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Diffusion, viscosité et actions intermoléculaires dans les

liquides binaires de liquides


Henri Lemonde

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Henri Lemonde. Diffusion, viscosité et actions intermoléculaires dans les liquides binaires de
liquides. J. Phys. Radium, 1936, 7 (9), pp.371-378. <10.1051/jphysrad:0193600709037100>.
<jpa-00233440>

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DIFFUSION, VISCOSITÉ ET ACTIONS INTERMOLÉCULAIRES
DANS LES LIQUIDES BINAIRES DE LIQUIDES
Par HENRI LEMONDE.
Institut de Physique atomique de Lyon.

Sommaire. 2014 Résultats relatifs à la diffusion et à la viscosité de quelques mélanges binaires (courbes,
tableaux numériques et approximation des mesures). En solutions diluée s, la grandeur du coefficient de
diffusion D est fonction de la structure des molécules, de la viscosité du solvant, et du nombre de molé-
cules par unité de volume. La relation D~ = Cte n’est pas une loi limite, et, mème, la comparaison des
deux extrémités de l’isotherme D~ permet de conclure que le produit D~ le plus élevé correspond au
liquide le plus visqueux. Une valeur anormalement élevée de D~ est l’indice d’une association de molé-
cules. En solutions concentrées les isothermes de diffusion paraissent être caractérisées par deux portions
de courbes d’allure parabolique. Un examen de leur variation fait apparaître l’influence de la constitution
chimique et des anomalies intermoléculaires (associations, dissociations). D’autre part, le produit D~ est
interprétable comme une force F, appelée force motrice de diffusion. Les variations de cette force peuvent
être expliquées comme dépendant directement des forces intermoléculaires (forces attractives ou répul-
sives) dont l’importance respective détermine les associations ou dissociations dés molécules au sein du
mélange. Un rapprochement des isothermes de diffusion et de tension de vapeur, des divers mélanges,
permet 1°, de constater la variation inverse de ces deux quantités dans chaque mélanges; 2°, de prévoir le
sens de variation de D avec la concentration; 3°, de vérifier la concordance des hypothèses relatives aux
variations de la force motrice de diffusion et à l’azéotropisme.

1. Introduction. - La diffusion des liquides est un période de diffusion, a pour point de départ la loi de
phénomène lent qui a donné lieu à un nombre relati- Fick.
vement peu élevé de recherches. Par suite de la com-
plexité de cette propriété, de nombreuses difficultés
d’ordre théorique et expérimental apparaissent. Les
différentes méthodes utilisées et leur interprétation où clrl représentela quantité de matière qui traverse
théorique ne sont pas toujours exemptes de critiques une surface horizontale s au niveau de la cuve ;
justifiées; les difficultés expérimentales que l’on a de
7
cherché à surmonter gràce à des artifices plus ou d q est proportionnelle au gradient de concentration dx
moins heureux, sont également des causes d’erreur
très importantes. On s’explique donc les divergences
pendant le temps di. Le coefficient de proportionna-
lité D, appelé coefficient de diffusion, est considéré
notables des valeurs des coefficients de diffusion D, ici comme constant. En réalité D varie très souvent
obtenus par divers expérimentateurs. avec la concentrations, comme nous le verrons.
Je ne ferai pas ici, l’exposé, et la critique des J. Thovert a utilisé la loi de Fick en posant les con-
diverses méthodes utilisées jusqu’à ce jour, et de leurs ditions suivants les solutions initiales, placées dans
résultats, on trouve d’ailleurs ces renseignements dans une cuve parallélipédique, doivent avoir des volumes
les livres de Chwolson (1), dans les publicàtions de
J. Thovert (’) ou de Duclaux (1).
égaux et des concentrations très voisines. Après un
certain temps de diffusion, la différence de concentra-
L’objet de ce mémoire est de présenter un ensemble tion de deux couches diffusantes est assez faible pour
de résultats expérimentaux relatifs à la diffusion des
que, dans cet intervalle, on puisse considérer D
mélanges binaires de liquides, d’indiquer également comme constant, quelle que soit la loi de variation en
les liaisons entre les coefficients de diffusion, la struc- fônctioii de la concentration des liquides. L’étude de la
ture des molécules, les actions intermoléculaires, et diffusion peut alors se poursuivre à l’aide de solutions
d’autres propriétés physiques des mélanges étudiés. initiales concentrées, aussi bien que de solutions
diluées.
2. Méthodes utilisées et approximation des
résultats. cc) Pour l’obtention des coefficients de
-
Le calcul conduit à l’expression suivante de de
x
diffusion, j’ai utilisé la méthode et l’appareillage de
J. Thovert (2). Cette méthode appliquée en deuxième

(1) CHWOLSON, 4, p. 657.


(2) THOVERT. Thèse 1902 ; Annates de Chimie et Physique, 1914 ;
9- série, 2, p. 369. qui représente une série convergente, où Il désigne
(5) J. DUCLAUX. Diffusion dans les liquides (Act. Scient.). la distance d’un niveau quelconque à la surface du

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:0193600709037100


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liquide, 11, un nombre entier égal à zéro ou à un coefficients de diffusion. Pratiquement tous les résul-
nombre entier quelconque, t, le temps de diffu- tats sont pas obtenus à la même température. Il
ne
sion. faut, en effet, un certain nombre de points pour déter-
de miner une courbe; chacun de ces points représente la
A partir de l’instant où le gradient de est, en
dx moyenne de plusieurs expériences parfois fort longues.
L’ensemble du travail expérimental concernant une
chaque niveau, proportionnel à sin
7thX,
de
il tend à courbe a souvent nécessité une durée dépassant un
mois. La température du sous-sol, variant progressi-
devenir proportionnel à l’exponentielle temps : vement d’un jonr à l’autre, il a fallu ramener toutes les
" DT valeurs de D à une température moyenne choisie
h2 ,

e , les exponentielles des termes suivants ayant


alors des valeurs négligeables, inférieures aux erreurs ponr chaque mélange. Pour cette opération, j’ai
d’expériences. appliqué la règle de J. Thovert : la variation du coef-
Le rapport de la différence des ficient de diffusion D en fonction de la température est
logarithmes népé-
de égale à la somme de la variation de l’inverse de la
riens de aux temps ti et t2 à la différence t2 -

ti, viscosité et d’un terme dépendant de l’agitation


.r
thermique. Cette loi n’est pas cependant absolu-
estégale h D. 1t2 ment générale. Ainsi, pour les mélanges eau-alcool
éthylique, la figure 2 montre que, dans une cer-
On peut employer, pour l’évaluation de D, n’im- taine région de concentration d’alcool, le produit n"’4
porte quelle quantité proportionnelle à dc , le facteur diminue au lieu d’augmenter quand la température
dx croît.
de proportionnalité disparaissant dans le calcul. Te Ces anomalies ne paraissent se manifester que dans
est le cas de la déviation d’un rayon lumineux, primi- le cas des mélanges eau-alcools ; au terme relatif à
tivement horizontal, traversant les liquides en diffu. l’agitation thermique doit s’ajouter un autre terme cor-
sion. Elle est fonction de la dérivée de l’indice de respondant aux variations anormales de densilé. Il faut
de donc être très prudent dans l’extrapolation des valeurs
réfraction suivant la hauteur x, et par suite de
dx de D à différentes températures. Toutes les fois qu’il y
Pratiquement, on aura à utiliser, non pas un seul a doule on doit s’astreindre à recommencer les expé-

rayon lumineux, mais un faisceau de rayons lumineux. riences à la température choisie pour l’établissement
Les procédés d’observation (déplacement de franges de la courbe. Il n’en est pas moins vrai que le coeffi-
d’interférences) sont ceux de Thovert 1’) et de Gouy (~). cient de diffusion D augmente de valeur quand la
J’ai adopté, pour mes mesures, ce dernier procédé, température croît, malgré la présence d’anoma-
d’un emp loi plus facile. lies.

b) Les difficultés expérimentales nombreuses, ainsi d) J’ai étudié également la viscosité des mêmes
que les moyens adoptés pour y obvier, seront mélanges binaires après en avoir tracé les courbes de
exposés, en détail, dans un autre recueil. Il faut diffusion. J’ai utilisé des viscosimètres fl’OstByald et
éviter l’agitation préliminaire des liquides, lors de la employé la technique bien connue. L’approximation
mise en marche de l’expérience : les variations de de mes mesures est en moyenne de 1 pour 100 ; je suis
température et les trépidations causes de courants de généralemen t d’accord avec divers auteurs qui ont
convection, l’évaporation des liquides qui modifie le étudié la viscosité des mélanges binaires dont je ine
volume et la température. suis occupé. Dans certains cas, en ce qui concerne les
Malgré les précautions prises, de nombreuses expé- liquides très peu visqueux à faible durée d’écoulement
riences sont à rejeter. Souvent, par suite de la trop comme l’éther et l’acétone (tube capillaire de diamètre
faible différence de densité ou d’indice de réfraction inférieur à 0,4 mm, volume du réservoir : 1,5 em3,
des solutions initiales, on est obligé d’opérer avec des durée d’écoulement comprise dans les cas les plus
écarts de concentration supérieurs à 2 pour 100. Dans défavorables entre 1 minute et 1,5 minute) l’incertitude
ce cas la limite supérieure de l’erreur passe de 2 à maximum peut atteindre 3 pour 100.
3 pour 100; L’erreur maximum sur le produit Dr atteindrait
6 pour 100 dans certains cas. Cette incertitude n’in-
c) Les mélanges binaires étudiés ici sont les firme cependant pas les conclusions énoncées plus
suivants : loin.
Eau-alcool méthylique, eau-alcool éthylique, eau-
alcool propylique, chloroforme-éther, chloroforme-
acétone, benzène-alcool étylique. 3. Résultats. - Pour ces divers mélanges
Pour construire les isothermes de diffusion, j’ai binaires les concentrations sont exprimées en vo-
limité, à certaines concentrations, l’évaluation des lume pour 100 d’un des deux constituants du
mélange. Les valeurs de D, r, Dr, sont exprimées en
(4) GouY. Comptes rendus, 1880, 90, p. 307. unités C.G.S.
373

4. Isothermes de diffusion. -
1° Les isothermes.
de diffusion s’incurvent plus ou moins, présentant,.
soit un maximum ou un minimum, soit un écart
positif ou négatif par rapport à la droite joignant les.
extrémités de chaque courbe.
Le minimum existe dans les mélanges :-. eau-alcool
méthyliqup (fig. 1), eau-alcool éthylique (fig. ’1), eau-
alcool propylique (fig. 3), benzène-alcool éthylique
(fig. 4). Au contraires, 1"isotherme du mélange acétone-
chloroforme est positive sans maximum (fig. fi). Ce
maximum existe dans le mélange éther-chloroforme
qui possède également un point d’inflexion (fig. 5).
~° Les isothermes des mélanges eau-alcools (fig. 1,
2, 3) ont même allure et se déplacent progressivement
avec le rang de l’alcool; l’examen de ces trois courbes

permet de constater un déplacement du minimum vers


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les fortes concentrations en alcool et, aux extrémités, Les mêmes remarques peuvent s’appliquer aux
un abaissement des coefficients de diffusion D plus mélanges benzène-alcools, ce qui est l’indice de l’in-

Fig. 1.

marqué cependant du côté des alcools que celui de


l’eau. En effet à en solution très diluée, les
coefficients de diffusion D des trois alcools dans l’eau
Fig. 3.

fluence de la constitution chimique sur la vitesse de


diffusion.

Fig. 2.

ont pour valeur : ~,~6; 1,00 et unités


C. G. S. ; ceux de l’eau dans les alcools sont à la même
température : 1,75; 1,90; 0,6~.~0-~. Fig. 4.
375

3« J. Thovert a montré qu’en solutions diluées les et de même formule brute, diffusant en solution diluée
coefficients de diffusion D des alcools dans l’eau varient, (1 pour 1(10) dans l’eau à la même température (1~°),
la très grande influence de la fonction chimique, du
groupement des atomes à l’intérienr de la molécule et
des valences de liaison.

4° Les portions d’isothermes relatives aux solutions


diluées sont linéaires, décelant la proportionnalité de
D avec la concentration en volume des constituants ; en
première approximation, D serait donc proportionnel
au nombre des molécules par unité de volume du corps
dilué.
Mais l’allure générale des courbes paraît être plutôt
caractérisée par le raccordement de deux portions de
Fig. 5.
paraboles. Chacune d’elles subit l’influence sin1ultanée
des variations de concentrations réciproques des deux
à la même température, à peu près en raison inverse
de la racine carrée du poids moléculaire des alcools.
liquides et des actions mutuelles des molécules elles-
mêmes fonction de leur nombre et de leur affinité.
Il a étendu l’étude du produit 1) de nombreux
5 Diffusion et viscosité,. - La théorie cinétique
des gaz fait apparaître une relation étroite entre la
viscosité .q et le coefficient de diffusion D; il est donc
logique de rechercher les relations existant entre ces
deux quantités à l’état liquide.
En solutions diluées, J Thovert a établi la relation :
- CI’. Le coeificient de diffusion 1) du corps dissous
varierait en raison inverse de la viscosité r, du dissol-
vant Dans ce cas, la viscosité de la solution est presque
celle du solvant ; la vitesse de diffusion des molécules
du liquide en solution est régie par la viscosité des
molécules du solvant en nombre infiniment plus grand
et occupant la presque totalité du volume de l’ensemble
du mélange.
Si la relation se maintenaitt en solutions concen-
trées, D devrait varier en raison inverse de r,; la
courbure de l’isotherme de diffusion 7) serait de sens
contraire à celle de l’isotherme de °r, et le produit JJ’fl
serait, sinon constant, du moins une fonction linéaire
de la concentration.
L’examen des données numériques de mes tableaux
précédents et des figures qui les représentent montre
Fiâ. 6. qu’il n’en est pas ainsi. Dans les mélanges eau-alcools,
l’isotherme de diffusion D possède un minimum,
corps organiques en diffusion dans l’eau, l’alcool méthy- tandis que l’isotherme "ri passe par un maximum,
lique, Je benzène, ce qui l’a conduit à grouper les mais maxima et minima n’ont pas lieu, dans chaque
produits par familles de corps de même fonction chi- figure, aux mêmes concentrations. Pour les trois autres
mique. mélanges, l’isotherme ’fi est de même sens que l’iso-
J’ai mis en évidence, par la comparaison des résul- (5) Les nombres en caractères gras ont été publiés par
tats relatifs à des liquides de même poids moléculaire J. Thovert.
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therme D; elles sont toutes deux négatives dans le et les courbes montrent dès le début une variation
mélange benzène-alcool éthylidae ; et toutes deux posi- rapide, ce qui paraît démontrer que n’est pas
tives dans les mélanges chloroforme-éther et chloro- une loi limite (1).
forme-acétone.
Pour entrer dans plus de détails, considérons main- 6. Interprétation physique du produit ~~ r. Il -

nant les isothermes D,Y et Dr, de chaque mélange, est important, de remarquer que le produit li -r,
étudiées à la même température dans chaque mélange. (D: LI 7°-1, .rj : T-s) a les dimensions d’une
force. Je considère celle-ci comme la force motrice
a) Benzène-alcool éthylique (fig. 4). Le-

de diffusion accélératrice ponr certaines molécules,


minimum de D a lieu pour une concentration de retardatrice pour d’autres de plus grande vitesse. Elle
25 pour 100 d’alcool, celui de ri à 13 pour 100 d’alcool
dépend du gradient de concentration qui existe entre
environ; D-1 passe évidemment par un minimum les divers niveaux de la cuve où se produit la diffusion;
pour 25 pour 100 d’alcool environ, la courbure de elle est donc fonction de la différence des forces osino-
l’isotherme r étant bien moins prononcée que celle des tiques qui dépendent elles mêmes des concentrations
deux autres isothermes.
des diverses couches diffusantes- On pourrait peut-
b) Métaïiqe chlorvforO¡ne-acétone (fig. 0). -
Les être, au moyen de cette force expliquer l’action inter-
isothermes D et -ri sont toutes deux moléculaire dont ne tient pas compte la théorie de la
positives sans
dissociation électrolytique et que J. Thovert a signalée
maximum. L’isotherme D.ç passe par un maximum
dans son étude sur l’entraînement d’une substance de
pour 43 pour 100 d’acétone environ.
concentration initiale uniforme, par diffusion d’une
c) chlorofot’JJle-éthe}&#x3E; (fig. 5).
-

L’allure de autre substance (Annales de Phys£que et Chintie,


I"isotherme D devient complexe; cette courbe possède, C’est cette force qui règle le processus de la diffusion ;
en effet, un point d’inflexion à 10 pour 100 d’ether elle doit dépendre du nombre respectif des deux espèces
environ et un maximun à 82 pour 100. La courbe r de molécules en présence, par unités de volume, de
a un point d’inflexion à 75 pour 100 d’éther environ leurs actions mutuelles, de lcur agitation thermique, de
mais pas de maximum. Le maximum de Dr, a lieu à leur mobilité réglée par la viscosité du mélange.
53 pour 100 d’éther, ce qui correspond presque à des L’allure de l’isotilerme représentant la force mo-
solutions équimoléculaires des deux constituants du trice traduit d’une façon objective, le sens
mélange; il est très accusé et la variation de chaque des variations des forces intermoléculaires.
partie de en fonction de la concentration de chacun Soient deux corps à 1 état liquide, que nous dési-
des deux liquicles, est presque linéaire. gnerons par 1 et 2..Appelons 1-1, les actions mutuelles
entre les molécules du corps 1; 2-2, les actions
d) eau-alcools. -
Dans ces trois mélanges mutuelles entre les molécules du corps 2: 1-2, celles
où les isothermes D et r sont de sens contraire, les
courbes revêtent des formes compliquées, dues,
s’exerçant entre les molécules des corps 1 et 2. Suivantt
la grandeur da ecs forces et leur valeur relative, il y
en partie, aux positions du maximum et du
aura prédominance des forces attractives ou des forces
minimum de D différentes dans chaque mélange.
Dans le mélange eau-alcool méthylique (fig. i ), D r,
répulsives. Lesforces attractives provoquent un accrois-
sement de la force motrice de diffusion 7~ et les forces
contient deux maxima séparés par une légère dépres-
répulsives son ralentissement. La prédominance des
sion ; celle-ci s’accentue dans les deux autres mélan- forces attractives 1-2 sur les forces de cohésion 1-1 et
ges (fig. 2 et 3) elle est très grande dans le mélange 2-2 peut aller quelquefois jusqu’à produire la solva-
eau-alcool propylique où le deuxième maximum dis- tation. La force F - Dq est alors positive et passe
paraît. souvent par un maximum.
La confrontation de ces différentes courbes permet
Si, au contraire, les forces de colésion 1-1 et 2-2 sont
de conclure à la non-application de la relation D°q = Cte,
très grandes il y a répulsion des molécules des corps 1
en solutions concentrées.
et 2, la force motrice décroît avec la concentration. Si,
Même, en solutions diluées, si l’on compare les de plus, les forces 1.2 sont plus grandes que les forces
valeurs respectives de D et de -1 aux extrémités des
deux courbes de chaque mélange, on s’aperçoit qu’à la
~-f, les molécules du corps 2 peuvent être dissociées.
En conséquence : 10 dans les mélanges chloroforme-
valeur la plus grande de D correspond la plus petite éther et chloroforme-acétone, où la force motrice j1’r
valeur de la viscosité, mais les produits D-1 ne sont
possède un maximum, il y a association des molécules.
pas identiques; au plus élevé correspond la plus Dolezalek d’ailleurs, a pu isoler le composé défini
grande viscosité. du mélange par refroidissement.
L’influence de la viscosité sur le produit est sur-
2° Au contraire dans le mélange benzène-alcool
tout marquée en solutions diluées; celle de la diffusion
est prédominante en solutions concentrées.
L’isotherme D"t¡ n’est pas une droite; ses écarts par Il est possible que ponr des melanges de solutions idéales
la relation = C te soit vérifiée; les écarts constatés dans le
rapport à la droite d’additivité sont souvent très impor- cas des mélanges da solutions non idéales paraissant dûs aux
tants : ils existent déjà pour des solutions très diluées associations et aux dissociations moléculaires.
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éthylique, on obtient une forte dissociation des molé- En résumé, il fa,ut tenir compte non seulement des
cules d’alcool (1). variations de ~’, mais de sa grandeur, fonction de la
3° Les mélanges eau alcools, comprenant des maxima viscosité et de la diffusion.
et des minima, présentent des phénomènes complexes La viscosité ne peut, à elle seule, indiquer dans un
d’association et de dissocialion. mélange l’existence d’une association ou d’une disso-
ciation de molécules. Lorsque l’isotherme de diffusion
cc) Eau-alcool méthylique, les deux maxima de F, est positive, l’isotherme fr, peut être ou positive ou
l’un à la concentration de 27 pour 100 d’alcool, l’autre
plus petit, à la concentration de 76 pour 100 d’alcool, négative; il en est de même si l’isotherme D est néga-
tive. On rencontre des cas où les isothermes F et -1
indiquent tous deux des associations d’eau et d’alcool. sont de sens contraire et le seul examen de la viscosité
b) Le second mélange eau-alcool éthyTlique comporte conduit alors à une interprétation erronée des phéno-
également deux maxima, c’est-à-dire deux groupes mènes étudiés. De plus, l’examen des figures démontre
d’association. Ces maxima ont lieu à des concentra- que la position d’un maximum ou d’un minimum due 11
tions plus faibles en alcool et en eau maximum, n’entraîne pas nécessairement celle d’un maximum
22 pour 100 d’alcool; 2e maximum, 92 pour 1l)0 d’actions intPrmoléculaires.
d’alcool à 18°C). Entre eux se place un minimum qui
indique que l’affinité mutuelle de l’eau et de l’alcool 7. Diffusion et tension de vapeur. - 1. Si nous
diminue aux fortes concentrations, 57 pour 100 d’alcool comparons les isothermes de D, telles que je les ai don-
à 18°C). Ceci permet d’expliquer la dépression existant nées ci dessus, aux isothermes bien connues de ten-
aux mêmes concentrations dans le mélange eau-alcool sion de vapeur, nous constatons qne dans chaque
méthylique qui montrait déjà, à un degré bien mélange binaire étudié, l’isotherme de diffusion a une
moindre, la diminution de 1-’affinité des deux liquides. allure de sens contraire à celle de l’isotherme de ten-
sion de vapeur : quand l’une est positive, l’autre est
c) Eau-alcool propylique. Cette désaffection de l’eau négative, ou inversement.
pour les alcools aux solutions très concentrées est Le tableau suivant nous donne des indications d’en-
encore bien plus marquée dans ce mélange qui ne
semble :
possède que le 1. er maximum et un minimum très Tension de vapeur D
accentué. Le 2c maximum est remplacé ici par une
Acétone-chloroforme négative min positives. max.
portion de courbe rapidement ascendante du côté de
l’alcool Chloroforme-éther.. négative s. min. maximum
(8).
La grandeur des écarts de r avec la droite que Benzène-alcool éthy-
donnerait un mélange idéal renseigne sur l’importance lique............ positive max. minimum
Eau-alcooléthylique
des associations ou des dissociations pour chaque
mélange. Cette droite est inclinée; sa plus grande
Eau-alcool
Eau alcool
propillque..
mécliylidue.
/{ positive max. miiiimum
Positivemax.
presque droite
minimum

minimum
valeur correspond au liquide pur le plus visqueux.
Généralement la valeur de F à ~~° aux deux extrémités Le sens de variation du coefficientt de diffusion D
de l’isotherme de chaque mélange oscille entre 1,1 et avec la concentration du corps dissous, peut donc être
1,3.10-7 dynes. Une valeur de Fbeaucoup plus grande mis en évidence si la courbe de l’isotherme de tension
indiquerait, même en solution diluée, une association de vapeur est suffisament convexe ou concave. Dans le
de molécules. Le mélange benzène-alcool éthylique en cas de l’azéotropisme positif, D décroît quand la con-
offre un exemple : F 1,6.10-7 dynes vers le benzène
=
centration du corps dissous augmente à partir du
pur et 2,15.10-7 dynes du côté de l’alcool pur à 1~°. solvant le moins visqueux. Pour les mélanges à azéo-
La grande viscosité de ces corps est accompagnée de
valeurs élevées des coefficients de diffusion et les
tropisme négatif, la croissance de D avec la concen-
tration croissante du corps dissous se fait du côté du
forces altractives prennent d’autant plus d’ampleur solvant le plus visqueux.
que la molécule est plus grosse ~1). Dans l’autre partie de l’isotherme, le sens de la
variation de D sera lié à l’existence ou à l’absence d’un
(7) Il y a, lors du mélange du benzène avec l’alcool éthy- minimum ou d’un maximum.
lique, dilatation et refroidissement;la chaleur de mélange passe
Il faut remarquer en effet que l’existence d’un maxi-
par un minimum à 26 moles pour 100. La courbe de congélation
est plus haute que la courbe idéale établie par Timmermans ce mum ou d’un minimum de l’une de ces isothermes

qui est d’après cet auteur un indice de dissociation. TIMMERMANS. n’entraine pas nécessairement, inversement, celle d’un
(Les solutions concentrées). minimum ou d’an maximum de l’autre. Maxima et
(8) Timmermans a indiqué que, par addition de sels solubles minima sont fonction d’une part de l’écart de l’iso-
seulement dans l’eau, la zone de démixtion apparait dans les
mélanges eau-alcool à partir de certaines concentrations et à therme par rapport à la droite donnée par la règle
certaines températures. Lorsqu’on passe du mélange eau-alcool d’additivité du mélange et, d’autre part des valeurs
propylique aux mélanges eau-alcool éthylique et eau-alcool respectives des extrémités de chaque isotherme.
méthylique, le nombre des sels qui provoquent la précipitation Dans tous les cas, la positivité ou la négativité d’une
diminue, ainsi que l’intervalle des concentrations sensibles à
cette action. isotherme de diffusion peut être décelée à l’aide de la
(1) LANGEVIN. Journal de Chimie Physique, 1912. connaissance de celle de tension de vapeur.
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Le rapprochement recherché par divers auteurs (1°) q uer au mélange eau-alcool méthylique dont l’isotherme
entre les isothermes de viscosité et de tension de de tension de vapeur s’écarte peu d’une droite et dont les
vapeur n’est pas général, celles-ci pouvant être de associations moléculaires sont indiquées par la force Jl.
même sens dans certains mélanges. On ne tirera une
9. Conclusions. - Au cours de ce travail et de
interprétation non douteuse des actions intermolécu- notes précédentes (12), j’espère avoir pu lnontrer l’in-
laires que si ces deux isothermes ont des courbures de
sens contraire. térét que présente l’étude des phénomènes de diffusion
Au contraire, ma règle relative- aux isothermes de dans les mélanges liquides binaires. Ces phénomènes
diffusion et de tension de vapeur paraît se vérifier étudiés en corrélation avec la viscosité, apportent des
dans tous les cas. renseignements intéressants sur le sens et la variation
Mais c’est la connaissance de la force motrice qui, des actions intermoléculaires.
La diffusion permet de prévoir, par la forme de son
par sa grandeur et ses variations donnera la solution
précise du problème dans tous les cas. Par suite de isotherme, l’existence d’une association ou d’une dis-
ses relations avec la tension de vapeur par l’interrné-
sociation de molécules en accord avec les renseigne’-
diaire de la diffusion, elle doit être soumise aux nlêmes ments fournis par l’isotherme de tension de vapeur.
Nous avons vu, d’autre part, que l’isotherme de visco-
hypothèses que celles qui régissent l’azéotropisme. sité donne lieu, dans certains cas, à une interprétation
~. Force~ motrice de diffusion et azéotropisme o erronée. On évite ces causes d’erreur en tenantt
-
1. Lecat indique (’ ~) que l’azéotropisme positif d’un compte, à la fois, de la diffusion et de la viscosité.
mélange binaire exige une isothermes positive de ten- C’est le produit qui permet de déceler des asso-
sion de vapeur, qui ne peut exister sans dissociation ciations cumpléinentaiI-e non prévues par l’étude due la
des molécules gazeuses. Au conttaire, 1"azéotropisme diffusion et de la tension de vapeur, comme dans les
négatif (isotherme de tension de vapeur négative) com- mélanges eau-alcool c’est lui qui rend compte sans
porte des associations de molécules pouvant aller ambiguïté, du sens et de la grandeur des variations
des actions intermoléculaires.
jusqu’à la solvatation. Une dissociation de molécules
dans un mélange binaire doit donc ètre décelée, à la Cette méthode paraît supérieure à celles employées
fois, par la positivité de l’isothernie de tension de par divers auteurs qui utilisent les variations d’autres
vapeur et la négativité de la force motrice F de cliffu- propriétés des mélanges binaires; ces dernières com-
sion, précédemment définie. Une association de molé- portent trop d’exceptions pour éliminer le doute dans
cules provoquera la formation des isothermes de ten- certains cas. Cependant en comparant leurs données,
sion de vapeur négative et de force de diffusion F on obtient de meilleurs résultats, comme l’a fait
J. Timlnermans dans son ouvrage « Les solutions con-
positive. Nous classerons donc ces mélanges en trois
centrées ».
groupes suivant qu’ils possèdent un azéotropisme
négatif (ou de 2e espèce), un azéotropisme positif (ou Cependant si les associations se manifestent quel-
de 1re espèce), ou qu’ils ne possèdent pas d’azéotrope. quefois par l’apparition d’un composé isolé par refroi-
dissement, l’hypothèse de la dissociation cles liquides
1 cr groupe. --

mélange chloroforzne-acé-
tone qui possède, en effet, un maximum de F, et une
organiques et son interprétation reposent sur des
bases plus fragiles. Sur les conseils de M. Jean Thibaud.
isotherme de tension de vapeur à minimum, d’ou asso-
ciation de molécules. Le mélange chloroforme-éther
j’ai entrepris une étude de la diffraction des Rayons X
par les mélanges binaires liquides qui doit permettre
peut être rangé dans ce groupe bien que sa tension de d’obtenir à la fois une vérification des hypothèses
vapeur n’ait pas de minilnum à 350, celui-ci doit pro- énoncées jusqu’ici, et une connaissance plus appro-
bablement exister au-dessous de 30° (Lecat). fondie de 1 espacement et des dimensions moléculaires
2~ groupe. -La force motrice de diffusion du mélange des liquides.
benzène-alcool éthylique étant négative, il y a accord On peut espérer enfin que la confrontation de la
avec la théorie de l’azéotropislne pour prévoir une diffusion, de la viscosité et de la force motrice avec les
dissociation de molécules aux solutions concentrées. autres propriétés d’un mélange binaire, permettra de
Il fautt ranger dans ce groupe les mélanlgeR eau- préciser le rôle de ces dernières et d’en expliquer les
alcool éthylique eteau-alcool propylique dont les forces anomalies en vue d’une contribution utile à la thermo-
motrices ont bien le minimum attendu, mais présentent dynamique des fluides.
également deux ou un maximum non prévus par C’est pour moi un agréable devoir de remercier
l’examen de la tension de vapeur et de la diffusion et )1. Thibaud, Directeur de l’Institut de Physique Ato-
qui sont dus à la positivité de l’isotherme de viscosité. mique, de l’intérêt qu’il a pris à ce travail, aussi bien
Dans ces deux mélanges les associations sont uni- par ses conseils que dans la discussion des résultats,
quement révélées par l’étude de F. ainsi que pour les installations qu’il a mises à ma dis-
3e groupe. - Les mêmes remarques peuvent s’appli- position.
(12) Il. LEMOXDE. Comptes rendus, 1936, 202, p 468, -13l, 1069 ;
(Ill) Fiudtay. Z. l’hys. Cftent., 19u9, 69.203. - Faust. Z. Phys. Bulletin Soc. lraïiç. de Physique, 1930, p. 46 S; et 1934, p. S
Cher~.,19~?, 79, 97.
Traité de Chimie organique. 1~’, GRIGNARD 1, p. 1:22. Manuscrit reçu le 15 juin 1936.

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