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1. La tirade du nez. Acte I, scène 4, v.

312-332 Croyant se moquer de Cyrano, le vicomte de Valvert


qualifie son nez de « très grand » mais n’est pas capable de le décrire davantage. Cyrano le reprend et lui
déclame la peinture qu’il aurait pu en faire s’il était inventif et intelligent.

Le vicomte vient de qualifier le nez de Cyrano de « très grand » et ne peut en rien dire d’autre. Cyrano lui
reproche de manquer d’imagination (« c’est un peu court ») et de vocabulaire. L’expression « varier le ton
» renvoie à la déclamation ; il s’agit à chaque fois d’avoir de nouvelles intonations.

Vers 315-316 : La structure est binaire ; c’est celle d’un distique. La construction en est répétitive : un
adjectif (de trois syllabes ; attention aux diérèses) suivi d’un commentaire. Mais elle est en même temps
originale dans la mesure où l’adjectif, placé en tête du vers, précise la tonalité. La grosseur du nez est
suggérée par un effet d’exagération (« pic », « cap », « péninsule ») et par les métaphores (« perchoir », «
cheminée », « parasol »...) Le « cap » suggère une avancée horizontale ; le « pic », une hauteur ; et la «
péninsule », une région, voire un pays (cf la péninsule ibérique).

Le nez de Cyrano est comparé dans les vers 322-325 à un « écritoire » qui est un coffret contenant tout ce
qu’il faut pour écrire ; un « perchoir » est l’endroit où viennent se percher les oiseaux. Les deux mots
s’appellent l’un l’autre moins par leur sens que par leur sonorité finale. ces images constituent une
exagération caricaturale.

La comparaison avec un « feu de cheminée » est « truculente » (comique) parce que l’image du feu de
cheminée provient du fait que Cyrano rejette la fumée de son tabac par le nez. C’est évidemment le sens
de « pittoresque » qu’il convient de retenir.

Les quatre derniers vers 329-332 accentuant la disgrâce physique de Cyrano se font plus compatissants.
D’où les adjectifs « prévenant » (attentionné) et « tendre » (presque affectueux). Cette célèbre tirade du
nez est un autoportrait, marqué au coin de l’autodérision, qui masque en fait une réelle souffrance.

L’exagération caricaturale est évidente dans la série des métaphores, notamment de la péninsule, des «
boîtes à ciseaux » ou de la cheminée.

Cet autoportrait caricatural n’insiste que sur ce qui caractérise Cyrano : il est un énorme nez. Sa disgrâce
physique fonctionne comme une fatalité, dans la mesure où il ne peut la faire disparaître et qu’elle
l’empêche de déclarer son amour à Roxane, de peur, comme il le dit lui- même, qu’elle ne lui rie au nez.

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