b).

a- Les logiques génétiques et politiques du traitement de la crise

La question anglophone au Cameroun est ancienne et se joue dans la contemporanéité sous le


rythme mélodramatique d’une difficulté à construire un modèle cohérent de vivre-ensemble33 sur
les plans politique et institutionnel entre communautés diverses. Trouvant sa genèse dans la
parenthèse coloniale de la tutelle et des mandats français et anglais sur ce territoire, ancienne colonie
allemande34, d’ailleurs amputé de plusieurs possessions au bénéfice d’autres formations étatiques

33 Avodo Avodo, Joseph. Le préconstruit du vivre-ensemble dans l’espace discursif camerounais. JEYNITAARE. Revue
panafricaine de linguistique pour le développement, 1(1), 2021. En ligne. DOI : 10.46711/jeynitaare.2021.1.1.1
34 Lire Metzger, Chantal. « L’empire colonial allemand. Brève histoire – Longue mémoire », Outre-Mers, vol. 394-395,

no. 1, 2017, pp. 269-301.


riveraines par les vainqueurs des deux guerres mondiales, la construction de la cohésion demeure
un enjeu politique et sécuritaire important dans ce pays. Ce mélodrame de la « compulsion
identitaire »35 avec une sorte de sublimation de la « violence contestataire » par ses entrepreneurs,
aux sons tantôt dissonants, tantôt doux, voire aigus, obèrent depuis 2016 à des accents graves qui
se caractérisent par la manifestation des volontés floues et plurielles oscillant entre sécession,
fédération, confédération voire même du maintien du statu quo. Face à cette brume de besoins
centrifuges, centripètes et désordonnés, le Président de la République du Cameroun optera pour le
choix raisonnable de l’accélération et de l’approfondissement de la décentralisation camerounaise36,
comme voie idoine pour préserver l’unité de l’Etat37. Cependant, cette voie n’a pas pu empêcher
les radicalismes identitaires construis sur des fondements exogènes à visées indépendantistes à opter
pour des modalités de lutte mobilisant à la fois la guérilla et le terrorisme, voire de la désobéissance
civile par les villes mortes de la part de certains protagonistes non étatiques de cette crise.

b- Les dynamiques opérationnelles peu ouvertes à l’extérieur :

Tout en prônant les valeurs unificatrices dans la diversité et le caractère hétérogène de la société
camerounaise de par ses composantes sociologiques, anthropologiques en essayant de concilier le
passé, le pouvoir de Yaoundé opte pour une approche mobilisant le duopole armée-nation pour
vaincre dans une perspective contre-insurrectionnelle les chefs sécessionnistes38 les plus radicaux.
On peut observer que ces derniers se sont davantage repliés dans les Forêts du Labialem, du Boyo
et les plaines de la Mezam et d’autres terrorisant les populations par des attaques sporadiques
associées au développement de la terreur qui massacrent femmes et enfants, pillent les récoltes et
développent le trafic illicite de substances psychotropes. Cette approche civilo-militaire qui obéit à
une logique de nexus paix-sécurité et développement, permet aux forces de défense et de sécurité
nationales de gagner le cœur des populations qui malgré la terreur, réussissent à collaborer avec les
forces gouvernementales, résolues à ne céder aucun pan du territoire national à des sécessionnistes.
Il est à noter que cette approche civilo-militaire est favorisée par les dispositifs de pardon mis en

35 « Dialogue entre Jacques Derrida, Philippe Lacoue-Labarthe et Jean-Luc Nancy », Rue Descartes, vol. 52, no. 2, 2006,
pp. 86-99.
36 Owona, Joseph. La décentralisation camerounaise, Yaoundé, l’Harmattan, 2011.

37 Après l’organisation du grand dialogue national le… il promulgue dans la foulée de son vote le 24 décembre 2019 la

Loi portant code Général des Collectivité Territoriales décentralisées.


37Parmi les chefs terroristes et sécessionnistes neutralisés par les forces camerounaises, on peut citer : entre autres

Field Marshall, General Idi Amin Dada of Momo, General Obi of Muyuka, General Andrew of SOCADEF, General Spirito
of Momo, General Cross and die of Mankon, General Shina of Bambalang, General Koraman of Bali et plusieurs
dizaines d’autre
place par le Gouvernement, et les divers plans de reconstruction et d’aménagements 39 de ces zones
à l’économie substantiellement affectées 40 . Ce choix de l’auto-centrisme sécuritaire manifesté à
plusieurs égards, et face à plusieurs évènements mettant en danger la sécurité interne, des
populations et l’intégrité territoriale permet d’opiner que les logiques du leadership national
constituent le paradigme dominant du management de la sécurité et de la défense au Cameroun
dans la gestion des problèmes strictement internes. Son choix dans la crise anglophone est
spécifiquement visible dans les transactions avec les sécessionnistes et l’offre de paix de l’Etat faites
à ces entrepreneurs de la violence.
De la lutte contre les formes usuelles de criminalité, aux politiques de protection civile en
passant par les menaces à visée désintégratives, les forces inspirantes et les forces agissantes de la
sécurisation de l’Etat et de ses populations se construisent autour de la primauté de la volonté
nationale et des moyens nationaux, de la mobilisation rationnelle et stratégique des référentiels
cognitifs et opérationnels tel que le concept défense populaire 41 sémantiquement proche de la
grande stratégie de Basil Lidell Hart. Pour cet auteur : « le rôle de la grande stratégie consiste en
effet à coordonner et diriger toutes les ressources de la nation ou d’une coalition afin d’atteindre
l’objet politique de la guerre, but défini par la politique fondamentale. »42 ; le couplage des
approches martiales aux approches économiques dans la gestion des crises et des menaces, et enfin
la méfiance envers les solutions extérieures qui ne sont pas totalement exclues, le Cameroun
demeurant un Etat ouvert sur plusieurs plans, mais davantage plus précautionneux sur le
management de ses difficultés sécuritaires. Ce kérygme stratégique comportemental de l’Etat du
Cameroun trouve aussi son expression dans les dynamiques du régionalisme sécuritaire.

II- DU CHOIX STRATÉGIQUE DU RÉGIONALISME SÉCURITAIRE COMME


TECHNOLOGIE PACIFICATRICE

Au niveau africain, la figure du régionalisme sécuritaire émerge avec l’architecture de paix et de


sécurité africaine (APSA), portée par l’institution faitière de l’intégration du Continent Noir visant
principalement à « donner un contenu concret à la « culture de la paix » qui représente une aspiration
forte pour l’ensemble de leurs peuples, a l’effet de permettre à l’Afrique l’occasion de capitaliser une

39 Augé, Axel, et Christel Dior Tamegui. « Le Génie militaire au Cameroun. Une force duale pour l’aménagement du
territoire et le développement », Revue internationale des études du développement, vol. 245, no. 1, 2021, pp.
201223.
40 L’offre de pardon offerte dans la foulée du grand Dialogue national de septembre 2019, est accompagné de la mise

en place du CNDRR et l’adoption des plans de reconstruction des zones fortement touchées par les menaces
sécuritaires, et un décret du premier Ministre faisant de ces trois régions des zone économiques sinistrées.
41 Lire Kotoko, Mahamat Ahmed. La défense populaire au Cameroun : comprendre un concept, Yaoundé, l’Harmattan, 2020.
42. Liddell Hart, Basil H. Stratégie, Perrin, 1999, p. 394
expérience non négligeable « dans la quête collective de recherche de solutions durables aux conflits
» 43 . Dans cet enchevêtrement d’acteurs mondialisés et régionalisés, le Cameroun se positionne
comme un acteur dont la rationalité stratégique se structure autour de la vision de son leader pour
qui : « le Cameroun doit déployer toute l’énergie dont il est capable pour contribuer au renforcement
de l’unité africaine aux niveaux continental, régional et sous régional » 44 . Elle s’observe
particulièrement dans la participation aux actions relevant du régionalisme sécuritaire tant au niveau
continental de manière générale qu’au niveau sous régional. Cette rationalité laisse notamment
entrevoir la prépondérance d’une approche auto-centrique à travers une perspective afropolitaine
où triomphe le local contain stratégique entendu comme la construction et implémentation d’une
capacité propre à fournir des moyens et des effort susceptibles d’être contrôlés par l’Etat dans
l’optique d’influer de manière significative sur les dispositifs politiques, juridiques et opérationnels
de la paix et la sécurité à l’international, et en l’occurrence aux solutions régionales et/ou sous
régionales. Cette manifestation d’une tendance à une forme de comportementalisme stratégique
afropolitain dans l’engagement de Yaoundé dans le traitement des crises et conflits régionaux
violents démontre un tropisme vers une orientation stratégique afropolitaine du régionalisme
sécuritaire dans la gestion des menaces sécuritaires continentale (A) et une orientation similaire dans
le traitement des menaces transnationales sur le plan sous régional(B).

A- DE L’ORIENTATION STRATÉGIQUE AFROPOLITAINE DU RÉGIONALISME SÉCURITAIRE


DANS LA GESTION DES MENACES AU NIVEAU CONTINENTAL

Malgré les controverses et clivages du régionalisme sécuritaire africain45, l’APSA apparait comme
le dispositif par excellence formulé par l’ensemble des Etats de l’Union Africaine dans le but de
préserver la paix et la sécurité sur le continent. Dans cette institutionnalisation de la gouvernance
sécuritaire en Afrique46, la participation du Cameroun aux mécanismes régionaux de construction, de
consolidation et d’opérationnalisation de l’APSA s’inscrit dans une perspective afropolitaine qui
traduit une volonté forte de Yaoundé de prendre part à toutes les étapes et faits relatifs à la
construction des solutions africaines au niveau continental. Cet afropolitanisme sécuritaire du

43 Lecoutre, Delphine. « Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, clef d'une nouvelle architecture de stabilité en
Afrique ? », Afrique contemporaine, vol. 212, no. 4, 2004, pp. 131-162.
44 Biya, Paul. Pour le libéralisme communautaire, , Editions Pierre Marcel-Favres, 1988, 158p.

45 Borella, François. « Le régionalisme africain et l’Organisation de l’Unité Africaine ». In : Annuaire français de

droit international, volume 9, 1963. pp. 838-865


46 Augé, Axel. « Les réformes du secteur de la sécurité et de la défense en Afrique sub-saharienne : vers une

institutionnalisation de la gouvernance du secteur sécuritaire », Afrique contemporaine, vol. 218, no. 2, 2006, pp. 49-67.
Cameroun se joue davantage dans la boite noire 47 des formulations de solutions politiques et
diplomatiques par les instances habilitées, et dans la fourniture des troupes sur le plan opérationnel
pour soutenir toute entreprise sécurisatrice et pacificatrice en Afrique. Cela est particulièrement visible
dans la participation active à la construction de l’architecture de paix et de sécurité africaine (1) et
dans l’opérationnalisation des initiatives de soutien à la paix de l’Union (2).

Figure no 1 : Composantes de l’architecture africaine de paix et de sécurité au niveau de l’Union


africaine Source : https://op.europa.eu/webpub/eca/special-reports/apsa-20-2018/fr/

1- De la participation active à la construction de l’Architecture de Paix et de Sécurité Africaine


(APSA)

Dans ses politiques de projections internationales au niveau continental, Yaoundé se positionne


comme un acteur essentiel de la sécurité en Afrique. Ce statut se conforte notamment par la
mobilisation rationnelle de son appareil diplomatique au service de la préservation de la paix et de
sécurité collective sur le continent, et des théâtres de son expression, notamment sur le plan
institutionnel au sein des divers organes de l’Union Africaine 48 . Pour mieux comprendre le

47La référence à la Boite Noire renvoie ici au fonctionnement des instances et organes africains chargés de fabriquer
les décisions susceptibles d’être prises par l’Union à l’effet d’engager une operation de nature militaro sécuritaire et
les diverses initiatives à la paix. Il s’agit entre autres du sommet des Chefs d’Etats et de gouvernement, du Conseil de
paix et de sécurité, et éventuellement du Commissariat en charge des Affaires politiques, de la paix et de la sécurité
(PAPS)
48 Bedzigui, Yann. « Les mutations de la sécurité collective de l’Union africaine », L’Académie des sciences morales

et politiques éd., Annuaire français de relations internationales. 2021. Éditions Panthéon-Assas, 2021, pp. 257-
275.
positionnement du Cameroun au sein de ce dispositif régional, il importe d’abord de comprendre
brièvement l’APSA (a), et ensuite de mettre en lumière les dynamiques comportementales proprement
dites de Yaoundé au sein de cet instrument de la gestion de la sécurité collective sur le Continent
Africain (b).

a- De l’essence de l’APSA

Comme dispositif régional de gestion de la paix et de la sécurité sur le continent africain, l’APSA
est un dispositif structuré autour de quelques principaux points. A l’observation, trois principales
instances structurent l’armature de l’architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine, il s‘agit
entre autres de de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, du Conseil de Paix et de sécurité
et du Commissariat à la paix et à la sécurité. L’activisme diplomatique de Yaoundé lui permet de
participer pleinement aux différentes sessions de deux principaux organes à savoir le Sommet et le
Conseil de paix et de sécurité où sa récente réélection en février 202249 comme membre permanent
constitue la constance de l’importance stratégique de cette instance qui élabore les mécanismes visant
à définir les solutions africaines au sein de APSA.

b- De la participation camerounaise au sein de l’APSA

Comme plusieurs Etats du Continent, la participation du Cameroun peut se comprendre à travers


quelques lignes de forces qui permettent de déceler l’importance et le positionnement de Yaoundé au
sein de ce dispositif régional africain. C’est à juste titre que le paradigme dominant de sa participation
est visible à travers la diplomatie de présence50 qui s’exprime aux travaux du CPS, notamment à tous
les types de sessions, celles des Chefs d’Etats et de Gouvernements comme celles liées aux travaux
ministériels et des experts, il participe à la construction et l’élaboration des solutions afropolitaines au
diverses crises et conflits sur le continent. Ceci observe précisément à travers :

• L’élaboration des solutions devant conduire à la mutation le 25/03/2022 de la Mission de


l’Union Africaine en Somalie (AMISOM) en Mission de Transition de l’Union Africaine en
Somalie (ATMIS) lors de la 1068ème réunion Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA à la suite
de l’autorisation du Conseil de Sécurité des Nations Unies51 ;
• La récente XVIe Session du Sommet Extraordinaire de l’Union Africaine sur le terrorisme et les
changements anticonstitutionnels de gouvernement à Malabo en Guinée Equatoriale du 25 au
28 Mai 2022 ayant pris une déclaration réitérant :

49 Le Cameroun a été réélu en février 2022 comme membre permanent du CPS pour le compte de l’Afrique Centrale
50 La « diplomatie de présence » est un des fondements de la politique étrangère du Cameroun.
51 Autorisation donnée à travers la Résolution no S/RES/2628 (2022).
- l’« engagement à promouvoir le constitutionnalisme, les principes de séparation des
pouvoirs et d'indépendance du pouvoir judiciaire, la promotion du pluralisme politique
avec la pleine participation des citoyens, conformément à la Charte africaine sur la
démocratie, les élections et la gouvernance (ACDEG) et à la Déclaration de l'Union sur les
principes régissant les élections démocratiques (…) »52 ;
- Outre cette position de principe, cette instance appelle à une opérationnalisation complète
de la Force africaine en attente (FAA), et pose l'impératif d'un financement adéquat des diverses
politiques de sécurité continentales et de lutte contre le terrorisme, sans oublier la capacitation
des experts de l’Union.

Ce comportement qui traduit une certaine forme de marque spécifique, est constitutif de l’ADN
du comportement stratégique du Cameroun dans toutes les dynamiques sécuritaires historiques et
actuelles où la recherche de solutions nationales apparait comme le kérygme de son action. C’est
dans cette dynamique que s’inscrit aussi sa participation à l’opérationnalisation des initiatives de
soutien à la Paix de l’Union africaine.

2- De l’opérationnalisation des initiatives de soutien à la paix de l’Union Africaine

Les initiatives de soutien à la paix de l’Union Africaine du point de vue terminologique


renvoient à la terminologie mobilisée pour l’Union africaine à l’effet de promouvoir et de faciliter
la préservation de la paix et de la sécurité sur le Continent sur le plan opérationnel. Elle est le
pendant continental des opérations de maintien de la paix sous la bannière onusienne, au niveau
africain et découlent d’une application d’un principe de subsidiarité qui permet aux organisations
régionales de construire sous l’autorisation du Conseil de Paix et de Sécurité des Nations Unies des
opérations permettant de préserver la paix et la sécurité en leur sein ou sur le territoire d’un ou de
plusieurs Etats membres. Elles connaissent plusieurs contraintes opérationnelles (a) qui n’empêchent
par le Cameroun de pouvoir participer à l’élaboration et l’opérationnalisation de ces dernières (b).

a- Les contraintes des initiatives de soutien à la paix

Les initiatives de soutien à la paix de l’Union Africaine connaissent plusieurs contraintes, tant
le continent fait face à plusieurs menaces qui empêchent ces dernières de fonctionner de manière
optimale. L’un des points faibles des mécanismes africains de préservation de la paix et de la sécurité
collective en Afrique a toujours été l’opérationnalisation des solutions et intentions formulées par

52Union Africaine, XVIème session extraordinaire de la conférence de l'union africaine sur le terrorisme et les
changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique, Déclaration sur le terrorisme et les changements
anticonstitutionnels de gouvernement, Malabo le 29 Mai, 2022.
les acteurs politiques et diplomatiques, tant celles-ci sont sujettes à moult contraintes, notamment
financières ; techniques et logistiques… Cependant, ces contraintes ne sont pas des obstacles
infranchissables dans la mesure où les Etats africains pourraient davantage fournir d’efforts en ce
sens. C’est notamment le cas du Cameroun dont la participation opérationnelle pourrait être
examinée.

b- La participation camerounaise à l’opérationnalisation des initiatives de soutien à la paix


de l’Union Africaine

Le Cameroun fait figure d’Etat modèle dans les dynamiques d’opérationnalisation de l’APSA.
Ce comportement qui vise à construire une sorte de panafricanisme sécuritaire se comprend dans la
mesure où Yaoundé apparait comme l’une des principales places de la sécurité continentale en
Afrique, puisqu’elle a donné son accord pour abriter une des Bases Logistiques de la FAA au
Cameroun (BLC), socle opérationnel de l’APSA et de ses avatars (ici il s’agit d’éventuelles émanations
des instruments sécuritaires des Communautés économiques régionales (CER). Le voyage en 2013
du Général Sekouba Konaté Haut-Représentant de l’Union africaine pour l’opérationnalisation de
la (FAA), vient préciser l’engagement du Cameroun d’abriter la FAA et en 2018,
l’opérationnalisation du site de la BLC est entamée de fait par la signature du Ruban symbolique y
relatif par le Chef du Gouvernement Camerounais Philémon Yang qui précisera le 05 janvier 2018
: « cette infrastructure devra soutenir les militaires africains en attente de déploiement rapide,
dans une zone précise, en temps de crise »53 . Cette posture est aussi visible à travers l’accueil sur
son sol par le Cameroun de certains dispositifs régionaux en matière de sécurité et de sureté
Maritime. En acceptant que certaines institutions de l’Architecture de Yaoundé sur la sécurité et la
sureté maritimes soient sur son sol et en assurant aussi le fonctionnement d’une bonne partie de la
logistique, le Cameroun participe de manière active à la construction et à l’implémentation des
dispositifs régionaux de sécurité et de sureté maritime en Afrique, notamment au sein du Golfe de
Guinée. Dans l’opérationnalisation des centres de surveillances, la localisation géographique au
Cameroun du Centre Interrégional de Coordination et du Centre multinational de Coordination de
la Zone D participent de cette logique.

53Propos du Chef du Gouvernement Camerounais lors de l’inauguration et de la cession de la base logistique à l’Union
Africaine.
Figure no 2 : Architecture de Yaoundé
Source : https://www.gogin.eu/architecture-de-yaounde/

Ce comportement afropolitain de Yaoundé s’observe aussi dans la mise en place de la Force


Multinationale Mixte dans le cadre de la lutte contre Boko Haram et l’Etat Islamique en Afrique de
l’Ouest (EIAO), qui au-delà des dynamiques plurielles de l’insécurité dans la région 54 , ont
principalement pour but de favoriser la création d’une forme surannée d’unité politique et
théocratique, à savoir le khalifat pour y imposer l’application d’un islam rigoriste d’inspiration
sunnite. Après l’adoption le 30 août 2018 de la Stratégie de Stabilisation Régionale pour le
Redressement et la résilience (SSRRR) par la CBLT dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les
menaces transnationales et la préservation de l’intégrité territoriale des Etats sur lesquels l’EIAO et
Boko Haram55 ont des prétentions territoriales dans le Bassin du Lac Tchad, le Conseil de paix et de
sécurité (CPS) de l’Union africaine donne son quitus à son implémentation qui conduit à la mise sur
pied de plusieurs bases de cette dernières dans les pays faisant face à la menace. Cet instrument issu
des consultations élargies, dans une approche participative impliquant les acteurs continentaux (UA
et CBLT) et extra-continentaux (Agence onusiennes et ONG), dispose dans sa composante militaire
en 4 secteurs, dont le secteur no 1, situé en dans la ville de Mora en République du Cameroun.

54Wassouni F. & Gwoda A. Boko Haram au Cameroun : dynamiques plurielles, (Dir.), Editions Peter Lang S.A., , 2017.
55Courtin, Nicolas. « Comprendre Boko Haram. Introduction thématique », Afrique contemporaine, vol. 255, no. 3, 2015,
pp. 13-20.
FIgure no 4 : Emplacement des bases de la Force Multinationale Mixte
Figure no 3 : Les 9 piliers de la SSRRR
Source : https://adf-magazine.com/fr/2018/04/une-region-se-rallie/
Sourcehttps://cblt.org/strategie-de-stabilisation-regionale/

Dans la lutte contre le terrorisme et les diverses menaces à la criminalité transfrontalière, le


comportement afropolitain du Cameroun dans sa participation à la FMM qui compte 8700 hommes
par la mise à disposition de cette base vas au-delà de l’institutionnel en ce sens que les populations
riveraines camerounaises participent à travers la fourniture du renseignement et le développement
des comités de vigilance56 pour alerter les autorités sur la présence et les actions des terroristes et
des criminels. Dans ce théâtre, la polémoscène et l’irénoscène laissent entrevoir une action
conjuguée des forces plurielles de types national et internationales, et de types étatiques et non
étatiques qui en synergies participent à renforcer la résilience contre les menaces et consacre ainsi la
politique de sanctuarisation face au terrorisme islamiste (voire schémas).

Schéma no 6 : Polémocène du Bassin du Lac Tchad Schéma no 7 : Irénoscène dans le Bassin du Lac Tchad

56Lire Seignobos, Christian. « Chronique d’un siège. Boko Haram dans le lac Tchad 2015-2016 », Afrique contemporaine, vol.
259, no. 3, 2016, pp. 139-167.
À cet afropolitanisme sécuritaire de Yaoundé au niveau continental, on peut aussi évoquer sa déclinaison
au plan sous-régional.

B- DE L’ORIENTATION STRATÉGIQUE AFROPOLITAINE SUR LE PLAN SOUS RÉGIONAL

L’insécurité en Afrique centrale et dans le Golfe de Guinée, travaillée par le terrorisme, la


criminalité transfrontalière, la piraterie maritimes et autres risques susceptibles de causer des
situations de fragilité, interpelle de manière significative le gouvernement du Cameroun qui à cet
effet dispose quelques instruments en vue d’en assurer la gestion. C’est à juste titre qu’il oriente sa
rationalité vers la recherche des solutions collectives qui permettent de faire triompher les options
africaines tout en tirant essentiellement des rentes immatérielles qui se déclinent davantage en
termes de prestige et de d’exemplarité comportementale dans ces espaces qui recouvrent deux CER
de l’Union Africaine, à savoir la CEEAC, et la CEDEAO. Ces entreprises s’observent dans les actions
sous régionales de pacification et de sécurisation en Afrique centrale (1) d’une part, mais aussi dans
les perspectives programmatiques de la lutte contre l’insécurité maritime dans le Golfe de Guinée
(2).
1- Les entreprises sous régionales de visant à pacifier et à sécuriser l’Afrique centrale

Dans sa participation aux diverses entreprises visant à pacifier et à sécuriser des territoires en
Afrique de manière générale, avec une forte prégnance de son action Centrale et de l’Ouest, le
dynamisme de Yaoundé est visible à travers plusieurs éléments allant de la formation des cadres et
autorités militaires et de police (a), et à une participation accrues aux actions régionales collectives
en matière de sécurité (b).
a- La formation des cadres des forces de défense et de police

L’afropolitanisme sécuritaire de Yaoundé se fonde de manière fondamentale sur la mise à


disposition et l’ouverture de ses centres d’instruction de tous niveaux aux forces de défense et de
police de tous les Etats du Continent désireux d’y former et perfectionner leurs ressources humaines.
Si cette tendance et très visible dans les niveau inferieurs au sein des centres d’instruction de la police
et des centres dédiés à la formation des soldats des forces de défense de la sous-région Afrique
centrale, elle s’observe aussi au niveau des personnels supérieurs. En effet, l’influence du Cameroun
est visible à travers la mise à disposition de l’Ecole Supérieure Internationale de Guerre de Yaoundé
(ESIG), de l’Ecole International des Forces de sécurité (EIFORCES), et de l’Ecole d’Etat-major (EEM)
pour la formation et le perfectionnement des autorités militaires sous régionales, voire au-delà, dans
les sciences martiales et de la sécurité. Cette action se complète aussi dans une participation accrue
aux actions régionales collectives en matière de sécurité et de défense régionales.

b- La participation accrue aux actions de régionales de sécurité collective

En matière de participation aux actions régionales de sécurité collective, le Cameroun figure


parmi des Etats les plus engagés. De la tenue des rencontres sous-régionales visant à lutter contre la
circulation des armes légères, sans oublier d’autres actes aussi importants que la construction de
l’architecture de paix et de sécurité en Afrique centrale, voire le soutien aux initiatives de
préservation de la paix et de la sécurité dans plusieurs Etats de la sous -région. La participation active
à toutes les étapes de l’élaboration de l’Architecture de paix et de sécurité par :
• la production normative57 dans l’élaboration des divers mécanismes de de l’Architecture de
paix et de sécurité en Afrique centrale dans le cadre de la CEEAC ;
• la fourniture des contingents importants à la Mission de Consolidation de la Paix en
Centrafrique (MICOPAX) en 2013 avec plus de 500 militaires, de la Force Multinationale des
États d'Afrique Centrale (FOMAC), et de la Mission internationale de soutien à la
Centrafrique (MISCA) sous bannière africaine, à la Mission multidimensionnelle intégrée des
Nations Unies pour la stabilisation en République Centrafricaine (MINSUSCA) sous bannière
onusienne, dont le commandant fut le Général Camerounais Martin Chomu Tumenta,
accompagné d’un contingent camerounais de plus 1 100 soldats , dont 750 militaires et 350
gendarmes en 2018;
• les divers concours financiers apportés par Yaoundé au Tchad lors du récent dialogue
politique inclusif du mois d’Aout 2022, et à la RCA lors du « Dialogue républicain » de Bangui
en mars 2022. L’assistance en matière de protection civile dans la gestion des catastrophes
en Guinée Equatoriale en à la suite de l’explosion de Bata en 202158.
Loin des tâtonnements diplomatiques des jeunes Etats africains59, on constate que le Cameroun
se trouve en phase avec sa vision d’une Afrique autocentrée dans la recherche des solutions auto-

57 Bagayoko-Penone. Niagalé Et Hours Bernard (Dir.), États, ONG et production des normes sécuritaires dans les pays
du Sud, L’Harmattan, Paris, 2005 ; Jean-Pierre COLIN, « un continent en transition », in l’Afrique dans les relations
internationales, F.R.I., Vol XIII, 2012.
58 Dans ce cadre, le président Paul Biya autorise lundi 15 mars 2021, une mission humanitaire suite à la catastrophe

ayant frappé cet Etat le 7 mars 2021. Elle est essentiellement constituée d’expert militaires en déminage, en santé
militaire et diver dons pour la prise en charge humanitaire des blessés.
59 Ntuda Ebode, Joseph Vincent. « De la politique étrangère des États africains : ruptures et continuités d’une diplomatie

contestée », African Journal of International Affairs, 1999.


centriques face aux problèmes de sécurité dans la sous-région, y compris dans la lutte contre
l’insécurité maritime dans le Golfe de Guinée.

2- Dans la lutte contre l’insécurité maritime dans le Golfe de Guinée

Zone par excellence du développement de plusieurs menaces, la portion nigéro-camerounaise


du Golf de guinées est le lieu d’expression de plusieurs formes de criminalités politiques et
sécuritaires, qui menacent la sécurité des Etats et des collectivités humaines se trouvant dans cet
espace. Ces menaces plurielles sur la façade maritime du Cameroun (a), contiguë au Nigeria et à
d’autres Etats constitue un des champs d’expression de la disposition de Yaoundé à participer
pleinement dans une logique régionale et collective à la sécurisation du Golfe de Guinée (b).

a- De la phénoménologie de l’insécurité sur la façade maritime du Cameroun

La phénoménologie de l’insécurité dans le Golfe de Guinée, notamment la portion de la face


maritime du Cameroun est plurielle. Elle s’illustre notamment à travers la pêche illicite et illégale60 ;
les trafics de carburants et de drogues, sans oublier les avatars des sécessionnismes biafrais et «
amazoniens », qui induisent les développements des mécanismes par le Cameroun et les Etats voisins,
visant à construire la préservation de la défense et de la sécurité bleues61 au sein de cet espace. De
plus, le fait pour Yaoundé de disposer des ressources importantes en hydrocarbures attirant les
principales puissances du monde62 n'est pas forcément un atout pour sa stabilité. Voilà pourquoi les
le Cameroun et les Etats s’y situant développent des mécanismes fonctionnels de sécurité collective
à l’effet de traiter dans une perspective régionale les différentes menaces qu’s’y expriment.

b- La participation aux logiques régionales et collectives à la sécurisation du Golfe de Guinée

Face aux exigences d’efficacité et de transnationalité des menaces dans le golfe de Guinée, la
Cameroun pour assurer la défense et la sécurité bleue souscrit pleinement aux mécanismes régionaux
forgés par les Etats de cet espace. L’émergence de l’Architecture de Yaoundé dans la ville éponyme
à la suite du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC, de la CEDEAO et de la
Commission du Golfe de Guinée sur la sureté et la sécurité maritimes dans le Golfe de Guinée les
24 et 25 juin 2013 entre dans cette perspective africaine de défense et de sécurité bleue. Pour l’hôte

60 Pailloux, Thomas. « Stratégie maritime - Lutter contre la pêche illégale : l’enjeu de la défense bleue », Revue Défense
Nationale, vol. 793, no. 8, 2016, pp. 121-124.
61
La défense et la sécurité bleues renvoient à ces politiques appliquées à l’espace maritime, en référence à la
couleur de la mer selon l’auteur.
62 Lire Mvomo Ella, Wullson. « Pétrostratégie et appels d’empire dans le golfe de Guinée », article réédité in Jean Lucien

EWANGUE (sous la direction de), Enjeux géopolitiques en Afrique centrale, Paris, l’Harmattan, 2010.
de cette conférence, en s’adressant à ses homologues : « nous devons prendre nos responsabilités
pour que l’Afrique, en général, et le golfe de Guinée, en particulier, ne soient plus jamais
meurtris par les actes criminels des pirates »63. Ce plaidoyer du Chef de l’Etat Camerounais auprès
de ses homologues trouvera tout son écho auprès de ses pairs qui décident de s’engager : « sans
réserve à travailler ensemble pour assurer la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité
dans l’espace maritime de l’Afrique Centrale et de l’Afrique de l’Ouest par la mobilisation des
moyens opérationnels adéquats tant institutionnels que logistiques »64. Ces divers actes traduisent
cette volonté pertinente des Etats Africains à prendre en charge eux-mêmes la gestion de la lutte
contre toutes les menaces liées à l’insécurité maritime dans le Golfe de Guinée qui pourraient
déboucher sur des mécanismes opérationnels pertinents. Cet instrument Chargé de la mise en œuvre
opérationnelle d’une stratégie régionale à venir de sécurité et sûreté maritime en Afrique centrale
et de l'Ouest regroupe plus de 19 Etats repartis en 3 centres parmi lesquels le Centre interrégional
de coordination (CIC) à Yaoundé au Cameroun, et de ses deux composantes sous régionales que
sont le Centre Régional de Sécurité Maritime de l’Afrique Centrale (CRESMAC) le siège se trouve au
Congo, et le CRESMAO en Côte d’Ivoire. Les résultats de l’opérationnalisation de cette vision
politique et diplomatique de la sécurité des Etats du Golfe de Guinée produit des résultats prodigieux
grâce à la mutualisation des moyens militaires entre les pays membres et les centres dans la
perspective de favoriser l’émergence d’une économie bleue bénéfique aux divers Etats de cet espace.

Conclusion

Loin de la vision afro-pessimiste qui fait de l’Afrique un terrain de jeu de puissances


internationales contrôlant toutes les dynamiques sécuritaires continentales, et davantage dans une
perspectives afrotopienne 65 plus réaliste et positive, on peut observer avec l’émergence de
l’afropolitanisme sécuritaire de Yaoundé que certains Etats développent une vision afrocentrée et
des mécanismes afrocentriques visant à contrôler, ou du moins à influencer de manière significative
la préservation de la sécurité de l’Etat, des populations et la sécurité internationale. Le triomphe du
national content et du regional content comme inclination à donner des contenus nationaux et
régionaux importants dans la gestion de l’insécurité au plan national et régional s’expriment dans
la conciliation maîtrisée entre les exigences du régionalisme sécuritaire et des approches internes.
Cela traduit cet afropolitanisme sécuritaire du gouvernement de Yaoundé dans son comportement

63 Biya, Paul. Discours d’ouverture de sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEEAC, de la CEDEAO et de
la CGG sur la sûreté et la sécurité maritimes dans le Golfe de Guinée, Yaoundé, le 24 juin 2013.
64 Déclaration des chefs d’État et de Gouvernement des États de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’ouest sur la

sureté et la sécurité dans l’espace maritime commun, Yaoundé, le 25 juin 2013.


65 Felwine Sarr, Afrotopia, Ed Philippe Rey, 2016. P 19.
en rapport avec la sécurisation de l’Etat en Afrique. Cet afropolitanisme sécuritaire au Cameroun se
traduit donc par une manifestation persistante du triomphe de la volonté et des options nationales
dans le traitement de toutes menaces à grand échelle constituant des risques pour la sécurité
nationale, mais aussi pour la sécurité régionale. Loin d’être totalement fermé sur lui-même cet
afropolitanisme est ouvert aux divers apports que peuvent fournir les partenaires africains et non
africains, sans pour autant aliéner la souveraineté nationale et la capacité de manœuvre de l’Etat
dans le contrôle des politiques publiques de sécurité et de défense nationale. Une posture qui fait
de l’Etat africain un véritable acteur capable d’influer sur la sécurisation de l’Etat en Afrique. /-

Liste des cartes figures et schémas :


• Schéma no 1 la polémocène, schéma no2 : l’irénocène, schéma no 3 : la sécurocène
• Schémas no 4 et 5 : De l’irénocène dans la lutte contre les coupeurs de route au Cameroun ;
• Figure no 1 : Composantes de l’architecture africaine de paix et de sécurité au niveau de l’Union africaine ;
• Figure no : l’architecture de confiance
• Schéma no 6 Polémocène du bassin du lac Tchad Schéma no 7 : Irénoscène dans le Bassin du Lac Tchad
• Schéma no 8 : L’architecture de Paix et de sécurité en Afrique Centrale (Source, Le rôle des organisations
régionales
• Figure no 3 : Les 9 piliers de la SRS Carte no 1 : Les bases de la FMM ;
• Carte no 2 : l’Architecture de Yaoundé et schéma no 5 : L’architecture de Paix et de sécurité en Afrique.

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