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COURS MAGISTRAL

Le contrôle des actes des


collectivités territoriales
INTRODUCTION
• Pour devenir exécutoire certains des actes des collectivités
territoriales doivent être transmis au préfet, représentant de l’État
dans la région.

• Le principe d’indivisibilité de la république implique que la loi et les


décrets édictés par des autorités centrales soient respectés par les
autorités publiques locales.

• Par conséquent, le contrôle des actes des collectivités


décentralisées est rendu nécessaire par le principe d'indivisibilité de
la république.
INTRODUCTION
• Néanmoins ce contrôle doit respecter le principe de libre
administration des collectivités qui a aussi valeur constitutionnelle.

• Il ne doit donc pas revêtir les mêmes caractéristiques que le


contrôle hiérarchique exercé par des autorités supérieures de l’État
sur des autorités subordonnées.

• Il convient de trouver le bon équilibre entre la libre administration


des autorités décentralisées et le contrôle des actes de ces derniers
afin de garantir l’application uniforme de la règle de droit.
I. Le contrôle de légalité
• Le contrôle de légalité est la procédure par laquelle le représentant
de l’Etat s’assure que les actes pris par les collectivités territoriales
sont conforme aux lois en vigueur.

• Concrètement, le préfet chargé du contrôle de légalité, vérifie la


conformité des actes pris par les autorités décentralisées avec les
dispositions législatives et règlementaires en vigueur.

• L’article 96 de la loi n°174 précise : « le représentant de l’Etat veille


à la régularité et à la conformité avec les lois de la république des
actes des autorités décentralisées par un contrôle à posteriori selon
les procédures prévues par la présente loi ».
1. Le champ d’application
• Les actes des autorités décentralisées soumis au contrôle de légalité
du préfet sont entre autres :
 Les délibérations du conseil municipal et/ou régional ;
 Les décisions réglementaires et individuelles prise par le maire ou le
président du conseil régional ;
 Les actes réglementaire pris par le autorités décentralisées ;
 Les conventions relatives aux emprunts, les marchés de partenariat,
les accords-cadres, les contrats de concession…
 Les décisions individuelles relatives à la nomination, au recrutement,
au licenciement des agents non titulaires ;
 Les ordres de réquisition du comptable pris par le maire…etc.
2. Le recours gracieux
• Lorsque le préfet relève des irrégularités sur les actes adoptés,
il adresse à la collectivité un recours gracieux dans un délai de deux
mois à compter de la réception de l’acte en préfecture.
• En outre, le représentant de l’État envoi une lettre d’observation
consistant à exposer les irrégularités constatées et le cas échéant
les moyens pour les corriger.

• En général, le recours gracieux abouti soit au retrait définitif ou la


modification de l’acte en cause.
3. Le déféré préfectoral
• Dans l’hypothèse ou à l’échéance du délai règlementaire, la
collectivité n’a pas donné suite au recours gracieux, le préfet saisit
la juridiction administrative par la voie d’un déféré préfectoral.

• À Djibouti, le représentant de l’État défère devant la cour du


contentieux administratif et de contrôle des finances publiques.

• Le déféré préfectoral correspond au recours par lequel, le préfet


demande au tribunal administratif d'annuler, pour cause d'illégalité,
certaines décisions des collectivités territoriales.
3. Le déféré préfectoral
• Par la même occasion, le représentant de l’Etat informe
immédiatement l’autorité décentralisée en lui communiquant les
motifs de l’illégalité invoquée.

• Lorsque l’acte en cause est de nature à compromettre l’exercice


d’une liberté publique ou individuelle, la section spécialisée dans le
contentieux administratif et le contrôle des finances publiques
prononce le sursis à exécution dans les quarante huit (48) heures.

• La décision de sursis est susceptible de recours devant la Cour


suprême dans un délai de quinze jours à compter de sa notification.
Schéma récapitulatif du contrôle de légalité
Actes pris par les collectivités territoriales
(arrêtés, délibérations…).

Contrôle de légalité des actes par le Préfet

Visa du Préfet En cas des irrégularités


(acte dévient exécutoire) (mise en cause de l’acte)

Recours gracieux du préfet

Déféré préfectoral (Cour du


contentieux administratif)
4. Le recours pour excès de pouvoir
• Tout administré peut saisir le juge pour faire annuler une décision
prise par une collectivité qui lui paraît illégale.

• L’article 99 de la loi n°174 précise « tout citoyen qui s’estime être


personnellement lésé par une délibération de l’assemblée régionale
peut en soulever l’illégalité à condition de justifier d’un intérêt
personnel à agir ».

• La cour spécialisée dans le contentieux administratif et de contrôle


des finances publiques est compétente pour examiner la légalité
des actes des autorités administratives.
II. Le contrôle budgétaire
• Parallèlement au contrôle de légalité, les collectivités territoriales
sont également soumises à un contrôle a posteriori spécifique,
appelé contrôle budgétaire.

• Le contrôle budgétaire est exercé par le préfet, en liaison avec la


Cour des comptes de Djibouti.

• L’objectif est d’assurer le respect des règles applicables à


l’élaboration, l’adoption et l’exécution des budgets des collectivités
territoriales (budget primitif, les annexes…etc.).
II. Le contrôle budgétaire
Le contrôle budgétaire porte principalement sur quatre points :
 La date d’adoption et de transmission du budget ;

 L’ équilibre réel du budget ;

 L’ équilibre et le rejet éventuel du compte administratif ;

 L’inscription et le mandatement d’office des dépenses obligatoires.


II. Le contrôle budgétaire
• Le contrôle budgétaire relève de la compétence exclusive du préfet.

• Lorsque le budget voté n’est pas en équilibre réel, le préfet inscrit


des recettes supplémentaires ou diminue des dépenses.

• Dans l’hypothèse d’un budget non adopté dans les délais, le préfet
"règle" ce budget, c’est-à-dire l’adopte et le rend exécutoire.

• Par ailleurs, le contrôle budgétaire participe à la maitrise de


l’exécution des lois de finances et à la prévention des risques de
dérapage financier.
III. Les règles de la commande publique
• Les marchés publics sont les contrats conclus à titre onéreux entre
un acheteur public (pouvoir adjudicateur), et un opérateur
économique (public ou privé), pour répondre à des besoins en
matière de travaux, fournitures ou services.

• Autrement dit le marché public représente pour l’administration le


moyen d’acheter les travaux, fournitures et services.

• Pour l’administration publique les marchés publics représentent


une part significative du produit intérieur brut (PIB), c’est pourquoi
les législateurs souhaitent qu’ils soient régis par des règles claires.
III. Les règles de la commande publique
• En 2021, un peu près 208 marchés publics ont été attribués à 147
soumissionnaires pour un montant global de 23 702 435 135 fdj.

• l’Agence Djiboutienne de Routes (ADR) a contracté huit (8) marchés


pour un montant de plus 13 000.000.000 FDJ ;

• Suivi par l’ADDS avec 2.094.049.294 FDJ.

• Le MAEPERH arrive en tête pour le nombre de marchés passés ;

• Suivi par le MENFOP avec un total de 38 marchés ;

• l’ARULOS avec 37 marchés.


Statistiques des marchés publics en 2021
Administration contractante Nbre des marchés Montant en FDJ
ADDS 19 2 094 049 294
ADR 8 13 165 107 652
ARULOS 37 1 821 197 571
CNSS 7 225 797 992
CONSEIL REGIONAL 6 147 893 649
DATUH 6 815 366 298
EDD 9 654 420 784
MAEPE-RH 39 954 387 358
MEFI 9 275 661 288
MENFOP 38 1 156 064 008
ONEAD 2 1 079 979 000

Source: rapport annuel CNMP


III. Les règles de la commande publique
• Sont exclues de la commande publique conformément aux
dispositions de l’article 4 du décret 2022-094 :
 Qui font l'objet d'une condamnation définitive pour des faits punis par le
code pénal en lien avec la commande publique ;

 Qui n'ont pas souscrit à leurs obligations fiscales et sociales ;

 Ayant fait l'objet de multiples plaintes pour mauvaise exécution des


contrats avec les administrations contractantes ;

 Qui sont soumises à procédure de redressement ou de liquidation


judiciaires instituée par le code du commerce ;

 Ayant commis des manquements au code du travail.


1. Les principes des marchés publics

Les trois (3) principes fondamentaux de la commande publique sont :

 La liberté d’accès à la commande publique ;

 L’égalité de traitement entre les candidats ;

 La transparence des procédures.

• Les marchés publics sont donc très sujets à contentieux. Si ces


principes ne sont pas respectés, il peut être annulé par le juge.
2. Les différents types de marchés publics

Les marchés sont très diversifiés, les acheteurs publics peuvent


commander de marchés de tout type repartis en trois groupes :
 Marchés de travaux. Exemple : réalisation de tous travaux de
bâtiment de génie civils à la demande d’un acheteur public.

 Marchés de fournitures. Exemple : l’achat de biens, la prise en


crédit-bail, la location…etc.

 Marchés de services. Exemple : le nettoyage des locaux,


certification des comptes financiers…etc.
Répartition des marchés par nature

Administration Nbre des marchés Montant en FDJ


contractante attribués
FOURNITURES 72 2 563 736 608

PRESTATIONS 70 1 811 311 992


INTELLECTUELLES

TRAVAUX 66 19 327 386 535

TOTAL 208 23 702 435 135

Source: rapport annuel CNMP


3. Procédures de passation de marchés publics

• Les marchés sont passés, selon leur montant, leur objet ou les
circonstances de leur conclusion :
 Marchés passés sans publicité ni mise en concurrence préalables
appelé également marché de gré-à-gré ;

 Marchés passés selon une procédure adaptée ;

 Marchés passés selon une procédure formalisée.


3.1. Marchés sans publicité ni mise en concurrence

L’acheteur public peut passer un marché sans publicité ni mise en


concurrence préalables dans les conditions suivantes :
 Protection de l’intérêt supérieur de l’État ;
 Urgence impérieuse résultant des circonstances imprévisibles ;
 Candidatures irrecevables ou inappropriées ;
 Raisons techniques, artistiques et droit d’exclusivité ;
 Livraison complémentaires de fournitures ;
 Achat des matières premières côtés en bourse ;
 Conditions particulièrement avantageuses (opérateur économique
en cessation définitive d’activité) ;
 Achats de produits à des fins de recherche, expérimentation…
3.2. Marchés passés selon la procédure adaptée

• L’acheteur public peut passer un marché selon les procédures


adaptées prévues par le code des marchés publics.

• Ils concernent les marchés dont la valeur est inférieure à cinq


millions de franc Djibouti (5 000 000 FDJ) conformément à l’article 4
de la loi 53 portant nouveau code de marché public.

• Au-dessous de ces seuils, l’acheteur public est libre d’organiser sa


procédure comme il l’entend, dans le respect des 3 principes de
liberté d’accès à la commande publique, d’égalité de traitement des
candidats et de transparence des procédures.
3.3. Marchés passés selon la procédure formalisée

• L’acheteur public passe son marché selon une procédure formalisée


lorsque la valeur du marché estimé est supérieure ou égale à cinq
millions de franc Djibouti (> = 5 000 000 FDJ).

• L’article 17 du code de marché public précise les deux procédures


de passation des marchés sur les appel d’offres :
 L'appel d'offres ouvert qui est la méthode privilégiée de passation
des marchés.
 L'appel d'offre restreint lorsque l’administration contractante
conclue le contrat auprès d’un nombre limité d'entrepreneurs, de
fournisseurs ou de prestataires de services.
4. Les formes de marchés publics

• La notion de forme du marché se réfère aux conditions dans


lesquelles doit s’exécuter un marché public.

• La nature des besoins conditionne la forme du marché. En général,


il existe deux formes de marché :

 Le marché ordinaire ;

 Le marché fractionné.
4.1. Le marché ordinaire

• C’est la forme standard et habituelle que prend un marché quand sa


passation n’est pas soumise à des contraintes particulières.

• On parle de marché ordinaire quand les prestations sont


commandées et réalisées en un seul mouvement.

• Autrement dit c’est lorsque l’objet du marché est bien défini, sans
ambiguïté en nature et en nombre. De même le prix est établi avec
précision et de manière définitive.

• Le marché ordinaire peut comporter un ou plusieurs lots.


4.2. Le marché fractionné

• L’acheteur est autorisé à y recourir lorsque la forme ordinaire n’est


pas utilisable, c’est-à-dire lorsqu’il est impossible de définir à
l’avance toutes les conditions d’exécution du marché.
• Les marchés fractionnés peuvent être de :
 Marchés à bons de commande avec minimum et maximum
 Marchés à bons de commande sans minimum ni maximum
 Marchés à bons de commande avec minimum sans maximum
 Marchés à bons de commande avec maximum sans minimum
 Marchés à tranches fermes et/ou conditionnelles
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