Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1. La notion de microbe
Le terme de microbe (synonyme de micro-organisme) se rapporte à l’ensemble des êtres
vivants dont l’observation ne peut se faire à l’œil nu et dont les cellules ne sont pas
différenciées ni assemblées en tissus. La plupart sont unicellulaires. Cette définition des
micro-organismes recoupait jadis celle des protistes, troisième règne créé en1868, sur la
proposition de Haeckel, à côté du règne animal et du règne végétal. Selon la nouvelle
classification (1991) des êtres vivants en cinq règnes, les micro-organismes sont répartis en
trois règnes : ceux des Procaryotes, les Protistes eucaryotes et des Mycètes, sans les recouvrir
entièrement, les algues et les champions comprenant des espèces pluricellulaires de dimension
macroscopique.
Règne Procaryotes Protistes Mycètes Animaux Végétaux
eucaryotes
Principaux Bactéries Algues Levures
groupes Protozoaires Moisissures
Champignons
vrais
Type Procaryote Eucaryote Eucaryote Eucaryote Eucaryote
cellulaire
Organisation unicellulaires Unicellulaires Unicellulaires Pluricellulaires Pluricellulaires
biologique Pluricellulaires Pluricellulaires
(algues
macroscopiques)
Taille microscopiques Microscopiques Microscopiques macroscopiques macroscopiques
macroscopiques macroscopiques
Tableau 1 : Classification des êtres vivants
A examen de l’ultra structure des micro-organismes, deux groupes peuvent être nettement
différenciés :
- les micro-organismes eucaryotes dont l’organisation cellulaire est proche de celle des
végétaux ou des animaux ; dans cet ensemble sont classés :
Les champignons
Les Protozoaires
Les Algues ;
- les micro-organismes procaryotes dont l’organisation cellulaire est plus rudimentaire,
rassemblent la totalité des bactéries.
1
Tableau 2 : Principaux critères de différentiation Procaryotes et Eucaryotes
Procaryotes Eucaryotes
Noyau Pas de membrane nucléaire. Présence de membrane
Un seul chromosome. Pas de nucléaire. Plusieurs
mitose chromosomes. Mitose
Paroi Présence d′une paroi rigide Pas de paroi rigide pour la
incluant du peptidoglycane cellule animale. Présence
(hétéropolymère d′acétyl d′une paroi rigide sans
glucosamine et d′acide acétyl peptidoglycane de nature
muramique contenant de cellulosique, cellulo-pectique
l′acide diaminopimélique ou chitineuse chez les
végétaux, les Algues et les
Mycètes
2
Figure 1 : Structure schématisées d′une algues unicellulaire
4
Figure 3 : Hyphe non cloisonné Figure 4 : Hyphe cloisonné
Les hyphes peuvent engendrer des formations un peu plus différenciées et adaptées, en
général, aux fonctions de reproduction ou de dissémination du champignon.
Le cas des levures est particulier. Ces champignons sont unicellulaires. Le thalle est alors
constitué de l’ensemble des cellules dispersées, on parle de thalle lévuriforme. Les levures
peuvent engendrer des filaments qui ne sont pas des hyphes et portent le nom de
pseudomycélium.
Les organes de reproduction et de dissémination
Ces fonctions sont assurées par des spores parmi lesquelles on peut distinguer :
- les spores issues de la reproduction sexuée, qui résultent d’une fécondation et d’une
méiose ;
- les spores d’origine végétative qui sont issues de simples mitoses.
2.3.2. Systèmes de reproduction
La reproduction asexuée
Elle est assurée par production de spores qui se différencient à partir des cellules fongiques.
Trois mécanismes principaux peuvent être rencontrés.
1. des spores produites par transformation des cellules du thalle : Thallospores ou
arthrospores.
Un mycélium arrête sa croissance, les cellules terminales se différencient, se divisent et se
séparent. C’est le cas de trichophyton (spores bourgeonnantes). Chez Geotrichum, les spores
sont produites par la fragmentation d’un hyphe (spores bourgeonnantes).
Dans le cas particulier de Candida albicans, les spores sont produites par bourgeonnement
des cellules d’un pseudomycélium ; elles restent soudées pour former des bouquets de
blastospores, puis sont libérées, assurant la dissémination de l’espèce.
5
1. Figure 5 : Production des Thallospores ou arthrospores.
Figure 6 :
3. Des cellules fongiques se multiplient et se différencient pour donner des
sporanges dans lesquels se forment les sporangiospores.
Ces dernières sont libérées par l’ouverture du sporange parvenu à maturité.
En résumé, les spores de la reproduction sexuée peuvent être produites :
par la transformation directe d’un filament : arthrospores,
6
à l’extérieur d’un organe spécialisé : conidies ou conidiospores,
à l’intérieur d’un organe spécialisé : sporangiospores,
Dans la plupart des cas, elles sont immobiles. Il existe cependant des spores d’origine
végétative flagellées, donc mobiles ; elles portent le nom de zoospores.
La reproduction sexuée
A partir d’hyphes déjà différenciés se forment des cellules jouant le rôle de gamètes. Leur
fusion équivaut à une fécondation, la cellule qui en résulte subit des transformations plus ou
moins importantes pour donner une spore. On connaît quatre sortes de spores issues de la
reproduction sexuée.
1. Les zygospores
Deux hyphes produisent des branches latérales (progamétanges) à l’extrémité desquelles se
différencient deux gamétanges identiques.
Ceux-ci fusionnent pour donner une cellule dont la maturation aboutit à une zygospore.
2. Les oospores
Le mécanisme de la production des oospores est très proche de celui des zygospores. La
différence vient du fait que les gamétanges qui fusionnent sont de morphologie différente.
3. Les ascospores
Les ascospores ont une origine endogène : elles se forment dans une cellule particulière
appelée asque (un asque contient en général un multiple de quatre ascospores). Les asques
7
sont, eux-mêmes, issus d’hyphes et se forment dans un appareil particulier discoïde
(apothécie) ou sphéroïde (périthèce) ; ils peuvent être isolés (levures).
8
Seul l’ordre des Hémiascomycètes intéresse la microbiologie alimentaire. Il rassemble, en
effet, les champignons ayant un thalle lévuriforme. Les levures constituent un groupe vaste et
important qui sera étudié séparément.
- les Basidiomycètes :
Ce groupe présente peu d’intérêt pour les sciences de l’alimentation, si on excepte bien sûr
leur intérêt culinaire évident : la plupart des champignons comestibles appartiennent à ce
groupe, les autres étant des Ascomycètes.
- Deutéromycètes
Il s’agit d’un groupe très vaste rassemblant toutes les espèces pour lesquelles il n’a pas été
observé de reproduction sexuée dont la reproduction sexuée est très inconstante.
9
ammoniacaux comme source d’azote, mais aussi des acides aminés (présents dans de
nombreux aliments à l’état libre).Leurs capacités de protéolyse sont, cependant limitées (à de
rare exception près).
Activité de l’eau :
Les spores ne germent pas lorsque la teneure en eau d’un substrat est inférieure à13 ou14%.
Cependant, les exigences et la tolérance sont variables selon groupes :
- Certaines moisissures ne se développent que sur substrat humide, c’est le cas, par
exemple, des Mucorales ;
- D’autres peuvent proliférer sur des substrats dont humidité est très fiable.
Ce sont les moisissures xérophiles qui rassemblent les espèces les plus osmophiles. Parmi ces
espèces les mieux adaptées aux substrats secs sont les Aspergillus du groupe glaucus. .Ce sont
eux qui, les premiers, colonisent les stocks de grains en silo, préparant le terrain pour d’autres
espèces (125 ont étés isolés des grains de blé dans les conditions du stockage). Les autres
denrées concernées sont les confitures, le lait en poudre, les fruits secs, les farines, salaisons.
Température
La végétation maximale est produite entre 20et 30°C, mais les moisissures tolère
généralement de +3 à 40°C. Certaines espèces sont très résistantes à la chaleur :
Neurospora sitophila, par exemple, responsable d’altérations du pain, n’est pas détruite
par la cuisson. Une vingtaine d’espèces sont capables de continuer à croître à des
températures supérieures à50°C.
À l’opposée, il existe des moisissures psychrophiles supportant des températures basses et
même négatives. Elles peuvent proliférer dans les aliments réfrigérés. Tel est le cas de
Cladosporine herbarune qui, jusqu’à -6°C, forme de petites taches noires sur les aliments.
Fusarium tricinetum se développe encore à -10°C.
Les spores de moisissures sont détruites par un chauffage à 120°C pendant 20 à30 min. en
chaleur humide, 3 heures à 160°C en chaleur sèche.
pH
Alors que les bactéries affectionnent les milieux neutres ou alcalins, les moisissures se
développent mieux en mieux en milieu légèrement acide et tolèrent parfois des pH très bas à
pH 1 certains Penicillium peuvent encore croître.
3.1.2. Principaux genres et espèces – intérêt économique
La plupart des moisissures intéressant la microbiologie alimentaire sont soit des Mucorales
soit des Deutéromycètes.
- Les Mucorales
1. Genre Mucor
10
2. Genre Rhizopus
11
3. Genre Absidia
Les sporanges sont petits. Les sporangiophores sont formés entre les nodules des rhizoïdes.
Ces organismes ont les mêmes habitats que les Mucor.
4. Genre Thamnidium
Sa caractéristique principale est la présence de sporangioles à la base des sporangiophores.
5. Genre Zygorrinchus
Parmi les Mucorales, les Zygorrinchus sont les seuls dont les suspenseurs de la zygospore
sont de taille inégale.
- Les Deutéromycètes (Fungi imperfecti)
La majorité des souches de Deutéromycètes intéressant la microbiologie alimentaire
appartiennent à l’ordre des Moniliales dont la principale caractéristique est la présence de
conidiophores libres. Les genres les plus fréquents sont :
12
1. Genre Penicillium
L’appareil sporifère des Penicillium présente une forme comparable à celle d’un pinceau. Il
est formé de conidiophores ramifiés à leurs extrémités en phialides au bout desquelles se
rattachent des chaînes de spores. Celles-ci sont, en général, vertes et deviennent brunes à
maturité. L’aspect de ces pinceaux permet de classer les Penicillium en : monoverticillés,
verticillés asymétriques, biverticillés symétriques, asymétriques divariqués,
asymétriques non divariqués.
C’est dans catégorie que l’on rencontre les souches les plus répandues et les plus utilisées.
Selon l’aspect des colonies, des sous-sections sont distinguées :
- Sous-section velutina (colonies véloutées). On y trouve P. chrysogenum (souche
utilisée pour la production de pénicilline) et P. roquefortii,
- Sous-section lanata (colonies laineuses). Un des principaux représentants est P.
camembertii ;
- Sous-section funiculosa (colonies visqueuses, hyphes agrégés en cordelettes).
- Sous-section fasciculata (colonies granuleuses, conidiophores en faisceau). Dans ce
groupe figure P. italicum qui est impliqué dans la destruction des agrumes.
13
Aspergillus niger
Mycélium noir ou
Aspergillus ochraceus
Colonies jaune ocre
14
2. Genre Aspergillus
Le conidiophore est arrondi à son extrémité, il porte des stérigmates sur lesquels sont
accrochées les conidies. Celles-ci forment des chaînes et peuvent être de couleur assez
variable selon l’espèce : noires, brunes ou vertes. L’ensemble donne l’aspect en "pomme
d’arrosoir". On parle de "tête aspergillaire". Les Aspergillus contaminent fréquemment les
céréales (blé, riz, orge, maïs) et leurs dérivés, mais les stocks de fruits et légumes (bananes,
agrumes, pommes …). Ils tous plus moins toxiques, la toxine la plus célèbre étant
l’aflatoxine.
3. Genre Neurospora : Spores en chapelet ramifié.
4. Genre Sporotrichum :
Spores isolées attachées à un court conidiophore ou directement sur le mycélium.
5. Genre Cephalosporium :
Les spores sont assemblées en grappes maintenues par un liquide de sécrétion aux propriétés
adhésives. Ce genre est composé de nombreuses espèces dont certaines sécrètent des
antibiotiques : les céphalosporines.
6. Genre Fusarium :
Les Fusarium se caractérisent par la présence de macroconidies fusiformes. Les colonies sont
blanches ou légèrement rosées.
Les Fusarium provoquent des intoxications appelées fusariotoxicoses. Ils produisent plusieurs
toxines : les tricotécènes et la zéaralénone.
7. Genre Alternaria
Se distingue par la présence de macroconidies isolées ou en chaînes, piriformes, vert-brun ou
brun foncé. Alternaria est à l’origine de l’altération de nombreuses denrées alimentaires,
essentiellement d’origine végétale.
8. Genre Cladosporium
Chez Cladosporium, les jeunes conidies sont unicellulaires, les conidies âgées sont
bicellulaires. Cladosporium herbarum donne des colonies noires sur les produits alimentaires.
9. Genre Scopulariopsis
L’aspect est proche de celui de Penicillium, mais les conidies ont une paroi épaisse et
épineuse et de couleur brun-jaune.
10. Genre Trichothecium
Donne des bouquets de macroconidies bicellulaires et développe sur les fruits et les légumes
(concombres).
15
Genre Cephalosporium Genre Fusarium
17
Levures basidiomycètes
Elles correspondent aux deux familles des basidiomycotina et Phylobasidiaceae. Leur
incidence au niveau de l’alimentation est assez réduite.
Levures sans sexualité
Aucune forme de reproduction sexuée ne peut être mise en évidence sur milieu spécial. Les
plus importantes appartiennent à la famille des Chryptococcaceae au sein de laquelle quatre
sous familles sont identifiées.
Les Chryptococcoideae regroupent les souches bourgeonnantes, ne donnent ni arthrospores ni
pigments. On y trouve des genres très rependus :
- Candida, présente des bourgeonnements multilatéraux, peut produire des
pseudomycéllium et des mycéllium, certaines espèces donnent des chlamydospores
(C. albican). C. lipolytica est responsable d’altération des beurres et de la margarine,
C. utilis est cultivé industriellement pour la production de protéines. C. albican, est
responsable d’infections humaines.
- Chryptococcus, est sphérique, ovoïde ou allongé, capsulé, la culture est colorée en
jaune ou en rose claire. C. neoformans est pathogène pour l’homme ;
- Torulopsis, présente des caractères morphologiques voisins des Chryptococcus, il est
impliqué dans les altérations de sirops, de jus de fruits et laits concentrés.
- Brettanomyces comprend des levures à bourgeonnement multilatéral et souvent
disposées en chaînettes. Elles sont utilisées en brasserie pour l’arôme qu’elles
développent sur extrait de malt.
- Rhodotoruloideae :
Un seul genre est important :
Rhodotorula, ce sont des levures pigmentées à bourgeonnement multilatéral et dont le
métabolisme est oxydatif strict. Leur développement sur la viande provoque de tâches roses.
- Trichosporoideae :
Se reproduisent par scission et production d’arthrospores (genre Trichosporon).
- Stérigmatomycoideae présente peu d’intérêt au niveau des aliments.
18