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P. de Kimpe
Centre Technique Forestier Tropical
45 bis avenue de la Belle-Gabrielle
94130 - Nogent-sur-Marne
Résumé
Les données et résultats économiques varient selon les types d'activités et ainsi il apparaît
qu'en pisciculture familiale en étang le rendement par rapport à l'activité consacrée est
relativement faible et la rentabilité de l'exploitation paraît assez fragile dans les conditions
actuelles. Alors qu'en pisciculture artisanale simple et associée le bilan de cette forme
d'activité est nettement plus favorable que le précédent, mais elle demande une plus grande
technicité de l'exploitant. Pour la pisciculture commerciale - forme d'activité peu répandue en
Afrique tropicale - la rentabilité est largement tributaire de la taille des exploitations, et elle
est bien souvent négative pour des installations de faible surface; elle semble susceptible de
s'améliorer pour des élevages intensifs. En pisciculture en cages et en enclos - malgré le
manque des données les résultats de ces deux types d'opérations semblent favorables. Pour
la pisciculture extensive en retenue artificielle, ce type d'opération n'exigeant qu'un faible
capital au départ, les résultats sont économiquement très intéressants mais variables suivant
les caractéristiques des retenues; il en va de même pour la pisciculture en rizière, ou bien
que les productions soient assez faibles, les rendements sont très favorables par rapport au
capital et à l'activité d'exploitation très réduite.
Il convient également de développer les travaux sur les espèces de poissons aptes à un
élevage intensif.
Abstract
The return from extensive fish culture in artificial impoundments is favourable and initial
investment is minimal; results, however, fluctuate with characteristics of impoundments. The
same applies to fish culture in rice fields where both yield and investments are low.
In order to improve returns from aquaculture enterprises, work is needed to accumulate data
on the economics of various types of aquaculture practices through well designed production
tests.
1. INTRODUCTION
L'on pense, à bon escient, que la pisciculture tropicale est une activité profitable, mais bien
souvent il est difficile, aux responsables ou animateurs qui y travaillent, de démêler les
différents facteurs parfois complexes qui permettent de faire apparaître les profits, ou dans
certaines occasions les pertes qui résultent de l'activité piscicole.
La production piscicole est une opération de transformation qui exige plusieurs facteurs. On
distingue: (a) les ressources naturelles; (b) le travail; (c) le capital constitué par les
installations et l'équipement piscicole; et (d) les connaissances techniques.
C'est un rapport entre la valeur d'un ou de plusieurs des facteurs de production et la valeur
de cette production. En pisciculture, comme en agriculture, le rendement est lié à une loi de
productivité décroissante, qui s'applique à chacun des facteurs de production. Au-delà d'un
certain niveau d'effort productif, l'accroissement de la récolte devient de plus en plus petit par
rapport au travail ou capital engagé.
Généralement, pour apprécier le coût monétaire du produit obtenu, on considère le prix des
facteurs de production utilisés. On suppose ici, que toute chose ou tout facteur de production
a un prix, ce qui n'est pas toujours le cas (travail familial).
Les différents postes de dépense d'une exploitation de pisciculture constituent les coûts de
production. Ils se répartissent en 2 catégories:
a. Frais fixes qui restent à peu près invariables, quelle que soit l'importance de la
production.
b. Frais variables qui augmentent de façon proportionnelle ou non en fonction de la
production réalisée.
On appelle coût moyen total le rapport entre les deux coûts précédents et la production
obtenue.
3.1 Définitions
Il est possible de produire des poissons, c'est-à-dire de faire de la pisciculture dans les
milieux aquatiques divers, construits ou contrôlés par l'homme avec ou sans l'intermédiaire
de dispositifs variés.
On peut classer ces milieux aquatiques, où des activités spécifiques de production sont
exercées, de la manière suivante:
On peut distinguer grosso modo 3 types d'exploitation piscicole en étangs suivant la taille
des installations:
Modeste par ses dimensions, l'exploitation familiale est généralement installée le long de
petits cours d'eau. On utilise l'approvisionnement en eau de sources ou nappes phréatiques,
les coûts d'installation sont de ce fait assez variables, mais il convient d'analyser un exemple
aussi classique que possible de ce mode d'exploitation, soit le cas d'un bassin familial de 2
ares1 en dérivation d'un cours d'eau.
1
1 are = 100 m2
Matériaux
ciment (200 kg) 4 000
pierres et graviers (2 m ) 3
4 000
sable (½ m ) 3
1 500
Total 9 500
1
U.S.$ 1.00 = ± CFA.F. 240
Valeur (CFA.F.)
Achat d'alevins (400 ± 2 kg) 400
Entretien ordinaire, alimentation
904
des poissons
Gros travaux (réparations -
2 journées
vidanges)
Récolte en poissons
(kg)
Ressources naturelles 3
Déchets ménagers (350 kg) 17
Total 20
Valeur CFA.F. 4 000
Les incidents quelconques qui peuvent entraîner une baisse de production (manque
d'alevins, vols de poisson, défaut d'aliments) conduisent souvent à son abandon.
Les facteurs qui peuvent l'influencer favorablement sont les possibilités de réduction de
l'activité d'exploitation, les facilités d'alimentation ou de fertilisation de l'eau, les possibilités
d'augmentation de la production par des espèces aptes aux élevages intensifs.
Il convient donc d'avoir un ou des bassins familiaux proches de l'habitation, d'obtenir une
alimentation ou fertilisation automatique des étangs par des cultures ou élevages associés
(manioc - porcs - canards).
Il est intéressant d'autre part d'élever des espèces qui ont des exigences faibles au point de
vue de conditions du milieu et qui valorisent bien les sous-produits principalement végétaux
distribués.
Opérations
prise d'eau sur la rivière avec
130
petit barrage
canal de dérivation (270 m) 70
creusement des bassins (950
3 600
m3 de déblai)
pose des tuyaux et moines 90
Total 3 790
Cette installation demande le travail de 2 personnes pendant une année, au moins, compte
tenu de la saison des pluies.
Valeur estimative
(en CFA.F.)
matériaux et équipement
ciment (1 000 kg) 20 000
sable (1 m3) 1 000
gravier et pierres (4 m3) 8 000
Total 29 000
Récolte en poissons
(kg)
Ressources naturelles 24
Déchets, aliments, fumure (4 200
204
kg)
Total 228
Valeur CFA.F. 45 600
3.2.2.4 Rendement
Pour simplifier les données, le type d'exploitation analysé sera de même superficie que pour
l'exemple du précédent paragraphe, soit 4 bassins de 4 ares et 2 bassins d'alevinage et de
stockage. Deux porcheries en matériaux semi-traditionnels de deux loges sont construites à
cheval sur 2 bassins.
Valeur
Achat de porcelets (4 × 10 kg) à CFA.F. 300 12 000 (CFA.F.)
Entretien ordinaire, alimentation des porcs 205 h
Gros travaux 18 journées
Total 44 journées
Valeur CFA.F. 11 000
1
On pourrait éventuellement doubler le rendement en doublant le nombre de porcs, le facteur
limitant est celui de l'oxygénation de l'eau, qu'il faut maintenir à un niveau satisfaisant en fonction
de l'espèce utilisée
La valeur brute de la production est de CFA.F. 116 000-56 000 = CFA.F. 60 000
3.2.3.4 Rendement
Ce rendement qui laisse un bénéfice de CFA.F. 31 450 correspond en fait à une activité d'un
mois et demi de travail pour une période de 6 mois.
3.2.3.5 Commentaires - La plus grande part de l'activité d'exploitation est dans cet exemple
consacrée à l'élevage des porcs, les poissons demandent un entretien quasi nul, et doivent
être considérés comme production complémentaire ou marginale. La même formule peut
être utilisée avec un élevage de canards (qui demande plus d'entretien) ou de poules.
Il est évidemment essentiel d'avoir dans la zone de production un marché effectif pour les
produits d'élevage obtenus, ce qui se rencontre plus facilement près des grands centres
urbains.
Cette forme d'exploitation de plusieurs hectares de superficie n'est guère répandu en Afrique
tropicale.
Les données économiques que nous citons ci-après ont été obtenues au cours d'une année
d'observation en 1971/72 pour 5 ha d'exploitation à la station de la Landjia (République
Centrafricaine). La pisciculture y était basée presqu'exclusivement sur l'élevage du Tilapia
nilotica, alimenté par des drèches de brasserie. Des données complémentaires ont
également été obtenues à échelle réduite et sur une base expérimentale, pour l'élevage
du Clarias lazera.
3.2.4.1 Capital
CFA.F.
Valeur estimative (1972) des
installations de production (étangs 6 500 000
- canaux)
Bâtiments 2 000 000
Equipement d'exploitation
3500 000
(véhicule + divers)
Total 12 000 000
3.2.4.2 Activité d'exploitation (12 mois)
CFA.F
Frais fixes de personnel 1 800 000
Frais fixes de fonctionnement 1 200 000
Total 3 000 000
Récolte en Valeur
poissons (CFA.F.)
Ressources naturelles (pour
mémoire)
Aliments - 2 hypothèses:
- drèche de brasserie (coût
10 tonnes 2 000 000
négligeable)
- granulés (coût FA.F. 33/kg) 25 tonnes 5 000 000
Conversion 2 (Total = CFA.F. 1 650
000)
Valeur nette de la production 3 350 000
3.2.4.4 Rendement
lère hypothèse
2ème hypothèse
3.2.4.5 Commentaires - Compte tenu de l'importance de ses frais fixes, une station de
pisciculture de cette dimension exploitée dans les conditions précédentes n'apparaît pas
rentable.
Pour la Fig. 2, l'équilibre est atteint avec une production de 37 tonnes/an correspondant à
une surface de 7,5 ha, soit 50 pour cent de plus que la surface actuelle.
Bien entendu, ces données sont schématiques et une augmentation des surfaces entraîne
également, mais dans une moindre mesure, un accroissement des coûts fixes, d'où un recul
du point mort vers la droite du graphique.
Pour les mêmes données de base que précédemment, les éléments de production et de
récolte seraient les suivants:
Le graphique de la Fig. 3 montre que l'équilibre recettes-dépenses est atteint aux environs
de 32 tonnes/an de production équivalent à une surface légèrement supérieure à 2 ha.
Cette analyse sommaire indique bien l'intérêt économique d'un élevage intensif d'un poisson
comme le Clarias lazera qui permettrait de rentabiliser des exploitations de surface moyenne
(2 à 5 ha).
Ce type d'élevage est relativement récent, du moins en Afrique, mais il est pratiqué depuis
plusieurs dizaines d'années en Asie du Sud-Est.
CFA.F.
Bois (planches - chevrons) 14 000
Flotteurs (fûts métalliques) 6 000
Grillage 35 000
Main-d'oeuvre 10 000
Total 65 000
Pour information, en Asie une cage de 60 m2 de surface sur 2,70 m de profondeur revient à
environ CFA.F. 600 000 sans la superstructure (logement de propriétaire).
Elle consiste, après l'achat des alevins, en une alimentation intensive journalière des
poissons (500 à 1 000 pour 10 m2), mais ce travail s'effectue généralement sur place.
Récolte théorique en
poissons
Uniquement par nourriture artificielle 1 000
à 2 500 kg
(Valeur ± CFA.F. 50 000) 500 kg
(Valeur CFA.F. 100 000)
3.3.4 Commentaires
Sans information précise, concernant les activités d'exploitation et les problèmes rencontrés,
le rendement de ce type d'élevage n'a pas été calculé. Nous savons qu'il est largement
positif en Asie où la carpe forme la base de cet élevage. Il convient toutefois de ne pas
perdre de vue deux facteurs, le risque de maladie propre à tous les élevages intensifs et la
nécessité de posséder au départ d'un capital “argent” pour l'installation.
Ce dispositif, constitué par une barrière de grillage ou de filets, est généralement installé
dans des eaux peu profondes (1 à 2 m).
Il peut occuper des surfaces très variables qui peuvent atteindre 0,5 à 1 ha par enclos. On
peut théoriquement y pratiquer une pisciculture intensive ou extensive.
3.5 Pisciculture extensive dans des retenues artificielles de plus ou moins grande dimension
Economiquement, ces installations sont intéressantes, du point de vue piscicole, car elles ne
demandent pratiquement aucun capital propre à cette activité. L'importance de la production,
assez faible, à l'unité de surface (20 à 100 kg/ha/an), peut cependant être assez
considérable dans les plans d'eau étendus. Les connaissances techniques des exploitants
peuvent influencer l'importance de la production par la composition des espèces introduites
et le contrôle des récoltes.
Les frais d'investissement pour la pisciculture sont minimes, soit par exemple, le cas d'une
production de 2 casiers de 6 ares chacun.
3.6.4 Rendement
3.6.5 Commentaires
Bien que la production unitaire soit faible, le rendement est très bon, car il ne demande que
peu de travail et un investissement minime. A part à Madagascar, cette pratique de
rizipisciculture n'est guère développée en Afrique, où la culture de riz irrigué est
d'introduction assez récente.
Cette technique de culture du riz demande déjà elle-même un effort particulierde l'agriculteur
pour ne pas trop lui compliquer la tâche par une activité d'élevage simultané. Il existe
également une difficulté de pouvoir se procurer des alevins en temps voulu et parfois des
pertes de poissons par des oiseaux prédateurs. Il faut ajouter que le traitement éventuel du
riz par des produits phytosanitaires expose les cultivateurs à des pertes élevées en poissons
si des précautions spéciales ne sont pas prises.
Il apparaît immédiatement que cette analyse ne peut être complète, car certaines données
sont incomplètes, inexistantes ou fragiles.
Un aspect essentiel est celui de l'alimentation des poissons, deux voies se présentent,
l'utilisation d'un aliment complet préparé industriellement ou l'alimentation par des déchets,
produits ou récoltés localement.
A priori, la seconde solution est moins onéreuse, mais les rendements obtenus sont
généralement plus faibles et largement tributaires des activités agricoles connexes, ce qui
pose des problèmes dans les régions où ces activités sont réduites, notamment dans les
zones forestières. Il apparaît, de ce fait, très souhaitable de prévoir dans les projets futurs
des essais et observations comparatifs sur les deux modes d'alimentation, non seulement en
station, mais en application en milieu rural.
Les améliorations générales que l'on peut également concevoir concernent la recherche d'un
équilibre dans l'importance économique de la production et l'utilisation ou l'acquisition des
équipements et installations piscicoles. Deux voies sont également théoriquement possibles:
l'installation et l'équipement sommaire ou l'aménagement plus sophistiqué plus durable, mais
plus onéreux.
Il apparaît, de ce fait, très souhaitable d'organiser des centres pilotes d'exploitation qui
appliqueraient, suivant les conditions locales, différentes techniques et en apprécieraient un
maximum de données économiques. Ces études pourraient dans certains cas se consacrer
plus spécialement aux matériaux nécessaires pour ces élevages. D'autre part, les
rendements qui apparaissent les plus intéressants sont ceux obtenus en pisciculture
intensive, aussi, il convient de poursuivre ou de développer des travaux d'étude sur les
espèces qui sont susceptibles de s'adapter à ce type d'élevage et qui présentent de bonnes
qualités au point de vue de la commercialisation. On peut ranger dans ces études la mise au
point de l'élevage de certains silures africains comme le Clarias lazera.
Il faudrait également considérer, dans une étude comparative, l'intérêt économique éventuel
de la carpe (Cyprinus carpio), qui a été introduite dans plusieurs pays d'Afrique.
Dans le cadre des études particulières, il est également très souhaitable d'étendre nos
connaissances sur l'intérêt économique d'élevages combinés, ceci en association avec les
services d'agriculture et d'élevage, de même que les avantages ou inconvénients
économiques éventuels de la rizipisciculture.
Pour que toutes ces données soient représentatives, il est indispensable que les
observations soient diversifiées du point de vue géographique et si possible répétés dans le
temps.
6. REFERENCES
Couty, P, 1973 Notions de science économique à l'usage des fonctionnaires des pêches.
Notes et Documents sur la Pêche et la Pisciculture - C.T.F.T. nouvelle série No. 5. pp.
1–45
Zacharie Maletoungou
Directeur du Centre Piscicole National
République Centrafricaine
Résumé
Abstract
The author underlines the importance of aquaculture in integrated rural development and the
national economy in general. The history of aquaculture development in Central Africa is
reviewed, with special reference to the Central African Republic, from 1953 to the present.
The failure of small-scale aquaculture during the first decade of that period is attributed to
poor planning, lack of technical expertise and extension service, and absence of credit
facilities. Recent resurgence in aquaculture research and development and new intensive
methods for the rearing of fish, based on use of artificial feed and organic fertilizers, as well
as the combined practice of duck/pig-cum-fish rearing are described. The choice of species
and culture techniques and marketing studies are stressed as essential preliminaries in
planning commercial-scale aquaculture enterprises.
1. INTRODUCTION
L'amélioration du niveau de vie des populations rurales de l'Afrique centrale est étroitement
liée à l'amélioration de leur alimentation. Les objectifs fondamentaux du développement rural
de l'Afrique centrale, à mon avis, se divise en quatre points:
Développer la pêche et la pisciculture correspond parfaitement à ces objectifs, car l'on tend
ainsi à réduire le déséquilibre alimentaire et l'on améliore la balance commerciale en
diminuant les importations de poisson et l'on augmente le revenu des populations rurales,
créant même des emplois en milieu rural.
La politique piscicole de cette époque visait à engager chaque famille à posséder un petit
étang d'une are environ qui devait jouer un rôle de “garde-manger à protéine”. L'inspection
fédérale de pisciculture fournissait gratuitement les alevins. Le nombre d'étangs était
croissant. L'organisation piscicole ayant été pratiquement arrêtée en 1960, la plupart des
étangs ont été abandonnés par les pisciculteurs qui n'y voyaient pas un intérêt véritable et
qui n'avaient pas été préparés à faire fonctionner seuls leurs étangs (production d'alevins en
particulier).
Durant cette époque, la pisciculture a connu une régression. Les causes de cette régression
sont diverses et peuvent se résumer comme suit:
L'examen approfondi des causes de la régression de cette activité en milieu paysan avait
engendré, pour les Gouvernements concernés et le PNUD/FAO, la création d'un Centre de
Recherches et Formations Régionales.
Parmi ces aliments, les produits qui avaient été retenus en fonction de leur quantité
disponible et les espèces de poissons élevés en étang selon leur régime alimentaire
comprenaient:
déchets de manioc
fruits avariés
ordures ménagères
sésame
arachide
coton
palmiste
contenus de panses
sang frais
chute de viande ou rejet
Les résultats positifs obtenus au cours de ce projet ont permis d'établir les bases de la
pisciculture commerciale en République Centrafricaine, en tenant compte des résultats des
recherches piscicoles effectuées. Les six (6) facteurs indispensables à la réussite de la
pisciculture sont:
i. milieu physiquement favorable (sol et qualité de l'eau) avec les disponibilités en eau
suffisante et permanente,
ii. un milieu humain de préférence relativement évolué au point de vue agricole,
iii. les possibilités de trouver, à proximité des installations piscicoles, des sous-produits
agricoles ou agro-industriels à un prix abordable, pouvant servir à nourrir les
poissons,
iv. les possibilités de fertiliser les étangs à un prix compétitif et rentable,
v. les possibilités de commercialiser au moins une partie de la production piscicole,
vi. l'intervention, en cas de besoin, d'un encadrement piscicole, actif, compétent et
permanent pendant plusieurs années.
Les engrais minéraux sont souvent très coûteux et ne peuvent être diffusés au début
d'une campagne de vulgarisation piscicole.
Les engrais organiques sont disponibles chez certains fermiers. Les données
relatives à la fertilisation des étangs sont résumées au tableau ci-après:
La meilleure solution pour obtenir ou maîtriser ces produits est la pratique de l'élevage
associé. Cette technique consiste à élever à proximité des étangs de pisciculture, des
animaux de basse-cour ou de ferme. Le tableau ci-dessous présente les rendements
obtenus lors des essais à la Station de Bangui-Landjia.
Il importe de signaler que la polyculture (T. nilotica + Clarias lazera) avec animaux de ferme
nécessite une attention particulière quant au poids moyen des poissons. En un mot, il
faudrait éviter que les Clarias absorbent les alevins de T. nilotica. Le meilleur procédé serait
d'utiliser la densité de 50 pour cent de T. nilotica et 50 pour cent de C. lazera mais de poids
moyen inférieur à celui de T. nilotica ou bien maintenir la densité de T. nilotica à 2
individus/m2 de poids moyen de 10–30 g2 mais ajouter un mois après empoissonnement
avec T. nilotica 1 individu de C. lazera par m2 de poids moyen compris entre 20 à 60 g.
Le tableau ci-dessous permet d'affecter à chaque région et espèce élevée la nourriture qui
convient.
Production en
Type d'aliment Observations
tonnes/ha/an
Drêche de brasserie 4à 5t poisson élevé: T. nilotica
Graines de coton concassées 3à 4t poisson élevé: T. nilotica
Granulés à 30% protéines
6 à 12 t poisson élevé: T. nilotica
végétales
2.3.1.1 Tilapia zillii - qui se reconnaît par sa teinte généralement brunâtre, ses 7 à 10 bandes
verticales plus sombres ainsi qu'une bande sombre longitudinale. Les nageoires dorsale,
anale et caudale sont brunâtres, tachetées de jaune.
Ce poisson est végétarien. Il se reproduit dans un nid formé de petits trous accolés l'un à
l'autre, souvent à des endroits de faible profondeur. Les oeufs sont petits (1 à 2 mm) et vert
olive. L'éclosion a lieu 48 heures après la ponte. Après l'éclosion, les alevins sont accolés
aux débris végétaux. Il nagent dès le quatrième jour. Il est indésirable à la Station de Bangui-
Landjia parce qu'il n'a pas une bonne croissance en étang.
2.3.1.2 Tilapia galilaea - C'est une espèce largement répandue en Afrique centrale. La
coloration est assez claire, avec sur les flancs des traces peu visibles de bandes verticales
sombres. La tache operculaire est toujours présente, mais souvent réduite à un simple liséré
sur le bord de l'opercule. On compte de 22 à 26 branchiospines en bas du premier arc
branchial.
2.3.1.3 Clarias lazera - C'est un silure ou poisson chat, de la famille de claridae, dont l'habitat
s'étend du lac de Galilée (Israël) jusqu'au Haut-Congo (Zaïre). Les Clarias, en général, ont
un corps allongé et cylindrique. La tête, applatie, est garnie de plaques osseuses, au dessus
sur les côtés. Ils ont huit (8) barbillons disposés par paires: une paire nasale, une paire au
maxillaire et deux paires au menton. La bouche est large et les dents, aux mâchoires, sont
peu marquées. Sur le vomer, les dents sont villiformes ou granuleuses.
Les travaux de recherches visant la reproduction de ce poisson ont été répartis dans les
Stations communes au Projet PNUD/FAO REG/54 à:
2.3.1.4 Auchenoglanis occidentalis (Bagridae) est un poisson qui présente une bonne
croissance en étang (il passe de 10 g à 600 g après 6 mois). En deux ans, il peut atteindre 2
kg. En milieu naturel, le poids maximum observé a été de 40 kg. En 1969, quelques signes
de maturité ont été relevés sur des poissons en observation à Bangui-Landjia.
Le besoin en oxygène est assez élevé mais il est difficile à manipuler lors de vidange d'étang
à cause de ses piquants. Actuellement la Station de Bangui-Landjia en produit à partir
d'alevins achetés chez les pêcheurs ou capturés dans l'étang de barrage, M'Batama 1.
2.3.1.5 Citharinus gibbosus (Citharinidae) est une espèce qui valorise le fond de l'étang. Il a
une bonne croissance en étang (environ 365 g en 12 mois) mais fragile aux manipulations et
n'a présenté aucun signe de maturité en observation à Bangui-Landjia après 2 ans.
Actuellement on peut obtenir des alevins à partir d'étang de capture (M'Batama 1); nom
vernaculaire - NGbete).
2.3.1.6 Labeo liniatus (Cyprinidae). Les observations ont donné un résultat assez
comparable à celui des Citharinus. La croissance de ce poisson phytophage est bonne, 450
g en 1 an mais il est fragile aux manipulations et ne présente pas de signe de maturation en
étang (nom vernaculaire: Singa ou Songa).
Voir situation du Projet AFR REG/54 - Réunion Inter-Etats: Bangui 7–10 juin 1972 par De
Kimpe.
2.3.1.8 Hemichromis fasciatus. Ce poisson a été élevé dans l'ancienne pisciculture rurale.
De nos jours, on l'utilise comme poisson prédateur à la densité de 1/5; pour le T. nilotica.
C'est un poisson rustique qui ne présente aucun intérêt pour la pisciculture commerciale.
2.3.2.1 Tilapia nilotica - C'est le poisson retenu ces dernières années pour la pisciculture
intensive dans nos étangs et consacré à la vulgarisation piscicole en milieu rural. Il est très
estimé pour sa croissance rapide. Il se distingue des autres Tilapia par les rayures verticales
à la nageoire caudale.
Il est microphage omnivore. Il se reproduit dans un nid en excavation cylindrique situé sur le
fond moins profond et souvent plat; le diamètre est toujours 1,5 fois plus grand que la
longueur du mâle qui la construit. Les oeufs sont relativement grands (2,5 à 3,5 mm). A
l'origine, il semble que c'est une espèce qui pratique l'incubation buccale mais il semble que
dans l'étang bien protégé de prédateurs, les femelles abandonnent cette pratique (à vérifier).
Pour la vulgarisation piscicole en pisciculture familiale, il présente les intérêts suivants:
2.3.2.3 Tilapia macrochir - Originaire de la région de grands lacs. Il a été le premier poisson
élevé en étang à la Station expérimentale de Djoumouna, Brazzaville. Il a servi à plusieurs
essais de grossissement à cette Station et été diffusé dans plusieurs régions de l'Afrique
Equatoriale Française où on en retrouve actuellement des souches. De nos jours, ce poisson
peuple certains cours d'eau de l'Afrique centrale parce qu'il avait été utilisé en milieu rural
pour la vulgarisation.
Ce poisson a servi aux essais d'élevage par classes d'âge mélangés et aussi par classes
d'âge séparées. Mais les productions obtenues sont faibles et ne sont pas comparables tous
les essais effectués. La nourriture distribuée à cette époque se composait de tourteau
d'arachide et feuilles de manioc dans la proportion de ⅔ de tourteau d'arachide et ⅓ feuilles
de manioc. Le sous-équipement à cette époque et la grosse mortalité de ce poisson lors des
manipulations n'ont pas permis d'obtenir des résultats définitifs des expériences tentées sur
la croissance des alevins. Ces essais menés à la Station de Djoumouna méritent d'être
repris de nos jours et sur des bases saines.
2.3.2.4 Heterotis niloticus - C'est une espèce africaine, de famille des Osteoglossidae. Si la
souche existant à la Station piscicole de Bangui-Landjia est originaire du Cameroun
(Yaoundé), celle de la Station de Djoumouna provient de:
De nos jours, cette espèce vit ou est élevée comme poisson d'accompagnement à la Station
de Bangui-Landjia. Son élevage en étang est difficile parce qu'on obtient pas beaucoup
d'alevins pour empoissonner les bassins. Plusieurs essais ont été tentés pour définir les
causes de mortalité des alevins mais aucun résultat concluant n'est apparu. Notons que ce
poisson est fréquent dans plusieurs cours d'eau de l'Afrique centrale parce que lors des
premières tentatives d'alevinage des Stations piscicoles, ce poisson aurait été emporté
pendant les inondations. (Les pêcheurs autochtones de l'Oubangui le désignent sous le nom
de “Poisson de bassin ou poisson de la mer”.)
2.3.2.5 Astatoreochromis alluandii. Le 26 mars 1969, 11 alevins de cette espèce ont été
importés du Cameroun. Ils devraient servir à contrôler la présence de mollusques, vecteurs
de maladies transmissibles aux hommes. L'élevage de ces poissons en étang n'avait pas été
suivi et les 11 sujets n'ont suivi que deux cycles d'élevage avant de disparaître de leur
dernier bassin après l'empoissonnement du 18 mars 1970.
3.1 Monoculture
C'est une pratique qui, à mon avis, réduit la production parce que toutes les possibilités de
l'étang ne sont pas exploitées.
3.2 Polyculture
D'après les essais tentés à notre Station, elle paraît être la plus intéressante parce qu'elle
donne les meilleurs rendements (nourriture distribuée entièrement valorisée).
Ces procédés consistent à élever aux bords des étangs de pisciculture des animaux de
ferme. On considère à présent différentes possibilités:
porcs + poissons
canards + poissons
Les rendements obtenus avec ces procédés se trouvent dans un tableau du 2.1 de ce
document.
la demande pour le poisson, notamment des Centres urbains est très élevée et
représente 3 à 5 kg/habitant/an
l'offre est très réduite et est estimée à 25 pour cent
le revenu monétaire ira en augmentant donc la demande va augmenter
les sources de poissons sont très variées pour les pays côtiers: Cameroun, Congo,
Gabon
La République du Tchad exploite ses ressources des eaux naturelles (lacs et rivières).
a. des pêches dans les eaux naturelles. La production des pêches qui se pratiquent au
niveau traditionnel ne suffit pas pour satisfaire les besoins nationaux. Il faudrait
ajouter à ces pratiques artisanales, les difficultés de transport.
b. la pisciculture représente une spéculation nationale. Son développement dans
l'avenir est assuré par le perfectionnement des techniques d'élevage associés et la
polyculture; ensuite les recherches nécessaires notamment sur:
i. les nouvelles espèces de faune piscicole locale qui pourraient convenir à la
pisciculture en étang par exemple: Distichodus,
Capitaine, Labeo, Heterobranchus, Ophiocephalus, Auchenoglanis
ii. les essais de polyculture de ces espèces
iii. les possibilités de ces espèces en élevage associé.
le choix du site pour la création de la Station. Ce site doit se situer à proximité d'une
agglomération pour faciliter la vente des poissons après chaque vidange
L'étude au préalable du marché de poisson qui permet de: fixer raisonnablement le
prix du kg de poisson; définir la taille marchande des espèces de poissons donc le
rythme de vidanges des étangs; arrêter les heures et pratiques de vidanges
l'organisation du circuit commercial; à présent, les ressources du Centre sont
discutées par: les particuliers (paysans et fonctionnaires venant de la ville); les
femmes commerçantes; les poissonneries installées à Bangui
la planification du conditionnement des produits; actuellement, les poissons du
Centre sont livrés vivants dans le commerce; ce qui constitue souvent un spectacle
pour la clientèle. Le prix d'achat du kg au Centre est fixé officiellement à CFA.F. 180.
Mais il convient d'ajouter que les tailles marchandes des espèces retenues sont de:
100 à 200 g pour le T. nilotica; 200 à 500 g pour le C. lazera; 200 à 1 500 g pour les
espèces d'accompagnement ou prédateurs (Auchenoglanis, Heterotis niloticus,
Labeo, Citharinus et Ophiocephalus).
Les raisons qui nous conduisent à arrêter les tailles marchandes des poissons sont les
suivantes:
Les points particuliers qui retiennent mon attention méritent d'être soulignés dans ce
document. Ce sont les problèmes de goût et la satisfaction. L'introduction du C. lazera en
étang, poisson vulgairement appelé “N'Goro” fait confondre ce poisson avec Clarias
anguillaris habituellement pêché par les pêcheurs de l'Oubangui et vendu à un prix de l'ordre
de CFA.F. 150 à 300 les 500 g surle marché de Bangui. La confusion de ces deux poissons
rend difficilement commercialisable le C. lazera. Il convient de noter que:
Le Centre a surmonté ces difficultés en arrêtant la taille marchande de ce poisson entre 200
et 500 g. Actuellement, ce silure ou “N'Goro” est à la portée de tout consommateur sans
distinction de sexe. Quant aux Ophiocephalus, ils intéressent les hommes âgés.