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Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Notes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
Glossaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
Introduction
L’économie au sens large du terme est omni- livres et Dossiers) ont dès lors porté sur ce sujet.
présente dans notre société et investit tous les Le présent Dossier n’a d’ailleurs été possible que
domaines de la vie quotidienne : social, culturel grâce à l’acquis accumulé par le CRISP depuis plus
et politique. Mais qui dirige l’économie ? Qui de 50 ans. Il constitue à l’évidence une synthèse
détient le pouvoir de décision ? Et où s’arrête le importante des travaux réalisés jusqu’ici.
champ de cette décision ? La question est d’im- Parmi les aspects renouvelés par rapport aux
portance. Quel pouvoir les acteurs économiques travaux antérieurs figure l’analyse, dans le présent
exercent-ils sur la décision politique ? La question Dossier, des modes d’intervention des autorités
est tout aussi cruciale. publiques dans la sphère économique. Quel que
Les groupes d’entreprises, plus encore que les soit leur niveau, les pouvoirs publics détiennent en
entreprises, représentent le pouvoir économique effet dans leurs moyens d’action la capacité d’exer-
par excellence. Avec le développement de l’ingé- cer une forme de pouvoir économique. Par les capa-
nierie financière, l’internationalisation des activités cités de régulation et d’encadrement des activités
et la concentration des capitaux, ils forment des économiques qui leur sont propres, et également
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Le mot pouvoir, sans spécification particulière, est une notion La notion de pouvoir revêt des
polysémique utilisée dans des problématiques très différentes. sens très différents selon le cadre
Ainsi, le juriste peut l’employer pour désigner l’une des fonctions dans lequel on l’emploie.
de l’État (pouvoir législatif, exécutif ou judiciaire). L’économiste y
fait appel pour désigner une firme qui s’affranchit des contraintes de
la concurrence pure et parfaite (elle dispose d’un certain « pouvoir
de marché » quand, en situation de monopole par exemple, elle est
capable d’imposer son prix aux consommateurs). L’étude du pou-
voir est par ailleurs un domaine privilégié de recherche en sciences
humaines et sociales. Pour le sociologue, il y a du pouvoir dans toute
relation sociale ; dans la relation entre le maître et l’élève, entre le
chef d’entreprise et l’employé, entre le parent et l’enfant, voire aussi
dans les relations d’amour et d’amitié.
Depuis les années 1950, le thème du pouvoir a donné lieu, dans Dans les sciences humaines, de
la littérature sociologique, politologique, voire philosophique, à de nombreux débats portent sur la
nombreux débats dans lesquels s’affrontent différentes approches conception même de la notion de
pouvoir.
sur sa conception même. Le sociologue François Chazel rassemble
bien les termes du débat qui entoure cette notion : « Le pouvoir
est ainsi conçu comme un exercice ou une capacité, il est envisagé
(...) comme substance ou comme relation, il est abordé à partir des
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On observe une constante dans l’exercice du pouvoir au sein des Un groupe d’entreprises est un
entreprises, à savoir l’intégration d’un nombre significatif d’entre ensemble d’entreprises sous
elles au sein des groupes d’entreprises (sous la forme de chaînes de l’influence d’un même centre de
décision.
participations), qui découle elle-même de l’objectif de profit. Au
sens qu’elle a pris dans la pratique du CRISP, l’expression « groupe
d’entreprises » désigne un ensemble d’entreprises, constituées en
entités juridiquement distinctes, entre lesquelles existe un réseau de
AB Inbev 91 966
Ackermans & van Haaren 6 759
Ageas 97 113
Befimmo Sicafi 2 027
Bekaert 4 169
Belgacom 8 132
Cofinimmo 3 642
Colruyt 3 147
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L’actionnariat public
La détention par les pouvoirs publics de titres de propriété dans La détention par les pouvoirs
des entreprises privées peut répondre à différents types de moti- publics de titres de propriété
vations. Outre un rôle d’« arbitre par rapport aux différents opé- dans des entreprises privées
répond à différentes motivations.
rateurs » dans certaines activités de réseaux (cette notion a évolué
ces dernières décennies, notamment au niveau européen), ou des
héritages de l’histoire résultant par exemple de confiscations (par
exemple au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la plupart
du temps retournés entre-temps au secteur privé), les participations
publiques résultent, en Belgique, soit de la volonté d’orientation
et de développement économiques, soit de décisions prises par des
intérêts privés (comme c’est le cas pour la sidérurgie wallonne et,
Certains États ont souhaité garder le contrôle d’entreprises privatisées en s’accordant des droits
spéciaux dans des secteurs stratégiquement sensibles ou dans des entreprises importantes de par
leur taille ou leur prestige. Ces droits sont spéciaux dans le sens où ils vont au-delà des droits
associés à une prise de participation classique. Les pouvoirs publics peuvent acquérir ces droits
en détenant une « action privilégiée » (golden share), c’est-à-dire une action préférentielle, dans
une entreprise privatisée. Ce terme a peu à peu fini par désigner les droits spéciaux en général,
qu’ils soient associés ou non à une prise de participation de l’État.
Ainsi, par exemple, l’État belge détient une action spécifique dans Fluxys. Les droits parti-
culiers attachés à cette action sont exercés par le ministre fédéral en charge de l’Énergie et peuvent
être résumés comme suit : le droit de s’opposer à toute cession, affectation à titre de sûreté ou
changement de la destination des actifs stratégiques de Fluxys dont la liste est reprise en annexe
à l’arrêté du 16 juin 1994, si le ministre considère que cette opération porte atteinte aux intérêts
nationaux dans le domaine de l’énergie ; le droit de nommer deux représentants de l’État fédéral
ayant voix consultative au conseil d’administration et au comité stratégique de Fluxys ; le droit
des représentants de l’État, dans un délai de quatre jours ouvrables, de prendre recours, auprès du
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On relève par ailleurs, par exemple dans le cas des gestionnaires La présence d’un actionnaire
de réseaux d’énergie (gaz et électricité), qu’à côté des communes, leader et professionnel public est
qui apparaissent comme un acteur faible et dispersé – ce qui permet une alternative au passage à un
actionnariat privé étranger.
toutefois de conserver en Belgique un centre de compétences impor-
tant –, la présence d’un actionnaire leader et professionnel public
(actuellement, chez Fluxys, la Caisse de dépôt et placement du
Québec et la Société fédérale de participations et d’investissement)
Tecteo se présente comme un groupe industriel qui mène une politique dynamique et
diversifiée dans les secteurs de l’énergie et des télécommunications en Wallonie et à Bruxelles.
Ses actionnaires sont la Province de Liège (53 %), 76 communes wallonnes, bruxelloise (Uccle)
et flamande (Fourons), l’Association intercommunale d’étude et d’exploitation, d’électricité et
de gaz (AIEG), Brutélé et la Région wallonne.
La Société intercommunale à responsabilité limitée Tecteo (anciennement Association liégeoise
d’électricité) avait formé en 2005 un groupement d’intérêt économique avec l’intercommunale
Brutélé, à Ixelles, afin de lancer une offre de télécommunication combinant la télévision, l’Internet
et le téléphone (« triple play ») sous la marque VOO. À partir de cette date, le développement
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L’économie sociale
Historiquement, le mouvement coopératif a constitué il y a plus Le mouvement coopératif per-
d’un siècle une prise en charge par les travailleurs de la production met aux travailleurs de produire
de denrées ou de services de base à des conditions meilleures que des denrées ou des services à des
conditions favorables.
celles proposées (ou imposées) par l’économie marchande. Ainsi se
Au cours du temps, les États nationaux ont peu à peu perdu Les États ont perdu le monopole
le monopole de régulation hiérarchique de la plupart des secteurs de régulation de l’économie tout
économiques. Les raisons de ce phénomène reposent essentiellement en adoptant des politiques de
libéralisation.
sur le processus de mondialisation et d’intégration de l’économie,
marqué par une montée sans précédent des activités commerciales
et financières internationales, ce qui a conduit les États à créer des
institutions internationales auxquelles ils délèguent l’exercice de
certaines de leurs compétences en la matière. Parallèlement, et sous
l’impulsion de décisions prises au sein d’institutions internationales,
les États ont peu à peu adopté, dans des proportions variées, des
politiques de libéralisation et de privatisation, avec pour consé-
quence un désengagement des pouvoirs publics de plusieurs secteurs
économiques, notamment dans les services d’intérêt économique
général. Paradoxalement, alors que ces mouvements de libéralisa- L’ouverture à la concurrence de
tion sont marqués, de manière plus ou moins importante selon les nombreux secteurs va de pair avec
secteurs, par une déréglementation, l’ouverture à la concurrence de nouvelles réglementations.
de nombreux secteurs, éventuellement à l’échelon planétaire, va
de pair avec la mise en place d’un cadre (normes, règles, obliga-
tion de contrats de gestion, création d’organismes de contrôle) qui
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Au même titre que l’Union européenne, les organisations inter- Les organisations internationales
nationales (FMI, Banque mondiale, OMC) ou des regroupements constituent un pouvoir écono-
plus informels comme le G7 constituent un pouvoir économique mique « supra-étatique ».
« supra-étatique ». Parallèlement, la souveraineté légale interna-
tionale de l’État a été renforcée au cours des dernières décennies,
notamment par la reconnaissance par la majorité des États à l’échelle
planétaire du cadre légal international ainsi mis en place, et les pos-
sibilités d’intervention (contre d’autres États ou des intérêts privés).
La représentativité démocratique de ces institutions internatio- La représentativité démocratique
nales, dont le rôle s’accroît, fait débat, notamment parce qu’elles des institutions internationales
fait débat.
n’ont aucune dépendance par rapport à l’électeur. Les décisions, dans
ces institutions, se prennent en effet lors de négociations entre États,
Les décisions du Conseil de l’Union européenne se prennent à la majorité qualifiée de 255 voix
sur 345, réunies par au moins 14 États membres, selon un système de pondération qui avantage
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Aspects monétaires
La politique monétaire de la Belgique (et des autres États
membres de la zone euro) est aujourd’hui définie au niveau euro-
péen : en d’autres termes, la politique monétaire n’est plus une
compétence nationale.
La Banque centrale européenne (créée en 1999, devenue La Banque centrale européenne
officiellement une institution de l’Union par le Traité de Lisbonne est responsable de la politique
en 2009) est responsable de la politique monétaire de la zone euro, monétaire de la zone euro.
c’est-à-dire de la gestion de la masse monétaire, ce qui lui permet,
dans une certaine mesure, d’influer sur la conjoncture économique
en établissant les principaux taux d’intérêt directeurs (et par là la
capacité d’emprunt des entreprises). La Banque centrale européenne
est la seule habilitée à autoriser les émissions des billets de banque et
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Conçu en tant que dispositif européen permanent pour garantir la stabilité de la zone euro,
le Mécanisme européen de stabilité (2012) jouit de missions et de moyens plus étendus que ses
prédécesseurs (le Mécanisme européen de stabilité financière et le Fonds européen de stabilité
financière), et peut notamment impliquer le secteur privé dans la gestion des plans de sauvetage
des États membres de l’Union.
Le Mécanisme européen de stabilité trouve son origine dans l’accord du 25 mars 2011 conclu
par le conseil Ecofin. Le Mécanisme européen de stabilité accorde des prêts aux États membres
de l’Union qui connaissent des difficultés financières, sous le respect de conditions strictes. Un
fonds de prévoyance (700 milliards d’euros de capital souscrit en 2013) combine capital versé,
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Les capacités d’action du Système européen des banques centrales Il convient de relativiser les capa-
sur l’économie doivent être relativisées. Rappelons qu’il s’agit avant cités d’action du Système euro-
tout d’une institution destinée au contrôle des prix, pas au soutien péen des banques centrales sur
l’économie.
de la conjoncture. D’autre part, son pouvoir d’acteur monétaire
se heurte, au niveau planétaire, à la domination, par la Réserve
fédérale des États-Unis, d’un système mondialisé. Celle-ci dispose de
Les normes
Le processus européen de normalisation est basé sur l’accord Les normes fixées au niveau euro-
volontaire entre toutes les parties concernées par la coopération péen sont le fruit d’un consensus.
entre l’industrie – y compris les petites et moyennes entreprises
(PME) – les consommateurs, les syndicats, les organisations non
gouvernementales (ONG), en particulier environnementales et les
pouvoirs publics. Les normes ainsi fixées sont donc le fruit d’un
consensus, obtenu après des consultations, voire des négociations
plus ou moins longues où il n’est pas rare de voir les différents
États membres défendre les intérêts des secteurs économiques bien
implantés sur leur sol. Les organismes indépendants de normalisa-
tion agissant à l’échelle nationale (en Belgique, le Bureau de nor-
malisation), européenne (le Comité européen de normalisation) et
internationale (l’Organisation internationale de normalisation ISO)
sont chargés de ce processus.
L’utilisation des normes ainsi définies se fait en principe sur une Les normes, d’abord définies sur
base volontaire. Dans les faits, de plus en plus de normes ont fait base volontaire, sont devenues de
plus en plus contraignantes.
l’objet, au cours du temps, de règlements de l’Union européenne
(applicables immédiatement sur tout le territoire de l’Union) ou
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La propriété intellectuelle
La propriété intellectuelle représente un autre enjeu des
politiques de régulation, notamment au travers des brevets, des
La plupart des pays ayant, à des degrés divers, opté pour une La plupart des pays ont opté pour
organisation décentralisée ou fédérale, le rôle traditionnel de l’État une organisation décentralisée ou
dans l’économie doit être envisagé selon les différents niveaux de fédérale.
pouvoir impliqués. En parallèle, et comme évoqué plus haut, la
construction européenne a généré de nouvelles prérogatives écono-
miques en direction des États membres qui ont abandonné certaines
de leurs compétences au profit de l’Union.
L’État belge est devenu, depuis 1993, un État fédéral composé
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Recettes
Les principales recettes versées au budget de l’Autorité fédérale
proviennent de l’impôt sur les revenus et de la taxe sur la valeur
ajoutée (TVA).
L’impôt sur les revenus comprend principalement l’impôt sur
le revenu global des personnes physiques (résidant en Belgique) et
l’impôt sur le revenu global des sociétés (dont le siège social est
localisé en Belgique), ainsi que l’impôt sur les revenus des non-
résidents et l’impôt sur les personnes morales (autres que les socié-
tés). En ce qui concerne l’impôt sur les personnes physiques, la fixa- La gestion de l’impôt sur les per-
tion des taux, la détermination de tranches de revenus, les avantages sonnes physiques a des effets sur
fiscaux existants (notamment pour les emprunts hypothécaires, les la conjoncture.
titres-services, les assurances vie et les avantages fiscaux regrou-
pés sous le vocable de fiscalité verte) ont des effets importants sur
la consommation des ménages, donc sur la conjoncture en géné-
ral, et constituent, notamment du fait de l’ampleur des recettes
engrangées (environ 35 % du total), un instrument important per-
mettant d’influer sur l’économie. Cela dit, ces politiques d’État se
mettent au service de certaines conceptions de la croissance (par la
consommation, l’orientation de l’épargne, le soutien à une économie
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Le ruling fiscal
Le système des décisions anticipées (ruling) a été introduit en droit belge en 2002. Même
s’il s’applique indifféremment à toutes les sociétés présentes en Belgique, le ruling a été mis en
place pour renforcer l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers (qui constitue un volet
important de la politique économique en Belgique, tant au niveau fédéral qu’aux niveaux régio-
naux). Le ruling permet aux sociétés déjà actives comme aux candidats investisseurs d’obtenir
gratuitement de la part du fisc une décision anticipée portant sur l’application des lois fiscales à
leurs opérations et aux situations qu’ils envisagent (notamment en matière d’investissement). Le
délai court de la prise de décision (en principe trois mois) et la sécurité juridique offerte (décision
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La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est un impôt sur les biens La TVA, un impôt sur les biens
et les services qui est supporté par le consommateur final et perçu et les services, est supportée par
par étapes successives, à chaque étape dans le processus de pro- le consommateur final.
duction et de distribution (précisément sur la valeur ajoutée à
chaque étape). Certains acteurs dont les activités ont un caractère
culturel ou social (notamment les médecins et les établissements
d’enseignement) sont exemptés de TVA. Les taux, fixés par arrêté
royal, sont de trois types selon les activités pratiquées : les biens
de première nécessité et les prestations de services à caractère
Politiques économiques
Les dépenses de l’Autorité fédérale comprennent notamment Des mesures fiscales avanta-
des politiques plus spécifiquement économiques destinées aux geuses pour les entreprises sont
entreprises. Dans un passé récent, se sont développées des mesures développées dans un cadre géné-
ral favorable à l’entrepreneuriat.
fiscales avantageuses pour les entreprises, combinées aux allège-
ments fiscaux décrits plus haut, dans un cadre général favorable
à l’entrepreneuriat avec des aides ciblées à la clé (sectorielles,
pour la création d’entreprises…). Par ailleurs, les politiques des
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Les régions
Depuis la réforme de l’État de 2001, les régions ont acquis une Les régions ont une part d’auto-
part d’autonomie en matière de politique fiscale et budgétaire, nomie en matière de politique
amenée à augmenter après l’application de la sixième réforme insti- fiscale et budgétaire.
tutionnelle, actuellement en cours d’adoption. Elles ont également
développé sur leur territoire des politiques économiques distinctes
de celles menées par l’Autorité fédérale. À leur niveau, les régions
sont peu à peu devenues des acteurs économiques majeurs qui inter-
agissent de plus en plus avec les acteurs privés.
La Région de Bruxelles-Capitale
La Région de Bruxelles-Capitale propose une série de primes et Les subsides de la Région de
de subsides à destination des entreprises. Les entrepreneurs bruxel- Bruxelles-Capitale sont plutôt
lois débutants peuvent être subsidiés à concurrence de 50 % de destinés aux petites et moyennes
entreprises.
leurs frais d’étude et de conseil préalables à la création de leur
entreprise. Une série d’aides spécifiques est prévue pour les indé-
pendants, les micro-entreprises et les PME autonomes en Région
de Bruxelles-Capitale. Il s’agit notamment d’aides à l’investissement
sous conditions (création d’un nouvel établissement ou extension
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La Région wallonne
Comme évoqué plus haut, l’arsenal d’aides économiques
wallonnes ressemble sur bien des points à celui de la Région de
Bruxelles-Capitale.
Ainsi, la Wallonie octroie une série d’aides financières aux entre- La Wallonie dispose d’instru-
prises lors de leur création, selon des critères sectoriels, territoriaux ments de soutien spécialisés,
et conjoncturels. La Région dispose d’instruments spécialisés pour comme la Sowalfin et la SRIW.
mettre en œuvre sa politique de soutien. La Sowalfin octroie des
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Le répertoire des aides publiques Midas, géré par la Direction générale opérationnelle de
l’Économie, de la Recherche et de l’Emploi du Service public de Wallonie, est une base de données
accessible aux intermédiaires financiers, aux consultants, et plus généralement à toutes les entre-
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Un volet original de la politique wallonne de soutien à l’écono- Le Plan Marshall 2.vert est un
mie, qui se distingue, par son ampleur, de ce qui a cours dans les volet original de la politique wal-
autres régions belges, est l’ensemble de mesures regroupé sous la lonne de soutien à l’économie.
coupole du Plan Marshall, devenu Plan Marshall 2.vert en 2009.
La régulation de l’économie
Les autorités publiques jouent un rôle de régulation et de super- Les autorités publiques jouent
vision de certains secteurs (banques, assurances, énergie, pharmacie, un rôle de régulation et de super-
communications, etc.), dont elles sont parfois un acteur, comme vision de certains secteurs.
dans le cas du secteur financier à travers leurs émissions obligataires,
outil de financement privilégié de l’État et de ses établissements
publics. Cette caractéristique de l’État d’être à la fois juge et partie
fait régulièrement l’objet de critiques. La régulation de l’économie
est aujourd’hui le fait d’autorités publiques diverses et d’institutions
L’Agence fédérale du médicament et des produits de santé (créée en 2007) est l’autorité
compétente en Belgique en matière de médicaments et de produits de santé. Elle veille à la
qualité, à la sécurité et à l’efficacité des médicaments et des produits de santé. En plus des autori-
sations de mise sur le marché (et des modifications ultérieures), elle a des compétences en recherche
et développement (évaluation, approbation, suivi et contrôle des demandes d’essais cliniques rela-
tifs aux médicaments et produits de santé). L’Agence fédérale du médicament et des produits
de santé a également des activités de vigilance face aux médicaments déjà autorisés (si des effets
secondaires s’accumulent, des retraits sont possibles) et concernant le bon usage et la publicité
en matière de médicaments et de produits de santé, en vérifiant notamment que les patients
ont accès aux informations pertinentes quant à leur utilisation. Ses activités d’inspection et de
contrôle – y compris des contrôles inopinés – visent toutes les étapes de la chaîne de production
et de commercialisation (fabrication, distribution, délivrance, importation, exportation). Dans ce
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L’intervention directe
L’État est également un acteur direct dans le monde écono- L’État est un acteur économique
mique, notamment par des prises de participation dans certaines direct dans certains secteurs
entreprises (voir plus haut à propos des groupes publics), mais pas jugés stratégiques ou d’utilité
publique.
uniquement. Il intervient directement dans certains secteurs jugés
stratégiques ou d’utilité publique en subventionnant les entreprises
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Les organisations patronales renforcent le pouvoir d’intervention Les organisations patronales ren-
des entreprises, et donc indirectement des groupes d’entreprises, forcent le pouvoir d’intervention
sur les plans économique, politique et social. Les entreprises ont des entreprises.
de multiples raisons de s’associer de façon durable pour promou-
voir leurs intérêts : faire pression sur les fournisseurs de matières
premières, mettre sur pied des services communs d’études juri-
diques et économiques, définir des positions communes en matière
commerciale, faire connaître leurs problèmes communs au pouvoir
politique, faire face aux syndicats, influencer l’image que se fait
l’opinion publique d’un secteur, d’une industrie ou des entreprises
au sens large…
D’autres structures sont moins connues du grand public, comme Les think tanks ont une fonction
les think tanks. Une cinquantaine de think tanks sont répertoriés en de recherche et de diffusion,
Belgique, dont un grand nombre recherchent la proximité avec les mais aussi de groupe de pression
patronal.
institutions européennes. Ils ont une fonction de recherche et de
diffusion, mais aussi de groupe de pression patronal.
Ainsi, le think tank Bruegel est une association sans but lucratif Bruegel.
internationale de droit belge spécialisée dans l’économie. Fondé
en 2005 à Bruxelles, il compte parmi ses membres des États euro-
péens, des institutions internationales et des entreprises multi-
nationales. Il existe également quelques think tanks inspirés par Finance Watch.
des syndicats ou des organisations non gouvernementales, tels
que Finance Watch, créé à Bruxelles en juin 2011 à l’initiative de
22 députés européens.
À un niveau international, des représentants belges du monde Le groupe de Bilderberg.
des affaires participent aux réunions du groupe de Bilderberg, créé
en 1954 aux Pays-Bas, rassemblement informel et annuel de 120
à 150 personnalités des affaires, de la diplomatie, de la politique
et des médias, provenant aux deux tiers d’Europe et pour le reste
d’Amérique du Nord. En 2013, les représentants belges compre-
naient le vicomte Étienne Davignon (ancien vice-président de la
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Nous avons vu précédemment que l’État dispose de certains Les syndicats, les organisations
moyens d’action pour tenter de contrôler, réguler, voire limiter le de consommateurs, les associa-
pouvoir économique de certains acteurs. L’État n’est pas le seul à tions militantes et les médias
constituent des contre-pouvoirs
jouer le rôle de pouvoir compensateur par rapport à la puissance
économiques.
des grands groupes ou de leurs dirigeants. Au cours du temps se
sont développés des contre-pouvoirs au sein de la société civile, tels
que les syndicats, les organisations de consommateurs ou d’autres
associations militantes. Les médias et leur influence sur l’opinion
publique peuvent également jouer un rôle de contre-pouvoir.
Précisons d’emblée que le rôle de contre-pouvoir joué par Ils n’ont pas la capacité de contre-
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Les syndicats
Les syndicats sont nés dans le but de rendre plus efficace l’op-
position des travailleurs au pouvoir du chef d’entreprise et, plus
Depuis longtemps, le commerce a une maxime : « Le client Seul, le consommateur n’est pas
est roi ». S’il est vrai que le consommateur, par le grand choix de en mesure de se défendre effica-
produits qui s’offre à lui, rend chaque achat substituable et donc cement face aux abus de certaines
entreprises.
facultatif, il n’est cependant pas en mesure, par ses seules ressources,
Ces dernières décennies, se sont développées des organisations Les organisations militantes inter-
à amplitude internationale, actives dans le domaine de l’écologie, nationales sont actives dans le
des rapports Nord-Sud, des droits de l’homme, de la lutte pour domaine de l’écologie, des rapports
Nord-Sud, des droits de l’homme,
la justice fiscale, etc. (Attac, Comité pour l’annulation de la dette
de la lutte pour la justice fiscale…
Les médias sont à la fois un domaine d’investissement pour L’influence des médias dépasse
des groupes d’entreprises, parfois d’envergure mondiale, et un sec- largement leur poids écono-
teur qui fait l’objet d’attentions particulières de la part des pou- mique, sans pour autant en faire
le « quatrième pouvoir ».
voirs publics. Du fait de sa nature même, le secteur des médias
occupe une place particulière au sein du monde économique : les
pouvoirs publics y sont très présents, tant de manière directe que
comme pouvoir régulateur (des règles spécifiques et détaillées s’y
appliquent), avec pour enjeu l’indépendance – ou du moins l’auto-
nomie – des acteurs du secteur. Par ailleurs, l’influence des médias
dépasse largement leur poids économique, sans pour autant en faire
le « quatrième pouvoir ».
Le pouvoir économique n’est pas un concept conditionne aussi, et d’autant plus en temps de
abstrait. Il a des implications concrètes sur la vie crise, la décision politique.
de tout un chacun, notamment à travers le rôle Par ailleurs, la décision politique est souvent,
politique joué par les groupes d’entreprises. En ce pour ne pas dire toujours, le fruit d’un compro-
sens, les travaux réalisés depuis plus de 50 ans mis ou d’un arbitrage entre des intérêts différents
par le CRISP ont montré que la réalité politique et souvent contradictoires – contradictoires y
se trouvait bien souvent éloignée d’une concep- compris au sein du monde économique lui-même.
tion littérale qui voit dans l’État un appareil de Les hommes et les femmes qui détiennent effecti-
commandement exerçant ses fonctions en toute vement les leviers de commande sont soumis à des
indépendance et ajustant ses décisions, en toute pressions multiples et constamment renouvelées.
objectivité, au seul intérêt général. Les groupes intéressés à la décision jouent un rôle
Le pouvoir politique n’est pas une puissance dans l’élaboration de celle-ci.
autonome qui échappe au cadre global dans Les acteurs économiques disposent à cet effet
lequel elle se situe – pas plus que les autres pou- d’un arsenal de moyens d’action fourni, que ce
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F. Chazel, « Pouvoir, structure et domination », J. Lhomme, Pouvoir et société économique, Paris, Cujas,
Revue française de sociologie, XXIV (3), 1983, p. 369. 1966.
2 6
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intended effects ». Références : B. Russell, Power: www.actionnariatwallon.be.
7
A new social analysis, Londres, Allen and Unwin, Office européen des brevets, Office de l’harmonisa-
1938, p. 18. tion dans le marché intérieur, « Intellectual property
3 rights intensive industries: contributions to econo-
R. Aron, « Note sur le pouvoir économique », Revue
économique, v. 9, n° 6, 1958, p. 849-858. mic performance and employment in Europe »,
4
Le pouvoir politique, au sens moderne de Munich/Alicante, septembre 2013.
8
nos démocraties, est un pouvoir de droit, qui trouve La législation sur le brevet unitaire européen est
en principe sa légitimité dans l’assentiment du composée de deux volets : l’institution du brevet pro-
peuple, notamment par le mécanisme des élections. prement dit (signé par tous les États membres sauf la
Le pouvoir politique est réglé par un fonctionne- Croatie, l’Espagne et l’Italie) et l’institution de la juri-
ment reconnu, assuré par le jeu des institutions. Son diction unique des brevets (signée par tous les États
fondement repose donc sur le respect des circuits membres sauf la Croatie, l’Espagne et la Pologne).
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légaux qui mènent à la prise de décision et à l’ap- Direction centrale de lutte contre la criminalité éco-
plication de cette décision. Dans une démocratie nomique et financière de la police judiciaire fédérale,
représentative, le citoyen est censé admettre ration- Rapport 2012, Bruxelles, juillet 2013.
nellement un pouvoir qu’il a délégué, et censé se 10
De plus amples détails concernant ces deux cas
soumettre à des lois qui s’imposent à tous. Telle précis peuvent être trouvés dans : D. L. Spar,
est l’idée du contrat social théorisé successivement L. La Mure, « The power of activism: Assessing
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Sites Internet
www.actionnariatwallon.be
www.vocabulairepolitique.be
Agence de notation : organisme privé qui évalue le risque de solvabilité financière d’entreprises, de
banques et d’organismes publics dont des États. Ces dernières années, des critiques de plus en plus
fréquentes se sont élevées à l’égard de ces agences, et des initiatives ont été prises, aux États-Unis comme
en Europe, pour encadrer les agences de notation et leur imposer une plus grande transparence. Mais
leurs effets restent limités.
Bourse : système organisé d’échange et de cotation de produits et de services, et, plus spécifiquement,
des titres ou des valeurs mobilières. La bourse constitue l’une des composantes du système financier :
elle est à la fois un lieu de financement pour les entreprises, les États ou les collectivités et un lieu de
placement pour les investisseurs. Marché réglementé, la bourse organise les transactions de nombreux
produits financiers négociables, parmi lesquels les actions (titres de propriété d’une société), les obli-
gations (titres de créances) ou encore les produits dérivés, mais aussi les devises, les matières premières,
les produits pétroliers ou les denrées alimentaires.
Concentration économique : terme qui exprime une situation, la répartition du pouvoir économique
entre les mains d’un petit nombre d’acteurs, et un processus d’évolution, le passage d’une économie de
petites entreprises et de concurrence à une économie de grandes entreprises et de monopole, éventuel-
lement dans un contexte internationalisé.
Concertation économique et sociale : discussions entre les interlocuteurs sociaux et un gouvernement
sur des matières économiques et sociales. Dans le langage courant, le terme de concertation désigne
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