Vous êtes sur la page 1sur 9

Identité sexuelle : les angoisses spécifiques à la masculinité

et à la féminité
Doris Vasconcellos-Bernstein
Dans L'information psychiatrique 2012/9 (Volume 88), pages 727 à 734
Éditions John Libbey Eurotext
ISSN 0020-0204
DOI 10.1684/ipe.2012.0979
© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)

© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)

Article disponible en ligne à l’adresse


https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2012-9-page-727.htm

Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s’abonner...


Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info.

Distribution électronique Cairn.info pour John Libbey Eurotext.


La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le
cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque
forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est
précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
L’Information psychiatrique 2012 ; 88 : 727–34

CLINIQUE

Identité sexuelle : les angoisses spécifiques


à la masculinité et à la féminité*

Doris Vasconcellos-Bernstein 1,2

RÉSUMÉ
Le vécu subjectif de l’identité sexuelle se construit à partir du socle biologique de l’anatomie qui est l’objet de significations,
d’interprétations et d’attributions diversifiées véhiculées par les parents selon les cultures et les contextes historiques.
L’enfant, confronté à ces messages explicites et implicites, conscients et inconscients, doit alors s’approprier expérience
psychique de son corps. À partir de la théorie psychanalytique, nous intégrons les contributions de Hans Lichtenstein,
Jean Laplanche, Christophe Dejours, Robert Stoller et Doris Bernstein pour dégager les conditions développementales
particulières aux garçons et aux filles lesquelles déterminent les angoisses spécifiques à la masculinité et à la féminité.
Mots clés : identité sexuée, psychanalyse, identification primaire, subjectivité, masculinité, féminité, développement
psychosexuel

ABSTRACT
Gender identity: anxieties specific to masculinity and femininity. The foundation of the subjective feeling of gender
identity is the experience of one’s sexual anatomy, which is the object of various responses, interpretations, and attributions
transmitted by the parents according to their cultural background and historical context. Confronted with these parental
messages, which can be explicit or implicit, conscious or unconscious, the child must structure the psychological experience
of its own body. In this paper, we integrate psychoanalytical theory with the contributions of Hans Lichtenstein, Jean
Laplanche, Christophe Dejours, Robert Stoller, and Doris Bernstein to elucidate the developmental conditions that shape
the anxieties specific to masculinity and femininity.
Key words: sexual identity, psychoanalysis, primary identification, subjectivity, masculinity, femininity, psychosexual
development
© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)

© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)

1 Maître de conférences habilité à diriger des recherches, institut de psychologie, université Paris-Descartes, 71, avenue Édouard-Vaillant, 92100
Boulogne-Billancourt, France
2 Courtesy Professor, University of South Florida, Tampa, USA
doi:10.1684/ipe.2012.0979

<doris.vasconcellos@parisdescartes.fr>
∗ L’auteur a choisi de ne pas évoquer la gender theory considérant que la majorité des psychanalystes français ne l’utilisent pas, et que la théorie

psychanalytique classique est suffisante pour servir de cadre aux concepts examinés ici.

Tirés à part : D. Vasconcellos-Bernstein

L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 88, N◦ 9 - NOVEMBRE 2012 727

Pour citer cet article : Vasconcellos-Bernstein D. Identité sexuelle : les angoisses spécifiques à la masculinité et à la féminité. L’Information psychiatrique 2012 ; 88 :
727-34 doi:10.1684/ipe.2012.0979
D. Vasconcellos-Bernstein

RESUMEN
Identidad sexual : las angustias específicas de la masculinidad y la feminidad. Lo vivido subjetivo de la identidad sexual
se construye partiendo del soporte biológico de la anatomía que es objeto de significados, interpretaciones y atribuciones
diversificadas cargadas por los padres según culturas y contextos históricos. El niño, frente a estos mensajes explícitos e
implícitos, conscientes e inconscientes, tiene entonces que apropiarse la experiencia psíquica de su cuerpo. Partiendo de
la teoría psicoanalítica integramos las contribuciones de Hans Lichtenstein, Jean Laplanche, Christophe Dejours, Robert
Stoller y Doris Bernstein para despejar las condiciones desarrollamentales peculiares de los chicos y las chicas, las que
determinan las angustias específicas de la masculinidad y la feminidad.
Palabras claves : identidad sexuada, psicoanálisis, identificación primaria, subjetividad, masculinidad, feminidad, desar-
rollo psicosexual

Le cadre théorique le corps imaginaire comme lieu et objet de la séduction.


La prise en compte de l’intersubjectivité dans la construc-
Freud considérait la pulsion sexuelle comme l’axe du tion du psychisme humain est une constante dans le regard
psychisme. Ce n’est pas tant l’importance de la sexualité de ces trois auteurs, ce qui les écarte de la perspective de
dans la vie des êtres humains qu’il faisait ainsi remarquer. Il la pulsion comme seul élément fondateur du psychisme.
rappelle que, bien avant lui, le philosophe A. Schopenhauer Le paradigme proposé par Dejours [8] considérant « le
avait « fait voir aux hommes dans quelle mesure leurs activi- corps comme exigence de travail pour la pensée » permet
tés et leurs aspirations étaient déterminées par des tendances de retracer le processus d’intégration du fonctionnement
sexuelles » ([1] p. 33). Chez Freud, le principe essentiel tient biologique dans le monde psychique du sujet.
son originalité à l’introduction de la sexualité infantile, et Lichtenstein [4, 5] part de la fragilité identitaire de l’être
à son rôle comme tuteur du développement psychique. Dès humain : l’instinct devenant pulsion, l’évolution a affranchi
lors, la formule condensée – « psychosexuel » – rend bien l’espèce humaine de l’automatisme de l’identité de compor-
compte de l’indissociable relation entre la sexualité et le tement et d’objet des espèces animales. Mais l’homme est
psychisme. dès lors obligé de créer et maintenir, tout au long de sa vie,
Partie de la théorie de la séduction, où la sexualité de un processus qui lui permet d’assurer son identité person-
l’adulte faisait intrusion dans le psychisme de l’enfant, nelle en tant qu’individu. Préserver le sentiment d’identité
Freud s’en est détaché, « fourvoyé » dirait Laplanche est un besoin qui a la priorité non seulement sur le principe
[2], dans le solipsisme de la pulsion. L’ambiguïté de la de plaisir, mais aussi sur le principe de réalité.
relation à l’adulte disparaissait, éclipsée par l’expérience L’identité est un phénomène paradoxal qui présente
de l’excitation endogène. Cette dérive n’a été recon- deux aspects apparemment opposés :
nue que bien plus tard, dans des recherches entreprises – l’identité présume une continuité dans le temps qui
après la seconde Guerre. Deux auteurs, psychanalystes de permet à l’individu de se reconnaître toujours le même,
formation, ont marqué cette renaissance venue pourtant une sorte d’homéostasie psychique de la même façon que
d’horizons différents : John Bowlby [3] et Heinz Lich- l’homéostasie physiologique garantit l’identité biologique ;
© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)

© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)


tenstein [4, 5]. Dans son article sur les relations entre – l’identité se définit par ce qui différencie l’individu des
l’identité et la sexualité, Lichtenstein [4, 5] propose un autres de son espèce, ce qui le rend unique et reconnaissable.
développement original des hypothèses de Freud concer- Le sentiment d’identité propre à l’être humain s’acquiert
nant le rôle de la sexualité non procréatrice, et le rôle tout au long du développement psychique, s’étayant en
de la compulsion de répétition. Lichtenstein rattache ces quelque sorte sur les échanges avec la mère. Si Freud a
deux principes à la construction de l’identité humaine. On décelé à l’origine de la névrose un processus de séduc-
peut prendre ses deux postulats comme soubassement qui tion, ce processus semble, à présent, bien plus largement
permettent ensuite d’intégrer la théorie de la séduction déterminant. Il serait à l’origine aussi bien du développe-
généralisée de Laplanche [6], et la théorie de la subver- ment normal que des variations pathologiques. Séduction
sion libidinale de Dejours [7]. L’apport de Lichtenstein « généralisée », comme l’a bien dit Laplanche, « dans un
est original dans la mesure où il s’intéresse à la construc- sens élargi » comme le veut déjà Lichtenstein, ce proces-
tion de l’identité chez l’être humain. Le développement de sus serait indissociable de la composition de l’identité. Pour
Laplanche est essentiel dans la mesure où il insiste sur le Lichtenstein ([4, 5] p. 202) « l’implication de cette approche
travail de traduction exigé de l’enfant pour donner sens au théorique de l’individuation est que l’être humain doit, pour
« signifiant énigmatique » introduit par l’intrusion de la devenir lui-même, s’efforcer de devenir comme quelqu’un
sexualité refoulée de la mère (ou la personne qui accomplit d’autre – la mère. [...] La mère correspondrait à l’organisme
sa fonction). La formulation de Dejours sur la « subver- total environnant, et l’enfant à un organe dans cette tota-
sion libidinale des fonctions biologiques » met en scène lité. [. . .] C’est dans cette fonction primaire que je vois

728 L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 88, N◦ 9 - NOVEMBRE 2012


Identité sexuelle : les angoisses spécifiques à la masculinité et à la féminité

émerger le noyau de l’identité humaine ». Lichtenstein en est modulé, voire partiellement barré, par les difficultés de
déduit que l’homme reconnaît son identité toujours dans cet adulte dans sa propre vie psychique. Cette interven-
la relation d’objet, laquelle est insérée dans un modèle tion persistante laisse des traces indélébiles, psychiques et
culturel, le rôle de la culture étant d’assurer à un niveau col- somatiques. En effet, l’adulte interprète les signaux que
lectif l’identité de l’espèce. Lichtenstein souligne le rôle de l’enfant émet par son corps et l’enfant vient à interpréter
l’enfant « transformé en organe ou instrument des besoins son propre corps d’après ce que lui en communiquant avec
inconscients de la mère. C’est dans ce point que je vois l’adulte de façon consciente, mais aussi – et sans doute sur-
un lien entre la sexualité et l’émergence de l’identité de tout – inconsciente. Le corps érogène ainsi que le corps réel
l’homme » ([4, 5] p. 207). Comme l’être humain n’a pas, à restent marqués de cette initiation.
la façon de l’animal, une identité fixée d’emblée, « la perte L’entendement des conséquences structurelles de la rela-
d’identité est un danger spécifiquement humain, et mainte- tion primaire sur la construction du corps érogène au cœur
nir l’identité est un besoin spécifiquement humain ». Pour de l’articulation psychosomatique éclaire et approfondit
Lichtenstein, cela expliquerait bien pourquoi les enfants les théories sur les relations précoces en général, et sur
observés par Spitz [9] sont atteints d’hospitalisme, dépé- l’acquisition de l’identité sexuelle en particulier.
rissent et se laissent mourir en l’absence du lien privilégié
qui pourrait leur imprimer une identité « parce que personne
ne s’est intéressé à les séduire pour vivre » ([4, 5] p. 208). La Identité sexuelle : subjectivité
mère imprime chez l’enfant non pas une identité fixée mais entre biologie et société
un « thème » d’identité. « Ce thème est irréversible, mais
capable de variations, variations qui déclinent la différence Le corps anatomique est marqué d’emblée par
entre la créativité humaine et une névrose de destinée ». l’appartenance à un sexe. Dans la mesure où les théories
De la même façon que le principe de plaisir est, en auxquelles nous avons fait appel mettent en évidence la por-
quelque sorte, subordonné au principe de réalité qui le sau- tée de l’intersubjectivité dans la psychogenèse, l’inscription
vegarde par la capacité de différer l’action dans le temps, de la représentation mentale du corps sexué est, elle aussi,
le principe de réalité est lui-même subordonné au besoin tributaire de ce processus. L’assignation du sexe déclenche
encore plus urgent de maintenir l’identité. Et Lichtenstein chez les parents des fantasmes particuliers autour desquels
de citer Freud [10], « c’est évident que la répétition, la vont s’organiser les messages conscients et inconscients
redécouverte de l’identité, est en elle-même une source de sur la signification d’être un garçon ou une fille, devenir un
gratification » pour étayer son hypothèse selon laquelle la homme ou une femme.
compulsion de répétition, plus puissante que le principe Le sexe biologique de l’enfant est la première carac-
de plaisir, doit avoir un rôle dans le soutien de l’identité. téristique distinctive, la première identification qui lui est
C’est la réitération des schémas relationnels qui enregistre attribuée dès la naissance – et même avant, avec l’assistance
le thème identitaire. Par la suite, le sujet devient lui-même de l’ultrasonographie. Cette réalité biologique va être prise
l’interprète qui rejoue les variations de son thème identi- en charge par le psychisme des parents, et particulièrement
taire. La compulsion de répétition est toujours à l’œuvre de la mère qui, dans notre culture, reste encore l’adulte nour-
dans la vie humaine. Comme d’habitude, c’est dans la ricier primaire. Deux auteurs en relèvent les conséquences
pathologie qu’elle se révèle et devient écueil incontour- pour le développement de l’identité sexuelle dans toutes ses
© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)

© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)


nable, comme le remarque Freud [11] : « . . . la pathologie variations allant du normal au pathologique : Robert Stoller
est capable, en amplifiant les manifestations, en les ren- [12] s’est particulièrement intéressé à l’identité masculine,
dant pour ainsi dire plus grossières, d’attirer notre attention et Doris Bernstein [13] à la féminine.
sur des conditions normales qui, sans cela, seraient passées
inaperçues ». La répétition d’un thème heureux et souple,
bien adapté à la réalité, passe effectivement inaperçue, et Développement de l’identité sexuelle
devient musique de fond parfaitement intégrée au scéna- chez le garçon
rio. Dans la clinique, nous sommes appelés à intervenir
quand le thème identitaire s’avère litanie, en décalage avec Au début c’était le corps, réalité biologique objective, qui
l’orchestration. va être vécu de façon subjective d’après les expériences éla-
Le concept de « subversion libidinale des fonctions bio- borées au cours des premières années de vie. Dans sa théorie
logiques au profit de l’économie érotique » [7] s’impose sur les origines de l’identité sexuelle, Stoller [14] insiste
comme complément indispensable à la théorie de la séduc- sur l’état primitif d’union avec la mère, en accord avec
tion. Ce modèle théorique traite du processus par lequel l’affirmation de Lichtenstein ([4, 5] p. 202) : « l’implication
le corps biologique s’intègre dans l’expérience subjec- de cette approche théorique de l’individuation est que l’être
tive du corps érogène. L’inconscient de l’adulte cadre et humain doit, pour devenir lui-même, s’efforcer de deve-
façonne le développement de l’enfant et lui ouvre l’accès à nir comme quelqu’un d’autre – la mère. » Contrairement à
l’intégration du corps vécu au niveau psychique. Cet accès Freud, qui considérait le développement psychosexuel du

L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 88, N◦ 9 - NOVEMBRE 2012 729


D. Vasconcellos-Bernstein

garçon plus facile parce qu’il entrait d’emblée dans une rela- L’hypothèse de Stoller met l’accent sur le rôle essen-
tion hétérosexuelle, Stoller met l’accent sur la difficulté liée tiel du pénis comme instrument et gage de différenciation
à l’identification primaire : « car le petit garçon n’est hété- d’avec le noyau d’identité primaire féminine. L’angoisse
rosexuel qu’anatomiquement, et non psychologiquement, de castration prend ainsi une dimension identitaire accrue.
pendant la première période de sa vie. [...] J’envisagerai Stoller ([14] p. 215) pense que « c’est le besoin de combattre
le processus de l’identification à la mère à un niveau plus (cette tendance) qui communique son énergie à ce que nous
primitif encore. [...] Il s’établit avant que la structure du avons coutume d’appeler un comportement viril ». Le pénis
« moi » soit suffisante pour accomplir ce travail compliqué est le vecteur normal de l’individuation chez l’homme,
que nous appelons l’identification. Cet état d’union n’est aboutissant à sa « fétichisation » dans la pathologie.
pas, selon moi, uniquement le fait du souvenir que le petit Le processus de séparation et individuation peut se
enfant garde d’une gratification orale intense, mais aussi dérouler de façon plus ou moins réussie et laisser éventuel-
des processus primordiaux non mentaux (suscités par le lement des séquelles, des points de fixation, déterminant
monde extérieur ou par l’activité physiologique interne), la vulnérabilité du processus d’identification. Les risques
tels que l’empreinte et le conditionnement classique, vis- de l’asymétrie du pouvoir dans la relation s’amplifient au
céral, agissant directement sur le cerveau avant que ne soit cours du stade anal face à la quête de la maîtrise. Pour Ber-
constitué un appareil psychique mental ou vers la fin de la geret [18], la solidité des assises narcissiques dépend des
petite enfance, quand s’ébauche le Moi naissant » ([14] p. relations fantasmatiques autour de ces négociations sou-
150). vent âpres. Pour Stoller [19], l’humiliation vécue au cours
Il est vrai que les recherches actuelles en biologie ont de cette période est à l’origine de toute sorte de perver-
démontré que la « femellité » est l’état spontané de base sions. Pour Dejours [20], la violence de l’adulte sous toutes
de tout embryon. La « masculinisation » est un phénomène ses formes marque le corps érotique de zones muettes sans
qui exige l’intervention d’hormones sans lesquelles l’être réactivité libidinale, vulnérables à la désorganisation psy-
en formation reste femelle1 [15]. chique et somatique. On peut comprendre ainsi la terreur
Pour parvenir à l’identité masculine, le petit garçon doit inspirée par la mère archaïque toute-puissante, cauchemar
se dégager de cet état primaire originel dans lequel il est persistant du stade anal. Les craintes fantasmées face à
confondu avec sa mère : il doit se « dés-identifier » de la femme et à son pouvoir peuvent demeurer très actives
sa mère [16]. Si ce processus de séparation-individuation dans l’inconscient. L’inventaire de ces mobiles provoquant
échoue, le garçon reste comme enveloppé dans sa mère. Il l’envie de l’homme face aux pouvoirs qu’il attribue à la
en résultera un lien quant à l’identité sexuelle : le garçon se femme a fait l’objet du livre de Cornut [21], « Pourquoi les
sentira une part de la « femellité » de sa mère. Plus une mère hommes ont peur des femmes ? ».
prolonge cet état de symbiose, plus la féminité risque alors
d’infiltrer le noyau de l’identité sexuelle. L’extrême avatar
de cet échec se retrouve dans le phénomène du transsexua- Les angoisses spécifiques
lisme où le sujet, anatomiquement parfait, est convaincu au sexe masculin
d’appartenir à l’autre genre. On peut bien concevoir que
se dégager de l’emprise maternelle constitue une longue David est d’accord avec Stoller quand il dit que « [...] le
lutte pour le petit garçon, constamment tenté de régresser désir et les fantasmes des parents concernant leur enfant
© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)

© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)


vers le mirage de ce havre de bonheur dans la passivité. La [...] prévalent sur les données de l’anatomie » ([22] p.
menace que représente cet attrait fatal à la régression peut 715). Si la « subversion libidinale des fonctions biolo-
aussi expliquer la peur de l’homosexualité qui est si intense giques au profit de l’économie érotique » est tellement
chez la plupart des patients du sexe masculin, « signalant la puissante qu’elle peut arriver même à installer le sentiment
fragilité de la couverture hétérosexuelle de leur noyau pri- de méconnaissance du corps propre chez les transsexuels,
mitif d’identification à la mère » ([14] p. 215). Du point de il faut bien admettre que le substrat biologique reste la
vue psychopathologique, cette hypothèse pourrait expliquer référence de base pour le principe de réalité en dehors
pourquoi les délires comme celui du Président Schreber duquel on peut se poser la question d’un déni. La représenta-
[17] où un homme se prend pour une femme sont nette- tion psychique de la réalité biologique de la différence des
ment plus fréquents que les cas des femmes qui se prennent sexes comporte des variations et des aléas indissociables
pour un homme. des vicissitudes de la séduction généralisée. Le dévelop-
pement psychosexuel de l’identité sexuelle s’élabore dans
l’interface de l’expérience sensorielle du corps propre et
1 On ne peut pas oublier que Freud a toujours affirmé son espoir dans une des messages fantasmatiques, plus ou moins appropriés de
rencontre féconde entre la psychanalyse et la biologie. Si Freud avait dis- l’adulte. La bisexualité psychique emprunte des identifica-
posé de ces données à l’époque, on peut supposer qu’il aurait été conduit tions secondaires aux deux parents pour élaborer sa propre
à réviser ses formulations quant à la nature de l’avantage du garçon dans
le processus du développement, avantage qu’il attribuait à l’objet hétéro- synthèse identitaire, plus ou moins décalée de la réalité
sexuel d’emblée disponible pour orienter la pulsion. anatomique.

730 L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 88, N◦ 9 - NOVEMBRE 2012


Identité sexuelle : les angoisses spécifiques à la masculinité et à la féminité

De la théorie de Stoller [23, 24], on peut dégager les Les angoisses spécifiques
trois angoisses spécifiques qui menacent l’identité sexuelle au sexe féminin
masculine :
– l’angoisse de régresser au noyau non différentié de la L’angoisse d’accès se réfère à plusieurs niveaux
« femmelité » primaire ; d’expérience. Du fait de ne pas avoir directement accès à
– l’angoisse de soumission à la mère anale à l’origine des ses propres organes génitaux découle la difficulté à inté-
conduites machistes qui visent à retourner cette situation en grer leur représentation mentale parce que la vue est le
humiliant les femmes ; principal moyen d’accès à la représentation. L’anatomie de
– l’angoisse de castration. la petite fille lui procure des sensations internes, diffuses,
Person rappelle que l’angoisse de performance n’est imprécises, qui donnent difficilement lieu à des représen-
qu’une trace de la compétition œdipienne avec le père idéa- tations mentalisées. Le développement de la représentation
lisé : « beaucoup d’hommes sont ainsi destinés à souffrir du corps demande que l’enfant puisse voir, toucher, manipu-
toute leur vie d’une envie du pénis » ([25] p. 327). Ces ler, contrôler et nommer chaque partie de son corps. Dejours
angoisses entraînent un refus de la position passive remar- considère que l’intégration de l’expérience du corps passe
qué par Chasseguet-Smirgel : « la peur de la passivité par deux types de tâches : la première est la reconnais-
constitue, on le sait, le « roc » des analyses masculines. sance visuelle d’une Gestalt associée à l’épreuve du toucher.
Jamais le travail analytique ne produit une impression si Ensuite, « il faut que cela, à un moment ou à un autre, soit
oppressante de s’efforcer en vain et de prêcher dans le désert parlé, car c’est sous cette forme symbolisée seulement que
que lorsqu’on cherche à convaincre un homme que l’attitude la forme spatiale peut être stabilisée et servir de point de
passive envers d’autres hommes ne signifie pas toujours la départ pour agréger ensuite les autres expériences du corps
castration, et qu’elle est indispensable à bien de rapports vécu » ([35] p. 38).
dans la vie » ([26] p. 53). L’accès tactile est le plus souvent entravé, d’une
part, par l’interdit de masturbation et, d’autre part, par
la diffusion des sensations qui ne facilitent pas la dis-
Développement de l’identité sexuelle crimination cognitive des zones touchées. L’expérience
chez la fille d’excitation devient très vite liée à l’interdit et à la
confusion. Le refoulement du vagin a une origine très
Dès 1924, Horney [27] s’est opposée au modèle phallo- probablement déterminée par les difficultés de la mère
centrique pour décrire le développement psychosexuel des face à sa propre sexualité (cf. Laplanche et le « signi-
filles, et avec elle, quelques autres auteurs reconnus comme fiant énigmatique »), mais aussi, de façon directe, par
Jones [28] et Klein [29], plus récemment Kestemberg [30], sa conformation anatomique interne. Cette confusion de
Chasseguet-Smirgel [31], Torok [32] et Bleichmar [33]. l’expérience sensorielle intéroceptive de l’excitation endo-
Leurs arguments sont repris et développés par Bernstein gène entre en collision avec la difficulté d’individuation
[34]. Cet auteur part du principe que la mère occupe trois des espaces psychiques. En effet, l’identification primaire
places pour sa fille : à la féminité de la mère installe un noyau identitaire solide,
– l’archétype d’identification primaire ; mais entrave le processus d’individuation, d’autant plus
– le noyau de l’Idéal du Moi ;
© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)

© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)


encore par sa condensation avec le modèle primaire de
– le premier objet d’amour. l’Idéal : rester femme, tout en devenant différente de sa
Ces trois rôles essentiels laissent une empreinte indé- mère idéalisée, peut représenter une tâche psychiquement
lébile dans la matrice du développement psychique. La insurmontable.
relation originale de la fille à la mère marque le dévelop- L’expérience du garçon avec son corps lui permet de cen-
pement psychique de l’identité sexuelle par des processus trer objectivement son identité sur quelque chose de visible
parallèles qui aboutissent à des angoisses spécifiques qui réagit directement aux stimuli, les sensations sont foca-
au sexe féminin. Comme pour le garçon, ces angoisses lisées (« centrifuges », dirait Dolto [36]) et le garçon peut
condensent les spécificités de l’anatomie aux conditions ainsi s’assurer en permanence de son intégrité. La fille a
singulières de la psyché plastique de l’enfant exposée à des sensations internes, non focalisées, diffuses, (« centri-
la séduction maternelle. En effet, la nature de l’angoisse pète », dirait Dolto [ibid]), leur effet reste invisible. Pour
est, aussi bien pour le garçon que pour la fille, spéci- Bernstein [13], l’expérience psychique de l’identité fémi-
fique de l’anatomie et de l’expérience du corps en tant nine reste marquée par ce vécu. Toute excitation sexuelle la
que première réalité, encore que cette expérience puisse renvoie à cette impossibilité de circonscrire l’expérience.
plus facilement être déformée chez la fille. Bernstein [34] Il s’agit d’un vécu régressif qui peut être senti comme
considère que le sexe féminin serait vulnérable à l’angoisse dangereux et refusé d’emblée. Le dégoût hystérique de la
de diffusion, à l’angoisse d’accès et à l’angoisse de sexualité encouragé par l’éducation vient se greffer sur ce
pénétration. vécu archaïque déroutant. L’affect ne dispose pas d’une

L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 88, N◦ 9 - NOVEMBRE 2012 731


D. Vasconcellos-Bernstein

liaison directe à la représentation. Aucun moyen de défense ger étant que cette compensation transitoire n’en devienne
ne semble plus à sa portée que le refoulement. un substitut permanent. Stoller [40] attribue à cette fixation
Cette expérience d’excitation sensorielle diffuse vient les formes de perversion féminines qui sont beaucoup plus
faire écho à l’indifférenciation d’avec la mère entretenant discrètes que les masculines.
l’angoisse de diffusion identitaire qui apparaît de manière L’angoisse de pénétration a été plus souvent décrite
caractéristique dans les processus de pensée. Le style dans la littérature psychanalytique. On peut l’articuler à
cognitif féminin d’appréhension et production porte sa l’envahissement par l’excitation que souvent la fille ne
marque. Ses manifestations vont du normal au pathologique met pas en rapport avec le stimulus : c’est comme si elle
depuis l’intuition jusqu’aux troubles de dépersonnalisation était en danger d’être pénétrée sans possibilité de maîtriser
hystériques. Freud considérait que « l’infériorité intellec- dedans/dehors.
tuelle de tant de femmes, qui est une réalité indiscutable, L’angoisse s’installe dans le conflit entre régression/
doit être attribuée à l’inhibition de la pensée, inhibition progression, identification/différenciation, dépendance/
requise pour la répression » ([37] p. 42). Il s’agirait donc, autonomie, contrôle/impuissance. Dans le meilleur des cas,
dans ce cas, d’une caractéristique fonctionnelle acquise l’identification au père, quand il est accessible, ouvre la voie
suite à l’intériorisation des valeurs de la culture via la à une autre identification et libère aussi bien la fille que le
mère en internalisant aussi les difficultés sexuelles de garçon d’un tête-à-tête mortifère avec la mère. Cette relation
celle-ci. très complexe à la mère archaïque est toujours ambiva-
La fille a donc deux puissants facteurs qui s’opposent à lente et, sous une idéalisation de couverture, la haine et
l’acquisition d’une identité individualisée : l’identification l’envie restent présentes pour protéger contre le désir sou-
primaire narcissique à la mère et l’envahissement de vent renouvelé de régression. Le pouvoir démesuré de la
son intérieur par l’excitation non représentable. Les mère est fantasmé, mais l’expérience réelle des limitations
propres angoisses maternelles de diffusion le plus sou- personnelles de la fille reste acquise.
vent conduisent la mère à réprimer chez la fille les Dans ce contexte, l’envie du pénis est aussi l’envie de
représentations mentalisées de ses expériences sexuelles. se saisir d’une représentation (de l’objet ?) de sa propre
Deux moyens efficaces sont à sa portée : toute tentative sexualité. Bernstein [34] pense que l’envie du pénis résulte
d’exploration manuelle qui pourrait aider l’enfant à du désarroi devant l’impossibilité de matérialiser ses sen-
circonscrire et focaliser ses sensations est découragée sations d’excitation. L’avoir permettrait de se saisir et de
et, le plus souvent, les mères n’ont pas un nom spéci- la représentation et de la satisfaction : « c’est cela qu’il me
fique pour l’appareil génital féminin [38]. Plus encore, faut ! » et pour la représenter, et pour la satisfaire.
rarement les trois zones sont discriminées fixant le vécu Bernstein [13] souligne la force du Surmoi tyrannique
de cloaque qui contamine la sexualité féminine dans la infiltré par l’Idéal du Moi en conséquence de la diffi-
saleté. culté rencontrée au cours du processus d’individuation. Les
Au contraire du garçon, la fille reste très dépendante angoisses d’accès et de diffusion spécifiques à l’identité
de sa mère pour être rassurée quant à l’intégrité de son féminité façonnent les contenus du Surmoi particulière-
corps justement au cours de la phase anale, quand elle doit ment quant à la soumission à l’objet d’amour. Si Freud
réaliser parallèlement le difficile processus de séparation et a très finement observé le manque d’individuation du Sur-
individuation. Solliciter la mère suppose un « oui » chargé moi féminin, la clé de cette constatation courante dans la
© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)

© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)


de la menace de régression identitaire, quand un « non » clinique peut être retracée aux conditions auxquelles est
s’imposerait pour aller vers l’autonomie. L’angoisse liée soumis le développement du Surmoi féminin : l’objet est le
à la confusion provoque des mouvements psychiques garant de l’identité et l’accès à l’expérience de soi dépend
contradictoires entre la régression et la recherche de de son accord. La soumission à l’objet est le contenu pré-
maîtrise, ce qui rend hautement conflictuelle la relation valent de l’Idéal qui interdit ainsi de s’en démarquer. Le
fille-mère. Surmoi féminin ne manque pas de force, au contraire ! Mais
La sensation intéroceptive d’un espace inconnu renvoie sa force est mise au service des impératifs relationnels qui
la petite fille à la représentation extérieure de « trou » don- lui donnent l’apparence d’inconsistance due aux conflits
nant lieu à des tentatives de maîtrise par des régressions entre les contenus. L’attrait de la régression à laquelle les
anales et orales [39]. Toute excitation génitale redouble le femmes sont culturellement encouragées répond à cette
besoin de maîtrise. Le fait d’être mouillée par l’excitation disposition très tôt modelée. On peut faire l’hypothèse
réveille des sensations archaïques de confusion de zones et que, si les femmes sont elles-mêmes si souvent compli-
de honte. Une hypothèse psychogénétique pour expliquer ces des discriminations dont elles font l’objet, c’est sans
pourquoi les filles développent la maîtrise des éjections plus doute parce que leur Surmoi leur commande cette sou-
tôt serait de penser qu’il s’agit du désir de maîtriser l’accès mission comme condition essentielle pour conserver et
à l’intérieur du corps et ses sensations diffuses. La maîtrise l’amour de l’objet et, encore plus important, leur identité
anale peut en partie compenser la maîtrise génitale – le dan- féminine.

732 L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 88, N◦ 9 - NOVEMBRE 2012


Identité sexuelle : les angoisses spécifiques à la masculinité et à la féminité

Conclusion 13. Bernstein D. Female identity conflict in clinical practice.


Londres : Jason Aronson Inc, 1993.
Pour conclure, je voudrais évoquer le propos de Barande 14. Stoller S. Primary Feminity. J Am Psychoanal Soc
([41] p. 925) qui souligne l’égalité des contraintes dont 1976 ; 24 : 59-78.
souffrent les hommes et les femmes au-delà de la différence 15. Jost A. Les péripéties d’une recherche : l’étude de la diffé-
du sexe anatomique : « car on ne peut effectivement dire rentiation sexuelle. M/S Méd Sci 1991 ; 7 : 263-75.
que l’homme est un être manqué, pas plus que la femme. 16. Greenson RR. Des-identifying from mother: its special
Cependant, à les reconnaître manquants – si on ne craint de importance for the boy. Int J Psychoanal 1968 ; 49 : 370-3.
remonter à leur castration néoténique et à se confronter au 17. Freud S. Remarques psychanalytiques sur un cas de paranoïa
sexe de la mère où s’origine leur manque dès l’instant de la (dementia paranoides) décrit sous forme autobiographique.
naissance – on est bien contraint de les considérer chacun Œuvres complètes, X. Paris : PUF, 1910, p. 225-304.
comme “être inachevé” dont l’inachèvement, indépendam- 18. Bergeret J. L’« analité » et la maîtrise. Rev Fr Psychanal
ment de son sexe physique détermine une seule et même 1995 ; 3 : 659-82.
sexualité qui vise à réparer cette castration originaire ». 19. Stoller S. La perversion et le désir de faire mal. Nouv Rev
Le processus de séparation et individuation apparaît ainsi Psychanal 1984 ; 29 : 147-71.
comme un tournant essentiel où le corps, dans sa spécifi- 20. Dejours C. Le corps d’abord. Paris : Payot, 2001.
cité sexuée masculine ou féminine, est l’objet d’un travail 21. Cornut J. Pourquoi les hommes ont peur des femmes ?
psychique d’élaboration qui fonde l’identité sexuelle sub- Paris : Payot, 2001.
jective. 22. David C. La bisexualité psychique. Rev Fr Psychanal
1975 ; 5/6 : 695-715.
Conflits d’intérêts : aucun. 23. Stoller R. Faits et hypothèses : un examen du concept freudien
de bisexualité. Nouv Rev Psychanal 1973 ; 7 : 135-53.
Références 24. Stoller R. Recherches sur l’identité sexuelle. Paris :
Gallimard, 1978.
1. Freud S. Trois essais sur la théorie sexuelle, préface à la 25. Person ES. Male sexuality and power in The sexual century.
quatrième édition. Paris : Gallimard, 1987, 1905. New Haven, Londres : Yale University Press, 1986, 1999 (p.
2. Laplanche J. Le fourvoiement biologisant de la sexualité chez 316-332).
Freud. Paris : Les empêcheurs de penser en rond, 1999. 26. Chasseguet-Smirgel J. Freud et la féminité : quelques tâches
3. Bowlby J. Symposium on “Psycho-analysis and ethology”: aveugles sur le continent noir. In : Les deux arbres du jardin.
ethology and the developpement of object relations. Int J Paris : Des Femmes, 1986, p. 41-70.
Psychoanal 1960 ; 41 : 313-7. 27. Horney K. On the genesis of the castration complex in women.
4. Lichtenstein H. Identity and Sexuality. Am J Psychoanal Int J Psychoanal 1924 ; 5 : 50-65.
Assoc 1961 ; 9 : 179-260. 28. Jones E. Le développement précoce de la sexualité féminine
5. Lichtenstein H. Le rôle du narcissisme dans l’émergence in théorie et pratique de la psychanalyse. Paris : Payot, 1969,
et le maintien d’une identité primaire. Nouv Rev Psychanal 1927 (p. 389-411).
1976 ; 13 : 147-60. 29. Klein M. Le retentissement des premières situations anxio-
géniques sur le développment sexuel de la fille. In : La
© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)

© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)


6. Laplanche J. La théorie de la séduction généralisée in Nou-
veaux Fondements de la Psychanalyse. Paris : PUF, 1987. psychanalyse des enfants. Paris : Payot, 1969, 1932 (p. 209-
7. Dejours C. Le corps entre biologie et psychanalyse. 250).
Paris : Payot, 1986. 30. Kestemberg E. Vicissitudes of female sexuality. J Am Psy-
8. Dejours C. Le corps comme « exigence de travail » pour la choanal Assoc 1956 ; 4 : 453-76.
pensée. In : Debray R, Dejours C, Fédida P, éds. Psycho- 31. Chasseguet-Smirgel J. La sexualité féminine. Paris : Payot,
pathologie de l’expérience du corps. Paris : Dunod, 2002, p. 1964, 1991.
63-106. 32. Torok M. La signification de l’« envie du pénis » chez la
9. Spitz R. Hospitalisme : une enquête sur la genèse des états femme. In : Chasseguet-Smirgel J, éd. La sexualité féminine.
psychopathiques de la première enfance. Rev Fr Psychanal Paris : Payot, 1964, 1991 (p. 181-219).
1949 ; XIII : 397-425. 33. Bleichmar ED. El feminismo espontaneo de la Histeria. Bar-
10. Freud S. Au-delà du principe de plaisir. Œuvres complètes, celona : de Adotrai S.A, 1986.
XV. Paris : PUF, 1920, p. 273-338. 34. Bernstein D. Female genital anxieties, conflicts and typical
11. Freud S. Nouvelles conférences sur la psychanalyse. mastery modes. In : Breen D, éd. The gender conundrum.
Paris : Gallimard, 1932, 1974. Londres : Routledge, 1993, p. 189-211.
12. Stoller S. Présentations of gender, New Haven et Londres, 35. Dejours C. Le corps entre biotechnologies et psychanalyse :
Yale University Press. Masculin ou féminin ?. Paris : PUF, à propos des procréations médicalement assistées (PMA).
1985, 1989. Filigrane 1993 ; 2 : 29-41.

L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 88, N◦ 9 - NOVEMBRE 2012 733


D. Vasconcellos-Bernstein

36. Dolto F. Sexualité féminine. Paris : Scarabée & Compagnie, 39. Barnett MC. Vaginal awareness in the infancy and
1982. childhood of girls. J Am Psychoanal Assoc 1966 ; 14 :
37. Freud S. La morale sexuelle civilisée et la maladie nerveuse 129-41.
des temps modernes. In : La vie sexuelle. Paris : PUF, 1908, 40. Stoller R. La perversion, forme érotique de la haine.
1969 (p. 28-46). Paris : Payot, 1973, 1978.
38. Lerner H. Parental mislabelling of female genitals as a deter-
minant of penis envy and learning inhibitions in women. J 41. Barande R. Au-délà d’une théologie dualiste, l’unisexualité
Am Psychoanal Assoc 1976 ; 24 : 269-83. psychique. Rev Fr Psychanal 1975 ; 2 : 919-33.
© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)

© John Libbey Eurotext | Téléchargé le 24/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 177.92.55.136)

734 L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 88, N◦ 9 - NOVEMBRE 2012

Vous aimerez peut-être aussi