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Efficience des institutions de microfinance de la
région MENA : Trois approches de Data
Envelopment Analysis
ZINEELABIDINE Maroua
HASSAINATE Mohammed
RESUME
La microfinance se développe progressivement dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique
du Nord (MENA) à travers des institutions de microfinance (IMF) très variées (ONG,
Coopérative, Institution financière non bancaire, Banque). L’objectif de la plupart des IMFs
est de concilier entre le rôle social qui consiste à lutter contre la pauvreté et le rôle
d’intermédiation financière qui consiste à atteindre la viabilité financière. Face à ce dilemme,
les IMFs doivent réfléchir à une gestion efficace de leurs ressources.
Ce travail de recherche sera d’une grande utilité car elle permet de déterminer les IMFs
efficientes par le calcul des scores d’efficiences financière, sociale et globale pour 80 IMFs
des 10 pays de la région MENA par l’intermédiaire de la méthode Data Envelopment
Analysis (DEA). Ensuite, ces scores d’efficiences seront expliqués par plusieurs facteurs
prenant en considération les spécificités des IMFs ainsi que leurs environnements socio-
économique en recourant à la démarche économétrique qui est celle des techniques d’analyse
de données de panel combinant les effets temporels et individuels, ce qui permet d’augmenter
le nombre d’observations.
La dernière étape sera consacrée à mettre en évidence les facteurs exogènes et endogènes
agissant sur l’efficience des IMFs à l’aide d’un modèle économétrique. Toutefois, cette étude
va permettre aux bailleurs de fonds de privilégier les IMFs ayant les bonnes pratiques et qui
servent d’exemple à celles qui ont du mal à gérer ces risques.
Mots clés : Microfinance, Efficience, Performance financière, Performance sociale, Data
Envelopment Analysis, Panel.
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1. Intérêt et originalité du sujet
Depuis 1970, le sujet de la microfinance a suscité plusieurs débats des différents acteurs vu sa
capacité à lutter contre la pauvreté en offrant des services financiers à la frange de la
population exclue du système bancaire classique. Actuellement, ce sujet suscite plus d’intérêt
vu sa particularité d’accomplir à la fois une mission sociale et une mission financière qui vise
à assurer une viabilité des institutions de microfinance.
Toutefois, les IMFs sont à la croisée du chemin, elles doivent faire face à un double enjeu ;
offrir des services financiers de qualité à un plus grand nombre de micro-entrepreneurs tout en
assurant une certaine performance financière. Ce constat suscite une confrontation de deux
paradigmes à savoir : « le paradigme institutionnaliste » (Woller, Dunford et Woodworth,
1999 ; Murdoch, 2000) qui atteste que les IMFs doivent avoir la capacité de couvrir ses
charges à partir des produits qu’elles génèrent et « le paradigme welfariste » qui met en accent
la réduction de la pauvreté.
Sur le plan académique, pour faire face à ce dilemme de conciliation entre les deux types
d’exigences financières et sociales, Nous allons appliquer l’approche non paramétrique
méthode d’enveloppement des données (DEA) en adoptant une approche financière, sociale
et globale (c’est-à-dire à la fois financière et sociale) afin de mesurer l’efficience des IMFs, ce
qui permet aux bailleurs de fonds de privilégier les IMFs efficientes ayant les bonnes
pratiques.
Sur le plan managérial, cette étude permet aux décideurs, dirigeants et chercheurs qui
s’intéressent au potentiel que représente la microfinance comme outil d’aide au
développement socio-économique de prendre en considération l’ensemble des facteurs
endogènes et exogènes impactant l’efficience des IMFs.
Encore faut-il noter que cette thèse se veut une contribution sérieuse en matière de la
recherche en science de gestion sur un champ d’étude peu exploré au Maroc qui est
l’efficience des institutions de microfinance et la promotion de l’entreprenariat social.
Quatre facteurs sont mentionnés de manière récurrente dans la littérature existante pour
expliquer l’efficience et, plus largement, la performance des IMFs : leur structure de
propriété, leur méthode de prêt, leur âge et leur zone d’opération (Gonzalez, 2007 ; Hudon et
Balkenhol, 2011).
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En matière de gouvernance, il est généralement admis que la structure de propriété façonne le
modèle économique et la performance des organisations (par ex. Hansmann, 1996). Dans le
secteur de la microfinance, on suppose que les IMF à but non lucratif telles que les ONG
ciblent prioritairement les emprunteurs les plus pauvres au détriment de leurs résultats
financiers, alors que les IMF commerciales poursuivent une stratégie opposée pour satisfaire
les exigences de rentabilité des investisseurs (Morduch, 2000). Les études empiriques
récentes tendent à valider cette hypothèse mais elles sont toutefois plus nuancées. Hartarska
(2005), Cull et al, (2007), Mersland et Strøm (2009) ou encore Wijesiri et al (2015) observent
que les effets de la gouvernance (avoir un statut d’ONG ou non) s’avèrent inexistants ou très
limités sur les niveaux de performance financière.
L’étude de Servin et al (2012) fait figure d’exception en montrant que les IMF à but non
lucratif affichent un degré d’efficience technique plus faible que les institutions
commerciales. En revanche, les résultats montrent généralement que les ONG sont plus
efficientes socialement. D’autres études, moins fréquentes, rapportent l’absence de relation
(par ex. Mersland et Strøm, 2009) ou, encore plus rarement, une relation négative entre
performance sociale et le statut d’ONG (Tchacouté Tchuigoua, 2010).
Le choix de la méthode de prêt joue un rôle crucial dans l’arbitrage entre performances
financière et sociale. C’est la conclusion tirée par Cull et al (2007) à l’issue d’une étude
réalisée sur 124 institutions de microfinance solidement établies et provenant de 49 pays.
D’autres travaux plus récents abondent également dans ce sens : en adoptant de plus en plus
massivement la méthode du prêt individuel, les IMF tendent à améliorer leur performance
financière et à se départir de leur mission sociale (Hermes et Lensink, 2007 ; Mersland et
Strøm, 2009, 2010 ; Hermes et al, 2011 ; D'espallier et al, 2013).
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Le contexte dans lequel évoluent les IMF est également susceptible d’influencer leur
efficience (Hudon et Balkenhol, 2011). Si les IMF se sont initialement développées dans les
zones rurales, comme par exemple en Amérique Latine (Morduch, 1999a), elles se répandent
aujourd’hui plus rapidement en milieu urbain où elles se révèlent plus performantes (Hulme et
Moore, 2006 ; Vanroose, 2008). Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer cette
performance accrue dans les régions les plus densément peuplées. Ils peuvent être « internes
» et relèvent notamment de la réduction des coûts de transaction et d’information réduits du
fait de la proximité entre prêteur et emprunteur ou de l’amélioration de la productivité des
chargés de crédit (Schreiner et Colombet, 2001). Ces facteurs peuvent aussi être « externes » à
l’instar de la qualité des infrastructures à disposition des IMF (Gonzalez, 2007).
Enfin, les techniques de prêt auxquelles recourent les IMF sont plus adaptées aux activités
économiques des zones urbaines, ce qui freine le développement d’institutions socialement et
financièrement efficientes (Périlleux, 2013 ; Morvant-Roux, 2011). Toutefois, Nghiem et al
(2006) notent, que l’efficience (financière) s’améliore à mesure que l’on s’éloigne des centres
urbains.
3. Fixation de la problématique
Un nombre significatif de travaux théoriques et empiriques documentent que les IMFs qui
essaye de concilier entre les objectifs financières et sociales dévient de leur mission originelle
au fil du temps, en mettant l’accent sur la performance financière au détriment de la
performance sociale. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène : la nécessité de devenir
autonome financièrement face à la baisse des subventions (D’Espallier et al, 2013), la fin du
subventionnement croisé par l’individualisation du taux d’intérêt liée au changement
d’échelle du programme (Armendariz et Szafarz, 2011), le changement de forme
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institutionnelle d’ONG à société anonyme (Ashta et Hudon, 2012) ou encore, de manière
paradoxale, la volonté d’attirer des investisseurs sociaux (Cull et al, 2009).
1. Les ressources mises à la disposition des IMFs par les bailleurs de fonds sont-elles
utilisées de façon optimale pour préserver le secteur de la mcirofinance ?
5. Hypothèses de travail
Pour le cas de notre thèse, il convient de signaler qu’une littérature foisonnante a été exploitée
afin de pouvoir en tirer les hypothèses de travail. Il était question de revoir une littérature
aussi bien théorique qu’empirique. Nous donnons dans ce qui suit les hypothèses de travail
qui nous semblent, a priori, en adéquation avec notre problématique.
Dans notre démarche, nous adoptons une approche hypotico-déductive qui s’inscrit dans le
courant positiviste. Nous avons donc décliné la problématique de la recherche en un ensemble
de questions présentées sous la forme des hypothèses suivantes :
Hypothèse 1.1 : Les subventions octroyées par l’Etat et les dons prévenants des
bailleurs de fonds ne sont pas investis de manière profitable.
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Hypothèse 2.1 : Le statut d’ONG produit un effet légèrement négatif sur l’efficience
financière tandis qu’il présente un impact positif sur l’efficience sociale.
Hypothèse 2.2 : Le recours au prêt individuel améliore l’efficience financière tandis
qu’il est défavorable à l’efficience sociale.
Hypothèse 2.3 : L’âge influence positivement et modérément l’efficience financière
tandis qu’il a un impact négatif sur l’efficience sociale.
Hypothèse 2.4 : l’efficience sociale et, dans une moindre mesure, l’efficience
financière sont d’autant plus fortes que les IMF évoluent en zone urbaine.
Afin de tester ces hypothèses, nous avons considéré les données d’un échantillon composé de
80 institutions de microfinance de 10 pays de la région MENA sur une période de six années,
de 2011 à 2016. Ainsi, nos données seront des données dites données de panel qui vont nous
permettre de définir un modèle économétrique mis en avant les meilleures pratiques des
institutions de microfinance combinant les deux objectifs financiers et socials.
6. Méthodologie adoptée
Par ailleurs, ce travail de recherche va poursuivre une démarche à double objectif. Dans un
premier temps, nous allons calculer les scores d’efficiences financière, sociale et globale pour
80 IMFs des 10 pays (Maroc, Tunisie, Egypt, Soudan, Mali, Liban, UAE, Arabie saoudite,
Yamen et Jordanie) de la région MENA par l’intermédiaire de la méthode Data Envelopment
Analysis (DEA). Et dans un deuxième temps, nous cherchons à expliquer ces scores
d’efficiences par plusieurs facteurs qui définissent l’activité des IMFs grâce à une démarche
économétrique qui est celle des techniques d’analyse de données de panel combinant les effets
temporels et individuels, ce qui permet d’augmenter le nombre d’observations. Cette étude
aura comme objectif de fournir un modèle économétrique mis en avant les variables
explicatives de l’efficience globale des institutions de microfinance dans la région MENA.
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Ce travail de recherche sera composé de 4 chapitres. Le premier de ces chapitres, traitera le
rôle de la microfinance autant qu’alternatif pour diminuer le phénomène de la pauvreté et
autant que levier de développement socio-économique. Ce premier chapitre est, donc,
l’occasion de montrer également l’ampleur du secteur de la microfinance dans la promotion
de l’entreprenariat social.
Etant donné que notre travail porte sur l’étude des facteurs déterminants de l’efficience des
institutions de microfinance, le deuxième chapitre portera sur la notion de l’efficience et sur
l’analyse d’une revue de la littérature sélectionnée, qui porte sur les déterminants de
l’efficience des IMFs. Une fois cette notion délimitée, le chapitre s’intéresse, ensuite, à
l’efficience telle qu’elle est définie et traitée dans le cas particulier des institutions de
microfinance, qui ont la particularité de suivre un double objectif : un objectif social et un
objectif financier. Nous nous intéressons particulièrement aux deux approches concurrentes,
des fois complémentaires, du domaine de la microfinance : l’approche welfariste et
l’approche institutionnaliste.
Dans la dernière partie du chapitre II, nous identifions, à travers l’analyse d’une revue
sélectionnée, l’ensemble des facteurs qui ont une influence sur la performance des IMF.
L’objectif est de sélectionner les variables explicatives qui vont nous permettre de valider ou
de rejeter nos hypothèses. Nous nous intéressons dans notre travail à l’étude des institutions
de microfinance de la région MENA. Il est donc essentiel de bien comprendre l’évolution des
10 pays choisis à l’étude dans le domaine de la microfinance ainsi que le contexte
institutionnel et juridique dans lequel évoluent les institutions étudiées.
De manière plus concrète, le chapitre III est consacré à la définition de la méthode DEA et le
calcul des scores d’efficiences en adoptant 3 formes d’efficiences (Financier, Social et global)
et de prouver dans quelle forme d’efficience les IMFs arrivent à atteindre la meilleure
performance possible. Dans le dernier chapitre de la thèse, chapitre IV, nous allons définir la
démarche économétrique qui est la technique d’analyse des données de Panel afin d’expliquer
les scores des 3 formes d’efficiences par des variables explicatives propres à l’institution de la
microfinance et à son environnement socio-économique. Ensuite, nous allons analyser les
données et les résultats pour enfin mettre en œuvre un modèle économétrique qui représente
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les variables endogènes et exogènes influençant la conciliation entre les exigences financières
et les exigences sociales et pour conclure, nous allons tester ce modèle pour juger sa fiabilité.
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