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Le Professeur Nom et Prénom
Nom et prénom
À ma mère,
À mon père,
À ma sœur, à mes frères, à tous mes ami(e)s et à tous ceux qui me sont
chers,
Cependant, au fil du temps et en raison des crises successives, des débats, des
interrogations et même des critiques ont émergé quant à la prédominance des objectifs
sociaux par rapport aux objectifs financiers. La microfinance a donc dû faire face à un
équilibre délicat entre ces deux dimensions.
Selon Lapenu (2002), la bonne gouvernance vise à assurer la pérennité de l'IMF et à lui
permettre de fournir des services financiers adaptés à sa clientèle cible sur le long terme. En
effet, une gouvernance inadéquate peut entraîner des crises, des dysfonctionnements et même
la faillite, laissant des conséquences durables si elles ne sont pas rapidement résolues.
Le secteur de la microfinance est le théâtre d'un débat animé entre deux approches
distinctes : les institutionnalistes et les welfaristes. Les institutionnalistes mettent l'accent sur
l'autosuffisance financière et la dimension institutionnelle, tandis que les welfaristes
privilégient la réduction immédiate de la pauvreté parmi les plus défavorisés.
L'approche institutionnaliste se concentre sur la création d'institutions financières destinées
à desservir une clientèle négligée ou mal servie par le système financier formel. Elle accorde
une grande importance à l'autosuffisance financière, en mettant l'accent sur l'ampleur de la
couverture (c'est-à-dire le nombre de clients) plutôt que sur la profondeur de l'impact (c'est-à-
dire la réduction des niveaux de pauvreté). Les institutionnalistes considèrent que les impacts
positifs sur les clients sont présumés, et l'institution elle-même occupe une place centrale dans
cette approche. Le succès de cette approche est généralement mesuré en fonction de sa
progression vers l'autosuffisance financière. Des exemples notables d'institutionnalisme
comprennent la Bank Rakyat Indonesia (BRI) et la Banco Solidario (BancoSol) en Bolivie.
En revanche, les welfaristes se concentrent sur la profondeur de l'impact. Ils ont pour
objectif explicite d'améliorer immédiatement le bien-être des participants. Les welfaristes sont
moins préoccupés par les services bancaires en tant que tels que par l'utilisation des services
financiers comme un moyen direct d'atténuer les effets les plus préjudiciables de la grande
pauvreté parmi les participants et les communautés, même si cela nécessite parfois des
subventions. Leur objectif principal est de promouvoir l'auto-emploi des plus pauvres parmi
les pauvres économiquement actifs, en particulier les femmes, en leur permettant de contrôler
de modestes augmentations de revenus et d'épargne, ce qui est censé améliorer leurs
conditions de vie ainsi que celles de leurs enfants. La "famille" est au cœur de leurs
préoccupations. Tout comme les institutionnalistes, les welfaristes ont souvent supposé un
impact plus important qu'ils n'ont pu documenter. Des exemples marquants d'institutions
welfaristes incluent la Grameen Bank au Bangladesh et ses répliques ailleurs, ainsi que les
programmes de banques villageoises de type FINCA en Amérique latine et, plus récemment,
en Europe, en Afrique et en Asie.
L'objectif de ce modèle est de fournir à tous les membres des services financiers de qualité à
moindre coût, tout en permettant à l'institution de couvrir ses coûts opérationnels. Toutefois,
une faiblesse observée dans ce système est l'accumulation substantielle de l'épargne, dont
seule une petite fraction est utilisée pour l'octroi de crédits. Par conséquent, ces institutions se
retrouvent parfois en situation de surliquidité, transférant ainsi une partie significative des
ressources des pauvres vers les plus aisés (Jacquier, 1999).
Le modèle solidaire repose sur un groupe de personnes agissant en tant que garants
(caution solidaire) pour les membres du groupe bénéficiaires de crédits. Dans ce modèle, le
non-remboursement par l'un des membres du groupe entraîne la suspension de l'accès au
crédit pour l'ensemble du groupe. Cette approche résout efficacement le problème de
l'asymétrie de l'information et permet d'atteindre des taux de recouvrement proches de 100 %.
La Grameen Bank, avec Muhammad Yunus, est un exemple pionnier de l'application de ce
modèle de crédit solidaire, atteignant des taux de recouvrement de crédits dépassant les 90 %.
Contrairement au modèle mutualiste, l'accès au crédit dans ce modèle n'est pas conditionné
par l'épargne, ce qui le rend dépendant des ressources externes pour le financement des
projets.
Le modèle mixte combine les avantages des deux modèles précédents pour lutter
efficacement contre la pauvreté. Il se concentre sur quatre aspects essentiels :
Ce modèle mixte tire parti des forces des deux approches précédentes pour offrir des
services financiers plus complets et efficaces dans la lutte contre la pauvreté.
1.2 Performance sociale vis-à-vis de la performance financière
En microfinance, la performance est à la fois financière et sociale. Ces deux types de
performances représentent la mise en œuvre des missions financières et sociales des IMF, qui
constituent à leur tour l'éthique de la microfinance (Labie, 2007).
De nombreuses IMF qui adoptent une approche dynamique en faveur de leurs objectifs
sociaux estiment que cela renforce leur viabilité financière à long terme. À court terme, cela
engendre des coûts spécifiques, tels que la formation des clients, la gestion de groupes, la
transparence, la prise en compte des liens sociaux et des valeurs locales, ainsi que la
fourniture de services sociaux non financiers.
Cependant, cette démarche peut également générer des économies à plus long terme. La
confiance, les relations durables, les normes partagées, et la fidélisation de la clientèle en sont
des résultats positifs. De plus, la formation et l'implication des clients peuvent augmenter la
productivité des agents et réduire les coûts de transaction. En résumé, les performances
sociales ne se limitent pas à l'identification des personnes défavorisées, mais incluent
également la manière dont l'IMF poursuit sa mission sociale et s'intègre dans la communauté.
On peut distinguer deux approches distinctes dans la performance sociale :
L'approche axée sur les clients évalue l'impact de l'IMF sur eux.
L'approche axée sur l'institution analyse les méthodes employées pour atteindre ses
objectifs sociaux.
Un équilibre judicieux entre ces dimensions contribue à une performance sociale solide et
durable.
Face à l'importance de la performance sociale pour les IMF, plusieurs initiatives visant à
orienter les pratiques des acteurs impliqués ont émergé. Ces pratiques comprennent le
développement d'outils permettant d'évaluer le ciblage des pauvres (Hatch, 2002 ; Zeller,
2004).
Les institutionnalistes soutiennent que la performance financière doit primer, ce qui peut
parfois se faire au détriment des intérêts des clients. Pour évaluer cette performance, de
nombreux indicateurs ont été développés, tels que la qualité du portefeuille à risque, le
rendement des IMF, l'autosuffisance opérationnelle, la solvabilité des IMF, et d'autres. Ces
indicateurs sont largement acceptés dans la communauté de la microfinance, bien qu'il puisse
subsister des différences d'interprétation et de calcul (Copestake, 2003).
En ce qui concerne la performance financière, elle est cruciale pour assurer la pérennité des
IMF, mais il existe un débat sur la manière dont elle doit être équilibrée avec les objectifs
sociaux. Par ailleurs, l'utilisation d'indicateurs standardisés permet d'évaluer cette
performance, même si des divergences subsistent quant à leur définition et à leur calcul.
Dans la littérature spécialisée, le lien entre les performances financières et sociales des
Institutions de Microfinance (IMF) suscite des débats animés. Certaines études suggèrent qu'il
est possible pour les IMF d'atteindre simultanément des performances sociales et financières
de haut niveau, tandis que d'autres avancent que ces deux dimensions peuvent entrer en
conflit. Toutefois, il est envisageable de concilier ces deux aspects en mettant en œuvre des
stratégies telles que la diversification des produits, l'expansion géographique et l'amélioration
de la qualité des services. La microfinance offre de nombreux avantages dans la lutte contre la
pauvreté, mais elle présente également des limites, notamment en ce qui concerne l'étendue de
son impact sur les populations les plus démunies (Cull, 2006).
Evaluation de l’impact -Création d’emploi pour la -Changement dans les revenus et les
population exclue dépenses - Changement dans les actifs et
dans les conditions de vie
- L'autonomisation: position des
individus dans leur famille et dans la - Sécurité alimentaire
communauté; construction du
- Création d’emploi au niveau de la
capital social
communauté
- Amélioration de la santé -
Outil de mesure de l’impact financier
Education des enfants, etc.
D'un autre côté, la dimension financière est évaluée en se penchant sur des critères tels que
la qualité du portefeuille, l'efficacité et la productivité de l'IMF, sa gestion financière, sa
rentabilité, ainsi que la qualité et la diversité des services financiers offerts. Pour évaluer ces
performances, il propose un outil d'audit des performances financières.
Enfin, le tableau mentionne également l'évaluation de l'impact, qui mesure les résultats
concrets de l'IMF, tels que la création d'emplois pour les populations exclues,
l'autonomisation des individus, l'amélioration de la santé, de l'éducation des enfants, etc. Pour
évaluer cet impact, il propose un outil de mesure de l'impact social.
L'approche financière de la performance repose sur l'ensemble des résultats présentés par
le système comptable, en se concentrant principalement sur les soldes intermédiaires de la
gestion et les divers ratios permettant de mesurer la rentabilité de l'entreprise.
2.1.1 Entreprise
Plusieurs auteurs, dont Mayer (1996) et Charreaux (1996), insistent sur le rôle crucial de la
gouvernance d'entreprise dans la création de valeur, que ce soit pour les actionnaires ou
l'ensemble des parties prenantes de l'entreprise. La gouvernance opère au travers de divers
mécanismes visant à accroître la valeur de l'entreprise. Étant donné que la gouvernance se
concentre principalement sur le contrôle des dirigeants, dont les décisions ont un impact
décisif sur la performance de l'entreprise, il est évident qu'une gouvernance efficace influe
positivement sur les performances de celle-ci.
Cependant, il est important de noter que les institutions financières contemporaines font
face à des défis extraordinaires pour assurer leur survie et leur réussite commerciale.
L'évolution rapide des marchés financiers et les nouvelles pratiques commerciales accroissent
la probabilité que ces institutions prennent du retard en ne suivant pas les tendances de leur
environnement externe. Des études antérieures sur la gouvernance d'entreprise dans le secteur
financier ont clairement démontré que la faiblesse de la gouvernance a un impact négatif sur
la performance, l'évaluation et la gestion opportuniste des bénéfices au sein de ces entreprises.
Les entreprises dotées d'une gouvernance de moindre qualité risquent de ne pas mettre en
œuvre les incitations et les contrôles adéquats susceptibles d'accroître la valeur pour les
actionnaires. En outre, des recherches ont montré que l'amélioration de certaines
caractéristiques de la gouvernance est associée à une meilleure évaluation des sociétés
financières et à une réduction des mesures de risque (Andres & Vallelado, 2008 ; Caprio,
Laeven, & Levine, 2007 ; Cornett, McNutt, & Tehranian, 2009 ; Rezaee, 2008 ; Akhigbe &
Martin, 2006, 2008).
Les auteurs argumentent que les non-actionnaires, tels que les déposants non assurés,
peuvent accorder une importance accrue aux obligations contractuelles et aux devoirs
fiduciaires des institutions financières par rapport aux actionnaires. Étant donné le niveau
relativement élevé d'effet de levier des banques, le public s'intéresse grandement à la
responsabilité des institutions envers les déposants, les détenteurs de titres de créance et les
actionnaires.
Contrairement aux faillites d'entreprises non financières, les faillites bancaires génèrent des
externalités négatives considérables. Comme le souligne Levine (2004), une mauvaise
gouvernance bancaire associée à une crise bancaire a des répercussions graves sur les
entreprises, le développement économique et la société dans son ensemble. Ainsi,
conformément à Laeven (2007) et Mehran et al. (2011), le gouvernement devient également
une partie prenante des institutions financières, car la population peut être profondément
touchée par les défaillances bancaires. Cela implique que les institutions financières ont un
nombre plus important de parties prenantes que les sociétés non financières.
Les institutions financières peuvent améliorer leurs performances et maximiser leur valeur
en adoptant les meilleures pratiques en matière de gouvernance d'entreprise, en tenant compte
des caractéristiques propres à leur secteur et de l'environnement externe. Cette démarche finit
par renforcer l'ensemble de l'entreprise.
Suite à leur analyse des institutions financières en Ouganda, Juliet, Aduda, Wainaina et
Mwangi (2016) ont conclu que les directeurs exécutifs sont responsables devant le conseil
d'administration, dont les mandants sont les actionnaires de l'entreprise. Cependant, étant
donné qu'il peut exister des opportunités de profit pour les institutions financières qui ne
contribuent pas directement à leur performance globale, les intérêts des actionnaires et du
public peuvent parfois entrer en conflit. Dans ce contexte, le conseil d'administration doit
faire preuve de sensibilité dans ses décisions financières concernant les caractéristiques de
l'entreprise et l'environnement externe de l'institution financière, étant donné les
réglementations spécifiques et les mécanismes de surveillance qui s'appliquent.
la stratégie et la prévision
Et d'autres chercheurs, comme Balongana (2013), ont utilisé cette grille pour évaluer la
gouvernance des IMF. Leurs études ont révélé que le pouvoir au sein de ces institutions est
généralement réparti entre différents acteurs tels que le conseil d'administration, le
coordinateur et le comité de crédit. Cependant, la prise de décision opérationnelle reste
souvent entre les mains du coordinateur. En ce qui concerne la communication d'informations
sur les performances, les programmes et les objectifs, la transparence est souvent présente et
les employés bénéficient d'opportunités de formation. Des contrôles et des audits sont
effectués régulièrement, avec des pénalités en cas de retard de remboursement.
Les mécanismes de gouvernance sont définis comme « les processus utilisés par le conseil
d'administration pour aider une institution à remplir sa mission et protéger l'actif de cette
institution au fil des années»(Rock R., 1998). Il existe deux mécanismes qui concourent pour
atteindre cet objectif dans l’IMF : les mécanismes internes et les mécanismes externes. selon
DJAOWE (2013)1 parmi les mécanismes internes de gouvernance, on trouve la taille du
conseil d'administration, la composition du CA, l'indépendance ou non du CA, la rotation des
principaux dirigeants, la durée de mandat des membres du CA, la séparation du pouvoir entre
le directeur général et le président du CA, la méthodologie de crédit utilisée, le statut légal, la
présence des institutionnels et la forme organisationnelle. Et, parmi les mécanismes externes
il mentionne la supervision,la notation par les agences des ratings,la réglementation (définit
les règles relatives aux conditions de recours aux emprunts aux conditions de prise de
1
Il a utilisé la théorie d'agence qui met en évidence les conflits entre les différents acteurs de la microfinance.
participation), l’audit externe est effectué par les commissaires aux comptes ou les auditeurs,
La discipline de marché pour les IMF cotées en bourse, ect.
Mais, Il doit avoir la responsabilité de préserver les intérêts de toutes les parties prenantes
de l’institution, et participer à la définition de la stratégie de long terme de l’institution (en
prenant en compte les risques, en conservant la mission de l’institution), aussi, superviser les
dirigeants et salariés dans l’exécution du plan stratégique, superviser la sélection, l’évaluation
et la rémunération des dirigeants (CGAP, Focus Note N°7).
Les performances sociales et financières des IMF sont essentielles pour évaluer leur
efficacité et leur durabilité. Les performances sociales mesurent l'impact concret sur les
clients et la communauté, tandis que les performances financières évaluent la viabilité
opérationnelle et financière de l'institution. Bien que ces deux dimensions puissent parfois
sembler en conflit, elles peuvent être harmonisées grâce à des stratégies telles que la
diversification des produits et l'amélioration de la qualité des services.
En résumé, la microfinance est devenue un outil puissant dans la lutte contre la pauvreté,
offrant des services financiers adaptés aux besoins des populations exclues. Les IMF ont
évolué pour répondre à ces besoins, tout en maintenant un équilibre entre leur impact social et
leur viabilité financière. Cette dualité est au cœur de la microfinance moderne, qui cherche à
améliorer la vie des plus défavorisés tout en assurant sa propre pérennité.
Chapitre II : Performances des IMFs avec les risques liée a la gouvernance
Section 1 : performance sociale et financière face à la gouvernance
Cette section aborde sur la gouvernance et leur impact sur la performance financière et
sociale des IMFs.
De nombreuses études analysant l'impact de la structure juridique des entreprises sur leur
performance s'appuient sur la théorie de l'agence (Jensen et Meckling, 1976). Selon cette
théorie, certains mécanismes de gouvernance peuvent réduire les coûts d'agence, tels que
l'alignement de la rémunération des dirigeants sur les résultats de l'entreprise. Dans le cas de
la microfinance, de nombreuses IMF sont des ONG, et ce statut peut favoriser une réduction
des coûts d'agence entre les dirigeants et les clients. Les dirigeants d'ONG ont souvent des
relations plus proches avec leurs clients, ce qui diminue l'asymétrie d'information et les
problèmes de sélection adverse et de hasard moral.
Cependant, le choix du statut d'ONG peut également réduire le contrôle des dirigeants sur
la gestion, car il n'y a pas de véritables propriétaires des fonds utilisés par ces organisations.
Par conséquent, la nature des coûts d'agence peut varier considérablement dans le secteur de
la microfinance. Il est donc essentiel de distinguer les mécanismes de gouvernance internes
qui contribuent à réduire les coûts d'agence au sein des IMF et à améliorer leur performance
financière.
En ce qui concerne l'impact du statut sur la performance des IMF, les études existantes sont
peu concluantes. Par exemple, Hartaska (2005) intègre le statut comme variable explicative
dans son étude sur la gouvernance et la performance financière des IMF d'Europe de l'Est
entre 1998 et 2002, mais il ne trouve pas d'impact significatif du statut sur la performance
financière. De même, l'étude de Mersland et al. (2009) portant sur 226 IMF notées par cinq
agences de notation entre 2000 et 2006 confirme ces résultats, montrant que le statut (ONG ou
firme privée) n'a pas d'impact significatif sur les mesures de la performance financière.
La présence de femmes à des postes de direction semble également avoir un impact positif
sur la performance sociale, peut-être en raison de la similarité de genre entre les dirigeants et
la clientèle, ce qui réduit l'asymétrie d'information.
Selon Lapenu (2002), "une bonne gouvernance vise à garantir la mission sociale à long
terme de l'IMF, à savoir la fourniture de services financiers adaptés à la population ciblée".
Par conséquent, l'établissement d'une gouvernance solide est essentiel pour assurer la
durabilité de l'IMF. Lapenu souligne également que "une gouvernance inadéquate peut
entraîner la faillite ou des crises et des dysfonctionnements qui laissent souvent des cicatrices
douloureuses s'ils ne sont pas rapidement surmontés".
Les faillites d'institutions financières et les actes répréhensibles dans le secteur financier
montrent que même les systèmes financiers très développés sont exposés à des risques
systémiques et à des faiblesses en l'absence de bonne gouvernance (Zagorchev & Gao, 2015).
DJAOWE (2013) souligne que "la mauvaise gouvernance apparaît comme le facteur
prédominant des dysfonctionnements observés dans les IMF au Cameroun". D'autres
chercheurs tels qu'Eloundou (2013) et Lapenu (2002) ont également examiné cette question et
ont conclu que les crises de gouvernance étaient l'une des principales causes de la crise
globale qui a touché cette région.
Certains des échecs majeurs rencontrés par les établissements de microfinance ont été
attribués à des lacunes en matière de gouvernance (Labie, 2001). Une gouvernance solide
favorise une gestion efficace et permet à l'EMF d'atteindre ses objectifs. Les principaux
mécanismes d'un cadre de gouvernance comprennent le conseil d'administration, la gestion
des ressources humaines et le contrôle interne. Certaines études ont reconnu que ces
mécanismes peuvent se compléter mutuellement (Hermalin, Weisbach, 2003).
Plusieurs études, notamment celles menées par Mersland & Strøm (2007), Hartarska
(2005) et TCHUIGOUA (2010), se sont penchées sur l'influence des mécanismes de
gouvernance sur la performance financière et sociale des Institutions de Microfinance (IMF).
Leurs conclusions convergent vers la notion que la diversification de la propriété, en
impliquant activement les parties prenantes locales tout en évitant la domination des
actionnaires externes, est fréquemment associée à des performances améliorées. Cette
approche tend à favoriser une prise de décision plus équilibrée et une meilleure intégration
des intérêts locaux, contribuant ainsi à la stabilité et à la durabilité de ces institutions.
D'autres recherches adoptent une perspective plus large dans leur analyse de la relation
entre la gouvernance et les performances des IMF. Ces travaux vont au-delà de la propriété,
de la structure du conseil d'administration ou de la transparence pour explorer d'autres aspects
de la gouvernance. Plus précisément, certaines études se concentrent sur la rémunération des
dirigeants, un sujet d'importance centrale dans la littérature sur la gouvernance.
Conformément à la théorie de l'agence, la rémunération est perçue comme un moyen de
rapprocher les incitations des dirigeants de celles des propriétaires. En particulier, la
rémunération basée sur la performance est utilisée pour encourager les dirigeants à maximiser
les performances de l'organisation. Cependant, deux études, celles de Bassem (2009) et
Hartarska (2005), ont examiné les politiques de rémunération et n'ont pas identifié de relation
significative avec la performance des IMF. Ces résultats suggèrent que la rémunération basée
sur la performance n'est peut-être pas couramment mise en œuvre dans le secteur de la
microfinance, ou qu'elle ne produit pas les effets escomptés.
D'autres auteurs ont étudié l'impact des Conseils d'Administration (CA) sur les
performances des IMF, notamment Anthony & Osei (2008), qui ont conclu que la présence de
femmes au sein des CA avait un impact positif sur les performances financières et sociales. Ils
ont également mis en évidence l'importance des CA indépendants, notant que les CA les plus
indépendants étaient associés à de meilleures performances financières et sociales. De plus, en
accord avec la théorie de l'agence, Charreaux (2000) avance que les CA diversifiés sont plus
aptes à exercer un contrôle sur la direction, car un CA plus varié est, du moins en théorie,
moins soumis à l'influence de la direction, ce qui renforce le contrôle de la qualité et améliore
les performances organisationnelles. En outre, selon la théorie des ressources, les CA
diversifiés peuvent également contribuer à de meilleurs résultats en raison de la variété des
expériences et des réseaux de leurs membres, ce qui leur confère une base de connaissances
élargie et stimule la créativité lors de la discussion des propositions et de la résolution des
problèmes.
Dans les institutions financières, la sélection des emprunteurs repose sur des critères
spécifiques tels que la rentabilité de l'entreprise, le revenu de l'emprunteur, le niveau
d'endettement et les garanties offertes (Guérin, 2000). Néanmoins, les IMF, en raison de leurs
contraintes de ressources et de l'environnement économique des pays en développement, ne
peuvent pas toujours collecter ces informations. La collecte d'informations client devient alors
difficile et coûteuse pour ces institutions.
L'aléa moral intervient lorsque l'agent peut choisir de sacrifier partiellement les intérêts du
principal (le prêteur) pour son propre bénéfice, en raison de l'incomplétude du contrat entre
les deux parties. Il s'agit d'un phénomène d'incitation adverse où les acteurs économiques
maximisent leur utilité personnelle au détriment des autres.
Les prêteurs ont peu ou pas de contrôle sur les actions des emprunteurs et, par conséquent,
sur le rendement des prêts (Honlonku et al., op cit). Pour résoudre ce problème, différents
mécanismes, tels que les garanties matérielles, les prêts de groupe, les garanties conjointes et
solidaires ainsi que les avals, sont couramment utilisés, notamment dans le contexte des IMF.
Des études ont montré que l'augmentation des taux d'intérêt imposés par les banques peut
avoir deux effets : d'une part, créer un phénomène de sélection adverse en attirant des
individus aux projets plus risqués, augmentant ainsi le risque de non-remboursement ; d'autre
part, provoquer un problème d'aléa moral, incitant les emprunteurs à choisir des projets plus
risqués pour compenser les intérêts plus élevés. Ainsi, pour réduire le risque associé aux
mauvais payeurs, les banques peuvent préférer limiter la taille des prêts plutôt que
d'augmenter les taux d'intérêt.
En conclusion, ces mécanismes permettent aux IMF de réduire les taux d'intérêt pratiqués
sur leurs prêts, rendant ainsi le crédit accessible à un plus grand nombre d'emprunteurs.
Cependant, la présence d'emprunteurs à haut risque (sélection adverse) ou de défaillants (aléa
moral), non identifiables par les prêteurs, peut augmenter le coût du crédit, affectant ainsi
positivement les mauvais emprunteurs et négativement les bons emprunteurs (BANGOURA,
2010).
2.2 Asymétrie d’information
La littérature académique abonde sur ce sujet, cependant, il est crucial de noter que les
prêts accordés sont convoités même par une clientèle non ciblée. En d'autres termes, la
microfinance ne parvient pas à atteindre les plus démunis, mais plutôt un segment spécifique
parmi les personnes défavorisées qui dépassent un certain seuil de pauvreté. Dans ce contexte,
pour une institution de microfinance, la gestion du risque est étroitement liée à la gestion de
l'information, en particulier aux asymétries d'information entre le prêteur et l'emprunteur
(Guerin et Kumar, 2007).
Cette disparité d'information entre les prêteurs et les emprunteurs a engendré un manque de
confiance, exacerbé par des services financiers inadaptés et inefficaces en raison des
difficultés rencontrées dans les procédures d'octroi de crédit. Ces obstacles peuvent
s'expliquer par le manque de professionnalisme des agents de crédit, dans un environnement
financier caractérisé par une absence de viabilité financière.
Ainsi, Stiglitz et Weiss (1981) ont reconnu l'existence d'asymétries d'information entre les
prêteurs et les emprunteurs, qui peuvent influencer l'utilisation du taux d'intérêt en tant que
variable d'ajustement de l'offre et de la demande de crédit. Ces auteurs ont analysé les
conséquences de l'augmentation des taux d'intérêt sur la qualité des projets, en particulier dans
le cadre d'une offre de crédit inférieure à la demande.
Chapitre III :
Section 1 : Présentation des IMFs Marocaines
1.1 Généralités sur le cas des IMF Marocain
La réglementation de la microfinance au Maroc est établie par la loi n° 50-20 relative à la
microfinance, promulguée par le décret n° 1-21-76 du 3 hija 1442 (14 juillet 2021). Cette loi,
conforme à l'article 2, définit une institution de microfinance comme une personne morale
exerçant l'activité de microfinance, telle que précisée à l'article 1 de la même loi. De plus, ces
institutions sont soumises aux dispositions de cette loi ainsi qu'à la loi n°103-12 régissant les
établissements de crédit
Ce secteur est l'un des plus anciens et des plus développés de la région MENA. Avec 763
millions de dollars (7,4 milliards de dirhams) d'encours et 905 456 membres d'associations de
microcrédit à fin 2019, le Maroc se place en deuxième position derrière l'Égypte, qui affiche
1,4 milliard de dollars d'encours et sert 3,5 millions de clients. Ce dynamisme est dû au
soutien constant des pouvoirs publics depuis la création du secteur au début des années 1990.
Ils en ont fait l'un des principaux moyens de promotion de l'intégration des populations et un
instrument majeur de lutte contre la pauvreté.
2
Agence des États-Unis pour le développement international.
3
Agence française de développement.
4
JAÏDA est une société de financement des institutions de microfinance du Maroc agréée par Bank Al
Maghreb qui s’appelle JAIDA. Cette société a pour mission de Financer les institutions de microfinance en vue
d’améliorer l’accès aux crédits pour les activités génératrices de revenus et le micro entrepreneurs au Maroc.