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Activité

Juste la fin du monde : différentes mises en scène du prologue


Trois captations du prologue de Juste la fin du monde issues de trois mises en
scène différentes vous seront projetées :

1) JLDM par Joël Jouanneau (2000) - Théâtre National de la Colline, avec


Antoine Mathieu dans le rôle de Louis
2) JLFDM par François Berreur (2007) – Théâtre MC2 de Grenoble, avec Hervé
Pierre dans le rôle de Louis
3) JLFDM par Michel Raskine (2008) – Comédie Française, avec Pierre-Louis-
Calixte dans le rôle de Louis

Durant le visionnage des trois captations, vous vous concentrerez sur :

– Le décor (est-il élaboré ou épuré ? pourquoi ?)


– Le costume de Louis
– L'interprétation du texte de J.L. Lagarce par les différents comédiens
(diction, gestuelle etc.)
– Les lumières
– Le son et la musique
Éléments de réponse

Le décor

Très épuré chez Jouanneau et Berreur :

– Un mur blanc et un parquet chez Jouanneau, pas d'accessoires visibles sur


scène – laisse la place au comédien et à sa parole seule
– Chez Berreur, Hervé Pierre parle seul devant un rideau fermé – même idée
de laisser place à la parole du personnage

Chez Raskine :

– Pierre-Louis-Calixte devant un rideau blanc sur lequel est projeté une photo
de Louis torse nu – montrer sa vulnérabilité ? évoquer sa maladie ?
– Raskine fait le choix de ne pas le laisser seul sur scène – la Mère présente
derrière lui, jambes croisées, assise dans un fauteuil rouge, silencieuse – elle
écoute
– Sol jonché de cartes postales – évoque celles mentionnées par Suzanne
dans la scène 3 de la partie 1 - « ces phrases elliptiques »

Le costume

– Chez Jouanneau : Louis vêtu simplement – t-shirt et pantalon noir = montrer


la spontanéité de son entreprise
– Chez Berreur : Smoking trois pièces avec nœud papillon, dénote d'une
certaine élégance – Louis habillé comme un présentateur de music-hall, un
« Monsieur Loyal » ou un performeur de one-man show à l'américaine –
confère presque une dimension d'entertainment , « divertissante » à cette
annonce funèbre
– Chez Raskine : on retrouve Louis en costume élégant, mais qui ici évoque
plus une tenue de deuil

L'interprétation

Antoine Mathieu

– Louis presque adossé au mur, côté cour - d'abord statique, poings serrés,
puis se déplace face au public au milieu de la scène
– Débit lent, ton parfois monocorde – plus d'expressivité vers la fin du
monologue, lorsque Louis insiste sur la volonté de paraître être « son propre
maître »
– Monologue déclamé avec précision, chaque mot pesé = dénote d'une
certaine gravité
Hervé Pierre

Impression de décalage

– Âge de Louis et de Hervé Pierre - « 34 ans » - Berreur choisit volontairement


un comédien plus âgé pour instaurer une certaine distanciation entre les
spectateurs et la mise en scène
– Jeu presque jovial, un peu exagéré, cabotin – en total contraste avec la
gravité du discours de Louis
– Apparition aux applaudissements du public + flux de la parole maîtrisé +
effets d'attente dans la diction + phrasé impeccable + pas de danse +
respirations = digne d'un showman, d'un Monsieur Loyal, qui annoncerait le
reste de la pièce comme un véritable spectacle
– Objectif de Berreur = briser le rapprochement que le spectateur pourrait
faire entre Louis et Lagarce, en choisissant un comédien au physique plus
imposant et au jeu plus gai, aux antipodes d'un Louis maigre et austère,
pouvant évoquer Lagarce malade du Sida = ne pas proposer une mise en
scène biographique, mais mettre en avant la « tricherie » qu'on reproche à
Louis tout au long de la pièce

Pierre Louis-Calixte

– Annonce du prologue par le comédien – effet de distanciation ? Volonté de


rompre l'illusion théâtrale ?
– Assurance dans le jeu du comédien quoique semble tendu, diction parfaite
– Sourire en coin, regarde scrutant le public, adresse presque amicale aux
spectateurs – dimension tragique conservée par Louis ici plus chaleureux
– Pas de cabotinage, de maniérisme dans la diction du monologue

Les lumières

– Jouanneau : lumière blanche baigne l'ensemble de la scène


– Berreur : Louis éclairé par une poursuite, comme isolé du reste de la scène –
renforce la dimension « one-man show » du Louis de Hervé Pierre
– Raskine – lumière concentrée sur Louis, avec la Mère qui écoute à moitié
dans l'ombre

Le son et la musique

– Bruit perceptible en fond chez Jouanneau – instaure comme une sorte de


tension
– Chez Berreur – pas de musique pour laisser Hervé Pierre déclamer son
texte, s'emparer de la scène – puis musique d'instruments à corde effectue
la transition vers la partie 1
– Sorte d'orgue électronique au début du prologue de Raskine avant de
s'estomper – évoque une musique de cérémonie d'enterrement, de deuil

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