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Chapitre 3 : réactions d’alkylation
Pour arriver à une concentration significative de l’espèce nucléophile, il est nécessaire que le
pKa de « l’acide carboné » soit inférieur au pKa de l’acide conjugué de la base utilisée. Pour
rappel, une différence de pKa de 2 unités permet un déplacement d’équilibre de 91% à partir
d’un mélange équimolaire d’acide et de base ; une différence de 4 unités permet un
déplacement de 99%.
-
R C CH3 + i Pr2N Li+ R-C=CH2 + i Pr2N-H K>1
O O
-
pKa = 35
pKa = 20
LDA : di-iso-propylamidure de lithium
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Le premier énolate formé est dit cinétique. Etant le plus facilement formé, il résulte donc de
l’arrachement de l’hydrogène le plus acide. L’énolate le plus stable (celui dont la double
liaison C=C est la plus substituée) est dit thermodynamique.
Selon les conditions expérimentales choisies, l’un ou l’autre de ces deux énolates pourra être
obtenu très majoritairement voire exclusivement.
Lorsqu’une réaction est sous contrôle cinétique, cela signifie que l’on se place dans les
conditions permettant de conserver le composé le plus facilement formé (l’énolate cinétique),
même s’il n’est pas thermodynamiquement le plus stable.
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1-b Contrôle thermodynamique
Une réaction est sous contrôle thermodynamique quand tout est mis en œuvre pour faciliter
les équilibres afin d’aboutir au composé thermodynamiquement le plus stable.
Dans cette situation, il y aura interconversion entre les deux énolates et la proportion de
chacun sera fixée par la constante d’équilibre K, représentative de la stabilité
thermodynamique relative des deux espèces :
K
énolate cinétique énolate thermodynamique
base
Exemple :
O O
- O
-
quantités Ph3CLi
28% 72% contrôle cinétique
stoëchiométriques DME, -78°C
Exercice 3.1 : prévoir l’énolate obtenu selon les conditions expérimentales. Expliquer
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2- Cas des cétones conjuguées (pour info)
Un site dur peut se définir comme étant à la fois très électropositif (ou très électronégatif) et
peu polarisable (donc peu volumineux) : la charge (totale ou partielle) portée par un site dur
est de ce fait, très « concentrée ». A l’inverse, un site mou sera peu électropositif (ou peu
électronégatif) et très polarisable (donc volumineux) : la charge (totale ou partielle) portée par
un site mou sera donc plus diffuse.
On constate empiriquement une forte affinité des sites nucléophiles durs pour les sites
électrophiles durs et alternativement, des sites nucléophiles mous pour les sites électrophiles
mous.
Les énolates sont des nucléophiles ambidents. Engagés dans des réactions de type SN2, ils
pourront selon la nature de l’électrophile, donner soit de la C-alkylation (si l’électrophile est
mou), soit de la O-alkylation (si l’électrophile est dur).
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Le seul électrophile dur au programme de L3 est H+. En d’autres termes :
Les alkylations des -dicétones, des -cétoesters, des diesters de l’acide malonique et des -
cyanoesters sont, en général, effectuées en milieu alcoolique en présence des alkoxydes
correspondants utilisés comme bases (16 < pKa < 20).
NB : les agents alkylants sont, le plus souvent, des halogénures primaires. Les halogénures
secondaires peuvent conduire à des réactions d’élimination (E2) qui, dans le cas des
halogénures tertiaires, deviennent les seules réactions observées.
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Exemple 1 : synthèses maloniques
CO2Et Cl - -
EtO Na+ 1- HO , H2O,
CH2 + CH(CO2Et)2 CH2 CO2H
EtOH 2- H+, H2O,
CO2Et
Rdt = 61%
malonate de diéthyle
CO2Et -
EtO Na+ excès -
Br Cl
CO2Et 1- HO , H2O,
CH2 + CO2H
EtOH CO2Et 2- H+, H2O,
CO2Et
Rdt = 55%
-
H3C C CH2 CO2Et
EtO Na+ 1- HO-, H2O,
+ Cl CH2 CO2Et H3C C CH CO2Et
O EtOH O 2- H+, H2O,
CH2 CO2Et
synthons de l'acétone
H3C C CH2 CH2 CO2H
O
2 BuLi - 1- R-X
H3C C CH2 CO2H H3C C CH CO2 H3C C CH2 R
O
- 2- H+, H2O, O
O
H
O OH
O O
+ CO2 R'
X O X R' X C
R R' équilibre céto-énolique R
décarboxylation par chauffage R
H
type -cétoacides : X = R"
type acides maloniques : X = OH
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2- Alkylation en d’un seul groupe carbonyle
Remarque générale : les énolates doivent être formés rapidement et quantitativement pour que
les condensations de type aldolique (voir chapitre 4) puissent être évitées.
Exemple :
O O
- O
H3C LDA, léger excès H3C H3C CH2-Ph
Ph-CH2-Br
DME addition rapide
-50° à -20°C -20°C à +50°C Rdt = 60%
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2-c Enolates d’esters (pKa > 20)
Exemple :
-
1- i -Pr N , Li+
CH3-(CH2)4-CO2Et CH3 (CH2)3 CH CO2Et
THF -78°C (CH2)4 CH3
2- CH3-(CH2)3-Br Rdt = 75%
Exemple :
2 LDA H3C -
O Li+ 1- CH3-(CH2)3-Br Rdt = 80%
(CH3)2CH-CO2H C C (CH3)2C CO2H
THF, -78°C -
O Li+ 2- H+, H2O
H3C
(CH2)3-CH3
Les dianions sont obtenus par traitement de composés 1,3-dicarbonylés par 2 équivalents de
bases fortes. L’alkylation se fera avec le carbanion le plus nucléophile (le plus basique).
Exemple :
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V- Autres types d’alkylation
D’autres carbanions que ceux précédemment rencontrés peuvent être obtenus par
déprotonation, en particulier par arrachement d’un proton :
1- en d’une autre fonction à effet –M que carbonyle (-CN, -NO2),
2- en d’un atome capable de stabiliser les carbanions (S),
3- porté par un atome de carbone très électronégatif (Csp).
Exemple :
Exemple :
-
Et-O Na+
CH3-CH2-NO2 + Cl-CH2-C6H5 CH3-CH-NO2 TiCl3, H2O CH3-C-CH2-C6H5
EtOH CH2-C6H5
nitroéthane chlorure de benzyle O
Cette réaction utilise l’aptitude du soufre à stabiliser les charges négatives en Elle permet
d’accéder à des cétones à partir d’aldéhydes.
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Remarque : la réduction de Mozingo utilise également les 1,3-dithianes et procède par
hydrogénolyse. Elle peut constituer une variante aux réductions de Clemensen et de Wolff-
Kishner.
Les chapitres IV et V ont traité des nucléophiles carbonés obtenus par déprotonation.
Toutefois, des équivalents neutres de carbanions peuvent être obtenus en profitant d’effets
mésomères donneurs, au sein d’un système conjugué. C’est typiquement le cas des énamines
(et des énols qui seront abordés dans le chapitre suivant).
Les enamines sont obtenues à partir d’un dérivé carbonylé (aldéhyde ou cétone) énolisable et
d’une amine secondaire. Les amines secondaires étant des nucléophiles faibles, ces réactions
sont acido-catalysées et conduisent aux énamines de façon réversible.
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On notera que le mécanisme de formation des énamines est directement calqué sur celui des
imines (cf. chap 1) :
Typiquement, les amines secondaires utilisées pour la préparation des énamines sont la
pyrrolidine et la morpholine.
Exemple :
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VII- Alkylation de nucléophiles carbonés par addition conjuguée
Dans ce paragraphe, les liaisons C-C sont obtenues non plus par SN2 mais par addition de
nucléophiles carbonés sur des carbones électrophiles sp2 de doubles liaisons C=C appauvries
en électrons. Ce type de réactions appartient à la classe des additions nucléophiles dites
conjuguées ou 1,4 (appelées encore additions de Michael).
A noter que les énolates peuvent être obtenus sous contrôle thermodynamique ou sous
contrôle cinétique.
O O
-
t -BuO K+ CH3
CH3 + H C=CH-CO CH Rdt = 53%
2 2 3 CH2-CH2-CO2CH3
t -BuOH
contrôle thermodynamique
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2- Additions conjuguées d’énamines
Comme les énolates, les énamines peuvent être engagées dans des réactions de type addition
de Michael.
Exemple :
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