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13.09.

2023

Économie internationale
Licence 3 Économie Appliquée
Université Paris Dauphine - PSL
1er semestre

A. Sztulman aude.sztulman@dauphine.psl.eu (P115)


Séance 1 : Introduction générale

- Présentation générale du cours

- Chapitre introductif
Organisation générale du cours (1)

• 12 séances de cours et TD : le mercredi de 13h45 à 17h (dont le


contrôle continu).

• Tous les documents (supports de cours, exercices, lectures


complémentaires,…) sont en ligne sur Moodle et nous disposons
d’une équipe Teams.
Organisation générale du cours (2)

• 1 contrôle continu (50%) : semaine du 30/10 au 04/11/2023


(semaine 8 et non 7).

• 1 examen final (50%) : semaine du 11/12 ou 16/12/2023 (après


une semaine de révision).

• Examen d’appel : semaine du 17/06 au 22/06/2024 (à confirmer).

• Etudiants en mobilité.
Bibliographie conseillée

- Guillochon B., Peltrault F. et Venet B. (2020), Économie internationale , 9ème édition,


Dunod. (GKPV)
- Krugman, P., M.Obstfeld et M. Melitz (2022), Economie internationale, 12ème édition,
Pearson Education France. (KOM)

Et aussi…
- Ledezma I., Lenoble H. (2021), Économie internationale, 1ère édition, Presses Universitaires de France - P.U.F..
- Allegret J.-P., Pascal Le Merrer P., Ünal D. (2020), Économie de la mondialisation, Une reconfiguration en marche,
1ère édition, De Boeck Supérieur.
- Guillochon B. et Kawecki A. Économie internationale, Travaux dirigés, Paris, Dunod, 2000.
- Mayer T. et J-L. Mucchielli, Économie internationale, 2e édition, Hypercours, Dalloz, Paris, 2010.
- Rainelli M., Le commerce international, 11ème édition, Coll. Repères, La Découverte, 2015.
Exemples de sources

Sources de données, rapports, documents de recherche…


– WTO : https://www.wto.org/index.htm
– OECD : https://www.oecd.org/trade/
– WITS (World Integrated Trade Solution) : https://wits.worldbank.org/
– UNCTAD : https://unctad.org/
– IMF Direction of Trade Statistics (DOTS) :
https://data.imf.org/?sk=9D6028D4-F14A-464C-A2F2-59B2CD424B85
– CEPII : http://www.cepii.fr/ (CHELEM, Profils Pays, Profils Régions…)
OBJET du COURS
▪ Chapitre introductif : dresser le tableau des principaux faits qui caractérisent le
processus de mondialisation commerciale et l’environnement économique
international.

▪ Chapitres suivants : présenter les outils théoriques permettant d’étudier la


mondialisation des échanges, ses déterminants et ses conséquences,

▪ Mise en relation des analyses théoriques et des constats empiriques.

L’analyse à partir des outils théoriques est essentielle, sa mise en perspective


avec les faits et les études empiriques aussi (apports de la recherche en
économie internationale).
OBJET du COURS
▪ Analyse des relations économiques internationales : flux d’échanges entre les
économies nationales

➢ Flux de marchandises & de services le commerce international au sens « strict »


➢ Autres dimensions de la mondialisation : la mondialisation commerciale est au
centre de de nos analyses mais ses liens avec les autres dimensions de la
mondialisation doivent également être pris en compte.

▪ Des sujets étudiés depuis longtemps et aujourd’hui de première importance afin


d’éclairer les débats sur les avantages et les coûts de la mondialisation des échanges.
Économie internationale

• Ce que nous allons étudier


Le commerce international et la mondialisation commerciale :
causes, caractéristiques et conséquences

• Ce que nous n’allons pas étudier :


La macroéconomie (ou finance) internationale : analyse des flux monétaires et
financiers entre pays, notamment détermination des taux de change entre monnaies,
déséquilibres du compte courant,…
Les migrations internationales de travailleurs, les investissements directs à
l’étranger (IDE)…
QUESTIONS ?
▪ Pourquoi les pays commercent-ils entre eux ? Etude des déterminants des échanges
commerciaux.
▪ Quelles sont l’ampleur et la nature des échanges commerciaux internationaux
(évolution et structure des échanges) ?
▪ Quel est l’impact de l’ouverture au commerce international sur les économies
nationales ?
✓ Quels choix de politiques commerciales doit faire un pays pour sa prospérité
économique ?
✓Ouverture commerciale et répartition des gains à l’échange :
Qui sont les « gagnants » et les « perdants » de la mondialisation ?
Les échanges commerciaux sont-ils à l’origine d’un accroissement des inégalités
« internes » de revenus ?
Quels effets sur les différentes catégories de travailleurs, sur les territoires,… ?
Plan
 Chapitre introductif

 Chapitre 1 - Le modèle « classique » des avantages


comparatifs : le modèle ricardien.

 Chapitre 2 - Dotations factorielles et échange international :


le modèle HOS.

 Chapitre 3 – Critiques et dépassement des théories


traditionnelles de l'échange : économies d’échelle et
concurrence imparfaite. L’apport des « nouvelles »
théories du commerce international.
Chapitre introductif
La mondialisation commerciale : un état des lieux

• 1. Définition(s) et perspectives historiques :


mondialisations d’hier et d’aujourd’hui
• 2. La mondialisation commerciale : de la 2ème vague à
une nouvelle vague ?
• 3. Acteurs du commerce mondial, nature des biens
échangés et modalités des échanges commerciaux
• 4. La mesure de la spécialisation internationale des
économies
• 5. Conclusion : « Perceptions » de la mondialisation.
Mondialisation : définition(s)
Processus d’évolution de l’économie mondiale qui intensifie les liens entre les
économies nationales.

Intégration économique croissante selon plusieurs dimensions :


• Le commerce des biens et des services
• Les investissements directs à l’étranger (IDE) et les flux financiers de capitaux à
court terme (titres, monnaies)
• La diffusion des technologies et des connaissances
• Les migrations internationales de travailleurs

Interdépendance économique internationale croissante : ce processus


d’évolution de l’économie mondiale est source de chocs entre des systèmes
économiques différents pour les Etats, les entreprises, les travailleurs,…
Mondialisation : définition(s)
« Pour comprendre les évolutions en cours, il faut élargir la
focale, embrasser l’ensemble des dimensions d’une
mondialisation multiforme, que l’on peut définir par la
forte intensité des interactions économiques
internationales. Le degré d’intégration des marchés des
biens et services, du travail et du capital en est bien entendu
une dimension prépondérante, mais la circulation des
informations, des technologies, voire des opinions en est
une autre caractéristique structurante. »

S. Jean, « La démondialisation n’aura pas lieu », L’économie


mondiale 2018, CEPII, p.55.
Texte en ligne sur Moodle
Mondialisation : définition(s)
MAIS pas d’intégration totale ou de « marché mondial unique » (suite…) :

"The rules of the game have changed forever. [...] Professionals everywhere, from China
to Costa Rica, can work from home as if they were in offices next door to each other,
which requires us to run faster in order to stay in the same place.”
(Friedman 2005, The World is Flat)

"Friedman is right that there have been dramatic changes in the global economy, in the
global landscape; in some directions, the world is much flatter than it has ever been,
with those in various parts of the world being more connected than they have ever been,
but the world is not flat [...]."
(Stiglitz 2007, Making Globalization Work)
Mondialisation : définition(s)
MAIS pas d’intégration totale ou de « marché mondial unique » :

- Certains biens et services ne font pas l’objet de commerce international : biens et


services non échangeables et/ou non échangés (services de proximité…).

- Les pays peuvent continuer de « se protéger » : politiques commerciales (droits de


douane, obstacles non tarifaires).

- Il existe d’autres « obstacles » qui freinent le commerce indépendamment des


protections commerciales Ensemble des coûts du commerce : distances
géographiques, préférences des consommateurs, différences institutionnelles,
réglementaires ou « culturelles » (langues, monnaies, rôle des « effets frontières »)…
Mondialisation : définition(s)
MAIS pas d’intégration totale ou de « marché mondial unique » (suite…) :

- La mobilité internationale croissante des entreprises et des facteurs de production


n’implique pas automatiquement une répartition géographique harmonieuse et une
dispersion des activités de production : phénomènes de polarisation géographique,
sources d’inégalités régionales au sein même des pays.

« La mondialisation se définit […] comme l’accélération sans précédent de la liberté de


localisation des firmes dans l’espace mondial. Cette liberté ne se traduit toutefois pas
nécessairement par une dispersion des unités productives dans cet espace ».
(Mouhoud E.M. (2017), Mondialisation et délocalisation des entreprises,
5ème édition, Coll. Repères, La Découverte, p.8).

- Rôle éventuel des politiques nationales relatives aux autres dimensions de la


mondialisation : contrôles des flux de capitaux, contrôles des flux migratoires,...
Mondialisation : définition(s)

WEBCONFÉRENCE DE PRÉSENTATION DE L'OUVRAGE


ANNUEL DU CEPII « L'ÉCONOMIE MONDIALE » :
- 2024, L’économie mondiale en phase de recomposition
- 2023, L’économie mondiale évitera-t-elle le précipice ?
- 2022, Avec la Covid, en attendant l’après.
- 2021, Etat de choc.

Antràs, Pol., Vidéo de la présentation du Working Paper.


“De-Globalisation? Global Value Chains in the Post-COVID-19 Age”
(de la 6ème à la 27ème min.)
En ligne sur Moodle
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui

La mondialisation, un phénomène sans précédent ?


« Le terme « mondialisation » est couramment utilisé pour caractériser l’interdépendance croissante
des économies. Si certains ont pu y voir l’avènement d’un « monde sans frontières »,
l’intensification des relations économiques internationales évolue en réalité selon des modalités
complexes et une tendance qui n’est ni linéaire ni irrévocable. En dépit du caractère spectaculaire
des évolutions récentes, le phénomène n’est d’ailleurs pas sans précédent puisque le xixe siècle a
lui aussi connu une période de mondialisation. Pour beaucoup de pays, le niveau d’intégration
commerciale de la fin du xixe siècle n’a été dépassé que très récemment. Entre-temps, en effet, les
relations économiques internationales s’étaient massivement détériorées pendant l’entre-deux-
guerres. L’interdépendance économique internationale est le résultat de l’intensification du
commerce de biens, mais aussi des flux financiers, migratoires ou informationnels. »
Fouquin M., Hugot J., Jean S. (2016), « Une brève histoire des mondialisations commerciales »,
L’économie mondiale 2017, CEPII, p.22.
Texte en ligne sur Moodle
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui

La mondialisation, un phénomène nouveau ?


• « What an extraordinary episode in the economic progress of man that age which came
to an end in August, 1914! (…) The inhabitant of London could order by telephone,
sipping his morning tea in bed, the various products of the whole earth, in such quantity
as he might see fit, and reasonably expect their early delivery upon his doorstep; he
could at the same moment and by the same means adventure his wealth in the natural
resources and new enterprises of any quarter of the world (…). But, most important of
all, he regarded this state of affairs as normal, certain, and permanent, except in the
direction of further improvement and any deviation from it as aberrant, scandalous, and
avoidable. »
John Maynard Keynes, The Economic Consequences of the
Peace (1919), Chapter II.
Sur le long terme : alternance de phases d’ouverture et de repli

Source : Fouquin
M., Hugot J., Jean
S. (2016), « Une
brève histoire des
mondialisations
commerciales »,
L’économie
mondiale 2017,
CEPII.
Un mot sur le taux d’ouverture commerciale…
• Une mesure du poids du commerce international dans le fonctionnement de
l’économie : le degré d’ouverture
(X+M)/PIB
ou X/PIB et M/PIB (ou M/(PIB+M-X))

Cet indicateur est très souvent utilisé car les données sont disponibles pour de
nombreux pays et sur longue période mais :

- Différences « structurelles » entre les pays : rôle de la taille du pays, de la


géographie, des politiques commerciales…

- Comparaison d’éléments hétérogènes : le PIB ne contient que des VA contrairement


aux flux de commerce (le niveau d’ouverture peut donc être surestimé).
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui

Source : OMC (2023), Rapport sur le commerce mondial.

23
Evolutions parallèles dans les pays (aujourd’hui) avancés
mais avec des intensités différentes
Sur le long terme : alternance de phases d’ouverture et de repli

Degré d’ouverture
par pays

Depuis 1870, essor puis


déclin… et nouvel essor du
commerce international

Source: KOM, 9e éd.


1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui

Raisons généralement avancées pour expliquer la croissance


des échanges mondiaux de biens et de services ?
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et
d’aujourd’hui
Raisons généralement avancées pour expliquer la croissance des
échanges mondiaux de biens et de services :

▪ Baisse des coûts des transport et autres coûts de transaction


La mondialisation résulte du progrès technologique.

▪ Evolution des politiques commerciales


La mondialisation résulte d’une succession de choix politiques.

▪ Division internationale du travail et fragmentation technique des


processus productifs au niveau international (interdépendance avec les
2 facteurs précédents).
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui
La baisse des coûts de transport
La baisse des coûts de transport
Source: Orefice G. « Coûts
de transport. Une baisse en
phase avec le dynamisme
des échanges
commerciaux. », CEPII,
Carnets graphiques, 2018.
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui

Droits de douane (moyenne mondiale)

Source:
Williamson, J. G.
(2002), “Winners
and Losers in
Two Centuries of
Globalization”,
2002 WIDER
Annual Lecture .
Un mot sur la définition des tarifs…

 Les droits de douane (DD) varient d'un produit à l'autre.


 Différentes formes de droits (ad-valorem, spécifiques,…).
 Certains produits sont exempts de droits.

 Il existe plusieurs manières « d'agréger » les DD en une mesure


globale : moyenne simple ou moyenne pondérée (par le commerce).

 Autre indicateur : les revenus tarifaires / valeur totale des


importations ou valeur des importations soumis à DD.

Des difficultés de mesure


La protection commerciale selon les pays…

Source : Fouquin M.,


Hugot J., Jean S. (2016),
« Une brève histoire des
mondialisations
commerciales »,
L’économie mondiale 2017,
CEPII.
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui
La hausse des tarifs douaniers dans l’entre-deux guerres

Evolution sur longue période des tarifs douaniers


sur les biens manufacturés

1875 1913 1931 1950 1980 1990 2001 2008


Allemagne 4-6 13 21 26 - - -
Belgique 9-10 9 14 11 - - -
France 12-15 20 30 18 - - -
Royaume-
Uni 0 0 - 23 - - -
UE 5,7 5,9 4,1 3,8
Etats-Unis 40-50 44 48 14 7 4,8 3,4 3,2
Source: Mucchielli-Mayer, d'après Bairoch (1994) et OMC (2002, 2009)
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui

Source: Guimbard H. « Droits


de douane. Une baisse
considérable », CEPII,
Carnets graphiques, 2018.
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui
Diminution de la protection douanière entre 2001 et 2019

Entre 2001 et 2019, la protection


douanière a
diminué de 3,7 points de
pourcentage

dont près de la moitié du


fait de libéralisations décidées
unilatéralement par les pays.

Texte en ligne sur Moodle

Source : Guimbard H., Lefebvre K., « Protection commerciale : moins de droits de douane, plus de protection temporaire », La Lettre du CEPII, N°431, octobre 2022.
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui

L’agriculture est le secteur le


plus protégé
avec 15,9 % en moyenne au
niveau mondial en 2019,
contre 3 % pour l’industrie

Texte en ligne sur Moodle

Source : Guimbard H., Lefebvre K., « Protection commerciale : moins de droits de douane, plus de protection temporaire », La Lettre du CEPII, N°431, octobre 2022.
Plus récemment, les obstacles techniques au commerce (OTC)

OTC : normes de
fabrication et de
sécurité, « barrières »
administratives…
1 - Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui

Source: Guimbard H. « OMC. À la recherche d’un nouveau


164 Membres au 29 juillet 2016 souffle. », CEPII, Carnets graphiques, 2018.
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui

En parallèle du processus de libéralisation multilatérale (basée sur


le principe de non-discrimination : même niveau de protection
appliqué à tous les membres) :

Multiplication des accords de commerce via la création


de nombreux accords préférentiels et régionaux (accords de libre-
échange, unions douanières, marchés communs).

Mais aspect « discriminatoire » des accords préférentiels


de commerce : risque d’effets de « diversion » du commerce.
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui
La mondialisation commerciale sur le long terme : alternance de
phases d’ouverture et de repli (1)

• Du XIXème au début XXème : 1ère mondialisation (entre la seconde moitié du


XIXe siècle et 1914).

✓ Croissance de la part du commerce mondial dans le PIB mondial liée aux progrès
techniques de la deuxième révolution industrielle.

✓ Diminution des coûts de transport avec le développement du chemin de fer et


l’amélioration des moyens de transport maritimes. Réduction de coûts de
transaction avec le développement des réseaux télégraphiques et téléphoniques.

✓ Développement des échanges interbranches (biens manufacturés contre biens


agricoles).
La mondialisation commerciale sur le long terme : alternance de
phases d’ouverture et de repli (2)

• Première guerre mondiale puis entre-deux guerres avec la grande


dépression de 1929 (1914-1940) : période de repli et de fort
ralentissement du commerce international.

Généralisation des politiques commerciales protectionnistes (« guerre des


droits de douane » et « beggar thy neighbor policies »), spirale à la baisse
des échanges commerciaux et accélération de la baisse de la production
(récession et chômage).
La mondialisation commerciale sur le long terme : alternance
de phases d’ouverture et de repli (3)
• Après 1945 : 2ème mondialisation portée par le choix en faveur de
libéralisation des échanges commerciaux internationaux et de l’ouverture de
la part des entreprises et de plus en plus d’États.

✓ Création des institutions de Bretton –Woods (IMF, WB) et du GATT (devenu


WTO) entraînant une réduction des barrières tarifaires et non tarifaires,
développement des accords commerciaux régionaux (EEC, NAFTA,…) et
bilatéraux.

✓ Baisse des coûts de transport (transport maritime par conteneurs) et de


communication (TIC).
✓ Développement des échanges intra-branches.

✓ Croissance du PIB mondial exceptionnelle pendant « les 30 Glorieuses »


accompagnée d’une augmentation des échanges encore plus spectaculaire.
Les caractéristiques de la mondialisation ont évolué
d’une vague à la suivante :
▪ Dynamisme « ancien » du commerce international de marchandises et des
investissements directs à l’étranger (IDE).

▪ Dynamisme plus récent pour la globalisation financière et la diffusion des


technologies et des connaissances.

▪ Les migrations internationales de travailleurs ne sont pas un fait nouveau mais


concernent désormais une part croissante de personnels qualifiés. (Mouhoud,
2017)
1. Perspectives historiques : mondialisations d’hier et d’aujourd’hui
La mondialisation et ses évolutions :
sur le long terme et plus récemment
Première et deuxième Mondialisation,
vagues de
mondialisation:
Hypermondialisation,
• Quand commence la
mondialisation ? Démondialisation ou
« retour à la normale »
• Dynamiques anciennes ou « Slowbalisation /
et nouvelles. Moudialisation » ?
(cf. texte en ligne de puis «Friendshoring /
Fouquin, Hugot, Jean, Amilocalisation »?
2016) (cf. textes en ligne sur Moodle)
Sur le long terme : alternance de phases d’ouverture et de repli

Indice de l’ouverture commerciale: somme des exportations et importations mondiales


divisée par le PIB mondial (en %)

Source : Douglas A. Irwin, «The pandemic adds momentum to the deglobalization trend », PIIE, Realtime Economic Issues Watch (blog), 23 avril 2020.

51
2. La mondialisation commerciale : de la 2ème vague à une
nouvelle vague ?

La 2ème vague de mondialisation a redonné une place importante au


commerce international dans le fonctionnement des économies
nationales.

Mais elle ne correspond pas à un retour à la situation existante au début


du 20ème siècle.

La structure des échanges commerciaux internationaux est très


différente et d’importants changements sont observés tant dans la
nature des biens échangés que dans les modalités des échanges avec
les développements récents des échanges de biens intermédiaires et
de services ainsi que du commerce intra-branche et intra-firme.
Ouverture croissante au commerce
Monde (1950-2015)

Depuis 1950 (et surtout la fin des années 60), le commerce croît beaucoup plus vite que la production,
sauf dans la période récente (depuis 2012).

Taux de croissance annuel moyen Taux de croissance annuel


de la décennie (%) (2008-15) De 1950 à 2015, les
10 20
9
exportations
15
8 mondiales en volume
7 10
6 ont été multipliées par
5 5

4
37,8 et la production
0
3 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 mondiale en volume
2 -5
1
par 9 (source OMC).
-10
0
1950-60 1960-70 1970-80 1980-90 1990-2000 2000-10
-15
Exportations mondiales en volume
Exportations mondiales en volume
Production mondiale en volume
Production mondiale en volume

Source : OMC.
Evolution du commerce mondial et du PIB mondial

Le commerce mondial désigne la moyenne des exportations et des importations mondiales.


Source: FMI, World Economic Outlook (2022)

54
Source: OMC World Trade Statistical Review, 2022.
Le commerce mondial de crise en crise

Source: FMI, World Economic Outlook, 2022

56
Phase « d’hypermondialisation »

Après la fin de la Guerre froide (effondrement du bloc soviétique, « consensus de


Washington », création de l’OMC,…) et jusqu’à la crise de 2008/09 : phase
« d’hypermondialisation » (qualifiée parfois 2ème phase de la 2ème vague).

• Commerce croissant de marchandises mais aussi de services grâce à la


révolution des technologies de l’information et de la communication (TIC),
permettant une circulation accélérée de l’information (Internet).

• Développement des mouvements de capitaux (dérèglementation financière).

• Fragmentation internationale des processus de production et développement


des chaînes de valeur mondiales (avec notamment une externalisation
accélérée des « tâches »).
Ralentissement du commerce
à partir des années 2010 et jusqu’en 2019
• Sur-réaction du commerce pendant la crise de 2008 (chute profonde du commerce en
2009 puis retour rapide au niveau pré-crise)
• Puis croissance plutôt proche (et faible) des exportations et de la production : retour à
la normale après une phase d’hypermondialisation et avant la crise sanitaire ?

Croissance du commerce mondial de biens et services en volume (resp. de la


production mondiale) dans les années récentes :

2,2% (3,3) en 2016, 5,6% (3,8) en 2017, 3,9 % (3,5) en 2018,


0,9 % (2,8) en 2019,-7,9 % (-3,1) en 2020 et 10,7 % (6,3) en 2021 .
Estimations pour 2022 : 5,2 % (3,5)
Projections pour 2023 et 2024 : 2,0 % (3,0) et 3,7% (3,0).
Source : IMF, WEO, update July 2023.
Surréaction du commerce pendant la crise de 2008

Facteurs explicatifs

• Effet de composition : firmes et ménages repoussent les dépenses qui peuvent l'être. Ceci
concerne une part plus grande des biens échangés à l'international (biens manufacturés,
d'investissement) que de l'ensemble du PIB. Demande des biens manufacturés plus cyclique
que celle des services et des produits agricoles.

• Effets démultipliés par les chaines de valeur internationales (« global value chains ») : les
exportations incorporent de plus en plus d’intrants intermédiaires importés, ce qui accentue la
cyclicité du commerce.

• Rôle de la finance (grande part des échanges financés par du « trade credit ») : restriction des
crédits commerciaux, détérioration des garanties (plus indispensables aux exportations).
Ralentissement entre 2009 et 2019 de la croissance du commerce mondial et
plafonnement du ratio commerce/PIB mondial

Facteurs explicatifs : rôle de facteurs conjoncturels et / ou structurels ?


▪ Facteurs conjoncturels : crise financière de 2008-09 et politiques macroéconomiques de rigueur
à l’origine d’une faible demande globale, récession dans certains pays (notamment de l’UE),
niveaux des dettes publiques et privées.

▪ Facteurs structurels :

* Rééquilibrage de l’économie chinoise : recentrage sur le marché intérieur.


* Changement dans la dynamique de la fragmentation internationale des chaînes de
production : essoufflement, relocalisations d’activités antérieurement délocalisées,
recomposition sur des bases régionales des chaînes de valeurs mondiales ?
* Résurgence du protectionnisme ? Avant la pandémie !
Texte en ligne sur Moodle
Ouverture croissante au commerce

Source: Jean S., « Ouverture commerciale mondiale. Deux bonds et un plateau. », CEPII, Carnets graphiques, 2018.
Source : Bensidoun I., « La crise du Covid-19 ouvre-t-elle la voie à Source : OMC (2023), Rapport sur le commerce mondial.
une mondialisation moins débridée ? », Billet du 4 janvier 2022,
Blog du CEPII.
Source : OMC (2021), Rapport sur le commerce mondial.
“Are you talking about
the new normal of an
hour ago, or is there a
new new normal right
now?”

The New Yorker, Daily Cartoon: Monday, March 30th


« LA REMONDIALISATION POUR UN AVENIR SÛR, INCLUSIF ET DURABLE » (OMC, 2023) ?

« La principale conclusion du
rapport est que le commerce
international, ancré dans un
système commercial multilatéral
renforcé, joue un rôle indispensable
dans l’instauration
d’un monde plus sûr, plus inclusif
et plus durable. Sur la
base de ces conclusions, le rapport
avance la thèse selon
laquelle la “remondialisation”,
dans le sens d’une extension
de l’intégration du commerce à
un plus grand nombre de
personnes, d’économies et de
questions, vaut mieux que la
fragmentation. »
(Résumé exécutif)
Source : OMC (2023), Rapport sur le commerce mondial.
3. Acteurs du commerce mondial, nature des biens
échangés et modalités des échanges commerciaux

• Quels sont les principaux acteurs du commerce mondial ?

• Quels sont les produits échangés et selon quelles modalités?

✓ Échanges de biens manufacturés mais aussi de services


✓ Echanges de biens intermédiaires
✓ Échanges intra-branches
✓ Échanges intra-firmes
Principaux acteurs en 2019

Source : WTO, World Trade Statistical Review 2020.


67
Principaux acteurs : évolutions

Source: European Commission


68
Les grands acteurs du commerce mondial :
l’émergence de la Chine (1980-2016)
« Le choc chinois » (1)

Source: Lemoine F.
« Exportations de
produits manufacturés.
Le choc
chinois. », CEPII,
Carnets graphiques,
2018.
« Le choc chinois » (2)

Source: Lemoine F. « Importations de produits primaires. La Chine bouleverse les marchés mondiaux. », CEPII, Carnets
graphiques, 2018.
Une ouverture aux échanges variable et en évolution

72
Un rôle de moins en moins prédominant des pays avancés.

Part des pays développés dans les exportations


mondiales, 1950-2014 (en %)

Source: Jean S., « Exportations et PIB. Fin de la domination sans partage


des pays riches de l’OCDE », CEPII, Carnets graphiques, 2018.
Essor des pays émergents et en développement dans le
commerce international

Source: R. Zagha (ed.), (2005), Economic Growth in the 1990s: Learning from a Decade of Reforms, World Bank.
L’importance du commerce « intra bloc »
(et notamment du commerce intra-européen)

Source : Économie de la mondialisation. Une reconfiguration en marche. Jean-Pierre Allegret, Pascal Le Merrer, Deniz Unal, 1re Édition | Septembre 2020. De Boeck.
Un rééquilibrage qui doit beaucoup au développement
du commerce régional en Asie-Océanie

L’Asie est
désormais au
centre des flux
majeurs
intercontinentaux

Source : Économie de la mondialisation. Une reconfiguration en marche. Jean-Pierre Allegret, Pascal Le Merrer, Deniz Unal, 1re Édition | Septembre 2020. De Boeck.
L’importance du commerce « intra bloc »
(et notamment du commerce intra-européen)

Source : Économie de la mondialisation. Une reconfiguration en marche. Jean-Pierre Allegret, Pascal Le Merrer, Deniz Unal, 1re Édition | Septembre 2020. De Boeck.
L’importance du commerce « Nord-Nord » Une illustration : la répartition
géographique du commerce extérieur de l’UE

Source: KOM.
Produits échangés : Le poids du secteur manufacturier

La composition
du commerce
mondial, en 2016

Source: KOM.
Produits échangés : Le poids du secteur manufacturier
Evolution sur le long terme
Les biens manufacturés en pourcentage du commerce de
marchandises, 1913 et 2016

Source:
KOM, 11e éd.
Une part en hausse des exportations de produits
manufacturés également dans les pays en développement
Evolution de la composition des exportations des PED

Source: KOM, 11e éd.


Produits échangés : L’essor des échanges internationaux de services

Source: Bensidoun I., Ünal D., « Échanges de services. Miroir d’un monde globalisé.», CEPII, Carnets graphiques, 2018.
Produits échangés : l’essor des échanges internationaux de services

• Une part des services dans le commerce mondial relativement stable,


passant de 15% à 20% entre 1967 et 2016

• Mais des services de plus en plus échangés => Délocalisation croissante de


leur production : Accord général sur le commerce des services - AGCS - dans
le cadre de l’OMC (en 1995) et révolution des technologies de l’information et
de la communication (TIC)

• Les échanges de services les plus dynamiques concernent :


- les brevets issus de la R&D et les redevances,
- les services aux entreprises : finance et assurance notamment.

84
Source: Sébastien Jean & Deniz Ünal, JECO 2015, Atelier DGESCO, 14 octobre 2015.
http://ses.ens-lyon.fr/fichiers/Articles/atelier-jeco-sebastien-jean-comm-intern-20151014.pdf
Répartition du commerce mondial par stades de production (%)

Source: Authors’ calculations from CEPII’s WTFC database. Gaulier, Guillaume, Aude Sztulman, and Deniz Ünal. 2019. “Are Global Value Chains Receding? The
Jury Is Still Out. Key Findings from the Analysis of Deflated World Trade in Parts and Components.” CEPII Working Paper 2019-01, Paris.
Développement des échanges de biens intermédiaires

• Fragmentation internationale des processus productifs des biens (réseaux de


production).

• Notamment échanges croissants de composants, pièces détachées…

• Plus récemment : fragmentation des processus de services (usage des TIC).

• Firmes multinationales : acteurs privilégiés de la fragmentation des chaînes


de valeur internationales.
Développement du commerce intra-branche (croisement des flux d’exportations et
d’importations au sein des branches, biens similaires différenciés).
❑ Echanges intra-branche (un produit est importé ET exporté) vs interbranches (un produit est
importé OU exporté).
❑ Commerce intra-branche vertical
❑ Commerce intra-branche horizontal

Développement du commerce intra-firme entre maison mère et filiales des FMNs :


❑ Intra-firme vertical : la maison mère réalise les biens intermédiaires, les filiales le bien final.
❑ Intra-firme horizontal : les différentes entités de la FMN produisent et échangent des biens
similaires.
❑ Ampleur croissante : environ un tiers du commerce selon une estimation de Lanz et
Miroudot (2011) à partir de données sur les pays de l’OCDE.
Les chaînes de valeurs mondiales (CVM) :
le « made in world »
« Le même produit reçoit ou peut recevoir
une première façon chez un peuple, une
seconde chez celui-ci, une troisième chez
celui-là, et ainsi de suite ; il traverse ainsi
cinq ou six frontières et s’élabore cinq ou six
fois avant d’arriver aux mains d’un négociant
M. Chevalier, exposition qui le vend auprès ou au loin, dans sa propre
universelle de Londres en 1851, ville ou dans un autre hémisphère. Voilà de la
cité p.498 dans L'Histoire mousseline qui a peut-être été tissée en Saxe
mondiale de la France, dirigé avec du filé de Manchester obtenu avec un
par Patrick Boucheron, éditions mélange de cotés récoltés à Surate dans
l’Inde, à Mobile aux Etats-Unis et en Egypte
du Seuil (2017), 795 pages. : elle se fait broder à Nancy, pour être vendue
à Philadelphie, ou à Canton, ou à Batavia
[Java], après avoir passé par l’entrepôt de
New York, ou celui de Hon-Kong [sic], ou
celui de Singapore [sic]. »
Une représentation simplifiée de la chaîne de valeur mondiale

Source: Tiré de OCDE (2014), Économies interconnectées: Comment tirer parti des chaînes de valeur mondiales, Éditions OCDE, page 17.
Les chaînes de valeurs mondiales (CVM) : le « made in world »

L’organisation de la production au niveau mondial est appelée chaînes de valeur


mondiales ou internationales (« global supply chains » ou « global value chains »).

Les CVM fragmentent le processus de production en plusieurs étapes qui sont réalisées
dans différents pays : un produit « made in the world » circule entre plusieurs pays
avant d’atteindre le consommateur final.

L’intensification des CVM :


- va de pair avec l’implantation croissante des firmes à l’étranger,
- contribue à la hausse du commerce des biens (surtout intermédiaires),
- et accroit l’interdépendance entre pays.

91
Les chaînes de valeurs mondiales (CVM) : le « made in world »

Les CVM se développent très vite dans les années 1990 et 2000.

• En 2014, 50 % du commerce mondial de produits manufacturés est un commerce


de biens intermédiaires « au sens large » (en incluant biens primaires et biens
transformés destinés à l’industrie, composants et pièces détachées ou produits semi-
finis).
• En 2014, 70% du commerce mondial de services est un commerce de services
intermédiaires (rendus aux entreprises).
Source : OMC.

92
Les pays exportent de plus en plus de valeur ajoutée produite à l’extérieur.

 Les données brutes de commerce et les données de commerce en valeur ajoutée donnent une
image différente des échanges internationaux de biens et de services.
 Les données de commerce en valeur ajoutée permettent une meilleure mesure de l’intégration
des pays dans les CVM : avec les données brutes, il y a un double comptage lorsque un produit
traverse plusieurs frontières le long de la chaîne de valeur.
 La part de chaque pays dans les exportations mondiales brutes diffère de sa part dans la valeur
ajoutée exportée mondialement.
Le niveau du solde commercial bilatéral en VA diffère de celui en termes bruts

Solde commercial bilatéral entre A et B peut être calculé de deux façons :


- Exportations brutes de A vers B - Exportations brutes de B vers A (publié habituellement par les pays)
- Exportations de VA produite par A vers B – Exportations de VA produite par B vers A (calculé par OCDE pour
certaines années)
Déficits bilatéraux des États-Unis en 2009 (source : OCDE (2013))
200

180

160

140
Les États-Unis sont moins
déficitaires en termes de VA
120 Déficit des
États-Unis en
qu’en termes bruts au regard
100
brut en de la Chine et du Mexique.
80
milliards de
dollars
Les États-Unis sont plus
60
déficitaires en termes de VA
40 Déficit des qu’en termes bruts au regard
États-Unis en
20 valeur ajoutée du Japon et de l’Allemagne
en milliards de
0
Chine Mexique Allemagne Japon
dollars

94
Valeur ajoutée exportée et exportations brutes
Conséquence du commerce mondial d’intrants : la part de chaque
pays dans les exportations mondiales brutes est le plus souvent
différente de sa part dans la valeur ajoutée exportée mondialement.

Valeur ajoutée exportée et exportations brutes en 2009


(Source : OCDE (2013))
Part du pays dans la Part du pays dans les
Valeur ajoutée VA exportée
exportée mondiale exportations
et exportations brutes en brutes
2009
(%) mondiales
États-Unis
(Source
12,5
: OCDE (2013))
10,6
Chine 8,1 9,3
Allemagne 8,1 8,3
Japon 5,1 4,8
Royaume-Uni 4,4 4,2
France 4,3 4,3

Le cas des EU et du Japon s’oppose à celui de la Chine : plus d’exportations de


VA par les EU et le Japon et plus d’exportations brutes par la Chine
95
CNUCED. Rapport sur le commerce et le développement (2018)

▪ Initiative conjointe de l’OCDE et de l’OMC : création d’une base de données sur les échanges
internationaux en valeur ajoutée.
▪ Développement d’autres bases de données également sur le commerce en valeur ajoutée.

96
La participation des pays aux CVM

• L’indice de participation à la CVM est particulièrement élevé pour les « grands » acteurs du commerce.
• La protection sur les intrants importés peut affaiblir l’économie de beaucoup de pays.
• Les effets de la pandémie : textes en ligne sur Moodle !
Développement des chaînes de valeurs mondiales
4. La mesure de la spécialisation internationale

Disponibilité des données : statistiques sur les échanges (de biens) à un niveau
(plus ou moins) fin:
• Par pays, par groupes de pays
• Pour des niveaux (plus ou moins) désagrégés de production (nomenclatures de
produits)

Nomenclatures statistiques :
- Classification Type du Commerce International - CTCI (SITC pour Standard
International Trade Classification en anglais) mise au point par l’ONU.
- Système harmonisé - SH (HS, Harmonized System en anglais) élaborée par
l’Organisation Mondiale des Douanes.
4. La mesure de la spécialisation internationale
Plusieurs niveaux de désagrégation
CTCI : 5 niveaux (5 chiffres), de plus en plus désagrégé.
Ensemble des sections
(Niveau 1 de désagrégation, 1er chiffre, de 0 à 9)
Tableau 10 a. CTCI, Sections
0 Produits alimentaires et animaux vivants destinés à l'alimentation humaine
1 Boissons et tabacs
2 Matières brutes non-comestibles, carburants compris
3 Combustibles minéraux, lubrifiants et produits connexes
4 Huiles, graisses et cires d'origine animale ou végébtale
5 Produits chimiques et produits connexes
6 Articles manufacturés classés principalement d'après la matière première
7 Machines et matériels de transport
8 Articles manufacturés divers
9 Articles et transactions non classés ailleurs
▪ Au sein de chaque section, les divisions (Niveau 2, 2e chiffre)
Tableau 10.b. Exemple: Division de la section 7
71 Machines génératrices, moteurs et leur équipement

72 Machines et appareils spécialisés pour les industries particulières


73 Machines et appareils pour le travail des métaux
74 Machines et appareils industriels d'application générale et parties et pièces détachées
75 Machines et appareils de bureau ou pour le traitement automatique de l'informatique
Appareils et équipements de télécommunication et pour l'enregistrement et la reproduction du
76 son
77 Machines et appareils électriques et leurs parties et pièces détachées électriques
78 Véhicules routiers (y compris véhicules à coussin d'air)
79 Autre matériel de transport
▪ Au sein de la division, décomposition en groupes (Niveau 3, 3e chiffre)
Tableau 10.c. Exemple de la décomposition en groupes de la division 77
(Machines et appareils électriques et leurs parties et pièces détachées électriques)

771 Machines et appareils pour la production et la transformation de l'électricité


772 Appareillage pour la coupure, la protection ou la connexion des circuits électriques
773 Equipements pour la distribution d'électricité
774 Appareils d'électricité médicale et appareils de radiologie

Il y a encore un niveau 4 et un niveau 5
– Ex, groupe 77584: Fers à repasser électriques
Au niveau le plus fin : 2 970 items

Autre nomenclature produits (très utilisée aujourd’hui) :


Système harmonisé - SH (HS, Harmonized System en anglais)

▪ Elaborée par l’Organisation Mondiale des Douanes (première version 1989)


▪ Plus de 8000 groupes séparés de produits identifiés par code à 8 chiffres (5018 groupes en HS6)
▪ Notamment utilisé dans le cadre de l’OMC pour les déclarations de protection tarifaires
▪ Exemple de la nomenclature HS:
76: Aluminium et ouvrages en aluminium.
- 7601: Aluminium sous forme brute
• 760110: Aluminium sous forme brute, non allié
• 760120: Alliages d'aluminium sous forme brute
- 7602: Déchets de débris d'aluminium
• Attention nomenclatures « produits » différentes des nomenclatures
« activités » ou « industries »

• Important de pouvoir comparer les flux de marchandises (nomenclature


produits CTCI ou SH) et les données de production, d’emploi ou de salaires
dans les différents secteurs de fabrication de ces marchandises
(nomenclature d’activité comme ISIC)

• Classification internationale des industries (CITI, ISIC en anglais pour


« International Standard Industrial Classification »), par l’ONU

• A partir de la classification CITI, on peut regrouper les produits selon


certains critères, par ex. par niveau technologique de l’industrie…
4. La mesure de la spécialisation internationale
Construction d’indicateurs qui vont refléter :

• Les forces et faiblesses productives des pays : avantages comparatifs


« révélés ». Ex: la production chinoise d’électronique
• Les niveaux de commerce interbranche et intrabranche.

Notations génériques
• X, M : volumes des exportations, des importations d’un pays (pour une année)
• Omission de l’indice temporel
• Pays indicés par i
• Produits (ou secteurs) indicés par j
Les indicateurs portant sur les échanges inter-industriels

Plusieurs indicateurs d’avantages comparatifs révélés (ACR) disponibles:


l’indicateur de Balassa, l’indicateur du CEPII,…

Indicateur d'avantage comparatif révélé

● « Révélé » car construit à partir des flux de commerce observés.

●Dans la théorie (modèle de Ricardo), les pays se spécialisent selon leur


avantage comparatif et les avantages comparatifs sont déterminés par les
différents coûts relatifs de production (ex ante).

●Difficulté : il faut pouvoir mesurer tous les coûts relatifs de production.


D'où la mesure des AC à partir des données de commerce (ex post).
Indicateur d'avantage comparatif révélé (ACR) de Balassa
Indicateur de contribution au solde du CEPII
La spécialisation internationale des économies est mesurée à l’aide de l’indicateur de contribution au solde mis au
point par le CEPII. Cet indicateur calcule pour chaque pays ses avantages comparatifs révélés (ACR) par le
commerce international. Il appréhende les points forts et faibles du pays en considérant à la fois ses exportations et
ses importations, indépendamment de l’impact de la situation macroéconomique du pays sur son solde commercial.

Le solde commercial réalisé sur un produit k est comparé à un « solde théorique », résultat de la distribution du solde
global observé entre les différents produits au prorata de la part de chacun dans les échanges totaux du pays. Ce
solde théorique est, par construction, neutre de tout avantage ou désavantage du pays sur les différents
produits. L’écart entre solde réalisé et solde théorique sur chacun des produits révèle ainsi les points forts ou faibles
du pays. L’indicateur est additif et la somme sur l’ensemble des produits est égale à zéro. Pour faciliter les
comparaisons entre pays, l’indicateur est exprimé en millièmes du commerce total du pays.

Source : CEPII, Profils pays.


La spécialisation internationale des économies est mesurée par l’indicateur d’avantage comparatif révélé par le commerce international mis au
point par le CEPII. Cet indicateur vise à appréhender les points forts et faibles d’un pays dans les échanges mondiaux en considérant à la fois
ses exportations et ses importations, indépendamment du niveau observé du solde commercial. Pour ce faire, le solde commercial réalisé sur un
produit donné est comparé à un « solde théorique », résultat de la distribution du solde global observé entre les différents produits au prorata de
la part de chacun dans les échanges totaux du pays. Ce solde théorique est, par construction, neutre de tout avantage ou désavantage du pays
sur les différents produits. L’écart entre solde réalisé et solde théorique sur chacun des produits révèle ainsi les points forts (avantages) ou
faibles (désavantages) du pays. L’indicateur est additif et la somme sur l’ensemble des produits est égale à zéro. Il est exprimé en millièmes du
commerce total du pays.
Source: Ünal D., « Spécialisation de la triade. États-Unis dans les services, Chine dans le manufacturier, Europe entre les deux », CEPII, Carnets graphiques, 2018.
Les indicateurs portant sur les échanges intra-industriels

Croisement 1
-1 0
des flux au
sein des Commerce : Inter-industriel Intra-industriel Inter-industriel
branches
(Xij > 0 &
Mij > 0) !
Pays : Désavtg comparatif Croisement flux parfait Avtg comparatif
dans secteur j dans secteur j
=> Importateur => Exportateur
uniquement uniquement
L’indice de GL peut être construit au niveau bilatéral entre pays
mais aussi par industrie ou groupe de pays (Brülhart, 2009).
• Mesure de l’intensité du commerce intrabranche dépendante du niveau de
désagrégation sectoriel considéré
• Plus on raisonne au niveau agrégé, plus l’intensité du commerce intrabranche est
considérée comme forte.

Evolution de
l’indicateur GL
global, 1962-2006
(SITC classification)

Source: Brülhart, 2009, The World Economy


4. La mesure de la spécialisation internationale
4. La mesure de la spécialisation internationale
Une importance croissante du commerce intra-branche dans le
commerce total sur les dernières décennies

Source: Brülhart, 2009, The World Economy


Une intensité du commerce intra-branche (CIB)
différenciée selon les groupes de pays
Une intensité du commerce intra-branche (CIB)
différenciée selon les produits

Evolution de l’indicateur GL selon le type de produits

Source: Brülhart, 2009, The World Economy


Source: de Saint Vaulry A., Ünal D., « Commerce intraversus interbranches. Regain de similitudes ?», CEPII, Carnets graphiques, 2018.
(SUITE…)

Le commerce intrabranche correspond aux flux simultanés d’exportations et


d’importations au sein d’une branche. Il est ici mesuré par l’indicateur de
Grubel et Lloyd qui rapporte la somme pondérée des flux bilatéraux croisés
d’un pays au total de ses échanges dans la branche.

Les agrégations géographiques et sectorielles sont calculées en utilisant des


pondérations adéquates. Le degré de croisement varie de 0 à 100 %. Les
calculs sont effectués avec une couverture exhaustive du commerce mondial
détaillé au niveau de 95 pays ou zones et de 314 branches.

Source: de Saint Vaulry A., Ünal D., « Commerce intraversus interbranches. Regain de similitudes ? », CEPII, Les carnets graphiques. CEPII, Paris, 2018.
Différenciation horizontale et différenciation verticale
Différenciation horizontale et différenciation verticale

Choix des seuils ?

Source: Les profils pays du CEPII


http://www.cepii.fr/CEPII/fr/publications/panorama/abstract_items.asp?id=101&NoDoc=9217
Décomposition du commerce mondial

Note : secteur manufacturier hors énergie.


Source: Calculs de Gaulier, G., A. Sztulman, and D. Ünal à partir de la base WTFC database du CEPII.
Conclusion : « Perceptions » de la mondialisation

Note : Ce rapport présente les résultats d'une enquête Eurobaromètre Spécial réalisée du 15 au 29 mars 2019. Des entretiens ont eu lieu dans les 28 États membres
de l’Union européenne1. Des enquêtes similaires ont été menées en 2009, 2014 et 2015.
Source : Eurobaromètre Spécial 486, « Les Européens en 2019 », Mars 2019.
« Perceptions » de la mondialisation

Note : Ce rapport présente les résultats d'une enquête Eurobaromètre Spécial réalisée du 15 au 29 mars 2019. Des entretiens ont eu lieu dans les 28 États membres
de l’Union européenne1. Des enquêtes similaires ont été menées en 2009, 2014 et 2015.
Source : Eurobaromètre Spécial 486, « Les Européens en 2019 », Mars 2019.

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