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Il a décrit l'énorme potentiel économique des États fragiles et touchés par des conflits et déclaré

à une assistance captivée:

Le commerce, l'investissement et la coopération entre les pays sont source de prospérité et de


développement. Le commerce est une alternative pacifique à la guerre … Nous, les États fragiles
et touchés par des conflits, sommes résolus à promouvoir “le commerce au service de la paix”.

Je me souviendrai également du moment où, dans un groupe où siégeaient côte à côte les
ambassadeurs du Soudan et du Soudan du Sud, ceux-ci déclaraient l'un comme l'autre que “là où
il y a le commerce, il y a la paix”.

Parmi les 23 pays qui cherchent actuellement à rejoindre l'OMC, nombreux sont identifiés
comme fragiles et touchés par des conflits. L'Afghanistan et le Libéria, qui ont accédé en 2016,
ont récemment connu le traumatisme de la guerre.

À la fin de l'année 2017, ces PMA (pays les moins avancés), rejoints par d'autres pays fragiles et
touchés par des conflits, ont créé le Groupe g7+ des accessions à l'OMC, l'un des fondements de
l'initiative “Le commerce au service de la paix”.

Pour ces économies fragiles, le lien entre l'expansion de leur commerce par l'intégration dans
l'économie mondiale et leur propre croissance économique est plus qu'évident. Le renforcement
de leur stabilité et, ce faisant, l'amélioration des chances de paix, ne leur apparaît pas comme
une bizarrerie théorique. Il s'agit d'une politique pragmatique qui est essentielle à leur survie en
tant que nations.

Entre septembre 1939 et août 1945, la Seconde Guerre mondiale a fait chaque jour en moyenne
27 000 morts.(2) Une grande partie du monde est tombée en ruines. L'Europe, de l'Atlantique
jusqu'aux terres reculées de Russie à l'Ouest, et le Japon et la Chine à l'Est, ont été dévastés. On
estime que 20 à 25 millions de personnes ont perdu la vie au combat et que 50 à 55 millions de
civils ont péri, dont la moitié de maladie et de famine(3). En outre, quelque 20 millions de
personnes ont été déplacées, pour ne parler que de l'Europe.(4)

Ce sont les survivants de ces catastrophes qui ont créé l'ordre international libéral, dont le
système commercial multilatéral est un élément essentiel. Pour eux, le lien entre l'accroissement
des échanges et le maintien de la paix était évident. Aucune explication n'était nécessaire. On
retrouve cette vision dans les premiers mots de la Charte de La Havane de 1948 instituant une
Organisation internationale du commerce (OIC):(5) créer les conditions de stabilité et de bien-
être qui sont nécessaires pour assurer des relations pacifiques et amicales entre les nations . . . .

Les signataires de la Charte de l'OIC savaient que le commerce ne garantissait pas la paix. Ils
étaient réalistes et se faisaient peu d'illusions. Après tout, l'Allemagne et le Royaume-Uni
entretenaient d'importants liens commerciaux avant que la Première Guerre mondiale n'éclate.
Les architectes de l'ordre international libéral estimaient toutefois que le commerce pouvait aider
à maintenir la paix. C'est ainsi que sont nés, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la
Communauté européenne du charbon et de l'acier et le Marché commun européen, dans le
cadre du système commercial multilatéral tout juste établi.

Bien trop souvent, les plus simples leçons de l'Histoire sont oubliées ou obscurcies avec le
passage du temps. Lorsque le GATT est devenu l'OMC en 1995, une époque pacifique et
optimiste succédait à la guerre froide. Les fondateurs de l'OMC ne mettaient plus l'accent sur le
lien avec la paix et la stabilité lorsqu'ils ont créé la nouvelle organisation. Même si les statues de
la Paix et de la Justice encadrent l'entrée principale de l'OMC, la question de la paix n'était pas
souvent évoquée dans les négociations commerciales qui se tenaient dans le bâtiment.

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