Vous êtes sur la page 1sur 16

La frontière entre le droit de communication et la vérification de comptabilité

Distinction entre la vérification de comptabilité et le droit de communication

La distinction entre la vérification de comptabilité et le droit de communication repose sur la nature


et l'étendue des opérations effectuées par l'administration fiscale lors de ces procédures. Le Livre des
Procédures Fiscales (LPF), à l'article R 13-1, précise les éléments constitutifs de la vérification de
comptabilité, laquelle comprend une comparaison entre les déclarations souscrites et les écritures
comptables, ainsi qu'un contrôle de la régularité, de la sincérité et du caractère probant de la
comptabilité. Ces opérations s'effectuent à l'aide des renseignements recueillis par le service,
notamment grâce à l'exercice du droit de communication et de contrôles matériels.

Le droit de vérification, tel que déduit de la doctrine administrative et de la jurisprudence, implique


une approche active de la comptabilité. Il comprend un examen critique, c'est-à-dire une analyse
approfondie et impliquant un jugement, suivi d'une confrontation des mentions comptables avec les
déclarations fiscales souscrites par l'entreprise. En d'autres termes, la vérification va au-delà d'une
simple collecte passive d'informations, et elle vise à évaluer la cohérence et la conformité des
déclarations avec la réalité comptable.

En revanche, le droit de communication se limite à des opérations plus restreintes. Il autorise


l'administration fiscale à obtenir des renseignements de manière passive, se contentant du relevé
d'écritures comptables ou de la copie de documents. Contrairement à la vérification, le droit de
communication n'implique pas un examen critique approfondi de la comptabilité de l'entreprise. Il
s'agit plutôt d'une procédure ponctuelle visant à collecter des informations spécifiques sans
nécessairement remettre en cause l'ensemble de la comptabilité.

En résumé, la vérification de comptabilité et le droit de communication se distinguent par le niveau


d'investigation et d'analyse réalisé par l'administration fiscale. La vérification est une procédure plus
approfondie et active, tandis que le droit de communication est une procédure plus limitée et passive
dans la collecte d'informations.

DOCTRINE ADMINISTRATIVE

Le système fiscal français repose principalement sur les déclarations fournies par les contribuables,
qui sont ensuite vérifiées par l'administration fiscale en utilisant les pouvoirs qui lui sont conférés par
la loi. Lorsqu'il s'agit de vérifier la situation fiscale d'un contribuable assujetti à des obligations
comptables, l'administration doit avoir accès à l'ensemble des documents détenus par ce dernier. Les
articles 50-0, 54, 98, 102 ter-4 et 286, 4° du Code Général des Impôts (CGI) confèrent à
l'administration le droit de se faire représenter par le contribuable ces documents et de procéder à
leur vérification.

Le droit de communication, établi par les dispositions de l'article L 85 du Livre des Procédures Fiscales
(LPF), va encore plus loin que le pouvoir de vérification. Il permet non seulement à l'administration de
prendre connaissance des documents comptables du contribuable, mais également de recueillir des
renseignements auprès de tiers. Ces renseignements sont utilisés pour recouper et vérifier les
déclarations déposées par le contribuable lui-même.
Bien que ces prérogatives de l'administration aient des objectifs similaires, à savoir le contrôle de
l'assiette de l'impôt, il est crucial de les distinguer de manière précise en raison de leurs différences
fondamentales en termes de procédure. Le pouvoir de vérification consiste en un examen direct des
documents détenus par le contribuable, et il est exercé en collaboration avec ce dernier. En revanche,
le droit de communication autorise l'administration à obtenir des informations auprès de tiers,
indépendamment du contribuable, élargissant ainsi son champ d'investigation.

La distinction entre ces deux pouvoirs revêt une importance particulière en raison des règles de
forme qui les régissent. Tandis que le pouvoir de vérification s'inscrit dans une démarche
collaborative avec le contribuable, le droit de communication offre à l'administration une plus grande
autonomie dans la collecte d'informations, bien que soumise à des règles strictes définies par la loi.
Cette distinction précise entre les deux procédures garantit un équilibre entre les besoins de
l'administration en matière de contrôle fiscal et le respect des droits des contribuables.
D. adm. 13 K-111 n° 1 et 2, 1-6-2001 ; BOI-CF-COM-10-10-10 n° 1 et 10, 12-9-2012.

En l'absence de toute disposition législative ou réglementaire spécifique, le droit de communication


peut être exercé sans formalité particulière, comme indiqué dans la jurisprudence (voir, toutefois, CF-
III-30650 s.). En revanche, le pouvoir de vérification, notamment lorsqu'il nécessite l'examen de
l'ensemble des documents détenus par le contribuable, est soumis à des règles strictes énoncées
dans divers articles du Livre des Procédures Fiscales (LPF), en particulier les articles L 47 et L 52.

L'article L 47 du LPF stipule que tout contribuable doit être informé au moyen d'un avis de vérification
dès lors que l'administration envisage de procéder à une vérification. De plus, le contribuable a le
droit de se faire assister par un conseil de son choix tout au long de cette procédure (CF-V-100 s.). Par
ailleurs, l'article L 52 du LPF encadre la durée de la vérification sur place de la comptabilité de
certaines entreprises (CF-V-8500 s.). Le non-respect de ces dispositions peut entraîner la nullité de la
procédure de vérification ou des impositions établies à la suite de cette procédure.

Ainsi, la différence entre le droit de communication et le pouvoir de vérification réside dans les règles
de forme strictes qui encadrent ce dernier. Alors que le droit de communication peut être exercé sans
formalités particulières, le pouvoir de vérification est assujetti à des procédures spécifiques, telles
que la notification d'un avis de vérification, l'information du contribuable sur ses droits, et la
limitation du temps de vérification dans certains cas. Ces règles visent à assurer la transparence, le
respect des droits des contribuables et la légalité des procédures fiscales.
D. adm. 13 K-111 n° 3 et 4, 1-6-2001 ; BOI-CF-COM-10-10-10 n° 20 et 30, 12-9-2012.

Les garanties accordées aux contribuables soumis à une vérification fiscale, ainsi que les sanctions
applicables à l'administration en cas de non-respect de ses obligations, soulignent l'importance de
distinguer clairement entre une vérification et l'exercice du simple droit de communication.

Il arrive fréquemment que les agents de l'administration, en utilisant leur droit général de
communication, effectuent des interventions sur place sans pour autant procéder à une vérification
formelle. Cela se produit notamment lorsqu'ils recueillent des renseignements utiles à la vérification
d'un tiers, tels que des interventions chez les créditeurs ou débiteurs du redevable vérifié, des
recoupements, ou des relevés des comptes en banque, par exemple. Il est crucial de noter que le
simple fait que ces renseignements puissent éventuellement servir à la vérification ultérieure du
redevable chez qui ils sont recherchés ne suffit pas à qualifier ces actions comme le premier acte
d'une vérification. En effet, une véritable vérification nécessiterait une série nouvelle d'opérations,
soumises aux règles strictes imposées par les textes réglementaires.

Par conséquent, le champ d'application des textes prévoyant des garanties pour les contribuables est
spécifiquement limité aux situations de vérifications proprement dites. Les recherches de
renseignements effectuées, que ce soit de manière systématique ou à l'occasion d'une future
vérification, sont exclues de ces garanties. Cette distinction vise à délimiter clairement les situations
où les contribuables bénéficient de garanties renforcées, assurant ainsi le respect des droits
individuels tout en permettant à l'administration d'exercer ses missions de contrôle fiscal de manière
efficace.
D. adm. 13 K-111 n° 5 à 7, 1-6-2001 ; BOI-CF-COM-10-10-10 n° 40 à 60, 12-9-2012.

L'exercice du droit de communication, énoncé dans l'article L 85 du Livre des Procédures Fiscales
(LPF), est conçu de manière indépendante par rapport au droit de vérification des déclarations. Cette
conception autonome est essentielle, car toute interprétation contraire à cette intention législative
pourrait conduire à une conséquence manifestement opposée à la volonté du législateur.

Imaginons une autre interprétation où l'exercice du droit de communication serait subordonné à celui
du droit de vérification des déclarations. Dans ce scénario, cela signifierait que la simple recherche de
renseignements sur place priverait l'administration fiscale de la possibilité ultérieure de procéder à
une vérification formelle de la comptabilité ou de la situation fiscale personnelle du contribuable.
Cette privation serait valable du moins pour les impôts, taxes et périodes concernés par la recherche
initiale.

Or, une telle interprétation irait à l'encontre de l'objectif du législateur qui, en instaurant le droit de
communication, a visé à fournir à l'administration fiscale un outil plus souple et étendu. Ce droit
permet non seulement de prendre connaissance des documents comptables du contribuable mais
aussi de recueillir des renseignements auprès de tiers. Ainsi, cette indépendance entre le droit de
communication et le droit de vérification garantit à l'administration la flexibilité nécessaire pour
mener à bien ses enquêtes et exercer ses missions de contrôle fiscal de manière efficace, sans se
trouver entravée par des limitations inutiles.
D. adm. 13 K-111 n° 8, 1-6-2001 ; BOI-CF-COM-10-10-10 n° 70, 12-9-2012.

Lorsque des recherches dans la comptabilité d'un contribuable aboutissent à la collecte de


renseignements utilisés non pas pour sa propre vérification, mais pour celle de tiers, la situation est
relativement claire sur le plan des procédures. Cependant, la complexité émerge lorsque, au cours de
la simple consultation de la comptabilité d'un contribuable dans le cadre du droit de communication,
l'agent chargé de recoupements constate ou présume des erreurs, omissions ou dissimulations dans
les déclarations du contribuable lui-même.

Dans une telle hypothèse, si l'irrégularité constatée ou présumée est exploitée directement par
l'agent en question ou par un autre agent lors d'une vérification ultérieure, le contribuable pourrait
légitimement contester les suppléments d'imposition qui lui sont imposés. Il pourrait argumenter que
le redressement résulte exclusivement du fait que les défauts de sincérité des déclarations ont été
découverts lors d'une consultation de sa comptabilité, assimilable à une vérification de comptabilité
pour laquelle il n'a pas bénéficié des garanties légales.
Dans ce contexte, toute intervention visant à collecter des renseignements ou à vérifier l'exactitude
de renseignements déjà recueillis doit respecter des règles précises :

1. Un avis de passage doit être adressé ou remis au contribuable, levant ainsi toute ambiguïté sur la
nature de l'intervention.

2. Le droit de communication doit se limiter au relevé passif d'écritures comptables ou à la copie de


documents.

3. L'agent intervenant doit s'abstenir de tout examen critique de la comptabilité, y compris la


recherche de la sincérité, de l'exactitude des écritures comptables, ou de leur caractère probant. Il ne
doit pas apposer de visa, observation, ou mention de date sur les livres ou documents présentés.

Ces règles sont cruciales pour garantir la séparation entre le droit de communication et la vérification
de comptabilité, préservant ainsi les droits du contribuable et assurant le respect des procédures
légales.

D. adm. 13 K-111 n° 13 et 14, 1-6-2001 ; BOI-CF-COM-10-10-10 n° 130 et 140, 12-9-2012.

Lorsque le service fiscal effectue des recoupements, la mise en œuvre de cette procédure doit
respecter les critères énoncés à CF-IV-7980. Les recherches dans la comptabilité du contribuable
doivent donc être réalisées dans un strict respect des conditions d'exercice du droit de
communication. Ces recherches doivent avoir un caractère ponctuel, impliquant que l'agent
intervenant procède par sondage, évitant ainsi l'examen de l'ensemble des documents comptables
sur la totalité de la période non prescrite. En pratique, cet examen devrait se limiter à un nombre
restreint de documents ou d'écritures comptables.

Le caractère ponctuel de la recherche doit être clairement indiqué dans l'avis de passage. Ce
document doit préciser les dispositions légales en application desquelles le droit de communication
est exercé, la période concernée, ainsi que les documents sur lesquels porte l'intervention. Cette
transparence dans la communication vise à informer le contribuable de manière adéquate sur la
nature et l'étendue de l'intervention, tout en assurant le respect des droits et des procédures établis
par la loi.

En résumé, le processus de recoupement dans la comptabilité d'un contribuable doit être réalisé de
manière ciblée, limitée à des documents spécifiques et conformément aux dispositions légales
régissant le droit de communication. Ces pratiques contribuent à garantir la légalité et l'équité des
interventions fiscales tout en protégeant les droits des contribuables.

D. adm. 13 K-111 n° 14 et 15, 1-6-2001 ; BOI-CF-COM-10-10-10 n° 150 et 190, 12-9-2012.

JURISPRUDENCE

Le droit de communication dont dispose l'administration fiscale est limité à la demande de


renseignements ponctuels à un tiers ou éventuellement au contribuable lui-même. Cette demande
peut être effectuée sur place ou par correspondance, et elle concerne des renseignements
disponibles sans nécessiter des investigations particulières. De même, le droit de communication
permet à l'administration fiscale de prendre connaissance, voire de copier, certains documents liés à
l'activité professionnelle de la personne concernée. Sa mise en œuvre ne requiert généralement pas
de formalités particulières, et lorsqu'il est exercé auprès d'un tiers, aucune obligation d'information
du contribuable n'incombe au service.

En revanche, le contrôle sur place de la sincérité des déclarations souscrites par un contribuable, à
travers une comparaison avec les écritures comptables et les pièces justificatives, constitue la mise en
œuvre d'une vérification de comptabilité. Ce processus est caractérisé par un examen approfondi qui
peut remettre en cause l'exactitude des déclarations. La régularité de la vérification de comptabilité
est soumise au respect des garanties de procédure établies par la loi.

Dans le cas spécifique de la liquidation judiciaire d'une société, l'examen de la comptabilité spéciale
tenue par le mandataire judiciaire chargé de la liquidation, conformément aux dispositions des
articles 58 et 60 du décret du 27 décembre 1985 modifié, lors d'une vérification, constitue une étape
de la vérification de comptabilité. Les informations recueillies au cours de cet examen, portant sur
une partie de la comptabilité de la société en liquidation, sont systématiquement confrontées aux
déclarations souscrites par la société en vue d'un éventuel contrôle et rehaussement de ses bases
d'imposition.
CE 6-10-2000 n° 208765 sect., SARL Trace : RJF 12/00 n° 1497 avec chronique J. Maïa p. 895, concl.
G. Bachelier BDCF 12/00 n° 139 ; Dans le même sens en ce qui concerne la définition
du droit de communication : CE 9e et 10e ch.26-4-2017 n° 398405 : RJF 7/17 n° 714, concl. E Bokdam-
Tognetti (C 714).

a. Le Conseil d'État a censuré une décision de la cour administrative d'appel de Lyon pour erreur de
droit. Cette cour avait soutenu que la comptabilité spéciale tenue par le mandataire judiciaire lors de
la liquidation d'une société était juridiquement distincte de la comptabilité principale de la société.
Par conséquent, l'examen de cette comptabilité spéciale pendant la vérification du mandataire ne
constituait pas une vérification de la société, même si des redressements lui étaient infligés. Le
Conseil d'État a contesté cette position, soulignant que le mandataire ne pouvait être considéré
comme un tiers vis-à-vis de la société. De plus, l'examen critique des pièces et la confrontation avec
les déclarations pendant la vérification excluaient cette procédure du champ du droit de
communication.

b. Cette décision, rendue en formation de section, offre une définition générale du droit de
communication, définissant les critères de relevé passif et d'intervention ponctuelle. Elle précise que
le droit de communication concerne uniquement des documents disponibles, sans exigence de
retraitement des renseignements. De plus, le service ne peut avoir connaissance ou copie que des
documents se rapportant à l'activité professionnelle de la personne visée. Aucun formalisme
particulier n'est requis pour l'exercice du droit de communication, et aucune information n'a à être
fournie au contribuable lorsque ce droit est exercé auprès d'un tiers.

La décision met l'accent sur les éléments qui circonscrivent le droit de communication à un simple
droit d'enquête. Elle souligne également qu'une vérification de comptabilité intervient lorsque, après
l'exercice du droit de communication, les agents de l'administration contrôlent la sincérité des
déclarations du contribuable en les comparant avec les écritures comptables. La Cour a jugé qu'une
intervention prolongée et extensive, même si précédée d'un simple avis de passage, devait être
considérée comme une vérification de comptabilité, nécessitant le respect des garanties de
procédure.
Dans un cas spécifique, la Cour a considéré qu'une intervention du service des impôts, malgré l'avis
de passage initial, constitue une vérification de comptabilité en raison de sa durée et de son étendue,
même si l'avis préalable précisait le contraire. L'absence d'information préalable sur le droit
d'assistance d'un conseil a entraîné l'irrégularité de la procédure, même si le contribuable avait été
assisté par son comptable.
CE 9-7-1982 n° 26309 et 26309 bis, 7e et 9e s.-s. : RJF 10/82 n° 964, BOI 13 L-3-86.

Un agent de la direction nationale d'enquêtes fiscales, après avoir relevé les achats d'un marchand de
poissons sur les marchés chez certains de ses fournisseurs, avait comparé cette liste aux achats
comptabilisés et décelé ainsi, par un examen sur place, des omissions comptables ; en outre, il
avait emporté une partie des pièces comptables sans que l'intéressé ait formulé de demande écrite
en ce sens et sans lui délivrer de reçu.
Jugé que cette intervention sur place, comportant contradictoirement avec le contribuable
un examen critique de sa comptabilité, avant de procéder au moyen des documents emportés au
relevé systématique des factures d'achat non comptabilisées, devait être regardée, en raison de ses
modalités, de sa durée et de son étendue, non comme l'exercice du droit de communication, mais
comme une véritable vérification de comptabilité, alors même que l'enquêteur avait précisé par un
avis de passage, d'ailleurs postérieur au début de ses investigations, qu'il ne s'agissait pas d'une telle
opération.
CE 3-6-1983 n° 34253 et 34254, 8e et 9e s.-s. : RJF 8-9/83 n° 997 : Cet arrêt du Conseil d'État du 3 juin
1983 traite de la contestation d'une vérification fiscale menée sur M. X, un marchand de poissons.
Initialement soumis à une enquête fiscale révélant des dissimulations d'achats, M. X conteste la
procédure de vérification ultérieure. Le Conseil d'État examine le caractère de l'enquête préalable,
réalisée par un agent des enquêtes fiscales, concluant qu'elle constitue effectivement une vérification
de comptabilité. Soulignant le non-respect des dispositions légales, notamment l'absence d'avis
préalable et le déplacement des pièces comptables sans procédure formelle, la cour décharge M. X
des impositions supplémentaires, considérant la vérification comme entachée d'irrégularités
procédurales. En substance, l'arrêt met en lumière l'importance du respect des garanties légales dans
le cadre des vérifications fiscales.

Lorsque, après avoir envoyé au contribuable un « avis de passage » précisant d'ailleurs que
l'intervention envisagée ne constituait pas une vérification de situation fiscale, le vérificateur
examine sur place les factures d'achats et les déclarations du contribuable en vue de les confronter
avec les renseignements recueillis chez les fournisseurs, cette intervention ne peut être regardée
comme l'exercice du droit de communication mais constitue, eu égard à son objet et à son étendue,
une vérification de comptabilité.
CE 14-5-1986 n° 41487, 41488, 41489 et 41490, 9e et 8e s.-s. : RJF 7/86 n° 711 : Dans cet arrêt du
Conseil d'État daté du 14 mai 1986, la question centrale concerne la distinction entre la vérification
de comptabilité et le droit de communication, en particulier dans le cas d'un artisan non inscrit au
registre du commerce. M. Witkowski, maçon plâtrier, conteste la procédure fiscale, affirmant que
l'intervention de l'administration, bien qu'annoncée par un simple "avis de passage", avait le
caractère d'une vérification de comptabilité. La cour estime que l'examen sur place des factures
d'achats par l'administration, en vue de confronter ces documents aux renseignements recueillis chez
les fournisseurs, constitue effectivement une vérification de comptabilité, dépassant ainsi le cadre
d'un simple droit de communication. L'absence d'une obligation légale d'informer préalablement le
contribuable de la vérification à cette époque ne rend pas la procédure irrégulière. En conclusion, M.
Witkowski n'obtient pas la décharge des impositions contestées, la cour considérant que la
vérification de comptabilité a été menée conformément à la loi.

L'intervention des agents d'une brigade de contrôle et de recherche qui, après avoir constaté dans
la comptabilité du fournisseur du contribuable l'absence de conservation de factures d'achat de
pièces détachées réglées en espèces à ce fournisseur, ont procédé à une comparaison des documents
recueillis auprès dudit fournisseur avec les livres d'achat du contribuable et à des investigations sur
les conditions d'exploitation de son entreprise de réparation automobile et sur ses relations avec ses
propres clients, excède l'exercice du droit de communication et marque l'engagement
d'une vérification de comptabilité.
CAA Marseille 9-6-2005 n° 02-1633, 3e ch., Calvet : RJF 5/06 n° 555 : Cet arrêt de la Cour
administrative d'appel de Marseille du 9 juin 2005 se penche sur la distinction cruciale entre la
vérification de comptabilité et le droit de communication, en se basant sur le cas particulier d'une
intervention de la brigade de contrôle et de recherche. Les agents, après avoir constaté l'absence de
conservation de factures d'achat chez le fournisseur du contribuable, ont effectué des investigations
dépassant le simple droit de communication. Ils ont comparé les documents du fournisseur avec les
livres d'achat du contribuable et ont enquêté sur les conditions d'exploitation de son entreprise de
réparation automobile. La cour conclut que ces investigations constituent une vérification de
comptabilité, étant donné qu'elles visaient à contrôler la sincérité des déclarations fiscales en
comparant les écritures comptables. L'absence d'un avis de vérification, comme requis par l'article L
47 du Livre des procédures fiscales, rend la procédure irrégulière, entraînant la décharge des
impositions et des pénalités correspondantes. Ainsi, la cour souligne l'importance du respect des
garanties légales lors de la vérification de comptabilité pour assurer une procédure fiscale régulière.

En l'espèce, l'examen, par la brigade de contrôle et de recherche, des écritures comptables du


contribuable, comparées aux écritures comptables du fournisseur, mettait le service en mesure de
vérifier la sincérité des déclarations fiscales du contribuable.

Après avoir remis un « avis de passage » au contribuable, le vérificateur avait procédé au relevé des
prix de vente de certains articles exposés dans le magasin ainsi qu'à l'examen des factures d'achats. A
l'issue de ce contrôle, un avis de vérification avait été adressé au contribuable l'informant qu'il serait
procédé à la vérification de la comptabilité de son magasin.
Jugé que les redressements effectués, compte tenu de leur nature (redressements fondés
essentiellement sur l'insuffisance des taux de marge brute résultant des résultats déclarés par rapport
aux taux ressortant d'une comparaison entre les prix d'achat et les prix de vente), procédaient de la
première intervention, laquelle, ayant comporté un examen critique des pièces comptables et leur
confrontation aux déclarations de l'entreprise, constitue une vérification de comptabilité.
Le contribuable n'ayant pas été avisé préalablement à cette vérification qu'il pouvait se faire assister
d'un conseil de son choix, la procédure est irrégulière.
CE 3-6-1988 n° 58767, 9e et 7e s.-s. : RJF 8-9/88 n° 1014 ; CE 3-6-1988 n° 78609, 9e et 7e s.-s : Cet arrêt
du Conseil d'État du 3 juin 1988 met en lumière la différence fondamentale entre la vérification de
comptabilité et le droit de communication, en se basant sur une intervention fiscale spécifique. Un
contrôleur des impôts a examiné les prix de vente et les factures d'achat dans le magasin d'une
contribuable avant d'envoyer un avis de vérification de comptabilité. La notification de redressements
ultérieure, basée sur l'insuffisance des taux de marge brute déclarés, a été contestée par la
contribuable. Le Conseil d'État a statué en faveur de la contribuable, soulignant que les impositions
découlaient de l'intervention initiale, constituant une vérification de comptabilité. L'absence d'un avis
de vérification préalable mentionnant le droit à l'assistance d'un conseil a entraîné la décharge des
impositions, soulignant ainsi l'importance du respect des procédures légales pour garantir la validité
de la vérification fiscale.

On remarquera que l'administration ne s'est pas prévalue des dispositions interprétatives de l'article L
47, al. 4 du LPF qui l'autorisent à procéder de façon inopinée à des constatations matérielles telles
que le relevé des prix pratiqués et la constatation de l'existence et de l'état des documents
comptables. Il est vrai que ces contrôles doivent de toute manière débuter par la remise, en mains
propres, d'un avis de vérification comportant toutes les mentions légales ( CF-IV-16500 s.).

Lorsque, pour rectifier une déclaration de plus-value, elle se fait communiquer les documents
comptables d'une SCI et examine sur place les factures des fournisseurs, l'administration n'exerce pas
son droit de communication mais effectue une opération de vérification qui est irrégulière à défaut
d'avoir été précédée d'un avis informant le contribuable qu'il avait la faculté de se faire assister d'un
conseil de son choix.
CAA Nantes 31-12-1990 n° 727, 1e ch., Pronier : RJF 3/91 n° 309 : Dans cette affaire jugée par la Cour
administrative d'appel de Nantes le 31 décembre 1990, M. Pronier avait acquis la totalité des parts
d'une société civile immobilière (SCI) par le biais d'une opération de dissolution. L'administration
fiscale avait taxé la plus-value résultant de cette opération au titre de l'article 150 A du Code général
des impôts. Le tribunal administratif de Caen avait initialement prononcé la décharge des
impositions, arguant que l'opération ne générait pas une plus-value spécifique visée par l'article 150
A. Cependant, la Cour administrative d'appel de Nantes a annulé cette décision, soulignant que la
cession d'immeubles réalisée à titre onéreux par une société de personnes relevait bien de l'article
150 A du CGI. La Cour a également relevé une irrégularité procédurale dans la vérification de
comptabilité, où l'administration avait exercé son pouvoir de vérification sans envoyer préalablement
un avis mentionnant le droit à l'assistance d'un conseil. Cette irrégularité a conduit à la décharge des
impositions pour M. Pronier.

Sur la vérification des SCI de location, voir CF-IV-9000 s.

Lorsque l'administration demande à l'autorité judiciaire communication de l'ensemble des


documents comptables d'une étude de mandataire judiciaire qui avaient été placés sous main de
justice au cabinet d'un expert judiciaire, puis procède à un contrôle de ces pièces avant de notifier
des redressements correspondant à l'écart constaté entre les sommes enregistrées au crédit du
compte de l'étude et le montant des recettes professionnelles déclarées, elle ne se borne pas à
exercer ponctuellement son droit de communication mais apprécie la sincérité des
déclarations fiscales professionnelles en les comparant avec des documents comptables afin de
déterminer les redressements notifiés.
CE 11-7-2011 n° 331189 et 331819, 8e et 3e s.-s., min. c/ Martin : RJF 12/11 n° 1337, concl. L.
Olléon BDCF 12/11 n° 141. : Dans cette affaire datant du 11 juillet 2011, le Conseil d'État a statué sur
un litige fiscal impliquant les mandataires judiciaires M. René Martin et Mme Jacqueline Martin. Le
contentieux portait sur une vérification de comptabilité effectuée par l'administration fiscale pour les
années 1995 à 1997, avec la participation d'un expert judiciaire. Le Conseil d'État a considéré que
cette vérification constituait une procédure irrégulière, notamment en l'absence d'un avis de
vérification préalable, ce qui remettait en cause la validité des redressements notifiés.

Un point crucial de la décision réside dans l'application de l'article L 170 du Livre des Procédures
Fiscales (LPF) concernant le délai de reprise en cas d'omission ou d'insuffisance d'imposition révélée
par une instance. Le Conseil d'État a conclu que cet article n'était pas applicable en l'espèce, car les
redressements découlaient d'une vérification de comptabilité jugée irrégulière, et non exclusivement
des insuffisances révélées par l'instance pénale.
En outre, la décision a abordé la question de la gestion des études des mandataires judiciaires par des
administrateurs provisoires pendant la période de suspension. Le Conseil d'État a affirmé que cette
gestion n'empêchait pas l'imposition au nom des contribuables des sommes portées au crédit des
études, considérant que cette gestion était effectuée pour leur compte. Ainsi, la décision du Conseil
d'État a eu des implications significatives tant sur le plan de la procédure fiscale que sur la gestion des
affaires des mandataires judiciaires concernés.

L'inspecteur des impôts qui, en vertu des dispositions de l'article 1991 du CGI (actuellement LPF art. L
85), s'est fait communiquer des pièces comptables et a procédé à un examen rapide de ces pièces en
présence du contribuable ne peut être considéré comme ayant procédé à un début de vérification,
alors au surplus qu'une procédure régulière de vérification a été mise en œuvre ultérieurement.
CE 6-3-1968 n° 71446, 9e s.-s. : RJCD 1968-II p. 67.

La visite, précédée d'un avis de vérification, effectuée par un inspecteur chez un contribuable doit
être regardée comme se rattachant à l'exercice du droit de communication qui est conféré à
l'administration, sans formalité particulière, par l'article 1991 du CGI (actuellement LPF art. L 85)
lorsque, le contribuable ayant demandé que la vérification soit reportée en raison de son état de
santé, l'inspecteur s'est borné, au cours de son intervention, à apposer son visa sur les différents
documents comptables.
CE 23-1-1970 n° 75742, 7e et 8e s.-s. : BOI 13 L-6-70.

Ne constitue pas une vérification de comptabilité, mais l'exercice du droit de communication, le fait
pour l'administration de convoquer un contribuable et de lui demander de produire les pièces
justificatives des mouvements de ses comptes en banque.
CE 24-7-1981 n° 16733, 7e et 9e s.-s. : RJF 11/81 n° 961 : L'arrêt du Conseil d'État du 24 juillet 1981,
portant sur une affaire impliquant M. X, conseiller juridique de la SARL Y et de la société Z, traite des
questions relatives au champ d'application, au fait générateur, à la facturation (art. 283-3 et 283-4 du
CGI), au régime du forfait, à la procédure d'imposition, et à la vérification de comptabilité.

Selon l'article 283 du CGI, toute personne mentionnant la TVA sur une facture est redevable de la
taxe du seul fait de sa facturation. L'arrêt souligne que, dans le cas de factures fictives,
l'Administration peut appréhender le montant de la taxe entre les mains de l'auteur de la facture. En
l'espèce, M. X avait émis des factures sans réaliser de livraison, s'appropriant ainsi la TVA indûment
facturée.

L'arrêt aborde deux points essentiels. Premièrement, il précise que le régime du forfait n'est pas
applicable aux redevables n'ayant pas réalisé d'affaires au sens de l'article 256. Deuxièmement, il
discute de la procédure d'imposition, indiquant que la procédure contradictoire de redressement
n'est pas applicable lorsque la taxe est due uniquement pour avoir été facturée. Cependant, toute
irrégularité dans la vérification ou l'exercice du droit de communication peut justifier la décharge de
l'imposition.

En ce qui concerne la vérification de comptabilité, l'arrêt distingue entre la vérification et l'exercice du


droit de communication. Il considère que la simple demande de pièces justificatives des mouvements
bancaires n'est pas une vérification de comptabilité, mais relève du droit de communication. Même si
cette démarche est irrégulière, cela ne vicie pas la procédure d'imposition, dès lors que l'imposition
est justifiée par la constatation de M. X en tant qu'auteur réel des factures.

En conclusion, l'arrêt du Conseil d'État clarifie la procédure à suivre dans le cas d'impositions fondées
sur l'article 283, notamment en écartant la procédure contradictoire de redressement dans certains
cas tout en soulignant l'importance de la régularité de la vérification et du droit de communication.
Aucune disposition législative ou réglementaire ne s'oppose à ce que l'administration exerce
son droit de communication préalablement à la mise en œuvre d'une vérification. L'administration
peut exercer son droit de communication auprès du comptable du contribuable. Elle peut,
notamment, à ce titre, demander au comptable copie des documents comptables annexés aux
déclarations du contribuable, la liste des clients et fournisseurs.
Le fait de recouper les renseignements ainsi obtenus avec ceux recueillis auprès des fournisseurs et
des clients du contribuable ne constitue pas une vérification de comptabilité.
Une vérification de comptabilité consiste à vérifier la sincérité des déclarations du contribuable en les
comparant à ses propres écritures comptables.
CE 18-3-1981 n° 17337 et 17336, 7e et 8e s.-s. : RJF 5/81 n° 468 : L'arrêt du Conseil d'État du 18 mars
1981 concerne le cas de M. X, un marchand de bestiaux soumis à des impositions supplémentaires. Il
clarifie la distinction entre la vérification de comptabilité et l'exercice du droit de communication.
Selon l'article 1991 du CGI, l'Administration a le droit d'obtenir communication des livres comptables
des contribuables. En l'occurrence, l'Administration a exercé son droit de communication en
demandant au comptable de M. X des informations sur les clients, les fournisseurs et les documents
comptables. Toutefois, le recoupement de ces informations avec celles obtenues auprès des tiers ne
constitue pas une vérification de comptabilité, qui implique une comparaison avec les écritures
comptables du contribuable.

L'arrêt souligne également la nécessité d'une comptabilité présentant une valeur probante. En
l'absence d'inventaire des stocks et de documents détaillant les transactions, la comptabilité peut
être considérée comme dépourvue de valeur probante, justifiant ainsi une rectification d'office. Pour
contester de telles rectifications, le contribuable doit apporter des justifications étayées.

Par ailleurs, l'affaire aborde la question de la preuve en matière d'enrichissement. M. X, taxé à raison
d'un apport de têtes de bétail, a réussi à prouver qu'il possédait déjà ces animaux dans une
exploitation agricole antérieure, démontrant ainsi l'absence d'enrichissement injustifié. Enfin, l'arrêt
souligne la régularité de la procédure d'imposition, notamment en rejetant les critiques sur la
vérification préalable et en reconnaissant à M. X le droit de contester les rehaussements en
apportant des justifications circonstanciées.

Aucune disposition législative ou réglementaire ne s'oppose à ce que l'administration exerce


son droit de communication avant d'engager, si elle le juge utile, la procédure de vérification.
Le fait que, quelques mois avant une vérification de comptabilité, le service des impôts ait pris
connaissance, durant quelques jours, des documents comptables, des factures d'achat et des copies
des factures de vente en vertu de son droit de communication ne peut pas être regardé comme
marquant le début de la vérification, dès lors que le service des impôts n'a pas procédé, à cette
occasion, à un examen critique de la comptabilité et n'a pas vérifié les déclarations de la société en
les comparant aux écritures comptables. La société n'avait donc pas à être avisée, à ce stade, qu'elle
pouvait se faire assister d'un conseil.
CE 20-4-1983 n° 31095 et 31096, 8e et 9e s.-s. : RJF 6/83 n° 798 : L'arrêt du Conseil d'État en date du
20 avril 1983 concerne la SARL X, soumise à des impositions supplémentaires à l'impôt sur les
sociétés et à l'impôt sur le revenu à la suite d'une vérification de comptabilité. L'arrêt éclaire la
distinction entre l'exercice du droit de communication et la vérification de comptabilité.

Selon l'article 1991 du CGI, l'Administration a le droit d'exercer son droit de communication,
notamment en demandant communication des livres comptables, des factures d'achat et des copies
des factures de vente. Toutefois, cette consultation, si elle ne s'accompagne pas d'un examen critique
de la comptabilité et d'une vérification des déclarations du contribuable comparées à ses écritures
comptables, relève de l'exercice du droit de communication et non d'une vérification de comptabilité.

Dans le cas de la SARL X, l'Administration a demandé communication des documents le 31 janvier


1972, mais n'a effectué un examen critique de la comptabilité qu'à partir du 23 mai 1972, date de la
notification de l'avis de vérification. Ainsi, la période antérieure à cette notification ne peut être
considérée comme relevant d'une vérification de comptabilité, évitant ainsi la méconnaissance des
dispositions de l'article 1649 septies.

Par ailleurs, l'arrêt souligne l'encouragement à la rectification d'office lorsque le contribuable


comptabilise des ventes et achats fictifs, présente des déclarations de stocks invraisemblables et des
factures non datées. En l'espèce, les anomalies constatées dans la comptabilité de la SARL X ont
conduit l'Administration à écarter la comptabilité comme non probante, justifiant ainsi la rectification
d'office des bénéfices imposables. La société, supportant la charge de la preuve, n'a pas pu
démontrer l'exagération des bases d'imposition.

En conclusion, l'arrêt confirme la légitimité de la rectification d'office dans le cas de pratiques


comptables douteuses et éclaire la subtile distinction entre le droit de communication et la
vérification de comptabilité.

Ne peut être considéré comme une vérification de comptabilité le fait, pour l'administration, d'avoir à
la suite de l'examen de renseignements recueillis dans l'exercice de son droit de communication,
notamment le relevé des achats d'un contribuable, décelé des inexactitudes dans ses déclarations et
rassemblé des éléments extracomptables pour compléter l'information nécessaire à l'établissement
de nouveaux forfaits, dès lors qu'elle n'a, à aucun moment, contrôlé la sincérité des déclarations en
les comparant avec des écritures comptables.
CE 3-12-1982 n° 19734 et 19735, 8e et 9e s.-s. : RJF 2/83 n° 254 : L'arrêt du Conseil d'État en date du 3
décembre 1982 concerne la situation de M. X, exploitant un café-hôtel-restaurant-dancing à R, qui
conteste des impositions supplémentaires à l'impôt sur le revenu et à la taxe complémentaire pour
l'année 1969, ainsi qu'à l'impôt sur le revenu pour les années 1970 à 1972, établies à la suite de la
caducité du forfait dont il bénéficiait. L'arrêt met en lumière la distinction entre l'exercice du droit de
communication et la vérification de comptabilité.

En l'espèce, l'Administration a constaté la caducité du forfait de M. X et a procédé à l'établissement


de nouveaux forfaits, conduisant à des impositions supplémentaires. Le contribuable conteste ces
impositions en arguant que la procédure suivie par l'Administration équivaut à une vérification de
comptabilité, ce qui aurait nécessité un avertissement préalable conforme à l'article 1649 septies du
CGI.

Le Conseil d'État rejette cette argumentation en affirmant que le relevé des achats effectués par M. X,
réalisé dans le cadre de l'exercice du droit de communication, a permis à l'Administration de déceler
des inexactitudes dans les déclarations du contribuable qui avaient servi de base aux forfaits.
Cependant, l'Administration n'a pas effectué une vérification de comptabilité au sens strict, car elle
n'a pas comparé les déclarations du contribuable à ses propres écritures comptables. Ainsi, la
procédure suivie ne méconnaît pas les dispositions de l'article 1649 septies du CGI.

Par ailleurs, le Conseil d'État souligne que la commission départementale a validé les propositions de
l'Administration, et le contribuable ne peut contester la décision de la commission en l'absence de
preuves tangibles démontrant l'exagération des coefficients appliqués.
En conclusion, l'arrêt établit une distinction nette entre l'exercice du droit de communication et la
vérification de comptabilité, soulignant que l'absence de confrontation des déclarations avec les
écritures comptables écarte la qualification de vérification de comptabilité au sens de l'article 1649
septies.

Ne constitue pas une vérification de comptabilité la comparaison à laquelle procède l'administration


entre les déclarations de revenus souscrites par un contribuable et divers renseignements qu'elle a
recueillis dans l'exercice de son droit de communication, notamment auprès de clients ou de
banques.
CE 17-10-1984 n° 40377, 9e et 8e s.-s. : RJF 1/85 n° 100 : L'arrêt du Conseil d'État en date du 17
octobre 1984 concerne la situation de M. X, expert-comptable, qui avait choisi le régime d'évaluation
administrative de ses bénéfices non commerciaux pour les années 1968 à 1972. À la suite d'une
vérification fiscale, l'administration a réévalué administrativement ses bénéfices imposables pour les
années 1968 à 1970, et a arrêté d'office les bénéfices imposables pour les années 1971 et 1972 en
raison du dépassement du seuil de recettes justifiant le régime de la déclaration contrôlée.

L'arrêt aborde plusieurs points de droit fiscal, dont la distinction entre la vérification de comptabilité
et l'exercice du droit de communication, les obligations de motivation lors de la notification de
redressements, les règles applicables aux bénéfices non commerciaux (BNC) sous le régime de
l'évaluation administrative, et les conséquences d'une évaluation d'office.

Concernant la régularité de la procédure d'imposition pour l'année 1968, le Conseil d'État rejette
l'argument de M. X selon lequel sa comptabilité aurait fait l'objet d'une vérification irrégulière,
soulignant que l'administration s'est contentée de comparer ses déclarations de revenus avec des
informations recueillies légalement auprès de ses clients et des banques. De plus, la notification des
redressements était suffisamment motivée.

Pour l'année 1969, le Conseil d'État admet l'irrégularité de la procédure d'imposition en raison du
défaut de motivation dans la notification des redressements, permettant à M. X d'engager une
discussion contradictoire.

En ce qui concerne l'année 1970, le Conseil d'État considère que les impositions sont illégales en
raison du dépassement du seuil de recettes justifiant le passage au régime de la déclaration
contrôlée, alors que M. X avait été imposé selon le régime du forfait.

Enfin, pour les années 1971 et 1972, le Conseil d'État conclut à la légalité des impositions,
notamment en rejetant les contestations de M. X sur la base des déclarations de ses clients,
soulignant que l'administration avait le droit de communication en vertu de l'article 1191 du Code
général des impôts.

En conséquence, le Conseil d'État accorde la décharge des impositions contestées pour les années
1969 et 1970, tout en rejetant les autres demandes de M. X.

Le simple recueil de documents sur place ne constitue pas une vérification de comptabilité
CAA Paris 8-4-2017 no 15PA01305CE (na) 20-3-2017 no 400506 BF 8-9/17 inf. 829 : L'arrêt de la Cour
administrative d'appel (CAA) de Paris du 8 avril 2017 et la décision du Conseil d'État (CE) du 20 mars
2017 évoquent la question des formes et modalités d'exercice du contrôle fiscal, notamment en ce
qui concerne la vérification de comptabilité.

Dans cette affaire, le simple recueil de documents sur place n'a pas été considéré comme une
vérification de comptabilité. Une demande de communication de documents formulée dans un
courriel de l'agent des impôts en vue d'une visite sur place, suivie de cette visite, n'a pas été jugée
suffisante pour caractériser une vérification de comptabilité. Les juridictions administratives ont
estimé que l'absence d'un examen critique de la comptabilité et du rapprochement avec les
déclarations souscrites était déterminante pour qualifier une telle opération de vérification de
comptabilité.

Ainsi, l'arrêt souligne la nécessité d'un examen critique de la comptabilité et d'une comparaison avec
les déclarations du contribuable pour que l'opération puisse être qualifiée de vérification de
comptabilité. Si ces éléments ne sont pas présents, même lors d'une visite sur place et de la demande
de communication de documents, l'administration fiscale ne réalise pas une vérification de
comptabilité au sens fiscal.

L'examen des factures et des registres d'achat d'une entreprise par un inspecteur des impôts, en vue
de procéder à des recoupements auprès de ses fournisseurs et de ses clients, n'excède pas le droit de
communication défini à l'article L 85 du LPF.
Cass. crim. 24-4-1984, Peureux et autres : RJF 6/86 n° 664 :

Cet extrait concerne une affaire de fraude fiscale et aborde différents points liés à la procédure de
vérification fiscale. Voici un résumé des principaux points abordés dans cet arrêt de la Cour de
cassation (Cass. crim. 24 avril 1984) :

I. **Violation de l'obligation d'aviser le contribuable de son droit d'être assisté d'un conseil :**

1. Le non-respect par l'administration de l'obligation d'aviser le contribuable de son droit d'être


assisté d'un conseil, conformément à l'article 1649 septies du Code général des impôts (CGI), entraîne
la nullité des poursuites pénales basées sur la vérification fiscale.

2. L'exception de nullité basée sur la violation de l'article 1649 septies du CGI est déclarée
irrecevable si elle est présentée pour la première fois en appel, conformément à l'article 385 du Code
de procédure pénale, et que cette nullité n'est pas substantielle touchant à l'ordre public.

II. Régularité de la remise d'un avis de vérification à l'épouse du gérant :

La cour d'appel a constaté la qualité de cogérante de fait de l'épouse du gérant de la société


vérifiée, justifiant ainsi la régularité de la remise de l'avis de vérification à cette personne.

III. Distinction entre droit de communication et vérification de comptabilité :

L'examen des factures et des registres d'achat par un inspecteur des impôts en vue de
recoupements n'excède pas le droit de communication défini à l'article 1991 du CGI. Cette opération
ne constitue pas une vérification de comptabilité régie par l'article 1649 septies du CGI.

Observations :

- L'arrêt fait référence à une jurisprudence constante concernant la nullité des poursuites en cas de
violation de l'obligation d'aviser le contribuable de son droit d'être assisté d'un conseil.
- Il souligne que la violation de l'article 1649 septies du CGI ne peut être soulevée pour la première
fois en appel, sauf s'il s'agit d'une nullité substantielle touchant à l'ordre public.

- La qualité de cogérant de fait de l'épouse justifie la régularité de la remise de l'avis de vérification à


cette personne.

- L'examen de documents pour des recoupements ne constitue pas une vérification de comptabilité
au sens de la législation fiscale.

En demandant au redevable, négociateur immobilier, de lui présenter ses factures d'achats et de


ventes et le dossier d'une cession immobilière dont elle avait eu connaissance par d'autres voies,
l'administration ne s'est pas livrée à une vérification de comptabilité inopinée, bien qu'elle ait par la
suite, au terme d'une vérification entreprise postérieurement, effectué des redressements portant
pour l'essentiel sur la commission perçue par l'intéressé à l'occasion de cette cession.
CAA Paris 26-6-1990 n° 437 plén., Zirah : RJF 11/90 n° 1360 : Cet extrait concerne un cas où un
service des impôts a demandé à un redevable, négociateur immobilier, de présenter ses factures
d'achats et de ventes, ainsi que le dossier d'une cession immobilière. Le contribuable conteste la
procédure de vérification de comptabilité. Voici un résumé des principaux points abordés dans cette
affaire (CAA Paris 26 juin 1990, n° 437, Plén., Zirah) :

I. Notion de vérification de comptabilité et distinction avec le droit de communication :

- La demande du service des impôts au redevable de présenter des factures et un dossier ne


constitue pas une vérification de comptabilité inopinée.

- Même si des redressements ont été effectués ultérieurement, notamment sur une commission
perçue lors d'une cession immobilière, la procédure initiale n'était pas une vérification de
comptabilité.

II. Redressement et procédure régulière :

- En cas d'irrégularité de la procédure de redressement pour défaut de saisine de la commission


départementale, la seconde procédure reprise après dégrèvement est régulière si le dégrèvement de
l'imposition initiale est notifié avant que le redevable ne soit invité à prendre connaissance du
rapport du service à la commission.

III. Commission départementale :

- Aucune disposition ne fait obligation à l'administration de notifier au redevable la composition de


la commission départementale des impôts directs et des taxes sur le chiffre d'affaires.

Observations :

- L'affaire souligne la nécessité de distinguer entre une vérification de comptabilité et un simple droit
de communication.
- La régularité de la procédure de redressement dépend du respect des délais et de la notification du
dégrèvement initial.

- L'absence d'obligation de notifier la composition de la commission départementale est confirmée.

Cette affaire met en lumière les règles procédurales entourant les vérifications fiscales et les
obligations de l'administration envers les contribuables lors de ces procédures.

Ne constitue pas une vérification de comptabilité, mais l'exercice du droit de communication prévu à
l'article L 85 du LPF, une visite effectuée au siège d'une société au cours de laquelle l'inspecteur des
impôts s'est borné à examiner le compte courant d'associé du dirigeant et le compte rémunération
du personnel, sans procéder à un examen critique de la comptabilité et sans vérifier les déclarations
de la société en les comparant aux écritures comptables.
CE 10-12-1999 n° 201067, 8e et 9e s.-s., min. c/ SARL Juventhera : RJF 2/00 n° 226 : La question traitée
dans cette décision du Conseil d'État concerne la régularité des opérations de vérification de
comptabilité, notamment en ce qui concerne le débat oral et contradictoire et l'endroit où se déroule
la vérification.

I. La décision souligne que lorsque le vérificateur a examiné les documents comptables dans le
cabinet du comptable à la demande du contribuable, la condition d'un débat oral et contradictoire
avec le vérificateur n'est satisfaite que si la première intervention du vérificateur a eu lieu sur place
au siège de l'entreprise.

II. La notion de vérification de comptabilité est ensuite discutée, distinguant ce qui ne constitue pas
une vérification. Par exemple, une simple intervention au siège de la société où l'inspecteur examine
certains comptes sans effectuer un examen critique de l'ensemble de la comptabilité ne peut être
considérée comme une vérification. De même, une lettre demandant à la société de produire des
documents justificatifs n'équivaut pas à l'engagement d'une vérification.

III. Une partie de la décision concerne les entreprises nouvelles et la nature des biens amortissables.
Elle précise que des matériels de soins esthétiques ne peuvent être assimilés à des installations
médico-sociales et ne peuvent pas être amortis de manière dégressive selon les règles fiscales.

IV. La décision aborde également la question de la cassation, soulignant qu'un arrêt de la cour
administrative d'appel est irrégulier s'il se fonde sur un moyen qui n'a pas été communiqué au
ministre.

En conclusion, la décision confirme la nécessité d'un débat oral et contradictoire lors des opérations
de vérification de comptabilité, soulignant l'importance du respect des procédures et conditions
légales dans ce processus.

Ne constitue pas une vérification de comptabilité la comparaison à laquelle procède l'administration


entre les déclarations du contribuable et des informations qu'elle a recueillies en exerçant
son droit de communication auprès de l'organisme gestionnaire d'un fonds commun de placement et
de l'établissement teneur du compte bancaire du contribuable, sans mettre en cause le caractère
probant des documents comptables, au demeurant lacunaires, obtenus auprès de ces
établissements, ni rapprocher ces documents de ses propres déclarations.
CE 27-4-2009 n° 285192, 10e et 9e s.-s., Lapeyre : RJF 7/09 n° 640.

Lorsque le vérificateur se borne, pour établir la notification de redressements, à contrôler sur


pièces, sans intervenir sur place, les déclarations de la société bailleresse en les comparant avec
les baux conclus avec la société locataire dont il avait pris connaissance à l'occasion de la vérification
de comptabilité dont celle-ci a fait l'objet, il ne procède pas à un examen critique des écritures de la
société bailleresse. Ce contrôle ne constitue donc pas une vérification de comptabilité.
CE 11-12-2009 n° 301504, 8e et 3e s.-s., SCI Aristide Briand : RJF 3/10 n° 211.

Lorsque l'administration :

- a adressé au contribuable des demandes de renseignements qui l'invitaient seulement à produire


copie des statuts d'une SARL de famille, de la déclaration de résultats d'un exercice, de
la facture d'acquisition et du contrat d'assurance des bateaux et à préciser leur mode d'exploitation ;

- a notifié à la suite d'un contrôle sur pièces de son dossier fiscal à cette société des redressements
fondés sur l'analyse des contrats d'affrètement et de gestion conclus par cette société avec un tiers
pour assurer l'exploitation des bateaux de plaisance ;

- a notifié au contribuable des rappels d'impôt sur le revenu au vu d'un contrôle sur pièces des
déclarations de revenus souscrites par l'intéressé, qu'elle a rapprochées des informations sur
l'exploitation du navire, obtenues en application de son droit de communication auprès du service
qui a contrôlé le dossier fiscal de la SARL de famille, l'ensemble des opérations conduites par
l'administration, à l'égard tant de la société que de ses associés, se rattache aux pouvoirs de contrôle
qu'elle tient des dispositions du troisième alinéa de l'article L 10 du LPF et ne procède pas
d'une vérification de la comptabilité de la société.

CE 30-12-2009 n° 305736, 9e et 10e s.-s., Dauga : RJF 3/10 n° 250. : traite de la vérification de
comptabilité, notamment en soulignant la distinction entre deux situations : l'existence d'une
vérification et l'absence de vérification, avec un contrôle sur pièces. Dans le premier cas,
l'administration effectue une vérification de comptabilité d'une entreprise pour assurer
l'établissement d'impôts ou de taxes éventuellement éludés. Cette vérification implique un contrôle
sur place de la sincérité des déclarations fiscales de l'entreprise, en comparant celles-ci avec les
écritures comptables ou les pièces justificatives. Il est souligné que cette procédure nécessite le
respect des garanties légales prévues en faveur du contribuable vérifié. En revanche, dans le cas de
l'absence de vérification, l'administration peut faire usage du droit de contrôler sur pièces les
déclarations du contribuable sans procéder à un examen critique des documents comptables, ce qui
ne peut être assimilé à une vérification de comptabilité. Le paragraphe évoque également des
éléments spécifiques liés à un cas particulier d'une SARL de famille exploitant des bateaux de
plaisance et conteste le bien-fondé des redressements notifiés, en se basant sur des motifs juridiques
et des éléments de fait. En fin de compte, la cour administrative d'appel conclut au rejet du pourvoi,
estimant que les opérations menées par l'administration étaient conformes aux dispositions légales.

En ce qui concerne la distinction entre le droit de communication et la vérification de comptabilité,


voir également les solutions reproduites à CF-V-7660 s. (appréciation de la notion de
double vérification pour l'application de la garantie prévue à l'article L 51 du LPF).

Vous aimerez peut-être aussi