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Les secrets des bons orateurs - Le Temps 29/01/16 17:35

Martin Luther King


5 minutes de lecture FORMATION © AFP / Julian Wasser

 Carrières
Les secrets des bons orateurs PUBLICITÉ

Amanda Castillo
Publié mardi 26 janvier 2016 à L’intérêt d’un auditoire est directement proportionnel au
21:11, modifié mardi 26 janvier degré de préparation de l’orateur. Les cadres dirigeants qui
2016 à 21:11. soignent leur prise de parole en public restent une minorité

Le charisme oratoire est-il une caractéristique innée ou une


qualité qui s’acquiert? Pour Nancy Duarte, auteure du livre
Vibrations, ce charme magnétique qui exerce une fascination
sur les foules est avant tout «le fruit de longues heures
passées à réfléchir à la meilleure manière de construire un
message qui résonne profondément avec le public.»

Les dirigeants à consacrer du temps à la préparation de leurs


présentations sont une minorité. Lors d’une enquête effectuée
par l’institut de sondages Distinction Communication, plus de
86% des cadres interrogés ont affirmé que leur capacité à
communiquer clairement influençait leur carrière et leurs
revenus. Paradoxalement, ils n’étaient qu’un quart à consacrer
plus de deux heures à la préparation de présentations
d’importance décisive. Cette négligence n’est pas sans
conséquences sur la bonne santé des entreprises. En effet,
pour rester dans la course, celles-ci doivent non seulement
innover en permanence mais aussi établir, à chaque nouvelle
étape, une communication claire et percutante vis-à-vis de
leurs clients et principaux acteurs. Or, de nombreuses
présentations, parce qu’elles se limitent à transmettre des
informations, ressemblent à des rapports assommants.
D’autres sont entachées de nombrilisme («mon produit est le
meilleur», «mes partenaires sont top», «ma capitalisation
boursière est énorme» etc.), ce qui provoque le désintérêt des

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auditeurs.
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Une histoire pour faire naître une émotion


Comment éviter ces écueils? Un message persuasif et viral est
avant tout un message qui éveille des émotions, répond Dr.
Branka Zei Pollermann, directrice de l’institut de formation et
de recherche Vox Institute, sis à Genève. Au 19ème siècle,
Maupassant exprimait déjà cette idée en ces termes: «en
somme, le public est composé de groupes nombreux qui nous
crient: consolez-moi, amusez-moi, attristez-moi,
attendrissez-moi, faites-moi rêver, faites-moi rire, faites-moi
frémir, faites-moi pleurer, faites-moi penser.»

Comment faire naître une émotion? Pour Nancy Duarte, il


suffit de savoir raconter une histoire. «Depuis la première
veillée autour du feu, les êtres humains ont eu recours aux
histoires pour créer des liens émotionnels». Un orateur
charismatique serait donc avant tout un conteur hors pair qui
captive son public grâce à des mécanismes narratifs
universels que l’on retrouve dans les contes, les grandes
épopées mythologiques mais aussi les scénarii à succès. En
effet, qu’il s’agisse de Cendrillon, de l’Iliade ou d’Avatar, les
histoires marquantes suivent toutes le même schéma narratif:
un héros sympathique et familier rencontre des obstacles, les
surmonte et en ressort transformé.

« Votre public est le héros sympathique mais


imparfait de votre présentation »

Les discours captivants utilisent la force d’inspiration des


mythes et du cinéma de plusieurs manières. «Votre public est
le héros sympathique mais imparfait de votre présentation,
note Nancy Duarte. Celle-ci doit le guider à travers un périple
lors duquel il apprend des compétences, reçoit des conseils et
modifie son point de vue.» L’auteure cite le cas de Steve Jobs
qui n’avait pas son pareil pour allécher l’auditoire en créant

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du suspense et des mises en scènes mémorables. D’aucuns se


souviennent encore de la présentation du MacBook Air que le
directeur-général d’Apple sorti d’une enveloppe. Quant au
lancement de l’iPhone lors du MacWorld 2007, il est devenu
un cas d’école: «Toutes les trente secondes environ, (Steve
Jobs) montre une nouvelle fonction en se plaçant dans la
situation d’un utilisateur réel. Il appelle un collègue pendant
qu’un autre l’appelle; il vérifie sa messagerie vocale visuelle et
montre un message d’Al Gore le félicitant du lancement; il
appelle Starbucks pour commander quatre mille cafés au lait à
emporter. Il accomplit au total quarante-sept tâches
différentes, ce qui rend la démonstration absolument
passionnante.» Mais l’entrepreneur ne s’arrêtait pas là. Branka
Zei Pollermann note qu’à la fin de ses présentations, il parlait
toujours de l’avenir. Il rappelait ainsi à ses auditeurs que la
tradition d’Apple était de sortir des produits révolutionnaires
et leur assurait que l’iPhone ne serait pas le dernier. «Sa
conclusion laissait toujours présager un nouveau
commencement.»

Mettre les auditeurs au cœur de l’action


Un bon orateur place par ailleurs ses auditeurs au cœur de
l’action et fait en sorte qu’ils sentent que la présentation leur
est personnellement adressée. La première phrase prononcée
par Steve Jobs lors de son célèbre discours à Stanford le 12 juin
2005 – «c’est un honneur pour moi d’être aujourd’hui avec
vous» – illustre bien ce point. «Il établit avant toute chose un
contact direct avec son public, «moi et vous», analyse Branka
Zei Pollermann. Puis il procède à une accroche temporelle:
«aujourd’hui». La suite de son discours observe toutes les
techniques de rhétoriques enseignées par Aristote il y a 2500
ans.» Pour créer du pathos, Steve Jobs a notamment recours à
l’anaphore. Comme autrefois Martin Luther King et son
mémorable «I have a dream» ou Obama et son «Yes we can»,
Steve Jobs répète plusieurs fois «Stay hungry, stay foolish».

Autre aspect clé de la rhétorique: la voix, puissant instrument


de persuasion et de leadership s’il en est. «Le récepteur d’un
message manifeste par exemple plus souvent son accord non
verbal avec le locuteur quand ce dernier termine ses phrases
sur un ton descendant», note Branka Zei Pollermann. Un
orateur emportera également plus facilement l’adhésion de
son public s’il a une voix grave. «Une voix aigüe, parce qu’elle
est synonyme de soumission ou d’appel à l’aide, a peu de
crédibilité. Margaret Thatcher en était consciente lorsqu’elle a
fait appel à un coach vocal pour baisser sa voix de 40 hertz.»

L’institut Vox Institute effectue les Audits de l’expression orale


à l’aide d’analyses acoustiques informatisées. Les résultats

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(hauteur de la voix, volume, étendue-hauteur, modulation


ainsi que débit, et fluidité) sont par la suite comparés avec les
valeurs de référence choisies en fonction du but du discours
et du contexte. Cinq séances de 1h 30 avec un coach vocal
suffisent à corriger les problèmes diagnostiqués dans l’Audit.
Enfin, grâce à l’appareil Reflect Table qui quantifie et visualise
le niveau d’implication émotionnelle pendant le discours, il
est possible d’ajuster son style vocal et d’augmenter
l’efficacité de la communication.

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