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et à la féminité
Doris Vasconcellos-Bernstein
Dans L'information psychiatrique 2012/9 (Volume 88), pages 727 à 734
Éditions John Libbey Eurotext
ISSN 0020-0204
DOI 10.1684/ipe.2012.0979
© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)
CLINIQUE
RÉSUMÉ
Le vécu subjectif de l’identité sexuelle se construit à partir du socle biologique de l’anatomie qui est l’objet de significations,
d’interprétations et d’attributions diversifiées véhiculées par les parents selon les cultures et les contextes historiques.
L’enfant, confronté à ces messages explicites et implicites, conscients et inconscients, doit alors s’approprier expérience
psychique de son corps. À partir de la théorie psychanalytique, nous intégrons les contributions de Hans Lichtenstein,
Jean Laplanche, Christophe Dejours, Robert Stoller et Doris Bernstein pour dégager les conditions développementales
particulières aux garçons et aux filles lesquelles déterminent les angoisses spécifiques à la masculinité et à la féminité.
Mots clés : identité sexuée, psychanalyse, identification primaire, subjectivité, masculinité, féminité, développement
psychosexuel
ABSTRACT
Gender identity: anxieties specific to masculinity and femininity. The foundation of the subjective feeling of gender
identity is the experience of one’s sexual anatomy, which is the object of various responses, interpretations, and attributions
transmitted by the parents according to their cultural background and historical context. Confronted with these parental
messages, which can be explicit or implicit, conscious or unconscious, the child must structure the psychological experience
of its own body. In this paper, we integrate psychoanalytical theory with the contributions of Hans Lichtenstein, Jean
Laplanche, Christophe Dejours, Robert Stoller, and Doris Bernstein to elucidate the developmental conditions that shape
the anxieties specific to masculinity and femininity.
Key words: sexual identity, psychoanalysis, primary identification, subjectivity, masculinity, femininity, psychosexual
development
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1 Maître de conférences habilité à diriger des recherches, institut de psychologie, université Paris-Descartes, 71, avenue Édouard-Vaillant, 92100
Boulogne-Billancourt, France
2 Courtesy Professor, University of South Florida, Tampa, USA
doi:10.1684/ipe.2012.0979
<doris.vasconcellos@parisdescartes.fr>
∗ L’auteur a choisi de ne pas évoquer la gender theory considérant que la majorité des psychanalystes français ne l’utilisent pas, et que la théorie
psychanalytique classique est suffisante pour servir de cadre aux concepts examinés ici.
Pour citer cet article : Vasconcellos-Bernstein D. Identité sexuelle : les angoisses spécifiques à la masculinité et à la féminité. L’Information psychiatrique 2012 ; 88 :
727-34 doi:10.1684/ipe.2012.0979
D. Vasconcellos-Bernstein
RESUMEN
Identidad sexual : las angustias específicas de la masculinidad y la feminidad. Lo vivido subjetivo de la identidad sexual
se construye partiendo del soporte biológico de la anatomía que es objeto de significados, interpretaciones y atribuciones
diversificadas cargadas por los padres según culturas y contextos históricos. El niño, frente a estos mensajes explícitos e
implícitos, conscientes e inconscientes, tiene entonces que apropiarse la experiencia psíquica de su cuerpo. Partiendo de
la teoría psicoanalítica integramos las contribuciones de Hans Lichtenstein, Jean Laplanche, Christophe Dejours, Robert
Stoller y Doris Bernstein para despejar las condiciones desarrollamentales peculiares de los chicos y las chicas, las que
determinan las angustias específicas de la masculinidad y la feminidad.
Palabras claves : identidad sexuada, psicoanálisis, identificación primaria, subjetividad, masculinidad, feminidad, desar-
rollo psicosexual
émerger le noyau de l’identité humaine ». Lichtenstein en est modulé, voire partiellement barré, par les difficultés de
déduit que l’homme reconnaît son identité toujours dans cet adulte dans sa propre vie psychique. Cette interven-
la relation d’objet, laquelle est insérée dans un modèle tion persistante laisse des traces indélébiles, psychiques et
culturel, le rôle de la culture étant d’assurer à un niveau col- somatiques. En effet, l’adulte interprète les signaux que
lectif l’identité de l’espèce. Lichtenstein souligne le rôle de l’enfant émet par son corps et l’enfant vient à interpréter
l’enfant « transformé en organe ou instrument des besoins son propre corps d’après ce que lui en communiquant avec
inconscients de la mère. C’est dans ce point que je vois l’adulte de façon consciente, mais aussi – et sans doute sur-
un lien entre la sexualité et l’émergence de l’identité de tout – inconsciente. Le corps érogène ainsi que le corps réel
l’homme » ([4, 5] p. 207). Comme l’être humain n’a pas, à restent marqués de cette initiation.
la façon de l’animal, une identité fixée d’emblée, « la perte L’entendement des conséquences structurelles de la rela-
d’identité est un danger spécifiquement humain, et mainte- tion primaire sur la construction du corps érogène au cœur
nir l’identité est un besoin spécifiquement humain ». Pour de l’articulation psychosomatique éclaire et approfondit
Lichtenstein, cela expliquerait bien pourquoi les enfants les théories sur les relations précoces en général, et sur
observés par Spitz [9] sont atteints d’hospitalisme, dépé- l’acquisition de l’identité sexuelle en particulier.
rissent et se laissent mourir en l’absence du lien privilégié
qui pourrait leur imprimer une identité « parce que personne
ne s’est intéressé à les séduire pour vivre » ([4, 5] p. 208). La Identité sexuelle : subjectivité
mère imprime chez l’enfant non pas une identité fixée mais entre biologie et société
un « thème » d’identité. « Ce thème est irréversible, mais
capable de variations, variations qui déclinent la différence Le corps anatomique est marqué d’emblée par
entre la créativité humaine et une névrose de destinée ». l’appartenance à un sexe. Dans la mesure où les théories
De la même façon que le principe de plaisir est, en auxquelles nous avons fait appel mettent en évidence la por-
quelque sorte, subordonné au principe de réalité qui le sau- tée de l’intersubjectivité dans la psychogenèse, l’inscription
vegarde par la capacité de différer l’action dans le temps, de la représentation mentale du corps sexué est, elle aussi,
le principe de réalité est lui-même subordonné au besoin tributaire de ce processus. L’assignation du sexe déclenche
encore plus urgent de maintenir l’identité. Et Lichtenstein chez les parents des fantasmes particuliers autour desquels
de citer Freud [10], « c’est évident que la répétition, la vont s’organiser les messages conscients et inconscients
redécouverte de l’identité, est en elle-même une source de sur la signification d’être un garçon ou une fille, devenir un
gratification » pour étayer son hypothèse selon laquelle la homme ou une femme.
compulsion de répétition, plus puissante que le principe Le sexe biologique de l’enfant est la première carac-
de plaisir, doit avoir un rôle dans le soutien de l’identité. téristique distinctive, la première identification qui lui est
C’est la réitération des schémas relationnels qui enregistre attribuée dès la naissance – et même avant, avec l’assistance
le thème identitaire. Par la suite, le sujet devient lui-même de l’ultrasonographie. Cette réalité biologique va être prise
l’interprète qui rejoue les variations de son thème identi- en charge par le psychisme des parents, et particulièrement
taire. La compulsion de répétition est toujours à l’œuvre de la mère qui, dans notre culture, reste encore l’adulte nour-
dans la vie humaine. Comme d’habitude, c’est dans la ricier primaire. Deux auteurs en relèvent les conséquences
pathologie qu’elle se révèle et devient écueil incontour- pour le développement de l’identité sexuelle dans toutes ses
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garçon plus facile parce qu’il entrait d’emblée dans une rela- L’hypothèse de Stoller met l’accent sur le rôle essen-
tion hétérosexuelle, Stoller met l’accent sur la difficulté liée tiel du pénis comme instrument et gage de différenciation
à l’identification primaire : « car le petit garçon n’est hété- d’avec le noyau d’identité primaire féminine. L’angoisse
rosexuel qu’anatomiquement, et non psychologiquement, de castration prend ainsi une dimension identitaire accrue.
pendant la première période de sa vie. [...] J’envisagerai Stoller ([14] p. 215) pense que « c’est le besoin de combattre
le processus de l’identification à la mère à un niveau plus (cette tendance) qui communique son énergie à ce que nous
primitif encore. [...] Il s’établit avant que la structure du avons coutume d’appeler un comportement viril ». Le pénis
« moi » soit suffisante pour accomplir ce travail compliqué est le vecteur normal de l’individuation chez l’homme,
que nous appelons l’identification. Cet état d’union n’est aboutissant à sa « fétichisation » dans la pathologie.
pas, selon moi, uniquement le fait du souvenir que le petit Le processus de séparation et individuation peut se
enfant garde d’une gratification orale intense, mais aussi dérouler de façon plus ou moins réussie et laisser éventuel-
des processus primordiaux non mentaux (suscités par le lement des séquelles, des points de fixation, déterminant
monde extérieur ou par l’activité physiologique interne), la vulnérabilité du processus d’identification. Les risques
tels que l’empreinte et le conditionnement classique, vis- de l’asymétrie du pouvoir dans la relation s’amplifient au
céral, agissant directement sur le cerveau avant que ne soit cours du stade anal face à la quête de la maîtrise. Pour Ber-
constitué un appareil psychique mental ou vers la fin de la geret [18], la solidité des assises narcissiques dépend des
petite enfance, quand s’ébauche le Moi naissant » ([14] p. relations fantasmatiques autour de ces négociations sou-
150). vent âpres. Pour Stoller [19], l’humiliation vécue au cours
Il est vrai que les recherches actuelles en biologie ont de cette période est à l’origine de toute sorte de perver-
démontré que la « femellité » est l’état spontané de base sions. Pour Dejours [20], la violence de l’adulte sous toutes
de tout embryon. La « masculinisation » est un phénomène ses formes marque le corps érotique de zones muettes sans
qui exige l’intervention d’hormones sans lesquelles l’être réactivité libidinale, vulnérables à la désorganisation psy-
en formation reste femelle1 [15]. chique et somatique. On peut comprendre ainsi la terreur
Pour parvenir à l’identité masculine, le petit garçon doit inspirée par la mère archaïque toute-puissante, cauchemar
se dégager de cet état primaire originel dans lequel il est persistant du stade anal. Les craintes fantasmées face à
confondu avec sa mère : il doit se « dés-identifier » de la femme et à son pouvoir peuvent demeurer très actives
sa mère [16]. Si ce processus de séparation-individuation dans l’inconscient. L’inventaire de ces mobiles provoquant
échoue, le garçon reste comme enveloppé dans sa mère. Il l’envie de l’homme face aux pouvoirs qu’il attribue à la
en résultera un lien quant à l’identité sexuelle : le garçon se femme a fait l’objet du livre de Cornut [21], « Pourquoi les
sentira une part de la « femellité » de sa mère. Plus une mère hommes ont peur des femmes ? ».
prolonge cet état de symbiose, plus la féminité risque alors
d’infiltrer le noyau de l’identité sexuelle. L’extrême avatar
de cet échec se retrouve dans le phénomène du transsexua- Les angoisses spécifiques
lisme où le sujet, anatomiquement parfait, est convaincu au sexe masculin
d’appartenir à l’autre genre. On peut bien concevoir que
se dégager de l’emprise maternelle constitue une longue David est d’accord avec Stoller quand il dit que « [...] le
lutte pour le petit garçon, constamment tenté de régresser désir et les fantasmes des parents concernant leur enfant
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De la théorie de Stoller [23, 24], on peut dégager les Les angoisses spécifiques
trois angoisses spécifiques qui menacent l’identité sexuelle au sexe féminin
masculine :
– l’angoisse de régresser au noyau non différentié de la L’angoisse d’accès se réfère à plusieurs niveaux
« femmelité » primaire ; d’expérience. Du fait de ne pas avoir directement accès à
– l’angoisse de soumission à la mère anale à l’origine des ses propres organes génitaux découle la difficulté à inté-
conduites machistes qui visent à retourner cette situation en grer leur représentation mentale parce que la vue est le
humiliant les femmes ; principal moyen d’accès à la représentation. L’anatomie de
– l’angoisse de castration. la petite fille lui procure des sensations internes, diffuses,
Person rappelle que l’angoisse de performance n’est imprécises, qui donnent difficilement lieu à des représen-
qu’une trace de la compétition œdipienne avec le père idéa- tations mentalisées. Le développement de la représentation
lisé : « beaucoup d’hommes sont ainsi destinés à souffrir du corps demande que l’enfant puisse voir, toucher, manipu-
toute leur vie d’une envie du pénis » ([25] p. 327). Ces ler, contrôler et nommer chaque partie de son corps. Dejours
angoisses entraînent un refus de la position passive remar- considère que l’intégration de l’expérience du corps passe
qué par Chasseguet-Smirgel : « la peur de la passivité par deux types de tâches : la première est la reconnais-
constitue, on le sait, le « roc » des analyses masculines. sance visuelle d’une Gestalt associée à l’épreuve du toucher.
Jamais le travail analytique ne produit une impression si Ensuite, « il faut que cela, à un moment ou à un autre, soit
oppressante de s’efforcer en vain et de prêcher dans le désert parlé, car c’est sous cette forme symbolisée seulement que
que lorsqu’on cherche à convaincre un homme que l’attitude la forme spatiale peut être stabilisée et servir de point de
passive envers d’autres hommes ne signifie pas toujours la départ pour agréger ensuite les autres expériences du corps
castration, et qu’elle est indispensable à bien de rapports vécu » ([35] p. 38).
dans la vie » ([26] p. 53). L’accès tactile est le plus souvent entravé, d’une
part, par l’interdit de masturbation et, d’autre part, par
la diffusion des sensations qui ne facilitent pas la dis-
Développement de l’identité sexuelle crimination cognitive des zones touchées. L’expérience
chez la fille d’excitation devient très vite liée à l’interdit et à la
confusion. Le refoulement du vagin a une origine très
Dès 1924, Horney [27] s’est opposée au modèle phallo- probablement déterminée par les difficultés de la mère
centrique pour décrire le développement psychosexuel des face à sa propre sexualité (cf. Laplanche et le « signi-
filles, et avec elle, quelques autres auteurs reconnus comme fiant énigmatique »), mais aussi, de façon directe, par
Jones [28] et Klein [29], plus récemment Kestemberg [30], sa conformation anatomique interne. Cette confusion de
Chasseguet-Smirgel [31], Torok [32] et Bleichmar [33]. l’expérience sensorielle intéroceptive de l’excitation endo-
Leurs arguments sont repris et développés par Bernstein gène entre en collision avec la difficulté d’individuation
[34]. Cet auteur part du principe que la mère occupe trois des espaces psychiques. En effet, l’identification primaire
places pour sa fille : à la féminité de la mère installe un noyau identitaire solide,
– l’archétype d’identification primaire ; mais entrave le processus d’individuation, d’autant plus
– le noyau de l’Idéal du Moi ;
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liaison directe à la représentation. Aucun moyen de défense ger étant que cette compensation transitoire n’en devienne
ne semble plus à sa portée que le refoulement. un substitut permanent. Stoller [40] attribue à cette fixation
Cette expérience d’excitation sensorielle diffuse vient les formes de perversion féminines qui sont beaucoup plus
faire écho à l’indifférenciation d’avec la mère entretenant discrètes que les masculines.
l’angoisse de diffusion identitaire qui apparaît de manière L’angoisse de pénétration a été plus souvent décrite
caractéristique dans les processus de pensée. Le style dans la littérature psychanalytique. On peut l’articuler à
cognitif féminin d’appréhension et production porte sa l’envahissement par l’excitation que souvent la fille ne
marque. Ses manifestations vont du normal au pathologique met pas en rapport avec le stimulus : c’est comme si elle
depuis l’intuition jusqu’aux troubles de dépersonnalisation était en danger d’être pénétrée sans possibilité de maîtriser
hystériques. Freud considérait que « l’infériorité intellec- dedans/dehors.
tuelle de tant de femmes, qui est une réalité indiscutable, L’angoisse s’installe dans le conflit entre régression/
doit être attribuée à l’inhibition de la pensée, inhibition progression, identification/différenciation, dépendance/
requise pour la répression » ([37] p. 42). Il s’agirait donc, autonomie, contrôle/impuissance. Dans le meilleur des cas,
dans ce cas, d’une caractéristique fonctionnelle acquise l’identification au père, quand il est accessible, ouvre la voie
suite à l’intériorisation des valeurs de la culture via la à une autre identification et libère aussi bien la fille que le
mère en internalisant aussi les difficultés sexuelles de garçon d’un tête-à-tête mortifère avec la mère. Cette relation
celle-ci. très complexe à la mère archaïque est toujours ambiva-
La fille a donc deux puissants facteurs qui s’opposent à lente et, sous une idéalisation de couverture, la haine et
l’acquisition d’une identité individualisée : l’identification l’envie restent présentes pour protéger contre le désir sou-
primaire narcissique à la mère et l’envahissement de vent renouvelé de régression. Le pouvoir démesuré de la
son intérieur par l’excitation non représentable. Les mère est fantasmé, mais l’expérience réelle des limitations
propres angoisses maternelles de diffusion le plus sou- personnelles de la fille reste acquise.
vent conduisent la mère à réprimer chez la fille les Dans ce contexte, l’envie du pénis est aussi l’envie de
représentations mentalisées de ses expériences sexuelles. se saisir d’une représentation (de l’objet ?) de sa propre
Deux moyens efficaces sont à sa portée : toute tentative sexualité. Bernstein [34] pense que l’envie du pénis résulte
d’exploration manuelle qui pourrait aider l’enfant à du désarroi devant l’impossibilité de matérialiser ses sen-
circonscrire et focaliser ses sensations est découragée sations d’excitation. L’avoir permettrait de se saisir et de
et, le plus souvent, les mères n’ont pas un nom spéci- la représentation et de la satisfaction : « c’est cela qu’il me
fique pour l’appareil génital féminin [38]. Plus encore, faut ! » et pour la représenter, et pour la satisfaire.
rarement les trois zones sont discriminées fixant le vécu Bernstein [13] souligne la force du Surmoi tyrannique
de cloaque qui contamine la sexualité féminine dans la infiltré par l’Idéal du Moi en conséquence de la diffi-
saleté. culté rencontrée au cours du processus d’individuation. Les
Au contraire du garçon, la fille reste très dépendante angoisses d’accès et de diffusion spécifiques à l’identité
de sa mère pour être rassurée quant à l’intégrité de son féminité façonnent les contenus du Surmoi particulière-
corps justement au cours de la phase anale, quand elle doit ment quant à la soumission à l’objet d’amour. Si Freud
réaliser parallèlement le difficile processus de séparation et a très finement observé le manque d’individuation du Sur-
individuation. Solliciter la mère suppose un « oui » chargé moi féminin, la clé de cette constatation courante dans la
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