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Auteur de

APROPOSDE
nombreux

LA PRÉPARATION
ouvrages
sur la
pédagogie
sportive,

MENTALE
Christian
Target
s'est spécialisé dans
le domaine de la
préparation mentale
et vient de publier sur
le sujet un manuel,
occasion pour la Revue
E R S de mener auprès de
l'auteur cette interview.

QUESTIONS À

C HRISTIAN
TARGET

Christian Target est un PATRC


I K PASSE
ancien élève de l'école nor-
male supérieure d'éduca- Vous venez de publier un ouvrageleinti- champ « psychologique », c'était
tion physique. Il est égale- tulé « Manuel de préparation mentale entrer à».la fois, dans l'interdit et le médi-
ment diplômé de l'INSEP. Vous êtes un préparateur mental cal. Les premiers athlètes avec lesquels
De formation sportive, ses reconnu puisque vous opérez au niveau j'ai travaillé, pendant six mois, en 1985,
expériences d'athlète, de formateur, d'ensei- olympique. En quoi consiste cette lors d'une coupe de l'América en Austra-
gnant, (chargé de cours à l'université de « spécialité » ? lie m'appelaient affectueusement le
« docteur des têtes » et une émission télé
Dijon) et d'entraîneur (jusqu'au haut niveau Nous avons tous appris, à l'université ou m'avait, sans m'en aviser, attribué le titre
de planche à voile) lui ont permis, après une en lisant les journaux sportifs, l'impor- de psychologue, alors que je ne le suis
formation de praticien auprès de grands pré- tance du facteur psychologique dans la pas. Par contre, je défends avec ferveur la
parateurs mentaux, de créer et valider sa performance. Entre l'idée et sa mise en qualité de « préparateur mental », d'une
propre m é t h o d e de travail. Il a ainsi pu pratique, il se passe toujours beaucoup de part pour éviter cet amalgame gênant et
temps. Le chemin a été long mais main- d'autre part parce que nous sommes en
a c c o m p a g n e r avec s u c c è s de n o m b r e u x tenant, c'est une spécialité reconnue, réalité, et pour l'essentiel, des entraîneurs
athlètes vers des records du monde (comme affirmée et enseignée. Nombreux sont les mentaux. Nous travaillons le plus sou-
Frank Esposito en natation), vers des traver- athlètes de tous niveaux qui prennent en vent en collaboration avec les entraîneurs
sées océaniques victorieuses (comme Karine compte ce facteur essentiel et demandent qui sont les maîtres d'œuvre de la perfor-
Fauconnier), mais également de grandes l'assistance d'un préparateur mental, ne mance. L'idéal est une commande
é q u i p e s vers des m é d a i l l e s o l y m p i q u e s serait-ce que pour voir ce dont il s'agit et conjointe de l'athlète et de l'entraîneur.
éventuellement capter le petit « plus » C'était le cas, dès 1986 avec Franck
(comme l'argent du basket à Sydney) ou des qui fait la différence. Beaucoup d'entraî- Esposito et en 1988 avec l'équipe de
finales prestigieuses (comme l'América's cup neurs se forment à ces techniques. France de natation. Dans le cas du bas-
en Australie) (*). En France, il y a encore peu, entrer dans ket-ball pour les JO de Sydney, c'était

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une commande qui émanait uniquement de initiale de type STAPS. Nous travaillons prin- nibles pour y parvenir de la façon la plus
l'entraîneur, mais je dois avouer que les cipalement dans le champ de l'entraînement fluide et confiante possible. Cela implique
joueurs m'ont particulièrement bien reçu. mental, ce qui implique un échange d'infor- l'acquisition de connaissances, de savoir-faire
Pour les JO de Salt Lake City et actuellement, mations entre l'athlète, l'entraîneur et le pré- procéduraux, stratégiques et sociaux, qui sont
pour ceux d'Athènes et de Turin, c'est aussi parateur mental. Un programme d'entraîne- autant d'éléments de connaissance de soi et de
une demande conjointe du DTN (ou de l'en- ment mental doit être connu de l'entraîneur compétences particulières qui permettront
traîneur) et de plusieurs athlètes. Le travail en car c'est lui qui en observe les résultats au d'atteindre cet objectif. Les athlètes et les
est facilité, même dans le cas des joueurs de quotidien. Se cacher derrière le secret profes- entraîneurs expriment toujours un besoin
tennis ou de golf, qui viennent à nous indivi- sionnel pour ne pas communiquer avec l'en- concret lié à une situation ou à un état qu'ils
duellement, nous cherchons très vite à tra- traîneur est une grande faiblesse et ne va pas souhaitent modifier ou reproduire.
vailler avec l'entraîneur. Nos formations et dans le sens de la performance. Bien sûr, nousNous répondons à leurs attentes en termes de
nos discours étant proches, cela se passe géné- touchons parfois l'intime, mais cela nous le compétences, c'est-à-dire en termes de savoir
ralement très bien. protégeons, c'est simple bon sens. faire, de procédures de corrections ou de ren-
Il reste cependant que nous sommes très près forcement, de perceptions, de représentations
de l'activité de terrain et qu'il faut veiller à ne Dans votre travail, vous parlez et d'de
émotions, d'entraînement mental aussi,
« perspec-
pas empiéter sur le « territoire » de l'entraî- tive éducative ». Quel sens donnez-vous que je développe à ces longuement dans cet
neur ! De plus, dans les grands moments de mots ? ouvrage. Ce sont d'abord des outils de
tension c'est plutôt l'entraîneur qui subit le Le travail d'un préparateur mental peut s'exer- connaissance de soi et des autres, mais comme
plus de pression et risque les plus grands dan-cer selon trois perspectives différentes. La j'ai
gers. Cela se comprend car, pour l'athlète, la perspective
fait l'essentiel de ma carrière dans la for-
mation des cadres, j'y adjoins en permanence
psychopathologique traite de la
mise en action supprime ou diminue le stress souffrance psychologique grave de quelques des outils d'enseignement. Je pense que ce
et l'anxiété pré-compétitifs, souvent inconfor- athlètes : elle concerne les profes-
tables. L'entraîneur, lui, ne bénéficie pas de ce sions de santé. La perspective Frank Expósito: concentration avant la co
« lâcher prise » et il vit la victoire ou la défaited'écoute, d'aide et de soutien est
par délégation. S'il gère mal ses propres stra- en fait un accompagnement psy-
tégies mentales, il n'y a que deux solutions : chologique qui aide l'athlète à
ou bien il communique son stress aux athlètes mieux s'intégrer
et il « tue » leurs performances ou bien l'ath-nement culturel dans son environ-
: un solide bon
lète l'éloigné et la performance se fait sans lui sens associé à quelques connais-
(cette dernière configuration est fréquente ce sances d'ordre psychologique per-
qui explique quelques brouilles et sépara- met d'être efficace dans ce travail.
tions). Travailler avec l'entraîneur est devenu Dans la perspective éducative, le
aussi important que travailler avec les préparateur mental agit en tant
athlètes. qu'éducateur et formateur, « à
l'aide de savoir-faire, stratégies,
Vous êtes professeur d'EPS deméthodes formation, et techniques particu-
n'est-ce pas inhabituel dans ce monde
lières du être apprises » [1].
qui peuvent
mental ? Notez que le professeur d'EPS,
Non, ce n'est plus inhabituel ! Sur les sites face à ses élèves, se situe naturelle-
olympiques d'hiver ou d'été, la profession qui ment dans ces deux dernières pers-
est la plus représentée est certainement celle pectives.
de professeur d'EPS (ou de sport). Dans le
domaine du mental on trouve de plus en plus Vous travaillez dans un contexte
de spécialistes dont la formation initiale est le de haute performance. Ce n'est
cursus du professorat d'EPS. Les psycho- pas la préoccupation du profes-
logues, sophrologues ou autres, tendent à lais- seur d'EPS !
ser la place à des spécialistes issus du monde
du sport et plus précisément du monde de Le mot performance ne peut plus
l'entraînement sportif. C'est normal, nous faire peur. D'ailleurs, les connais-
sommes dans une perspective éducative et non sances, savoir-faire et stratégies
médicale. Nous travaillons de façon très rap- des enseignants ont souvent gagné
prochée avec l'entraîneur et son staff de pré- dans l'observation et le traitement
parateurs et si nous sommes également en adaptatif des savoir-faire du haut
relation nécessaire avec le staff médical, nous niveau sportif. Je comprends le
n'avons pas la même approche de la perfor- mot « performance » comme l'ac-
mance. La culture sportive acquise dans les tualisation de la compétence, ce
formations STAPS est irremplaçable. C'est qui lui donne un sens très large.
elle qui nous permet de travailler indifférem- Les textes officiels de l'E.N. par-
ment avec une équipe de basket-ball, un lent des « compétences qui combi-
nageur ou un navigateur au long cours. L'in- nent l'ensemble des connais-
verse est moins évident : la formation initiale sances ». Dans votre revue, G. Klein écrit : double regard peut présenter un intérêt pour le
de psychologue n'apporte pas de compétence « une compétence actualise des connais- professeur d'EPS et plus généralement pour
sur l'entraînement ni sur la culture sportive. sances diverses et manifeste des acquisitions tout enseignant.
Pour un diplômé de STAPS. il n'est pas très multiples » [2] . Le concept de performanceQuelle différence existe-t-il entre un athlète de
compliqué de « rentrer » dans un cursus de mentale que je développe dans mon travail haut niveau confronté à la production d'une
psychologie. L'inverse est beaucoup moins n'échappe pas à ces définitions.
évident. L'objectif de performance mentale, tel que performance et l'élève de lycée placé devant
nous l'entendons, est bien d'atteindre un Tous les deuxréussite
l'
e xigence de à un examen ?
Les athlètes et l'entraîneur reçoivent bien objectif
celui qui parle leur langage, celui de l'entraî- mettre enpersonnel, choisi et raisonnable et de deux doivent savoir mettreà en
sont face un défi. Tous les
œuvre les res-
nement, d'où l'importance de la formation œuvre toutes les ressources dispo- sources mentales nécessaires pour répondre

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aux contraintes psychologiques d'une situa- œuvre pour palier ces manques, je n'ai pas eu examens et tout au long de leur vie lorsqu'il
tion émotionnellement anxiogène. La vie quo- de réponse. Parce que rien ne prépare l'ensei- faudra aborder un moment important
tidienne offre aussi son lot d'exigences et de gnant à cet aspect du projet de l'enfant. Je suis(embauche, dossier, réunion, etc.). Pourquoi
défis « ordinaires » qui obligent à s'engager chargé de cours en STAPS et je constate que les enseignants ne pourraient-ils pas envisager
fortement pour y répondre. La vie est une suc- très peu d'établissements enseignent les tech- un cycle basique d'apprentissage sur l'image-
cession de petits et grands défis. Trouver un niques basiques de relaxation et surtout rie pour ensuite en utiliser les acquis dans
équilibre personnel est une gageure perma- d'imagerie, encore moins les stratégies men- d'autres apprentissages plus complexes ?
nente. C'est une performance en soi que de tales. La capacité d'imagerie d'un enfant est Pourquoi ne pas aider les élèves à identifier
pouvoir atteindre à une relative permanence pourtant énorme et sa capacité de concentra- leurs propres émotions dans leurs meilleurs
de la confiance en soi. Le concept de bonheur, tion plutôt limitée ; chaque enseignant de moments de réussite pour ensuite pouvoir les
très à la mode en ce moment, n'est-il pas chaque discipline devrait connaître la puis- réutiliser à d'autres moments de leur vie ?
constitué de ces nombreux petits et grands sance de l'imaginaire, comment la maîtriser et Pourquoi enfin les enseignants n'appren-
moments de fluidité, connus de tous et parti- la guider à desfinséducatives. draient-ils pas à leurs élèves les techniques
culièrement des sportifs ? Mais faut-il encore mentales de gestion de l'erreur ou les tech-
que les compétences mentales à mettre en Votre expérience peut-elle aider les ensei- niques de contrôle des émotions ?
œuvre pour y accéder soient connues, recon- gnants d'EPS
nues et opératoires. dans cette voie ?
Mon travail
N'est-ce pas à l'école de remplir cette s'adresse à tous
fonction ? les pratiquants
Oui, absolument. Mais je ne suis pas certain, d'une activité
qu'actuellement, elle le fasse pleinement ! sportive et à tous
Peut-être cette discipline est-elle encore trop ceux qui ont une
récente pour pénétrer le milieu de l'éducation. action éducative
Mes actions et celles de mon équipe ne se de terrain dans le
limitent pas aux pratiques du haut niveau spor- monde des acti-
tif. Nous rencontrons dans l'entreprise ou vités sportives.
dans la vie quotidienne, parfois scolaire, de Tous les entraî-
nombreuses personnes qui ne savent pas neurs et ensei-
« gérer » leurs émotions, doser leur énergie, gnants peuvent y
mettre en œuvre et utiliser leur intelligence trouver de quoi
émotionnelle, qui subissent de façon implicite nourrir leur pro-
et dangereuse l'influence des autres, et qui pre démarche.
vivent de nombreuses baisses de confiance, Mon discours est
fortes et inexpliquées. La plupart connaissent celui de ma pro-
les mots concentration, stress, confiance, fession d'ori- . _ . . . . BENOIT STICHELBAUT
estime de soi, gestion des émotions, mais un gine, il s'appuie Karine Fauconnier : navigation hauturiere.
très petit nombre de ces personnes sont entre autres sur une systématique de vingt- J.-P. Famose, parlant de la définition des prin-
capables d'associer ces mots à des savoir faire cinq exercices basiques de relaxation et cipaux objectifs que doivent viser les ensei-
et stratégies mentales. Et très rares sont ceux d'imagerie dont tous les enseignants et éduca- gnants d'EPS dans leur cours, parle de viser
qui ont entendu parler d'entraînement teurs peuvent s'inspirer et un maximum d'ou- également « autre chose ». Pour lui, cette
mental ! Tous observent simplement qu'ils tils pratiques que les enseignants d'EPS et « autre chose » n'est pas seulement l'acquisi-
n'ont rien appris de ce type dans leur cursus plus généralement tous les éducateurs seraient tion de compétences méthodologiques, mais
scolaire et universitaire. Pourtant, que je en mesure d'utiliser dans leurs enseigne- aussi l'atteinte d'objectifs tels que les straté-
sache, les programmes d'EPS proposent que ments. gies de motivation, la valorisation et la protec-
« les élèves apprennent à conduire individuel- La réflexion que je mène débouche sur beau- tion de l'estime de soi, l'augmentation de la
lement et collectivement une séquence d'ap-coup d'informations mais aussi de solutions. confiance en soi, la gestion des émotions,
prentissage, à planifier un programme de Le parti que je prends est avant tout didactique etc., [3]. Il observe que ce socle est indispen-
transformation sur un aspect technique pré- et concerne directement l'enseignant qui sable à un apprentissage méthodologique.
cis, à planifier un entraînement sur un tempscherche à comprendre et appliquer. Pourquoi Tous ces mots sont bien présents dans les cur-
plus long, à concevoir et mener un programme ne pas apprendre aux élèves les techniques sus STAPS mais ils sont rarement associés à
de préparation physique ». Pourquoi pas de basiques de la répétition mentale et les mettre des outils et stratégies d'entraînement mental
préparation mentale ? N'est-ce pas la fonction en pratique, par exemple, dans une séance de ayant pour objectif l'acquisition de ressources
de l'école et spécifiquement du professeur saut en hauteur ou dans la construction men- opératoires.
d'EPS de collège et de lycée d'enseigner ces tale d'une tactique au handball ? Pourquoi ne Je crois que ces outils concernent un peu tout
outils ? Je suis sûr que certains le font déjà pas leur apprendre des exercices simples de le monde. Je suis toujours étonné de voir avec
mais ces initiatives sont rares. Le très grand relaxation dans un cycle spécialisé et quelle gourmandise mes stagiaires du monde
succès en librairie des ouvrages de développe- construire avec eux des routines qui leur ser- de l'entreprise apprennent et utilisent les
ment montre qu'un nombre croissant de per- viront toute une vie ? Pourquoi un enseignant outils que je développe chez les sportifs. Je
sonnes recherche des outils personnels dans le ne capterait-il pas les croyances limitantes de crois n'avoirrieninventé. J'ai simplement mis
champ du mental. Elles cherchent ailleurs ce leurs élèves (un mot, une phrase lancés dans en ordre cohérent des outils connus au service
qu'elles n'ont pas appris à l'école. Ce qui l'action, et qui oblitèrent tout accès à la de la confiance.
explique le succès énorme des nombreuses confiance) pour ensuite discuter individuelle-
méthodes qui traitent de ces outils et stratégies ment ou collectivement de ces croyances sur La confiance est-elle au centre de vos préoc-
(sophrologie, préparation neuro-linguistique, soi et apprendre à les reconstruire ? Pourquoi cupations ?
yoga, etc.). En tant que parent, j'ai assisté à l'enseignant d'EPS n'apprendrait-il pas à ses Elle est surtout la préoccupation de chacun
des conseils de classe où les professeurs par- élèves, avec des exercices adaptés, les tech- d'entre nous, et à tous les âges. Elle est inti-
lent de manque de concentration, de confiance niques de concentration des athlètes les plus mement liée à l'estime de soi dont elle repré-
et d'estime de soi. Mais lorsque je leur ai performants ? Ces acquis leur serviront dans sente, pour C. André et F. Lelord [4] la mise
demandé quelles techniques ils mettaient en la préparation et la réalisation de tous leurs en action. Je l'associe à la fluidité et elle est un

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B^f^àSsiiâSir-.,. .г--' , , :.м Revue EP.S n°304 Novembre-Décembre 2003 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé
des pré-requis essentiels de la mise en œuvre
de l'intelligence émotionnelle. Il suffit d'ob- Schéma 1
server l'émergence étonnante d'une littérature
qui ne traite que du thème de la confiance et de
l'estime de soi. En tous cas, c'est vrai, elle est
au centre de mes préoccupations et du modèle
que j'utilise. Et cependant, je n'en connais pas
bien la nature. Je vous propose un exercice
d'imagerie pour mieux comprendre le modèle
que j'utilise. Imaginez trois cercles égaux :
l'un correspond à votre potentiel énergétique,
le second à votre potentiel émotionnel, le troi-
sième à votre potentiel d'intelligences (ou de
traitement d'informations) (cf. schéma 1).
Ces trois cercles sont tangents et correspon-
dent à trois pôles de votre potentiel de vie : les
deux premiers constituent un socle sur lequel
s'appuie le troisième. Faites-les maintenant se
recouvrir partiellement : cela crée une surface
commune, au centre, qui peut représenter la
confiance. C'est un peu simplificateur mais
explicite : si un des pôles, un des cercles donc,
diminue de surface, celle de la confiance en
subit le contrecoup immédiat. En d'autres
termes, la confiance n'existe que si l'intégrité
des trois cercles, des trois pôles est elle-même
respectée. Continuez cet exercice d'imagerie,
imaginez maintenant que vous êtes dans une
situation de vie que vous jugez importante
pour vous : par exemple un oral d'examen,
une réunion à diriger ou simplement une ren-
contre qui est essentielle pour vous. C'est une
situation qui exige, pour sa réussite, un niveau
de confiance optimal. Imaginez que vous avez
très mal dormi, cela entraîne chez vous une
grande fatigue, votre potentiel de contrôle
énergétique est fragilisé et rend l'ensemble
plus précaire : votre motivation et votre
confiance en vous diminuent d'autant. Imagi-
nez maintenant que vous êtes encore sous l'ef-
fet d'une grande émotion due à un événement
personnel qui vous a contrarié : votre potentiel
de contrôle émotionnel est dégradé et votre
confiance baisse également d'autant. Imagi- Vous dites associer confiance et fluidité. sible, mais il est bien certain qu'elle est
nez enfin dans cette situation, qu'une Pourtant Csikszentmihalyi a décritimpossible le si les pré-requis de l'accès à la
croyance vous assaille, par exemple la certi- « flow » comme un état lié à la motivation. confiance ne sont pas activés.
tude irrationnelle que vous n'y arriverez pas : M. Csikszentmihalyi a décrit les caractéris- Ceux-ci opèrent sur deux niveaux : l'activa-
votre capacité d'intelligence et de traitement tiques du « flow » [5], cet état particulier de tion et la concentration (cf. schéma 2). Le pre-
de l'information est écornée d'autant et votre fluidité que les sportifs connaissent bien et qui mier niveau est celui de l'activation (la bonne
confiance diminue encore. Si l'un des trois est un moment d'équilibre parfait, de réussite température émotive) qui place l'individu
pôles, énergie, émotionnel ou traitement d'in- totale (que nous distinguons de l'euphorie qui dans un état préalable de calme et d'énergie
formations est dégradé, l'ensemble se délite et n'est qu'un excès de confiance). Chacun a pu ajusté à l'action à entreprendre. Ce niveau est
touche automatiquement le niveau de faire l'expérience de la fluidité dans ces essentiel et est souvent « oublié » ou perturbé
confiance. Cela explique que cette dernière ne moments extraordinaires où tout fonctionne par une mauvaise gestion de l'anxiété et du
soit pas une donnée mais une construction merveilleusement dans sa vie professionnelle, stress. Cela explique pourquoi chaque action
permanente. Pour moi, et en exagérant un peu, personnelle ou sportive. L'état de fluidité doit être précédée d'une période de prépara-
la confiance n'existe pas car nous n'avons pas regroupe à la fois plaisir, concentration sur tion plus ou moins longue. La mise en œuvre
de prise directe sur elle. Elle n'est que l'indi- l'instant, contrôle, relâchement, efficacité et de ce niveau implique les pré-requis suivants :
cateur de l'équilibre des trois autres pôles de confiance. Surtout la confiance. Car c'est sou- une préparation physique optimale, une
votre potentiel. Pour la moduler, il faut agir vent le sentiment perçu qui prédomine : dans « chasse à l'anxiété et au stress » permanente,
sur les trois pôles que sont l'énergie, l'émo- ces moments les sportifs, par exemple, parlent la recherche délibérée du plaisir ou d'une
tionnel et le traitement des informations. Il plus de confiance que de motivation. Dans émotion personnalisée d'un registre équiva-
très facile d'intervenir sur ces autres pôles. Ce mon travail, je prends l'hypothèse que lent, et enfin, un relâchement musculaire
sont les vingt savoir-faire mentaux que je confiance et fluidité sont étroitement asso- adapté. Ce premier niveau implique la maî-
décris dans mon livre. Quatre sont consacrés à ciées et que l'accès à la fluidité dépend du trise des processus d'imagerie, de relaxation,
la régulation du potentiel d'énergie, six à celle niveau de confiance. Celle-ci dépendant de la de répétition mentale et de maîtrise des états
du potentiel d'émotions, neuf à celle du poten- qualité des savoir-faire et des stratégies men- mentaux. Le second niveau est celui de la
tiel d'information (donc de nos intelligences) tales, l'accès à l'état de fluidité exige les concentration qui va permettre la recherche
et deux enfin à la régulation de nos rapports mêmes pré-requis que la confiance. C'est vrai implicite, le « recrutement » et l'anticipation
avec les autres. que l'entrée en fluidité est parfois imprévi- de l'automatisme adapté. Rappelons que ce

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déceler quelques manques et à y porter
Schéma 1 remède. D'une façon plus générale mon
action permet de gagner du temps et, parfois,
d'éviter des échecs calamiteux dont les causes
sont souvent inexpliquées.
Parlez-nous des savoir-faire et des stra
mentales que vous développez dans vot
ouvrage
Observons d'abord que l'objet des savoir-faire
est de permettre à chaque élément du potentiel
(les cercles dont je parle plus haut) d'être à
leur niveau optimal pour que la confiance soit,
elle aussi, à son niveau optimal. Les savoir-
faire concerneront donc successivement les
potentiels d'énergie, d'émotions, de traite-
ment d'informations et enveloppant ce tout, le
potentiel relationnel. Ces savoir-faire sont
organisés du facile au difficile et du simple au
complexe. En survolant la question, je pour-
rais dire que sur le plan de la régulation de
l'énergie, je propose principalement des outils
de ressourcement puisant dans les techniques
niveau ne peut fonctionner que si le premier rante. Une chute brutale ou même légère de de relaxation et s'exprimant en routines
est parfaitement en place. La démarche est la confiance s'explique toujours. Il ne faut sur- personnalisées (cet outil est assez peu original.
même dans le cas d'une performance intellec- tout pas laisser le phénomène s'aggraver.
tuelle : c'est la justesse du niveau d'activationLorsqu'on me demande une intervention de
qui va permettre le bon recrutement des type « pompier », je trouve toujours un niveau
savoirs et des techniques de gestion de ces de confiance et d'estime très dégradé et je sais
savoirs (et contribuera à la réussite d'un devoirbien que je ne peux pas faire grand-chose !
ou d'un exposé, par exemple). La mise en Au contraire, si cette personne est capable
œuvre de ce niveau implique de posséder les d'analyser son erreur, de la corriger en utili-
automatismes et/ou les savoirs nécessaires à sant des outils adéquats et surtout si elle a su y
l'action (c'est une évidence qu'il est utile de porter remède par un entraînement mental
rappeler !), de savoir choisir le bon mode de régulier et bien construit, il est probable que la
focalisation de l'attention et d'avoir déve- solution implicite sera disponible et la régula-
loppé sa capacité de concentration. Nous tion de la situation s'effectuera normalement.
revoilà dans le modèle dont nous parlions plus Par exemple, une des croyances les plus fré-
haut : pour atteindre à la mise en œuvre effi- quentes, les plus pernicieuses et les plus
cace de ces niveaux, une pratique des savoir- ancrées est l'auto-interdiction du droit à l'er-
faire mentaux est nécessaire. Cela signifie des reur. L'activation de cette croyance sur soi, qui
remonte souvent loin dans l'enfance, perturbe
objectifs clairs, des croyances dynamisantes tout le système perceptif et décisionnel. Elle
et une pratique de l'entraînement mental affir- réfute l'évidence qu'on ne progresse que par
mée et codifiée. L'accès à la fluidité exige, à l'erreur. Elle est le plus sûr chemin pour
mon sens, l'activation de l'ensemble de ces refaire l'erreur en y associant un contenu émo-
pré-requis. C'est un aboutissement et une tionnel négatif et limitant. Apprendre à
recherche permanente. Je ne suis pas en déconstruire cette croyance et en reconstruire
contradiction avec le créateur du concept de une nouvelle du type « je me donne le droit à
« flow », je le réintègre simplement dans mon l'erreur mais je n'ai pas le droit de ne pas
modèle. Mon approche de la confiance n'est savoir trouver une solution pour traiter cette
pas très éloignée de la motivation (intrinsèque erreur », implique un long processus modifi-
et extrinsèque) qu'il associe à la fluidité. catif. Cela signifie également qu'il faut avoir
disponible en mémoire, de façon implicite et
Pour vous, suffit-il de savoir repérer les
explicite, toutes les solutions mentales pos-
causes de fragilité mentale pour y porter sibles. Cela représente beaucoup de travail qui
remède ? devrait vraiment commencer dès l'école. Je Finale des Jeux de Sydney.
Certainement et je le vérifie tous les jours. Si dois cependant préciser ici que, comme dans
une personne est incapable de savoir d'où et tous les apprentissages, certains apprennent Il est en fait assez peu utilisé mais il peut
de quoi dépend cette baisse de confiance, par- plus vite que d'autres et que beaucoup sont s'avérer essentiel, alors je lui donne une cer-
fois brutale, cela peut aller jusqu'à la panique capables d'apprendre seuls. taine importance). C'est surtout une première
et faire complètement perdre pied avec la réa- Lorsque je travaille avec les basketteurs olym- approche simple et inhabituelle dans notre
lité. C'est une possible explication au fameux piques, six mois avant les Jeux de Sydney, culture occidentale de se placer en observation
« trou noir » avant un examen, au coup d'ac- ceux-ci ont déjà une pratique particulièrement de soi et à ce titre, il est une excellente intro-
célérateur à la place du coup de frein, à l'in- développée de certains savoir faire mentaux. duction concrète à la préparation mentale. Je
croyable fuite d'une célèbre athlète lors des Ils n'ont pas eu besoin de préparateur mental donne, au contraire, une très grande impor-
JO de Sydney, à l'oubli de sortir des starting- pour atteindre un tel niveau sportif. Mon tra- tance au chapitre de la régulation des émo-
blocks du favori américain au 200 m de Syd- vail a consisté d'une part à renforcer ce qu'ils tions. Deux savoir-faire, qui utilisent pleine-
ney, etc. C'est aussi une possible explication à savaient déjà faire, d'autre part à répondre à ment les capacités d'imagerie, permettent
beaucoup de « ratés » imprévus de la vie cou- certaines demandes personnelles, enfin à d'aller à la recherche des émotions constitu-

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tives de ses meilleurs moments de plaisir principal apport consiste à considérer que Principaux résultats sportifs auxquels nous
et de réussite, et de construire son propre la décision dépend étroitement d'un avons été associés
référentiel émotionnel, que j'appelle mécanisme qu'il appelle les « marqueurs (de 1997 à 2002)
l'émostat. C'est cette construction, très somatiques » et dans lequel chaque déci- Basket-ball hommes : médaille d'argent au
personnelle, qui permet dans deux autres sion est associée à un niveau émotionnel
savoir-faire, une maîtrise de ses propres appris ou génétiquement imprimé. Jeux Olympiques de Sydney
émotions et des décisions qui leurs sont Comme notre vie en général, et notre vie 2000
• Vice-champion olympique, médaille d'argent.
accolées. Cette base de maîtrise émotion- sportive en particulier, sont une succes- • Chargé de la préparation mentale individuelle
nelle est une ressource essentielle pour sion de micro-décisions autant implicites de l'équipe de France de basket.
gérer les états de stress (ce sont deux qu'explicites, cela donne une importance • Chargé de la cohésion.
autres savoir-faire qui traitent de la ges- considérable aux émotions et à leur maî- Voile : Americas'cup : 2 fois Demi-finalistes
tion du stress de sur-pression, c'est-à-dire trise. Car c'est de cette maîtrise des émo- de la Coupe Louis Vuitton
de la panique, ou de la gestion du stress tions que dépend la justesse de nos déci- 1986/87
de sous-pression, c'est-à-dire du désen- sions. A. Damasio et A. Berthoz [6] • Campagne australienne Americas'Cup à
gagement). Les savoir-faire concernant considèrent que l'émotion précède la Perth. Skipper M. Pajot. Demi-finaliste des
directement le traitement des informa- décision et non l'inverse comme il est challengers (13 engagés).
tions sont organisés selon trois axes. Les communément admis. Et je convie les • Chargé de la cohésion. Actions auprès de
trois premiers sont de puissants outils lecteurs intéressés à se procurer au plus l'équipage de French Kiss (20), de l'équipe (40)
d'apprentissage : ils utilisent l'extraordi- vite le dernier et très récent ouvrage de et de Marc Pajot.
naire puissance de nos capacités d'ima- Damasio qui est le plus abouti et le plus 1991/92
gerie et permettent à la fois d'apprendre novateur sur le sujet des émotions et des • Coupe américaine coupe de l'América. San
et renforcer un geste ou un comportement sentiments [7]. Diego, Californie. Skipper : Marc Pajot. Demi-
finaliste des challengers.
(les mécanismes d'apprentissage du cer- • Chargé de la cohésion. Actions auprès de
veau ne font pas de différence entre un En fin de compte, qui cherchez-vousl'équipage à (20), et de Marc Pajot.
geste répété mentalement et durable- convaincre ? Voile de Haute Mer : or en Transat, argent au
ment, et un geste répété réellement) et de La question de l'évaluation se pose en Figaro
corriger mentalement des erreurs com- effet. Le milieu du sport de compétition • Chargé de la formation et du suivi individuel
portementales. Les trois savoir-faire sui- est nettement réceptif à toutes ces idées. des navigateurs du pôle France Habitable de
vants aident à programmer l'avenir dans Elles s'y trouvent confrontées à d'autres Port-La-Forêt, depuis 1996.
une sorte d'utilisation affinée de la points de vue et cela est enrichissant. J'ai 1997/2000 - La course du Figaro (course par
méthode Coué, si critiquée, et maintenant déjà réalisé un bout du chemin, et j'ai eu étapes en solitaire)
er ème
tellement d'actualité : comment repérer la chance d'être associé à des résultats • 3 places de 1 et 1 place de 3 .
et déconstruire ses propres croyances sportifs intéressants. J'aide quelques 2000 - Transat en double Lorient/Saint
limitantes et comment fixer des objectifs jeunes à entrer dans cette profession. Barth (7 équipages coachés)
ère ème

et voyager dans son futur ? (notons là que J'aimerais amener quelques enseignants • 1 : Karine Fauconnier, 2 : Gildas Morvan
seule notre vidéo mentale permet ces d'EPS notamment à réfléchir sur ces pro- Voile olympique : préparation des J.O.
voyages, si importants à tous les âges...). positions car c'est bien à l'école que tout d'Athènes
Enfin trois derniers savoir-faire, plus se joue. • Chargé de préparation mentale individuelle
complexes et composites, traitent de la des équipes de France de voile (9 séries :
concentration, de la gestion de l'erreur et Une dernière question : pourquoiplanches double
hommes et femmes, dériveurs en
ce hommes et femmes, dériveur en soli-
de cette capacité, typiquement humaine à titre de « Manuel » ? taire, catamaran, quillard en double.
fonctionner en mode « automatique » ou 1998/99 - Série pré-olympiques : 420 et Laser
en mode « intelligent » (c'est-à-dire stra- C'est vrai que ça donne un côté un peu • 2 titres mondiaux en 420 et un en Laser
tégique et créatif). Au travers enfin de désuet du genre « photo noir et blanc jau- Natation olympique : médaille d'argent au
deux derniers savoir-faire, je propose un nie par le temps ». C'est sympathique. J.O. de Sydney
chapitre entier pour parler du groupe, de Mais il y a une autre raison. Il existe dans • Chargé de préparation mentale individuelle
sa cohésion affective et fonctionnelle, du cette littérature, beaucoup de « guides de l'équipe de France de natation de 99 à 2000.
leadership et des relations d'influence pratiques » qui ne le sont pas du tout. J'ai 1998 à 2002
interpersonnelles. Ces savoir-faire trou- cherché à donner pour ma part beaucoup • Roxana Maracineanu : médaille d'argent à
vent leurs applications dans les stratégies de solutions concrètes. Le mot manuel Sydney (200 m dos).
mentales qui sont la mise en œuvre des m'a plu. • • Stéphan Perrot : 200 m brasse champion
savoir-faire dans un contexte d'action. On d'Europe 99.
y retrouve les stratégies de motivations, Bibliographie • Frank Esposito : 200 m papillon : vice-
de confiance, d'apprentissage, de renfor- [1] Fleurance (Ph.). « Préparation mentale et sport champion du monde 98 (Perth) - champion
cement, de gestion du stress et de l'erreur, d'élite », Entretien de l'INSEP, avril 2001. d' Europe 97 et 99 - record du monde 2001 et
2002.
de concentration, d'influence, etc. [2] Entretien avec G. Klein. Revue ERS n° 281,Parachutisme à 4 (Figures en Vol) : Or et
janvier-février 2000. argent aux championnats du Monde
[3] Famose (J.-P). À propos de l'apprentissage auto- • Chargé de la formation et de la préparation
Vous dites attacher une très grande régulé. Revue ERS n° 300, mars-avril 2003. mentale individuelle de l'équipe de France (et
importance aux émotions [4] André (C), Lelord(F.),L'estime de soi, Odile son entraîneur).
C'est un peu normal. Je leur donne sur- Jacob, Paris, 2001. 1998 - Champion du monde à Melbourne.
tout la place qu'elles méritent car elles [5] Le «flow», Psychology ofOptimalExpérience, - Vice-champion du monde à Grenade.
2000
ont été un peu oubliées sous de faux pré- Haper and Row, NewYork,1990. Vol à voile (planeur)
textes ! Un travail formidable a été [6] Berthoz (A.), La décision, Odile Jacob, Paris• Champion d'Europe par équipe en 1998
accompli ces dernières années dans ce 2003. (chargé de la formation de 4 pilotes).
champ de recherche. Depuis plus de [7] Damasio (A). Spinoza avait raison, Odile Jacob. Sports de glace / Shortrack-Luge. Jeux
dix ans, je suis un fervent admirateur Paris 2003. Olympiques d'hiver 2002
ème
d'A. Damasio, très grand chercheur et • Shortrack 5 en finale du 1000 m.
chef de file de ces travaux de recherche (*) Cf. liste des actions auxquelles a été associé Activités diverses auprès de joueurs de golf
qui influencent tout mon travail. Son Christian Target. et tennis professionnel

10 Revue EP.S n°304 Novembre-Décembre 2003 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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