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Texte : (Document inédit de MOSTAFA LACHERAF sur le détournement de l’avion des dirigeants du
FLN en 1956)
(…) Pendant longtemps, le convoi roula en montant Tout cela finit par me redonner l’assurance que
de plus en plus vers les hauteurs. Je n’étais pas j’avais plus ou moins perdue et ce sont les excès de
encore tout à fait sûr d’être en Algérie. Plus tard, paroles ou d’attitudes et de chauvinisme primaire de
quand nous arrivâmes devant les locaux de la police, ces policiers qui me font mépriser le danger. (…)
Boudiaf me dit que nous étions à la PRG, à El Biar. Devant leur excitation maladive, je reste calme, les
La même multitude de soldats en arme et de fixant dans les yeux ; je me tais ou parle posément.
photographes qu’à l’aéroport. Les policiers qui nous J’évite cependant la provocation et chaque fois
prirent en charge nous enlevèrent les menottes et j’engage les policiers à avoir la tête froide, à se
nous poussèrent chacun dans une cellule au rez- maîtriser. J’ai la nette impression, étant moi-même
dechaussée. pondéré et sans crainte, que mon attitude les
Mise à nu et contrôle des vêtements. Un désarme. Nous renouons et je parle alors de mes
inspecteur déchire un coin de doublure de ma veste convictions politiques, du programme du FLN, des
pour y voir de plus prés. On m’autorise à me relations que les Algériens, une fois libres et
rhabiller et on me laisse là après avoir tiré la lourde indépendants, aimeraient avoir avec la France.
porte de fer. La cellule n’a que son carrelage froid et Hypocritement, quelques inspecteurs me répondent
ses murs blancs et lisses. Je m’étends sur le sol et que notre idéologie est honorable mais deux choses
j’attends. (…) Quelques temps après, on me retira les vexent, et qu’ils ressassent d’ailleurs
de ma cellule pour m’emmener sous bonne escorte démesurément jusqu’à l’obsession : ce qu’ils
chez un inspecteur au 1er étage. (…) L’interrogatoire appellent les « crimes » du FLN et les «
commença et je répondis sommairement, d’abord en reproches » que nous faisons à la France. Quand je
toute bonne foi, ensuite avec certaines réserves. leur rétorque qu’il s’agit de faits inhérents à un état
Tout cela avait duré 30 minutes, tout au plus. On me de violence et que les excès de la répression sont
ramena dans ma cellule où je passai une nuit pénible plus condamnables encore, ils s’enflamment et
à suffoquer paradoxalement sur le carrelage froid. répondent ingénument : « Mais qui a commencé ?
L’air était rare, la nuit pas trop fraîche et la lumière Ce n’est pas nous ! » Pour relever le deuxième point
intense de la lampe, pourtant haut perchée, ne qui les choque, ils se rabattent sur la littérature
laissait aucun répit à mon sommeil. (…) Les jours officielle des réalisations de toutes sortes et des
suivants, les mises en scène de ces interrogations me bienfaits dont la France a couvert l’Algérie. Ce qui
durcissent. J’ai à faire à des fonctionnaires d’un apparaît souvent comme de la mauvaise foi chez
niveau assez bas, à des chauvins de la pire espèce certains, n’est en réalité qu’une conviction erronée,
qui ont souvent recours à une provocation l’effet d’une éducation tendancieuse.
maladroite ou à des injures pour m’intimider. D’après MOSTEFA LACHERAF, El Watan le 11 février
2008
PRG : police des renseignements généraux qui avait acquis une sinistre réputation par ses interrogatoires et
ses tortures.
Mostefa LACHERAF : un des grands intellectuels algériens (poète, journaliste, historien…..). Il est né en
1917.
Les mots : [sur la défensive/ brutal/ serein/ intimidant/ prudent/ non impressionné/
déterminé/ faux/
6-
a- Comment se déroule généralement un interrogatoire ?
b- En quoi s’est transformé l’interrogatoire de LACHERAF ?
c- Comment le voit-on très clairement dans le texte ?
7- Les « reproches » que nous faisons à la France.
a- Qui a fait ces « reproches » ? Et à qui ?
b- D’après le texte, quelle réponse a-t-on donné pour réagir à ces
« reproches » ?
c- D’après la réponse donnée, peux-tu deviner de quels « reproches » s’agit-il ?
8- Les « crimes » du FLN.
a- D’après tes propres sources, cite un exemple de ces « crimes ».
b- Pourquoi l’auteur a-t-il mis ce mot entre guillemets ?
9- [Les policiers qui nous prirent …..au rez de chaussée]
Réécris la phrase en commençant ainsi :
« Le policier……………………………. »
Texte:
La peur du nucléaire
- Avec l'utilisation technologique de la fission nucléaire, l'homme a fait un saut dans une
nouvelle dimension de la violence. Au début, celle-ci ne visait qu’adversaires militaires.
Aujourd'hui, elle menace tout un chacun. Il n'existe en effet aucune distinction fondamentale
entre les atomes pour la guerre et les atomes pour la paix. La volonté déclarée de ne s'en
servir qu'à des fins constructives ne modifie en rien la nature de la nouvelle énergie, qui est
ennemie de toute vie. Les efforts déployés en vue de dominer les risques qu'elle présente ne
peuvent contrôler le danger que partiellement. Ses partisans eux-mêmes sont contraints
d'admettre qu'il ne sera jamais possible de les supprimer complètement.
- Une catastrophe atomique qu'elle soit due à un défaut technique, à une défaillance humaine
ou à un acte de malveillance, causerait non seulement d'énormes dégâts dans l'immédiat, mais
aurait des effets se prolongeant pendant des décennies, des siècles, voir des millénaires. Cette
hypothèque sur l'avenir, cette peur des conséquences de l'énergie nucléaire incontrôlée, va
devenir le plus lourd fardeau de l'humanité: qu'il s'agisse de traces toxiques persistantes ou
simplement d'une peur qui ne disparaîtra jamais.
- Les partisans de l'énergie atomique n'ignorent certainement pas ces sombres perspectives. Ils
sont, certes, persuadés de pouvoir protéger leurs citoyens grâce à des mesures de sécurité sans
précédent. Si cette protection était uniquement d'ordre technique, ce serait principalement le
problème des ingénieurs, et aussi à cause de son coût particulièrement élevé des économistes.
Toutefois, cette invention humaine doit également être protégée, avec une rigueur sans
parallèle, contre les hommes eux-mêmes: cotre leurs erreurs, leurs faiblesses, leur dépit, leur
ruse, leur volonté de puissance, leur haine. Si l'on voulait essayer de protéger les installations
nucléaires de façon absolue contre cela, la conséquence inévitable en serait une existence
pleine d'interdits, de contrôles et d'obligations, qui chercheraient leur justification dans la
magnitude des dangers potentiels.
- Pour la société comme pour l'individu, il est urgent d'exposer ces conséquences et d'y
réfléchir, car les dangers sociaux et politiques de l'énergie nucléaire ont jusqu'à présent été
éclipsés par des considérations sur ses effets biologique et écologique.
L'Etat atomique. Traduit de l'allemand par Frank Straschitz.
Questions:
I- Compréhension:
1- Selon l'auteur, la nouvelle dimension de la violence a conduit l'être humain à la guerre au
lieu de la paix.
Retrouver dans le texte la phrase qui justifie cette affirmation.
2- Les partisans eux-mêmes sont contraints d'admettre qu'il ne sera jamais possible
de les supprimer complètement.
a quoi renvoie le pronom souligné ?
3- "... causerait non seulement d'énormes dégâts dans l'immédiat."
Le mot souligné veut dire:
- causes? - catastrophes? - techniques?
4- Selon le texte, l'énergie nucléaire serait un défit pour les ingénieurs et les économistes.
Relevez des exemples pour dire pourquoi?
5- Comment protéger cette énergie contre les hommes eux-mêmes?
Relever des exemples à partir du 3ème paragraphe
Texte :
« La torture, la torture? Bien sûr, nous la pratiquons. La presse, une certaine presse,
nous rebat les oreilles avec cette affaire. Mais comment voulez-vous faire autrement?"
Bigeard
A la ferme Ameziane, centre de renseignement et d'action (C.R.A.) de Constantine, la
torture se pratique à l'échelle quasi industrielle. C'est à cette ferme que sont conduits
tous les suspects pris par les unités de l'Est algérien.
L'arrestation des « suspects » se fait par rafles, sur renseignements, dénonciation, pour
de simples contrôles d'identité. Un séjour s'effectue dans les conditions suivantes : à leur
arrivée à la « ferme », ils sont séparés en deux groupes distincts : ceux qui doivent être
interrogés immédiatement et ceux qui « attendront », à tous on fait visiter les lieux et
notamment les salles de tortures « en activité ». Ceux qui doivent attendre sont ensuite
parqués et entassés dans les anciennes écuries aménagées où il ne leur sera donné
aucune nourriture pendant deux à huit jours, et quelquefois plus encore.
. Les interrogatoires qui sont exécutés par des officiers, sous officiers, ou membre des
services du C R A sont menés systématiquement de la manière suivante: Dans un
premier temps, l'O.R. pose ses questions sous la forme « traditionnelle » en les
accompagnant de coups de poing et de pied: l'agent provocateur, ou l'indicateur, est
souvent utilisé au préalable pour des accusations précises et préfabriquées. Ce genre
d'interrogatoire peut être renouvelé. On passe ensuite à la torture proprement dite, à
savoir: la pendaison, le supplice de l’eau, l'électricité (électrodes fixées aux oreilles et aux
doigts) brûlures (cigarettes, etc.), les cas de folies sont fréquents, les traces, cicatrices,
suites et conséquences sont durables, certaines même permanentes comme les troubles
nerveux. Plusieurs suspects sont morts chez eux le lendemain de leur retour de la
"ferme". Personnellement j'ai souvent hurlé à Bigeard : " Vous n'êtes pas un homme si
vous ne m'achevez pas ! " Et lui, me répondait en ricanant : "Pas encore, pas encore ! "
Pendant trois mois, je n'ai eu qu'un but : me suicider, mais, la pire des souffrances, c'est
de vouloir à tout prix se supprimer et de ne pas en trouver les moyens. "
. Les interrogatoires supplices sont souvent repris à plusieurs jours d'intervalle. Entre-
temps, les suspects sont emprisonnés sans nourriture dans des cellules dont certaines ne
permettent pas de s'allonger. Précisons qu'il y a parmi eux de très jeunes adolescents et
des vieillards de 75, 80 ans et plus. À l'issue des interrogatoires et de
l'emprisonnement à la ferme, le « suspect » peut être: libéré ; c’est souvent le cas des
femmes et de ceux qui peuvent payer ou interné dans un centre dit « d'hébergement »
(au Hamma Plaisance, notamment); ou encore considéré comme « disparu » (lorsqu'il
est mort des suites de l'interrogatoire ou abattu en "corvée de bois" aux environs de la
ville.
Vérité-Liberté En 1961,
O R : Officier de renseignement
Questions
Compréhension (14pts)
3-« …a tous on fait visiter les lieux et notamment les salles de torture ». Pourquoi selon
vous?
*Relevez du texte deux conséquences de la torture. (2pts)
4- Les suspects passent par des conditions extrêmes dans la ferme Amziane.
Relevez du dernier paragraphe deux de ces conditions ? (2pts)
Expression écrite(6pts)
L’Algérie vient de célébrer l’une des dates historiques les plus importantes de la patrie :
le 11 décembre 60 ; cette date a fait couler beaucoup d’encre car elle constitue un
tournant décisif pour l’Algérie.
- Ecrivez un texte dans lequel vous donnerez des informations à vos camarades en
introduisant un témoignage.