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CHROMATOGRAPHIE
Dr. H. BEN SI SAID
I. Généralités
II. Etude théorique de la chromatographie
III. Les grandeurs fondamentales de la chromatographie
IV. Optimisation de la séparation
I. Généralités
1. Introduction :
La chromatographie est une méthode analytique qui est largement utilisée pour la séparation,
l’identification et le dosage des constituants chimiques dans des mélanges complexes. Il
n’existe aucune méthode de séparation qui soit aussi puissant et d’application aussi générale.
2. Historique :
Bien que certains historiens fassent remonter l’origine de la chromatographie jusqu'à
l’Antiquité, on retient, généralement, les travaux du botaniste russe Tswett, qui, en séparant
les pigments de la chlorophylle sous la forme d’anneaux colorés sur une colonne remplie de
carbonate de calcium, a donné le nom de chromatographie (séparation selon les couleurs) à
la méthode (1903). Ont été rassemblées ici quelques grandes dates de l’évolution de la
chromatographie :
1903 − Séparation de pigments (Tswett)
1931 − Séparations préparatives (Kuhn et Lederer)
1938 − Chromatographie sur couche mince (Ismailov et Shraiber)
1939 − Chromatographie par échange d’ions (Samuelson)
1941 − Chromatographie de partage (Martin et Synge)
1952 − Chromatographie en phase gazeuse sur colonnes remplies (James et Martin)
1954 − Séparation des acides aminés par chromatographie d’échange d’ions (Moore et
Stein)
1959 − Chromatographie en phase gazeuse sur colonnes capillaires (Golay)
1962 − Chromatographie en phase supercritique (Klesper)
1968 − Chromatographie en phase liquide à haute performance (Giddings et Kirkland)
3. Définitions :
La chromatographie est une méthode de
séparation non destructrice d’un mélange
liquide ou gazeux en ses différents constituants.
C’est également une méthode analytique qui a
pour but d’identifier et de quantifier les
composés d’un mélange homogène.
Le principe repose sur les équilibres de concentration des composés présents entre deux
phases non miscibles en contact :
✓ La phase stationnaire qui est emprisonnée dans une colonne ou fixée sur un
support
✓ La phase mobile se déplace au contact de la phase stationnaire.
L’entraînement à des vitesses différentes des composés présents dans la colonne par la phase
mobile conduit à leur séparation. Les composés traversent la colonne avec des temps qui
dépendent de leurs propriétés intrinsèques (taille, structure…) ou de leur affinité avec la
phase stationnaire (polarité…). A leur sortie de la colonne, le détecteur mesure en continu
la quantité de chacun des constituants du mélange.
B. Chromatographie d’adsorption :
La silice et l’alumine sont les phases stationnaires les plus
utilisées. Le soluté et le solvant peuvent être attirés par les
sites polaires situés à la surface de la phase stationnaire
adsorbante.
Si les solutés présentent des interactions différentes vis-à-
vis de la phase stationnaire, leur séparation sera possible
✓ Elle s’applique à la séparation des composés comportant des groupements
fonctionnels polaires.
4.3.2 La chromatographie de partage (LLC, GLC) :
La phase stationnaire est un liquide déposé ou greffé sur un support
solide. La séparation est basée sur le partage du soluté entre les deux
phases liquides (Solubilité relative = mise en jeu de coefficients de
partage).
✓ Elle convient à la séparation des molécules plus au moins polaires dont le poids
moléculaire < 2000
4.3.3 Chromatographie par échange d’ion (CL)1 :
La phase stationnaire est un solide ayant des propriétés
particulières que l’on appelle un « échangeur d’ions ». Ce solide
comporte des groupements fonctionnels fixes ionisés ou
ionisables. Les ions qui assurent l’électroneutralité de la structure
sont mobiles et échangeables avec ceux de la phase mobile en
contact avec l’échangeur (greffé sur des polymères ou des silices).
✓ Elle convient à la séparation des solutés ionisés ou ionisables.
4.3.4 Chromatographie d’exclusion stérique (CL) : (On dit aussi de
perméation ou de filtration sur gel).
La phase stationnaire est un matériau poreux (généralement un
GEL) ayant des pores de dimension bien déterminée. Il se
comporte comme un véritable tamis vis-à-vis des molécules
ayant des masses et tailles différentes. La dimension des pores
est voisine des dimensions de certaines des molécules à
séparer.
1
CL = Chromatographie liquide
Celles qui sont trop grosses pour pénétrer dans les pores sont exclues de la phase stationnaire
et sont éluées d’abord, celles qui pénètrent sont éluées ensuite.
✓ Elle convient à la séparation des composés à haut poids moléculaires :
macromolécules dont les protéines et polymères.
A côté de ces phénomènes chromatographiques, il se développent des procédés plus
spécifiques reposant sur des interactions plus sélectives.
4.3.5 La chromatographie de paires d’ions (CL).
On forme des paires d’ions entre les constituants (ionisés) du mélange à séparer et un contre-
ion convenable. Ces paires d’ions se distribuent entre la phase mobile et la phase stationnaire
(le plus souvent celle-ci est une phase greffée).
4.3.6 La chromatographie d’échange de ligands (CL).
La phase stationnaire contient une espèce fixée irréversiblement capable de former des
complexes avec les solutés à séparer.
4.3.7 La chromatographie d’affinité (CL).
Cette méthode s’apparente à celle de l’échange de ligand. Elle est dite bio-spécifique lorsque
la phase stationnaire est constituée d’un ligand présentant une grande affinité pour certaines
molécules bioactives.
4.3.8 La chromatographie chirale (séparation des énantiomères)
Ce procédé est devenu en soi une méthode d’analyse lorsqu’on eut l’idée de mesurer les
temps de migration des composés dans la colonne pour les identifier. Pour cela il devenait
indispensable de maîtriser certains paramètres (débit de la phase mobile, température etc.)
et il fallait placer en sortie de colonne un détecteur pour repérer les changements de
composition de la phase mobile (figure 2).
Cette application de la chromatographie, dont le but n’est plus de récupérer les composés
séparés mais de mesurer leurs temps de passage dans la colonne s’est développée lentement.
1. Introduction :
On a vu que dans le cas de la chromatographie sur colonne on obtient, à la sortie du
détecteur, un « signal » que l’on peut enregistrer graphiquement : le chromatogramme.
Chaque constituant est caractérisé, sur le chromatogramme, par un « pic ». Les pics seront
plus ou moins larges et plus ou moins éloignés les uns des autres en fonction de leur durée
de rétention dans la colonne ; ils rendront compte de l’efficacité de la séparation.
Si on obtient une séparation imparfaite de deux composés, deux démarches sont concevables
pour pallier ce problème :
✓ La première revient à éloigner les pics l’un de l’autre en modifiants leurs paramètres
de rétention. Cette démarche est fondée sur la thermodynamique de la séparation.
✓ La seconde consiste à rendre chacun des pics plus étroits en modifiant les paramètres
qui influencent la cinétique des séparations pour rendre la séparation plus efficace.
Ainsi, les théories de la séparation chromatographique peuvent être classées en théories
thermodynamiques, qui traitent des temps ou des volumes de rétention, et en théories
cinétiques, qui s’attachent au processus de transfert de matière (qui influence
l’élargissement des pics).
2. Théories de la chromatographie :
L’étude théorique de la chromatographie a tout d’abord été effectuée en assimilant la
colonne chromatographique à une colonne à distiller où la progression des substances est
considérée comme une succession d’équilibres se réalisant entièrement dans des étages ou
plateaux fictifs appelés plateaux théoriques.
Cette notion de plateaux théoriques appliquée à la colonne chromatographique permet
d’expliquer par des lois les phénomènes d’élution et de séparation. Mais cette théorie
présente des imperfections car elle assimile la chromatographie à une suite discontinue
d’opérations et elle suppose que chaque équilibre se réalise entièrement sans tenir compte
des phénomènes de diffusion et de l’écoulement continu de la phase mobile qui en réalité
diminuent les échanges.
Pour compléter cette théorie, d’autres théories ont été élaborées comme la théorie cinétique
dans laquelle l’aspect dynamique de la phase mobile est pris en considération ainsi que
l’influence de facteurs tels que la température et la pression.
Par analogie avec la distillation et avec l’extraction, chaque volume ainsi défini est appelé
plateau théorique car dans chacun, les équilibres de répartition des substances entre phase
mobile et phase stationnaire sont supposés se réaliser entièrement de telle sorte que
l’équation exprimant l’équilibre général soit satisfaite :
En posant MS = K.MM et en écrivant que pour chaque plateau MT = MM + MS, on peut pour
chaque plateau, par une formule de récurrence, calculer M T (ainsi que MM et MS) :
Exemple pratique :
Considérons le cas d’un composé qui après avoir été déposé à l’entrée d’une colonne, est
élué par une phase mobile de composition fixe.
Supposons que l’on parte de 64 mg d’un composé pur dont le coefficient de distribution K
est égal à 1. On suppose par ailleurs que la colonne fait cinq plateaux théoriques. Un plateau
théorique est représenté ici par une case du tableau suivant. La colonne est vue aux instants
qui correspondent aux cinq états d’équilibres successifs.
A l’instant 1, le soluté se trouve concentré dans le plateau 1 : 32 mg se fixe dans la phase
stationnaire et 32 mg restent dans la phase mobile.
L’instant 2 correspond à l’équilibre suivant qui apparaît après avoir ajouté un volume de
phase mobile égal à celui que contient un plateau. Les deux premiers plateaux sont
maintenant concernés. Dans le premier plateau 16 mg du soluté sont cédés à la phase mobile
pure (K=1). Par contre dans le plateau 2, 16 mg se fixent sur la phase stationnaire.
De proche en proche on arrive au profil de répartition du soluté à l’instant 5 tel qu’il est
indiqué dans la 5ème colonne du tableau. Instants 1, 2, 3, 4 et 5
Plateau 1, 2, 3, 4 et 5
Cette équation est généralement appliquée à la chromatographie gazeuse. Elle établit une
relation simplifiée entre la vitesse linéaire d’écoulement (ou le débit) de la phase mobile u,
la diffusion turbulente A, la diffusion longitudinale B et la résistance au transfert de masse
C.
2.2.1 Vitesse d’écoulement de la phase mobile :
La vitesse d’écoulement u de la phase mobile dépend de la température, de la pression
imposée à la phase mobile et de la nature de la colonne.
A une température constante, elle est définie par la relation issue de la loi de Darcy :
Le terme A, indépendant du débit de la phase mobile, ne dépend que des particules et croît
avec leur diamètre. λ : régularité du remplissage
dp : diamètre des particules de la phase stationnaire
Tous ces phénomènes entraînent des retards aux établissements d’équilibre d’autant plus
accentués que le débit de la phase mobile est plus rapide.
➢ Pour atténuer ces facteurs de résistance, il y aura lieu de diminuer les distances à parcourir
dans chaque phase en réduisant le diamètre des particules, l’épaisseur de la phase
stationnaire et en utilisant une colonne régulièrement remplie et bien tassée.
La courbe représentant l’équation de Van Deemter est une hyperbole (figure 5). Elle montre
que la variation de la HEPT en fonction de la vitesse d’écoulement passe par une valeur
minimale calculée en cherchant la valeur de u correspondant à l’annulation de la dérivée
première de cette fonction :
Des colonnes présentant le même rapport (longueur de la colonne) / (diamètre des particules)
conduisent à des performances semblables.
1. Le chromatogramme :
Le chromatogramme est une courbe qui traduit la variation au cours du temps de la
concentration instantanée du soluté en sortie de colonne. Le temps (ou très rarement le
volume d’élution) est porté en abscisse et l’intensité du signal de détection en ordonnée.
La ligne de base correspond au tracé obtenu en l’absence de composé élué. La séparation
est complète quand le chromatogramme présente autant de pics chromatographiques qu’il y
a de composés dans le mélange à analyser.
Figure 6 : Dispersion d’un soluté dans une colonne et traduction sur le chromatogramme.
Cette fonction caractérise une courbe paire (maximum pour x = 0, y = 0,399) qui possède
deux points d’inflexion pour x = ±1 (figure 8), dont l’ordonnée est de 0,242 (soit 60,6 % de
la valeur du maximum) et dont la largeur aux points d’inflexion est égale à 2σ, (σ = 1) :
2. Grandeurs de rétention :
2.1. Temps de rétention :
Un constituant est caractérisé par son temps de rétention tR, temps écoulé entre l’instant de
l’injection et celui déterminé au maximum du pic lui correspondant sur le chromatogramme.
Le temps de rétention est indépendant :
✓ De la quantité injectée,
✓ De la nature et de l’abondance des autres constituants dans le mélange.
Par contre il dépend :
✓ De la masse de phase stationnaire dans la colonne,
✓ Du débit de la phase mobile,
✓ Du volume mort du chromatographe (injecteur, détecteur, canalisations...),
✓ De la nature de la phase stationnaire.
2.2. Temps mort :
Un constituant non retenu sort de la colonne au temps tM, appelé temps mort (désigné
également par t0).
2.3. Le temps de rétention corrigé ou réduit t’R :
Il est obtenu par différence entre le temps de rétention réel et le temps
mort. Il est lié uniquement au phénomène de rétention proprement dit.
3. Facteur de sélectivité
Le facteur de sélectivité α décrit la position de deux pics adjacents 1 et 2 situés sur un
chromatogramme. Il correspond au rapport des facteurs de rétention de la colonne pour les
deux composés. Il définit si la séparation est chimiquement possible :
ou
4. La résolution (RS ou R) :
La résolution R d’une colonne donne la mesure quantitative de son aptitude à séparer deux
solutés. Elle est définie par :
Figure 12 : Résolution de
deux solutés.
On établit facilement l’équation qui lie la résolution d’une colonne et le nombre de ces
plateaux théoriques ainsi que les facteurs de capacité et de sélectivité de deux solutés sur la
colonne :
Equation de PURNELL
Et aussi :
On peut aussi faire sortir le nombre de plateau théorique et le temps de rétention du composé
B (le plus retenu) :
L’efficacité d’une colonne est liée à la largeur des pics et on définit cette efficacité comme
étant la variance par unité de longueur de colonne soit :
On peut déterminer la H ou N graphiquement :
Démonstration :
Pour améliorer la résolution, il faut soit allonger la longueur de la colonne pour avoir un
nombre de plateaux théoriques plus grand, soit changer les conditions opératoires de
l’analyse (phase stationnaire, température, phase mobile…).
Si on allonge la longueur de la colonne, le temps d’analyse va augmenter, ce qui constitue
un inconvénient dans certains cas d’analyse.
Exemple pratique :
Toute séparation est donc un compromis entre une bonne résolution et un temps de
séparation raisonnable :
1 = Partie cinétique
2 = Partie thermodynamique (Sélectivité)
3 = Partie thermodynamique (rétention)
Ces deux équations guident le choix des conditions qui conduisent au degré de résolution
souhaité en un minimum de temps. Chacune d’entre elles contient trois termes : le premier
lie l’efficacité de la colonne à √𝑁 ou H. le deuxième, le quotient qui contient α, est un terme
de séparation qui dépend des propriétés des deux solutés. Le troisième, le terme de capacité,
est un quotient qui contient 𝑘𝐵′ : ce paramètre dépend à la fois des propriétés du soluté et de
la colonne.
On sait que :
✓ k’ faible: composés peu retenu.
✓ k’ fort: composés très retenu.
kB’ :
✓ Optimal entre 1 et 5 (≈2)
✓ Très important (surtout en CPL)
✓ CPL : variations de la phase mobile
✓ CPG : variations de la T de la phase mobile.
Exemple pratique :