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Chapitre 3.

La mise en place des


inégalités sur les temps longs.

Partie 2. L’émergence et le développement


du système-monde

1
Introduction
 A partir de 1800, l'Europe creuse l'écart avec le reste du
monde, notamment la Chine et l'Inde. Pour le
comprendre :
• Il faut expliquer les processus qui se mettent en place à partir de
ce moment ;

• Il faut aussi remonter dans le temps pour comprendre la


spécificité européenne à ce moment ;

• On peut procéder de la même façon dans les périphéries :


analyser les trajectoires et les blocages après 1800 ; remonter le
temps pour comprendre les structures mises en place
auparavant.

2
Poids des grands ensembles dans la production mondiale (%), 1500 - 2008

1500 1600 1700 1820 1870 1913 1950 1973 1990 2008
Europe
occidentale 18 20 22 23 33 33 26 26 22 17
Europe d'outre-
mer 0 0 0 2 10 21 31 25 25 21
Europe
orientale et ex-
URSS 6 6 7 9 12 13 13 13 10 6
Amérique
Latine 3 1 2 2 2 4 8 9 8 8

Chine 25 29 22 33 17 9 5 5 8 17

Inde 24 22 24 16 12 7 4 3 4 7

Japon 3 3 4 3 2 3 3 8 9 6

Reste Asie 13 11 11 7 7 6 7 9 11 14

Afrique 8 7 7 4 4 3 4 3 3 3
Source : Maddison 3
Le plan du chapitre

I. Dans le centre européen


1) Pourquoi le démarrage industriel a-t-il lieu en Europe (XIXe) ?
2) Pourquoi l’Europe part à la conquête du monde (1500 – 1800) ?

II. Dans les périphéries


1) Pourquoi les blocages après 1800 ?
2) La mise en place des structures avant 1800

III. La synthèse : pourquoi le renforcement des écarts


une fois ceux-ci mis en place?

4
La méthode de « travail »
 Notre démarche est historique : elle consiste à identifier
des points de ruptures entre deux périodes historiques
 Chaque période met en place de nouvelles structures, sur base des
structures existantes
 Du point de vue géographique, ces ruptures impliquent des
redéploiements
 Dans le cadre de la mise en place d’inégalités Centre/périphérie, nous
avons identifié quatre ruptures : 1500, 1800-1850, 1930-50 et 1980

Ligne du temps des ruptures dans les dynamiques du système-monde


Mondialisation
1500 Mercantilisme 1800-1850 Impérialisme 1930-1950 Fordisme 1980 néolibérale

5
I.1. L'Europe part à la conquête du monde
: Pourquoi l’Europe ?
1) En 1405, la Chine se lance dans de formidables expéditions
« Tous les chantiers navals de la Chine centrale ont été mobilisés pour construire les deux
cents navires de la flotte des Trésors. L'amiral Zheng He, auquel est confié le commandement
de la flotte, est un géant originaire du Yunnan, une province du sud de la Chine. Il appartient à
une minorité de confession musulmane, les Hui. Le grand départ a lieu le 11 juillet 1405 du
port de Longkiang, à l'embouchure du Fleuve bleu, le Yangzi. Deux cents navires emportent -
si l'on en croit les chroniques - 27.800 personnes : marins, soldats, mais aussi interprètes,
médecins, savants... Toujours selon les chroniques, le vaisseau amiral, le plus grand de tous,
aurait 140 mètres de long et 58 de large, avec 12 mâts et une jauge de 1500 tonneaux... Ces
dimensions font passer la Santa Maria de Christophe Colomb, longue de 28 mètres, pour une
coque de noix... mais paraissent très exagérées. Pour sa première expédition, la flotte des
Trésors se rend jusqu'au sud de l'Inde et atteint l'île de Ceylan (Sri Lanka). Elle établit les
premiers contacts avec les royaumes locaux. Dans les années suivantes et jusqu'à sa mort,
Zheng He va mener six expéditions supplémentaires, vers le Siam, Malacca et l'île de Ceylan,
mais aussi jusqu'au golfe Persique. Il va en profiter pour explorer les côtes de l'Afrique
orientale jusqu'aux environs de Zanzibar. On ne se lasse pas d'imaginer ces contacts sans
lendemain entre l'Afrique noire et l'empire Ming. Mais la mort de l'empereur Zhu Di en 1424 et
l'intronisation de son fils interrompent le cycle des expéditions. La Chine commence à se
détourner de la mer comme l'illustre le transfert de la capitale, de Nankin, sur la côte
méridionale, à Pékin, au milieu des steppes du nord. »

Source : Hérodote.net

6
Les voyages de Zeng He, début du XVe siècle

Source : http://www.alrahalah.com/2010/09/zheng-he/

7
2) En 1418, le Portugal entame les explorations des côtes africaines
aboutissant en 1498 à l'ouverture par Vasco de Gama de la route
des Indes. Entretemps, les Espagnols et Christophe Colomb
découvrent la voie vers les Amériques en 1492

 C'est le départ d'une vaste et longue opération de conquêtes


du monde par les Européens.

8
Comment expliquer ce contraste entre la Chine et l'Europe ?
• La Chine est un empire-Monde: tout est soumis en définitive au besoin et
aux intérêts de l'Etat et de sa classe dominante (rôle des mandarins, difficultés
d'accumulation intergénérationnel de capital, absence d'intérêt immédiat pour la projection
vers l'extérieur dans un Empire qui se conçoit comme un tout)

><
• L'Europe est ce que Braudel appelle une « économie-monde », l'unité
relative de son territoire se construit à travers les réseaux économiques
structurés (marchands, financiers) et non par l'unité politique. L'émiettement
du pouvoir politique y produit deux effets majeurs :
i. l'horizon des classes capitalistes dépasse celui des Etats et n'y est jamais
complètement soumis. De façon générale, le poids des classes capitalistes y
joue un rôle croissants. L'aristocratie rentière est largement remplacée par une
noblesse ou une bourgeoisie investisseuses dans la terre...
ii. les Etats et leurs classes dominantes (Roi, noblesses) deviennent eux-mêmes
entrepreneurs, trouvant des intérêts immédiats à la conquête, justifiant les
investissements majeurs qui sont réalisés.

9
Encadré théorique 3.2. Le concept
d’économie-monde

 Selon Braudel, une économie-monde est un vaste ensemble


économique autonome, soumis à une division géographique du travail
entre un centre et une périphérie
≠ Economie mondiale
 En 1500, la Chine, l’Inde, l’Europe forment des économie-monde.
 L’économie-monde européenne est caractérisé par sa division
politique  son unité provient de vastes réseaux économiques
commerciaux et financiers ;
 A partir de 1500, l’Europe occidentale construit une « économie-
monde » à l’échelle mondiale que nous appellerons système-monde

10
I.2. Pourquoi l'Europe s'industrialise-t-elle avant
les autres ?
 Entre 1820 et 1870, l’Europe occidentale passe de 23 à 33% de
l’économie mondiale et ses colonies de peuplement de 2 à 10%. La
Révolution industrielle a commencé.
 En Angleterre, entre 1780 et 1850, production de tissus passe 40 millions
à 2025 millions de yards ; entre 1830 et 1850, la production de fer passe
de 680000 à 2250000 tonnes; celle de charbon de 15 à 49 millions de
tonnes
 En 1830, il existe une ligne de chemin de fer dans le monde : Liverpool –
Manchester et une trentaine de km. en France ; en 1850, on compte
38000 km. de par le monde, surtout en Europe occidentale et aux Etats-
Unis.
 Le commerce Orient/Occident est inversé
 Mais, pourquoi en Europe ? Certaines conditions y sont réunies qu’on
ne retrouve pas ailleurs, en tout cas pas complètement

11
Les conditions favorables au démarrage en Europe
occidentale
 Surmonter les barrières au démarrage industriel :
i. Obstacle 1 : L’industrialisation nécessite une main-d’œuvre
suffisamment nombreuse, docile et efficace :
i. Il faut la libérer de ses chaînes traditionnelles ;
ii. Il faut la faire travailler beaucoup pour peu ;
 le travail devient une marchandise ;

ii. Obstacle 2 : L’industrialisation nécessite le développement de


marchés pour écouler ces produits : la question des débouchés
;
iii. Obstacle 3 : L’industrialisation nécessite du capital et surtout
une classe entrepreneuse.
 Destruction des « chaînes » de l’Ancien régime

12
 Comment l’Angleterre, et puis l’Europe du Nord-ouest,
va-t-elle parvenir à surmonter ces obstacles ?

i. Révolution agraire : au XVIIIe, la terre devient une source


d’investissement capitaliste(mouvement des enclosures), ce qui
permettra de surmonter des obstacles essentiels :
• les petits paysans sont expulsés de leurs terres par le mouvement de
concentration des terres et se trouvent ainsi prolétarisés (contraints de
vendre leur force de travail) ( Obstacle 1);
• débouché pour l’industrie ( Obstacle 2);
ii. des structures sociales favorables  Obstacle 3 :
• les classes marchandes/financières/propriétaires terriens possèdent le
capital (résultant d’une accumulation intergénérationnelle du capital,
au contraire de la Chine ou de l’Inde) mais répugnent à l’investir dans
l’industrie ;
• l’existence de classes d’entrepreneurs à l’esprit capitaliste ;
• le système financier fait l’intermédiaire.

13
iii. la construction des Etats :
 l’unification des marchés ( Obstacle 2);
 l'entreprise coloniale qui permet de faire face à d'éventuels blocages
(matières premières, débouchés...) ( Obstacle 2);
 Cadre légal : libéralisation de l’importation des céréales, suppression
des poor laws, protection absolue de la propriété privée  le marché
(de la terre et du travail) s’impose par la violence de l’Etat ( Obstacle
1).

iv. Croissance démographique :


 soutien à la production et à la demande ( Obstacle 2);
 Croissance de la main-d’œuvre ( Obstacle 1).
 Ces processus simultanés et interdépendants abattent les
obstacles hérités du passé féodal (protection des paysans,
marchés étroits …) et produisent l’extension des logiques de
marché au travail, à la terre et à la monnaie.

14
Révolution Etat
agraire

Expulsion Demande de Unification


Cadre
des terres machines des Colonisation
légal
marchés

Obstacle 3 :
Obstacle 1 : Obstacle 2 : Capital – esprit
Main-d'œuvre Débouchés d’entreprise

 main- Classe Petits


 demande
d'œuvre marchande capitalistes

Croissance
démographique
Structures sociales

15
II. Les étapes de la mise en place du système-
monde Fig. Datation de la formation des colonies

1) Explorations et colonisations
ibériques  colonisation de 4)
l’Amérique et comptoirs 2) 3) 5)
africains/asiatiques
1)
2) Relais et concurrence des autres
puissances européennes (PB, Fr,
Angleterre)  colonisations de
l’Am. Du Nord, des îles 
apogée du mercantilisme
3) Décolonisation de l’Amérique 
rôle décisif du RU
4) Seconde grande phase de
colonisation : Afrique, Moyen-
Orient, Asie orientale  apogée
de l’impérialisme
5) Décolonisation « politique »
Source : Taylor (1989)

16
II.1. La phase mercantiliste (1500 – 1800)
 La phase mercantiliste marque la première phase de
l’exploration et de la domination du monde par
l’Europe occidentale :
I. Cette domination est partielle parce que :
i. absence de supériorité technique et économique nette ;
ii. une supériorité militaire limitée et progressive, dans le domaine
maritime
II. Les formes de contacts et d’échanges avec les différentes
parties du monde sont très diverses. Elles dépendent :
i. Des acteurs européens (exemple : Espagnols versus Hollandais) ;
ii. Des structures des sociétés extra-européennes ;
iii. Des rapports de force économiques et militaires.
 Grande diversité des périphéries (schéma 3.6)

17
Schéma 3.6. La mise en place du système- 1950
monde (1500 – 1950) Phase impérialiste
1500 Phase mercantiliste 1800

Eur. Occ.

=
Am. Lat.
Inde
Afrique
Chine

Rupture des trajectoires historiques


Trajectoires économiques (Niveaux similaires en 1500)

Rôle dans la Matières premières


Division
Produits « artisanaux »
Internationale du
travail Main-d'œuvre

18
Le monde à l’apogée du mercantilisme (XVIIIe siècle)
(Fig. 3.7; Schéma 3.6)
 L’Europe met en place une division internationale du travail
à son profit qui prend des formes diverses :
i. Colonies américaines  domination directe avec spécialisation dans
la primo-exportation (produits miniers et tropicaux)
ii. Afrique : présence limitée aux comptoirs dans le cadre du commerce
triangulaire (Europe – Afrique – Amérique)
iii. Un commerce équilibré avec l’Inde (Argent/Or contre artisanat)
iv. Les colonies tempérées (Etats-Unis)  échanges limités, reproduction
de structures européennes
v. Formation d’un espace semi-périphérique en Europe orientale :
spécialisation dans la vente de produits primaires pour le centre;
développement du « second servage » et domination de l’aristocratie ;
vi. De vastes portions du monde ne sont pas touchées (Chine, Japon
etc.)

19
Fig. 3.7. Les modèles d’insertion dans l’économie-monde au XVIIIe
siècle

20
Retour sur la question du lien climat développement

 Rappel (Chapitre 3, partie 1, I) : lien climat/développement


 Mais les arguments de type déterministe ne sont pas convaincants
pour expliquer ce lien qui est le produit de l’histoire récente du monde

 Replacé dans son contexte historique, ce lien prend


tout son sens :
i. Les économies tropicales complémentaires à celles de l’Europe ont
été placées dans des situations de dépendance (vente de produits
tropicaux contre produits manufacturés) avec des formations sociales
peu favorables au développement (aristocratie rentière, esclavage par
ex.)
><
ii. Dans les colonies tempérées, la reproduction des structures
européennes (sans ses pesanteurs) et le faible intérêt porté par les
puissances européennes mènent à une émancipation plus précoce et
s’avère plus favorable au développement

21
Figure 3.1. Sous-développement et climat

Limite des pays riches (2007)

Source : Vandermotten, 2010


22
II.2. La phase impérialiste (1800 – 1950)
I. La phase impérialiste marque l’aboutissement de la domination du
monde par l’Europe occidentale, avec le Royaume-Uni comme
acteur principal :
1) Le démarrage industriel établit la supériorité absolue des puissances
européennes ;
2) Les périphéries se spécialisent dans la primo-exportation ;
3) Les classes locales dominantes sont intégrées au système
 après une phase initiale parfois très violente, les relations marchandes
suffisent à maintenir une division du travail en faveur de l’Europe

II. Les périphéries restent pourtant très diverses :


1) Les formes de domination politique varient (directe, indirecte …) ;
2) Les structures sociales héritées des temps longs de l’histoire et de la
phase mercantiliste continuent à peser.

23
La diversité des périphéries à l’apogée de la période de
l’impérialisme industriel européen (début XXe siècle)
I. Amérique latine :
 la décolonisation politique est précoce (1820-30) ;
 elle ne transforme pas les relations C/P mais élimine les
intermédiaires espagnols ou portugais
II. Inde :
 Colonisation britannique achevée vers 1800 ;
 Destruction par la violence puis par le marché des productions
locales et monétarisation  primo-exportation
III. Afrique : Colonisation politique (achevée fin XIXe seulement !) et
destruction violente des structures traditionnelles  primo-exportation
IV. Chine : les Anglais (guerres de l’opium - 1840) forcent la Chine à
l’ouverture et l’intègrent au système-monde sans colonisation directe
(sauf concessions locales).
 Sauf aux Etats-Unis, les tentatives d’industrialisation avortent (Egypte,
…)

24
Schéma 3.6. La mise en place du système- 1950
monde (1500 – 1950) Phase impérialiste
1500 Phase mercantiliste 1800

Eur. Occ.

=
Am. Lat.
Inde
Afrique
Chine

Rupture des trajectoires historiques


Trajectoires économiques (Niveaux similaires en 1500)

Rôle dans la Matières premières


Division
Produits « artisanaux »
Internationale du
travail Main-d'œuvre

25
L’exception des Etats-Unis

1. Au Nord-est tempéré :
 Faible présence de la couronne britannique et de ses « représentants »
 Reproduction des structures sociales de type anglais marqué par
l’immigration de divers segments de la société anglaise et un accès à la
terre
 Mais monopole colonial  indépendance
Vs.
2. Au Sud-est subtropical : société coloniale et
esclavagiste // Amérique latine

 Ces contradictions mènent à la Guerre de sécession


(1860-65)

26
II.3. L’après-guerre : fordisme (1930/50 -
1980) et mondialisation néolibérale (1980 - ?)
 On distingue nettement deux phases :

I. Phase fordiste avec recentrage et forte croissance au


centre // décolonisation politique  nombreuses
expériences de développement autocentré en
périphérie :
i. Par substitution aux importations (Amérique latine)

ii. Planification centralisée et déconnexion totale du marché


mondial (URSS, Chine)

27
Schéma 3.7. La mise en place du système –monde (1800 – 2013)
1980
1800 1950

Centre

Am. Lat.
Inde
Afrique
Chine

Rupture des trajectoires historiques


Trajectoires économiques (croissances relatives)

Matières premières
Rôle dans la
Division Développement autarcique
Internationale du
Produits industriels (ou services) à forte intensité de m-o.
travail 28
II. La mondialisation néolibérale (1980 - ) :
 Deux éléments essentiels (du point de vue C/P):
i. Rupture idéologique : libéralisation économique, poids de
l’Etat ;
ii. Mondialisation comme solution à la crise (contre la baisse des
taux de profits au centre) (Fig. 3.8)

 La crise au centre (àpd 1973) provoque un regain


d’intérêt pour les périphéries et la domination du
centre prend des nouvelles formes (Chapitre 2.4) :
i. domination commerciale et technologique,
ii. contrôle des chaînes de production intégrées à l’échelle
mondiale, y compris à travers la finance,
iii. endettement et rôles des institutions internationales sous
contrôle du centre.

29
Fig. 3.8. Evolution des flux commerciaux et
d’investissement en part de la production mondiale,
1950-2012
 Mesure = taux 35

d’ouverture = Flux/PIB Commerce


30 Services
Flux de IDE
 Hausse considérable Stock de IDE
25
des flux économiques

Part du PIB (%)


internationaux à partir 20
des années 1990 ;
15
 Sans compter les flux
financiers à court terme 10

0
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010

30
Par rapport à la phase impérialiste, cette période se
marque par une diversification des trajectoires de
développement :
• Les performances économiques se diversifient (Tableau 3.3)

• Les rôles dans la division internationale du travail divergent

 Les grandes trajectoires (Schéma 3.7) :


1) Amérique latine : expérience de substitution aux M. (dès les années
1930); ouverture néolibérale  primo-exportation (exception relative
du Brésil) ;
2) Inde : Industrialisation de substitution aux M ; ouverture progressive
avec spécialisation dans des fonctions faibles de services ;
3) Afrique : permanence de la primo-exportation ;
4) Chine : expérience autarcique de planification centralisée 
ouverture et spécialisation dans les produits industriels à forte
intensité de main-d’œuvre.

31
Tableau 3.3. Niveau du PIB/hab. en PPA. Triade* = 100

 Le rattrapage est 1950 1973 1995 2007 2013


limitée à l’Asie orientale
! Amérique latine 45 34 28 29 33

 Le remplacement du NPI asiatiques (a) 17 26 52 55 64


concept de périphéries Chine 8 6 12 23 38
par celui de pays
« émergents » est Asie du sud 12 7 8 10 15
douteux  seule l’Asie
Moyen-Orient et 31 37 26 38 41
orientale émerge; l’écart
Afrique du Nord,
s’est creusé avec le
OPEP
reste du monde !!!
Afrique 15 10 6 6 7
subsaharienne

Ex-bloc soviétique 46 44 24 35 39

(a) C. Sud, Taiwan, HK, Sing., Malaisie, Thaïlande


* Europe occidentale, Amérique du Nord, Japon 32
III. Pourquoi le renforcement des écarts une
fois ceux-ci mis en place ? Une synthèse

 Deux grands groupes de causes :

I. Développement endogène du centre (causalités


cumulatives) ;

II. Les blocages en périphérie


i. Blocages externes (formes de domination directe et
indirecte) ;
ii. Blocages internes.

33
Schéma 3.8. Relation dialectique Centre vs. Périphérie

(1) Soutien au
(3) développement des
(2) centres
Périphérie 1
(1) (2) Blocage externe
(3)
Périphérie 2 (3) Blocage interne
Centre (3)
Périphérie 3
Développement
autocentré

Expérience de
développement autarcique

34
Explications du schéma :
1. Le développement du centre est fondé sur :
• Développement autocentré (démarrage industriel et causalités
cumulatives)
• Domination de la périphérie par le centre permet de faire face à des
blocages : matières premières, m-o. bon marché, accès aux marchés,
exportations de capitaux

 Quels liens y a-t-il entre entreprise coloniale et démarrage


industriel ?
1) Les processus endogènes ont été essentiels : la construction des Etats
centralisés dans une Europe divisée, l'émergence d'une bourgeoisie
autonome, le développement agricole et proto-industriel ont été largement
le fait d'évolutions sociales endogènes
2) Mais l'expansion a permis à l'Europe de faire face à des goulots
d'étranglement potentiels : accès aux ressources, aux marchés,
évacuation de la charge démographique etc.

35
La théorie des causalités
cumulatives
 A l’inverse de l’approche néoclassique, la théorie des causalités
cumulatives suppose que les écarts initiaux se renforcent à travers les
mécanismes qui favorisent l’accumulation des richesses au centre
(Myrdal, 1957) :
i. Attraction des capitaux ;
ii. Accumulation de la technologie ;
iii. Attraction de la main-d’œuvre qualifiée.

Schéma : Exemple de schéma de développement cumulatif au centre


Capitaux
Progrès Gains de
Main-d’œuvre technologique productivité
qualifiée
Hausse des salaires

36
2. Les blocages en périphérie peuvent être distingués
entre :
• Blocage externe : la domination par le centre produit une
spécialisation dans la primo-exportation et un maintien dans les
fonctions faibles ;

• Blocage interne : se réfère à des structures sociales rétives au


développement (formes de l’Etat, nature des classes
dominantes …), elles-mêmes en partie produites par la
domination des centres

37
Conclusion : la théorie du système-monde

 La théorie du système-monde contient trois éléments


essentiels :
i. Le système-monde un système à l’échelle mondiale dans
lequel tous les éléments sont structurellement liés les uns
aux autres ;
ii. Ce système est caractérisé par une division du travail et
des relations inégales entre le Centre et les Périphéries ;
iii. Ce système est un produit de l’histoire récente : il se met
en place à partir du XVIe siècle lorsque les européens
conquièrent le monde à leur profit  extension
géographique de l’ économie-monde européenne.

38
 Le système-monde présente des dynamiques propres
i. reproduction de la division Centre/périphérie ;
ii. Dynamiques du système avec des pays qui remontent
dans la division internationale du travail (concept de semi-
périphérie).

 La « mondialisation » ou « globalisation » – qui émerge


depuis les années 1980 – ne fait qu’approfondir le
système-monde (voir graphique) :
i. les échanges économiques se sont accentués ;
ii. Les échanges financiers ont pris des proportions
supérieures à celles du passé ;
iii. La rupture structurelle réside dans les stratégies globales
intégrées des firmes.

39
Ouverture économique* pondérée et non pondérée, 1815-1995

*Ouverture =
commerce / PIB

Source : Chase-Dunn 40
Synthèse (1) : les notions clés
1) Système-monde dans sa perspective
historique

2) Système-monde et mondialisation

3) Le lien « dynamiques globales du capitalisme


/ déploiement spatial »

4) La théorie des causalités cumulatives

41
Synthèse (2) : Savoirs
1) Les ruptures dans les dynamiques du système-monde
et ses conséquences sur la division centre/périphérie :

i. Mercantilisme

ii. Impérialisme

iii. Keynésiano-Fordisme

iv. Mondialisation néolibérale

2) Les trajectoires historiques des grandes parties du


monde dans la division internationale du travail

3) Les facteurs explicatifs de la Révolution industrielle en


Europe

42
Synthèse (3) : Savoir-faire
1) Lire les schémas théoriques sur les dynamiques
du système-monde

43

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