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Juin 1965 (XVIIIe année) France :1 F - Belgique : 14 F - Suisse: 1 F
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Photo © Werner Bischof-Magnum
A LA RECHERCHE DU COSMOS
A 90 km au sud-ouest de Delhi s'élève l'observatoire de Jaipur, l'une des merveilles, trop peu connue, de la
civilisation indienne du XVIIIe siècle. Ci-dessus, l'une des deux horloges solaires construites vers 1730 par
Jai Singh, maharadja de Jaipur, passionné d'astronomie (voir page 18).
Le
Courrier
JUIN 1965 XVIIIe ANNÉE
Pages
PUBLIÉ EN 9 ÉDITIONS
Française
Anglaise
MES PREMIERS PAS DANS L'ESPACE
Espagnole
Russe Le récit d'un exploit historique (18 mars 1965)
Arabe
U. S. A.
12 LA GRANDE ROUTE TRANSASIATIQUE
Japonaise
Un exemple frappant de coopération internationale
Italienne
par M. S. Ahmad
D'ASTRONOMIE
Observatoires-monuments en Inde
Bureaux de la Rédaction :
Unesco, place de Fontenoy, Paris-7e, France
Directeur-Rédacteur en Chef :
Notre couverture
Sandy Koffler
Rédacteur en Chef adjoint :
Pour la première fois un homme
René Caloz
marche dans le cosmos. Ce premier
Adjoint au Rédacteur en Chef : pas outre -monde c'est celui de
Lucio Attinelli
l'astronaute soviétique Alexei Leonov;
Secrétaires généraux de la rédaction : il marque une étape capitale dans la
Edition française : Jane Albert Hesse (Paris) conquête de l'espace. Cette photo a
Edition anglaise : Ronald Fenton (Paris) été prise par une caméra que Leonov
Edition espagnole : Arturo Despouey (Paris) lui-même venait de fixer à l'ex¬
Edition russe : Victor Goliachkov (Paris) térieur du vaisseau spatial et qui
Edition allemande: Hans Rieben (Berne) a filmé sa prodigieuse aventure.
Edition arabe : Abdel Moneim El Sawi (Le Caire)
Edition japonaise : Shin-lchi Hasegawa (Tokyo)
Edition italienne : Maria Remiddi (Rome) Photo © A. P. N.
<*CHIVt*,
MES
PREMIERS PAS
DANS
L'ESPACE
Photos ©A.P.N.
EULES les inoubliables minutes du départ et le lui-même ressemblait à un puits sans fond. L'espace était
'souvenir des longs mois d'entraînement au vol tel qu'on n'en verra jamais sur la terre.
m'ont contraint à croire à la réalité du tableau qui s'est
Tout, alentour, ressemblait à des séquences d'un film d'an¬
ouvert à mes yeux lorsque je regardais le vaisseau en
ticipation, seule la musique électronique y manquait.
planant dans l'espace cosmique libre. « Voskhod-2 »
voguait solennellement, majestueusement. Ses antennes, En bas voguait notre planète bleu ciel. Vue du cosmos
telles les moustaches de quelque monstre, palpaient le vide elle paraissait non pas ronde mais tout à fait plate, telle
du cosmos. Les hublots ressemblaient à d'énormes yeux une énorme carte physique. Seule la courbure de l'horizon
fixant chacun de mes mouvements. Les objectifs des camé¬ témoignait qu'elle est ronde.
ras de télévision et des caméras photographiques me regar¬
C'est dans cet espace fantastique que je devais travailler.
daient.
Pourquoi ?
Devant moi, tout était noir, un ciel noir et des étoiles
La cosmonautique se développe avec célérité. Il y a
luisantes, mais qui ne scintillaient pas, elles semblaient
quatre ans, mon compatriote Youri Gagarine avait passé
immobilisées.
dans le cosmos seulement 108 minutes. Maintenant les vais¬
Le soleil n'apparaissait pas non plus comme vu de la seaux cosmiques accomplissent des vols de plusieurs r
terre. Il n'y avait aucune auréole autour, aucune couronne. jours. Il n'y a pas que les pilotes cosmonautes qui peuvent J
Il rappelait un énorme disque ..icandescent qui semblait voler à bord de ces vaisseaux. En octobre dernier, à bord
fixe dans le velours noir du c;el cosmique. Le cosmos du « Voskhod-1 », le savant Konstantin Feoktistov, le
Libéré des lois de la pesanteur, Leo¬
nov flotte dans l'immensité silencieuse
du cosmos. Son scaphandre le pro¬
tège du vide mortel. Ici, il n'y a plus
de haut et de bas. La Terre, sous la
courbure de son horizon, défile devant
les yeux de l'astronaute. Elle est en
partie enveloppée de nuages mais
Leonov a pu apercevoir pendant quel¬
ques minutes la Méditerranée, la
Volga, l'Oural et quelques fleuves
sibériens.
Photos © A.P.N.
médecin Boris Egorov et le cosmonaute Vladimir Komarov pressent pas l'une sur l'autre. Les objets se déplacent au
voguaient de conserve. moindre effort Indépendamment de leur masse et de leur
A l'avenir les vaisseaux cosmiques se trouveront dans dimension. Il ne faut qu'une dépense exceptionnelle pro¬
l'espace cosmique plus longtemps encore. Ils ne seront portionnelle à la masse et au carré de sa vitesse : puis
probablement pas solitaires à l'envol. Le nombre de mem¬ les corps se meuvent sans arrêt. »
bres de l'équipage augmentera. Les savants travaillent à Ce n'était là qu'une idée théorique, quoique géniale,
résoudre le problème de la création de stations-instituts basée sur la connaissance des lois de la mécanique mais
orbitales permanentes. L'homme cherchera évidemment à néanmoins non confirmée par la pratique.
s'envoler vers d'autres planètes.
Après les vols des satellites artificiels et des vaisseaux
Mais pour ce faire les hommes doivent apprendre à
spoutniks cosmiques pilotes, les savants ont théoriquement
monter de lourds vaisseaux directement dans le cosmos.
cerné tous les problèmes liés à la sortie de l'homme dans
Il faut qu'ils puissent relever les équipages des stations- le cosmos. Ils connaissaient bien les conditions de l'am¬
laboratoires, passer d'un vaisseau à l'autre pour porter
biance extérieure : l'intensité du rayonnement, l'effet de
secours ou simplement à des fins de relations entre hom¬
l'apesanteur. Mais personne ne savait exactement quelle
mes pendant les vols interplanétaires. Il en découle une
serait la réaction de l'homme à l'apesanteur dans l'espace
autre nécessité, celle d'apprendre à sortir du vaisseau
cosmique libre.
dans l'espace cosmique et de trouver à cette fin la méthode
de sortie la plus commode. Mais la sortie de l'homme C'est au commandant du vaisseau « Voskhod-2 », Pavel
dans l'espace ouvert est-elle possible ? Et si oui, pourra-t-il Beliaiev et à moi-même, qu'est échu le grand bonheur
y travailler ? Pourra-t-il, par exemple, y réaliser des travaux le 18 mars, d'apporter les premières réponses à ces ques¬
de montage indispensables pour la jonction des vaisseaux? tions et de vérifier pratiquement les suppositions et les
calculs des savants. Il nous semble que nous avons résolu
Voici ce que répondait à ces question, en 1926, l'émi-
ces problèmes et justifié les espoirs fondés sur notre vol.
nent savant russe Konstantin Tsiolkovski :
Comment cela s'est passé ?
« Il est plus facile d'accomplir les travaux de tout genre
ici que sur la terre. Premièrement parce que les dimensions Nous avons commencé à nous préparer à la sortie
des ouvrages peuvent ne pas être limitées et cela avec hors du vaisseau deux minutes après la satellisation. La
les matériaux les plus faibles étant donné que leur poids responsabilité de notre tâche et du vol ne nous permettait
ne les détruira pas, car ici il n'existe pas. Deuxièmement, pas de perdre notre temps à nous familiariser avec les
l'homme est en état de travailler ¡ci dans n'Importe quelle beautés du cosmos. Nous savions que nous en aurions
position en fixant seulement les pieds ou une autre partie le loisir après avoir accompli l'expérience.
du corps : il n'y a là ni lignes verticales, ni lignes hori¬
Sur la Terre nous avions maintes fois mis à l'épreuve
zontales, il n'y a ni haut ni bas. On ne peut tomber nulle
les systèmes de commande du sas, et de sortie et de ren¬
part.
trée, les systèmes de contrôle de l'état de l'homme sortant
Aucun objet, même le plus lourd, ne peut écraser le tra¬ dans le cosmos. Nous les avions essayés dans des condi¬
vailleur car il ne tombe nulle part, même n'étant pas soutenu. tions proches des conditions réelles. Néanmoins, nous
Les parties du corps, quelle que soit leur grandeur, ne avions fait encore une fois une répétition générale dans
MES PREMIERS PAS DANS L'ESPACE (Suite)
Au-dessus du Kamtchatka, Pavel Beliaiev commença les Me trouvant hors du vaisseau, je m'entretenais en per¬
préparatifs pratiques en vue de ma sortie du vaisseau. manence par téléphone avec Pavel Beliaiev et la Terre.
Il m'aida à mettre le sac à réserve d'air. J'ai vérifié la livrai¬ Je me suis en particulier entretenu avec Youri Gagarine qui
son du mélange respiratoire du sac au scaphandre. Beliaiev veillait au poste de commande du cosmodrome. J'ai entendu
ouvrit l'écoutille du sas. Nous avons branché ensemble à la radio de Moscou annoncer le départ de notre vaisseau.
mon scaphandre la drisse-câble qui devait me fixer au Au-dessus de l'Iénisséi le commandant me donna le
vaisseau. Dans la drisse était incorporé' le câble télépho¬ signal de rentrer dans le vaisseau. Je me sentais à mer¬
nique qui me reliait au commandant du vaisseau et à la veille, l'humeur était excellente et je ne voulais pas quitter
Terre. le cosmos. C'est pourquoi je me repoussai encore une fois
Je me détachai de mon siège et entrai dans le sas en du bord du sas pour vérifier d'où proviennent les vitesses
flottant. Je fis un geste de la main au commandant. L'écou¬ angulaires au premier moment après la poussée. Il s'avéra
tille, derrière moi, se ferma. Beliaiev commença à faire qu'elles étaient dues au moindre déplacement de la direc¬
sortir l'air du sas afin d'égaliser la pression dans la chambre tion de la force de poussée par rapport à l'axe du vaisseau.
de sas avec la pression hors du vaisseau. Je l'ai ressenti par Après quoi, j'exécutais l'ordre du commandant de bord
l'enflement du scaphandre. Soudain l'écoutille s'ouvrit elans et commençais à me rapprocher du vaisseau. Chemin
l'espace cosmique. Une gerbe aveuglante de lumière so¬ faisant, je m'emparais de la caméra cinématographique
laire remplit la chambre du sas. Il faisait tellement clair fixée au support.
qu'il semblait que quelque part, tout près, on soudait à
Je voulais rentrer directement dans le sas ; or ce ne fut
l'arc.
pas chose tellement facile. Le scaphandre gonflé limitait
mes mouvements. Il me fallut faire des efforts physiques
assez sérieux pour pénétrer dans le sas. Mais bientôt
E m'avançai dans le sas vers la sortie et en
J émergeai un peu de la tête. Nous survolions la
je me trouvais dans la cabine du vaisseau aux côtés de
mon ami Pavel Beliaiev.
Méditerranée. Je voulais sortir plus vite du sas et regarder
la Terre à partir du cosmos, voir le vaisseau, mais le L'expérience de sortie de l'homme hors du vaisseau
commandant ne me le permit pas : le moment de la sortie dans l'espace cosmique était achevée. J'avais passé vingt
prévu dans l'horaire approuvé à terre n'était pas encore minutes hors de la cabine. Pendant ce temps « Voskhod-2 »
arrivé. Il fallut se soumettre. se trouvait loin de la Méditerranée au-dessus de laquelle
je me trouvais quand j'avais commencé à entrer dans le
Avant Simferopol le commandant me donna le signal de
sas. Nous nous approchions de l'océan Pacifique.
sortie. D'impatience, je me repoussai plus qu'il ne le fallait
du bord du sas et sortis du vaisseau comme un bouchon
Avais-je peur ?
d'une bouteille. En bas, sous moi, se trouvait Kertch. Je On me demande souvent si j'avais peur en sortant du
vis la mer Noire, la coupe bleue de la baie près de Novo¬ vaisseau dans le cosmos ? Si je craignais pour ma vie ?
rossiisk, les montagnes du Caucase recouvertes de nuages. Et chaque fois je réponds sincèrement : non, je n'avais pas
La visibilité était magnifique. J'ai beaucoup volé à .bord de peur. Pourquoi n'éprouvais-je pas de crainte ?
divers avions, plus de 550 heures. Mais je dois dire que du
cosmos on volt mieux et plus en relief que d'avion. J'ai
|ANS le cosmos, le scaphandre constituait pour
nettement vu, par exemple, que dans la région de la ville
moi la seule protection contre les rayonnements
de Sotchi le temps était alors ensoleillé.
du Soleil, les radiations, les brusques changements de
... Je me trouvais en rotation. Il était impossible de l'ar¬ température et autres phénomènes non moins dangereux
rêter par des mouvements quelconques. J'avais appris qu'il pour l'homme. Mais j'avais absolument confiance dans le
devait en être ainsi pendant les entraînements dans l'avion- scaphandre, comme
dans tout l'appareillage technique
laboratoire où nous avions perfectionné, Pavel Beliaiev installé à bord du vaisseau. Cette confiance absolue, je
et moi-même, la sortie et la rentrée dans les conditions l'avais acquise au cours des longs mois de préparation au
de l'apesanteur. Aussi ne fis-je aucun effort. J'attendais
l'affaiblissement de la rotation par la torsion de la drisse. L'école soviétique de formation des cosmonautes est
Et, en effet, la vitesse angulaire baissait petit à petit. Il est caractérisée par la participation des cosmonautes à la mise
vrai que je tournais encore autour de l'axe transversal.
au point et aux essais de tous les nouveaux systèmes et
Je pouvais arrêter cette rotation en saisissant la drisse mais équipements créés pour la réalisation de notre mission.
je ne le fis pas car en tournant je pouvais mieux voir. C'est pourquoi nous les connaissons à fond, nous savons
En bas, voguaient les majestueux massifs verts du sud de comment ils se comporteront dans le cosmos.
notre pays. J'ai reconnu la Volga. Puis j'ai vu la chaîne de Avec Pavel Beliaiev, par exemple, nous avons participé
montagnes du vieil Oural, les puissants cours d'eau sibé¬ à la mise au point du projet d'esquisse de notre variante
riens, l'Obi et l'Iénisséi.
de vaisseau, du sas, du système de commande du sas,
J'enlevai l'obturateur de l'appareil cinématographique qui du scaphandre, de tous les nouveaux systèmes et de tout
devait fixer sur la pellicule tous mes mouvements dans le nouvel équipement ajoutés à notre vaisseau et que ne
l'espace cosmique libre. Il était installé sur un support possédait pas « Voskhod-1 ». Ces projets furent approuvés
spécial, près du bord du sas. Un moment après, je m'étirai devant nous. Nous avons nous-mêmes essayé l'équipement,
assez énergiquement en me tenant à la drisse et fus sans nous reposer seulement sur les expérimentateurs pro¬
contraint de me protéger des mains contre le vaisseau fessionnels. Après les essais, nous avons proposé d'appor¬
qui commençait à avancer impétueusement sur moi. J'aurais ter des perfectionnements, selon nous, indispensables. Et il
8 pu heurter au bord le casque hermétique, c'est pourquoi n'était pas de proposition dont les constructeurs et les ingé¬
j'étendis les mains et amortis le choc. Ceci prouve qu'avec nieurs n'auraient tenu compte.
l'adaptation l'homme peut, dans l'espace cosmique, se En outre, quand je me trouvais dans l'espace cosmique
Photo © A.P.N.
pour les vols vers d'autres planètes, à la création de sta¬ L'expérience de notre vol montre que l'on peut créer
tions-instituts orbitales permanentes. des sas assurant l'hermétisation complète des vaisseaux
lors de la sortie des cosmonautes dans l'espace cosmique
ouvert. Pavel Beliaiev n'a remarqué aucun changement de
paramètres de la cabine du vaisseau lorsque j'en sortais DEUX COSMONAUTES A L'UNESCO
et. j'y entrais. Cela lui a permis de se trouver librement dans
le vaisseau sans scaphandre. Or, ceci est important. Nous
nous sommes convaincus que dans la cabine le scaphandre Le 11 mai dernier, les cosmonautes soviétiques Valentina
est loin d'être le meilleur vêtement de travail. Terechkova et son mari Adrian Nikolaiev ont été reçus à la
En ce qui concerne les conditions de travail dans la Maison de l'Unesco par le Conseil Exécutif de l'Organisa¬
cabine, elles ne se distinguent en rien des conditions tion qui était réuni à Paris. Après que le Président du
Conseil, M. Mohammed El Fasi, et le Directeur Général de
d'une chambre ordinaire. Pendant toute la durée du vol,
l'Unesco, M. René Maheu, leur eurent adressé des souhaits
la température dans la cabine de notre « Voskhod-2 » ne
de bienvenue, le Professeur Noraïr Sissakian, Président de
dépassait pas 18 degrés. Nous ne subissions donc pas une
transpiration qui aurait conduit à la déshydratation de l'or¬ la 13e session de la Conférence Générale, a prononcé une
courte allocution sur le thème de l'homme dans l'espace.
ganisme. Si la sueur perlait, ce n'était qu'en très petite
Valentina Terechkova, jusqu'ici la seule femme cosmonaute
quantité, et elle était due aux efforts physiques et aux
surcharges. au monde, vola pendant plus de 70 heures en « groupé »
avec le cosmonaute Valéry Bykowsky (16 juin 1963). Son
La pesée, après le vol, a montré que nous avions perdu
mari, Adrian Nikolaiev avait fait, le 11 août 1962, 64 tours
500 grammes chacun. Mais ni Beliaiev ni moi-même ne
de la terre à bord de Vostok III.
considérons cela comme dû à notre séjour dans le cosmos.
C'est plutôt parce qu'avant le vol nous avons été pesés
le matin et après le vol, le soir. Comme vous le voyez notre
vol s'est déroulé normalement, à tous égards.
Je veux aussi remercier, par l'intermédiaire du « Courrier
de l'Unesco », tous ceux qui nous ont adressé, à Beliaiev
et moi-même, leurs félicitations lors de l'accomplissement
de cette mission honorifique. Merci de tout crur, pour lui
et moi.
Photos © A.P.N.
LA GRANDE ROUTE
TRANSASIATIQUE
par M. S. Ahmad
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L'HISTOIRE de l'humanité peut être contée en s'installa à Bagdad, dota le monde musulman de bonnes
contant les voyages des hommes et le trans¬ chaussées jalonnées de caravansérails et d'auberges où
port des marchandises. marchands, pèlerins et courriers officiels trouvaient des
relais.
En Asie, le déplacement des populations et le dévelop¬
pement des routes caravanières ont été déterminés par
Ces routes constituaient les grands itinéraires du com¬
des impératifs géographiques. Pour franchir les chaînes merce entre l'Orient et l'Occident. Par ces voies de commu¬
de l'Himalaya, au nord de l'Inde, les pionniers des routes nication terrestres internationales, les pays d'Asie établi¬
commerciales ont, évidemment, cherché les cols (dont la
rent des relations d'affaires et d'échanges avec le monde
plupart sont encore utilisés) et ont suivi les vallées. Quand extérieur. Sans ces routes, les progrès de la civilisation
ils le pouvaient, les voyageurs préféraient emprunter la auraient été beaucoup plus lents dans ces régions.
route des caravanes car, sur mer, ils devaient affronter de
plus grands périls : tempêtes et pirates. Malheureusement, les événements politiques et le dépla¬
cement des frontières naturelles entraînèrent l'abandon de
Vers l'an 300 avant J.-C, l'antique route qui reliait Hama-
nombreuses routes terrestres d'Asie. Sans doute, s'efforça-
dan (l'ancienne Ecbatane), en Iran, aux vallées alors floris¬
t-on, à diverses reprises, de rétablir et de développer ces
santes de Mekran et de Luni, en Inde, passait par des
voies de communication, mais sans grands résultats, faute
villes de très vieilles civilisations, entre autres celle de
de coordination et de ressources suffisantes.
Mohenjo Daro.
Pendant ce temps, l'Europe et l'Amérique continuèrent à
La grande route de la soie, par exemple, partait de Sian
développer leurs grandes routes internationales. La route
(capitale de la Chine des Han), traversait le Turkestan et
panamérlcaine, dont les 28 960 km relient l'Alaska à la
les villes de Rhagae et de Hamadan et s'en allait vers l'Eu¬
pointe extrême de l'Amérique du Sud, offre un exemple
rope, soit par l'Asie Mineure, soit, avec un léger détour,
unique de grande route Internationale au vrai sens du
par Bagdad. Mossoul et Antioche. D'Antioche, une bifur¬
terme.
cation passant par Damas menait en Egypte.
Au cours des dix dernières années, la circulation rou¬
Les relations de grands voyageurs comme lbn-1-Hakkal,
tière s'est accrue de façon fantastique dans le monde
Fa Hien, I Tsiang, Tchang K'ien, Ibn-i-Batouta et Marco Polo,
entier. Aujourd'hui, tous les pays se préoccupent d'amé¬
donnent une idée de ce qu'étaient alors ces routes de cara¬
liorer leur grandes routes et leurs méthodes de construc¬
vanes, et des conditions dans lesquelles on y circulait.
tion routière ; l'Europe et l'Amérique ont, à cet égard, réa¬
La mission de Tchang K'ien, chez les Yue-tche, se situe lisé des progrès considérables. On a construit un grand
au cours des années 138-125 avant J.-C. Fa Hien, ce pèlerin nombre de routes internationales et fait beaucoup d'études
bouddhiste chinois qui se rendit en Inde de 399 à 414 après en vue d'uniformiser la construction des routes et de faci¬
J.-C, arriva par la route terrestre, mais revint en Chine en liter les formalités douanières. En Asie, les progrès ont
passant par Java. Youang-Tchouang voyagea beaucoup été beaucoup plus lents.
vers le début du VII« siècle après J.-C. ; venant du nord-
Cependant, les gouvernements ont pris conscience de la
ouest, il entra en Inde par Peshawar.
nécessité d'améliorer les réseaux routiers et ils se rendent
Entre 266 avant J.-C. et 476 après J.-C, les Romains pleinement compte du rôle important que peuvent jóuer 1Q
construisirent un réseau de routes qui s'étendait sur trois les grandes voies internationales dans le développement
continents. Sous l'Empire byzantin, le commerce par cara¬ économique, social et culturel, tout particulièrement lors¬
vanes avec l'Orient prospéra. La puissance impériale, qui qu'il s'agit de pays qui n'ont pas de débouchés sur la
U. R. S. S.
1
I
AFGHANISTAN
ARABIE SEOUDITE
GRANDE ROUTE T R A N S A S I A T I Q U E (Suite) d'entre elles, en les améliorant dès que l e permettraient I'ac-
croissement du trafic et des ressources financières.
mer, comme I'Afghanistan, le Laos et le Népal ; mais un
fait demeure, c'est que I'Asie ne possédait guère encore, La grande Route d'Asie rappellera les anciennes routes
jusqu'ici, de grandes voies internationales. des caravanes qui unissaient l'Europe, le Moyen-Orient et
l'Afrique et présentera un intérêt économique considé-
C'est en novembre 1958 que, lors d'une réunion du sous- rable : elle facilitera les déplacements à l'intérieur de
comité des routes de la Commission économique des chaque pays et développera les échanges internationaux
Nations Unies pour I'Asie et l'Extrême-Orient, fut lancée par voie de terre. Un grand nombre des produits tradition-
l'id& de créer un réseau de routes internationales, en nels de I'Asie : riz, caoutchouc, coton, bois d'œuvre,
reliant entre elles les routes principales qui existaient, de combustibles et minerais, qui circulent actuellement d'un
I'lran au Viet-nam, et en les améliorant pour qu'elles répon- pays à l'autre, en faisant de longs détours par voie de mer,
l4 dent à un certain nombre de normes minimales ; les normes
ont été classées en cinq catégories et les pays intéressés
pourraient être acheminés plus économiquement par route,
sans avoir à dépendre de frets maritimes de plus en plus
ont été priés de se conformer au moins aux plus simples onéreux.
LE RESEAU DES GRANDES ROUTES
TRANSASIATIQUES
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1
CARTE O N U
La Route d'Asie ne développera pas seulement les de circulation par voie de terre ; ils fourniront, directement
échanges commerciaux ; elle encouragera également le ou indirectement, du travail à de nombreuses personnes et
tourisme et permettra à des personnes aux revenus relati- contribueront ainsi au progrès économique et social.
vement modestes, de venir admirer les merveilles de ce Lorsqu'elle sera terminée, la grande Route d'Asie desser-
prestigieux continent. Les touristes pourront se rendre, par vira une zone de 6 millions et demi de kilomètres carrés,
la route, aux grands centres historiques et visiter maints peuplée de plus de 700 millions d'habitants.
lieux de pèlerinage, qui ne sont actuellement accessibles II sera nécessaire de construire un certain nombre de
qu'à grands frais. L'ouverture de la route internationale sera tronçons de raccordement, mais ils ne représenteront qu'un
accueillie avec satisfaction par des millions de pèlerins très faible pourcentage de la longueur totale de la Route
bouddhistes, hindous et musulmans. -d'Asie ; il faudra aussi bâtir des ponts importants et amé-
La Route d'Asie ouvrira, en outre, de nouvelles perspec- liorer l'état de beaucoup de routes ; tous ces travaux coû-
tives d'avenir aux centaines de milliers de petits villages teront cher et l'on peut se demander si les avantages immé-
des zones à forte densité démographique de la région. diats justifieront ces lourdes dépenses d'investissement.
Les transports routiers resteront un très important moyen Précisons qu'il n'est pas question d'établir immédiate-
LE PLUS HAUT TUNNEL. Un tunnel routier
est en voie d'achèvement à 3 300 m d'altitude,
en Afghanistan, à une centaine de km au nord
de Kaboul, au cEur de la chaîne de l'Hinc"
Kouch. Il a 2 750 mètres de long. C'est
plus haut tunnel routier du monde. Ci-con
(à gauche) aménagement des accès.
ment une route qui réponde aux normes internationales les lui demander de subventionner une étude économique et
plus élevées et que l'on se contentera, pour commencer, technique des raccordements actuellement nécessaires
de normes beaucoup plus modestes. Bien entendu, les pour constituer la route, ainsi que des possibilités de les
gouvernements examineront soigneusement si les avan¬ construire en Afghanistan, en Iran et au Pakistan. Le Fonds
tages à long terme l'emportent sur le rendement actuelle¬ spécial a chargé une société d'ingénieurs-conseils d'exa¬
ment prévisible. Dans le cas de l'Afghanistan, du Laos et miner cette demande d'étude de pré-investissement et est
du Népal, pays sans débouché sur la mer, les conditions actuellement en possession de son rapport.
géographiques et économiques sont telles que seul un
réseau routier international peut assurer au commerce avec Quels progrès a-t-on réalisés dans la construction et
l'amélioration des tracés prioritaires de la grande Route
l'étranger une voie d'accès suffisante et peu coûteuse vers
d'Asie ? Il est encourageant de constater l'enthousiasme
les pays et les ports voisins.
et l'ardeur avec lesquels les gouvernements s'efforcent de
Quels progrès a-t-on réalisés depuis 1959? Dans tous réaliser ce projet. Les itinéraires inclus dans la grande
les pays intéressés, on s'est déjà mis d'accord sur les Route d'Asie ont, pour la plupart, été inscrits dans les
itinéraires existants, qu'il faut incorporer au réseau de la programmes nationaux de voies prioritaires. Ainsi, grâce
grande Route d'Asie, ainsi que sur les normes de construc¬ à d'importants travaux de réfection et à la reconstruction
tion. Les plans prévoient une amélioration progressive, à de ponts, on peut maintenant aller en automobile de Bang¬
mesure que le trafic augmentera. kok à Siem Reap (Angkor Vat) en une journée. Des tra¬
vaux considérables ont également été entrepris sur d'autres
Un code de la circulation réglementant le trafic interna¬
secteurs de la route entre Choomporn et Penga, en Thaï¬
tional a été rédigé et un système uniforme de signalisation
lande ; lorsqu'ils seront terminés, on pourra se rendre en
routière adopté. Pour coordonner les efforts nationaux, on
automobile de Thaïlande en Malaisie. Dans le nord de la
a créé, sous l'égide de la CEAEO, un organisme dans lequel
Thaïlande, un pont a été construit conjointement par la
siègent des représentants de chacun des pays intéressés.
Thaïlande et la Birmanie sur la rivière Messai, à la fron¬
Les secteurs ne répondant pas aux normes minimales de tière de ces deux pays.
la grande Route d'Asie en Iran, en Afghanistan, au Pakistan,
en Inde et en Indonésie ont été relevés par des équipes En Inde, la construction des raccordements à faire entre
de l'Organisation des Nations Unies et les données déjà Silchar et Imphal se poursuit de façon satisfaisante.
16 recueillies ont permis d'évaluer les dépenses à prévoir pour
Au Pakistan oriental, des chantiers sont en pleine acti¬
leur mise en état.
vité, notamment sur les Itinéraires qui font partie du tracé
On a fait appel au Fonds spécial des Nations Unies pour de la route internationale. Au Népal, les travaux de construe-
P^p^tji
Photo © Almasy
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Photo '< Uucíon Horvé
ANS le jardin du palais de Jaipur, construit au grandes villes de son royaume : Jaipur, Delhi, Mathura (aujourd'hui
XVIIIe siècle, à une centaine de kilomètres de Delhi, Muttra), Bénarès et Ujjain.
en Inde, se dresse un merveilleux ensemble architectural. Il est
On connaît toute l'importance, à l'époque médiévale, de la
aussi vieux que le palais lui-même et cependant ses formes
contribution de la science musulmane aux mathématiques, à la
pures et fonctionnelles tout à la fois semblent nées d'aujourd'hui.
médecine, à la physique et à la chimie. Dans le domaine de
Formes fonctionnelles, certes, car leur beauté était liée à leur l'astronomie, on lui doit de magnifiques observatoires, et de
emploi : en fait, il s'agit d'instruments scientifiques en pierre, tout remarquables mises au point d'instruments astronomiques comme
l'appareil d'un observatoire construit par un puissant souverain l'astrolabe et le sextant. Les astronomes et mathématiciens musul¬
musulman, le Prince Jai Singh II, dans la nouvelle capitale mans étaient capables de calculer avec précision la latitude et la
qu'il avait fait bâtir à Jaipur en 1728. longitude de leurs villes à une époque où l'Europe occidentale
ignorait presque d'aussi parfaits calculs.
Mathématicien averti, astronome et architecte, le prince avait
conçu un grandiose ensemble où pouvaient s'épanouir ces diverses Jai Singh II, le prince astronome, était donc bien dans la tradi¬
disciplines. Il avait fait édifier un réseau d'observatoires astrono¬ tion ; ses prédécesseurs avaient été déjà des bâtisseurs d'obser¬
miques sur le territoire d'Amber, qui faisait partie de l'empire du vatoires comme le calife de Bagdad, al-Mumun, au IXo siècle. Au
Mogol Mohammed Shah. Cette entreprise hardie, vers laquelle Moyen Age, d'autres observatoires avaient été bâtis au Caire, à
19
il sut drainer toutes les compétences techniques, n'est pas sans Maragha, et celui de Samarcande, bâti au XVe siècle par Ouloug
rappeler celle des Pharaons égyptiens, grands bâtisseurs ; Jai Beck, petit-fils de Tamerlan, était célèbre. Jai Singh fut, en réalité,
Singh fit construire cinq observatoires de plein air dans les plus le dernier des souverains musulmans qui au cours des siècles
SUITE PAGE 21
Puissant souverain du ter¬
ritoire d'Amber, Jaï Singh
fit construire cinq observa¬
toires dans les villes de
Jaïpur, Delhi, Muttra, Bena¬
res et Ujjain, de façon à ce
que les astronomes pussent
confronter et vérifier leurs
observations et leurs cal¬
culs. A droite, les vastes
mais aériennes structures
architecturales de l'obser¬
vatoire de Delhi, toujours
intactes.
.. ,'rr
avaient fait bâtir des observatoires et dresser des tables astro¬ Yantra lui-même (« L'empereur des instruments »), sorte de cadran
nomiques afin d'établir des calendriers précis. Car à cette épo¬ solaire géant qui mesure près de 30 mètres de haut. Ces dimen¬
que l'établissement du calendrier ne répondait pas seulement sions monumentales ont été imposées par le besoin de précision.
à une nécessité pratique ; c'était une marque de souveraineté. Les télescopes n'existaient pas à Jaïpur et la perception à l'Sil
De plus, le calendrier a aussi une signification religieuse. nu étant limitée, il fallait des instruments susceptibles de rendre
les observations aisément déchiffrables. Comme nos accélérateurs
C'était d'abord dans ce but que Jaï Singh avait édifié l'obser¬ nucléaires géants ou nos énormes radiotélescopes, les instru¬
vatoire de Jaïpur, et en installant un réseau de centres analogues ments de pierre de Jaïpur ont été conçus pour permettre d'accom¬
sur son territoire, il visait à vérifier les calculs et les observations plir un travail précis.
des astronomes et des mathématiciens. L'observatoire de Jaïpur, Le prince Jaï Singh, avec sa curiosité scientifique et son enthou¬
encore remarquablement conservé de nos jours, constitue l'un siasme, a été le dernier des astronomes royaux dans la grande 21
des plus saisissants exemples d'architecture astronomique. Tout tradition musulmane. L'observatoire de Jaïpur demeure un monu¬
y a été créé dans un registre majesteux, des larges postes ment remarquable et témoigne de l'ultime accomplissement de
d'observation hémisphériques creusés dans le sol au Samrat l'astronomie médiévale.
Les signes d'une écri¬
ture en usage il y a près
de cinquante siècles^
dans la vallée de l'Indue:
nous sont parvenus gra¬
vés sur' des sceaux.
Cette écriture est encore
indé'chiffrée (voir « Le
ourrier de l'Unesco»,
mars 1964). A droite,
des sceaux exposés au
musée de Mohenjo
Daro, et une inscription
agrandie. Les rares,
sculptures retrouvées
témoignent d'un art
raffiné et original, par
exemple cettejeune '
HB
Photo Nedeco, Amersfoort
par
Caesar Voûte
Theodoor de Beaufort
un patrimoine millénaire
menacé de destruction
Les immenses ruines de Mohenjo Daro, incomparable témoignage de la grande civilisation qui
s'épanouissait dans la vallée de l'Indus il y a près de 5 000 ans, risquent de disparaître à tout
jamais au cours des 30 prochaines années si d'importants travaux de protection ne sont pas
entrepris. Une mission d'experts a été envoyée l'année dernière par l'Unesco à la demande du
gouvernement pakistanais et a étudié sur les lieux les mesures à prendre pour enrayer les
22 ravages de l'érosion par le sel. Ces experts nous donnent ici un aperçu de la situation dra¬
matique dans laquelle se trouve Mohendjo Daro, et des méthodes qui permettront de conser¬
ver pour la postérité cet héritage d'une des plus anciennes civilisations de l'humanité.
I » 1 I i 3 C . /
42S
Photo © Paul Almasy
Le site de Mohenjo Daro était complètement enfoui Or, non seulement le niveau de la nappe aquifère a
sous la terre. Nous devons sa découverte, en 1922, à un beaucoup monté au cours des dernières années, mais il
hasard : un fonctionnaire du service archéologique qui s'est produit également une accumulation considérable de
effectuait des fouilles sur l'emplacement d'un monastère sels solubles par suite du climat extrêmement aride. Par
et d'un stoupa bouddhiques, s'étonna de la présence en action capillaire, ces sels ont Investi toute la région, à tel
ce lieu de tant de briques cuites. C'est au directeur général point qu'elle parait recouverte d'une couche de neige. Il
de l'archéologie de l'époque, Sir John Marshall, et à son s'agit là d'un problème très grave, puisque les sels « ron¬
successeur, Sir Mortimer Wheeler, que devait revenir gent » en quelques années les constructions en briques.
la tâche de dégager, dans la mesure du possible, les ruines
Dans ces régions, la pluie est rare, mais il était tombé une
de cette grande cité située sous l'emplacement des vestiges
bouddhiques et s'étendant bien au-delà de leurs limites. forte averse la veille de notre arrivée, au grand désespoir n-
des conservateurs qui nous avaient adressé des rapports Zu
L'importance du monument ne fait pas de doute. Tout angoissés sur les fameux dépôts salins. Nous fûmes impres¬
le drame tient en ce membre de phrase « dans la mesure sionnés néanmoins par le sel qui subsistait çà et là ; ce ne
SUITE PAGE 25
L'INVASION DU SEL
de Mohenjo Daro (à
droite) sont identiques
aux briques d'il y a
5 000 ans.
fut rien, cependant, en regard de notre étonnement à la pour coiffer les vieux murs et capter le sel. En lui nous
vue des cristallisations qui se produisirent après deux trouverions un allié fidèle.
jours de soleil : des aiguilles de verre, longues d'un cen¬
timètre, germaient des murs ombragés et, là où le terrain Le deuxième facteur positif est le fait que le Pakistan,
était irrégulier et exposé à l'action directe du soleil, les sels grand producteur de riz, a accumulé une somme de connais¬
formaient un coussin blanc comme de magnifiques choux- sances hydrologiques qui promettaient de nous être fort
fleurs dans un jardin potager ! utiles dans l'élaboration d'un plan de préservation pour la
Que faire pour mettre un frein à ces cristallisations ? région. De toute évidence, il ne pouvait y avoir qu'un
seul moyen pratique de se débarrasser de l'énorme masse
Comment abaisser le niveau de la nappe aquifère ? Autant
de matières salines : les redissoudre et les renvoyer à
de questions qui demandaient des réponses. Au surplus,
l'Indus en pompant le liquide dans des égouts ou des ca¬
nous avons appris à notre arrivée que les fouilles avaient
naux (le puits instantané étant l'équipement généralement
été arrêtées par suite des inondations, à telle enseigne que
employé dans ce genre d'opération). A l'heure actuelle,
les fondations de l'antique cité n'avaient jamais pu être
des calculs complexes sont en cours pour déterminer la
dégagées et que cette tâche se révélait impossible tant
meilleure solution pour les problèmes particuliers de Mohen¬
que le sol resterait imbibé d'eau.
jo Daro.
Face à ces travaux d'Hercule, nous avons commencé
par faire l'inventaire de la situation. Deux facteurs militaient Le travail de base consistait à dresser une grande carte
en notre faveur. Tout d'abord, le surintendant des Anti¬ en courbes de niveau du site et de ses environs immé¬
quités du Pakistan occidental connaissait à fond le site diats. Grâce aux données fournies par cette carte, par
et les différents phénomènes qui s'y rattachent. Nous fûmes l'étude de photos prises d'avion et d'éléments relevés
impressionnés par les mesures de protection qu'il avait sur le terrain, par l'analyse d'échantillons des sols, des
expérimentées, notamment l'utilisation de briques en pisé sels et de l'eau, il a été possible d'arriver à certaines
SUITE PAGE 26
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conclusions définitives concernant les formations géolo¬ sement de la nappe aquifère que la désalinisation. De toute
giques souterraines, et, ce qui est plus important, le mou¬ évidence, le coût de l'opération dépendra en premier lieu
vement de l'humidité et des sels dans la terre et dans les du niveau auquel on abaissera la nappe, soit qu'on se borne
constructions. Ce n'est qu'une fois ces conclusions arrêtées à ne sauver que les vestiges visibles, soit qu'on décide
que nous avons pu nous faire une idée de l'efficacité des d'assécher les fondations de manière à permettre des fouil¬
digues existantes et décider de l'emplacement à donner les plus complètes. L'élément financier sera sans doute
aux sorties d'eau ainsi qu'au matériel de pompage. déterminant, mais il y aura de toute façon une limite aux
travaux entrepris, ne serait-ce qu'à cause d'une découverte
L'abaissement de la nappe aquifère est réalisable, mais
inattendue faite au cours de la première phase de notre
ne suffit pas. Un autre problème important consiste à se
enquête : l'antique cité de Mohenjo Daro couvre, en effet,
débarrasser de la vaste quantité de sel qui restera une fois
une superficie deux fois plus grande qu'on ne le sup¬
que l'eau se sera retirée. Cela ne pourra se faire qu'en
posait initialement.
dissolvant les efflorescences et en utilisant l'ancien système
de drainage, apparemment fort bien conçu, en l'alimentant Les autorités pakistanaises, conscientes de leurs res¬
par de nombreux petits égouts et par des puisards situés
ponsabilités dans ce domaine, ont fait preuve d'un esprit
en des points stratégiques. H faudra peut-être même remet¬
de coopération remarquable : elles souhaitent sauver l'es¬
tre en service durant la période de désalinisation les vieux
sentiel de ce monument capital, cette « mystérieuse ville
puits actuellement à sec.
des morts » qui prospérait voici cinq mille ans.
Mais, avec une pluviosité annuelle de l'ordre de 7,60 cm;
il serait trop optimiste de supposer que le terrain pourra
être nettoyé rapidement. Le choix d'une méthode efficace
et peu coûteuse permettant d'extraire le sel des briques
HAROLD J. PLENDERLEITH est directeur du Centre International
s'est révélé assez difficile. On étudie un projet de lessivage
d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels,
par eau douce provenant d'un réservoir en charge, ali¬ créé à Rome par l'Unesco. THEODOOR DE BEAUFORT est ingénieur,
26 menté par des puits instantanés. spécialiste de l'assèchement, membre de la Société néerlandaise de
mise en valeur du territoire (Amersfoort, Pays-Bas). CAESAR VOUTE,
Il faudra attendre la fin de ces essais pour faire des géologue, est attaché au service de levés aérophotogrammétriques de
recommandations précises tant en ce qui concerne l'abais la Compagnie néerlandaise de mécanique de Delft (Pays-Bas).
L'antique cité de l'Indus, telle qu'on peut main¬
tenant l'imaginer, est évoquée (à gauche) par
cette peinture du musée de Mohenjo Daro.
Ci-dessus, un quartier de ce qui reste de la presti¬
gieuse métropole.
Photos © Paul Almasy
LORSQUE les Aryens envahirent la vallée de aura examiné la totalité des ruines de Mohenjo Daro et de
l'Indus aux environs de l'année 2000 avant Harappa, qui ne représentent aujourd'hui, qu'une petite
Jésus-Christ, ils trouvèrent, dans cette région, un grand partie des villes d'une ampleur considérable, dont l'en¬
nombre de villes témoignant d'une civilisation parvenue à semble n'a pas été complètement dégagé, quoique le Ser¬
un haut degré de progrès matériel. vice des Antiquités du Pakistan ait poursuivi, depuis plus
d'une quarantaine d'années, des recherches extrêmement
Les monuments les plus anciens que l'on ait découverts actives et fructueuses.
appartiennent à une période qui ne remonte guère plus
haut que le milieu du Quatrième millénaire, mais il est pos¬ La résurrection des villes mortes de l'Indus est due,
sible qu'il ait existé, antérieurement à cette période, des comme tant de trouvailles archéologiques, au hasard ; ce nn
degrés de culture beaucoup plus anciens, et l'on peut fut en travaillant à la construction d'une ligne de chemin de Ll
s'attendre à des surprises lorsque des strates plus pro¬ fer qu'on constata que les briques utilisées pour la
fondes auront été révélées par les fouilles, ou lorsqu'on construction des remblais provenaient d'édifices nombreux,
CITÉ DES MORTS (Suite)
Aucun objet n'accompagnait ces ossements, alors que, Jointoyées par un mortier de limon, elles offraient une
dans la citadelle de Harappa, on dégagea, en 1946, un solidité suffisante aux maisons, quoique celles-ci aient eu
groupe de squelettes d'hommes et de femmes formant la
plusieurs étages, ce qui s'explique dans une ville surpeu¬
famille d'un sculpteur d'Ivoire, qui s'était enfuie devant les
plée où les demeures d'habitation et les magasins s'entas¬
assaillants en emportant ses trésors ; ceux-ci avaient été saient dans un « centre commercial » de dimensions res¬
dérobés par les envahisseurs qui avaient négligé, cepen¬ treintes.
dant, comme encombrants ou de médiocre valeur, deux
défenses d'éléphant qui étaient demeurées in situ.
Le cimetière de Harappa contenait plusieurs corps, enve¬ L'ARRIVEE de l'eau et l'évacuation des ordures
loppés d'un linceul de roseaux et déposés dans un cercueil
étaient assurées par un réseau compliqué de
de bois en même temps que des vases et des bols décorés
canaux, de canalisations souterraines et d'égouts, formant
de motifs végétaux et animaux, comparables à ceux que la un système que certains archéologues ont déclaré être le
Mésopotamie nous a fait connaître. Les relations commer¬
plus complet et le plus ingénieux que l'antiquité ait connu.
ciales, et peut-être culturelles, entre la vallée de l'Indus
Les fouilles ont mis au jour les puisards, grâce auxquels on
et la vallée de l'Euphrate, devaient être fréquentes et pouvait nettoyer sans peine il suffisait de déplacer
actives durant ce troisième et ce deuxième millénaires qui les briques qui les recouvraient les petits égouts des
ont vu un puissant échange entre des civilisations aussi rues chaque fois qu'ils étaient engorgés (1).
éloignées que celle de Ur et celle de Mohenjo Daro, puisque
les mêmes linceuls de roseaux étaient utilisés à Sumer et
L'eau était amenée par les canaux dans des puits placés
les corps semblablement placés en extension, la tête dirigée à l'intérieur des maisons, mais il semble que les demeures
vers le Nord.
des quartiers populaires aient été privées de ce luxe, et
que les pauvres allaient chez les riches remplir leurs vases
Un vase de Tell Agrab représentait un dieu-taureau dans et leurs seaux ; autour des puits accessibles, ainsi à tous,
son étable-temple, que nous connaissons par les cachets étaient disposées des banquettes de briques sur lesquelles
indusiens, et les fouilles de Khafaje ont mis au jour un les assoiffés s'installaient confortablement pour attendre
autre cachet, celui-ci de fabrication indusienne et apporté, leur tour.
à peu près certainement, de Mohenjo Daro, ainsi que la
perle de cornaline qui faisait partie des « trésors » des Si les riches avaient chez eux leur salle de bains, il exis¬
tombes royales d'Ur. tait aussi des établissements de bains publics destinés à
ceux qui étaient privés de ces commodités ou qui préfé¬
raient se retrouver dans ces sortes de thermes, dont
l'importance dans la vie sociale des Mohenjo Dariens était
peut-être aussi grande qu'elle l'était dans celle des
OUT laisse croire qu'au temps de sa prospérité Romains, salles communes et cellules exiguës procurant à
et de sa splendeur, Mohenjo Daro offrait aux ceux qui aimaient la compagnie et à ceux qui préféraient
trafiquants Indigènes et étrangers un grand marché com¬ la solitude le mode balnéaire qui leur convenait.
mercial, que favorisait la situation de la ville sur les bords
de l'Indus ; les types humains que présentent les squelettes Un revêtement de gypse et, dans certains cas même, de
de Harappa, situé aussi sur les rives d'un grand fleuve, et bitume, assurait l'étanchéité des parois de brique dans les
qui, malgré la distance séparant ces deux villes, consti¬ baignoires et dans les puits. Afin d'éviter la poussière qui
tuaient vraisemblablement la même population que celle devait être assez désagréable dans une ville comme
de Mohenjo Daro puisque leurs éléments culturels sont Mohenjo Daro où les rues étaient disposées en damier
semblables, appartiennent à quatre races : proto-austra- et se croisaient à angle droit, et généralement orientées
loïde, alpine, méditerranéenne et mongole, l'unique crâne dans le sens des vents du nord au sud et de l'est à l'ouest,
mongoloïde offrant les mêmes particularités que ceux, très on tassait sur le sol une sorte de macadam fait de tessons
anciens, rencontrés dans les nécropoles de Tepe Hissar, de poterie amalgamés avec des morceaux de briques
dans le Damghan. concassés, mouillés et damés.
Si l'on veut connaître la physionomie des habitants de Tout cela démontre l'existence de préoccupations utili¬
Mohenjo Daro, à l'époque où elle était une métropole taires, le sens du confort matériel, une utilisation rationnelle
commerciale florissante, il faut interroger les figurations du lieu et de ses ressources, mais la connaissance que
humaines, gravées sur les cachets ou sculptées en ronde- nous pouvons avoir de la « culture de Mohenjo Daro » ne
bosse dans les quelques statues que nous possédons. peut aller au-delà de ce que nous savons de son programme
urbaniste et de ce que ce programme a réalisé. Les monu-
Pour savoir comment ils vivaient, ¡I faut examiner la ville
elle-même, dont l'accès est assez facile aujourd'hui aux
visiteurs. Ceux-ci sont frappés, surtout, par le caractère (1) Pour Mohenjo Daro, consulter aussi l'Histoire de l'Humanité OQ
« moderne » des méthodes de construction et des systèmes (History of Mankind, cultural and scientific development, Vol. 1, by Zü
d'urbanisme que l'on peut étudier à loisir en se promenant Jacquetta Hawkes and Sir Leonard Woolley. Publié par George Allen
and Unwin Limited. Voir « Courrier de l'Unesco », juin 1963 et
dans les rues et en visitant les maisons.
mai 1965).
1
été fouillées , et que c'était peut-être dans une partie de dues familières par les figurations qu'en donnent les ca¬
la cité inconnue des archéologues d'aujourd'hui ou pas chets, sans qu'il soit toujours facile de dire si un animal est
encore fouillée, que s'élevaient les édifices « royaux » et représenté en raison du caractère religieux qu'on lui attri¬
religieux. bue, de sa signification symbolique ou, simplement, du plai¬
sir que l'artiste a pris à représenter des buffles, des singes,
L'absence de mobiliers funéraires et de dépôts de fonda¬ des tigres, des éléphants.
tion des demeures divines limite notre connaissance de la
vie sociale et spirituelle des habitants de la vallée de Mieux que par les statues nous apprenons à juger et à
l'Indus aux 4e et 3e millénaires à ce que peuvent nous ap¬ admirer le talent des graveurs mohenjodariens et leur
prendre les céramiques, les jouets d'enfants, les bijoux, les esthétique dans les sceaux qui servaient d'amulettes, de
cachets. talismans, ou qui se contentaient de protéger derrière le
respect dû à une image inviolable le contenu d'un récipient
La sculpture induslenne est représentée par quelques très que l'on veut préserver.
curieuses et très belles statues, particulièrement celle en
steatite d'un homme trapu, au visage épais, aux yeux bri¬ Les représentations animales des cachets sont, dans
dés, vêtu d'une tunique décorée de motifs en trèfle, et la l'ensemble, vigoureusement et gracieusement naturalistes ;
figure en cuivre d'une jeune fille aux longs bras parés de on peut y étudier, par exemple, les singularités de la den¬
bracelets presque du poignet à l'épaule. ture du tigre minutieusement détaillées, ou la bosse, tantôt
gonflée tantôt flasque selon qu'il est bien ou mal nourri,
La datation de ces objets est difficile car nous ignorons du taureau brahmanl qui reparaît fréquemment sur les
combien de temps cette culture a été florissante jusqu'au sceaux. Leurs relations avec la divinité les montrent asso¬
moment où l'invasion aryenne a arrêté son dévelop¬ ciés, rhinocéros, tigre, éléphant, taureau, au culte d'un dieu
pement, ou combien de temps s'est écoulé entre les qu'à défaut de désignation précise on appelle le Dieu
débuts obscurs d'une période chalcolithique (début de la Cornu.
Photo © Almasy
montée de deux grandes cornes. On rencontre aussi une l'agriculture, la décomposition des déchets organiques
Déesse Cornue, entourée des mêmes animaux qui flanquent accumulés dans une aussi vaste cité pendant une occupation
le Dieu Cornu ; elle est figurée souvent debout dans un qui dura au moins un millier d'années de 2 500 à 1 500
arbre que les botanistes croient être le pipai, auquel les avant J.C, -nous en sommes certains et probablement
habitants de l'Inde moderne continuent de vouer un culte, beaucoup plus longtemps, sont la cause de ces dépôts
qu'ils ornent de bijoux et de vases. salins qui s'infiltrent dans les murs et montent par capilla¬
rité à travers les briques, plus dangereux encore pour le
Peut-être cette actuelle dévotion à l'arbre sacré, qui pisé ou la brique crue, qui n'ont pas la densité et la cohé¬
sert aussi d'habitation à la déesse Lakshmi, est-elle le pro¬ sion de la brique cuite ; la pluie, les tempêtes de sable et
longement de l'adoration d'un arbre sacré associé à la de poussière, la violence du soleil favorisent encore l'action
Déesse Cornue dans l'antique culture de Mohenjo Daro. malfaisante du sel.
La découverte de ce site et tout ce qu'il nous a déjà Consciente de ce danger et désirant y apporter aussi vite
enseigné de la préhistoire ou de la proto-histoire de l'Inde, que possible les remèdes rendus indispensables par l'im¬
se rapportant à des peuples dont on ignorait même l'exis¬ minence et l'urgence du péril, l'Unesco a envoyé une
tence, font regarder aujourd'hui Mohenjo Daro, plus encore mission internationale de savants qui ont étudié le phé¬
que Harappa et les autres champs de fouilles de la vallée de nomène désastreux (voir page 22) et formulé leurs conclu¬
l'Indus, comme un des hauts lieux de l'archéologie moderne. sions et les méthodes préconisées afin d'arrêter les dégâts
causés par le sel et d'empêcher qu'ils se reproduisent à
Aussi ne peut-on que louer le zèle et l'efficacité avec l'avenir.
Le péril est si grand que l'on estime que le processus MARCEL BRION, de l'Académie française, est un historien d'art
d'érosion des monuments aujourd'hui dégagés pourrait les dont les travaux font autorité sur le romantisme allemand et la
anéantir complètement en quelques dizaines d'années si Renaissance italienne. Citons : « L'Art romantique » (1963),
l'on ne prenait pas immédiatement les mesures nécessaires Hachette, Paris (110 F); « Léonard de Vinci » (1952), le livre
pour l'arrêter et l'empêcher à l'avenir. Club du libraire, Paris; « Michel-Ange > (1939), Albin Michel, n-\
Paris (9 F). Son ouvrage « la Résurrection des villes mortes » j |
(1959), Pion, Paris (Tome I, 16,50 F; Tome II, 19,50 F), a été
L'irrigation des régions qui entourent les champs de traduit dans la plupart des langues européennes ; ¡I est considéré
fouilles et que l'on s'efforce d'ouvrir de plus en plus à comme l'un des grands classiques de l'archéologie.
Nos lecteurs nous écrivent
CE QU'ENSEIGNAIT UN BON DESSIN A L'APPUI LE PROBLÈME FONDAMENTAL
RESSUSCITÉE
Comme je suis directeur des fouilles entrepri¬
ses par l'Université de New York à Aphrodisias,
en Turquie, j'ai été évidemment très heureux de
trouver dans le « Courrier de l'Unesco » de
A " Le Palais de l'Evêque " à Je vous serais très reconnaissant de bien vou¬
' Aphrodisias. On a com¬
mencé l'année dernière à le
loir publier cette mise au point, afin de préciser
restaurer et à relever les co¬ notre contribution à la résurrection d'Aphrodisias
lonnes.
et le rôle qu'a joué dans ces travaux l'Université
de New York.
Photos © Ali Dügenci
Permettez-moi également d'ajouter que la pho¬
tographie de la page 23 de votre numéro de
janvier ne montre pas le nouveau village de
Gaïra (dont, incidemment le transfert a commencé
en 1961 et non pas en 1963) mais un nouveau
village près de Didyma et de son antique temple
d'Apollon ; ce village a été construit après un
tremblement de terre qui avait sérieusement
détruit, dans les années 1950, Yortan et Yeni
Hizar, villages voisins.
Kenan T. Erim
Université de New York 33
Directeur des fouilles d'Aphrodisias
mission d'assistance technique avait été
envoyée par l'Unesco. D'importantes sub¬
ventions, offertes par le Conseil national
DEVELOPPEMENT. Un Centre africain de 5 000 hommes de science; ils devront ENSEIGNEMENT AU CAMBODGE. La
formation et de recherche administra¬ être de 50 000 à 70 000. en 1980. L'une
fréquentation des écoles primaires au
tives a été créé à Tanger à la suite d'un des tâches essentielles du centre consis¬
Cambodge a passé de 210 000 élèves en
accord entre le gouvernement marocain et tera à organiser des conférences, collo¬ 1952 à 680 000 en 1964.' Aujourd'hui, cin¬
l'Unesco. Il est destiné à .entreprendre, ques, séminaires et cours de formation. quante-cinq pour cent des enfants cam¬
encourager et coordonner les études et bodgiens sont scolarisés. Le Cambodge a
les recherches relatives aux problèmes VOYAGE ET CULTURE. La dernière édi¬
préparé un programme qui prévoit la for¬
d'administration publique qui se posent tion de « Vacances à l'étranger » (Vol. mation professionnelle des instituteurs, la
sur le continent africain. XVII, 1965) vient de paraître. « Vacances mise au point de méthodes pédagogiques,
à l'étranger » est un répertoire que l'Unesco l'inspection scolaire et la création de qua¬
SAUVEGARDE D'ABOU SIMBEL. Au publie chaque année à l'intention des jeu¬ torze écoles modernes.
cours des trois premiers mois de l'an¬ nes qui désirent profiter de leurs vacances
née, les disponibilités du Fonds de dépôt de pour se rendre à l'étranger. Plus de EAU CHAUDE ET ELECTRICITE. A Ma-
la Campagne internationale pour la sauve¬ 950 organisations et institutions ayant leur khach Kala, près de Bakou, en Union
garde des monuments de Nubie affectées siège dans 66 pays ont fourni des infor¬ Soviétique, une station d'énergie électrique
au déplacement des temples d'Abou Simbel mations concernant leurs programmes. fonctionne à l'eau chaude souterraine. Ce
sont passées de 270 000 dollars à environ (Pour plus de détails, voir page ci-contre). n'est pas la seule station de cette espèce,
6 840 000 dollars. Le gouvernement des
mais c'est la première qui ait été construite
Etats-Unis a versé une somme de 6 millions SCIENCE ET DESARMEMENT. Chaque
hors d'une région volcanique où l'on trouve
de dollars en livres égyptiennes, représen¬ année, le monde dépense en armement de l'eau bouillante près de la surface. Les
tant la moitié de sa contribution totale à 120 milliards de dollars. Sur cette somme,
ingénieurs de Makhach Kala ont dû forer
cette opération, tandis que l'Afghanistan, 15 à 20 milliards sont consacrés à la
jusqu'à près de 4 500 mètres pour atteindre
l'Italie, les Pays-Bas et la Suède faisaient recherche. Que se passerait-il si le désar¬ la nappe souterraine, d'une température de
parvenir 571 463 dollars. A Abou Simbel, mement devenait une réalité ? Comment
160 °C. La nouvelle station fournira de
la protection des façades est pratiquement pourrait-on le mieux utiliser ces ressour¬
l'électricité bon marché à une vaste région.
achevée ; on poursuit des essais qui per¬ ces énormes en personnel et en équipe¬
mettront de déterminer quel équipement et ment scientifique et technique ? Telles sont PETITES CAUSES, GRANDS EFFETS. En
quels matériaux conviendront le mieux au les questions parmi beaucoup d'autres qui
Malaisie, nombre de petites industries
découpage et au renforcement du roc. ont été discutées par un groupe de savants
bénéficient de plus en plus de l'expérience
réunis dernièrement à la Maison de l'Unes¬
SCIENCE POUR L'AFRIQUE. L'Unesco a internationale. Rien qu'à Singapour, environ
co, à Paris. A l'issue de la réunion a été
2 000 petites entreprises prennent place
annoncé l'ouverture d'un Centre régional mise au point une série de recommanda¬
de science et de technologie pour l'Afrique,
dans un programme de l'Organisation inter¬
tions qui ont été soumises à la XIVe réunion
nationale du travail pour améliorer l'indus¬
à Nairobi, capitale du Kenya. L'objectif de de la Conférence de Pugwash sur la scien¬
trie légère et ouvrir de nouveaux secteurs
ce centre est d'aider les gouvernements ce et les affaires internationales.
africains à multiplier par quinze, au cours
à l'emploi. Le fait est de la plus grande
RECHERCHE EN ARGENTINE. Une chaî¬ importance pour Singapour, qui est la ville
des quinze années à venir, le nombre des
hommes de science africains. Une étude ne de ' coopération internationale a où le taux d'accroissement de la popula¬
permis d'entreprendre des travaux sur la
tion est le plus élevé. Depuis que l'opé¬
entreprise en 1964 par l'Unesco et portant
ration a commencé en 1963, un essor sen¬
sur 41 Etats africains a montré que ces physique des conducteurs solides à l'uni¬
pays ne disposaient que d'environ versité nationale de Buenos Aires. Une sible a été donné aux petites entreprises
industrielles et artisanales.
Vous pouvez commander les publications de Medinaceli 4, Madrid, 1 4. Pour le « Courrier de Carlo (F. 10). MOZAMBIQUE. Salema & Ca-
l'Unesco chez tous les libraires ou en vous adressant l'Unesco »: Ediciones Iberoamericanas, S.A., calle de velholtda, Caixa Postal 192, Beira. NORVÈGE,
directement à l'agent général (voir liste ci-dessous). Oñate 1 5 Madrid. (Pts 130). Sous-agent « Le Courrier », Toutes les publications : A. S. Bokhjornet, Lille Grensen
Vous pouvez vous procurer, sur simple demande, Ediciones Liber, Apartado de correos. 1 7, Ondárrao 7, Oslo. Pour le « Courrier» seulement : A. S. Narve-
les noms des agents généraux non ¡nelusdans la liste. (Vizcaya). ÉTATS-UNIS. Unesco Publications Center, sens, Litteraturjeneste Stortingsgt. 4, Oslo (Nkr 1 7,50).
Les paiements peuvent être effectués dans la mon¬ 317 East 34th. Street. New York N.Y. 10016 ($ 5). NOUVELLE-CALÉDONIE. Reprex. Av. de la Victoire,
naie du pays. Les prix de l'abonnement annuel au FINLANDE. Akateeminen Kirjakauppa, 2, Keskuskatu, Immeuble Paimbouc. Nouméa ( ). PAYS-
« COURRIER DE L'UNESCO » sont mentionnés Helsinki. (Mk 9,40). FRANCE. Librairie Unesco, Place BAS. N.V. Martinus Nijhoff Lange Voorhout 9. La Haye
parenthèses, après les adresses des agents. de Fontenoy, Paris. C.C.P. 1 2.598-48. (F. 10). GRÈCE. (fl. 8.50). POLOGNE. « RUSH » ul. Wronia 23,
Librairie H. Kauffmann, 28, rue du Stade, Athènes. Varsovie 10 (zl. 60). PORTUGAL. Dias & Andrada
HAITI. Librairie « A la Caravelle », 36, rue Roux, Lda, Livraria Portugal, Rua do Carmo, 70, Lisbonne.
B.P. 111, Port-au-Prince. HONGRIE. Kultura, P.O. RÉPUBLIQUE ARABE UNIE. Librairie Kasr El Nil,
Box 149, Budapest 62. ILE MAURICE. Nalanda Co. 3, rue Kasr El Nil, Le Caire, Sous-agent : la Renaissance
ALBANIE. N. Sh. Botimeve, Nairn Frasheri, Tirana. Ltd., 30, Bourbon Stf. Port-Louis 1 5/-. INDE. Orient d'Egypte, 9 Tt. Adely Pasha, Le Caire. RÉPUBLIQUE
ALGÉRIE. Institut Pédagogique National, 11, rue Longmans Ltd. : 17 Chittaranjan Avenue, Calcutta 13. MALGACHE. Toutes les publications : Commission
Zâatcha, Alger. ALLEMAGNE. Toutes les publica¬ Ballard Estate Chamber, Nicol Rd., Bombay 1 ; 3 6a. nationale de la République Malgache. Ministère de l'Éduca¬
tions : R. Oldenbourg Verlag, Unesco-Vertrieb für Mount Road, Madras 2. Gunfoundry Road, Hyderabad 1 ; tion nationale, Tananarive. « Le Courrier » seulement
Deutschland, Rosenheimerstrasse 145, Munich 8. Unesco Kanson House, 1/24 Asaf Ali Road, P. O. Box 386, Service des Auvres post et péri-scolaires, Ministère de
Kurier (Edition allemande seulement) Bahrenfelder Nouvelle-Delhi. IRAN. Commission nationale ira¬ l'Éducation nationale, Tananarive. ROUMANIE. Car-
Chaussee 160, Hamburg-Bahrenfeld, CCP 276650. nienne pour l'Unesco, avenue du Musée, Téhéran. timex, Str. Aristide-Briand 14-18. P.O.B. 134-135,
(DM 10). AUTRICHE. Verlag Georg Fromme et C\ IRLANDE. The National Press, 2 Wellington Road, Bucarest. ROYAUME-UNI. H. M. Stationery Office,
Spengergasse 39, Vienne V. (Seh. 70.-). BELGIQUE. Ballsbridge, Dublin (15/5d). ISRAEL. Blumstein's P.O. Box 569, Londres S. E. 1.(1 5/-). SÉNÉGAL. La
Toutes les publications: Editions « Labor », 342, rue Bookstores, 35, Allenby Road and 48, Nahlat Benjamin Maison du livre 13, av. Roume, B.P. 20-60 Dakar.
Royale, Bruxelles 3 N. V. Standaard-Boekhandel, Bel¬ Street, Tel-Aviv. (8 I L). ITALIE. Toutes les pu¬ SUÈDE. Toutes les publications : A/B CE. Fritzes,
giëlei 151, Anvers. Seulement pour « le Courrier » blications : Librería Commissionaria Sansoni, via La m ar¬ Kungl. Hovbokhandel, Fredsgatan 2, Stockholm, 1 6.
(140 FB) et les diapositives (488 FB) : Louis de Lannoy, mo ra, 45. Casella Postale 552, Florence ( 1 500 I), et, Pour « Le Courrier» seulement: Svenska Unescoradet,
112. rue du Trône, Bruxelles 5. C. C. P. 3380.00. sauf pour les périodiques: Bologne: Librería Zanichelli, Vasagatan 15-17, Stockholm, C. (Kr 12). SUISSE.
BRÉSIL. Librairie de la Fundaçao Getulio Vargas, Portici del Pavaglíone. Milan : Hoepli, via U I rico Hoepli, Toutes les publications : Europa Verlag, 5, Ramistrasse,
186, Praia de Botafogo. BG-ZC-02, Rio de Janeiro. 5. Rome : Librería Internazionale Rizzoli Galleria Colonna, Zürich. C.C.P. Zürich VIII 23383. Payot, 6, rue Grenu,
GB-ZC-02. (CS. 1.680) BULGARIE. Raznoïznos, Largo Chigi. Turin : Librairie Française, Piazza Castello 9. - Genève, CCP. 1-236. Pour « Le Courrier » seule¬
1, Tzar Assen, Sofia. CAMBODGE. Librairie Albert JAPON. Maruzen Co Ltd. 6 Tori-Nichome, Nihonbashi, ment : Georges Losmaz, 1, rue des Vieux-Grenadiers,
Portail. 14, avenue Boulloche,Phnom-Penh. CANADA. P.O. Box 605 Tokyo Central, Tokyo (1 200 yen). - LIBAN. Genève, CCP. 1-4811 (Fr. S 10). SYRIE. Librairie
Imprimeur de la Reine, Ottawa, Ont. ($ 3.00). CHILI. Librairie Dar Al-Maaref. Immeuble Esseil ly. Place Riad internationale Avicenne B. P. 2-456, Damas. TCHÉCO¬
Toutes les publications : Editorial Universitaria S.A., EI-Solh.B.P. 2320, Beyrouth. LUXEMBOURG. Librai¬ SLOVAQUIE. S.N.T.L., Spalena 51, Prague 2.
Avenida B. O'Higgins 1058, casilla 10220, Santiago. rie Paul Brück, 22, Grand'Rue, Luxembourg. (1 40. F.L.). (Exposition permanente) ; Zahracnici Literatura, Bil-
« Le Courrier » seulement: Comisión Nacional de la MAROC. Librairie « Aux belles images », 281, avenue kova, 4, Prague 1. TUNISIE. Société tunisienne de
Unesco en Chile, Alameda B. O'Higgins 1 61 1 - 3 pisto, Mohammed-V, Rabat. CCP 68-74. « Courrier de l'Unes¬ diffusion, 5, Avenue de Carthage, Tunis. TURQUIE.
Santiago (Ea 6,50)* CONGO. La Librairie, Institut co » : Pour les membres du corps enseignant : Commis¬ Librairie Hachette, 469, Istiklal Caddesi, Beyoglu, Istanbul.
politique congolais. B.P. 23-07 Léopoldville. COTE- sion nationale marocaine pour l'Unesco, 20 Zenkat U.R.S.S. Mezhdunarodnaja Kniga, Moscou, G-200.
D'IVOIRE. Centre d'Édition et de Diffusion Africaines. Mourabitine, Rabat (C.C.P. 324.45). MARTINIQUE. URUGUAY, Representación de Editoriales. Plaza Ca-
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Ejnar Munksgaard A/S, 47 Prags Boulevard, Copenha¬ (F. 10). MEXIQUE. Editorial Hermes Ignacio Maris- NAM. Librairie Papeterie Xuan Thu, 185-193, rue
gue S (17 kr). ESPAGNE. Toutes les publica¬ cal 41, Mexico D. F.. Mexique ($ 26 M. mex.). Tu-Do, B.P. 283, Saigon. YOUGOSLAVIE. Jugos-
tions : Librería Científica Medinaceli, Duque de MONACO. British Library, 30, bid des Moulins, Monte- lovenska-Knijga, Terazije 27, Belgrade.
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