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Université SALAH Boubnider Constantine 3

Faculté de Médecine
Département de Médecine Dentaire
Service de Pathologie et Chirurgie Buccales

Cours de Pathologie 3ème Année

Le 26 / 09 / 2022

LES EXPLORATIONS EN ODONTO-STOMATOLOGIE :


- EXPLORATIONS BIOLOGIQUES

Présenté par Pr. F. BOUADAM


LES EXPLORATIONS BIOLOGIQUES

Le bilan biologique permet de confirmer ou d’infirmer une suspicion de troubles révélés par
l’interrogatoire et l’examen clinique. Il permet la planification des soins , ainsi que le
dépistage précoce de certaines pathologies à risque ou à manifestations buccales.
Il est nécessaire de réaliser de tests biologiques en préopératoire afin de prévenir et gérer
d’éventuelles complications lors des soins bucco-dentaires.
Les tests les plus souvent demandés sont: un hémogramme, un bilan d’hémostase, une
glycémie, bilan rénal et hépatique et autres examens spécifiques.

L’HÉMOGRAMME : FNS
Est l’étude quantitative des éléments figurés du sang . Il comprend une numération
globulaire, une formule sanguine . L’analyse de l’hémoglobine permet l’étude des globules
rouges.
La Valeur des GR 4,5 à 5,5 millions /mm3 Nouveau né : 5-6 million/ mm 3
Le taux des Réticulocytes (RT) est un élément important pour apprécier l’origine d’une
anémie.
Valeurs Normales d'un hémogramme
3 à 10 ans Femme Homme

Hérytrocytes
(millions/mm3)
4 - 5,4 4 – 5 ,3 4,2 – 5,7

Hémoglobine

(g/100 ml) 12 - 14,5 12,5 – 15,5 14,0 – 17,0

Hématocrite (%) 36 – 45 38 – 4 2 42 – 45

Réticulocytes (RT) (%)

20 à 120 milles/mm3 0,2 - 0,8 0,3 - 0,8 0,3 - 0,8

Leucocytes /mm3) 5000 -11000 4000 -10000 4000 - 10000

* Les Réticulocytes (GR jeunes nouvellement formés par la moelle en moins de 48h ) sont les
précurseurs des GR ;ce sont des hématies très jeunes. (20 à 120 giga/L soit 20.000 à
120.000 /mm3 soit : 0.5 - 1.5 % des globules rouges.
L’augmentation représente une Anémie régénérative d’origine périphérique.
La diminution est une Anémie arégénérative d’origine centrale ;
* Hématocrite: volume occupé par les GR / au volume total de sang. L’augmentation signifie
une polyglobulie (risque de thrombose) la diminution signifie une anémie
* L’Hémoglobine : Les Valeurs normales : homme : 13 -18g/dl, femme-enfant: 12 à 16g/dl
Nouveau née : 16 -21,5 g/dl. L’anémie est définie par la baisse du taux de l’Hg
• L’  du taux Hg polyglobulie vraie
• L’  du taux Hg oriente vers une anémie
Un taux d’Hg < à 10 g/dl implique un risque hémorragique, les actes à risque hémorragique
seront reportés jusqu’à correction.
L’analyse de l’hémoglobine permet l’étude des globules rouges.
L’anémie est la baisse du taux de l’Hg, et non des GR,
Un taux d’Hg < à 10 g/dl => un risque hémorragique,
Les actes à risque hémorragique seront reportés jusqu’à correction.
Anémie légère: 11-12g/dl Hg Femme, 11-13g/dl Hg Homme
Anémie modérée: 8-11g/dl Hg
Anémie sévère: <8g/dl Hg

* Le volume globulaire moyen (VGM) : Est une constante érythrocytaire indispensable à la


classification des anémies, l’ c’est l’anémie macrocytose , la  une anémie microcytose.
Valeur normale : Homme = 42 à 45%., Femme = 38 à 42%.
* La teneur globulaire moyenne en hémoglobine (TGMH) C’est le poids d’hémoglobine
contenu dans une hématie, elle est calculée par le rapport : Hémoglobine/ nombre d’hématies.
La valeur normale est de 28 à 32 pg, Diminuée dans l’hypochromie.
* La concentration corpusculaire en hémoglobine (CCMH) dans la masse érythrocytaire,
Elle limite la normochromie, Valeur normale : 32 à 36%, la diminution hypochromie.
* Les leucocytes : Le nombre est fonction du processus de défense
Valeurs normales: Adulte 4000 -10000/mm3 => 4 -10 giga/L
Enfant : 4 à 15 giga /L , Les désordres leucocytaires peuvent être qualitatifs ou quantitatifs .
• Excès : > à 10000/mm3 caractérise : leucocytose (hyperleucocytose) d’origine
réactionnelle ou maligne prolifération des cellules de la lignée.
• Insuffisance : < à 4000/mm3 : une leucopénie
Formule leucocytaire : valeurs normales
Polynucléaires Neutrophiles 50 à 70% , 1700 à 1,5 – 7 giga/L
7000/mm3
Basophiles 0 à 1 % , 10 à < 0,5 giga/L
Eosinophiles 50/mm3 < 0,05 giga/L
50 à 500/ mm3
Mononucléaires Lymphocytes 20 à 40 % 1 – 4 giga/L

Monocytes 0 – 1000/mm3 0 – 1 giga/L


L’hyperleucocytose peut s’agir de:
* Une neutrophilie: Neutrophiles > 7000/mm3 dans les infections, tumeurs, maladies de
système, prise de stéroïdes.
* Une éosinophilie: > à 5% doit faire penser à une maladie allergique, parasitaire ou
néoplasique;
* Lymphocytose > à 40% cas d’infection ou syndrome prolifératif (lymphome)
Une lymphopénie < à 20% signifie un déficit immunitaire. cas des infections, états
inflammatoires, Chimiothérapie, Radiothérapie., Traitement par Immunosuppresseurs ,
maladie d’Hodgkin.
* Une basophilie : > à 50% cas de la maladie de Vaquez, certaines anémies hémolytiques ,
leucémies et syndromes myéloprolifératifs
Insuffisance des globules blancs < 4000/mm3 cas de leucopénie.
* Neutrophiles < à 1500 = neutropénie, dans les affections virales, bactériennes,
insuffisance médullaire (chimiothérapie), Leucémie.
* Neutrophiles < à 500 = agranulocytose.
Toute neutropénie expose à un risque infectieux ce qui implique des mesures préventives.
Numération plaquettaire
* Nombre de plaquettes = 150 à 400 giga/L, 150 à 400 milles/mm3
Plaquettes < à 150 => thrombopénie entraine un saignement anormal, Peut être centrale
(aplasie médullaire); ou périphérique destruction excessive des plaquettes.
Plaquettes > à 500 => thrombocytose due à une inflammation systémique, tumeur,
saignement, carence en fer.
Bilan de l’hémostase : 3 phases
Toute prédisposition susceptible de déréguler le système occasionne un trouble
d’hémostase.
L’Hémostase est l’ensemble des phénomènes physiologiques qui concourent à l’arrêt du
saignement.
Tests explorant l’hémostase primaire
 Hémostase primaire => le clou plaquettaire
 Coagulation => caillot de fibrine qui stabilise le clou plaquettaire. Elle emprunte 2
voies :
* Extrinsèque ou tissulaire implication des facteurs ( V, VII, X )
* Intrinsèque ou plasmatique facteurs: (VIII, IX, X, XI, XII)
 Fibrinolyse:
* Le temps de saignement: TS = 2 à 4mn (Duke), 4 à 8mn (Ivy)
L’allongement du TS s’observe dans les cas de : thrombopénie ou thrombopathie, anomalie
fonctionnelle secondaire aux AAP, ATI. Le risque hémorragique existe à partir de 10mn.
L’allongement du TS s’observe dans les cas de : thrombopénie ou thrombopathie, une
anomalie fonctionnelle secondaire aux antiagrégants plaquettaires (AAP), anti
inflammatoire (ATI)
* Les tests explorant la coagulation
* Le temps de Quick (TQ) ou TP : Evalue la voie extrinsèque de la coagulation , la
concentration des facteurs VII, X, V, II, I. Valeurs: TQ compris entre 12 et 15 secondes, TP (
75% à 100% )
Un TP < à 40% comporte un risque hémorragique.
* L’INR (International Normalized Ratio) : Evalue la voie extrinsèque de la coagulation chez
les patients sous traitement anticoagulant (AVK)
INR normal entre 1 et 1,5 , INR > 2 => risque hémorragique.
INR entre 2 et 3,5 autorise un geste chirurgical avec apport de moyens hémostatiques.
* Le temps de céphaline activé : TCA, Evalue la voie intrinsèque de la coagulation.
Explore tous les facteurs de coagulation sauf le VII. Les facteurs VIII et IX correspondent aux
Hémophilies A et B.
Valeur normale Chez l'adulte = 30 à 34 sec, Il est < à 12 secondes par apport au témoin.
Lorsque l’écart par rapport au témoin est > 10 s signe une hémophilie ( A , B ).
Exploration de la Fibrinolyse
Lyse du caillot fibrino-plaquettaire afin de rétablir la circulation et permettre la réparation
de la lésion. Le temps de lyse du caillot est > à 72H . Tps de lyse des euglobines (test de Von
Kaulla), Valeur normale de 3 à 6h , < à 3h = hyperfibrinolyse => forte hémorragie

BILAN BIOCHIMIQUE
Exploration de la Glycémie
Dosage du taux de glucose à jeun dans le sang. Le dosage est réalisé après un jeune de 8h.
Valeur normale est de 0,7 à 1,10 g/L, 4 à 6 mmol/L
Glycémie postprandiale est réalisée 2h après la charge de glucose est égale à : 1 à 1,4 g/L
Quand les valeurs sont comprises entre 1,10 et 1,26 on parle d’une intolérance au glucose
(prédiabète);
Le diabète est défini par une valeur de glucose ≥ à 7mmol/L soit ≥ 1,26 g/L (vérifier par 2
valeurs),
La Glycémie postprandiale est de 2g/l.
La glycosurie Souvent associée au dosage de la glycémie sa valeur normale est = 0 ou < 1g,
Si  elle est pathologique.
L’hémoglobine glyquée : C’est la fraction d’hémoglobine qui stocke le glucose quand la
glycémie s’élève. Evalue l’équilibre du diabète sur les 2 ou 3 derniers mois. les Valeurs: à 6,5
% le diabète est équilibré, si > 6,5% il y a déséquilibre léger , entre 6,5 - 8% un
déséquilibre moyen , > 8% sévère.
Il n’est pas nécessaire d’être à jeun. Evalue l’équilibre du diabète sur les 2 ou 3 derniers
mois. Elle n’est pas recommandée pour le Dg du diabète.
Bilan Rénal
* Exploration de la créatinine : produit de dégradation de la créatine, est un déchet
métabolique normal excrété dans l'urine. Permet d’évaluer l’état fonctionnel du rein et le
degré de l’insuffisance rénale.
Valeurs: homme = 80 à 110 µmol/L (9 à 13 mg/L), femme= 60 à 90 µmol/L (7 à 10mg/L)
* Clairance de la créatinine : Volume du plasma totalement épuré de la créatinine en une
unité de temps. Correspond à la filtration glomérulaire efficace. Utiliser pour estimer le
degré d’insuffisance rénale et son évolution.
Valeurs normales comprises entre 75 et 125ml/mn; ≤ 60 : IR débutante, > 30 : IR modérée,
de 15 à 30 : IR sévère, < 15 : IR sévère nécessitant le recours à la dialyse.
chez l'enfant : 20 à 80 ml/min pendant les trois premiers mois; elle se rapproche des valeurs
de l'adulte vers l'âge d'un an.
* Exploration de l’urée ou azote urique : Déchet azoté du catabolisme des protéines
Les valeurs normales = 15 à 50 mg/l soit 2,5 à 8 mmol/l
< à 2 mmol/l dans les affections hépatiques sévères. Le taux est élevé dans l’insuffisance
rénale aigue ou chronique, états infectieux et les déshydratations, atteinte cardiaque.
Bilan hépatique :
Le dosage des enzymes spécifiques du foie et fabriquées par le foie : Les transaminases
enzymes cellulaires, libérées dans la circulation en cas de lésions cellulaires. Elles sont
présentes dans tous les tissus, mais leur présence dans le sang à une concentration élevée
est souvent liées avec des maladies du myocarde (infarctus) ou du foie (nécrose, hépatite).
Dans ces cas, les enzymes arrivent à la circulation et leurs niveaux sériques sont augmentés.
* ALAT : alanine aminotransférase dans le foie
* ASAT : aspartate aminotransférase dans le muscle (cœur)
Valeurs normales : ASAT : de 7 à 40 UI/L chez l’homme, de 5 à 30 UI/L chez la femme
ALAT : de 4 à 50 UI/L chez l’homme, de 2 à 40 UI/L chez la femme
L’augmentation des transaminases témoigne d’une atteinte hépatique (hépatite) : virale,
tumorale, médicamenteuse et dans l’IDM.
* Les phosphatases alcalines : PAL
Sont des enzymes présentes dans l'organisme : (le foie, l'os, l'intestin, les reins). libérées
dans le sérum. L’augmentation est liée à l’activité ostéoblastique : pendant la croissance
chez l’enfant, la puberté, femme enceinte.
Valeur biologique : 32 - 104 UI / L, Enfant : 100 à 200 UI/L , à la puberté: 90 à 300 UI/L .
D’intérêt pour le diagnostic des anomalies du remodelage osseux (ostéoporose, maladie de
Paget, hyperparathyroïdies, anomalies osseuses), Aussi pour la détection précoce des
métastases osseuses des cancers.
Bilan inflammatoire
* la vitesse de sédimentation VS : C'est la mesure de la colonne de plasma qui surmonte les
globules rouges qui ont sédimenté au fond du tube lorsque le sang est rendu incoagulable.
Les valeurs normales: 1ère H : de 2 à 8 mm Homme, Femme: 4 - 10mn
2ème H : de 6 à 12 mm Homme, Femme: 7 - 20mn
Plus élevée au cours de la grossesse, dans les maladies infectieuses, inflammatoires ou
tumorales.
* CRP: Protéine C réactive : Synthétisée par le foie, son rôle est de mobiliser les défenses
immunitaires dès l’introduction d’un Ag. Elle permet l’analyse de l’état inflammatoire. La
Concentration sérique est faible à l’état normal, Valeurs normales < à 6 mg/l.
La CRP est un marqueur de la phase aigüe d’une inflammation, les valeurs obtenues
répondent au degré d’inflammation.
Elle s'élève dès la 6ème heure de l'inflammation et diminue dans les 48 heures d'une
antibiothérapie bien conduite. Le dosage de la CRP aide à diagnostiquer et surveiller le
traitement des maladies inflammatoires chroniques, (l’arthrite rhumatoïde, le lupus).
Tests Sérologiques
La sérologie est l'étude du sérum, pour évaluer l'immunité à une maladie en mesurant la
quantité d'anticorps spécifiques dans le sang.
La virologie c’est l’étude des virus par la méthode:
- Directe : Recherche de Ag du virus dans le sérum
- Indirecte : Recherche des AC antivirus dans le sérum: Sérologie hépatite B-C ; Sérologie VIH
par Test ELISA ou agglutination, le Western-Blot : permettent le dépistage d’anticorps VIH.
Bactériologie et Parasitologie
le but est d'identifier l'agent responsable de l'infection : bactérie, parasite, champignons
Elles consistent à prélever un échantillon et à rechercher l'élément pathogène par
observation directe, ou après mise en culture.
L'identification du germe pathogène aidera à définir le traitement et l‘ATB le plus efficace
sur la base d’un Antibiogramme.
Examens histologiques
* la Biopsie - l’examen Cytodiagnostic
La biopsie consiste à prélever un fragment de tissu vivant par des moyens chirurgicaux
dans le but de pratiquer un examen histologique. Elle doit être de taille et d’épaisseur
suffisante pour englober le chorion sous-jacent. Doit éviter les foyers de nécrose et
déborder en tissu sain.
L'indication d'une biopsie est l'établissement ou la confirmation du diagnostic d'une lésion
suspecte, préciser sa bénignité ou sa malignité .
Méthodes utilisées :
- Biopsie exérèse : tumeur de petit volume
- Biopsie extemporanée : pour un Dg Histo en vue de guider l’intervention
- Ponction biopsie (cytoponction): pratiquée pour les lésions profondes à l’aide d’une
aiguille fine .
- Le cytodiagnostic (cytologie exfoliatrice) : C’est l’étude des cellules desquamées ou
prélevées par ponction. S’effectue par raclage ou écouvillonnage à partir d’une lésion
superficielle (lésion blanche, mycose) . Le prélèvement s’effectue à l’aide d’un instrument
mousse qui racle l’épithélium, ou par ponction. Une fiche de renseignement doit
accompagner le prélèvement .
CONCLUSION
Le bilan biologique est essentiel car il complète l’examen clinique et renseigne sur l’état
général du patient. Il permet de dépister d’une manière précoce certaines pathologies à
manifestations buccales.
Il permet au praticien de se mettre à l’abri d’accidents parfois graves.

Bibliographie
1 - Rerhayrhye. M, Abdellaoui. L, Bouziane. A, Ennibi. O. (2010). Le bilan biologique en
odontostomatologie: intérêt et interprétation. Actualités odonto- Stomatologiques. 250:117-
135

2- Caquet. R. (2012). Analyses de laboratoire en odontostomatologie. ED: Elsevier Masson.

3 - Manuel de prélèvement LBM GCS 16-B-PRE-PLV. Novembre 2015.

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