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MICROBIOLOGIE

Programme:

- Base de la microbiologie
- Microbiologie du sol
- Phytopathologie
INTRODUCTION A LA MICROBIOLOGIE

La microbiologie : branche de la biologie qui étude les microbes

Les microbes ou microorganismes ou germes : organismes


invisibles à l’œil nu (microscopiques: leur taille de l’ordre du micron
= 10-6mm)

Les microorganismes pullulent dans la nature: quelque fois utiles,


souvent nuisibles et parfois dangereux.

Il existe une grande diversité de microorganismes:


différents types de microorganismes: bactéries,
champignons, algues, protozoaires.
la microbiologie englobe plusieurs disciplines : la
bactériologie, la mycologie, l’algologie et la parasitologie.
Les microorganismes sont toujours constitués par des cellules
indifférenciées mais peuvent être:
-unicellulaires ou pluricellulaires
-procaryotes ou eucaryotes

Un procaryote (du latin pro = «avant» et du grec karyon =


«noyau»): un être vivant unicellulaire sans vrai noyau (mais un
appareil nucléaire diffus non séparé du cytoplasme car sans
membrane nucléaire) et très rarement des organites.

Un eucaryote (du grec eu = «bien» et karuon = «noyau») : un être


vivant, unicellulaire ou pluricellulaire, caractérisé par la présence
dans la cellule d’organites et d'un vrai noyau limité par une
membrane nucléaire.

Les procaryotes: les algues bleues et les bactéries


Les eucaryotes: les algues (sauf les bleues), les champignons et les
protozoaires.
Les bactéries: forment le groupe de microbes le plus important en
raison de leur nombre et de la très grande variété des espèces.

Les bactéries: microorganismes les plus étudiés (donc les mieux


connus) et les plus utilisés (outils pour la recherche scientifique).
la microbiologie est le plus souvent restreinte à la
bactériologie.
le cours sera consacré aux techniques microbiologiques en
général mais surtout à celles appliquées à l’étude des bactéries

Remarque:
Les virus: non considérés par de nombreux microbiologistes
comme des organismes vivants car non formés de cellules et
incapables de se reproduire par eux-mêmes (les vivants sont des
organismes capables d’engendrer des individus identiques à eux-
mêmes)
LA CELLULE PROCARYOTE

La bactérie est l’exemple de microorganisme procaryote que nous


allons étudier.
La bactérie est un être vivant constitué par une seule cellule
(unicellulaire) sans noyau individualisé (procaryote).
Les bactéries sont rencontrés dans tous les types d'environnement
dans la nature: dans le sol, l’eau, l'air, mais aussi dans d’autres
organismes vivants (plantes, animaux)

I) Morphologie bactérienne
La taille des bactéries de 1 à 10 microns (μ) ne sont visibles
qu'au microscope (optique ou électronique).
L’aspect morphologique des bactéries (la forme) très variable
3 grands groupes morphologiques:

- la forme cocci: les bactéries de ce groupe sont formées par une


cellule ± arrondie appelée coque
- la forme bacille : les bactéries de ce groupe sont formées par une
cellule ± allongée sous forme de bâtonnet appelée bacille
- la forme spiralée : les bactéries de ce groupe sont formées par une
cellule incurvée (vibrion) ou allongée enroulée en spirale (spirille)
II) Structure bactérienne
La cellule bactérienne comporte plusieurs éléments constitutifs dont:
- des éléments constants (existent toujours dans la bactérie): la
paroi, la membrane cytoplasmique, le cytoplasme et l’appareil
nucléaire.
- des éléments facultatifs (peuvent être présents ou absents): la
capsule, les flagelles, les pili et la spore.
schéma de la structure générale de la cellule bactérienne

A) Les éléments constants:


Ce sont des éléments indispensables à la vie de la bactérie.
1) La paroi bactérienne
c‘est une membrane rigide (caractéristique des procaryote) formée
par plusieurs couches superposées. Elle donne à la bactérie sa
forme et la protège contre l’éclatement sous l’effet de la pression
osmotique du cytoplasme.

Les bactéries peuvent être divisées en deux groupes selon la


structure et la composition chimique de la paroi: les Gram positifs
(Gram+) et les Gram négatifs (Gram-).

La coloration Gram:
Une méthode de coloration très utilisée en bactériologie (base de la
classification bactérienne) mise en évidence des bactéries et
de leurs différences au niveau de leur paroi.

Se déroule en 3 temps:
- Coloration des bactéries au violet de gentiane (colorant de
base) et fixation de la coloration par le lugol toutes les
bactéries sont colorées en violet.

- traitement à l’éthanol décoloration des bactéries à Gram-


mais les Gram+ gardent la coloration violette.

- Contre-coloration à la fuschine ou la safranine les bactéries


Gram- sont colorées en rose et les Gram+ restent violet.

Remarque:
La paroi des bactéries Gram- est plus mince et plus riche en lipides
permet l’entrée de l’alcool dans la cellule décoloration
du cytoplasme.

2) La membrane cytoplasmique
Une membrane très mince à apparence brillante qui se trouve à
l’intérieur de la paroi et qui enveloppe le cytoplasme.
Présente en certains endroits des invaginations (repliements vers
l’intérieur du cytoplasme) appelées mésosomes =chondroïdes.

La membrane cytoplasmique assure plusieurs rôles vitaux dans la


vie de la bactérie dont les principaux sont:
- Rôle osmorégulateur: assure (par l’intermédiaire d’enzymes
appelées perméases) le transfert de substances par un transport à
la fois actif et sélectif (perméable à certaines substances mais
imperméable à d’autres)

- Rôle respiratoire: la membrane cytoplasmique renferme des


cytochromes (des molécules transportrices d’électrons) qui
interviennent dans la chaîne respiratoire.

- Rôle dans la division cellulaire: la multiplication des bactéries est


assurée par division cellulaire appelée scissiparité = division
binaire. La membrane cytoplasmique joue un rôle actif lors de
cette division car elle se développe pour que la cellule
bactérienne s’agrandisse puis la membrane s’invagine pour former
un cloison interne qui sépare le cytoplasme en 2 parties égales qui
se séparent ensuite pour donner chacune une nouvelle bactérie.
(voir schéma dans scissiparité)

3) Le cytoplasme
C’est un système colloïdal (liquide + substances organiques et
minérales dissoutes) finement granuleux sans organites cellulaires
(pas de mitochondries ni appareil de Golgi) contenant des
ribosomes, des substances de réserves et des chromatophores.
- Les ribosomes (lieux de synthèse des protéines): une seule
cellule bactérienne peut contenir jusqu’à 50.000 ribosomes.
Chaque ribosome est une particule complexe formé d’ARN et de
protéines.
- Les substances de réserve: comme toutes les cellules vivantes,
les bactéries peuvent accumuler des substances organique ou
inorganiques qui forment des réserves (surtout énergétiques) de
la cellule. Ces substances, selon les espèces bactériennes, peuvent
être:
• des réserves organiques: des glucides ou des lipides
• des réserves inorganiques: des substances minérales utiles aux
diverses réactions dans la cellule (exemples: soufre, fer,
manganèse, silice)

- Les chromatophores: ce sont des particules sphériques contenant


des pigments qui permettent à certaines bactéries de faire la
photosynthèse (utilisation de l’énergie lumineuse pour synthétiser
les substances organiques nécessaires à partir de substances
minérales).

4) L’appareil nucléaire
Ce n’est pas un vrai noyau comme chez les cellules eucaryotes car
non limité par une membrane nucléaire et ne contient pas de
chromosomes individualisés mais il assure un rôle équivalent car
c’est le support de l’hérédité (porte les caractères génétiques) de la
bactérie.
L’appareil nucléaire est formé surtout de fibrilles d’ADN.

B) Les éléments facultatifs


Ce sont des éléments présents à l’extérieur de la paroi bactérienne
et dont l’absence n’empêche pas la bactérie de vivre mais dont la
présence apporte toujours un ou des avantages dans la vie de la
bactérie.
1) La capsule
Une couche gélatineuse et visqueuse qui entoure la paroi
bactérienne. N’existe que chez certaines espèces de bactéries et
peut être ± épaisse ou même absente chez des individus de ces
espèces car la synthèse des substances capsulaires dépend du
milieu de vie.
Les bactéries encapsulées sont plus résistantes aux mauvaises
conditions du milieu.
2) Les flagelles = les cils
des appendices sous forme de fins filaments flexibles n’existant
que chez les bactéries mobiles qui sont surtout des bacilles.

La longueur des flagelles dépasse souvent celle du corps bactérien


et son diamètre est uniforme sur toute sa longueur.

Les flagelles: toujours à aspect sinueux avec une longueur d’onde et


une amplitude caractéristiques de l’espèce bactérienne.

La disposition des flagelles permet de classer les bactéries


mobiles:
- les bactéries monotriches: un flagelle fixé à une extrémité
du corps bactérien
- les bactéries amphotriches: un flagelle fixé à chaque
extrémité du corps bactérien
- les bactéries céphalotriches: un paquet de flagelles à une
extrémité

- les bactéries lophotriches: un paquet de flagelles à chaque


extrémité
- les bactéries péritriches: des flagelles fixés sur tout le corps
bactérien

Les flagelles assurent 2 rôles:


• Rôle locomoteur: c’est-à-dire donnent aux bactéries leur
mobilité. Le mécanisme de cette locomotion nécessite de
l’énergie.
• Rôle antigénique: c’est-à-dire qu’ils portent des antigènes
bactériens (ce sont des supports antigéniques).

3) Les pili = les fimbriae


des fins fils à l'extérieur de certaines bactéries. Ils sont différents
des flagelles car sont rigides, cassants et s’enlèvent facilement. Ils
sont aussi des supports antigéniques de la bactéries mais leurs
antigènes sont différents de ceux des flagelles.

Il existe 2 types de pili: les pili communs et les pili sexuels

4) La spore
Quand les conditions sont défavorables à une vie normale,
certaines espèces bactériennes forment une structure dormante
appelée endospore ou spore formation à l'intérieur de la
cellule libération dans le milieu environnant.

Les spores sont très résistantes: à la chaleur, aux ultraviolets, aux


radiations ionisantes, aux désinfectants chimiques et à la
dessiccation… La spore est une forme de résistance de la
bactérie lorsque l'environnement est trop dangereux et peut rester
viable pendant plusieurs centaines d'années.
Quand les conditions de vie redeviennent favorables
germination de la spore formation d’une nouvelle
cellule bactérienne qui possède toutes les propriétés de l’espèce
rôle de la spore: conservation de l’espèce.

III) Le métabolisme bactérien


Comme tout être vivant, la bactérie doit effectuer son
métabolisme pour rester vivant.

Métabolisme: ensemble de toutes les réactions biochimiques qui


se produisent dans l’organisme vivant.

Nutrition: ensemble des processus permettant la transformation


des aliments (nourriture) pour assurer le fonctionnement du vivant
(le métabolisme).
La nutrition s'intéresse aux relations entre les organismes vivants
et leurs aliments.
Aliments: fournissent les nutriments ( substances nutritives) qui
exercent plusieurs fonctions dans l’organisme donc nécessaires
pour maintenir la vie et la santé.
Un nutriment: peut être directement assimilé sans aucune
modification chimique (petites biomolécules) ou nécessite une
dégradation (macromolécules)

Une bactérie (un microorganisme) doit se nourrir pour vivre, se


développer et se reproduire.

Besoins nutritifs bactériens: 3 types de substances (nutritives) ou 3


catégories de besoins nutritifs
-Les substances élémentaires couvrent les besoins constitutifs
élémentaires
-Les substances énergétiques couvrent les besoins énergétiques
-Les facteurs de croissance couvrent les besoins constitutifs
spécifiques
A –Besoins énergétiques et élémentaires
Les bactéries (les microorganismes): puisent les aliments présents
dans leur environnement (milieu de vie).
Besoins élémentaires communs : de l’eau, une source d'énergie,
une source de carbone, une source d'azote et d'éléments
minéraux.

La cellule bactérienne est constituée de:


Macroéléments ou macronutriments:
- Eléments majeurs (g/L) : C, H, O, N, S, P
- Eléments mineurs (mg/L) : sous forme de cations (K, Ca,
Mg, Fe)

Microéléments ou oligoéléments: (Mn, Co, Mo, Ni, Cu, …)

1)Source de carbone
En général, les besoins en C,H, O sont satisfaits simultanément
(même source).
Différences selon la source :
– bactéries autotrophes
– bactéries hétérotrophes

2) Source d'azote, de Phosphore et de Soufre (éléments minéraux)


La synthèse d’un certain nombre de biomolécules nécessite des
éléments minéraux dont les plus importants sont : N, P et /ou S
(exemples: acides aminés, acides nucléiques).

3) Source d’énergie
Selon la source d’énergie :
Bactéries phototrophes l’énergie nécessaire au métabolisme
est fournie par des réactions photochimiques (qui utilisent une
source lumineuse )

Bactéries chimiotrophes l’énergie utilisée par le


métabolisme provient de réactions purement chimiques
B–Besoins constitutifs spécifiques
Un facteur de croissance est une substance organique
indispensable à un vivant mais qu’il est incapable de biosynthétiser.

Selon les besoins en facteurs de croissance:


bactéries prototrophes : capables de proliférer dans un milieu de
base (milieu minimum) sans nécessiter la présence de facteurs de
croissance
 bactéries auxotrophes : nécessitent la présence de un ou plusieurs
facteurs de croissance pour pouvoir vivre normalement

Il existe différents types de facteurs de croissance (acides aminés,


vitamines….). La nature, le nombre et la quantité de facteurs de
croissance exigés varient avec l’espèce bactérienne la carence
(absence ou insuffisance) en un ou plusieurs facteurs de croissance
entraine une mauvaise conséquence sur la croissance bactérienne.
C–Influence de l’environnement sur la nutrition microbienne

Les besoins nutritifs nécessaires à un micro-organisme doivent lui


être apportés dans certaines conditions environnementales.

Des facteurs physico-chimiques du milieu interviennent au cours


de la nutrition des microbes et peuvent soit l’empêcher, l’inhiber
ou la favoriser.

Les principaux facteurs: la température, le pH, la pression


osmotique, les exigences gazeuses et l’humidité (Aw = Activity of
Water).

1) La température
Les bactéries sont thermosensibles: la température influence
considérablement leur nutrition donc leur développement.
Une bactérie se développe dans un intervalle de température (+ ou
– large selon l’espèce) avec:
- Température minimale : Température en dessous de laquelle la
nutrition est stoppée.
- Température maximale : Température au dessus de laquelle la
nutrition est stoppée.
- Température optimale : Température pour laquelle la nutrition
est la plus favorisée.

Remarques :
-La température optimale est toujours plus près de la température
maximale que de la minimale.
-Quand on s’éloigne de la température optimale: inhibition
progressive de la nutrition

Les microorganismes sont classés selon l’intervalle de température


dans lequel ils peuvent se développer et dans lequel se situe leur
température optimale :
- Les psychrophiles : se développent normalement entre 0-20°C
et sont incapables de vivre quand la température est
supérieure à 30°C peuvent contaminer les produits
biologiques conservés à basses températures (au réfrigérateur)

- Les mésophiles : se développent entre 20-40°C la grande


majorité des bactéries sont mésophiles dont les bactéries
parasites (pathogènes ou saprophytes)

- Les thermophiles : se développent entre 40-60°C et sont


incapables de vivre à des températures inférieures à 30°C
(exemples: les bactéries qui vivent dans les sources thermales)

Au dessus de 65-70°C, la majorité des bactéries ne survivent pas,


ou alors sous des formes thermorésistantes, comme les spores.
Le froid (les températures très basses = négatives) ne tue pas les
microbes mais empêchent leur développement le froid
est un excellent agent de conservation des microbes aussi bien
dans la nature qu’en laboratoire.

2) Le pH :
pH = potentiel hydrogène indique la concentration en protons (H+)
dans le milieu

La majorité des bactéries sont neutrophiles (se développe dans un


milieu ayant un pH neutre) mais peut généralement se développer
dans un intervalle assez large de pH et chaque espèce présente un
pH optimum de développement.

Cependant, il existe:
-des microorganismes acidophiles se développent à pH acide
(très faible)
-des microorganismes basophiles se développent à pH
basique (très élevé)

3)La pression osmotique :


Le processus de diffusion sélective de solution (en général de
l’eau) à travers la membrane cytoplasmique de la cellule vivante,
entre 2 milieux de concentrations différentes conduit au
phénomène d’osmose diffusion du liquide (eau) du milieu
moins concentré vers le milieu plus concentré pour équilibrer les
2 concentrations afin d’avoir la même pression osmotique

La pression osmotique est proportionnelle à la concentration


totale des ions et des molécules dans la solution.

Pour les bactéries, selon la pression osmotique du milieu, on


distingue des milieux:
-hypotonique : moins concentré que l’intérieur de la cellule
bactérienne
- isotonique : même concentration que l’intérieur de la cellule
bactérienne
-hypertonique : plus concentré que l’intérieur de la cellule
bactérienne

Pour une espèce bactérienne: il existe une pression osmotique


optimale de son environnement pour avoir une activité normale.

En général, la plupart des bactéries se développe en milieu


isotonique et est halotolérante (capable de s’adapter à de faibles
variations de pressions osmotiques) mais il existe des bactéries qui
peuvent se développer dans un milieu hypertonique :

-Des microorganismes halophiles : nécessitent une forte


concentration en sel pour vivre normalement (exemple des
bactéries de la mer)
- Des microorganismes osmophiles: nécessitent une forte
concentration en sucre pour vivre normalement (exemple des
bactéries qui se développent dans les confitures)

4) Les exigences gazeuses


C’est surtout vis-à-vis de l’oxygène que les exigences des bactéries
sont précises.

Le développement des bactéries (des microorganismes) est soumis


à l'influence de la tension partielle de l'oxygène dans le milieu où
elles se multiplient.

Les bactéries (les microorganismes) possèdent des modes


respiratoires qui varient selon les espèces:
-Les aérobies stricts : qui exigent la présence d’oxygène pour se
développer
-Les aéro-anaérobies: peuvent se développer en présence ou en
absence d’oxygène mais préfèrent l’aérobie

- les anaéro-aérobies: peuvent se développer en présence ou en


absence d’oxygène mais préfèrent l’anaérobie

-Les anaérobies stricts :exigent l’absence totale d’oxygène dans


le milieu pour se developper

-Les microaérophiles : exigent la présence d'oxygène mais à de


faibles concentrations (inférieures à celle présente dans
l'atmosphère c'est-à-dire inférieure à 21%, généralement 2 à
10%)

5) L’humidité (Aw)
La disponibilité de l’eau dans le milieu : un facteur déterminant
dans la vie des microorganismes (comme pour tout vivant).
L’eau joue deux rôles au cours de la nutrition microbienne:
- c’est le solvant des molécules organiques et inorganiques
- l’eau intervient dans les réactions enzymatiques comme réactif
(réaction d’hydrolyse).

Aw (Activity of Water) pour quantifier l’eau biologiquement


disponible pour les bactéries.

valeur : 0 < Aw < 1

Calcul de l’Aw dans un milieu :


n1 = nombre de molécules de solvant
Aw =___n2___ n2 = nombre de molécules de soluté
(n1 + n2)
ou
Aw = __P__ P= pression de la vapeur d’eau du milieu
Po Po= pression de l’eau distillée à la même
température
Les bactéries (les microorganismes) exigent un certain seuil
d’humidité et si Aw faible ralentissement de leur
développement .

Cependant, il existe des espèces xérophiles : capables de vivre


normalement dans un milieu très pauvre en eau.

IV) Croissance bactérienne


La croissance: un phénomène qui résulte de l’interaction d’un
organisme vivant et de son environnement avec un échange actif
de matériels.

Chez les organismes visibles à l’œil nu: la croissance conduit à une


augmentation de taille et de masse.

Chez les microorganismes: la croissance se traduit par un


augmentation du nombre d’individus dans le milieu
La croissance est synonyme de multiplication microbienne.

Croissance bactérienne (microbienne): un seul individu (une


bactérie) engendre d’autres individus identiques à lui-même
(plusieurs bactéries). On dit que la bactérie (le microorganisme)
se reproduit ou se multiplie.

A- Reproduction
Comme tout être vivant, les microorganismes se reproduisent.

Chez les bactéries


Mode normal de reproduction = reproduction asexuée appelée la
scissiparité ou division binaire
Chez certaines espèces bactériennes: d’autres modes de
reproduction, dont la conjugaison, peuvent exister dans certaines
conditions particulières du milieu
1) La scissiparité
Les différentes étapes lors de la division d’une cellule bactérienne:

-Etirement et agrandissement du corps de la cellule bactérienne


(cellule mère)
-Duplication de l’ADN et des autres constituants cellulaires
-Apparition d’une invagination de la membrane cytoplasmique et de
la paroi pour former un cloison = septum
-Séparation des deux parties pour former 2 cellules filles identiques
(2 bactéries)

Au cours de la multiplication bactérienne, chaque cellule fille se


divise pour donner 2 autres bactéries et ainsi de suite :
1 bactérie 2 bactéries 4 bactéries 8 bactéries…
G
1 cellule mère
G

n divisions cellulaires

2n cellules filles

G = temps de génération

1ère 2ème 3ème


division division division
L’ensemble de toutes les bactéries provenant d’une seule cellule
mère s’appelle une colonie bactérienne =un clone bactérien

Une colonie est visible à l’œil nu et est constituée par des


individus qui sont identiques en tout point

Le temps de génération G est l’ intervalle de temps entre 2


divisions cellulaires successives

2) La conjugaison
Un mode de reproduction sexuée qui permet à certaines
espèces bactériennes de survivre dans des conditions difficiles.
Transfert de matériel génétique d'une bactérie donatrice (joue
le rôle de " mâle " ) vers une bactérie réceptrice (jour le rôle de
" femelle « ) par un pont (pili sexuel).
Analogie avec la reproduction sexuelle des Eucaryotes
car il y a recombinaison génétique entre deux bactéries
(parents).
"Mâle" "Femelle"
Accolement, ouverture de l’ADN circulaire et transfert de matériel
génétique de la bactérie donatrice vers la bactérie acceptrice.
Lors des divisions par scissiparité de la nouvelle bactérie formée:
transmission des caractères des 2 parents à la descendance.

B - Paramètres de la croissance
Dans des conditions expérimentales déterminées (in-vitro), la
croissance d’une espèce microbienne (bactérienne) peut être
caractérisée par 2 paramètres d’état qui sont :
le temps de génération G et le taux de croissance μmax = μexpo.
1)Temps de génération
C’est l’intervalle de temps entre 2 divisions cellulaires successives =
le temps que prend une population bactérienne pour doubler en
nombre. Il varie selon les espèces et les conditions du milieu.

G = t avec t = temps et n = nombre de divisions


n
Exemples: Dans des conditions favorables
G = 20 min pour l’espèce Eicherichia coli
G = 800 min pour l’espèce Mycobacterium tuberculosis

2) Vitesse spécifique de croissance (μ)


C’est le nombre de divisions cellulaires par unité de temps

μ=n μ=1
t G
Au cours de la croissance d’une espèce microbienne, la vitesse
spécifique maximale est appelée le taux de croissance (μmax)
3) La cinétique de croissance
On étudie la croissance d’une population en analysant la courbe
de croissance d’une culture microbienne. L’espèce
microbienne est ensemencée (cultivée) dans un milieu
liquide (fermé) non renouvelé (sans apport de substrat au
cours de l’incubation donc la quantité de substances nutritives
diminue et la concentration de déchets augmente avec le
temps de culture)

L’évolution du nombre d’individus dans la population


microbienne (= la cinétique de la croissance) peut être estimée
en mesurant l’absorbance (densité optique = DO) du milieu à des
différents temps de culture.

La valeur de la DO est toujours proportionnelle au nombre


d’individus dans le milieu.
Au debut de la culture (t=0), le milieu est transparent et la
valeur de la DO est tres faible (la plus faible).

La croissance bacterienne dans le milieu augmentation


du nombre d’individus dans la population le milieu
devient de plus en plus trouble = opaque (non transparent)
augmentation progressive de la DO du milieu

La courbe de croissance montre la cinétique de la croissance


donc l’évolution en fonction du temps du nombre d’individus
ou de la quantité de biomasse (masse de vivant) dans le milieu.
Courbe de croissance: X = f(t)
X

5
4

3 6

1 2

temps de culture
X = nombre d’individus (bactéries)
ou quantité de biomasse (en g/l)
ou DO ou Log DO
1- Phase de latence:
temps d’adaptation des microorganismes au nouveau milieu
⇒la durée de la phase dépend de facteurs internes (type de la
bactérie, état physiologique des cellules…) ou exogènes
(composition du milieu, etc…)
⇒ les cellules ne se divisent pas (leur nombre reste constant) et
μ = 0 (pas de croissance)

2- Phase d’accélération :
Certains individus (déjà adaptés) commencent à se diviser mais
d’autres (non encore adaptés) ne se divisent pas encore la
moyenne donne μ > 0 mais valeur encore faible

3- Phase exponentielle ou logarithmique


Tous les individus de la population se divisent activement
=> processus de croissance optimale
=> Le nombre de cellules augmente proportionnellement avec le
temps
⇒μ atteint sa valeur maximale et reste constante pendant la
durée de la phase ( μmax = μexpo)
⇒ G est minimum car l’intervalle entre 2 divisions cellulaires est
court

4- Phase de ralentissement:
La quantité de substrat (nutriments) dans le milieu a beaucoup
diminuée et devient un facteur limitant de la croissance
⇒ toutes les cellules sont vivantes mais certaines ne se divisent
plus
⇒ le nombre d’individus dans le milieu augmente encore mais
faiblement
⇒ μ diminue (μ < μmax)

5- Phase stationnaire:
Le milieu devient de moins en moins favorable à la croissance car
épuisement du substrat et accumulation des déchets (toxiques)
⇒ Le milieu contient le nombre maximal d’individus mais aucune
cellule ne se divise (pas de croissance)
⇒ la vitesse spécifique de croissance redevient nulle (μ = 0)

6- Phase de déclin ou de décroissance ou de dépérissement:


Le milieu est complètement défavorable à la croissance et le
nombre de cellules vivantes dans le milieu diminue
proportionnellement avec le temps
Remarques:
- Selon l’espèce bactérienne ensemencée, selon l’état
physiologique des bactéries et selon la nature du milieu, certaines
phases peuvent ne pas apparaître dans une courbe de croissance
(exple: si les germes cultivés ont été prélevés à partir d’un milieu
identique à celui dans lequel on étudie la croissance, les phases 1
et 2 peuvent ne pas exister)
-Généralement, la représentation graphique de la croissance
bactérienne s’effectue en coordonnées semi-logarithmiques:
l’ordonnée (X) en nombre logarithmique et l’abscisse (t) en
nombre arithmétique
Cette représentation LogX=f(t) comporte un double avantage:
- elle permet d’établir une courbe de croissance pour de très fortes
populations microbiennes
- la pente de la courbe exprime la vitesse spécifique de croissance
(μ) de la population
pour déterminer la vitesse spécifique de croissance de chaque
phase:
- On place un point dans chaque phase
- on trace la pente (tangente) de la courbe LogX=f(t) qui passe par le
point
- on marque 2 points x1 et x2 de la tangente avec les coordonnées
suivants : x1:(t1; Logx1) et x2: (t2;Logx2)

On calcule : μ =Logx2 - Logx1


t2 – t1
Ainsi, comme dans toute croissance, le taux de croissance est
proportionnelle à la variation de la quantité de biomasse X dans le
milieu lors de la phase exponentielle.
EXERCICES SUR LA CROISSANCE BACTERIENNE

I) L’étude de la cinétique de la croissance d’une espèce


bactérienne dans un milieu liquide non renouvelé a permis
d’obtenir les données suivantes:
Temps 0 15 30 45 60 75 90 105
en min
Log DO 0,0025 0,0025 0,005 0,015 0,025 0,0275 0,0275 0,0275

1) Tracez la courbe de croissance Log DO = f(t) et déterminez les


différentes phases de croissance observées
2) Placez un point dans chaque phase et déterminez
graphiquement la vitesse specifique de croissance (μ) de
chaque phase.
3) Quelle est la valeur (en h) du taux de croissance

II) 102 cellules de la bactérie Salmonella typhimurium sont


ensemencées dans un milieu de culture liquide non renouvelé.
Apres 7,5 heures d’incubation à 370C, le taux de croissance
moyen dans le milieu est de 0,04/min. Sachant que la croissance
de la bactérie dans le milieu ne comporte pas de phase de
latence et que la culture est en phase exponentielle à la fin de
l’expérience calculez :
1) Le temps de génération moyen dans le milieu
2) Le nombre de divisions cellulaires dans le milieu
3) Le nombre total de cellules dans le milieu à la fin de
l’expérience

III) 2.103 cellules bactériennes ont été ensemencées dans un


milieu de culture liquide. Après 10h d’incubation (temps de
culture), on comptait 20 divisions cellulaires dans le milieu.
Calculez:
1) Le nombre total de bactéries à la fin de la culture
2) La vitesse specifique de croissance moyenne μ
3) Le temps de génération moyen G

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