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Anarchisme

courant de philosophie politique

L'anarchisme , ou idéologie libertaire, regroupe plusieurs courants de philosophie politique développés depuis le xixe siècle sur un ensemble de
théories et de pratiques anti-autoritaires[2] fondées sur la démocratie directe et ayant la liberté individuelle comme valeur fondamentale. Le terme
libertaire est couramment utilisé comme synonyme d'anarchiste, particulièrement dans le monde francophone[N 1] à la suite de l'adoption des lois
scélérates en France[3],[4]. L'anarchisme, à la différence de l'anomie, ne prône pas l'absence de loi, mais milite pour que son élaboration émane
directement du peuple (initiative populaire par exemple), qu'elle soit directement votée par lui (référendum ou vote par des assemblées tirées au sort)
et que son application soit sous contrôle de ce dernier (mandat impératif, forces de sécurité dont les officiers sont élus[5], révocabilité des élus).

Le « A » cerclé, dans deux styles différents, symbole[1] de l'anarchisme, indépendamment du courant concerné.

Louise Michel, en uniforme de la


Garde nationale (Milice française dont
la hiérarchie est élue par les
citoyens.) durant la Commune de
Paris, est la première personnalité
anarchiste à brandir le drapeau noir.

Fondé sur la négation du principe de domination d'un individu ou d'un groupe d'individus dans l'organisation sociale[6], l'anarchisme a pour but de
développer une société sans classe sociale. Ce courant prône ainsi la coopération dans une dynamique d'autogestion[7]. Contre l'oppression,
l'anarchisme propose une société fondée sur la solidarité comme solution aux antagonismes, la complémentarité de la liberté de chacun et celle de
la collectivité, l'égalité des conditions de vie et l'autogestion des moyens de production (coopératives, mutuelles). Il s'agit donc d'un mode politique
qui cherche non pas à résoudre les différences opposant les membres constituants de la société mais à associer des forces autonomes et
contradictoires[8].
L'anarchisme est un mouvement pluriel qui embrasse l'ensemble des secteurs de la vie et de la société. Initialement théorisé par des penseurs
socialistes, il est habituellement classé à la gauche voire l'extrême gauche du spectre politique bien qu'il refuse par essence de s'inscrire dans le
cadre de la démocratie représentative. Concept philosophique, c’est également « une idée pratique et matérielle, un mode d’être de la vie et des
relations entre les êtres qui naît tout autant de la pratique que de la philosophie ; ou pour être plus précis qui naît toujours de la pratique, la
philosophie n’étant elle-même qu’une pratique, importante mais parmi d’autres »[9]. En 1928, Sébastien Faure, dans La Synthèse anarchiste, définit
trois grands courants qui cohabitent tout au long de l'histoire du mouvement : l'anarchisme individualiste qui insiste sur l'autonomie individuelle
contre toute autorité ; le communisme libertaire, qui de l'aphorisme « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins » créé par Louis
Blanc, veut économiquement partir du besoin des individus, pour ensuite produire le nécessaire pour y répondre ; l'anarcho-syndicalisme, qui propose
une méthode, le syndicalisme, comme moyen de lutte et d'organisation de la société[10]. Depuis, de nouvelles sensibilités se sont affirmées, telles
l'anarcha-féminisme, l'écologie sociale[11] (et son application, le municipalisme libertaire).

En 2007, l'historien Gaetano Manfredonia propose une relecture de ces courants sur la base de trois modèles. Le premier, « insurrectionnel », englobe
autant les mouvements organisés que les individualistes qui veulent détruire le système autoritaire avant de construire, qu’ils soient bakouniniens,
stirnerien ou partisans de la propagande par le fait. Le second, « syndicaliste », vise à faire du syndicat et de la classe ouvrière, les principaux artisans
tant du renversement de la société actuelle, que les créateurs de la société future. Son expression la plus aboutie est sans doute la Confédération
nationale du travail pendant la révolution sociale espagnole de 1936. Le troisième est « éducationniste réalisateur » dans le sens où les anarchistes
privilégient la préparation de tout changement radical par une éducation libertaire, une culture formatrice, des essais de vie communautaires, la
pratique de l'autogestion et de l'égalité des sexes, etc. Ce modèle est proche du gradualisme d'Errico Malatesta et renoue avec « l’évolutionnisme »
d'Élisée Reclus. Pour Vivien Garcia dans L'Anarchisme aujourd'hui (2007), l'anarchisme « ne peut être conçu comme un monument théorique achevé.
La réflexion anarchiste n'a rien du système. […] L'anarchisme se constitue comme une nébuleuse de pensées qui peuvent se renvoyer de façon
contingente les unes aux autres plutôt que comme une doctrine close »[12].

Selon l'historien américain Paul Avrich : « Les anarchistes ont exercé et continuent d'exercer une grande influence. Leur internationalisme rigoureux et
leur antimilitarisme, leurs expériences d'autogestion ouvrière, leur lutte pour la libération de la femme et pour l'émancipation sexuelle, leurs écoles et
universités libres, leur aspiration écologique à un équilibre entre la ville et la campagne, entre l'homme et la nature, tout cela est d'une actualité
criante »[13]. L'anarchisme s'inscrit en outre dans l'histoire des mouvements sociaux et de l'art en mobilisant divers symboles.

Définition et sens commun

Articles détaillés : Anarchie et Acratie.

Ordre et anarchie

« L'anarchie est le plus haut degré de liberté et d'ordre auquel l'humanité puisse parvenir. » Pierre-Joseph Proudhon[14]

« L'anarchie c'est l'ordre, et le gouvernement la guerre civile » Anselme Bellegarrigue (L'Anarchie, journal de l'ordre)[15]

« L'anarchie est la plus haute expression de l'ordre. » Élisée Reclus[16]

Le terme « anarchisme » et ses dérivés sont employés tantôt péjorativement, comme synonymes de désordre social dans le sens commun ou
courant et qui se rapproche de l’anomie, tantôt comme un but pratique, car l'anarchisme défend l'idée que l'absence d'une structure de pouvoir n'est
pas synonyme de désorganisation sociale[17]. Les anarchistes rejettent en général la conception courante de l'anarchie utilisée par les médias et les
pouvoirs politiques. Pour eux, « l'ordre naît de la liberté »[18],[19], tandis que les pouvoirs engendrent le désordre. Certains anarchistes useront du terme
« acratie », du grec « kratos », le pouvoir, donc littéralement « absence de pouvoir », plutôt que du terme « anarchie » qui leur semble devenu ambigu.
De même, certains anarchistes auront plutôt tendance à utiliser le terme de « libertaires »[20].

Pour ses partisans, l'anarchie n'est justement pas le désordre social. C’est plutôt le contraire, soit l'ordre social absolu[21], grâce notamment à la
socialisation des moyens de production : contrairement à l'idée de possessions privées capitalisées, elle suggère celle de possessions individuelles ne
garantissant aucun droit de propriété, notamment celle touchant l'accumulation de biens non utilisés[22]. Cet ordre social s'appuie sur la liberté
politique organisée autour du mandatement impératif, de l'autogestion, du fédéralisme intégral et de la démocratie directe. L'anarchie est donc
organisée et structurée : c'est l'Ordre moins le pouvoir[23].
Étymologie

Article détaillé : Étymologie du terme anarchie.


Le terme d'anarchie est un dérivé du grec ἀναρχία, anarkhia[24]. Composé du préfixe privatif an- (en grec αν, « sans », « privé de ») et du radical arkhê,
(en grec αρχη, « origine », « principe », « pouvoir » ou « commandement »)[25],[26]. L'étymologie du terme désigne donc, d'une manière générale, ce qui
est dénué de principe directeur et d'origine. Cela se traduit par « absence de principe »[27], « absence de chef »[28], « absence d'autorité »[6] ou
« absence de gouvernement »[26].

Dans un sens négatif, l'anarchie évoque le chaos et le désordre, l'anomie[29]. Et dans un sens positif, un système où les individus sont dégagés de
toute autorité[29]. Ce dernier sens apparaît en 1840 sous la plume du théoricien, socialiste libertaire, Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865). Dans
Qu'est-ce que la propriété ?, l'auteur se déclare « anarchiste » et précise ce qu'il entend par « anarchie » : « une forme de gouvernement sans maître ni
souverain »[29].

Précurseurs de l'anarchisme

Articles détaillés : Précurseurs de l'anarchisme et Histoire de


l'anarchisme.

Diogène par John William


Waterhouse.

Pour de nombreux théoriciens de l'anarchisme, l'esprit libertaire remonte aux origines de l'humanité[30]. À l'image des Inuits, des Pygmées, des
Santals, des Tivs, des Piaroas ou des Mérinas, de nombreuses sociétés fonctionnent, parfois depuis des millénaires, sans autorité politique (État ou
police)[31] ou suivant des pratiques revendiquées par l'anarchisme comme l'autonomie, l'association volontaire, l'auto-organisation, l'aide mutuelle ou
la démocratie directe[32].

Les premières expressions d'une philosophie libertaire peuvent être trouvées dans le taoïsme et le bouddhisme[33]. Au taoïsme, l'anarchisme
emprunte le principe de non-interférence avec les flux des choses et de la nature, un idéal collectiviste et une critique de l'État ; au bouddhisme,
l'individualisme libertaire, la recherche de l'accomplissement personnel et le rejet de la propriété privée[34]. Une forme d’individualisme libertaire est
aussi identifiable dans certains courants philosophiques de la Grèce antique, en particulier dans les écrits épicuriens, cyniques et stoïciens[35].

Certains éléments libertaires du christianisme ont influencé le développement de l'anarchisme[36], en particulier de l'anarchisme chrétien[37]'[38]. À
partir du Moyen Âge, certaines hérésies et révoltes paysannes attendent l'avènement sur Terre d'un nouvel âge de liberté[34]. Des mouvements
religieux, à l'exemple des hussites ou des anabaptistes s'inspirèrent souvent de principes libertaires[39].

Plusieurs idées et tendances libertaires émergent dans les utopies françaises et anglaises de la Renaissance et du siècle des Lumières[40]. Pendant la
Révolution française, le mouvement des Enragés s'oppose au principe jacobin du pouvoir de l'État et propose une forme de communisme[41]. En
France, en Allemagne, en Angleterre ou aux États-Unis, les idées anarchistes se diffusent par la défense de la liberté individuelle, les attaques contre
l'État et la religion, les critiques du libéralisme et du socialisme[34]. Certains penseurs libertaires américains comme Henry David Thoreau, Ralph
Waldo Emerson et Walt Whitman, préfigurent l’anarchisme contemporain de la contre-culture, de l'écologie, ou de la désobéissance civile[42].

Remonter si loin dans l'histoire de l'humanité n'est pas sans risque d'anachronisme ou d'idéologie[43]. C'est donner une définition extrêmement vague
de l'anarchisme sans tenir compte des conditions historiques et sociales de l'époque des faits[43]. Il faudra attendre la Révolution française pour
découvrir des aspirations ouvertement libertaires chez des auteurs comme Jean-François Varlet, Jacques Roux ou Sylvain Maréchal[43]. William
Godwin (1793) apparaît comme l'un des précurseurs de l'anarchisme. Pierre-Joseph Proudhon est le premier théoricien social à s'en réclamer
explicitement en 1840[44].

Principes généraux

Absence d'autorité hiérarchique

Être gouverné

« Être gouverné, c'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé,
apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu… Être gouverné, c'est être, à chaque opération, à
chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé,
admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à
contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot
de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné,
déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. »
Pierre-Joseph Proudhon, Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle, 1851.

L'anarchisme est une philosophie politique qui présente une vision d'une société humaine sans hiérarchie, et qui propose des stratégies pour y arriver,
en renversant le système social autoritaire. L'objectif principal de l'anarchisme est d'établir un ordre social sans décideur (des dirigeants peuvent
exister, dans le sens où ils s'occuperont de l'organisation générale mais ils ne sont pas propriétaire et ils n'ont pas plus de pouvoir décisionnels que
ces camarades). Un ordre fondé sur la coopération volontaire d'hommes et de femmes libres et conscients, qui ont pour but de favoriser un double
épanouissement : celui de la société et celui de l'individu qui participe à celle-ci. Selon l'essayiste Hem Day : « On ne le dira jamais assez,
l’anarchisme, c’est l’ordre sans le gouvernement ; c’est la paix sans la violence. C’est le contraire précisément de tout ce qu’on lui reproche, soit par
ignorance, soit par mauvaise foi »[45].

La pensée anarchiste s’oppose par conséquent à toutes les formes d’organisation sociale qui oppriment des individus, les asservissent, les exploitent
au bénéfice d’un petit nombre, les contraignent, les empêchent de réaliser toutes leurs potentialités[46]. À la source de toute philosophie anarchiste,
on retrouve une volonté d'émancipation individuelle ou collective. L'amour de la liberté, profondément ancré chez les anarchistes, les conduit à lutter
pour l'avènement d'une société plus juste, dans laquelle les libertés individuelles pourraient se développer harmonieusement et formeraient la base
de l'organisation sociale et des relations économiques et politiques.

L'anarchisme est opposé à l'idée que le pouvoir coercitif et la domination soient nécessaires à la société et se bat pour une forme d'organisation
sociale et économique libertaire, c'est-à-dire fondée sur la collaboration ou la coopération plutôt que la coercition. L'ennemi commun de tous les
anarchistes est l'autorité, sous quelque forme que ce soit, l'État étant leur principal ennemi : l'institution qui s'attribue le monopole de la violence
légale (guerres, violences policières), le droit de voler (impôt) et de s'approprier l'individu (conscription, service militaire)[47].
Société sans État

La Fédération Anarchiste Coréenne


instaura en 1929 une Commune
révolutionnaire sans État en
Mandchourie sur un ensemble de
territoires regroupés en coopératives
libertaires et unissant 2 millions de
paysans et de guérilleros pour lutter
contre l'invasion japonaise.

Les visions qu'ont les différentes tendances anarchistes de ce que serait ou devrait être une société sans État sont en revanche d'une grande
diversité. Opposé à tout credo, l'anarchiste prône l'autonomie de la conscience morale par-delà le bien et le mal définis par une orthodoxie majoritaire,
un pouvoir à la pensée dominante. L'anarchiste se veut libre de penser par lui-même et d'exprimer librement sa pensée.

Certains anarchistes dits « spontanéistes » pensent qu'une fois la société libérée des entraves artificielles que lui impose l'État, l'Ordre naturel
précédemment contrarié se rétablirait spontanément, ce que symbolise le « A » inscrit dans un « O » (« L'anarchie, c'est l'ordre sans le pouvoir »,
Proudhon). Ceux-là se situent, conformément à l'héritage de Proudhon, dans une éthique du droit naturel (elle-même affiliée à Rousseau).

D'autres pensent que le concept d'ordre n'est pas moins « artificiel » que celui d'État. Ces derniers pensent que la seule manière de se passer des
pouvoirs hiérarchiques est de ne pas laisser d'ordre coercitif s'installer. À ces fins, ils préconisent l'auto-organisation des individus par fédéralisme,
comme moyen permettant la remise en cause permanente des fonctionnements sociaux autoritaires et de leurs justifications médiatiques. En outre,
ces derniers ne reconnaissent que les mandats impératifs (votés en assemblée générale), révocables (donc contrôlés) et limités à un mandat précis
et circonscrit dans le temps. Enfin, ils pensent que le mandatement ne doit intervenir qu'en cas d'absolue nécessité.

Les anarchistes se distinguent de la vision marxiste d'une société future en rejetant l'idée d'une dictature du prolétariat qui serait exercée après la
révolution par un pouvoir temporaire : à leurs yeux, un tel système ne pourrait déboucher que sur la tyrannie. Ils sont partisans d'un passage direct, ou
du moins aussi rapide que possible, à une société sans État, celle-ci se réaliserait par le biais de ce que Bakounine appelait l'« organisation spontanée
du travail et de la propriété collective des associations productrices librement organisées et fédéralisées dans les communes »[48].

Pierre Kropotkine voit pour sa part la société libertaire comme un système fondé sur l'entraide, où les communautés humaines fonctionneraient à la
manière de groupes d'égaux ignorant toute notion de frontière. Les lois deviendraient inutiles car la protection de la propriété perdrait son sens ; la
répartition des biens serait, après expropriation des richesses et mise en commun des moyens de production, assurée par un usage rationnel de la
prise au tas (ou « prise sur le tas ») dans un contexte d'abondance, et du rationnement pour les biens plus rares[49].

« La propriété, c'est le vol ! »

Article détaillé : Qu'est-ce que la propriété ?.


Dans Qu'est-ce que la propriété ? (1840), Pierre-Joseph Proudhon expose les méfaits de la propriété dans une société[50]. Ce livre contient la citation
célèbre « La propriété, c'est le vol ! ». Plus tard, dans Théorie de la propriété, Proudhon se ravise et paraphrasant sa célèbre formule, il déclare : « La
propriété, c'est la liberté ! »[51].

Par la suite ce refus de la propriété évolue selon les différents courants d'anarchisme, individualistes ou collectivistes. Il sert de base à l'illégalisme en
France, et à l'anarchisme expropriateur, quoique ce dernier encourage le vol des bourgeois dans le but de financer des activités anarchistes, et non
sur la base d'une opposition à la propriété en tant que telle.
Courants et modèles

Réflexions sur l'anarchisme,


Maurice Fayolle, Volonté
Anarchiste, no 1, 1977.

Articles détaillés : Anarchisme sans adjectif et Synthèse


anarchiste.
Lors du dernier tiers du xixe siècle et du début du xxe siècle, l'anarchisme est l'un des deux grands courants de la pensée révolutionnaire, en
concurrence directe avec le marxisme[44]. Avec Mikhaïl Bakounine, qui joue un rôle déterminant dans la Première Internationale dont il est évincé par
les partisans de Karl Marx en 1872, l'anarchisme prend un tour collectiviste face à la tendance mutualiste et respectueuse de la petite propriété privée
défendue par Pierre-Joseph Proudhon[44].

Sous l'influence des communistes libertaires, dont Pierre Kropotkine et Élisée Reclus, émerge ensuite le projet d'une réorganisation de la société sur
la base d'une fédération de collectifs de production ignorant les frontières nationales. Dans les années 1880-1890, sous l'inspiration notamment de
Errico Malatesta, l'anarchisme se scinde entre insurrectionnalistes et partisans d'une conception gradualiste à la fois « syndicaliste et éducative […]
fondée sur le primat pacifiste des solidarités vécues »[44].

Typologie
En 1928, dans l'Encyclopédie anarchiste, le Russe Voline définit « les trois idées maîtresses » : « 1° Admission définitive du principe syndicaliste, lequel
indique la vraie méthode de la révolution sociale ; 2° Admission définitive du principe communiste (libertaire), lequel établit la base d'organisation de
la nouvelle société en formation ; 3° Admission définitive du principe individualiste, l'émancipation totale et le bonheur de l'individu étant le vrai but de
la révolution sociale et de la société nouvelle »[52].

En 2007, l'historien Gaetano Manfredonia propose une relecture de ces courants sur la base de trois modèles[53].

Le premier, « insurrectionnel », englobe autant les mouvements


très organisés que les individualistes qui veulent détruire le
système autoritaire avant de construire, qu’ils soient
bakouniniens ou partisans de la propagande par le fait.
Le second, « syndicaliste », vise à faire du syndicat et de la
classe prolétaire, les principaux artisans tant du renversement
de la société actuelle, que les créateurs de la société future. Son
expression la plus aboutie est sans doute la Confédération
nationale du travail pendant la révolution sociale espagnole de
1936.
Le troisième est « éducationniste réalisateur » dans le sens où
les anarchistes individualistes privilégient la préparation de tout
changement radical par une éducation libertaire, une culture
formatrice, des essais de vie communautaires, la pratique de
l'autogestion et de l'égalité des sexes, etc. Ce modèle est
proche du gradualisme de Errico Malatesta et renoue avec
« l’évolutionnisme » de Élisée Reclus[54].

Courants socialistes

Articles détaillés : Socialisme libertaire, Anarcho-communisme,


Anarcho-syndicalisme et Marxisme libertaire.

Association
internationale
des travailleurs
(AIT)

« L'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes »

Statuts généraux adoptés par l'Association internationale des travailleurs lors du congrès fondateur de Genève en 1866[55]
Lucy Parsons, militante
ouvrière « Plus dangereuse
que mille émeutiers » selon
la police américaine.

Les socialistes libertaires, selon les tendances, considèrent que la société anarchiste peut se construire par mutualisme, collectivisme, communisme,
syndicalisme, mais aussi par conseillisme. L'abolition de la propriété lucrative et l'appropriation collective des moyens de production est un point
essentiel de cette tendance. Par « propriété », on n'entend pas le fait de posséder quelque chose pour soi, mais de le posséder pour en tirer des
revenus du travail des autres (différent de la propriété d'usage). Ces courants, composés initialement de Proudhon (et de ses successeurs), puis de
Bakounine, étaient présents au sein de l'Association internationale des travailleurs (Première internationale), jusqu'à la scission de 1872 (où
Bakounine et Karl Marx se sont trouvés opposés). Le socialisme libertaire établit un pont entre le socialisme et l'individualisme (notamment par le
biais du coopérativisme et du fédéralisme) combattant tant le capitalisme que l'autoritarisme sous toutes ses formes.

L'anarchisme proudhonien se manifeste par l’attachement à la


propriété individuelle et à l’entraide entre communautés et
ateliers. Il défend l'autogestion fédéraliste, un travaillisme
pragmatique, un justicialisme idéo-réaliste et une économie
mutualiste. Le travail, fondement de la société, devient le levier
de la politique, le réalisateur de la liberté. Le justicialisme
permet un pluralisme à travers un équilibre des forces
physiques et sociales. Le fédéralisme permet le dynamisme et
l'équilibre de la société pluraliste (auteurs : Pierre-Joseph
Proudhon, James Guillaume, Maurice Joyeux).
L'anarchisme collectiviste ou socialisme libertaire, qui propose
une gestion collective égalitariste de la société (mouvement
largement influencé par les écrits de Mikhaïl Bakounine et de
Ricardo Mella).
Le communisme libertaire, qui de l'adage « À chacun selon ses
besoins, de chacun selon ses capacités » veut, d'un point de vue
économique, partir du besoin des individus afin de produire par
la suite le nécessaire pour y répondre ; ce qui politiquement est
lié étroitement avec l'anarchisme qui part des volontés de
chaque individu réel, par la liberté politique pour
créer/construire la société à l'échelle des humains
vivants/désirants (mouvement largement influencé par les
écrits de Errico Malatesta, Pierre Kropotkine et Élisée Reclus).
L'anarcho-syndicalisme, courant devenu dominant au sein de
l'anarchisme après la faillite de sa tendance violente au cours
des années 1880-1890[44], propose une méthode : le
syndicalisme, couplé à l'anarchisme, comme moyen de lutte et
d'accès vers une société anarchiste (mouvement largement
influencé par les écrits d'Émile Pouget, Pierre Monatte et
Fernand Pelloutier).
Le marxisme libertaire, qui s’inspire des écrits de Maximilien
Rubel, est théorisé par l’écrivain Daniel Guérin. Ce courant
reprend parfois la notion de communisme libertaire présenté ci-
dessus. D’autres militants peuvent être rattachés à ce courant,
comme l'allemand Rudi Dutschke ou le suisse Fritz Brupbacher.
Le municipalisme libertaire de Murray Bookchin, forme
d'initiative locale de communisme libertaire et de
communalisme écologiste, ayant aussi inspiré le
confédéralisme démocratique en place au Rojava (Nord-Est de
la Syrie).
L'anarchisme insurrectionnel qui prône l'insurrection, la révolte
(auteurs : Wolfi Landstreicher, Alfredo M. Bonanno).
L'anarcho-indépendantisme, qui définit la nature anarchiste de la
lutte pour l'émancipation des peuples (à ne pas confondre avec
le national-anarchisme).
Le postanarchisme qui s'inspire de la pensée post-structuraliste
et post-marxiste.
Le sionisme libertaire est un courant politique qui naît après le
sentiment d'échec de l'action révolutionnaire des Juifs à l'issue
des grands pogroms des années 1890. Les anarchistes comme
les socialistes viennent à penser que la question juive ne peut
faire l'économie d'un projet de société séparée en attendant la
révolution mondiale. Pour les anarcho-sionistes, il s'agit de
fonder un foyer national sans État. Ce courant n'adhèrera pas au
sionisme de Theodor Herzl (auteur français : Bernard Lazare).
Les cinq tendances (socialiste, communiste, syndicaliste, proudhonienne et insurrectionnelle) se rejoignent et coexistent au sein des différentes
associations. L'ensemble de ces courants se caractérise par une conception particulière du type d'organisation militante nécessaire pour avancer
vers une révolution. Ils se méfient de la conception centralisée d'un parti révolutionnaire, car ils considèrent qu'une telle centralisation mène
inévitablement à une corruption de la direction par l'exercice de l'autorité.

Courants individualistes
Selon E. Armand dans l'Encyclopédie anarchiste : « Les individualistes anarchistes sont des anarchistes qui considèrent au point de vue individuel la
conception anarchiste de la vie, c'est-à-dire basent toute réalisation de l'anarchisme sur « le fait individuel », l'unité humaine anarchiste étant
considérée comme la cellule, le point de départ, le noyau de tout groupement, milieu, association anarchiste »[56].

Les individualistes nient la nécessité de l’État comme régulateur et modérateur des rapports entre les individus et des accords qu’ils peuvent passer
entre eux. Ils rejettent tout contrat social et unilatéral. Ils défendent la liberté absolue dans la réalisation de leurs aspirations.

L'anarchisme individualiste, qui défend l'autonomie individuelle


contre toute forme d'autorité et d'aliénation (État, Religion, etc.),
et propose la libre association libertaire entre les individus
(mouvement largement influencé par les écrits de Max Stirner,
John Henry Mackay, Victor Basch, E. Armand, Zo d'Axa,
Lysander Spooner, Benjamin Tucker, Han Ryner).
Le néo-anarchisme ou postanarchisme apparaissent en fin du
xxe siècle. Termes polémiques, ils opposent un « anarchisme
classique » ou « traditionnel » plutôt centré sur la lutte de
classes à un anarchisme de la modernité ou de la
postmodernité qui serait plus culturel et hédoniste (auteurs :
Michel Onfray, Daniel Colson).

Courants féministes

Articles détaillés : Anarcha-féminisme et Liberté sexuelle et


anarchisme.

Voltairine de Cleyre en 1891.

Miliciennes de la Colonne Durruti en


1936.

L'anarcha-féminisme ou féminisme libertaire, qui combine féminisme et anarchisme, considère la domination des hommes sur les femmes comme
l'une des premières manifestations de la hiérarchie dans nos sociétés. Le combat contre le patriarcat est donc pour les anarcha-féministes partie
intégrante de la lutte des classes et de la lutte contre l'État, comme l'a formulé Susan Brown : « Puisque l'anarchisme est une philosophie politique
opposée à toute relation de pouvoir, il est intrinsèquement féministe »[57].

Un des aspects principaux de ce courant est son opposition aux conceptions traditionnelles de la famille, de l'éducation et du rôle des genres,
opposition traduite notamment dans une critique radicale de l'institution du mariage. Voltairine de Cleyre affirme que le mariage freine l'évolution
individuelle, tandis que Emma Goldman écrit que « Le mariage est avant tout un arrangement économique […] la femme le paye de son nom, de sa vie
privée, de son estime de soi et même de sa vie ». Le féminisme libertaire défend donc une famille et des structures éducatives non hiérarchiques,
comme les écoles modernes inspirées de Francisco Ferrer.

L'anarcha-féminisme peut apparaître sous forme individuelle, comme aux États-Unis, alors qu'en Europe il est plus souvent pratiqué sous forme
collective. Autrices : Virginia Bolten, Emma Goldman, Voltairine de Cleyre, Madeleine Pelletier, Lucía Sánchez Saornil, l'organisation féminine
libertaire[58] Mujeres Libres.

Courants écologistes

Articles détaillés : Écologie libertaire, Écologie sociale (théorie


philosophique), Municipalisme libertaire et Anarcho-primitivisme.
Pour l'écologie libertaire, les ressources ne sont plus déterminées par les besoins de chacun mais par leur limite naturelle. Ce courant se situe au
croisement de l'anarchisme et de l'écologie. Selon Robert Redeker dans la revue Le Banquet, un des éléments constitutifs de cette rencontre est « le
développement de la question nucléaire, qui a joué un grand rôle en amalgamant dans le même combat milieux libertaires post-soixante-huitards,
scientifiques et défenseurs de la nature »[59].

L'écologie libertaire s'appuie sur les travaux théoriques des géographes Élisée Reclus et Pierre Kropotkine. Elle critique l'autorité, la hiérarchie et la
domination de l'homme sur la nature. Elle propose l'auto-organisation, l'autogestion des collectivités, le mutualisme[60]. Ce courant est proche de
l'écologie sociale élaborée par l'américain Murray Bookchin[61],[62].

Très critique envers la technologie, elle défend l'idée que le mouvement libertaire doit, s'il veut évoluer, rejeter l'anthropocentrisme : pour les
écologistes libertaires, l'être humain doit renoncer à dominer la nature.

L'écologie sociale cherche à régler les problèmes écologiques


par la mise en place d'un modèle de société adapté au
développement humain et à la biosphère. C’est une théorie
d’écologie politique radicale fondée sur le municipalisme
libertaire qui s’oppose au système capitaliste actuel de
production et de consommation (auteurs : Murray Bookchin,
Élisée Reclus).
L'anarcho-primitivisme, qui mélange les idées primitivistes et
anarchistes (auteurs : Fredy Perlman, John Moore, John
Zerzan).
Le courant anti-industriel, qui se distingue par une critique
radicale de toutes les technologies issues des révolutions
industrielles des xixe et xxe siècles (auteurs : Theodore
Kaczynski, Kirkpatrick Sale).
La décroissance anarchiste, qui intègre les contenus de la
décroissance dans la réflexion et le projet anarchiste (auteurs :
Jean-Pierre Tertrais[63],[64], John Rackham[65]).
L'écopunk est centrée sur la cause animale et l’écologie
radicale[66],[67].

Courants chrétiens

Articles détaillés : Anarchisme chrétien et Anticléricalisme.

Portrait de Léon Tolstoï, Ilia


Répine (1887).

L'anarchisme chrétien entend concilier les fondamentaux de l'anarchisme (le rejet de toute autorité ecclésiale ou étatique) avec les enseignements de
Jésus de Nazareth, pris dans leur dimension critique vis-à-vis de l'organisation sociale. D'un point de vue social, il se fonde sur la « révolution
personnelle », soit la métamorphose de chaque individu au quotidien. Léon Tolstoï, Søren Kierkegaard, Jacques Ellul, Dorothy Day, Ferdinand Domela
Nieuwenhuis et Ivan Illich en sont les figures les plus marquantes[68].

Selon Ellul, « Tout cela, que l’on voit (le conformisme, le conservatisme social et politique des Églises ; le faste, la hiérarchie, le système juridique des
Églises ; la « morale » chrétienne ; le christianisme autoritaire et officiel des dignitaires des Églises…), c’est le caractère « sociologique et
institutionnel » de l’Église, […] ce n’est pas l’Église. Ce n’est pas la foi chrétienne. Et les anarchistes avaient raison de rejeter ce christianisme »[69]. Par
ailleurs, l'anarchisme est pour Ellul « la forme la plus aboutie du socialisme »[69].

L'« anarcho-personnalisme » exprimé par Emmanuel Mounier et les « pédagogues de la libération » comme Paulo Freire au Brésil et Jef Ulburghs en
Belgique partagent des racines avec ce courant. Simone Weil y fut sensible.

Aux États-Unis, le mouvement Jesus Radicals (en)[70] s'inscrit dans cette mouvance.

Courants non violents

Articles détaillés : Anarchisme non violent et Antimilitarisme.


Le fusil brisé, symbole de
l'anarchisme non violent.

L'anarchisme non violent est un mouvement dont le but est la construction d'une société refusant la violence. Les moyens utilisés pour arriver à cette
fin sont en adéquation avec celle-ci : écoute et respect de toutes les personnes présentes dans la société, choix de non-utilisation de la violence,
respect de l'éthique (la fin ne justifie jamais les moyens), place importante faite à l'empathie et à la compassion, acceptation inconditionnelle de
l'autre.

Apolitique, profondément humaniste, il vise à rassembler les hommes et les femmes pour construire une société où chacun puisse se réaliser (la
société est au service de l'individu) et en même temps incite l'individu à collaborer, à contribuer au bien-être de tous les acteurs de la société
(l'individu est au service de la société)[71],[72].

Personnalités marquantes : Léon Tolstoï, Louis Lecoin, Barthélemy de Ligt, May Picqueray, Jean Van Lierde.

Courant de droite

Article détaillé : Anarchisme de droite.


L'anarchisme de droite est un courant littéraire français qui regroupe des auteurs s'opposant aux formes gouvernementales traditionnelles comme la
démocratie, la république, le pouvoir des intellectuels et le conformisme. Il s'agit d'une attitude et d'une esthétique plutôt que d'une idéologie
structurée, qui se cristallise autour de valeurs « de droite » telles que l'anti-égalitarisme aristocratique, l'individualisme et l'esprit « libertin » (auteurs :
Louis-Ferdinand Céline, Paul Léautaud, François Richard, Michel-Georges Micberth).

Crypto-anarchisme

Article détaillé : Crypto-anarchisme.


Le crypto-anarchisme qui s'intéresse à l'étude et au combat de toutes les formes de cyber-pouvoirs de domination engendrées par le statu quo
technologique de l'internet militarisé actuel. Les crypto-anarchistes prônent la démilitarisation et la libération totale du cyber-espace et de l'ensemble
de ses technologies, de telle sorte qu'ils ne produisent plus de cyber-pouvoirs de domination sur les peuples. Ainsi, le crypto-anarchisme est
réellement un prolongement naturel et transverse de tous les courants de pensée anarchistes, qui furent tous inventés et conceptualisés dans un
contexte historique où le cyber-espace et les réseaux de télécommunication n'existaient pas, c'est-à-dire dans un contexte où la notion de cyber-
pouvoir n'existait pas.
Autres courants

Logo Action antifasciste.

Logo du Red and


Anarchist Skinheads.

Au xxe siècle, des courants nouveaux apparaissent, moins connus ou ayant leur autonomie propre, et n'entrant pas dans le cadre des tendances
existantes. Ces différents courants/tendances se rejoignent dans la volonté de mettre en place une société libertaire, où la liberté politique serait la
règle. C'est surtout après la Seconde Guerre mondiale qu'apparaissent d'autres courants dans différents domaines : politiques, philosophiques et
littéraires. Ils se démarquent parfois assez radicalement des doctrines anarchistes classiques.

L'anarchisme épistémologique est un mouvement qui s'oppose


à l'autoritarisme intellectuel et politique s'appuyant sur la
transmission coercitive du savoir, la hiérarchie intellectuelle et la
censure, et qui prône au contraire la liberté de pensée et
d'expression, la diversité de pensée et de culte, et la libre
adhésion aux idées (auteur : Paul Feyerabend).
L'anarcho-punk est un courant musical, culturel et politique
influencé par l'anarchisme et le mouvement punk.
L'anarchisme queer qui cherche à radicaliser le mouvement
LGBTI d'un côté, et de l'autre à « queeriser » les réseaux
anarchistes à travers la mise en avant des questions
d'homophobie et de transphobie.

Conflits entre courants


Les tendances de l'anarchisme historique (socialiste, syndicaliste, proudhonien, communiste et individualiste stirnerien) sont également les plus
actives politiquement et idéologiquement, et les mieux organisées. Elles peuvent en outre revendiquer un héritage historique très riche, qui s'est
construit au fil des décennies autour d'un militantisme et d'un activisme très vivaces. Elles constituent encore de nos jours le noyau dur de
l'anarchisme actif, et une majorité d'anarchistes considère que ce sont les seuls mouvements qui peuvent légitimement revendiquer l'appellation
d'anarchisme. Ce sont ces mêmes courants qui s'associent parfois pour faire front commun au sein d'organisations synthésistes.

Au sein du mouvement libertaire, d'autres courants non traditionnels sont plus ou moins bien accueillis (selon les tendances), certains étant
considérés comme un enrichissement de l'anarchisme, d'autres non. Néanmoins, les diverses tendances se rejettent parfois mutuellement, les
individualistes pouvant rejeter la composante socialiste et réciproquement (notamment dans le cas d'une organisation politique de type
plateformiste).

Pour les courants libertaires traditionnels, les courants tels que le national-anarchisme, l'anarcho-capitalisme et l'anarchisme de droite sont rejetés,
considérant que les idées de ces mouvements sont extérieures à l'anarchisme politique et historique et qu'elles n'ont aucun point commun avec les
leurs, voire qu'elles leur sont fondamentalement opposées. Les nationalistes anarchistes sont pointés du doigt pour leur promiscuité politique avec
l'extrême-droite (pour la branche proche du néonazisme) ou l'incompatibilité de défendre le nationalisme et l'internationalisme. L'anarchisme de droite
est critiqué pour son incohérence et son inexistence en tant que mouvement politique. Les critiques à l'encontre des anarcho-capitalistes contestent
la possibilité de combiner l'anarchisme et le capitalisme, ce dernier étant considéré par eux comme une source d'exploitation. L'anarchisme chrétien
est critiqué par ceux qui estiment que la religion est source d'oppression et d'aliénation.

Expériences historiques au xixe siècle et avant-


guerre

Articles détaillés : Histoire de l'anarchisme et Communauté


libertaire.

Organisations primitives apparentées


De nombreux peuples dits primitifs, généralement des chasseurs-cueilleurs comme les Aeta, mais aussi des agriculteurs comme les Papous, sont
dépourvus de structures d'autorité et le pouvoir de coercition n'y est pas considéré comme légitime (voir les travaux de l'anthropologue et ethnologue
français Pierre Clastres).

Propagande par le fait


La « propagande par le fait », à ne pas confondre avec l'action directe, est une stratégie d'action politique développée par certains anarchistes à la fin
du xixe siècle en association avec la propagande écrite et verbale[73]. Elle proclame le « fait insurrectionnel », moyen de propagande le plus efficace[74]
et vise à sortir du terrain légal pour passer d'une « période d’affirmation » à une « période d’action », de « révolte permanente », la « seule voie menant
à la révolution ». Les actions de propagande par le fait utilisent des moyens très divers dans l'espoir de provoquer une prise de conscience
populaire[75]. Elles englobent les actes de terrorisme, les actions de récupération et de reprise individuelle, les expéditions punitives, le sabotage, le
boycott, voire certains actes de guérilla[76]. Bien qu'ayant été largement employé au niveau mondial (sont notamment assassinés le président français
Sadi Carnot, celui des États-Unis William McKinley ou encore l'impératrice Sissi), le recours à ce type d'action est resté un phénomène marginal
dénoncé par de nombreux anarchistes. À la suite d'un bilan critique, cette pratique est abandonnée au début du xxe siècle au profit de l'action
syndicale.
En périodes révolutionnaires

Drapeau Tierra y Libertad au-dessus


de Tijuana, prise par les combattants
du Parti libéral mexicain, le 8 mai
1911.

Les « Enragés » pendant la Révolution française comptent peu d'anarchistes, à l'exception de quelques individualités, notamment Jean-François
Varlet.

Durant la Commune de Paris en 1871 on mentionne parfois Louise Michel, qui n'était alors pas anarchiste mais blanquiste.

La collectiviste Nathalie Lemel, Élie et Élisée Reclus, ou encore d'autres militants n'étaient pas anarchistes à l'époque. Ce n'était pas le cas non plus
d'Eugène Varlin, Gustave Lefrançais, Charles Ledroit, Jules Montels, François-Charles Ostyn, ou Jean-Louis Pindy, même si certains anarchistes
comme Maurice Joyeux voient un lien avec l'anarchisme[77].

En 1873, la révolution cantonale pendant la première République espagnole eut une forte influence sur le mouvement anarchiste espagnol.

Révolution mexicaine
En 1911, Le 29 janvier, le Parti libéral mexicain (PLM) d'obédience anarchiste, planifie l'invasion du territoire de Basse-Californie du Nord, pour en faire
une base opérationnelle dans la guerre révolutionnaire. Le parti déclare alors la création de la « république socialiste de Basse-Californie ».

De février à juin 1911 il prend contrôle, notamment grâce aux frères Flores Magón et avec l'aide d'une centaine d'internationalistes armés membres
du syndicat Industrial Workers of the World (Travailleurs Industriels du monde), de la majeure partie du district nord du territoire de Basse Californie,
notamment des bourgades de Tijuana (100 habitants), Mexicali (300 habitants), et Tecate. Les magonistes incitent le peuple à prendre possession
collectivement de la terre, à créer des coopératives et à refuser l'établissement d'un nouveau gouvernement. Durant cinq mois ils vont faire vivre la
3Commune de Basse-Californie3 : expérience de communisme libertaire avec abolition de la propriété, travail collectif de la terre, formation de
groupes de producteurs, etc.

En 1914, le mouvement Ghadar, animé par l'anarchiste Lala Har Dayal, développe une idée de société anarchiste enracinée dans les écrits védiques.
Drapeau attribué à la Makhnovtchina
(1918-1921), musée de Houliaïpole.

Révolution russe
Pendant la révolution russe, en Ukraine, Nestor Makhno conduit la Makhnovchina pendant trois ans (1918-1921), une armée anarchiste de guérilla
organisée sur la base du volontariat, et qui comptera jusqu'à 100 000 combattants ayant pour objectif de protéger le nouveau modèle révolutionnaire
libertaire mise en place dans le sud de l'Ukraine. Cette dernière combattit avec succès les armées blanches au côté de l'armée rouge, avant d'être
trahie par Lénine et Trotsky qui se retournèrent contre elle (voir : Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne). Par ailleurs, en Russie, la
pensée libertaire était fortement présente lors de la Révolte de Kronstadt (mars 1921) et plus généralement dans les Soviets jusqu'à leur mise au pas
par le parti bolchevique.

En Bavière, en 1919, les anarchistes Gustav Landauer et Erich Müsham participent activement à la république des conseils de Bavière. En
Mandchourie, en août 1929, sous l'impulsion de Kim Jwa-jin et de la Fédération Anarchiste Coréenne en Mandchourie, se forme une administration à
Shimmin (une des trois provinces mandchouriennes). Organisée en tant qu'Association du Peuple Coréen en Mandchourie (APCM), elle se présente
comme « un système indépendant autogouverné et coopératif des coréens qui rassemblent tout leur pouvoir pour sauver notre nation en luttant
contre le Japon ». La structure était fédérale allant des assemblées de villages jusqu'à des conférences de districts et de zones. L'association
générale mit en place des départements exécutifs pour s'occuper de l'agriculture, de l'éducation, de la propagande, des finances, des affaires
militaires, de la santé publique, de la jeunesse et des affaires générales.

Révolution sociale espagnole de 1936

Article détaillé : Révolution sociale espagnole de 1936.


Lors de la révolution espagnole de 1936-38, des régions entières (Catalogne, Andalousie, Levant, Aragon) se soulevèrent contre le coup d'état
franquiste, et, par l'impulsion du prolétariat armé et organisé en milices révolutionnaires sous l'égide de la CNT et de la FAI, instaurèrent un régime
politique et économique communiste libertaire. La ville de Barcelone, ou l'anarchisme se trouve particulièrement bien implanté, deviendra alors le
symbole de la révolution, avec des centaines d'usines, de transports, de restaurants, d’hôpitaux, d’hôtels, ou d'autres entreprises collectivisées
passant au modèle autogestionnaire. Plusieurs colonnes de combattants anarchistes seront également formées pour partir au front, la plus célèbre
sera la Colonne Durruti qui regroupa 6 000 volontaires. Cette expérience reste à ce jour la plus importante mise en place d'un système politique
libertaire à grande échelle.

Durant la guerre 1939-45 en Italie, création par des résistants d'une république libertaire près de Carrare.

En périodes non révolutionnaires

L'État libre islandais (Þjóðveldisöld en islandais) de 930 à 1262


avec l'Althing et les goðar [réf. nécessaire].
Au Brésil, en 1891, dans le Paraná, création de la Colônia
Cecília.
Au Paraguay, en 1896, création de la coopérative Cosme.
Au Mexique, en 1881, création de la métropole socialiste
d'occident.
En Espagne, début du xxe siècle, création de La Escuela
moderna par Francisco Ferrer. Le mouvement s'internationalise
grâce aux Modern school.
En Angleterre, en 1921, fondation de la Summerhill School par
Alexander Sutherland Neill.
En Espagne, maquis urbains anti-franquistes entre les années
1940 et 1960 avec des figures telles que Francisco Sabaté
Llopart et José Luis Facerias.
En France, fin xixe siècle et début xxe siècle, création de
diverses colonies libertaires (Colonie libertaire de Ciorfoli, La
Clairière de Vaux, Libertaire-Plage, etc.).
En France, en 1880 création de l'orphelinat de Cempuis, et en
1904 de l'école libre La Ruche (près de Rambouillet).
En Suisse, Dans les années 1870, la Fédération jurassienne était
la représentante de l’anarchisme en Suisse. Acquise aux idées
libertaires de Mikhaïl Bakounine, elle s’affirme durant une
décennie comme la figure de proue de l’Internationale
antiautoritaire.
Sur ces diverses périodes expérimentales
L'échec de ces expériences sera dû, selon les anarchistes, à plusieurs facteurs, externes ou internes au mouvement anarchiste, dont la situation
politique internationale défavorable, le trop faible soutien populaire ou international, la répression, les contraintes inhérentes à une situation de guerre
révolutionnaire, les entraves de jacobins, de bolcheviks (pour les Soviets en Russie), de staliniens lors de la Guerre d'Espagne.

Ces expériences parviennent toutefois à réaliser, selon les anarchistes, de nombreux principes anarchistes, en particulier en matière d'éducation libre,
de libre collectivisation des terres et des usines, de liberté politique, etc.

Expériences historiques Après-guerre

Articles détaillés : Municipalisme libertaire, Zone autonome


temporaire, Black bloc, Action antifasciste Paris-Banlieue et
Confédéralisme démocratique.

« Peu importe pour qui ils votent,


nous sommes ingouvernables ».

En France
Plusieurs militants de la révolte étudiante de mai 1968 en France ayant participé au Mouvement du 22 Mars et au Gauchisme dans les années qui
suivent ont été d'abord anarchistes ou le sont restés, comme Jean-Pierre Duteuil[78].

La Fondation de l'UGAC en 1965


La création en 1960 de l’UGAC (Union des Groupes Anarchistes Communistes), d’abord comme une simple tendance de la Fédération anarchiste,
puis comme un groupe autonome en 1964 fait augmenter fortement l'implantation des anarchistes mais aussi les tensions internes à ce courant[79].

La Fondation de la LEA en 1963-1964


Créée, la même année universitaire, en 1963-1964, a LEA (Liaison des Étudiants Anarchistes) n'apparaît que plus tard, en décembre 1965, à
l’université de Nanterre. Elle débute à la Sorbonne : l'anarchiste espagnol Tomás Ibáñez s'inscrit en 1963-1964 à la Sorbonne au département psycho,
place forte parisienne des lambertistes, le Comité de liaison des étudiants révolutionnaires (CLER) y étant dirigé par Claude Chisserey[80]. Ce dernier
le présente à Richard Ladmiral, membre de Noir et Rouge, ami de Christian Lagant[80], que Tomás Ibáñez avait connu au camping libertaire
international de Beynac[80]. Tous deux décident d’imiter les lambertistes[80], en créant eux aussi une « liaison étudiante », mais anarchiste cette fois, la
Liaison étudiante anarchiste ou LEA[80].

Richard Ladmiral et Tomás Ibáñez entament une collaboration assez étroite avec la « Tendance syndicaliste révolutionnaire » impulsée par les
lambertistes de l'UNEF[80],sur le modèle de l’alliance tissée dans la région de Saint-Nazaire entre anarcho-syndicalistes – dont Alexandre Hébert était
la figure de proue – et lambertistes[80]. En Mai 68 à Nantes, des ouvriers "lambertistes" seront aux débuts du mouvement de grève générale[81] de Mai
68.

La LEA décide à la fin de l’été 1964 d'acquérir une envergure nationale, par un communiqué dans Le Monde libertaire[80] convoquant une réunion, en
octobre, à son local de la rue Sainte-Marthe[80]: une douzaine d’étudiants, y viennent, pami eux, Jean-Pierre Duteuil et Georges Brossard – fraichement
inscrits à la nouvelle université de Nanterre[80]. Venu du lycée de Nanterre, Jean-Pierre Duteuil participé à l’envahissement de la pelouse lors d’un
match de rugby à Colombes entre la France et l’Angleterre devant les caméras de télévision mais a aussi rencontré des militants anarchistes italiens
en Italie. La LEA Nanterre prône l'interruption de cours, le refus systématique de tout pouvoir, fût-il symbolique, et la critique virulente du contenu de
l’enseignement[80].

Au niveau national, la LEA est proche de la revue Noir et Rouge, animée notamment par Christian Lagant, Frank Mintz, Richard Ladmiral, Jean-Pierre
Poli, Pascale Claris et Pierre Tallet[82].

La création du Comité de liaison des jeunes anarchistes


La création du Comité de liaison des jeunes anarchistes fédéra des militants de diverses organisations (FA, UGAC, Noir et Rouge, inorganisés) et
Jean-Pierre Duteuil entra en 1966 au comité de rédaction du Monde libertaire et édita l’Anarcho de Nanterre, ronéoté.

Congrès de 1965 et 1967


Entre-temps, la Fédération Anarchiste avait adopté à son congrès de 1965 une motion en faveur du Mouvement Libertaire Cubain en Exil, critiquant
ouvertement le régime castriste, pourtant une référence parfois même chez les communistes libertaires de la Fédération Anarchiste[79]. Cette
dernière a procédé à l’expulsion de nombreux groupes et individus proches du communisme et du situationnisme au congrès de Bordeaux de
mai 1967, en particulier ceux de LEA (Liaison des Étudiants Anarchistes), ou encore le CLJA (Comité de Liaison des Jeunes Anarchistes)[79] qui
fédérait LEA et d'autres groupes.

Ce congrès de Bordeaux voit le départ d’une douzaine de groupes. Alors que la FA était passée de 47 groupes en 1966 à 67 groupes l'année suivante
elle revient, à la suite de ce congrès, à 47 groupes[79]. Les expulsés, parmi lesquels Jean-Pierre Duteuil, se fédérèrent pour un temps sous le nom de
« l’Hydre de Lerne »[80].

Ils vont alors se rapprocher, en particulier au sein de l'UNEF puis du Mouvement du 22 Mars, des trostskystes des JCR (Jeunesses communistes
révolutionnaires, trotskystes), et des maoïstes de l’UJCML (Union des Jeunesses Communistes Marxistes-Léninistes)[79]. L'UGAC défend ainsi alors
une politique « frontiste » fondée sur des alliances avec des mouvements maoistes ou trotskystes[83].

C'est aussi l'époque du départ des JAC (Jeunesses Anarchistes Communistes), créées en 1967, très actives dans les lycées parisiens, fin 1967 puis
début 1968 via les Comités d’Actions Lycéens (CAL). L’UGAC produit de son côté dès 1966 une "Lettre au mouvement anarchiste international"
affirmant sa conviction que l'anarchisme doit être une simple composante du mouvement révolutionnaire[83] et elle publie à partir de 1968 le journal
Tribune Anarchiste Communiste (TAC)[79].

Un premier "Groupe anarchiste de jeunes", avait été fondé au lendemain du camping international libertaire organisé par la FIJL en 1965 à Aiguilles,
dans le Queyras[84],[85].

Au Danemark
Le mouvement des communautés libertaires se poursuit, notamment à Copenhague au Danemark, avec la commune libre Christiania, un squat
autonome/autogéré au niveau d'un quartier. La mise en place d'Écovillages : agglomérations, généralement rurales, ayant un projet d'autosuffisance
variable, reposant sur un modèle économique alternatif telle la Coopérative européenne Longo Maï. L'écologie y est prépondérante.

Dans les années 1980, des libertaires sont présents dans le mouvement des radios libres, en Belgique comme en France avec Radio libertaire.
Une combattante du PKK en
2014.

Dans les années 1990, Hakim Bey introduit le concept de Zone autonome temporaire (Temporary Autonomous Zone - TAZ) interprété comme une
forme d'organisation permettant d'accéder à l'anarchie.

Mexique
En 1994, au Mexique, insurrection zapatiste du Chiapas. Sur des bases idéologiques d'orientation socialistes autogestionnaires l'EZLN prend les
armes contre l’État mexicain et déclare l'autonomie des territoires indigènes de la région. À partir de décembre 1994, les zapatistes constituent peu à
peu des communes autonomes, indépendantes de celles gérées par le gouvernement du Mexique. Ces communes mettent en œuvre des pratiques
d'autogestion et de communalisme tel que des services de santé gratuits, la socialisation des terres, des écoles là où il n'en existait pas et un
système de justice et de police communale.

Selon Roy Krøvel, « les anarchistes internationaux et les Zapatistes ont formé un mouvement global de solidarité qui est devenu, à son tour, une
inspiration majeure du mouvement global contre le néolibéralisme[86] ». Le zapatisme a été influencé par la pensée de Michel Foucault, bien connue
du sous-commandant Marcos[87].

États-Unis
En 1999 à Seattle, lors du contre-sommet de l'OMC, un black bloc est médiatisé au niveau international. Un black bloc désigne autant une tactique de
manifestation[88], une forme d'action directe collective[89] que des groupes d'affinité aux contours éphémères[90],[91]. Avant et après une action, un
Black Bloc n’existe pas[92]. Sans organigramme, ni porte-parole, il est principalement constitué d'individus tout de noir vêtus pour se fondre dans
l'anonymat, c'est un espace décentralisé, sans appartenance formelle ni hiérarchie. Il est formé principalement d'activistes issus des mouvances
libertaires[93].

Kurdistan
En 2006, à la mort de Murray Bookchin, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) s'engage à fonder la première société basée sur un
confédéralisme démocratique inspiré des réflexions du théoricien de l’écologie sociale et du municipalisme libertaire[94]. Le 6 janvier 2014, les
cantons du Rojava, dans le Kurdistan syrien, se fédèrent en communes autonomes. Elles adoptent un contrat social qui établit une démocratie directe
et une gestion égalitaire des ressources sur la base d’assemblées populaires. C’est en lisant l’œuvre de Murray Bookchin et en échangeant avec lui
depuis sa prison turque, où il purge une peine d’emprisonnement à vie, que le dirigeant historique du mouvement kurde, Abdullah Öcalan, fait prendre
au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) un virage majeur pour dépasser le marxisme-léninisme des premiers temps. Le projet internationaliste
adopté par le PKK en 2005, puis par son homologue syrien, le Parti de l'union démocratique (PYD), vise à rassembler les peuples du Proche-Orient
dans une confédération de communes démocratique, multiculturelle et écologiste[94],[95].

En 2007, une Metaversial Anarchist Federation est créée dans le monde virtuel de Second Life par des militants de divers pays.
Période actuelle

Black bloc lors de la journée


internationale des travailleurs à
Lausanne (Suisse), le 1er mai 2008.

Aujourd'hui, les anarchistes se sont organisés dans une multitude de groupes (fédération, collectif, groupe d'affinité informel, organisations, journaux,
syndicat, international, etc) et sont présents dans plusieurs mouvements sociaux non spécifiquement libertaire, sur des terrains aussi divers que :

La lutte politique : Fédération anarchiste, Union Communiste


Libertaire
Les journaux et médias : Le Monde libertaire, Alternative
Libertaire, Résistances Libertaires, Le Combat syndicaliste,
Indymedia

Le syndicalisme révolutionnaire et l'anarcho-syndicalisme : AIT,


IWW, CGT, CNT, FORA, SAC, Solidaires
Le féminisme libertaire : Mujeres Creando, La Alzada, Ainsi
squattent-elles !, Les Sorcières
Les nouveaux mouvements sociaux : Collectif contre les
expulsions, Droit au logement
La protection de l'environnement : ZAD, Mouvement
antinucléaire
L'antifascisme : REFLEXes, Action antifasciste
L'alternativisme : S!lence, B17 Nantes
L'autogestion : La Conquête du pain, Les Coopératives intégrales
La contre-culture : Infokiosque, Do it yourself
Le soutien aux émigrés et aux réfugiés : No Border[96], etc.
La lutte insurrectionnelle : Black bloc, mouvement autonome
La lutte armée : Conspiration des cellules de feu, Fédération
anarchiste informelle
La lutte révolutionnaire militaire : Bataillon international de
libération, Forces révolutionnaires internationales de guérilla
Le confédéralisme municipal basé sur les pensées de Murray
Bookchin : Mouvement Municipal[97]

Art, culture et esprit anarchiste

Article détaillé : Anarchisme dans l'art et la culture.


L'anarchisme a depuis longtemps des liens avec les arts créatifs, en particulier la peinture, la musique et la littérature. L'influence de l'anarchisme
dans l'art n'est pas qu'une question d'imagerie spécifique ou de figures publiques propres à l'anarchisme, mais peut être vue comme une approche
vers l'émancipation totale de l'homme et de l'imagination[98].

Dès le xixe siècle, des liens sont tissés entre artistes et anarchistes. Gustave Courbet est l’ami de Pierre-Joseph Proudhon[99]. Entre 1880 et 1914,
nombreux sont les artistes et les écrivains qui s’intéressèrent à l’anarchisme. Ils collaborent à des revues ou font parfois don de certaines œuvres. On
peut citer les noms de plusieurs peintres : Camille Pissarro[100], Paul Signac[101], Maximilien Luce[102] et Henri-Edmond Cross[103], ou le critique d'art
Félix Fénéon[104].

Plus significativement, l'esprit libertaire se retrouve dans les œuvres du mouvement dadaïste[105] et du surréalisme[106].

Dans le monde francophone, des personnalités comme Albert Camus[107],[108],[109], André Breton[110], Jacques Prévert[111], Boris Vian[112],[113], Robert
Desnos[114] ou Étienne Roda-Gil[115] marquent le champ culturel d'une empreinte libertaire. Il en est de même dans le cinéma[116], avec Jean-Pierre
Mocky[117] ou Luis Buñuel[118].

De manière plus directe, c'est en Espagne que la propagande artistique au service de l'anarchisme et de la révolution sociale connaîtra un immense
essor pendant la période de la guerre civile, à travers de très nombreuses affiches syndicales et militaires, ou encore même, par le théâtre libertaire et
le cinéma de reportage.

L'anarchisme ne s'exprime pas uniquement à travers un mouvement structuré ou une œuvre. Il peut aussi se manifester dans un état d'esprit, qu'on
retrouve dans l'engagement libertaire de Georges Brassens ou à la rédaction des journaux satiriques comme Hara Kiri ou encore Charlie Hebdo. À
propos de ces derniers, Michèle Bernier, la fille du professeur Choron, définit cet esprit anarchiste de la manière suivante : "Des mécréants, de joyeux
anars sans Dieu ni maître. C’était l’humour à plein pot fait par des gens extrêmement drôles et intelligents."[119].

On peut aussi évoquer l'esprit anarchiste de militants plus ou moins anonymes, comme Constant Couanault, ouvrier des cuirs et peaux en région
parisienne, secrétaire adjoint de la Confédération générale du travail - Syndicaliste révolutionnaire (CGTSR) dans les années 1930[120] et qui a sauvé
des enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Indépendamment de son militantisme, son attitude peut s'interpréter sous les traits de l'esprit
anarchiste : "Constant (Couanault) envoie bouler tel voisin antisémite, Constant bouffe du curé et du patron, Constant houspille les gosses
froussards."[121].
Critiques
Selon le philosophe et historien des idées politiques d'orientation libérale Philippe Nemo, une société anarchiste est impossible à la fois sur le plan
théorique et dans la pratique. Il constate que, tout au plus, on a pu observer uniquement « de brefs exemples historiques » mais aucune réalisation
durable. Il estime que cette impossibilité est définitive en se basant sur les questions posées au xixe siècle par Lord Acton concernant la politique :
qui doit exercer le pouvoir et quelles doivent être ses limites. Selon lui, la réponse anarchiste, en particulier des anarchistes socialistes, qui réunit un
pouvoir sans limitation, exercé par le peuple dans son ensemble, sans que ce pouvoir soit confisqué par un individu ou un groupe d'individus, est
fondamentalement instable. Pour Nemo, cette solution ne peut pas durer car elle tend à devenir soit un système totalitaire (prise de contrôle du
pouvoir par un individu ou un groupe) soit une démocratie libérale (limitation des pouvoirs exercés par tous). À l'inverse de la réponse anarchiste,
selon Nemo, ces deux réponses sont stables puisque, dans le premier cas, les pouvoirs de l'État sur tous permettent facilement son maintien au
pouvoir, tandis que dans le second, le « libéralisme rend possible l'existence d'opposants politiques, faisant vivre la démocratie »[122].

Le politiste Édouard Jourdain, indique que « Dans la lignée de la réception aux États-Unis de la French Theory, marquée principalement par des
auteurs comme Foucault, Deleuze et Derrida, certains théoriciens ont entrepris de critiquer un anarchisme marqué par la philosophie des Lumières en
se tournant vers le post-structuralisme ou le postmodernisme »[123]. Ainsi selon Jourdain, des auteurs tels que Saul Newman (en) et Todd May (en) se
réclamant du postanarchisme critiquent des conceptions de « l'anarchisme classique ». Une d'entre elles concerne la conception essentialiste de la
nature humaine et de la subjectivité : celle-ci étant par essence bonne, l’abolissement du pouvoir en réalisant l'humanité "naturelle" permettrait une
société harmonieuse[123].

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Dans l'art et la culture

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Divers

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Œuvres cinématographiques

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Eros + Massacre, Yoshishige Yoshida, à propos de Sakae Ōsugi


et Noe Itō, 1969.
Sacco et Vanzetti, Giuliano Montaldo, 1971.

L'An 01, Jacques Doillon, Gébé, Alain Resnais, Jean Rouch,


1973.
Nada, Claude Chabrol, 1973.

La Société du spectacle, Guy Debord, 1973.

La Patagonia rebelde, Héctor Olivera, 1974.

La Cecilia, Jean-Louis Comolli, 1976.

Land and Freedom, Ken Loach, 1994.

Libertarias, Vicente Aranda, 1996.

La Belle Verte, Coline Serreau, 1996.

The Edukators, Hans Weingartner, 2004.

V pour Vendetta, James McTeigue, 2006.

Les Anarchistes, Elie Wajeman, 2015.

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Notes et références

Notes

1. « Libertaire» est un néologisme créé en 1857 par Joseph


Déjacque pour renforcer le caractère égalitaire de l'anarchisme.
Il sera aussi utilisé durant la période des lois scélérates afin de
ne pas employer le terme « anarchiste » et après que ce dernier
ait été présenté comme synonyme de désordre.

Références

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jamais été un symbole d'extrême-droite (https://www.francec
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contestation au xxe siècle, Larousse, coll. « In Extenso », 1999

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AJ&focus=searchwithinvolume&q=libertaire) [archive]. Dans ce
chapitre, Philippe Boggio évoque principalement la création du
Déserteur, et des chansons créées pour La Bande à Bonnot ; il
souligne, après l'arrêt de la comédie musicale, que Boris Vian
« est fixé : le public, les producteurs n'aiment pas la veine
libertaire », ce qui le conduit plus tard, à interpréter lui-même
ses chansons.

113. Gilbert Pestureau, « Boris Vian, témoin anarchiste de la


Libération », French Cultural Studies, vol. 5, no 15,‎
octobre 1994, p. 293-300
(DOI

10.1177/095715589400501509 (https://dx.doi.org/10.1177/0957155894005015

) (Ce texte a été aussi été republié dans le tome neuvième des
œuvres de Boris Vian, pages 1101 à 1108) : Gilbert Pestureau,
faisant référence au traitement de l'antimilitarisme dans
L'Équarrissage pour tous, et du racisme américain dans une
des Chroniques du menteur, « Impressions d'Amérique »,
indique : « On peut estimer pourtant que la provocation
libertaire et l'éthique anarchiste sont inadmissibles à propos
de sujets aussi douloureux que les camps de la mort ou la
tragédie du peuple noir. L'humoriste répondra que c'est le seul
moyen de supporter l'inacceptable ». Gilbert Pestureau conclut
son analyse par ces mots : « Il témoigne d'une méfiance
tonique contre les idéologies triomphantes, ou les systèmes de
pensée organisés, et ce désengagement est part de son
originalité ; ne serait-il d'ailleurs pas en cela « postmoderne » ?
À coup sûr, son pacifisme anarchisant et sa revendication de
l'épanouissement de l'individu furent déterminants dans la
gloire qui le saisit en 1968. »

114. Jean-Louis Trintignant, Trois Poètes libertaires, Sic


Productions (http://www.sic-productions.com/programme201
22013/Pieces/TROISPOETESLIBERTAIRESDUXXeSIECLE.ht
m) [archive].

115. Dictionnaire international des militants anarchistes, notice


biographique (http://militants-anarchistes.info/spip.php?article
7780) [archive].

116. Section Histoire du cinéma libertaire, in Arbus P., Bousquet F.


(dir.), Cinéma et identités collectives, 2005, Éditions Le
Manuscrit, texte intégral (https://books.google.be/books?id=x7
0-gcA7kPAC&pg=PA239) [archive]
117. Jean-Pierre Mocky le libertaire vedette d'"Un réalisateur dans la
ville" à Nîmes, Culturebox, 29 juillet 2013, lire en ligne (http://cu
lturebox.francetvinfo.fr/jean-pierre-mocky-le-libertaire-vedette-
dun-realisateur-dans-la-ville-a-nimes-139903) [archive].

118. Anne Dessuant, Dans l'œil de Buñuel (http://television.teleram


a.fr/tele/programmes-tv/dans-l-oeil-de-bunuel,53213717.ph
p) [archive], Télérama, 29 juin 2013.

119. Michèle Bernier : "Je ne reconnais plus le Charlie de mon


enfance", JDD, le 23 janvier 2016,
https://www.lejdd.fr/Medias/Presse-ecrite/Michele-Bernier-Je-
ne-reconnais-plus-le-Charlie-de-mon-enfance-769537 [archive]

120. https://maitron.fr/spip.php?article153875&id_mot= [archive]

121. Cité par I. Jablonka, Histoire des grands-parents que je n'ai pas
eus, Seuil 2012, p. 219

122. Philippe Nemo, Histoire des Idées Politiques, PUF, 2003, p. 23-
24.

123. Édouard Jourdain, L'anarchisme, La Découverte, 2016. Chapitre


V : Pluralité des théories.

124. Éric Aeschimann, Comment la domestication du blé a piégé


l'humanité, L'Obs, 14 janvier 2019, lire en ligne (https://bibliobs.
nouvelobs.com/idees/20190103.OBS7930/comment-la-domes
tication-du-ble-a-piege-l-humanite.html) [archive].

125. « Capitalisme, mouvements sociaux, écologie… Les nouveaux


anarchismes. Avec Catherine Malabou » (https://www.francecu
lture.fr/emissions/l-invite-e-des-matins/capitalisme-mouveme
nts-sociaux-ecologie-les-nouveaux-anarchismes) [archive],
France Culture, L'invité(e) des matins par Guillaume Erner, le
5 janvier 2022.

126. Cyril Legrand, L’anarchisme des intellectuels, PUF, La Vie des


idées, 27 février 2023, [lire en ligne (https://laviedesidees.fr/L-anarchis
me-des-intellectuels.html) [archive]].

127. Magdaline Boutros, « L’anarchisme » : une soif de liberté


absolue, Le Devoir, 30 mars 2019, lire en ligne (https://www.led
evoir.com/lire/550894/l-anarchisme-une-soif-de-liberte-absolu
e) [archive].

128. « Dans son nouveau one shot, Nicolas Debon s'inspire de


l'histoire vraie d'une communauté anarchiste installée dans les
Ardennes en 1903. Fonctionnant sur le principe de liberté et
sur les préceptes libertaires, la communauté de L'Essai illustre
à merveille l'espoir d'un modèle de société différent et exempt
de toute autorité, dans une France plongée dans la misère. »

129. Romain Blondeau, « Un film de Banksy sur la culture


anarchiste disponible en ligne », Les Inrockuptibles,‎
16 août 2011 (lire en ligne (http://www.lesinrocks.com/2011/08/16/cine
ma/un-film-de-banksy-sur-la-culture-anarchiste-disponible-en-ligne-111101

7/) [archive], consulté le 16 août 2011).

130. Histoire vivante, RTS Deux, 16 octobre 2016, lire en ligne (htt
p://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/a-voir/7997043-ni-dieu-ni
-maitre-une-histoire-de-l-anarchisme-episodes-1-2-et-2-2.htm
l) [archive].

131. Olivier Meuwly, « Si l'anarchisme m'était conté… », L'Hebdo,‎


31 octobre 2016 (lire en ligne (http://www.hebdo.ch/les-blogs/meuwly-o
livier-politique-le-scalpel-de-lhistoire/si-lanarchisme-m%C3%A9tait-cont%C

3%A9) [archive]).

132. Mathieu Dejean, Tancrède Ramonet, « "Aujourd’hui


l'anarchisme a tendance à ne plus dire son nom" », Les
Inrocks,‎31 janvier 2017 (lire en ligne (http://www.lesinrocks.com/201
7/01/31/actualite/aujourdhui-lanarchisme-a-tendance-a-ne-plus-dire-nom-1

1908726/) [archive]).

Voir aussi

Articles connexes

Concepts

Anarchie
Anarchisme insurrectionnaliste
Anarcho-capitalisme
Anarcho-communisme
Anarcho-syndicalisme
Anthropologie anarchiste
Antiautoritarisme
Antiétatisme
Anticonformisme
Antipartisme
Autogestion
Black bloc
Communisme de conseils
Communisme libertaire
Démocratie directe
Fédéralisme
Individualisme libertaire
Libertaire
Liberté
Libre examen
Libre-pensée
Libertarisme de gauche
Marxisme libertaire
Municipalisme libertaire
Socialisme libertaire
Société sans État
Anarchisme et franc-maçonnerie
Histoire

Histoire de l'anarchisme
Anarchisme par zone géographique

Théoriciens

Mikhaïl Bakounine (1814-1876)


Alfredo M. Bonanno (1937-2023)
Murray Bookchin (1921-2006)
Joseph Déjacque (1821-1865)
Pierre Kropotkine (1842-1921)
Nestor Makhno (1889-1934)
Errico Malatesta (1853-1932)
Fredy Perlman (1934-1985)
Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865)
Élisée Reclus (1830-1905)
Max Stirner (1806-1856)
Voline (1892-1945)

Organisations

Article détaillé : Liste d'organisations anarchistes.

Black International
Association internationale des travailleurs (anarcho-
syndicaliste)
Fédération anarchiste
Movimiento Ibérico de Liberación

Historiens

Article détaillé : Historiens de l’anarchisme.

Médias

Article détaillé : Liste de périodiques anarchistes.

Presse anarchiste
Filmographie de l'anarchisme
Filmographie de l'altermondialisme

Liens externes

Ressource relative à la recherche : Stanford Encyclopedia of


Philosophy (https://plato.stanford.edu/entries/anarchism/)

Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :


Britannica (https://www.britannica.com/topic/anarchis
m) [archive] · Brockhaus (https://brockhaus.de/ecs/enzy/article/
anarchismus) [archive] · Den Store Danske Encyklopædi (https://d
enstoredanske.lex.dk//anarkisme/) [archive] · Dictionnaire
historique de la Suisse (http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F01
7399.php) [archive] · Dizionario di Storia (https://www.treccani.it/
enciclopedia/anarchismo_(Dizionario-di-Storia)/) [archive] ·
Encyclopédie de l'Ukraine moderne (http://esu.com.ua/search_ar
ticles.php?id=44059) [archive] · Gran Enciclopedia Aragonesa (htt
p://www.enciclopedia-aragonesa.com/voz.asp?voz_id=95
6) [archive] · Gran Enciclopèdia Catalana (https://www.encicloped
ia.cat/EC-GEC-0078156.xml) [archive] · Larousse (https://www.la
rousse.fr/encyclopedie/divers/wd/20896) [archive] ·
Nationalencyklopedin (https://www.ne.se/uppslagsverk/encyklo
pedi/l%C3%A5ng/anarkism) [archive] · Store norske leksikon (htt
ps://snl.no/anarkisme) [archive] · Universalis (https://www.univer
salis.fr/encyclopedie/anarchisme/) [archive]
Notices d'autorité :
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(données (https://data.bnf.fr/ark:/12148/cb13318443m) ) ·
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Tchéquie (http://aut.nkp.cz/ph118417) ·
Lettonie (https://kopkatalogs.lv/F/?func=direct&local_base=lnc10&d
L'Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure (http://www.ency
clopedie-anarchiste.xyz/) [archive]
(en) French Anarchism Bibliography, Anarchy Archives,
22 janvier 2002, lire en ligne (http://dwardmac.pitzer.edu/Anarc
hist_Archives/worldwidemovements/francebiblio.html) [archive].
« Ni dieu, ni maitre : libres toujours (http://www.babelio.com/list
e/5905/NI-DIEU-NI-MAITRE--LIBRES-TOUJOURS) [archive] », sur
www.babelio.com/

Qu’est-ce que l’anarchisme ?, Vie-publique.fr, 20 août 2018, [lire en


ligne (https://www.vie-publique.fr/focus/decrypter-actualite/qu-est-ce-que-a
narchisme.html) [archive]].

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