Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Le code CIMA est l’abréviation couramment utilisée pour désigner le code des
assurances terrestres des Etats membres de la CIMA 2. Ce code est une des deux annexes du
traité CIMA 3. Il comporte 547 articles répartis en cinq Livres. Les Livres I et II sont
exclusivement consacrés aux assurances terrestres 4 tandis que les Livres III, IV et V
concernent toutes les assurances. Le Livre II qui nous intéresse plus particulièrement est
consacré aux assurances obligatoires. Il est lui-même divisé en deux Titres respectivement
consacrés , le premier à l’assurance obligatoire des véhicules terrestres à moteur et à leurs
remorques et semi-remorques (articles 200 à 224) et le second à l’indemnisation des victimes
des accidents causés par ces véhicules (articles 225 à 277).
Ces nouvelles règles d’indemnisation ont été conçues pour réagir contre les
conséquences désastreuses qui étaient résultées, dans le passé, d’une application généreuse
(aberrante diront certains) du droit commun de la responsabilité (liste des victimes
indemnisables très longue, chefs de préjudice réparables très nombreux, montant des
indemnisations très élevé) et des assurances (absence de règles de procédure dans les rapports
entre les victimes, l’assuré et l’assureur, d’une part, et entre les assureurs, les tiers payeurs,
d’autre part ; procédures amiables et judiciaires longues…) qui avaient entraîné la débâcle de
ce secteur économique à la fin des années 1980. Le nouveau régime d’indemnisation est
contenu essentiellement dans les articles 225 à 277 du code CIMA. A vrai dire, ces articles ne
peuvent être étudiés et compris que s’ils sont replacés dans le Livre II tout entier et dans le
droit des assurances en particulier. En outre, elles contiennent elles-mêmes aussi bien des
règles d’indemnisation que des règles de responsabilité si bien que l’on peut dire que ces
textes constituent, d’une part, un régime spécial et impératif d’indemnisation et, d’autre part,
un régime spécial et non exclusif d’assurance.
A vrai dire, les dommages matériels sont également évoqués dans le Livre II (article
206,4° ; 227, alinéa 1er ; 228, dernier alinéa ; 231, alinéas 2 et dernier). Ils peuvent faire l’objet
d’un règlement séparé ou concomitant de celui des préjudices corporels. La réparation des
préjudices matériels résultant des dommages causés aux biens de la victime directe
(exclusivement ou en sus du préjudice corporel) ne subit aucune modification par rapport au
droit commun antérieurement applicable 5. C’est exclusivement les préjudices corporels qui
sont traités de façon spéciale par le code CIMA 6.
a-1) Les victimes directes sont les personnes qui sont directement impliquées dans un
accident qui leur a causé des lésions corporelles ou provoqué leur décès. Il doit s’agir de
personnes tiers (article 200) par rapport aux personnes assujetties à l’obligation d’assurance,
étant entendu que les membres de la famille 7 du conducteur ou de l’assuré sont considérés
comme des tiers (article 200, dernier alinéa).
Un doute subsiste pour les personnes transportées. A leur propos, le Code CIMA est
plutôt ambigu. Dans l’article 208, 2°, il décide, dans une formule difficilement intelligible
que. sont valables les clauses ayant pour objet d’exclure de la garantie la responsabilité
encourue par l’assuré 8 du fait des dommages subis par les personnes transportées à titre
5
Réparation à 100% sauf cause d’exonération. Voir infra le régime de l’exonération.
6
Cependant, voir infra certaines particularités concernant les dommages matériels. Ces particularités concernent
le partage de responsabilité et non la détermination du montant de la réparation de ces dommages.
7
Le code ne définit pas ce qu’il faut entendre par famille ce qui est sans incidence puisque toute personne autre
que celle obligée d’assurer un véhicule peut être considérée comme tiers. Seule l’exclusion des membres de la
famille aurait nécessité de définir celle-ci.
8
Sans que la personne assujettie à l’obligation d’assurance soit dispensée de cette obligation dans ce cas (sic).
onéreux , sauf en ce qui concerne les contrats souscrits par des transporteurs de personnes
pour les véhicules servant à l’exercice de leur profession 9. Cependant, l’article 225, alinéa 1er
dispose que les règles d’indemnisation s’appliquent même aux personnes transportées en
vertu d’un contrat et l’article 268 fait allusion à elles à propos de la détermination de
l’assureur chargé de conduire la procédure d’offre.
a-2) Quant à l’indemnisation des victimes, l’article 257 est clair sur ce point : seuls
les préjudices traités par les dispositions des articles 258 à 266 sont susceptibles d’être
indemnisés, à savoir les frais de toute nature 10, l’incapacité temporaire 11, l’incapacité
permanente 12, la nécessité de recourir à l’assistance d’une tierce personne 13, la souffrance
physique, le préjudice esthétique 14 et le préjudice de carrière 15. Cette liste est limitative et
exclusive de tout autre préjudice réparable. Ainsi, par exemple, le préjudice moral de la
victime directe n’est pas pris en considération.
b-1).La détermination des ayants droit est faite par les articles 265 et 266 qui les
désignent nommément mais différemment selon la nature du préjudice à indemniser. Il s’agit
du ou des conjoints et des enfants à charge 16.
b-2).Les ayants droit ne peuvent prétendre à indemnisation que si leur auteur est
victime de blessures graves ou décédé des suites de l’accident.
9
Dont on peut dire qu’il peut s’agir de transporteurs publics de personnes ou de transporteurs privés de
personnes (personnel des entreprises, par exemple).
10
Il s’agit des seuls frais concernant les préjudices corporels et non des frais de réparation des préjudices
matériels (perte ou détérioration d’un objet dans l’accident) qui relèvent des dégâts matériels. Nous en voulons
pour preuve leur limitation à deux fois le tarif des hôpitaux publics.
11
Article 259 : l’incapacité temporaire n’est indemnisée que si elle excède 8 jours ; elle est plafonnée à 3 fois le
SMIG annuel.
12
Article 260 : le taux de l’incapacité permanente est fixé en fonction d’un barème ; le préjudice de l’incapacité
permanente est divisé en préjudice physiologique indemnisable selon une échelle de valeur de points
d’incapacité et en préjudice économique indemnisable à concurrence de 7 fois le SMIG annuel.
13
Article 261 : ce préjudice n’est réparé que si l’incapacité permanente est de 80% par une indemnité qui ne
saurait excéder 25% de l’indemnité fixée pour l’incapacité permanente ; le texte ne distinguant pas entre les deux
composante de l’incapacité permanente, on est autorisé à penser qu’il s’agit de 25% de la somme des deux
réparations de l’incapacité permanente.
14
Article 262 : la souffrance physique et le préjudice esthétique sont indemnisés séparément selon un
pourcentage du SMIG annuel, ce pourcentage étant lui-même calculé selon un barème établi par ce texte.
15
La réparation du préjudice de carrière n’étant prévue que pour l’étudiant ou l’élève n’est pas cumulable avec
les réparations des préjudices de l’incapacité temporaire et de l’incapacité permanente (préjudice économique)
sauf si (exceptionnellement) l’étudiant ou l’élève perçoit des revenus d’un travail.
16
Seuls les enfants et non le ou les conjoints doivent être considérés à charge. C’est à la législation sur la
sécurité sociale qu’il faut se référer pour considérer si un enfant est à charge ou non.
En cas de blessures graves de la victime directe, seuls son ou ses conjoints 17 sont
admis à demander réparation du préjudice moral subi dans la limite de deux fois le SMIG
annuel quel que soit le nombre des bénéficiaires.
Sans en donner la définition, le code CIMA reconnaît à la personne lésée par ricochet
le droit de prétendre à la réparation du préjudice matériel et du préjudice moral 20 que leur
cause le décès (et seulement le décès) de la victime directe. Pour cela, il faut qu’elle établisse
qu’elle était en communauté de vie avec le défunt et, selon son âge, elle sera assimilée à un
enfant majeur ou mineur et pourra prétendre à la même indemnisation que ce dernier dans les
limites des plafonds fixés par les articles 265 et 266 en faisant partie des bénéficiaires
énumérés par ces textes.
Par contre, pour clarifier la question du partage des responsabilités en cas de pluralité
d'auteurs et pour faciliter l’accès des victimes au droit à réparation, il a établi des règles
spéciales de partage et d’exonération de responsabilité.
17
Article 229 : à condition de démontrer être en communauté de vie avec la victime.
18
Aucune définition de ce préjudice économique n’est donnée par le code CIMA.
19
Article 265 : ce capital est égal au produit d’un pourcentage des revenus annuels du décédé par la valeur du
prix de un franc de rente correspondant à son âge selon une table de conversion annexée en fin du Livre II.
20
C’est ce qu’on peut déduire du renvoi de l’article 229 aux articles 265 et 266.
21
Par exemple, articles 118 et s. et 137 et s. du Code sénégalais des obligations civiles et commerciales.
a) Les modalités spéciales de partage de responsabilité en cas de
pluralité d’auteurs.
Ce sont les articles 274 et 275 qui règlent la question. Rien ne s’oppose, en principe,
en cas de pluralité d’auteurs, à partager la responsabilité entre eux selon l’importance de la
faute de chacun dans la réalisation du dommage. Pour faciliter ce partage, un barème est établi
et annexé en fin du Livre II (article 274, alinéa 1er). Toutefois, en cas d’impossibilité de
déterminer l’étendue des responsabilités encourues, le montant du dommage indemnisé est
partagé entre les assureurs de responsabilité par parts égales, la part non acquittée par un
coauteur non assuré et insolvable étant supportée par les autres (article 274, alinéa 2). Dans la
même hypothèse, chaque conducteur conserve à sa charge la moitié des dommages matériels
et corporels qu’il a subis ou que ses ayants droit ont subis du fait de son décès ; l’autre moitié
est supportée par parts égales par les assureurs de responsabilité civile de chacun des
coauteurs ayant participé à la collision (articles 275 et 227).
Sans doute pour compenser les maigres indemnisations des victimes directes et
indirectes, les auteurs du code ont remodelé les règles du droit commun de la responsabilité
civile en matière d’exonération C’est ainsi qu’ils posent le principe de l’inopposabilité à la
victime de la force majeure et du fait d’un tiers et atténuent l’incidence de la faute de la
victime sur son droit à indemnisation.
Alors qu’en droit commun, la force majeure et le fait d’un tiers exonèrent l’auteur d’un
dommage, le code CIMA inverse la proposition. Ces événements ne sont aucunement
exonératoires (article . Devant la généralité de ses termes, on doit considérer que bénéficient
de cette règle favorable toutes les victimes, directes ou indirectes, transportées ou
conductrices, (article 226) pour les dommages corporels comme pour les dommages
matériels. Le bénéfice de cette disposition est opposable à toute personne dont la
responsabilité civile est engagée envers la victime et couverte par un contrat d’assurance
automobile (propriétaire, gardien, conducteur…).
La victime non conductrice 22 ne peut se voir opposer sa propre faute pour atténuer ou
supprimer l’obligation de l’assuré responsable de réparer son dommage corporel ; par contre,
sa faute peut lui être opposée pour ses dommages matériels (article 228, alinéas 1, 2 et 3).
Cette immunité de la victime fautive ne lui est accordée que si elle n’a pas
volontairement recherché les dommages subis ; dans ce cas, on reviendrait au droit commun,
à savoir que la victime se verrait opposer sa faute qui, selon son degré de gravité atténuerait
ou éliminerait son droit à réparation.
La spécificité du droit de la responsabilité dans le code CIMA est donc limitée aux
causes d’exonération et non destinée à facilité la mise en œuvre de la responsabilité du
22
Si elle est conductrice ayant commis une faute, ce sont les dispositions des articles 227, 274 et 275 qui
s’appliquent à elle (voir supra).
conducteur ou du gardien du véhicule dès que celui-ci est impliqué dans un accident de la
circulation malgré les termes de l’article 200, alinéa 1er où le mot «impliqué » est utilisé pour
déterminer l’obligation de s’assurer et non l’obligation de réparer.
Les règles spéciales d’indemnisation que nous venons de décrire sont des règles
impératives. Nous en voulons pour preuve les articles 229,dernier alinéa, 257 à 266 qui
disposent que la réparation à laquelle peut prétendre la victime entre dans la limite des
plafonds fixés par ces textes, que les seuls préjudices susceptibles d’être indemnisés sont ceux
mentionnés aux articles 229, 258 à 266 (pour les victimes directes, les ayants droit et les
victimes par ricochet). Quant à l’article 225, alinéa 2, il pose le principe que ces règles
s’appliquent aussi bien lors de la transaction que lors de la procédure judiciaire,
La procédure d’indemnisation est minutieusement décrite par les articles 230 à 255.
Elle débute par une offre de l’assureur et aboutit à la signature par la victime et l’assureur qui
a conduit la procédure d’offre d’un acte juridique qualifié de transaction par le code. Il ne
s’agit pas, à proprement parler, d’une transaction puisqu’à ce stade il n’y pas nécessairement
de litige entre la victime et l’assureur auquel la transaction serait destinée à mettre un terme
mais une procédure destinée seulement à rapprocher les parties en vue d’un règlement
amiable.
Quoi qu’il en soit, les modalités de ce règlement amiable doivent être conformes aux
règles d’indemnisation décrites ci-dessus et s’imposent à tous ceux qui sont concernés par
cette transaction.
23
L’Etat, qui est son propre assureur, est également assujetti à ce régime impératif (articles 200, 218, 224, 238).
24
Les articles 230 à 253 contiennent bien d’autres dispositions relatives à la procédure d’offre : communication
des procès-verbaux ; délai de présentation de l’offre et sa sanction; nullité et dénonciation de la transaction ;
exceptions de garantie ; délai de paiement des indemnités ; règlement contentieux …
La réponse paraît devoir être différente selon qu’il n’y a qu’un ou plusieurs assureurs en
cause.
Si un seul assureur est en cause et si la victime est lésée, elle dispose d’un délai de quinze
jours après la signature de la transaction pour la dénoncer (article 235). Passé ce délai, il ne
semble pas possible de remettre en cause la transaction, le texte étant d’ordre public. Si c’est,
au contraire l’assureur qui est lésé, il nous semble que sauf à invoquer l’erreur de sa part ou le
dol de la victime, il ne pourra pas demander la nullité de la transaction. Nous pensons, en
effet, que les règles d’indemnisation du code CIMA sont conçues dans l’intérêt de l’assureur
et qu’en principe, rien ne lui interdit de se montrer généreux en y renonçant. Mais ne peut-on
considérer qu’un tel comportement (surtout s’il se répète) est contraire aux saines règles de
gestion et que, de ce fait, la Commission régionale de contrôle des assurances pourrait le
rappeler à l’ordre, voire lui infliger des sanctions en application des articles 16 et suivants du
Traité CIMA ?
Dans le cas de pluralité d’assureurs, la réponse peut être trouvée dans l’article 273
selon lequel « les paiements effectués en conformité avec les dispositions du présent code ne
peuvent donner lieu à contestation ». A contrario, les paiements non conformes sont
contestables et les assureurs impliqués dans la garantie peuvent refuser de contribuer pour
leurs parts respectives au-delà des limites imposées par les textes.
Lorsque l’assureur qui garantit la responsabilité civile (ou celui qui est désigné par
application de l’article 231) et la victime ne sont pas parvenus à un accord dans le délai de
douze mois à compter de l’expiration du délai fixé par l’article 231, le litige est porté devant
l’autorité judiciaire (il ne peut l’être avant l’expiration de ce délai). L’article 239 qui prévoit
un tel recours ajoute que le juge fixe les indemnités suivant les modalités fixées aux articles
258 et suivants (par deux fois plutôt qu’une dans le même article). Certes, le juge aura la
possibilité de se prononcer sur la responsabilité ou non de l’assuré ou encore sur l’incidence
de la faute de la victime sur son droit à réparation (pour les dégâts matériels ou en cas de faute
intentionnelle sur le préjudice corporel) ou encore d’augmenter ou de diminuer les indemnités
proposées par l’assureur en fonction de son évaluation du préjudice mais sans jamais pouvoir
dépasser les plafonds fixés par le code.
Lorsque plusieurs assureurs sont impliqués dans un accident, les articles 267 à 277
édictent des règles de procédure d’offre et d’indemnisation pour compte d’autrui qui
investissent un des assureurs de la mission de mener la procédure d’offre et de payer 25.
L’assureur qui intervient pour compte d’autrui doit agir comme s’il s’agissait de ses propres
intérêts si bien qu’il se doit de respecter les règles de procédure et d’indemnisation prévues
par le code CIMA. Les paiements (a fortiori les propositions d’indemnisation) effectués
conformément aux dispositions du code ne peuvent donner lieu à contestation (article 273) et
la contribution des assureurs se fait selon les dispositions des articles 274 et 27526.
Il résulte de ces règles que des recours sont donc possibles d’un assureur contre un
autre (voire d’autres) assureur, d’un assureur contre l’assuré ou l’auteur du dommage ou d’un
tiers, soit en sa qualité de mandataire, soit en sa qualité de subrogé (article 271), soit en sa
qualité de tiers payeur (articles 254 et 255). Les conflits nés de ces recours sont réglés, dit
l’article 276 par la Commission nationale d’arbitrage. A vrai dire, cette Commission
d’arbitrage est une juridiction professionnelle dont la compétence ne peut s’imposer qu’en cas
de conflit entre assureurs. Les autres conflits doivent relever des juridictions étatiques. Quoi
qu’il en soit, la Commission est tenue de se conformer aux règles impératives des articles 267
à 277.
Il ne fait pas de doute que les dérogations apportées par le code CIMA au droit de la
responsabilité sont uniquement destinées à jouer en faveur des assureurs et à se substituer
totalement à lui dans tous les cas où il s’agit de réparer le préjudice corporel subi par la
victime d’un accident de la circulation. Mais ce régime dérogatoire ne trouve application que
s’il est en liaison avec une assurance automobile. En outre, il ne constitue qu’un régime
d’indemnisation de base susceptible d’être complété par d’autres régimes. Enfin, en tant que
régime spécial, il ne peut prendre la place d’autres régimes d’assurance destinés aux mêmes
fins.
25
Le meneur de la procédure d’offre n’est pas nécessairement celui qui paie pour compte, semble-t-il. On fera
également remarquer que les règles de désignation du meneur de la procédure d’offre contenues dans les articles
268 et 269 ne sont pas identiques pour des situations qui le sont !
26
Article 274 : le principe est que les assureurs contribuent chacun selon la part de responsabilité incombant à
chaque conducteur déterminée selon un barème annexé au code. En cas d’impossibilité de déterminer la part de
responsabilité de chacun, le partage se fait par parts égales ; la part non acquittée par un coauteur non assuré et
insolvable est supportée par les autres assureurs. Article 275 : lorsque les responsabilités ne peuvent être établies,
chaque conducteur (ou ses ayants droit en cas de décès) supporte la moitié des dommages matériels et corporels
qu’il a subis, l’autre moitié est supportée par parts égales entre les autres assureurs
Le régime d’indemnisation du code CIMA tel que décrit précédemment constitue, à
n’en pas douter, un régime spécial d’assurance automobile obligatoire 27. Il n’est appelé à
intervenir que dans ce domaine et suppose toujours un contrat d’assurance ou un fonds de
garantie automobile : en effet, il s’inscrit totalement dans le Livre II (Les assurances
obligatoires) dont l’essentiel pour ne pas dire la totalité des dispositions est consacré à la seule
assurance obligatoire des véhicules terrestres à moteur et de leur remorques et semi-
remorques28. Il est donc certain qu’en dehors de ce cadre ce régime ne s’applique pas. Il en est
ainsi pour les dommages survenus par le fait d’autres véhicules que ceux visés par ces
dispositions; les dommages survenus du fait de véhicules visés par le code mais non assurés
pour le risque automobile.
1°) L’exclusion des dommages causés par des véhicules autres que ceux
visés par le code.
2°) L’exclusion de certains dommages causés par des véhicules visés par le
code
27
Ce régime s’étend à tous les territoires des Etats membres de la CIMA. Cette garantie, lorsqu’elle est appelée
à jouer hors du territoire d’un Etat membre de la CIMA, est accordée par l’assureur dans les limites et conditions
prévues par la législation applicable dans l’Etat sur le territoire duquel s’est produit le sinistre (article 204
consacrant le principe de la territorialité de l’assurance CIMA).
28
Les Titres II et III ne contiennent chacun qu’un seul article respectivement consacrés à l’assurance des facultés
à l’importation (article 278 : 3 lignes) et aux dispositions transitoires (article 279 : 7 lignes).
29
Voitures électriques ; engins de levage ; engins de chantier...
30
La question se posera pour les aéroglisseurs ou les véhicules amphibies appelés à se mouvoir sur l’eau et sur la
terre.
31
Articles 206, 208, 209 : Exclusion facultatives : des dommages subis par le conducteur, pendant leur service
par les salariés ou préposés de l’assuré ; des dommages causés par les produits ou l’énergie nucléaire engageant
la responsabilité de l’exploitant nucléaire ; des dommages causés au biens ou animaux loués ou confiés au
conducteur ; dommages causés aux marchandises et objets transportés ; dommages résultant des produits
ionisants transportés ; dommages causés aux personnes transportées à titre onéreux sauf si c’est à titre
professionnel ; dommages causés par des produits inflammables, explosifs, corrosifs ou comburants transportés ;
dommages subis au cours d’épreuves, compétitions ou leurs essais ; franchise. Ces risques peuvent être couverts
par une assurance spécifique (article 328, Branches IARD). Article 211 : la déchéance de la garantie en cas de
conduite en état d’ivresse est inopposable à la victime mais est opposable à l’assuré.
La première catégorie d’exclusion , si elle est couverte par une police spéciale, appelle
l’application du régime spécial d’indemnisation décrit ci-dessus. Il en est certainement ainsi
pour le conducteur et les personnes transportées qui, bien qu’exclues en principe (articles
206,1°, a) et 208, 2°) n’en figurent pas moins parmi les victimes indemnisables (articles 226,
227, 228, 274, 275 pour les conducteurs et articles 200, 225, 268 pour les personnes
transportées).
Le régime d’indemnisation mis sur pied par le code CIMA est simplement destiné à
réaliser un équilibre financier possible, prévisible et maîtrisable dans la branche du risque
automobile entre les primes d’assurance encaissées des assurés et les indemnités versées aux
victimes. Rien ne s’oppose donc à ce que les victimes souscrivent un régime d’assurance
complémentaire soit pour couvrir d’autres risques que ceux couverts par ce régime de base,
soit pour améliorer l’indemnisation du régime de base.
1) Nous ne pensons pas qu’en tant que personne physique ou morale obligée
d’assurer sa responsabilité civile pour le risque automobile, l’assuré ait besoin de souscrire
une assurance complémentaire qui ne lui procurerait aucun avantage supplémentaire par
rapport au régime de base. En effet, ayant souscrit une police d’assurance conformément à la
loi, elle en est quitte avec l’obligation d’assurer son véhicule que lui impose le code CIMA
(article 200) même si la victime n’obtient pas une réparation totale puisqu’en vertu du
caractère impératif et limitatif des articles 225 à 277, l’assuré ne sera pas tenu au-delà.
32
Article 210 : exclusions inopposables à la victime mais à l’assuré : défaut de permis de conduire en cours de
validité (sous certaines réserves); défaut des conditions réglementaires de sécurité pour le transport des
personnes ; les exclusions précitées de l’article 208 ; la franchise (sous certaines conditions) ; les déchéances
sauf pour non paiement de la prime. Article 200, alinéa 3 : conduite à l’insu ou contre le gré du propriétaire du
véhicule ; dans ce cas, l’assureur est subrogé dans les droits de la victime contre la personne responsable de
l’accident.
Toutefois, une question demeure. Ce régime limitatif peut-il encore s’appliquer
face à une faute intentionnelle ou inexcusable de l’auteur d’un accident ? Il est de nombreux
exemples de régimes spéciaux d’indemnisation dans lesquels de telles fautes font sauter les
plafonds d’indemnisation (clause pénale ; responsabilité civile aérienne, maritime, nucléaire,
de l’employeur en matière d’accidents du travail...) au point que l’on est tenté de considérer
que le régime d’indemnisation plafonnée doit céder la place à un retour au droit commun de la
responsabilité et de la réparation devant de tels agissements. En réalité, tous ces régimes
(hormis celui de la clause pénale et des clauses limitatives de responsabilité qui sont du
domaine contractuel) sont des régimes légaux dans lesquels le législateur a expressément
prévu des dispositions de retour au droit commun en cas de faute intentionnelle ou
inexcusable. Serait-il audacieux de demander que le code CIMA soit revu en ce sens (au
moins dans les cas de faute intentionnelle) pour que soit sanctionné comme il se doit le crime,
voire l’assassinat (même si c’est là une hypothèse rare).
Surgit alors une question : en cas de sinistre, l’assureur amené à indemniser la victime
totalement peut-elle se retourner contre l’assureur responsable ? La réponse est affirmative si
l’on en juge par l’article 254 mais uniquement pour obtenir le remboursement des indemnités
relevant du régime de base.
En outre, les articles 254 et 255 permettent à un organisme de sécurité sociale ou à tout
autre débiteur de prestations à caractère indemnitaire (employeur, groupements mutualistes,
assureur) de recourir contre la personne tenue à réparation (ou à son assureur) pour obtenir le
remboursement des prestations versées par lui en cas de décès ou de blessures. de la victime
Pour cela, le tiers payeur doit, pour chaque somme dont il demande le remboursement
indiquer à l’assureur poursuivi la disposition législative, réglementaire ou conventionnelle en
33
Article 328, Branche-vie n° 20.
34
Même si l’article 328 prévoit cette assurance (n° 1 des Branches IARD), nous considérons qu’en l’état actuel
des législations de sécurité sociale, une telle assurance serait une assurance complémentaire facultative.
vertu de laquelle cette somme est due à la victime 35. Le remboursement de l’assureur
poursuivi doit correspondre aux exacts débours du tiers payeur même s’ils dépassent les
plafonds du code CIMA puisqu’une telle limitation ne leur est pas imposée par les articles
concernés. Une seule condition nous paraît devoir être imposée au tiers payant pour obtenir
ainsi satisfaction : qu’il demande le remboursement des indemnités versées par lui au titre
d’un régime de base et non d’un régime complémentaire, faute de quoi, il assumerait
totalement la charge des indemnités complémentaires. Nous en voulons pour preuve l’article
246 qui dispose que l’offre d’indemnité faite par l’assureur à la victime doit indiquer les
créances de chaque tiers payeur et les sommes qui lui reviennent.
35
Si la victime ou ses ayants droit n’a pas communiqué à l’assureur la liste des tiers payeurs, le paiement fait à la
victime est libératoire ; les tiers payeurs devront adresser leurs recours à la victime ou à ses ayants droit (article
246, dernier alinéa) .