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Une fenêtre ouverte sur le monde

m Enra
Juin 1965 (XVIIIe année) France :1 F - Belgique : 14 F - Suisse: 1 F

MES PREMIERS PAS


DANS L'ESPACE ."S

«díCHlVÍ^
Photo © Werner Bischof-Magnum

A LA RECHERCHE DU COSMOS
A 90 km au sud-ouest de Delhi s'élève l'observatoire de Jaipur, l'une des merveilles, trop peu connue, de la
civilisation indienne du XVIIIe siècle. Ci-dessus, l'une des deux horloges solaires construites vers 1730 par
Jai Singh, maharadja de Jaipur, passionné d'astronomie (voir page 18).
Le
Courrier
JUIN 1965 XVIIIe ANNÉE

Pages

PUBLIÉ EN 9 ÉDITIONS

Française
Anglaise
MES PREMIERS PAS DANS L'ESPACE
Espagnole
Russe Le récit d'un exploit historique (18 mars 1965)

Allemande par Alexei Leonov

Arabe

U. S. A.
12 LA GRANDE ROUTE TRANSASIATIQUE
Japonaise
Un exemple frappant de coopération internationale
Italienne
par M. S. Ahmad

18 LES PIERRES DE JAIPUR PARLENT

D'ASTRONOMIE

Observatoires-monuments en Inde

Mensuel publié par l'UNESCO,


Organisation des Nations Unies
pour l'Éducation,
MOHENJO DARO RAVAGÉ PAR LE SEL
la Science et la Culture
Sauver une métropole de 5 000 ans
Ventes et distributions :

Unesco, place de Fontenoy, Paris-7e. par H. J. Plenderleith, C. Voûte et Th. de Beaufort


Belgique : Louis de Lannoy,
112, rue du Trône, Bruxelles 5.
ABONNEMENT ANNUEL : 10 francs fran¬
27 LA « CITÉ DES MORTS »
çais ; 140 fr belges ; 10 fr suisses ; 15/-stg.
POUR 2 ANS: 18 fr français; 250 fr belges;
Les énigmes de Mohenjo Daro
27/-stg. Envoyer les souscriptions par man¬
dat C.C.P. Paris 12598-48, Librairie Unesco,
par Marcel Brion
place de Fontenoy, Paris.

Les articles et photos non copyright peuvent être reproduits


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32 NOS LECTEURS NOUS ÉCRIVENT
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34 LATITUDES ET LONGITUDES
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Bureaux de la Rédaction :
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Directeur-Rédacteur en Chef :
Notre couverture
Sandy Koffler
Rédacteur en Chef adjoint :
Pour la première fois un homme
René Caloz
marche dans le cosmos. Ce premier
Adjoint au Rédacteur en Chef : pas outre -monde c'est celui de
Lucio Attinelli
l'astronaute soviétique Alexei Leonov;
Secrétaires généraux de la rédaction : il marque une étape capitale dans la
Edition française : Jane Albert Hesse (Paris) conquête de l'espace. Cette photo a
Edition anglaise : Ronald Fenton (Paris) été prise par une caméra que Leonov
Edition espagnole : Arturo Despouey (Paris) lui-même venait de fixer à l'ex¬
Edition russe : Victor Goliachkov (Paris) térieur du vaisseau spatial et qui
Edition allemande: Hans Rieben (Berne) a filmé sa prodigieuse aventure.
Edition arabe : Abdel Moneim El Sawi (Le Caire)
Edition japonaise : Shin-lchi Hasegawa (Tokyo)
Edition italienne : Maria Remiddi (Rome) Photo © A. P. N.

Illustration : Phyllis Feldkamp


Documentation : Olga Rodel
Maquettes : Robert Jacquemin
Toute la correspondance concernant la Rédaction doit être
adressée au Rédacteur en Chef.

<*CHIVt*,
MES

PREMIERS PAS

DANS

L'ESPACE

par Alexei Leonov

Photos ©A.P.N.

Le 18 mars 1965 marque une date dans l'histoire de


l'astronautique. Ce jour-là, pour la première fois, un
homme Alexei Leonov, astronaute soviétique (ci-dessus)
sortit d'un vaisseau spatial et évolua pendant vingt
minutes dans le cosmos. Ce qu'il a ressenti en quittant son
vaisseau, ce qu'il a fait et vu pendant cette aventure extra¬
ordinaire, Leonov nous en fait le récit dans l'article qu'il a
écrit spécialement pour « Le Courrier de l'Unesco. » Les
photos sont tirées du film en couleurs "En scaphandre au-
4 dessus de la Terre ", tourné par A. Leonov et P. Belîaiev, et
présenté en première mondiale à l'Unesco le 6 mai 1965.
L'écoutille du « Voskhod-2 » s'ouvre sur l'espace cosmique. Alexei Leonov émerge dans la lumière
aveuglante du soleil. Au loin, derrière le cosmonaute (à droite sur la photo), la Terre brillamment éclairée.

EULES les inoubliables minutes du départ et le lui-même ressemblait à un puits sans fond. L'espace était
'souvenir des longs mois d'entraînement au vol tel qu'on n'en verra jamais sur la terre.
m'ont contraint à croire à la réalité du tableau qui s'est
Tout, alentour, ressemblait à des séquences d'un film d'an¬
ouvert à mes yeux lorsque je regardais le vaisseau en
ticipation, seule la musique électronique y manquait.
planant dans l'espace cosmique libre. « Voskhod-2 »
voguait solennellement, majestueusement. Ses antennes, En bas voguait notre planète bleu ciel. Vue du cosmos
telles les moustaches de quelque monstre, palpaient le vide elle paraissait non pas ronde mais tout à fait plate, telle
du cosmos. Les hublots ressemblaient à d'énormes yeux une énorme carte physique. Seule la courbure de l'horizon
fixant chacun de mes mouvements. Les objectifs des camé¬ témoignait qu'elle est ronde.
ras de télévision et des caméras photographiques me regar¬
C'est dans cet espace fantastique que je devais travailler.
daient.
Pourquoi ?
Devant moi, tout était noir, un ciel noir et des étoiles
La cosmonautique se développe avec célérité. Il y a
luisantes, mais qui ne scintillaient pas, elles semblaient
quatre ans, mon compatriote Youri Gagarine avait passé
immobilisées.
dans le cosmos seulement 108 minutes. Maintenant les vais¬

Le soleil n'apparaissait pas non plus comme vu de la seaux cosmiques accomplissent des vols de plusieurs r
terre. Il n'y avait aucune auréole autour, aucune couronne. jours. Il n'y a pas que les pilotes cosmonautes qui peuvent J
Il rappelait un énorme disque ..icandescent qui semblait voler à bord de ces vaisseaux. En octobre dernier, à bord
fixe dans le velours noir du c;el cosmique. Le cosmos du « Voskhod-1 », le savant Konstantin Feoktistov, le
Libéré des lois de la pesanteur, Leo¬
nov flotte dans l'immensité silencieuse
du cosmos. Son scaphandre le pro¬
tège du vide mortel. Ici, il n'y a plus
de haut et de bas. La Terre, sous la
courbure de son horizon, défile devant
les yeux de l'astronaute. Elle est en
partie enveloppée de nuages mais
Leonov a pu apercevoir pendant quel¬
ques minutes la Méditerranée, la
Volga, l'Oural et quelques fleuves
sibériens.

Photos © A.P.N.

MES PREMIERS PAS DANS L'ESPACE (Suite)

L'écoutille derrière moi s'est fermée

médecin Boris Egorov et le cosmonaute Vladimir Komarov pressent pas l'une sur l'autre. Les objets se déplacent au
voguaient de conserve. moindre effort Indépendamment de leur masse et de leur
A l'avenir les vaisseaux cosmiques se trouveront dans dimension. Il ne faut qu'une dépense exceptionnelle pro¬
l'espace cosmique plus longtemps encore. Ils ne seront portionnelle à la masse et au carré de sa vitesse : puis
probablement pas solitaires à l'envol. Le nombre de mem¬ les corps se meuvent sans arrêt. »
bres de l'équipage augmentera. Les savants travaillent à Ce n'était là qu'une idée théorique, quoique géniale,
résoudre le problème de la création de stations-instituts basée sur la connaissance des lois de la mécanique mais
orbitales permanentes. L'homme cherchera évidemment à néanmoins non confirmée par la pratique.
s'envoler vers d'autres planètes.
Après les vols des satellites artificiels et des vaisseaux
Mais pour ce faire les hommes doivent apprendre à
spoutniks cosmiques pilotes, les savants ont théoriquement
monter de lourds vaisseaux directement dans le cosmos.
cerné tous les problèmes liés à la sortie de l'homme dans
Il faut qu'ils puissent relever les équipages des stations- le cosmos. Ils connaissaient bien les conditions de l'am¬
laboratoires, passer d'un vaisseau à l'autre pour porter
biance extérieure : l'intensité du rayonnement, l'effet de
secours ou simplement à des fins de relations entre hom¬
l'apesanteur. Mais personne ne savait exactement quelle
mes pendant les vols interplanétaires. Il en découle une
serait la réaction de l'homme à l'apesanteur dans l'espace
autre nécessité, celle d'apprendre à sortir du vaisseau
cosmique libre.
dans l'espace cosmique et de trouver à cette fin la méthode
de sortie la plus commode. Mais la sortie de l'homme C'est au commandant du vaisseau « Voskhod-2 », Pavel

dans l'espace ouvert est-elle possible ? Et si oui, pourra-t-il Beliaiev et à moi-même, qu'est échu le grand bonheur
y travailler ? Pourra-t-il, par exemple, y réaliser des travaux le 18 mars, d'apporter les premières réponses à ces ques¬
de montage indispensables pour la jonction des vaisseaux? tions et de vérifier pratiquement les suppositions et les
calculs des savants. Il nous semble que nous avons résolu
Voici ce que répondait à ces question, en 1926, l'émi-
ces problèmes et justifié les espoirs fondés sur notre vol.
nent savant russe Konstantin Tsiolkovski :
Comment cela s'est passé ?
« Il est plus facile d'accomplir les travaux de tout genre
ici que sur la terre. Premièrement parce que les dimensions Nous avons commencé à nous préparer à la sortie
des ouvrages peuvent ne pas être limitées et cela avec hors du vaisseau deux minutes après la satellisation. La
les matériaux les plus faibles étant donné que leur poids responsabilité de notre tâche et du vol ne nous permettait
ne les détruira pas, car ici il n'existe pas. Deuxièmement, pas de perdre notre temps à nous familiariser avec les
l'homme est en état de travailler ¡ci dans n'Importe quelle beautés du cosmos. Nous savions que nous en aurions
position en fixant seulement les pieds ou une autre partie le loisir après avoir accompli l'expérience.
du corps : il n'y a là ni lignes verticales, ni lignes hori¬
Sur la Terre nous avions maintes fois mis à l'épreuve
zontales, il n'y a ni haut ni bas. On ne peut tomber nulle
les systèmes de commande du sas, et de sortie et de ren¬
part.
trée, les systèmes de contrôle de l'état de l'homme sortant
Aucun objet, même le plus lourd, ne peut écraser le tra¬ dans le cosmos. Nous les avions essayés dans des condi¬
vailleur car il ne tombe nulle part, même n'étant pas soutenu. tions proches des conditions réelles. Néanmoins, nous
Les parties du corps, quelle que soit leur grandeur, ne avions fait encore une fois une répétition générale dans
MES PREMIERS PAS DANS L'ESPACE (Suite)

Je ne voulais pas quitter le cosmos


les conditions de vol du vaisseau suivant l'orbite. La pre¬ mouvoir d'une façon assez coordonnée et précise dans
mière révolution a été en partie consacrée à ces exercices. ces conditions extraordinaires.

Au-dessus du Kamtchatka, Pavel Beliaiev commença les Me trouvant hors du vaisseau, je m'entretenais en per¬
préparatifs pratiques en vue de ma sortie du vaisseau. manence par téléphone avec Pavel Beliaiev et la Terre.
Il m'aida à mettre le sac à réserve d'air. J'ai vérifié la livrai¬ Je me suis en particulier entretenu avec Youri Gagarine qui
son du mélange respiratoire du sac au scaphandre. Beliaiev veillait au poste de commande du cosmodrome. J'ai entendu
ouvrit l'écoutille du sas. Nous avons branché ensemble à la radio de Moscou annoncer le départ de notre vaisseau.
mon scaphandre la drisse-câble qui devait me fixer au Au-dessus de l'Iénisséi le commandant me donna le
vaisseau. Dans la drisse était incorporé' le câble télépho¬ signal de rentrer dans le vaisseau. Je me sentais à mer¬
nique qui me reliait au commandant du vaisseau et à la veille, l'humeur était excellente et je ne voulais pas quitter
Terre. le cosmos. C'est pourquoi je me repoussai encore une fois
Je me détachai de mon siège et entrai dans le sas en du bord du sas pour vérifier d'où proviennent les vitesses
flottant. Je fis un geste de la main au commandant. L'écou¬ angulaires au premier moment après la poussée. Il s'avéra
tille, derrière moi, se ferma. Beliaiev commença à faire qu'elles étaient dues au moindre déplacement de la direc¬
sortir l'air du sas afin d'égaliser la pression dans la chambre tion de la force de poussée par rapport à l'axe du vaisseau.
de sas avec la pression hors du vaisseau. Je l'ai ressenti par Après quoi, j'exécutais l'ordre du commandant de bord
l'enflement du scaphandre. Soudain l'écoutille s'ouvrit elans et commençais à me rapprocher du vaisseau. Chemin
l'espace cosmique. Une gerbe aveuglante de lumière so¬ faisant, je m'emparais de la caméra cinématographique
laire remplit la chambre du sas. Il faisait tellement clair fixée au support.
qu'il semblait que quelque part, tout près, on soudait à
Je voulais rentrer directement dans le sas ; or ce ne fut
l'arc.
pas chose tellement facile. Le scaphandre gonflé limitait
mes mouvements. Il me fallut faire des efforts physiques
assez sérieux pour pénétrer dans le sas. Mais bientôt
E m'avançai dans le sas vers la sortie et en
J émergeai un peu de la tête. Nous survolions la
je me trouvais dans la cabine du vaisseau aux côtés de
mon ami Pavel Beliaiev.
Méditerranée. Je voulais sortir plus vite du sas et regarder
la Terre à partir du cosmos, voir le vaisseau, mais le L'expérience de sortie de l'homme hors du vaisseau

commandant ne me le permit pas : le moment de la sortie dans l'espace cosmique était achevée. J'avais passé vingt
prévu dans l'horaire approuvé à terre n'était pas encore minutes hors de la cabine. Pendant ce temps « Voskhod-2 »
arrivé. Il fallut se soumettre. se trouvait loin de la Méditerranée au-dessus de laquelle
je me trouvais quand j'avais commencé à entrer dans le
Avant Simferopol le commandant me donna le signal de
sas. Nous nous approchions de l'océan Pacifique.
sortie. D'impatience, je me repoussai plus qu'il ne le fallait
du bord du sas et sortis du vaisseau comme un bouchon
Avais-je peur ?

d'une bouteille. En bas, sous moi, se trouvait Kertch. Je On me demande souvent si j'avais peur en sortant du
vis la mer Noire, la coupe bleue de la baie près de Novo¬ vaisseau dans le cosmos ? Si je craignais pour ma vie ?
rossiisk, les montagnes du Caucase recouvertes de nuages. Et chaque fois je réponds sincèrement : non, je n'avais pas
La visibilité était magnifique. J'ai beaucoup volé à .bord de peur. Pourquoi n'éprouvais-je pas de crainte ?
divers avions, plus de 550 heures. Mais je dois dire que du
cosmos on volt mieux et plus en relief que d'avion. J'ai
|ANS le cosmos, le scaphandre constituait pour
nettement vu, par exemple, que dans la région de la ville
moi la seule protection contre les rayonnements
de Sotchi le temps était alors ensoleillé.
du Soleil, les radiations, les brusques changements de
... Je me trouvais en rotation. Il était impossible de l'ar¬ température et autres phénomènes non moins dangereux
rêter par des mouvements quelconques. J'avais appris qu'il pour l'homme. Mais j'avais absolument confiance dans le
devait en être ainsi pendant les entraînements dans l'avion- scaphandre, comme
dans tout l'appareillage technique
laboratoire où nous avions perfectionné, Pavel Beliaiev installé à bord du vaisseau. Cette confiance absolue, je
et moi-même, la sortie et la rentrée dans les conditions l'avais acquise au cours des longs mois de préparation au
de l'apesanteur. Aussi ne fis-je aucun effort. J'attendais
l'affaiblissement de la rotation par la torsion de la drisse. L'école soviétique de formation des cosmonautes est
Et, en effet, la vitesse angulaire baissait petit à petit. Il est caractérisée par la participation des cosmonautes à la mise
vrai que je tournais encore autour de l'axe transversal.
au point et aux essais de tous les nouveaux systèmes et
Je pouvais arrêter cette rotation en saisissant la drisse mais équipements créés pour la réalisation de notre mission.
je ne le fis pas car en tournant je pouvais mieux voir. C'est pourquoi nous les connaissons à fond, nous savons
En bas, voguaient les majestueux massifs verts du sud de comment ils se comporteront dans le cosmos.
notre pays. J'ai reconnu la Volga. Puis j'ai vu la chaîne de Avec Pavel Beliaiev, par exemple, nous avons participé
montagnes du vieil Oural, les puissants cours d'eau sibé¬ à la mise au point du projet d'esquisse de notre variante
riens, l'Obi et l'Iénisséi.
de vaisseau, du sas, du système de commande du sas,
J'enlevai l'obturateur de l'appareil cinématographique qui du scaphandre, de tous les nouveaux systèmes et de tout
devait fixer sur la pellicule tous mes mouvements dans le nouvel équipement ajoutés à notre vaisseau et que ne
l'espace cosmique libre. Il était installé sur un support possédait pas « Voskhod-1 ». Ces projets furent approuvés
spécial, près du bord du sas. Un moment après, je m'étirai devant nous. Nous avons nous-mêmes essayé l'équipement,
assez énergiquement en me tenant à la drisse et fus sans nous reposer seulement sur les expérimentateurs pro¬
contraint de me protéger des mains contre le vaisseau fessionnels. Après les essais, nous avons proposé d'appor¬
qui commençait à avancer impétueusement sur moi. J'aurais ter des perfectionnements, selon nous, indispensables. Et il
8 pu heurter au bord le casque hermétique, c'est pourquoi n'était pas de proposition dont les constructeurs et les ingé¬
j'étendis les mains et amortis le choc. Ceci prouve qu'avec nieurs n'auraient tenu compte.
l'adaptation l'homme peut, dans l'espace cosmique, se En outre, quand je me trouvais dans l'espace cosmique
Photo © A.P.N.

Cette ¡mage de Leonov évoluant


dans l'espace semble irréelle. Le
DANS LE GOUFFRE NOIR vif éclat du soleil tranchant sur le «.

velours noir du ciel a frappé 0


l'objectif de la caméra et des¬
TROUÉ PAR UN SOLEIL AVEUGLANT siné d'étranges jeux de lumière.
MES PREMIERS PAS DANS L'ESPACE (Suite)

La bonne méthode pour sortir


ouvert, je savais parfaitement que mon commandant, qui
Le système de sas a également été soumis à une grande
est aussi l'un de mes meilleurs amis, pouvait toujours me
épreuve pendant le vol. Il me semble que les savants
venir à l'aide. En cas de nécessité, il pouvait même
ont trouvé la méthode la plus prometteuse de sortie de
déshermétiser le vaisseau, l'abandonner et, à l'aide d'une
l'homme dans l'espace cosmique. En quoi réside donc
drisse supplémentaire sortir dans l'espace cosmique.
l'avantage du système de sas sur celui de la déshermé-
Devais-je avoir peur dans ces conditions ? En toute sin¬ tisation complète du vaisseau ?
cérité, si j'avais eu peur, c'est à terre que j'aurais renoncé
A l'avenir la sortie sera nécessaire pour passer dans
au vol.
un autre vaisseau, réaliser la jonction des vaisseaux, ou
Au cosmodrome, après notre retour au lieu d'atterris¬ accomplir certains travaux de réparation dont probablement
sage, les journalistes m'ont demandé : « Quand me suis-je les membres de l'équipage ne s'occuperont pas, car il n'est
le plus réjoui, en sortant du navire ou en y rentrant? » pas rationnel de tenir les autres membres de l'équipage
Je leur ai répondu que c'est la sortie qui m'a fait le plus en scaphandre dans le vaisseau déshermétisé. Il vaut
de plaisir. Et ce n'était pas pour me vanter. mieux revêtir de scaphandres un ou deux cosmonautes
qui s'occuperont de ces travaux, les installer dans le sas
Notre vol a confirmé toutes les suppositions des savants.
et. fermer l'écoutille. Cela permettra aux autres membres
L'homme peut vraiment sortir du vaisseau dans l'espace
de l'équipage de poursuivre tranquillement leur travail dans
cosmique libre. Et non seulement sortir mais aussi y tra¬
les conditions normales de la cabine du vaisseau, comme
vailler efficacement. Il est vrai que pour y parvenir il lui
l'ont fait, par exemple, Vladimir Komarov, Konstantin Feok¬
faut apprendre à coordonner ses mouvements, s'entraîner
tistov et Boris Egorov dans le vaisseau « Voskhod-1 »,
à agir dans les conditions inhabituelles de l'apesanteur
directement dans le cosmos. Mais ceci n'est pas un pro¬ Ou bien prenons la jonction. Il paraît peu probable que
blème tellement compliqué. les vaisseaux s'approchent exactement l'un de l'autre,
hublot contre hublot. Pour leur jonction, il faudra plutôt
A mon avis, les savants et les ingénieurs peuvent main¬
un sas analogue à celui qui relie les wagons de trains de
tenant réellement penser à la jonction des vaisseaux, au
10 montage, sur les orbites, d'appareils cosmiques lourds
passagers.

pour les vols vers d'autres planètes, à la création de sta¬ L'expérience de notre vol montre que l'on peut créer
tions-instituts orbitales permanentes. des sas assurant l'hermétisation complète des vaisseaux
lors de la sortie des cosmonautes dans l'espace cosmique
ouvert. Pavel Beliaiev n'a remarqué aucun changement de
paramètres de la cabine du vaisseau lorsque j'en sortais DEUX COSMONAUTES A L'UNESCO
et. j'y entrais. Cela lui a permis de se trouver librement dans
le vaisseau sans scaphandre. Or, ceci est important. Nous
nous sommes convaincus que dans la cabine le scaphandre Le 11 mai dernier, les cosmonautes soviétiques Valentina

est loin d'être le meilleur vêtement de travail. Terechkova et son mari Adrian Nikolaiev ont été reçus à la

En ce qui concerne les conditions de travail dans la Maison de l'Unesco par le Conseil Exécutif de l'Organisa¬

cabine, elles ne se distinguent en rien des conditions tion qui était réuni à Paris. Après que le Président du
Conseil, M. Mohammed El Fasi, et le Directeur Général de
d'une chambre ordinaire. Pendant toute la durée du vol,
l'Unesco, M. René Maheu, leur eurent adressé des souhaits
la température dans la cabine de notre « Voskhod-2 » ne
de bienvenue, le Professeur Noraïr Sissakian, Président de
dépassait pas 18 degrés. Nous ne subissions donc pas une
transpiration qui aurait conduit à la déshydratation de l'or¬ la 13e session de la Conférence Générale, a prononcé une
courte allocution sur le thème de l'homme dans l'espace.
ganisme. Si la sueur perlait, ce n'était qu'en très petite
Valentina Terechkova, jusqu'ici la seule femme cosmonaute
quantité, et elle était due aux efforts physiques et aux
surcharges. au monde, vola pendant plus de 70 heures en « groupé »
avec le cosmonaute Valéry Bykowsky (16 juin 1963). Son
La pesée, après le vol, a montré que nous avions perdu
mari, Adrian Nikolaiev avait fait, le 11 août 1962, 64 tours
500 grammes chacun. Mais ni Beliaiev ni moi-même ne
de la terre à bord de Vostok III.
considérons cela comme dû à notre séjour dans le cosmos.
C'est plutôt parce qu'avant le vol nous avons été pesés
le matin et après le vol, le soir. Comme vous le voyez notre
vol s'est déroulé normalement, à tous égards.
Je veux aussi remercier, par l'intermédiaire du « Courrier
de l'Unesco », tous ceux qui nous ont adressé, à Beliaiev
et moi-même, leurs félicitations lors de l'accomplissement
de cette mission honorifique. Merci de tout crur, pour lui
et moi.

Leonov lui-même avait l'impression de


vivre une scène d'un film de science-
fiction. A gauche, en gros plan, se
détachant sur la rondeur de la Terre,
la main du cosmonaute vient de retirer
l'obturateur de la caméra automatique
fixée hors du vaisseau spatial. A droi¬
te, Leonov réintègre le vaisseau. On
le voit dans le sas. Il va refermer
au-dessus de sa tête l'écoutille exté¬
rieure. Puis, lorsque le commandant
de bord Pavel Beliaiev aura fait reve¬
nir de l'air dans le sas, Leonov ouvrira
l'écoutille qui donne sur la cabine.

Photos © A.P.N.
LA GRANDE ROUTE
TRANSASIATIQUE
par M. S. Ahmad

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if

fme0^ß00K

Un immense réseau routier, dont les itinéraires sont souvent


ceux qu'empruntaient autrefois les caravanes, s'étendra bientôt
sur tout le continent asiatique de la Turquie et de l'Irak à Singa¬
pour et Saigon. La Grande Route d'Asie se crée actuellement
grâce à la coopération internationale; plus de vingt nations y
travaillent avec l'aide des Nations Unies. Quand elle sera terminée,
les automobilistes pourront parcourir 55.000 km de routes
modernes internationales.
Ci-contre, en Afghanistan,
tronçon déjà asphalté de
la grande route transasia¬
tique. A droite, en mon¬
tagne, non loin de la fron¬
tière pakistanaise, une pan¬
carte indique la voie pour
les automobiles et la piste
réservée aux chameaux et
aux chevaux.
WBSBISEto
Photos © Almasy

L'HISTOIRE de l'humanité peut être contée en s'installa à Bagdad, dota le monde musulman de bonnes
contant les voyages des hommes et le trans¬ chaussées jalonnées de caravansérails et d'auberges où
port des marchandises. marchands, pèlerins et courriers officiels trouvaient des
relais.
En Asie, le déplacement des populations et le dévelop¬
pement des routes caravanières ont été déterminés par
Ces routes constituaient les grands itinéraires du com¬
des impératifs géographiques. Pour franchir les chaînes merce entre l'Orient et l'Occident. Par ces voies de commu¬
de l'Himalaya, au nord de l'Inde, les pionniers des routes nication terrestres internationales, les pays d'Asie établi¬
commerciales ont, évidemment, cherché les cols (dont la
rent des relations d'affaires et d'échanges avec le monde
plupart sont encore utilisés) et ont suivi les vallées. Quand extérieur. Sans ces routes, les progrès de la civilisation
ils le pouvaient, les voyageurs préféraient emprunter la auraient été beaucoup plus lents dans ces régions.
route des caravanes car, sur mer, ils devaient affronter de
plus grands périls : tempêtes et pirates. Malheureusement, les événements politiques et le dépla¬
cement des frontières naturelles entraînèrent l'abandon de
Vers l'an 300 avant J.-C, l'antique route qui reliait Hama-
nombreuses routes terrestres d'Asie. Sans doute, s'efforça-
dan (l'ancienne Ecbatane), en Iran, aux vallées alors floris¬
t-on, à diverses reprises, de rétablir et de développer ces
santes de Mekran et de Luni, en Inde, passait par des
voies de communication, mais sans grands résultats, faute
villes de très vieilles civilisations, entre autres celle de
de coordination et de ressources suffisantes.
Mohenjo Daro.
Pendant ce temps, l'Europe et l'Amérique continuèrent à
La grande route de la soie, par exemple, partait de Sian
développer leurs grandes routes internationales. La route
(capitale de la Chine des Han), traversait le Turkestan et
panamérlcaine, dont les 28 960 km relient l'Alaska à la
les villes de Rhagae et de Hamadan et s'en allait vers l'Eu¬
pointe extrême de l'Amérique du Sud, offre un exemple
rope, soit par l'Asie Mineure, soit, avec un léger détour,
unique de grande route Internationale au vrai sens du
par Bagdad. Mossoul et Antioche. D'Antioche, une bifur¬
terme.
cation passant par Damas menait en Egypte.
Au cours des dix dernières années, la circulation rou¬
Les relations de grands voyageurs comme lbn-1-Hakkal,
tière s'est accrue de façon fantastique dans le monde
Fa Hien, I Tsiang, Tchang K'ien, Ibn-i-Batouta et Marco Polo,
entier. Aujourd'hui, tous les pays se préoccupent d'amé¬
donnent une idée de ce qu'étaient alors ces routes de cara¬
liorer leur grandes routes et leurs méthodes de construc¬
vanes, et des conditions dans lesquelles on y circulait.
tion routière ; l'Europe et l'Amérique ont, à cet égard, réa¬
La mission de Tchang K'ien, chez les Yue-tche, se situe lisé des progrès considérables. On a construit un grand
au cours des années 138-125 avant J.-C. Fa Hien, ce pèlerin nombre de routes internationales et fait beaucoup d'études
bouddhiste chinois qui se rendit en Inde de 399 à 414 après en vue d'uniformiser la construction des routes et de faci¬

J.-C, arriva par la route terrestre, mais revint en Chine en liter les formalités douanières. En Asie, les progrès ont
passant par Java. Youang-Tchouang voyagea beaucoup été beaucoup plus lents.
vers le début du VII« siècle après J.-C. ; venant du nord-
Cependant, les gouvernements ont pris conscience de la
ouest, il entra en Inde par Peshawar.
nécessité d'améliorer les réseaux routiers et ils se rendent

Entre 266 avant J.-C. et 476 après J.-C, les Romains pleinement compte du rôle important que peuvent jóuer 1Q
construisirent un réseau de routes qui s'étendait sur trois les grandes voies internationales dans le développement
continents. Sous l'Empire byzantin, le commerce par cara¬ économique, social et culturel, tout particulièrement lors¬
vanes avec l'Orient prospéra. La puissance impériale, qui qu'il s'agit de pays qui n'ont pas de débouchés sur la
U. R. S. S.

1
I

AFGHANISTAN

ARABIE SEOUDITE

La grande route prioritaire A-l (10590 km) ira de Bazargan (frontière


turque) à Saigon (République du Viêt-nam) en passant successivement par
Téhéran (Iran), Kaboul (Afghanistan), Islamabad (Pakistan occidental), Delhi
(Inde), Calcutta (Inde), Dacca (Pakistan oriental), Golaghat (Inde), Mandalay
(Birmanie), Aranya Pradet (Thaïlande), Pnom Penh (Cambodge).
La grande route prioritaire A-2 (12 350 km) ira de la frontière de I'lrak à
l'extrémité orientale de I'ile de Java (Indonésie) en passant par Téhéran et
lrpahan (Iran), Rohri et Lahore (Pakistan occidental), Delhi (Inde), Kathmandou
(Népal), Dacca (Pakistan oriental), Rangoon (Birmanie), Bangkok (Thaïlande),
Kuala Lumpur (Malaisie). Un ferry-boat reliera Singapour (Malaisie) et Dja-
karta (Indonésie).
Le réseau sera complété par des raccordements. Les pays intéressés ont
donné priorité a la construction de routes secondaires servant de traits
d'union avec les grandes routes internationales.

Les frontleres et les noms Indiqubs sur cette carte


n'impliquent pas reconnaissance ou acceptation officielle
par l'organisation des Nations Unies ou par l'Unesco.

GRANDE ROUTE T R A N S A S I A T I Q U E (Suite) d'entre elles, en les améliorant dès que l e permettraient I'ac-
croissement du trafic et des ressources financières.
mer, comme I'Afghanistan, le Laos et le Népal ; mais un
fait demeure, c'est que I'Asie ne possédait guère encore, La grande Route d'Asie rappellera les anciennes routes
jusqu'ici, de grandes voies internationales. des caravanes qui unissaient l'Europe, le Moyen-Orient et
l'Afrique et présentera un intérêt économique considé-
C'est en novembre 1958 que, lors d'une réunion du sous- rable : elle facilitera les déplacements à l'intérieur de
comité des routes de la Commission économique des chaque pays et développera les échanges internationaux
Nations Unies pour I'Asie et l'Extrême-Orient, fut lancée par voie de terre. Un grand nombre des produits tradition-
l'id& de créer un réseau de routes internationales, en nels de I'Asie : riz, caoutchouc, coton, bois d'œuvre,
reliant entre elles les routes principales qui existaient, de combustibles et minerais, qui circulent actuellement d'un
I'lran au Viet-nam, et en les améliorant pour qu'elles répon- pays à l'autre, en faisant de longs détours par voie de mer,
l4 dent à un certain nombre de normes minimales ; les normes
ont été classées en cinq catégories et les pays intéressés
pourraient être acheminés plus économiquement par route,
sans avoir à dépendre de frets maritimes de plus en plus
ont été priés de se conformer au moins aux plus simples onéreux.
LE RESEAU DES GRANDES ROUTES
TRANSASIATIQUES

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Grandee routes Internattonales.


iiiii Routes non carrossables B ce jour.

CARTE O N U

La Route d'Asie ne développera pas seulement les de circulation par voie de terre ; ils fourniront, directement
échanges commerciaux ; elle encouragera également le ou indirectement, du travail à de nombreuses personnes et
tourisme et permettra à des personnes aux revenus relati- contribueront ainsi au progrès économique et social.
vement modestes, de venir admirer les merveilles de ce Lorsqu'elle sera terminée, la grande Route d'Asie desser-
prestigieux continent. Les touristes pourront se rendre, par vira une zone de 6 millions et demi de kilomètres carrés,
la route, aux grands centres historiques et visiter maints peuplée de plus de 700 millions d'habitants.
lieux de pèlerinage, qui ne sont actuellement accessibles II sera nécessaire de construire un certain nombre de
qu'à grands frais. L'ouverture de la route internationale sera tronçons de raccordement, mais ils ne représenteront qu'un
accueillie avec satisfaction par des millions de pèlerins très faible pourcentage de la longueur totale de la Route
bouddhistes, hindous et musulmans. -d'Asie ; il faudra aussi bâtir des ponts importants et amé-
La Route d'Asie ouvrira, en outre, de nouvelles perspec- liorer l'état de beaucoup de routes ; tous ces travaux coû-
tives d'avenir aux centaines de milliers de petits villages teront cher et l'on peut se demander si les avantages immé-
des zones à forte densité démographique de la région. diats justifieront ces lourdes dépenses d'investissement.
Les transports routiers resteront un très important moyen Précisons qu'il n'est pas question d'établir immédiate-
LE PLUS HAUT TUNNEL. Un tunnel routier
est en voie d'achèvement à 3 300 m d'altitude,
en Afghanistan, à une centaine de km au nord
de Kaboul, au cEur de la chaîne de l'Hinc"
Kouch. Il a 2 750 mètres de long. C'est
plus haut tunnel routier du monde. Ci-con
(à gauche) aménagement des accès.

LE PLUS LONG PONT. Le pont que l'on voit à


l'horizon, sur notre photographie, a été
construit en Inde sur la rivière Sone, à 600 km
environ de Calcutta. C'est le plus long pont
d'Asie ; il a 3 300 mètres. 7 grands ponts seron
». t?! t également construits au Pakistan oriental.

Photos Nations Unies

GRANDE ROUTE TRANSASIATIQUE (Suite)

Une entreprise à l'échelle d'un continent

ment une route qui réponde aux normes internationales les lui demander de subventionner une étude économique et

plus élevées et que l'on se contentera, pour commencer, technique des raccordements actuellement nécessaires
de normes beaucoup plus modestes. Bien entendu, les pour constituer la route, ainsi que des possibilités de les
gouvernements examineront soigneusement si les avan¬ construire en Afghanistan, en Iran et au Pakistan. Le Fonds
tages à long terme l'emportent sur le rendement actuelle¬ spécial a chargé une société d'ingénieurs-conseils d'exa¬
ment prévisible. Dans le cas de l'Afghanistan, du Laos et miner cette demande d'étude de pré-investissement et est
du Népal, pays sans débouché sur la mer, les conditions actuellement en possession de son rapport.
géographiques et économiques sont telles que seul un
réseau routier international peut assurer au commerce avec Quels progrès a-t-on réalisés dans la construction et
l'amélioration des tracés prioritaires de la grande Route
l'étranger une voie d'accès suffisante et peu coûteuse vers
d'Asie ? Il est encourageant de constater l'enthousiasme
les pays et les ports voisins.
et l'ardeur avec lesquels les gouvernements s'efforcent de
Quels progrès a-t-on réalisés depuis 1959? Dans tous réaliser ce projet. Les itinéraires inclus dans la grande
les pays intéressés, on s'est déjà mis d'accord sur les Route d'Asie ont, pour la plupart, été inscrits dans les
itinéraires existants, qu'il faut incorporer au réseau de la programmes nationaux de voies prioritaires. Ainsi, grâce
grande Route d'Asie, ainsi que sur les normes de construc¬ à d'importants travaux de réfection et à la reconstruction
tion. Les plans prévoient une amélioration progressive, à de ponts, on peut maintenant aller en automobile de Bang¬
mesure que le trafic augmentera. kok à Siem Reap (Angkor Vat) en une journée. Des tra¬
vaux considérables ont également été entrepris sur d'autres
Un code de la circulation réglementant le trafic interna¬
secteurs de la route entre Choomporn et Penga, en Thaï¬
tional a été rédigé et un système uniforme de signalisation
lande ; lorsqu'ils seront terminés, on pourra se rendre en
routière adopté. Pour coordonner les efforts nationaux, on
automobile de Thaïlande en Malaisie. Dans le nord de la
a créé, sous l'égide de la CEAEO, un organisme dans lequel
Thaïlande, un pont a été construit conjointement par la
siègent des représentants de chacun des pays intéressés.
Thaïlande et la Birmanie sur la rivière Messai, à la fron¬
Les secteurs ne répondant pas aux normes minimales de tière de ces deux pays.
la grande Route d'Asie en Iran, en Afghanistan, au Pakistan,
en Inde et en Indonésie ont été relevés par des équipes En Inde, la construction des raccordements à faire entre
de l'Organisation des Nations Unies et les données déjà Silchar et Imphal se poursuit de façon satisfaisante.
16 recueillies ont permis d'évaluer les dépenses à prévoir pour
Au Pakistan oriental, des chantiers sont en pleine acti¬
leur mise en état.
vité, notamment sur les Itinéraires qui font partie du tracé
On a fait appel au Fonds spécial des Nations Unies pour de la route internationale. Au Népal, les travaux de construe-
P^p^tji

LE CAMION LE PLUS DÉCORÉ. On


rencontre sur les routes d'Asie beau¬
coup de camions ornés de peintures
aux vives couleurs comme ce camion
pakistanais. La décoration des véhicules
se retrouve au Moyen Orient.

Photo © Almasy

Kerman par Yazd deviendra une bonne route empierrée.


tion routière sont menés vigoureusement ; la route qui Le dernier secteur, reliant Kerman à Mirjaveh (frontière
unit Kathmandu à Rexol est améliorée. On procède à des entre l'Iran et le Pakistan), doit faire l'objet de levés topo¬
levés topographiques en vue de construire une route entre graphiques, avec évaluation du coût de sa construction.
Tanakpur et Galgalia, vers Sivok.
Ce sont là des progrès dont il y a lieu de se féliciter,
Au Pakistan occidental, le programme d'amélioration des mais il reste encore beaucoup à faire, car des difficultés
routes se poursuit avec énergie. d'ordre technique ou financier subsistent ; certains raccor¬
En Afghanistan, la route qui relie Kaboul à Torkham (fron¬ dements sont encore à construire. La longueur totale des
tière entre l'Afghanistan et le Pakistan) a été asphaltée ; la raccordements à construire sur l'itinéraire prioritaire A-1
route qui mènera de Kaboul à Kandahar, sur l'itinéraire est de 419 km environ ; sur l'itinéraire A-2, il est de
prioritaire, est en construction ; elle sera également asphal¬ 1 397 km ; d'autre part, sur les itinéraires A-1 et A-2, divers
tée ; quant à ta route qui va de Kandahar à Hérat, on est secteurs d'une longueur totale de 8 730 km doivent être
en train de la bétonner. améliorés ; mais tout ceci ne représente que peu de chose
si l'on considère que la longueur totale de l'itinéraire A-1
En Iran, le secteur qui va de Bazargan à Takestan, par est de 10590 km et celle de l'itinéraire A-2 de 12 350 km.
Tabriz et Zanjan, est en construction. Lorsqu'il sera terminé,
dans deux ans, ce sera une excellente route pavée, qui Conception grandiose, la grande route d'Asie a fait naî¬
sera alors raccordée, par le secteur Téhéran-Sari, aux tre d'immenses espoirs ; sa réalisation, outre les avantages
réseaux routiers turc et européen. Une route reliant Sari qui en résulteront du point de vue économique, social et
à Shahpassand est en construction et sera terminée d'ici culturel, apportera une contribution importante à notre idéal
deux ans. De Shahpassand à Ghouchan, il existe déjà une de paix et de fraternité humaine.
bonne route empierrée ; de Ghouchan à Toos, la route est
bonne et elle sera encore améliorée au cours des pro¬ Certes, quatre ans, ce n'est guère pour mener à bien
la construction de ce réseau routier international, mais des
chaines années. De Toos à Sang-Bast par Mashad, il existe
une bonne route goudronnée ; mais la dernière section, de progrès notables ont été déjà réalisés ; il faut poursuivre
l'effort et tout mettre en pour hâter le moment où
Sang-Bast à Taibat, est en mauvais état et doit être refaite
avant trois ans. de longues files d'automobiles et de camions circuleront
sur les routes qui relieront les diverses capitales, les
Un autre itinéraire prioritaire va de Khosravi, à la fron¬ comptoirs commerciaux et les sites culturels et historiques
tière entre l'Iran et l'Irak, par Ispahan, Kerman et Zahidan, de toutes ces régions. Les travaux ne seront pas achevés
à Mijaveh, où il rejoint le réseau routier du Moyen-Orient. avant plusieurs années, mais dès maintenant il faut pré¬
Le secteur qui va de Khosravi à Hamadan a été récemment parer les plans et se mettre à l'ouvrage, en tenant compte
amélioré et est devenu route pavée ; de Hamadan à Saveh, des besoins et des ressources de chaque pays.
il existe une bonne route empierrée ; une excellente route
pavée relie Saven à Téhéran ; la route qui va de Téhéran à
17
Ispahan, par Ghom, sera bientôt terminée et sera une bonne M. S. AHMAD est chef de la Division des Transports à la Commis¬
route macadamisée. D'ici quatre ans, la route d'Ispahan à sion Economique des Nations Unies pour l'Asie et l'Extrême-Orient.
Le modernisme hardi de ces formes architecturales semble de l'âge cos¬
mique; en réalité, il s'agit là d'appareils du XVIIIe siècle, conçus pour des
relevés astronomiques et construits dans le jardin du palais du prince Jaï
Singh, à Jaipur, à une centaine de kilomètres de Delhi, en Inde.

Les pierres de Jaipur


parlent d astronomie £
Photos © Paul Almasy

Ci-dessus, à l'arrière-plan, et surmonté d'un


poste d'observateur en forme de kiosque, se
dresse le Samrat Yantra « l'empereur des
instruments ». Haut de près de 30 mètres, il
est le plus grand de tous les instruments de
Jaipur du type cadran solaire. Au premier
plan (et sur la photo de gauche), des repro¬
ductions en miniature du Samrat Yantra.
L'observatoire, un ensemble de douze appa¬
reils analogues, se nomme le Rasi Valya, et
chacune de ses structures est orientée sur
un signe du zodiaque.

- . *-'. .
Photo '< Uucíon Horvé

ANS le jardin du palais de Jaipur, construit au grandes villes de son royaume : Jaipur, Delhi, Mathura (aujourd'hui
XVIIIe siècle, à une centaine de kilomètres de Delhi, Muttra), Bénarès et Ujjain.
en Inde, se dresse un merveilleux ensemble architectural. Il est
On connaît toute l'importance, à l'époque médiévale, de la
aussi vieux que le palais lui-même et cependant ses formes
contribution de la science musulmane aux mathématiques, à la
pures et fonctionnelles tout à la fois semblent nées d'aujourd'hui.
médecine, à la physique et à la chimie. Dans le domaine de
Formes fonctionnelles, certes, car leur beauté était liée à leur l'astronomie, on lui doit de magnifiques observatoires, et de
emploi : en fait, il s'agit d'instruments scientifiques en pierre, tout remarquables mises au point d'instruments astronomiques comme
l'appareil d'un observatoire construit par un puissant souverain l'astrolabe et le sextant. Les astronomes et mathématiciens musul¬

musulman, le Prince Jai Singh II, dans la nouvelle capitale mans étaient capables de calculer avec précision la latitude et la
qu'il avait fait bâtir à Jaipur en 1728. longitude de leurs villes à une époque où l'Europe occidentale
ignorait presque d'aussi parfaits calculs.
Mathématicien averti, astronome et architecte, le prince avait
conçu un grandiose ensemble où pouvaient s'épanouir ces diverses Jai Singh II, le prince astronome, était donc bien dans la tradi¬
disciplines. Il avait fait édifier un réseau d'observatoires astrono¬ tion ; ses prédécesseurs avaient été déjà des bâtisseurs d'obser¬
miques sur le territoire d'Amber, qui faisait partie de l'empire du vatoires comme le calife de Bagdad, al-Mumun, au IXo siècle. Au
Mogol Mohammed Shah. Cette entreprise hardie, vers laquelle Moyen Age, d'autres observatoires avaient été bâtis au Caire, à
19
il sut drainer toutes les compétences techniques, n'est pas sans Maragha, et celui de Samarcande, bâti au XVe siècle par Ouloug
rappeler celle des Pharaons égyptiens, grands bâtisseurs ; Jai Beck, petit-fils de Tamerlan, était célèbre. Jai Singh fut, en réalité,
Singh fit construire cinq observatoires de plein air dans les plus le dernier des souverains musulmans qui au cours des siècles

SUITE PAGE 21
Puissant souverain du ter¬
ritoire d'Amber, Jaï Singh
fit construire cinq observa¬
toires dans les villes de
Jaïpur, Delhi, Muttra, Bena¬
res et Ujjain, de façon à ce
que les astronomes pussent
confronter et vérifier leurs
observations et leurs cal¬
culs. A droite, les vastes
mais aériennes structures
architecturales de l'obser¬
vatoire de Delhi, toujours
intactes.

Ci-dessus, à droite, et ci-dessous,


trois géants instruments de pierre
de Jaïpur. Ci-dessus, l'escalier
qui mène en haut du Samrat Yan¬
tra orienté nord-sud en direction
de l'étoile polaire. A droite,
une
autre plus petite tour d'observa¬
tion construite par le prince Jaï
Singh mire ses gracieux contours
dans l'eau d'un lac. Ci-dessous,
l'une des cavités hémisphériques
creusées dans le sol; son revête¬
ment de marbre est gradué et joue
le rôle de cadran solaire. Les struc¬
tures noires constituent des dé¬
coupes à travers lesquelles les
astronomes observaient les étoiles.

Photos © Paul Almasy


r

.. ,'rr

Photo © Paul Almasy


LES PIERRES DE JAIPUR PARLENT D'ASTRONOMIE (Suite)

avaient fait bâtir des observatoires et dresser des tables astro¬ Yantra lui-même (« L'empereur des instruments »), sorte de cadran
nomiques afin d'établir des calendriers précis. Car à cette épo¬ solaire géant qui mesure près de 30 mètres de haut. Ces dimen¬
que l'établissement du calendrier ne répondait pas seulement sions monumentales ont été imposées par le besoin de précision.
à une nécessité pratique ; c'était une marque de souveraineté. Les télescopes n'existaient pas à Jaïpur et la perception à l'Sil
De plus, le calendrier a aussi une signification religieuse. nu étant limitée, il fallait des instruments susceptibles de rendre
les observations aisément déchiffrables. Comme nos accélérateurs

C'était d'abord dans ce but que Jaï Singh avait édifié l'obser¬ nucléaires géants ou nos énormes radiotélescopes, les instru¬
vatoire de Jaïpur, et en installant un réseau de centres analogues ments de pierre de Jaïpur ont été conçus pour permettre d'accom¬
sur son territoire, il visait à vérifier les calculs et les observations plir un travail précis.
des astronomes et des mathématiciens. L'observatoire de Jaïpur, Le prince Jaï Singh, avec sa curiosité scientifique et son enthou¬
encore remarquablement conservé de nos jours, constitue l'un siasme, a été le dernier des astronomes royaux dans la grande 21
des plus saisissants exemples d'architecture astronomique. Tout tradition musulmane. L'observatoire de Jaïpur demeure un monu¬
y a été créé dans un registre majesteux, des larges postes ment remarquable et témoigne de l'ultime accomplissement de
d'observation hémisphériques creusés dans le sol au Samrat l'astronomie médiévale.
Les signes d'une écri¬
ture en usage il y a près
de cinquante siècles^
dans la vallée de l'Indue:
nous sont parvenus gra¬
vés sur' des sceaux.
Cette écriture est encore
indé'chiffrée (voir « Le
ourrier de l'Unesco»,
mars 1964). A droite,
des sceaux exposés au
musée de Mohenjo
Daro, et une inscription
agrandie. Les rares,
sculptures retrouvées
témoignent d'un art
raffiné et original, par
exemple cettejeune '

danseuse -de bronze.

HB
Photo Nedeco, Amersfoort

par

MOHENJO DARO Harold J. Plenderleith

Caesar Voûte

Theodoor de Beaufort

un patrimoine millénaire
menacé de destruction

Les immenses ruines de Mohenjo Daro, incomparable témoignage de la grande civilisation qui
s'épanouissait dans la vallée de l'Indus il y a près de 5 000 ans, risquent de disparaître à tout
jamais au cours des 30 prochaines années si d'importants travaux de protection ne sont pas
entrepris. Une mission d'experts a été envoyée l'année dernière par l'Unesco à la demande du
gouvernement pakistanais et a étudié sur les lieux les mesures à prendre pour enrayer les
22 ravages de l'érosion par le sel. Ces experts nous donnent ici un aperçu de la situation dra¬
matique dans laquelle se trouve Mohendjo Daro, et des méthodes qui permettront de conser¬
ver pour la postérité cet héritage d'une des plus anciennes civilisations de l'humanité.
I » 1 I i 3 C . /

mif ^*P^ 4^W""B

42S
Photo © Paul Almasy

S de 1TUE dans la vallée de l'Indus, à quelque 650 km


Karachi, Mohenjo Daro n'est aujourd'hui
du possible », car les déplacements erratiques de l'Indus
ont provoqué par endroits l'érosion du site, recouvrant
qu'un ensemble de ruines en briques qui couvrent une d'autres parties de dépôts d'alluvions. Qui plus est, le lit
superficie d'une centaine d'hectares. Mais avec Harappa, du fleuve a tendance à s'élever, entraînant l'élévation de
autre site du même type, il fournit le témoignage de l'exis¬ la nappe aquifère dans les plaines environnantes. Ce pro¬
tence, au troisième millénaire avant Jésus-Christ, d'une cessus a été aggravé par l'irrigation des champs et, dans
grande civilisation urbaine celle de la vallée de l'Indus de telles conditions, tout drainage satisfaisant se révèle
qui précéda les invasions aryennes. impossible.

Le site de Mohenjo Daro était complètement enfoui Or, non seulement le niveau de la nappe aquifère a
sous la terre. Nous devons sa découverte, en 1922, à un beaucoup monté au cours des dernières années, mais il
hasard : un fonctionnaire du service archéologique qui s'est produit également une accumulation considérable de
effectuait des fouilles sur l'emplacement d'un monastère sels solubles par suite du climat extrêmement aride. Par
et d'un stoupa bouddhiques, s'étonna de la présence en action capillaire, ces sels ont Investi toute la région, à tel
ce lieu de tant de briques cuites. C'est au directeur général point qu'elle parait recouverte d'une couche de neige. Il
de l'archéologie de l'époque, Sir John Marshall, et à son s'agit là d'un problème très grave, puisque les sels « ron¬
successeur, Sir Mortimer Wheeler, que devait revenir gent » en quelques années les constructions en briques.
la tâche de dégager, dans la mesure du possible, les ruines
Dans ces régions, la pluie est rare, mais il était tombé une
de cette grande cité située sous l'emplacement des vestiges
bouddhiques et s'étendant bien au-delà de leurs limites. forte averse la veille de notre arrivée, au grand désespoir n-
des conservateurs qui nous avaient adressé des rapports Zu
L'importance du monument ne fait pas de doute. Tout angoissés sur les fameux dépôts salins. Nous fûmes impres¬
le drame tient en ce membre de phrase « dans la mesure sionnés néanmoins par le sel qui subsistait çà et là ; ce ne
SUITE PAGE 25
L'INVASION DU SEL

ET LES PARADES POSSIBLES

Les dessins ci-dessous montrent comment Mohenjo Daro est


menacé de destruction par le sel, et illustrent les quatre moyens
envisagés pour sauver ce vaste monument millénaire dont les
murs sont en briques.

%ß L'eau salée du sous-sol monte par capillarité et ronge


les briques. Cette eau souterraine pourrait être éliminée par
pompage ou drainage.

\3 L'eau salée pénètre par les remblais. Il faudrait donc


dégager les murs.

\9 Les vents de poussière sont chargés de sel que la pluie


fait pénétrer dans les murs. Ceux-ci devraient être débarrassés
de leurs poussières et de leur sel.

%9 Le sel accumulé à l'intérieur des briques ravage les


murs. Le gouvernement du Pakistan étudie des systèmes de
lessivage par eau douce.

Rongés par le sel, les


murs de Mohenjo Daro
s'effritent et menacent de
tomber en poussière (ci-
dessus). Les taches blan¬
ches sont des dépôts de
sel laissés par les eaux
d'infiltration. C'est là une
manifestation d'un phé¬
nomène général qui pré¬
occupe aujourd'hui les
savants : l'accumulation
des sels dans le sol, sous
les climats arides, menace
de stérilité des terres
cultivables et pose de
graves problèmes quant
aux méthodes d'irrigation
(voir « Le Courrier de
l'Unesco », déc. 1962).

La restauration des murs

endommagés est facilitée


par le fait que les briques
fabriquées aujourd'hui
encore dans les environs

de Mohenjo Daro (à
droite) sont identiques
aux briques d'il y a
5 000 ans.

Photos © Paul Almasy


MOHENJO DARO (Suite)

fut rien, cependant, en regard de notre étonnement à la pour coiffer les vieux murs et capter le sel. En lui nous

vue des cristallisations qui se produisirent après deux trouverions un allié fidèle.
jours de soleil : des aiguilles de verre, longues d'un cen¬
timètre, germaient des murs ombragés et, là où le terrain Le deuxième facteur positif est le fait que le Pakistan,
était irrégulier et exposé à l'action directe du soleil, les sels grand producteur de riz, a accumulé une somme de connais¬
formaient un coussin blanc comme de magnifiques choux- sances hydrologiques qui promettaient de nous être fort
fleurs dans un jardin potager ! utiles dans l'élaboration d'un plan de préservation pour la

Que faire pour mettre un frein à ces cristallisations ? région. De toute évidence, il ne pouvait y avoir qu'un
seul moyen pratique de se débarrasser de l'énorme masse
Comment abaisser le niveau de la nappe aquifère ? Autant
de matières salines : les redissoudre et les renvoyer à
de questions qui demandaient des réponses. Au surplus,
l'Indus en pompant le liquide dans des égouts ou des ca¬
nous avons appris à notre arrivée que les fouilles avaient
naux (le puits instantané étant l'équipement généralement
été arrêtées par suite des inondations, à telle enseigne que
employé dans ce genre d'opération). A l'heure actuelle,
les fondations de l'antique cité n'avaient jamais pu être
des calculs complexes sont en cours pour déterminer la
dégagées et que cette tâche se révélait impossible tant
meilleure solution pour les problèmes particuliers de Mohen¬
que le sol resterait imbibé d'eau.
jo Daro.
Face à ces travaux d'Hercule, nous avons commencé
par faire l'inventaire de la situation. Deux facteurs militaient Le travail de base consistait à dresser une grande carte
en notre faveur. Tout d'abord, le surintendant des Anti¬ en courbes de niveau du site et de ses environs immé¬
quités du Pakistan occidental connaissait à fond le site diats. Grâce aux données fournies par cette carte, par
et les différents phénomènes qui s'y rattachent. Nous fûmes l'étude de photos prises d'avion et d'éléments relevés
impressionnés par les mesures de protection qu'il avait sur le terrain, par l'analyse d'échantillons des sols, des
expérimentées, notamment l'utilisation de briques en pisé sels et de l'eau, il a été possible d'arriver à certaines

SUITE PAGE 26
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MOHENJO DARO (Suite)

conclusions définitives concernant les formations géolo¬ sement de la nappe aquifère que la désalinisation. De toute
giques souterraines, et, ce qui est plus important, le mou¬ évidence, le coût de l'opération dépendra en premier lieu
vement de l'humidité et des sels dans la terre et dans les du niveau auquel on abaissera la nappe, soit qu'on se borne
constructions. Ce n'est qu'une fois ces conclusions arrêtées à ne sauver que les vestiges visibles, soit qu'on décide
que nous avons pu nous faire une idée de l'efficacité des d'assécher les fondations de manière à permettre des fouil¬
digues existantes et décider de l'emplacement à donner les plus complètes. L'élément financier sera sans doute
aux sorties d'eau ainsi qu'au matériel de pompage. déterminant, mais il y aura de toute façon une limite aux
travaux entrepris, ne serait-ce qu'à cause d'une découverte
L'abaissement de la nappe aquifère est réalisable, mais
inattendue faite au cours de la première phase de notre
ne suffit pas. Un autre problème important consiste à se
enquête : l'antique cité de Mohenjo Daro couvre, en effet,
débarrasser de la vaste quantité de sel qui restera une fois
une superficie deux fois plus grande qu'on ne le sup¬
que l'eau se sera retirée. Cela ne pourra se faire qu'en
posait initialement.
dissolvant les efflorescences et en utilisant l'ancien système
de drainage, apparemment fort bien conçu, en l'alimentant Les autorités pakistanaises, conscientes de leurs res¬
par de nombreux petits égouts et par des puisards situés
ponsabilités dans ce domaine, ont fait preuve d'un esprit
en des points stratégiques. H faudra peut-être même remet¬
de coopération remarquable : elles souhaitent sauver l'es¬
tre en service durant la période de désalinisation les vieux
sentiel de ce monument capital, cette « mystérieuse ville
puits actuellement à sec.
des morts » qui prospérait voici cinq mille ans.
Mais, avec une pluviosité annuelle de l'ordre de 7,60 cm;
il serait trop optimiste de supposer que le terrain pourra
être nettoyé rapidement. Le choix d'une méthode efficace
et peu coûteuse permettant d'extraire le sel des briques
HAROLD J. PLENDERLEITH est directeur du Centre International
s'est révélé assez difficile. On étudie un projet de lessivage
d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels,
par eau douce provenant d'un réservoir en charge, ali¬ créé à Rome par l'Unesco. THEODOOR DE BEAUFORT est ingénieur,
26 menté par des puits instantanés. spécialiste de l'assèchement, membre de la Société néerlandaise de
mise en valeur du territoire (Amersfoort, Pays-Bas). CAESAR VOUTE,
Il faudra attendre la fin de ces essais pour faire des géologue, est attaché au service de levés aérophotogrammétriques de
recommandations précises tant en ce qui concerne l'abais la Compagnie néerlandaise de mécanique de Delft (Pays-Bas).
L'antique cité de l'Indus, telle qu'on peut main¬
tenant l'imaginer, est évoquée (à gauche) par
cette peinture du musée de Mohenjo Daro.
Ci-dessus, un quartier de ce qui reste de la presti¬
gieuse métropole.
Photos © Paul Almasy

Énigmes de Mohenjo Daro

LA CITÉ DES MORTS


par Marcel Brion
de l'Académie Française

LORSQUE les Aryens envahirent la vallée de aura examiné la totalité des ruines de Mohenjo Daro et de
l'Indus aux environs de l'année 2000 avant Harappa, qui ne représentent aujourd'hui, qu'une petite
Jésus-Christ, ils trouvèrent, dans cette région, un grand partie des villes d'une ampleur considérable, dont l'en¬
nombre de villes témoignant d'une civilisation parvenue à semble n'a pas été complètement dégagé, quoique le Ser¬
un haut degré de progrès matériel. vice des Antiquités du Pakistan ait poursuivi, depuis plus
d'une quarantaine d'années, des recherches extrêmement
Les monuments les plus anciens que l'on ait découverts actives et fructueuses.
appartiennent à une période qui ne remonte guère plus
haut que le milieu du Quatrième millénaire, mais il est pos¬ La résurrection des villes mortes de l'Indus est due,
sible qu'il ait existé, antérieurement à cette période, des comme tant de trouvailles archéologiques, au hasard ; ce nn
degrés de culture beaucoup plus anciens, et l'on peut fut en travaillant à la construction d'une ligne de chemin de Ll
s'attendre à des surprises lorsque des strates plus pro¬ fer qu'on constata que les briques utilisées pour la
fondes auront été révélées par les fouilles, ou lorsqu'on construction des remblais provenaient d'édifices nombreux,
CITÉ DES MORTS (Suite)

Quel fut le sort des habitants ?


recouvrant une vaste étendue, et qu'on s'appliqua, alors, à valeur scientifique certaine, quoique les cachets portant
en éviter la destruction, à consolider les monuments, et à des caractères pictographiques aient autorisé certains
faire des sondages pour reconnaître les diverses couches chercheurs à y apercevoir les origines de l'alphabet indien.
qui témoignent des occupations successives à ces sites.
Quelques années plus tard, en revanche, l'examen des
La plus grande obscurité recouvrait alors la préhistoire vestiges d'un monastère bouddhiste, construit sur le site
de l'Inde et du Pakistan ; on ignorait quels avaient été les de Mohenjo Daro, à 700 kilomètres, à peu près, au sud de
habitants, d'où ils venaient, la race à laquelle ils apparte¬ Harappa, révéla la présence de briques semblables à celles
naient et le niveau de civilisation qu'ils avaient atteint. de cette ville ; on apprenait ainsi qu'une même culture avait
Ce fut à Harappa, d'abord, que les recherches commen¬ utilisé les mêmes matériaux à deux endroits aussi éloi¬
cèrent et l'intérêt des découvertes que l'on y fit incita les gnés l'un de l'autre.
savants à entreprendre des fouilles à Chanhu Daro, à
Heureusement, Mohenjo Daro était, sinon intact, du
Janghar, à Jukkar, à Amri, à Rupar, à Ali Mourad, à Nal, où
moins beaucoup moins dégradé que Harappa, et l'on put
se manifestaient des occupations de caractère différent,
mettre au jour les restes d'une cité, comparable, par son
mais également riches d'enseignement.
étendue et par la qualité de sa construction, aux sites
Une abondante récolte de céramiques permit bientôt,
célèbres de la Mésopotamie et de l'Egypte.
par l'étude des débris de poteries, d'obtenir des séquences
qui attestaient une très longue activité de ces sites. Si le Au moment où les excavations commencèrent, on ne
premier coup de pioche des pionniers de l'Indus fut donné voyait qu'un grand nombre de tumuli, couleur de brique,
à Harappa, cette ville, pourtant, fut d'un moindre rapport ocre rouge ou rouge clair, qui se distinguent du sol envi¬
que Mohenjo Daro, parce qu'elle avait été détruite, soit au ronnant, qui est d'une couleur grisâtre. Ces tumuli, très
cours des invasions, soit par la négligence des indigènes. différents des tells mésopotamiens formés par l'entasse¬
Harappa, qui se trouve voisin d'un affluent de l'Indus, ment des diverses couches d'occupation qui se sont suc¬
le Ravi, n'était plus qu'un amas de débris dont on put cédé au même endroit, consistaient en d'énormes amoncel¬
extraire quelques objets, mais le terrain avait été trop lements de briques, provenant d'édifices que le vent et la
bouleversé pour qu'on pût en tirer des conclusions d'une pluie avaient détériorés pendant plus de cinq mille ans.

Située sur les rives de


l'Indus, la ville de Mo¬
henjo Daro était une
métropole commerciale
florissante. Sur cette
peinture (musée de
Mohenjo Daro), l'ar¬
tiste a imaginé une
scène du grand port
fluvial au temps de sa
prospérité.

Photo © Paul Almasy


Une tradition ancienne avait donné à cet ensemble de Comme dans toutes les cités des pays chauds et la
débris le nom de Mohenjo Daro, qui signifie, dans la langue vallée de l'Indus est une des contrées les plus chaudes du
sind, le lieu des morts ; il ne semble pas qu'une abondance monde , où il est nécessaire de se défendre contre le
particulière de squelettes ait justifié cette appellation, car soleil, ces rues sont généralement étroites presque des
on n'y a pas encore découvert de cimetière important, ni ruelles , et les murs des demeures n'avaient aucune
aucun de ces dépôts funéraires qui sont la providence des ouverture sur le dehors, à l'exception des portes bien
archéologues ; sans doute les Mohenjo Dariens, comme les entendu ; l'air et la lumière pénétraient dans des cours
habitants actuels de l'Inde, brûlaient-ils les cadavres : ceux sur lesquelles donnaient les divers appartements.
que l'on a exhumés paraissent avoir péri de mort violente,
peut-être au moment de la prise de la ville par les enva¬ Ailleurs, ces rues devenaient plus larges, dans les quar¬
hisseurs. Si l'on ne connaît pas encore de tombes conte¬ tiers de grande communication, jusqu'à atteindre les dimen¬
nant un matériel funéraire capable de nous renseigner sions des autoroutes actuelles qui commençaient aussitôt
exactement sur la nature et la qualité de cette civilisation, franchies les portes de la cité.
du moins a-t-on extrait des ruines d'une maison, une
Le matériau de construction usuel était la brique, comme
vingtaine de corps, dont plusieurs avaient été décapités,
il convient dans un pays où la pierre et le bois sont égale¬
et le squelette d'une femme, qui était tombée dans un esca¬
ment rares. Les briques étaient faites d'argile rouge cuite,
lier, la tête en bas, tandis qu'elle descendait vers un puits que l'on économisait parfois en utilisant de la terre crue,
creusé en contrebas de la rue.
du pisé, enfermée dans un coffrage de briques cuites.

Aucun objet n'accompagnait ces ossements, alors que, Jointoyées par un mortier de limon, elles offraient une
dans la citadelle de Harappa, on dégagea, en 1946, un solidité suffisante aux maisons, quoique celles-ci aient eu
groupe de squelettes d'hommes et de femmes formant la
plusieurs étages, ce qui s'explique dans une ville surpeu¬
famille d'un sculpteur d'Ivoire, qui s'était enfuie devant les
plée où les demeures d'habitation et les magasins s'entas¬
assaillants en emportant ses trésors ; ceux-ci avaient été saient dans un « centre commercial » de dimensions res¬
dérobés par les envahisseurs qui avaient négligé, cepen¬ treintes.
dant, comme encombrants ou de médiocre valeur, deux
défenses d'éléphant qui étaient demeurées in situ.

Le cimetière de Harappa contenait plusieurs corps, enve¬ L'ARRIVEE de l'eau et l'évacuation des ordures
loppés d'un linceul de roseaux et déposés dans un cercueil
étaient assurées par un réseau compliqué de
de bois en même temps que des vases et des bols décorés
canaux, de canalisations souterraines et d'égouts, formant
de motifs végétaux et animaux, comparables à ceux que la un système que certains archéologues ont déclaré être le
Mésopotamie nous a fait connaître. Les relations commer¬
plus complet et le plus ingénieux que l'antiquité ait connu.
ciales, et peut-être culturelles, entre la vallée de l'Indus
Les fouilles ont mis au jour les puisards, grâce auxquels on
et la vallée de l'Euphrate, devaient être fréquentes et pouvait nettoyer sans peine il suffisait de déplacer
actives durant ce troisième et ce deuxième millénaires qui les briques qui les recouvraient les petits égouts des
ont vu un puissant échange entre des civilisations aussi rues chaque fois qu'ils étaient engorgés (1).
éloignées que celle de Ur et celle de Mohenjo Daro, puisque
les mêmes linceuls de roseaux étaient utilisés à Sumer et
L'eau était amenée par les canaux dans des puits placés
les corps semblablement placés en extension, la tête dirigée à l'intérieur des maisons, mais il semble que les demeures
vers le Nord.
des quartiers populaires aient été privées de ce luxe, et
que les pauvres allaient chez les riches remplir leurs vases
Un vase de Tell Agrab représentait un dieu-taureau dans et leurs seaux ; autour des puits accessibles, ainsi à tous,
son étable-temple, que nous connaissons par les cachets étaient disposées des banquettes de briques sur lesquelles
indusiens, et les fouilles de Khafaje ont mis au jour un les assoiffés s'installaient confortablement pour attendre
autre cachet, celui-ci de fabrication indusienne et apporté, leur tour.
à peu près certainement, de Mohenjo Daro, ainsi que la
perle de cornaline qui faisait partie des « trésors » des Si les riches avaient chez eux leur salle de bains, il exis¬
tombes royales d'Ur. tait aussi des établissements de bains publics destinés à
ceux qui étaient privés de ces commodités ou qui préfé¬
raient se retrouver dans ces sortes de thermes, dont
l'importance dans la vie sociale des Mohenjo Dariens était
peut-être aussi grande qu'elle l'était dans celle des
OUT laisse croire qu'au temps de sa prospérité Romains, salles communes et cellules exiguës procurant à
et de sa splendeur, Mohenjo Daro offrait aux ceux qui aimaient la compagnie et à ceux qui préféraient
trafiquants Indigènes et étrangers un grand marché com¬ la solitude le mode balnéaire qui leur convenait.
mercial, que favorisait la situation de la ville sur les bords
de l'Indus ; les types humains que présentent les squelettes Un revêtement de gypse et, dans certains cas même, de
de Harappa, situé aussi sur les rives d'un grand fleuve, et bitume, assurait l'étanchéité des parois de brique dans les
qui, malgré la distance séparant ces deux villes, consti¬ baignoires et dans les puits. Afin d'éviter la poussière qui
tuaient vraisemblablement la même population que celle devait être assez désagréable dans une ville comme
de Mohenjo Daro puisque leurs éléments culturels sont Mohenjo Daro où les rues étaient disposées en damier
semblables, appartiennent à quatre races : proto-austra- et se croisaient à angle droit, et généralement orientées
loïde, alpine, méditerranéenne et mongole, l'unique crâne dans le sens des vents du nord au sud et de l'est à l'ouest,
mongoloïde offrant les mêmes particularités que ceux, très on tassait sur le sol une sorte de macadam fait de tessons
anciens, rencontrés dans les nécropoles de Tepe Hissar, de poterie amalgamés avec des morceaux de briques
dans le Damghan. concassés, mouillés et damés.

Si l'on veut connaître la physionomie des habitants de Tout cela démontre l'existence de préoccupations utili¬
Mohenjo Daro, à l'époque où elle était une métropole taires, le sens du confort matériel, une utilisation rationnelle
commerciale florissante, il faut interroger les figurations du lieu et de ses ressources, mais la connaissance que
humaines, gravées sur les cachets ou sculptées en ronde- nous pouvons avoir de la « culture de Mohenjo Daro » ne
bosse dans les quelques statues que nous possédons. peut aller au-delà de ce que nous savons de son programme
urbaniste et de ce que ce programme a réalisé. Les monu-
Pour savoir comment ils vivaient, ¡I faut examiner la ville
elle-même, dont l'accès est assez facile aujourd'hui aux
visiteurs. Ceux-ci sont frappés, surtout, par le caractère (1) Pour Mohenjo Daro, consulter aussi l'Histoire de l'Humanité OQ
« moderne » des méthodes de construction et des systèmes (History of Mankind, cultural and scientific development, Vol. 1, by Zü
d'urbanisme que l'on peut étudier à loisir en se promenant Jacquetta Hawkes and Sir Leonard Woolley. Publié par George Allen
and Unwin Limited. Voir « Courrier de l'Unesco », juin 1963 et
dans les rues et en visitant les maisons.
mai 1965).
1

Photo Nedeco, Amersfoort

CITÉ DES MORTS (Suite)

Miniatures gravées et bijoux


ments les plus importants dégagés jusqu'à présent sont Rajputana, du Beloutchistan, de Birmanie, de Bombay, peut-
des constructions utilitaires : l'Entrepôt de grains et les être même des mines d'Oman, et dans l'art avec lequel les
Grands Bains. joailliers taillaient les pierres dures, cornaline, jaspe, agate,
jadéite importée du Tibet, dont on faisait des bijoux compli¬
On n'a pas trouvé trace de ce qui pourrait être un palais qués et ravissants.
ou un temple, mais il faut se rappeler que l'on ne sait pas
encore quelle était la superficie de la ville elle s'étendait Les divinités qui présidaient à la vie spirituelle et maté¬
certainement beaucoup plus loin que les zones qui ont rielle des habitants de la v/7/e des morts nous ont été ren¬

été fouillées , et que c'était peut-être dans une partie de dues familières par les figurations qu'en donnent les ca¬
la cité inconnue des archéologues d'aujourd'hui ou pas chets, sans qu'il soit toujours facile de dire si un animal est
encore fouillée, que s'élevaient les édifices « royaux » et représenté en raison du caractère religieux qu'on lui attri¬
religieux. bue, de sa signification symbolique ou, simplement, du plai¬
sir que l'artiste a pris à représenter des buffles, des singes,
L'absence de mobiliers funéraires et de dépôts de fonda¬ des tigres, des éléphants.
tion des demeures divines limite notre connaissance de la
vie sociale et spirituelle des habitants de la vallée de Mieux que par les statues nous apprenons à juger et à
l'Indus aux 4e et 3e millénaires à ce que peuvent nous ap¬ admirer le talent des graveurs mohenjodariens et leur
prendre les céramiques, les jouets d'enfants, les bijoux, les esthétique dans les sceaux qui servaient d'amulettes, de
cachets. talismans, ou qui se contentaient de protéger derrière le
respect dû à une image inviolable le contenu d'un récipient
La sculpture induslenne est représentée par quelques très que l'on veut préserver.
curieuses et très belles statues, particulièrement celle en
steatite d'un homme trapu, au visage épais, aux yeux bri¬ Les représentations animales des cachets sont, dans
dés, vêtu d'une tunique décorée de motifs en trèfle, et la l'ensemble, vigoureusement et gracieusement naturalistes ;
figure en cuivre d'une jeune fille aux longs bras parés de on peut y étudier, par exemple, les singularités de la den¬
bracelets presque du poignet à l'épaule. ture du tigre minutieusement détaillées, ou la bosse, tantôt
gonflée tantôt flasque selon qu'il est bien ou mal nourri,
La datation de ces objets est difficile car nous ignorons du taureau brahmanl qui reparaît fréquemment sur les
combien de temps cette culture a été florissante jusqu'au sceaux. Leurs relations avec la divinité les montrent asso¬
moment où l'invasion aryenne a arrêté son dévelop¬ ciés, rhinocéros, tigre, éléphant, taureau, au culte d'un dieu
pement, ou combien de temps s'est écoulé entre les qu'à défaut de désignation précise on appelle le Dieu
débuts obscurs d'une période chalcolithique (début de la Cornu.

30 civilisation du cuivre) ou même llthique (civilisation de la


pierre) et l'heure de son plein épanouissement. Celui-ci Ce dieu est représenté, ordinairement, par un person¬
s'exprimait dans la perfection de la technique de l'or, de nage de face, assis sur une sorte de trône plat en forme de
l'argent, du bronze, du cuivre, de l'étaln qui venaient du table basse, les bras chargés de bracelets et la tête sur-
Ornant la façade du musée
de Mohenjo Daro, la repro¬
duction d'un taureau gravé
sur un sceau (à droite) ;
l'inscription a été également
reproduite. Le taureau est
souvent représenté sur les
sceaux de la Vallée de
l'Indus. A gauche, attelage
de Boeufs tirant une char¬
rette; jouet d'argile trouvé
à Mohenjo Daro.

Photo © Almasy

montée de deux grandes cornes. On rencontre aussi une l'agriculture, la décomposition des déchets organiques
Déesse Cornue, entourée des mêmes animaux qui flanquent accumulés dans une aussi vaste cité pendant une occupation
le Dieu Cornu ; elle est figurée souvent debout dans un qui dura au moins un millier d'années de 2 500 à 1 500
arbre que les botanistes croient être le pipai, auquel les avant J.C, -nous en sommes certains et probablement
habitants de l'Inde moderne continuent de vouer un culte, beaucoup plus longtemps, sont la cause de ces dépôts
qu'ils ornent de bijoux et de vases. salins qui s'infiltrent dans les murs et montent par capilla¬
rité à travers les briques, plus dangereux encore pour le
Peut-être cette actuelle dévotion à l'arbre sacré, qui pisé ou la brique crue, qui n'ont pas la densité et la cohé¬
sert aussi d'habitation à la déesse Lakshmi, est-elle le pro¬ sion de la brique cuite ; la pluie, les tempêtes de sable et
longement de l'adoration d'un arbre sacré associé à la de poussière, la violence du soleil favorisent encore l'action
Déesse Cornue dans l'antique culture de Mohenjo Daro. malfaisante du sel.

La découverte de ce site et tout ce qu'il nous a déjà Consciente de ce danger et désirant y apporter aussi vite
enseigné de la préhistoire ou de la proto-histoire de l'Inde, que possible les remèdes rendus indispensables par l'im¬
se rapportant à des peuples dont on ignorait même l'exis¬ minence et l'urgence du péril, l'Unesco a envoyé une
tence, font regarder aujourd'hui Mohenjo Daro, plus encore mission internationale de savants qui ont étudié le phé¬
que Harappa et les autres champs de fouilles de la vallée de nomène désastreux (voir page 22) et formulé leurs conclu¬
l'Indus, comme un des hauts lieux de l'archéologie moderne. sions et les méthodes préconisées afin d'arrêter les dégâts
causés par le sel et d'empêcher qu'ils se reproduisent à
Aussi ne peut-on que louer le zèle et l'efficacité avec l'avenir.

laquelle le Service des Antiquités du Pakistan dégage et


Quand cette tâche sera achevée, de préservation et
préserve les vestiges de la grande cité commerciale. Les
d'assainissement, quand les chefs-d'oeuvre de l'art mohen-
résultats obtenus en une quarantaine d'années à peine sont,
jodarlen seront rassemblés dans le musée, voisin des
au point de vue scientifique et spectaculaire je veux
champs de fouilles, la « Ville des Morts » dont l'existence
dire intéressant le spécialiste et le touriste , tout à fait
avait été oubliée depuis l'occupation aryenne, sera aussi
remarquables. Aussi le monde des archéologues s'est-il
activement et commodément visitée que le sont aujourd'hui
ému en apprenant que l'état actuel des ruines était mis en
les chantiers de l'Irak, les ruines hittites, les palais cyclo-
danger, non pas tant par d'éventuelles crues de l'Indus,
péens des Incas ou les sanctuaires aztèques et mayas,
qui ne sont pas menaçantes, que par le sel qui attaque la
arrachés, comme les temples d'Angkor, à la forêt vierge.
brique et la désagrège.

Le péril est si grand que l'on estime que le processus MARCEL BRION, de l'Académie française, est un historien d'art
d'érosion des monuments aujourd'hui dégagés pourrait les dont les travaux font autorité sur le romantisme allemand et la

anéantir complètement en quelques dizaines d'années si Renaissance italienne. Citons : « L'Art romantique » (1963),
l'on ne prenait pas immédiatement les mesures nécessaires Hachette, Paris (110 F); « Léonard de Vinci » (1952), le livre
pour l'arrêter et l'empêcher à l'avenir. Club du libraire, Paris; « Michel-Ange > (1939), Albin Michel, n-\
Paris (9 F). Son ouvrage « la Résurrection des villes mortes » j |
(1959), Pion, Paris (Tome I, 16,50 F; Tome II, 19,50 F), a été
L'irrigation des régions qui entourent les champs de traduit dans la plupart des langues européennes ; ¡I est considéré
fouilles et que l'on s'efforce d'ouvrir de plus en plus à comme l'un des grands classiques de l'archéologie.
Nos lecteurs nous écrivent
CE QU'ENSEIGNAIT UN BON DESSIN A L'APPUI LE PROBLÈME FONDAMENTAL

UNE PETITE FILLE


Votre revue sait donner une image Quand j'étais encore un écolier, j'ai
claire du monde et des populations du été bouleversé d'apprendre l'explosion de
La lettre de M. Titas Alfonsovitch, de monde. Pour ce faire, l'Unesco est par¬ la bombe atomique sur Hiroshima (août
Minsk, (U.R.S.S.) (décembre 1964), fait faitement qualifiée. Cependant, j'aimerais 1945). Depuis, j'ai été de plus en plus
état d'arguments parfaitement contradic¬ que chaque article soit accompagné convaincu au cours des années que l'in¬
toires. Il déclare : « La fenêtre ouverte terdiction de la bombe atomique serait
d'une carte qui donnerait une idée de
sur le monde est bien petite ; il fallait la région, ou des régions auxquelles le une bénédiction pour l'humanité. Dans
l'élargir depuis longtemps et nettoyer les texte fait allusion. En tant qu'Américain votre numéro de novembre dernier, vous
vitres. » Et plus loin, « Le Courrier de qui n'a pas beaucoup voyagé à travers avez publié un article de Linus Pauling
l'Unesco devrait constituer la chronique le monde, il m'est souvent difficile de intitulé « Les terrifiants calculs d'un
de la vie culturelle et scientifique de m'imaginer des régions lointaines qui ne savant ». La forme et le fond en sont
notre planète ». Voilà qui rétrécirait bien sont pas souvent mentionnées dans la également satisfaisants. Permettez-moi, à
la fenêtre, car la science et la culture moi, citoyen de Mongolie, de saluer Linus
presse quotidienne. Par exemple, les
constituent seulement deux des innom¬
cartes qui accompagnaient l'article Pauling qui s'efforce de maintenir la paix
brables aspects de notre vie. Que la d'Adrian Volker (juillet-août 1964), « Les et d'éviter la guerre. Je voudrais suggé¬
conception de la vie, chez ce lecteur, deltas fertiles » représentent exactement rer au Courrier de l'Unesco de publier
se borne uniquement à la science et à ce que je souhaite. Voilà qui augmen¬ une documentation sur Hiroshima, la vie
la lecture, on le voit bien quand il écrit : terait la richesse du « Courrier de des habitants et les effets à long terme
« Je ne comprends pas pourquoi vous l'Unesco » sur le plan de l'information, de la bombe atomique. Une telle docu¬
avez publié l'histoire de cette gamine pour moi-même et pour d'autres lecteurs. mentation pourrait inciter chaque homme
indienne qui avait envie d'aller à l'école dans le monde à travailler pour la paix.
(avril 1964). Elle n'avait aucun intérêt, Joseph Bernstein Je crois aussi que l'Unesco devrait s'em¬
pas plus du point de vue artistique que Gardena, Californie
ployer à soutenir le mouvement Pugwash.
Etats-Unis
d'un point de vue quelconque. > La char¬ Le désarmement est un problème qu'il est
mante histoire de cette enfant indienne
urgent de résoudre, comme tous les pro¬
qui soupirait pour s'instruire ne faisait blèmes économiques et sociaux qu'affron¬
de nulle manière perdre son temps à CONNAISSANCE ET COLLECTION tent dans le monde les pays en voie de
votre lecteur, comme il le prétend à développement.
tort. Badamin
Comment pourrais-je obtenir tous les
Cette histoire était d'un intérêt humain Lkhagvaajav
numéros du « Courrier de l'Unesco » de
capital pour des milliers de lecteurs du Ulan Bator, Mongolie
l'année 1963? Dans certains articles
Courrier de l'Unesco, qui ont, eux, des
publiés en 1964 j'ai trouvé des références
intérêts plus nuancés, une vision du UNE CALOMNIE LINGUISTIQUE
à une abondante et très intéressante
monde plus large, une imagination plus
documentation parue pendant l'année
vive, parce qu'ils sont moins noués et Je suis resté stupéfait à la lecture
précédente. Pour moi, votre revue est
moins égoïstes que votre lecteur de des deux articles sur l'apartheid, publiés
une véritable source de connaissances et
Minsk. dans le « Courrier de l'Unesco » d'avril
j'ai lu deux ou trois fois tous vos numéros
M. Milashius semble avoir mal compris 1965.
de 1964 : croyez bien que je n'exagère
ce que se propose le Courrier de Comme Européen, je suis horrifié à
pas. La collection a une place particu¬
l'Unesco, qui veut resserrer les liens l'idée que d'autres Blancs puissent
lière dans ma bibliothèque et c'est pour
d'amitié par-delà les frontières en élar¬ exécuter et soutenir une telle bassesse
moi un trésor.
gissant notre connaissance des condi¬ intitulée « apartheid » et mettre en
Esteban Perez
tions de vie dans les autres pays, et danger ainsi la position de tous les
Jovellanos, Cuba
grâce à cette connaissance améliorer la Européens dans le monde entier, sans
compréhension entre nations, au profit que ces derniers puissent y remédier
de tous les hommes. L'instruction univer¬ N.D.L.R. Les lecteurs qui désirent effectivement et immédiatement. Comme
selle est un facteur essentiel si l'on veut se procurer d'anciens numéros doivent Hollandais, je suis navré et dégoûté à la
atteindre ce but. Les frontières du monde s'adresser à l'Agent de vente des publi¬ fois que les auteurs de cette politique
ne se bornent pas à celles des Etats- cations de l'Unesco le plus proche de raciste déclarée parlent notre langue et
Unis et de l'U.R.S.S., ni l'intérêt du leur domicile (voir la liste en page 36). osent nous rappeler leurs liens avec les
monde au développement des fusées et Pays-Bas. Les temps ont changé ; il n'y
aux voyages cosmiques. La paix et le a plus de croiseur pour le président
bien-être de tous les peuples constituent Krüger, et je me demande ce que nous
SURPOPULATION
les buts décisifs de l'époque. Puisse le avons fait ou négligé, nous autres, Hol¬
Courrier de l'Unesco persister à les landais, pour mériter la calomnie d'une
atteindre dans l'avenir, comme il a cher¬ A rencontre de tout le scepticisme que
association même linguistique avec la
l'on cultive à ce sujet, je ne crois pas que
ché à le faire par le passé. Il ne risque République Sud-Africaine. L'article dans
l'augmentation prévisible de la popula¬
pas ainsi de tomber dans les « histo¬ la Charte qui défend aux Etats de
riettes bon marché » et autres « sot¬
tion dans le monde puisse avoir des s'immiscer dans les affaires intérieures
tises » comme le veulent les fausses conséquences catastrophiques. L'homme
d'autres Etats paraît bien invalider ces
est loin d'avoir mis en jeu tous ses dons
prophéties de M. Milashius. autres articles sur la justice et les droits
et toutes ses qualités. On redoute la de l'homme. Est-il tellement difficile de
Charlotte Chalmers Carrington pénurie de nourriture dont aurait à souf¬
Rorquay, Royaume-Uni faire cesser cette impertinence insensée ?
frir une population mondiale doublée ou
triplée. Je ne partage pas cette crainte R.H. J. van Kuyk
que récusent toutes les expériences Bussum, Pays-Bas
EXERCICES ET ENTRETIENS
faites jusqu'ici. Si le sol est improductif,
la recherche doit venir en renfort ; si RACES ET RACISME
Dans nos grandes classes d'anglais, cela ne suffit pas, il faut ouvrir large¬
nous discutons parfois vos articles. Ils ment les portes sur le monde aux Votre article sur le racisme en Afrique
offrent des « révélations » sur notre du Sud est un modèle de lucidité et de
échanges commerciaux. L'accroissement
monde et constituent de bons exercices de la population me paraît donc conduire courage moral et je vous en félicite.
supplémentaires d'anglais. En ce qui me l'homme à un élargissement de ses hori¬ J'espère que votre étude permettra à
concerne, j'aime le coin des lettres de zons, à une compréhension approfondie beaucoup de personnes de réfléchir un
lecteurs où sont exprimés toutes sortes de son prochain, à une mise en valeur peu plus objectivement sur la soi-disant
de points de vue et parfois les plus de ses dons et de ses aptitudes. Pers¬ « réalité scientifique du racisme » et
inattendus. En bref, nous sommes tous renforcera dans leurs convictions ceux
pectives prometteuses sans aucun
très satisfaits de votre revue. doute. qui luttent contre le racisme.
Frère Nicolas Günter Grafen M. David Boublil

Thonon-les-Bains Ravensburg Champigny, Seine


32 France République Fédérale d'Allemagne France
LA VILLE D'APHRODITE

RESSUSCITÉE
Comme je suis directeur des fouilles entrepri¬
ses par l'Université de New York à Aphrodisias,
en Turquie, j'ai été évidemment très heureux de
trouver dans le « Courrier de l'Unesco » de

janvier 1965 les belles photos d'Ara Giiler et


le reportage intitulé « La Ville d'Aphrodite res-
suscitée ».

Puis-je cependant souligner qu'une partie du


texte peut prêter à une légère confusion ? Il est
parfaitement exact que le ministère de l'Education
du gouvernement turc et la direction des Anti¬
quités et des Musées ont décidé de déplacer
le village de Gaïra hors du site de l'ancienne
Aphrodisias et ne cessent de témoigner un vif
intérêt à notre travail, nous apportant même leur
aide sur le plan financier en 1963 et 1965 dans
plusieurs entreprises de restauration dont nous
avions pris l'initiative.

Toutefois, les fouilles proprement dites et tou¬


tes les mises au jour depuis 1961 sont menées
1 Le propylée (voie d'accès
* à l'enceinte sacrée d'Aphro¬ sous l'égide de l'Université de New York. Au
dite) dans les ruines d'Aphro¬ cours des quatre dernières années, nous avons
disias. La restauration a com¬
poursuivi nos efforts sans relâche et souvent
mencé en 1963.
sans qu'on nous en sache gré, et pour travailler
2 L'Odéon (petite salle de nous avons dû réunir et dépenser des sommes
' concert) découvert en 1 963
considérables, y compris trois subventions que
à Aphrodisias. On a commencé
à le restaurer en 1963 pour nous avait accordées le Département d'Etat des
consolider les sièges, les mo¬ Etats-Unis, au titre de son programme culturel.
saïques et les revêtements de
marbre.
Les trouvailles souvent spectaculaires faites par
notre expédition, notre programme de sauvegarde
O La statue sans tête de Clau- et de restauration discrète suivi depuis le début
*dia Antonia Tatiana décou¬
de notre campagne de fouilles, en 1961, peuvent
verte dans les ruines de i'Odeon,
à Aphrodisias. Elle date du troi¬ être mieux illustrés par quelques photographies
sième siècle. que je vous envoie.

A " Le Palais de l'Evêque " à Je vous serais très reconnaissant de bien vou¬
' Aphrodisias. On a com¬
mencé l'année dernière à le
loir publier cette mise au point, afin de préciser
restaurer et à relever les co¬ notre contribution à la résurrection d'Aphrodisias
lonnes.
et le rôle qu'a joué dans ces travaux l'Université
de New York.
Photos © Ali Dügenci
Permettez-moi également d'ajouter que la pho¬
tographie de la page 23 de votre numéro de
janvier ne montre pas le nouveau village de
Gaïra (dont, incidemment le transfert a commencé
en 1961 et non pas en 1963) mais un nouveau
village près de Didyma et de son antique temple
d'Apollon ; ce village a été construit après un
tremblement de terre qui avait sérieusement
détruit, dans les années 1950, Yortan et Yeni
Hizar, villages voisins.

Kenan T. Erim
Université de New York 33
Directeur des fouilles d'Aphrodisias
mission d'assistance technique avait été
envoyée par l'Unesco. D'importantes sub¬
ventions, offertes par le Conseil national

Latitudes et Long argentin de la recherche et par la


tion Ford aux Etats-Unis, ont permis d'ache¬
ter le matériel nécessaire. Selon les physi¬
Fonda¬

ciens, la physique des conducteurs solides


est une discipline qui convient particuliè¬
rement aux pays qui lancent des program¬
mes de recherche très spécialisée.

DEVELOPPEMENT. Un Centre africain de 5 000 hommes de science; ils devront ENSEIGNEMENT AU CAMBODGE. La
formation et de recherche administra¬ être de 50 000 à 70 000. en 1980. L'une
fréquentation des écoles primaires au
tives a été créé à Tanger à la suite d'un des tâches essentielles du centre consis¬
Cambodge a passé de 210 000 élèves en
accord entre le gouvernement marocain et tera à organiser des conférences, collo¬ 1952 à 680 000 en 1964.' Aujourd'hui, cin¬
l'Unesco. Il est destiné à .entreprendre, ques, séminaires et cours de formation. quante-cinq pour cent des enfants cam¬
encourager et coordonner les études et bodgiens sont scolarisés. Le Cambodge a
les recherches relatives aux problèmes VOYAGE ET CULTURE. La dernière édi¬
préparé un programme qui prévoit la for¬
d'administration publique qui se posent tion de « Vacances à l'étranger » (Vol. mation professionnelle des instituteurs, la
sur le continent africain. XVII, 1965) vient de paraître. « Vacances mise au point de méthodes pédagogiques,
à l'étranger » est un répertoire que l'Unesco l'inspection scolaire et la création de qua¬
SAUVEGARDE D'ABOU SIMBEL. Au publie chaque année à l'intention des jeu¬ torze écoles modernes.
cours des trois premiers mois de l'an¬ nes qui désirent profiter de leurs vacances
née, les disponibilités du Fonds de dépôt de pour se rendre à l'étranger. Plus de EAU CHAUDE ET ELECTRICITE. A Ma-
la Campagne internationale pour la sauve¬ 950 organisations et institutions ayant leur khach Kala, près de Bakou, en Union
garde des monuments de Nubie affectées siège dans 66 pays ont fourni des infor¬ Soviétique, une station d'énergie électrique
au déplacement des temples d'Abou Simbel mations concernant leurs programmes. fonctionne à l'eau chaude souterraine. Ce
sont passées de 270 000 dollars à environ (Pour plus de détails, voir page ci-contre). n'est pas la seule station de cette espèce,
6 840 000 dollars. Le gouvernement des
mais c'est la première qui ait été construite
Etats-Unis a versé une somme de 6 millions SCIENCE ET DESARMEMENT. Chaque
hors d'une région volcanique où l'on trouve
de dollars en livres égyptiennes, représen¬ année, le monde dépense en armement de l'eau bouillante près de la surface. Les
tant la moitié de sa contribution totale à 120 milliards de dollars. Sur cette somme,
ingénieurs de Makhach Kala ont dû forer
cette opération, tandis que l'Afghanistan, 15 à 20 milliards sont consacrés à la
jusqu'à près de 4 500 mètres pour atteindre
l'Italie, les Pays-Bas et la Suède faisaient recherche. Que se passerait-il si le désar¬ la nappe souterraine, d'une température de
parvenir 571 463 dollars. A Abou Simbel, mement devenait une réalité ? Comment
160 °C. La nouvelle station fournira de
la protection des façades est pratiquement pourrait-on le mieux utiliser ces ressour¬
l'électricité bon marché à une vaste région.
achevée ; on poursuit des essais qui per¬ ces énormes en personnel et en équipe¬
mettront de déterminer quel équipement et ment scientifique et technique ? Telles sont PETITES CAUSES, GRANDS EFFETS. En
quels matériaux conviendront le mieux au les questions parmi beaucoup d'autres qui
Malaisie, nombre de petites industries
découpage et au renforcement du roc. ont été discutées par un groupe de savants
bénéficient de plus en plus de l'expérience
réunis dernièrement à la Maison de l'Unes¬
SCIENCE POUR L'AFRIQUE. L'Unesco a internationale. Rien qu'à Singapour, environ
co, à Paris. A l'issue de la réunion a été
2 000 petites entreprises prennent place
annoncé l'ouverture d'un Centre régional mise au point une série de recommanda¬
de science et de technologie pour l'Afrique,
dans un programme de l'Organisation inter¬
tions qui ont été soumises à la XIVe réunion
nationale du travail pour améliorer l'indus¬
à Nairobi, capitale du Kenya. L'objectif de de la Conférence de Pugwash sur la scien¬
trie légère et ouvrir de nouveaux secteurs
ce centre est d'aider les gouvernements ce et les affaires internationales.
africains à multiplier par quinze, au cours
à l'emploi. Le fait est de la plus grande
RECHERCHE EN ARGENTINE. Une chaî¬ importance pour Singapour, qui est la ville
des quinze années à venir, le nombre des
hommes de science africains. Une étude ne de ' coopération internationale a où le taux d'accroissement de la popula¬
permis d'entreprendre des travaux sur la
tion est le plus élevé. Depuis que l'opé¬
entreprise en 1964 par l'Unesco et portant
ration a commencé en 1963, un essor sen¬
sur 41 Etats africains a montré que ces physique des conducteurs solides à l'uni¬
pays ne disposaient que d'environ versité nationale de Buenos Aires. Une sible a été donné aux petites entreprises
industrielles et artisanales.

WARREN WEAVER REÇOIT LE PRIX KALINGA


En bref...
d'après l'empire fondé en Inde, voilà
vingt-deux siècles par Açoka. Le L'URSS compte maintenant plus d'un
Dr Weaver, qui est né en 1894, a
demi-million d'hommes de science, y com¬
commencé sa carrière comme profes¬
pris 200 000 femmes, et quelque 4 500 ins¬
seur de mathématiques au California
tituts scientifiques.
L'Académie des Scien¬
Institute of Technology et à l'Univer¬
ces de l'URSS seule emploie 20 000 hom¬
sité de Wisconsin. Il est actuelle¬
mes de science, dont 500 académiciens et
ment vice-président et directeur exé¬
membres correspondants.
cutif de la fondation Arthur P. Sloan.
En 1957, il a été président de l'Asso¬ B Environ 7 500 ouvriers embauchés dans
ciation américaine pour l'avancement le cadre du projet d'aménagement des eaux
des sciences. Le Dr Weaver est l'au¬
du bassin du bas Mékong en Asie du Sud-
teur de nombreux ouvrages ; nous Est ont reçu une partie de leurs salaires
mentionnerons « Lady Luck », « The sous forme de nourriture destinée à amé¬
Theory of Probability », « The Ma¬ liorer le régime alimentaire de leurs
thematical Theory of Communication», familles. La FAO envoie pour 1 700 000 dol¬
« Science and Complexity », et lars de nourriture.
« People, Energy and Food ».
M Selon l'Annuaire statistique de l'Unesco,
WARREN WEAVER, professeur Les précédents lauréats du prix
soixante-douze pays possèdent actuelle¬
et écrivain scientifique amé¬ Kalinga, qui a été fondé en 1951,
ment des bibliothèques nationales. Aux
ricain, a été désigné comme trei¬ sont : Louis de Broglie (France), Ju¬
Etats-Unis, la Library of Congress a plus
zième lauréat du prix international lian Huxley (Royaume-Uni), Waldemar
de douze millions de volumes ; en France,
Kalinga pour la vulgarisation de la Kaempffert (Etats-Unis), Augusto Pi
la Bibliothèque Nationale, six millions, et en
science. Décerné par un jury inter¬ Suner (Venezuela), Georges Gamow
URSS seize bibliothèques nationales tota¬
national nommé par l'Unesco, le prix (Etats-Unis), Bertrand Russell (Royau¬
lisent soixante-deux millions de volumes.
Kalinga d'un montant de 1 000 livres me-Uni), Karl von Frisch (Allemagne
Pendant la seconde moitié de 1964, la
sterling, provient d'une donation de et Autriche), Jean Rostand (France),
M. Bijoyanand Patnaik, industriel in¬ Banque Internationale pour la Reconstruc¬
Ritchie Calder (Royaume-Uni), Arthur
tion et le Développement a fait 16 prêts
34 dien, qui est l'un des directeurs de C. Clarke (Royaume-Uni), Gerard
totalisant 421000 000 de dollars. Ce qui
la fondation Kalinga, ainsi nommée Piel (Etats-Unis), Jagjit Singh (Inde).
porte le total des prêts faits par la Banque
à 402 dans 74 pays et territoires.
Vacations Abroad
Vacances à l'étranger
M Faut-il abolir les asiles de vieillards ? Vacaciones en el
extranjero
xvn 1965
M Jusqu'à quel point les sciences sociales sont-elles scientifiques ?

M Les dirigeants politiques sont-ils suffisamment bien informés


pour que la guerre soit évitée ?

Voilà quelques-unes des questions


importantes qui sont traitées par
la " Revue internationale des
revue sciences sociales ". Chaque nu¬
méro porte sur un problème dif¬
internationale férent. La revue bénéficie de la

collaboration d'éminents spécia¬


listes du monde entier. C'est une
des sciences
publication de l'Unesco qui vous
permet de rester au courant des
sociales discussions auxquelles sont sou¬
mis les grands problèmes sociaux Vient de paraître
modernes.
VACANCES A L'ÉTRANGER, Vol. XVII,
Présence de Max Weber 1965. Cours de vacances, écoles et sémi¬
naires d'été, voyages d'études, auberges et
biologiques de la question raciale foyers de jeunesse, camps et centres de
Prix du numéro : 7 F - 1 0/- (stg) - $ 2.00
Abonnement annuel (4 numéros) : 24 F vacances, chantiers internationaux. Plus de

35/- (stg) - $ 7.00 950 institutions ou organisations de 66 pays


7 F 42 l0/-fs(g.)
permettent aux jeunes d'étudier et de voya¬
Adresser la commande directement à
ger à l'étranger. VACANCES A L'ÉTRAN¬
l'Unesco, place de Fontenoy, Paris-7',
GER donne tous les renseignements sou¬
ou aux agents de vente (voir ci-des¬
une SCO haitables, en particulier sur les bourses de
sous). Un numéro spécimen sera en¬
voyé, sur demande, par /'Unesco. voyage ou d'autres formes d'aide financière.

162 p. Prix :7F 82 10/- stg

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directement à l'agent général (voir liste ci-dessous). Oñate 1 5 Madrid. (Pts 130). Sous-agent « Le Courrier », Toutes les publications : A. S. Bokhjornet, Lille Grensen
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naie du pays. Les prix de l'abonnement annuel au FINLANDE. Akateeminen Kirjakauppa, 2, Keskuskatu, Immeuble Paimbouc. Nouméa ( ). PAYS-
« COURRIER DE L'UNESCO » sont mentionnés Helsinki. (Mk 9,40). FRANCE. Librairie Unesco, Place BAS. N.V. Martinus Nijhoff Lange Voorhout 9. La Haye
parenthèses, après les adresses des agents. de Fontenoy, Paris. C.C.P. 1 2.598-48. (F. 10). GRÈCE. (fl. 8.50). POLOGNE. « RUSH » ul. Wronia 23,
Librairie H. Kauffmann, 28, rue du Stade, Athènes. Varsovie 10 (zl. 60). PORTUGAL. Dias & Andrada
HAITI. Librairie « A la Caravelle », 36, rue Roux, Lda, Livraria Portugal, Rua do Carmo, 70, Lisbonne.
B.P. 111, Port-au-Prince. HONGRIE. Kultura, P.O. RÉPUBLIQUE ARABE UNIE. Librairie Kasr El Nil,
Box 149, Budapest 62. ILE MAURICE. Nalanda Co. 3, rue Kasr El Nil, Le Caire, Sous-agent : la Renaissance
ALBANIE. N. Sh. Botimeve, Nairn Frasheri, Tirana. Ltd., 30, Bourbon Stf. Port-Louis 1 5/-. INDE. Orient d'Egypte, 9 Tt. Adely Pasha, Le Caire. RÉPUBLIQUE
ALGÉRIE. Institut Pédagogique National, 11, rue Longmans Ltd. : 17 Chittaranjan Avenue, Calcutta 13. MALGACHE. Toutes les publications : Commission
Zâatcha, Alger. ALLEMAGNE. Toutes les publica¬ Ballard Estate Chamber, Nicol Rd., Bombay 1 ; 3 6a. nationale de la République Malgache. Ministère de l'Éduca¬
tions : R. Oldenbourg Verlag, Unesco-Vertrieb für Mount Road, Madras 2. Gunfoundry Road, Hyderabad 1 ; tion nationale, Tananarive. « Le Courrier » seulement
Deutschland, Rosenheimerstrasse 145, Munich 8. Unesco Kanson House, 1/24 Asaf Ali Road, P. O. Box 386, Service des Auvres post et péri-scolaires, Ministère de
Kurier (Edition allemande seulement) Bahrenfelder Nouvelle-Delhi. IRAN. Commission nationale ira¬ l'Éducation nationale, Tananarive. ROUMANIE. Car-
Chaussee 160, Hamburg-Bahrenfeld, CCP 276650. nienne pour l'Unesco, avenue du Musée, Téhéran. timex, Str. Aristide-Briand 14-18. P.O.B. 134-135,
(DM 10). AUTRICHE. Verlag Georg Fromme et C\ IRLANDE. The National Press, 2 Wellington Road, Bucarest. ROYAUME-UNI. H. M. Stationery Office,
Spengergasse 39, Vienne V. (Seh. 70.-). BELGIQUE. Ballsbridge, Dublin (15/5d). ISRAEL. Blumstein's P.O. Box 569, Londres S. E. 1.(1 5/-). SÉNÉGAL. La
Toutes les publications: Editions « Labor », 342, rue Bookstores, 35, Allenby Road and 48, Nahlat Benjamin Maison du livre 13, av. Roume, B.P. 20-60 Dakar.
Royale, Bruxelles 3 N. V. Standaard-Boekhandel, Bel¬ Street, Tel-Aviv. (8 I L). ITALIE. Toutes les pu¬ SUÈDE. Toutes les publications : A/B CE. Fritzes,
giëlei 151, Anvers. Seulement pour « le Courrier » blications : Librería Commissionaria Sansoni, via La m ar¬ Kungl. Hovbokhandel, Fredsgatan 2, Stockholm, 1 6.
(140 FB) et les diapositives (488 FB) : Louis de Lannoy, mo ra, 45. Casella Postale 552, Florence ( 1 500 I), et, Pour « Le Courrier» seulement: Svenska Unescoradet,
112. rue du Trône, Bruxelles 5. C. C. P. 3380.00. sauf pour les périodiques: Bologne: Librería Zanichelli, Vasagatan 15-17, Stockholm, C. (Kr 12). SUISSE.
BRÉSIL. Librairie de la Fundaçao Getulio Vargas, Portici del Pavaglíone. Milan : Hoepli, via U I rico Hoepli, Toutes les publications : Europa Verlag, 5, Ramistrasse,
186, Praia de Botafogo. BG-ZC-02, Rio de Janeiro. 5. Rome : Librería Internazionale Rizzoli Galleria Colonna, Zürich. C.C.P. Zürich VIII 23383. Payot, 6, rue Grenu,
GB-ZC-02. (CS. 1.680) BULGARIE. Raznoïznos, Largo Chigi. Turin : Librairie Française, Piazza Castello 9. - Genève, CCP. 1-236. Pour « Le Courrier » seule¬
1, Tzar Assen, Sofia. CAMBODGE. Librairie Albert JAPON. Maruzen Co Ltd. 6 Tori-Nichome, Nihonbashi, ment : Georges Losmaz, 1, rue des Vieux-Grenadiers,
Portail. 14, avenue Boulloche,Phnom-Penh. CANADA. P.O. Box 605 Tokyo Central, Tokyo (1 200 yen). - LIBAN. Genève, CCP. 1-4811 (Fr. S 10). SYRIE. Librairie
Imprimeur de la Reine, Ottawa, Ont. ($ 3.00). CHILI. Librairie Dar Al-Maaref. Immeuble Esseil ly. Place Riad internationale Avicenne B. P. 2-456, Damas. TCHÉCO¬
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Avenida B. O'Higgins 1058, casilla 10220, Santiago. rie Paul Brück, 22, Grand'Rue, Luxembourg. (1 40. F.L.). (Exposition permanente) ; Zahracnici Literatura, Bil-
« Le Courrier » seulement: Comisión Nacional de la MAROC. Librairie « Aux belles images », 281, avenue kova, 4, Prague 1. TUNISIE. Société tunisienne de
Unesco en Chile, Alameda B. O'Higgins 1 61 1 - 3 pisto, Mohammed-V, Rabat. CCP 68-74. « Courrier de l'Unes¬ diffusion, 5, Avenue de Carthage, Tunis. TURQUIE.
Santiago (Ea 6,50)* CONGO. La Librairie, Institut co » : Pour les membres du corps enseignant : Commis¬ Librairie Hachette, 469, Istiklal Caddesi, Beyoglu, Istanbul.
politique congolais. B.P. 23-07 Léopoldville. COTE- sion nationale marocaine pour l'Unesco, 20 Zenkat U.R.S.S. Mezhdunarodnaja Kniga, Moscou, G-200.
D'IVOIRE. Centre d'Édition et de Diffusion Africaines. Mourabitine, Rabat (C.C.P. 324.45). MARTINIQUE. URUGUAY, Representación de Editoriales. Plaza Ca-
Boite Postale 4541, Abidjan-Plateau. DANEMARK. Librairie J. Bocage, rue Lavoir. B.P. 208, Fort-de-France' gancha 1342, 1* piso, Montevideo ( ). VIET
Ejnar Munksgaard A/S, 47 Prags Boulevard, Copenha¬ (F. 10). MEXIQUE. Editorial Hermes Ignacio Maris- NAM. Librairie Papeterie Xuan Thu, 185-193, rue
gue S (17 kr). ESPAGNE. Toutes les publica¬ cal 41, Mexico D. F.. Mexique ($ 26 M. mex.). Tu-Do, B.P. 283, Saigon. YOUGOSLAVIE. Jugos-
tions : Librería Científica Medinaceli, Duque de MONACO. British Library, 30, bid des Moulins, Monte- lovenska-Knijga, Terazije 27, Belgrade.
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Dans quelques années il sera possible de rouler commodé¬


LA GRANDE ROUTE
ment de la Turquie à la République du Viêt-Nam, en Ma¬
laisie ou à Ceylan. De colossales voies modernes vont
INTERNATIONALE remplacer les routes et les pistes souvent hasardeuses du
plus vaste des continents (voir page 12). Ici, dans un pay¬
sage d'une sauvage grandeur, la route transasiatique à une
TRANSASIATIQUE
vingtaine de kilomètres de Kaboul, capitale de l'Afghanistan.
Photo Nations Unies

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