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Université Paris-Sorbonne Lucifer de Cagliari († sous Valentinien Ier) ; le pape

Mardi 24 mars 2015 (8e séance du semestre)


jeanmarie.salamito@gmail.com Libère († 366) ; Ossius de Cordoue († vers 357,
presque centenaire).
La « crise arienne » • Importance de la réflexion de ces évêques sur le
de la mort de Constantin (337) rôle du pouvoir politique.
au concile de Constantinople (381) • 357, 3e concile de Sirmium : opposition manifeste à
Nicée ; interdiction d’homoousios et d’homoiousios.
I. Sous les fils de Constantin (337-361) puis sous • 359, tentative de conciliation : le « Credo daté »
Julien (361-363) (22 mai) : le Fils est homoios au Père.
Une parution récente : Pierre MARAVAL, Les fils de • 1er janv. 360, suite au 2e concile de Constantinople,
Constantin, Paris, CNRS Éditions, 2013. Constance approuve une formule de foi
I.1. Partage puis réunification de l’Empire « homéenne ».
• Constantin II et Constant règnent sur l’Occident de I.5. Les « anoméens », les « homéens » et
337 à 340. les « homéousiens »
• Constant, seul maître de l’Occident de 340 à 350. • Les « anoméens » : ceux pour qui le Fils est
• Usurpation de Magnence de 350 à 353. « différent », anomoios, du Père.
• Constance II règne sur l’Orient de 337 à 353, puis • Les « homéens » : ceux pour qui le Fils est
sur tout l’Empire de 353 à 361. « semblable », homoios, au Père : le « Credo daté »
• N.B. : Les noms latins de ces empereurs : (22 mai 359) est homéen.
Constantin traduit Constantinus ; Constant traduit • Les « homéousiens » : ceux pour qui le Fils est
Constans ; Constance traduit Constantius (c’était déjà homoiousios, c’est-à-dire d’« une ousia semblable »
le nom du père de Constantin Ier). à celle du Père : idée qui apparaît dans les années
I.2. L’attitude de Constant 350, et que défend Basile d’Ancyre (déposé par le
• Constant est nicéen, comme l’est globalement concile de Constantinople de 360).
l’Occident. I.6. L’attitude de Julien
• Il favorise la réunion du concile de Sardique • Julien, empereur de 361 à 363.
(auj. Sofia) en 343. Ce concile est un échec. • Période de confusion.
• Échec d’un concile de Milan en 345.
I.3. Un changement de génération II. La période 364-381
• Fin d’une génération : Arius meurt v. 336 ; Eusèbe II.1. Sous Valentinien Ier et Valens
de Césarée, en 339/340 ; Eusèbe de Nicomédie, en • Valentinien Ier règne sur l’Occident de 364 à 375.
341/342. • Valens règne sur l’Orient de 364 à 378.
• Nouvelle génération « subordinatianiste » : Valens • Valentinien est nicéen ; il recherche la
de Mursa ; Ursace de Singidunum : ils participent au réconciliation des chrétiens.
concile de Tyr ; au concile de Sardique, ils • Valens est homéen ; en 365, il chasse Athanase
s’opposent à Athanase. (Mursa est auj. Osijek, en d’Alexandrie (5e et dernier exil de cet évêque).
Croatie ; Singidunum est auj. Belgrade.) II.2. Les difficultés de traduction
I.4. La politique de Constance II • Correspondances strictement étymologiques :
Constance II resta toujours sous l’influence de — En grec, ousia est de la famille du verbe
théologiens « subordinatianistes ». Comme son père signifiant « être » ; en latin, essentia aussi ; le mot
entre 328 et 337. français correspondant à ces deux mots est
I.4.a. Avant 353 « essence ».
• Constance exile Athanase en 339 (2e exil de cet — En grec, hupostasis signifie « ce qui se
évêque). En 346, il le rappelle. tient (stasis) sous (hupo) », « ce qui subsiste par soi-
• En 351, 2e concile de Sirmium (auj. Sremska même » ; en latin, substantia a la même construction
Mitrovica, en Serbie), typique de la politique de (sub = « sous » ; stantia = « le fait de se tenir ») ; en
Constance. français, on traduit ces mots respectivement par
I.4.b. À partir de 353 « hypostase » et par « substance ».
• Série de conciles pour aligner l’Occident sur — En grec, prosôpon signifie « masque (de
l’Orient : Arles (353) ; Milan (355) ; Béziers (356). théâtre) », « personnage (de théâtre) », beaucoup plus
• Évêques occidentaux qui résistent : Hilaire de rarement « personne » ; en latin, persona signifie
Poitiers († 367) ; Eusèbe de Verceil († v. 370) ; aussi « masque (de théâtre) », « personnage (de
théâtre) », mais il est plus fréquent dans le sens fort accord avec la décision céleste, nous prendrons
de « personne » que le grec prosôpon. l’initiative. Donné le troisième jour avant les
• Les correspondances strictement étymologiques ne calendes de mars, à Thessalonique, sous le cinquième
se retrouvent pas dans l’usage : les latinophones consulat de Gratien Auguste et le premier de
utilisent substantia à la fois pour rendre ousia et pour Théodose Auguste [28 février 380]. »
rendre hupostasis. — Code Théodosien, 16, 2, 25 : « Les
• Les nicéens hellénophones disent « 1 ousia, empereurs Gratien, Valentinien et Théodose
3 hupostaseis » ; pour un latinophone, cela signifie Augustes. Ceux qui déforment par ignorance ou bien
3 substantiae, 3 dieux différents. violent et offensent par négligence la sainteté de la
• Les nicéens latinophones disent « 1 substantia, loi divine, commettent un sacrilège. Donné le
3 personae » ; pour un hellénophone, cela renvoie à troisième jour avant les calendes de mars, à
1 seule hupostasis, et surtout persona ne semble pas Thessalonique, sous le cinquième consulat de Gratien
assez fort, car prosôpon ne l’est pas non plus ; cela Auguste et le premier de Théodose Auguste. »
paraît donc « modaliste », « sabellien ». II.5. Le concile de Constantinople (381)
II.3. Le rôle de Basile de Césarée • 2 concile « œcuménique » (Nicée étant le 1er). (En
e

• Basile, né v. 330, est évêque de Césarée (de grec, hê oikouménê = « la terre habitée ».)
Cappadoce ; à ne pas confondre avec Césarée de Palestine) • « Nous croyons en un seul Dieu, Père tout-puissant,
de 370 à sa mort en 379. créateur du ciel et de la terre, de toutes choses
• Grand souci de l’unité. visibles et invisibles ; et en un seul Seigneur Jésus
II.4. Le rôle de Théodose Ier Christ, le Fils de Dieu, l’Unique-Engendré, engendré
• Les 3 périodes du règne de Théodose Ier : du Père avant tous les siècles, lumière de lumière,
— Il règne sur l’Orient de 379 à 383 (il vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé,
succède à Valens). En Occident, Gratien et consubstantiel au Père (homoousios tô patri), par qui
Valentinien II (375-383). toutes choses advinrent, qui, pour nous les hommes
— Il partage le pouvoir avec Valentinien II et pour notre salut, descendit des cieux, s’incarna de
de 383 à 392. l’Esprit Saint et de la vierge Marie, se fit homme, fut
— Il règne sur tout l’Empire de 392 à 395. crucifié pour nous sous Pontius Pilatus, souffrit, fut
Après sa mort, Orient et Occident ne sont plus jamais enseveli, ressuscita le troisième jour selon les
réunifiés. Écritures, monta aux cieux, siège à la droite du Père,
• L’édit de Thessalonique : reviendra en gloire juger vivants et morts, et son
— Code Théodosien, 16, 1, 2 : « Les règne sera sans fin ; et en l’Esprit Saint, qui est
empereurs Gratien, Valentinien et Théodose Seigneur (kurios) et donneur de vie, qui procède du
Augustes. Édit au peuple de la ville de Père, qui avec Père et Fils est co-adoré et co-glorifié,
Constantinople. Nous voulons que tous les peuples qui parla par les prophètes… »
gouvernés par la juste mesure de Notre Clémence
vivent dans la religion que le divin apôtre Pierre – Conclusion : réflexions sur la « crise arienne »
comme le proclame cette même religion, introduite • C’est carrément le concept chrétien de Dieu qui est
par lui et continuée jusqu’à nos jours – a transmise en cause (avec des répercussions sur l’idée de la
aux Romains et que suivent, de toute évidence, le dignité humaine).
pontife Damase et Pierre, l’évêque d’Alexandrie, • Cette crise concerne non seulement les théologiens
homme d’une sainteté apostolique. Ainsi, selon la mais aussi le peuple des chrétiens.
discipline apostolique et la doctrine évangélique, • Cette crise fait apparaître des différences (ou des
nous devons croire que le Père, le Fils et l’Esprit divergences ?) entre l’Orient et l’Occident.
Saint sont une seule Divinité, invoquée comme égale • Cette crise pose le problème des rapports entre le
Majesté et Trinité bienveillante. Nous ordonnons que christianisme et le pouvoir politique (interventions
ceux qui suivent cette loi reçoivent le nom de des empereurs dans les controverses théologiques).
chrétiens catholiques. Quant aux autres, nous • Enfin, plus profondément, cette crise montre
considérons qu’ils encourent, pour leur folie et leur l’importance de la dimension intellectuelle du
égarement, l’infamie attachée aux doctrines christianisme.
hérétiques, que leurs petits groupes ne méritent pas le
nom d’Églises, et qu’ils seront frappés, d’abord par la
vengeance divine, ensuite par un châtiment dont, en

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