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LES C AHIERS

CERBA
Recommandations pour la mise en œuvre
et l’interprétation de l’étude de l’hémoglobine

par Isabelle Vinatier, Biologiste - Laboratoire CERBA


2
LES C AHIERS Recommandations pour la mise en œuvre
et l’interprétation de l’étude de l’hémoglobine par Isabelle Vinatier, Biologiste - laboratoire CERBA

S O MMA
RAPPELS SUR L’HÉMOGLOBINE IRE
1) Structure de la molécule d’Hb p. 3
2) Gènes de l’Hb p. 3
3) Différentes Hb humaines p. 3

HÉMOGLOBINOPATHIES
1) Types d’hémoglobinopathies p. 4
2) Variants fréquents p. 4
HbS p. 4
HbC p. 6
HbE p. 7
3) Thalassémies p. 8
α-thalassémies p. 8
β-thalassémies p.10
δβ-thalassémies et persistance héréditaire de l’HbF p.11
δ-thalassémies p.11

ETUDE DE L’HÉMOGLOBINE
1) Circonstances de prescription p.12
2) Conditions nécessaires à l’interprétation des résultats p.12
3) Prélèvement p.12
4) Valeurs normales p.12
5) Techniques p.12
6) Nomenclature des actes de biologie médicale2010)
(janier p.13
7) Recommandations de la S.F.B.C. p.13
8) Caractéristiques des différentes techniques de l’étude de l’hémoglobine p.14

IN TERPRÉTATIO N S DES RÉSU


LTATS
Bain p.18
Haemoglobinopathy
BJ. n edition EXEMPLES
Oxford : Blackwell
diagnosis. 2 Publishing,
d. 2006 ;
p.23
313 p.
CERBA
Ce cahier est destiné à guider les biologistes dans
le diagnostic des hémoglobinopathies à l’aide RAPPELS SUR L’HEMO G LO BIN E la famille α et de la famille β, tout
déséquilibre se traduisant par un
d’algorithmes décisionnels. Il souligne 1) Structure de la molécule d’Hb syndrome thalassémique.
l’importance du contexte de la prescription et
rappelle que l’électrophorèse de l’hémoglobine La molécule d’H b a pour fonction d’a ssurer le transport Figure 2: structure et organisation
(Hb), bien qu’encore inscrite en tant que telle à la de l’oxygène dans l’organisme. C ’est une protéine tétra schématique des deux familles de gènes
Nomenclature des Actes de Biologie Médicale, est mérique constituée de 4 sous-unités de g lobine sembla de globine. Les gènes sont organisés de 5’
insuffisante quand elle est utilisée seule . bles 2 à 2. Les chaînes de globine appartiennent, pour les en 3’ selon leur ordre d’expression au
cours du développement.
Les hémoglobinopathies correspondent aux unes, à la fa mille α et pour les a utres, à la fa mille β.
anomalies génétiques qui touchent la partie Chaque globine a une structure g lobula ire compa cte ε G γ Aγ δ β
protéique de l’Hb. Ce sont les affections ména g ea nt une poche da ns la quelle vient se nicher une
5’ 3’ Chromos
héréditaires les plus répandues dans le monde : molécule d’hème (figure 1). Il s’a g it d’une ome 11
on estime à 7 % de la population mondiale le protoporphyrine ma intena nt en son centre un atome de 5’ 3’
nombre de sujets porteurs hétérozygotes. Ces fer sous forme réduite (Fe++) qui permet de fixer Chromos
ome 26
pathologies, endémiques dans certaines l’oxygène.
populations, sont de plus en plus souvent ξ α2
observées en Europe du Nord du fait des α1
mouvements de population. Figure 1: schéma de la molécule d’Hb
Les sujets hétérozygotes sont généralement 2) Les gènes de l’Hb
asymptomatiques mais les sujets homozygotes ou
hétérozygotes composites sont exposés à des Les chaînes de type α correspondent
complications sévères voire mortelles : ce sont les
à des chaînes polypeptidiques de
syndromes drépanocytaires majeurs et les
141 résidus dont la synthèse est
thalassémies.
sous le contrôle de gènes situés sur
On ne connaît pas la fréquence des porteurs
asymptomatiques en France. Concernant les le chromosome 16.
patients symptomatiques, en 2009, les registres Les chaînes de type β (auxquelles se
nationaux faisaient état de plus de 10000 patients rattachent les chaînes γ, δ et ε) 3) Les différentes Hb humaines
drépanocytaires. Les syndromes thalassémiques comportent 146 résidus et
majeurs ou intermédiaires sont plus rares car on Différentes Hb se succèdent et se 3
dépendent de gènes situés sur le
ne dénombre que 380 patients et ce nombre chromosome 11. L’organisation des chevauchent au cours des étapes de
semble stable. familles des gènes de globine est la vie (figure 3) : il en existe toujours
présentée schématiquement figure plusieurs simultanément. Elles se
La prévention des hémoglobinopathies passe par distinguent par la nature des chaînes
le dépistage des porteurs asymptomatiques du 2. Leur expression est coordonnée
précisément pour aboutir à une qui les constituent.
trait drépanocytaire ou du trait thalassémique.
synthèse équivalente des gènes de
http://globin.cse.psu.edu/globin/hbvar/menu.html
Les gènes ε et ζ s’expriment
uniquement pendant la vie
LES HEMO G
embryonnaire. La chaîne α est LOBINOPATHIES
présente pendant la vie foetale 4
et adulte. 1) Types
Le remplacement progressif des d’hémoglobinopathies Seuls 1/ 3 d’entre eux ont des répercussions cliniques, la
chaînes γ (prépondérantes mutation intervenant dans une zone critique pour le
pendant la vie fœtale) par les Les hémoglobinopathies sont de
deux types : fonctionnement de la molécule.
chaînes δ et β s’effectue pendant Trois Hb anormales occupent une place prépondérante de
les 6 premiers mois de vie. par leur fréquence et leur caractère pathogène : HbS, HbE
- le premier correspond à la
HbA = α2β2 HbA 2 = α2δ2 HbF = α2γ2 présence d’une Hb de structure et HbC .
anormale, entraînant ou non des
Figure 3: expression des gènes de Les Hb anormales peuvent être classées en 4 g roupes :
signes fonctionnels ;
globine au cours du développement 1] Les variants qui sont à l’origine de problèmes de
- le second à un défaut de
synthèse, partiel ou total des santé publique majeurs. Il s’agit surtout des HbS dans la
α population africaine et des HbE dans les populations du
chaînes α et/ ou β, qui s’exprime
sud-est asiatique ;
dans le groupe très hétérogène des
thalassémies. C e sont des
2] Les variants plus rares mais présents dans les
β pathologies différentes dans leur
populations où l’HbS a une forte prévalence. C ’est le cas
γ expression clinique et leur
Expression des gènes

ζε des HbC , O -Arab et D-Punjab, qui par ellesmêmes n’ont


unités arbitraires

physiopathologie. Néanmoins, il
qu’un effet pathogène minime, mais qui, associées à l’HbS,
existe en réalité un certain
conduisent à des syndromes drépanocytaires majeurs ;
)

chevauchement entre ces deux


3] les polymorphismes ou les mutations privées,
groupes puisque certaines Hb de
δ habituellement totalement silencieux sur le plan clinique.
structure anormale se comportent
Ils ont été découverts lors d’études systématiques de
comme des variants
population ou parce qu’ils interfèrent avec le dosage de
thalassémiques. D’autre part, il n’est
(

G rossesse en semaines N aissance Age en mois


l’Hb glyquée. C es variants doivent être caractérisés et
pas rare que les deux types
rapportés dans les banques de données pour éviter qu’ils
d’anomalies soient présents chez un
ne soient confondus avec des variants aux conséquences
même individu. 2) Variants cliniques sévères ;
fréquents
4] les variants exceptionnels à l’origine de désordre
Plus de 1000 variants sont aujourd’hui répertoriés dans la hématologiques variés : Hb instables (qui sont la cause
banque de données HbVar accessible sur le web : d’anémies hémolytiques chroniques), Hb hyperaffines
(responsables de polyglobulies), Hb hypo-affines au Maghreb, en Sicile, en G rèce, dans tout le Moyen-O la présence de dérivés de l’HbS pouvant coéluer avec l’HbA
(responsables d’anémies avec cyanose), HbM (cause de rient et aux Indes. 2. Le tableau I résume les caractéristiques cliniques et

méthémoglobinémies). biologiques des différentes formes de drépanocytose. Les


Diagnostic biologique et clinique formes sévères, appelés syndromes drépanocytaires
HbS L’HbS est détectée par les majeurs, associent trois grandes catégories de
techniques électrophorétiques et/ ou manifestations cliniques : anémie hémolytique chronique
L’HbS est un mutant de la chaîne β où l’acide chromatographiques, un seul test n’étant pas suffisant avec épisodes d’aggravation aigus, phénomènes vaso-
glutamique en position 6 est remplacé par une valine. pour affirmer son existence. Il est recommandé de occlusifs, susceptibilité aux infections bactériennes. Ces
Elle définit la drépanocytose, maladie génétique à confirmer sa formes nécessitent une prise en charge précoce par un
transmission autosomique récessive. présence par des tests fonctionnels (test de solubilité, test centre spécialisé. C hez un hétérozygote symptomatique,
de falciformation) pour différencier l’HbS des autres une étude complémentaire est nécessaire pour rechercher
Répartition géographique variants migrant ou coéluant en même temps. Le dosage une mutation supplémentaire sur les gène β ou α, en cis ou
précis des différentes fractions est indispensable pour en trans. C ’est le cas pour identifier l’HbS-Antilles, pour
L’HbS est fréquente chez les sujets originaires d’Afrique
affiner le diagnostic. laquelle une seconde mutation (β 23 ValIle) sur le gène de
noire (jusqu’à 25 % de la population dans certaines
Le taux d’HbA 2 mesuré par C L-EC l’HbS favorise la polymérisation de l’Hb.
régions) et également retrouvée aux Antilles (10-12 %),
(C hromatographie Liquide-Echange de C ations) peut être
légèrement augmenté chez un porteur d’HbS en raison de
Tableau I : caractéristiques biologiques et cliniques des principaux syndromes drépanocytaires
Diagnostic biologique

Statut génétique Expression clinique Etude de l’Hb


Hb (g/dl) VGM (fl)
HbA (%) HbS (%) HbF (%) HbA2 (%)

S hétérozygote N N 60-65 35-40 <1 V

30 et 35
Asymptomatique
=> conseil génétique ↓ (un seul gène α
S hétérozygote et α-
N (sans carence 60-75 délété) <1 V
thalassémie associée
martiale) 25-30
5
(deux gènes α délétés)
Ν
S homozygote 6-10 0 80-95 5-20* V

Syndromes
drépanocytaires
majeurs
-> prise en charge
précoce dans des
centres spécialisés

Hétérozygotie composite 50 (+HbC,


S/C (ou S/D-Los ↓ Hb D-Los
10-12 0 1-7* V
Angeles** ou S/O-Arab) (70-90) Angeles** ,
Hb O-Arab=45)
Hétérozygotie ↓
9-12 1-25 55-90 5-15* V
S/β+-thalassémie (65-95)
Hétérozygotie composite ↓
7-11 0 80-90 5-15* V
S/β°-thalassémie (60-80)
Généralement
Hétérozygotie composite asymptomatique
N N 0 > 70 15-35* V
S/PHHF => conseil génétique
N : normal
* : Le taux d’HbF est variable et doit être déterminé avec précision car il est admis que dès qu’il dépasse 10 %, il suffit à inhiber partiellement la polymérisation et à retarder la falciformation. V : variable
car le dosage de l’HbA2peut être l’objet d’une contamination par des fractions dérivées de l’HbS ** : HbD-Los Angeles est aussi appelé D-punjab
HbC Dans les syndromes drépanocytaires majeurs, l’existenceConseil génétique
d’une α-thalassémie associée doit La présence d’H bS chez des pa rents a symptoma
L’HbC est un variantégalement être recherchée car elle semble associée tiques doit donc être prise en compte da ns lede la chaîne β où l’acide glutamique en position 6 est
remplacé par uneà certaines complications. Elle peut être suspectée conseil g énétique de la drépa nocytose. C eslysine. Elle définit l’hémoglobinose C .
sur des arguments indirects (constantes couples doivent être informés du risque de
hématologiques, taux d’HbS, présence d’Hb Bart’s syndrome drépa nocyta ire ma jeur da ns leur Répartition géographique
ou d’HbH) ou recherchée spécifiquement par des descenda nce. C ’est un variant caractéristique de
techniques de biologie moléculaire. l’A frique de

Tableau II : caractéristiques biologiques et cliniques des hémoglobinoses C


Diagnostic biologique
Statut génétique Expression clinique Etude de l’Hb
NFS
HbA (%) HbC (%) HbF (%) HbA2 (%)
Hémoglobinose C Normale, parfois
hétérozygote discrètement microcytaire 60-65 35-40 <1 <3

Hémoglobinose C Asymptomatique 30 et 35(1 seul


hétérozygote et α- Microcytose sans carence gène α délété)
60-75 <1 <3
thalassémie martiale associée 25-30 (2 gènes α
associée délétés)
Anémie hémolytique
chronique modérée
Mécanisme :
cristallisation de
l’HbC ->
déshydratation
cellulaire et
moindre
déformabilité des
hématies

Anémie (Hb > 8g/dl)


Hémoglobinose C microcytaire 0 > 90 <3 <3
homozygote CCMH (38 %)
cellules cibles++
microsphérocytes

Anémie (7-10
Hétérozygotie
Thalassémie g/dl) microcytaire
composite C/β°- cellules cibles++ 0 > 90 2-10 <3
intermédiaire
thalassémie microsphérocytes
Anémie modérée
Hétérozygotie Anémie hémolytique microcytaire
20-30 60-80 2-10 <3
C/β+-thalassémie chronique modérée cellules cibles++
microsphérocytes
l’O uest (jusqu’à 20 % de la population dans certaines régions), présent également aux
Antilles (3 %).

Diagnostic biologique et clinique

Le tableau II résume les caractéristiques cliniques et biologiques des différentes formes génétiques de l’hémoglobinose C . La présence exclusive d’HbC chez un individu est à l’origine d’une
anémie hémolyptique chronique généralement modérée.

Conseil génétique
C ’est l’association HbS/ HbC qui est grave puisqu’elle conduit à un syndrome drépanocytaire majeur. La présence d’HbC doit donc être prise en compte dans le conseil génétique de la
drépanocytose.
Les couples risquant d’avoir un enfant avec une hémoglobinopathie SC doivent être informés du risque de syndrome drépanocytaire majeur dans leur descendance.
HbE Répartition géographique
L’HbE est un mutant de la chaîne β où l’acide glutamique
en position 26 est remplacé par une lysine. Elle définit
l’hémoglobinose E. C ’est sans doute la plus fréquente des
Hb anormales au niveau mondial. L’HbE constitue un
modèle particulier de β+-thalassémie. La mutation
démasque un site d’épissage alternatif qui conduit à une
synthèse avortée pour une partie de la chaîne β mutée. Le
problème n’est donc pas celui d’une protéine anormale
mais celui d’une synthèse en quantité insuffisante de cette
protéine anormale. Les chaînes β mutées sont en trop
faible quantité pour se lier aux chaînes α disponibles et
conduisent à un tableau β+-thalassémie.
Tableau III : caractéristiques biologiques et cliniques de l’hémoglobinose E

Diagnostic biologique

Statut génétique Expression clinique Etude de l’Hb


NFS
HbA (%) HbE (%) HbF (%) HbA2 (%)
Normale
Hémoglobinose E Asymptomatique -> ou microcytose
70-75 25-30 <1 *
hétérozygote thalassémie mineure ou discrète
anémie
20 et 25
Hémoglobinose E (un seul gène α délété)
hétérozygote et α- Asymptomatique Microcytose < 20
80-75 <1 *
thalassémie => conseil génétique discrète anémie (deux gènes α délétés)
associée < 10
(trois gènes α délétés)
Normale
ou pseudolopyglobulie
microcytaire hypochrome
ou anémie microcytaire
hypochrome modérée

Hémoglobinose E Asymptomatique ->


> 85** < 15** *
homozygote thalassémie mineure
0

Anémie (7-10
Hétérozygotie composite g/dl) microcytaire
0 40-60 30-60 *
E/β°-thalassémie cellules cibles++
Thalassémie microsphérocytes
intermédiaire Anémie modérée
Hétérozygotie microcytaire
cellules cibles++
10 > 40 30-60 * 7
E/β+-thalassémie
microsphérocytes
Elle concerne essentiellement les
populations du sud-est asiatique où
sa prévalence peut s’élever jusqu’à
60 % dans certaines régions. En
raison d’une forte immigration des
populations du sud-est asiatique
vers les pays occidentaux, on
l’observe aujourd’hui partout dans
le monde.
Diagnostic biologique et 3) Les thalassémies formes désignées comme « ° », où le gène atteint ne
permet aucune synthèse ;
clinique Les thalassémies sont les maladies
Le tableau III résume les génétiques les plus répandues au
caractéristiques cliniques et 8
monde. Elles sont responsables
biologiques des différentes formes d’un déficit partiel ou total de
génétiques de l’hémoglobinose E. synthèse d’une chaîne. O n peut NB : les β+-thalassémies particulièrement peu graves sont
classer les thalassémies selon la souvent désignées par β++.
Conseil génétique chaîne de globine touchée et on
La présence d’HbE doit donc être distingue ainsi : La présentation clinique des thalassémies est très variable,
prise en compte dans le conseil allant de l’absence de manifestation (thalassémies
- les α-thalassémies ;
génétique de la drépanocytose. Les mineures) à l’anémie profonde et létale dans les
- les β-thalassémies ;
couples risquant d’avoir un enfant premières années de vie
- les δβ-thalassémies (atteinte des chaînes δ et β) ; - les δ-
avec une hémoglobinopathie SE (thalassémies majeures) : tableau IV
et γ-thalassémies (sans effet clinique). Le dépistage des thalassémies mineures est essentiel pour
doivent être informés du risque de
Si les α-thalassémies sont les plus répandues, les β- informer du risque d’avoir un enfant homozygote malade.
syndrome drépanocytaire dans leur
thalassémies sont responsables des tableaux cliniques les
descendance. α-thalassémies
plus sévères.
Les α-thalassémies s’expriment à travers une gamme de
Selon que le défaut de synthèse est total ou partiel, on sévérité variable, directement fonction du nombre de
différencie : -> les formes qualifiées de « + », où la gènes défaillants. C haque
protéine est synthétisée mais en quantité limitée ; -> les
Tableau IV : classement des thalassémies en formes majeures, mineures ou intermédiaires
Tableau clinique Anomalies moléculaires

Thalassémies - β-thalassémies hétérozygotes


mineures (trait Asymptomatique - δβ-thalassémies hétérozygotes
thalassémique) - α-thalassémies (1 ou 2 gènes α non fonctionnels)
Les deux gènes β sont atteints par une
lésion thalassémique grave

Associent à des degrés variables hémolyse sévère,


érythropoïèse inefficace et surcharge en fer
Thalassémies => transfusions sanguines régulières nécessaires
majeures

Expression clinique et hématologique plus sévère - homozygoties ou hétérozygoties


que celle d’une thalassémie mineure sans toutefois composites pourdes mutations avec synthèse
Thalassémies atteindre celle d’une thalassémie majeure réduite des deux chaînes β
intermédiaires => transfusions sanguines exceptionnelles mais le
sujet est exposé à de nombreuses complications - hémoglobinose H (3 gènes α non
liées à la dysérythropoïèse fonctionnels)

chromosome 16 portant deux gènes α (α1 et α2), il existe donc quatre gènes α chez le sujet normal. Au total, un, deux, trois ou même quatre gènes peuvent être non
exprimés. Le défaut moléculaire est généralement une délétion. La classification des anomalies est la suivante :
- expression d’un seul gène α sur le chromosome
=> α+-thalassémie - absence d’expression des deux gènes α sur le chromosome => α°-thalassémie

Dans les α-thalassémies, les chaînes β (ou γ chez le nouveau-né) sont en excès et s’associent en tétramères nommés HbH (β4) ou Hb Bart’s (γ4). C es hémoglobines
instables sont à l’origine d’une anémie hémolytique.

Le tableau V résume les caractéristiques cliniques et biologiques des α-thalassémies.


Tableau V : caractéristiques cliniques et biologiques des α-thalassémies
Nombre de gènes α atteints ( Répartition géographique
Désignation Tableau clinique Tableau biologique NFS Etude de l’Hb Anomalies moléculaires
) et fréquence
1 α+-thalassémie (- Normale Normale chez - généralement : Anomalie génétique la
α/αα) ou discrète microcytose l’adulte 1 % d’Hb délétion totale ou plus répandue dans le
ou discrète anémie Bart’s à la partielle du gène α2 - monde : - Afrique :
Asymptomatique
microcytaire hypochrome naissance plus rarement : porteurs hétérozygotes -
=> thalassémie
mutation ponctuelle sur > ¼ population - Bassin
silencieuse
méditerranéen, sud-est
un gène α
asiatique, Inde
(40 % de la population).
2 Bien tolérée Fréquente en Chine,
α°-thalassémie
-> thalassémie mineure Pseudopolyglobulie - généralement : délétion dans le sud-est asiatique
hétérozygotie
=> conseil génétique microcytaire hypochrome Normale chez des deux gènes αen cis et sur le pourtour du
(--/αα) bassin méditerranéen.
pour les α°-thalassémies l’adulte 5 à 10 %
hétérozygotes des sujets d’Hb Bart’s à la Fréquente en Afrique :
asiatiques naissance - généralement : délétion
α+-thalassémie Microcytose +/- discrète porteurs homozygotes
des deux gènes α2 en
homozygote (-α/-α) anémie -> 1 à 2 % de la
trans population

9
=> DIAGNOSTICDESFORMESMI NEURES
-> diagnostic évoqué devan uée par uneβ - ou δβ -thalassémie (taux d’HbA2 et F normaux) ou une carence martiale
t une microcytose non expliq
-> diagnostic de certitude étude
: moléculaire, envisagée
uniquement dans le cadre duconseil génétique
3 Plus ou moins bien Anémie hémolytique avec - 1 à 40 % - différentes Fréquente en Chine et
tolérée : thalassémie microcytose et d’Hb H chez anomalies génétiques dans le sud-est
intermédiaire hypochromie l’adulte dont la plus fréquente asiatique -> rarement
=> conseil génétique Hb = 3 à 10 g/dl - HbA2 (1 à est la forme --/-α, rencontrée en France,
2 %) résultant d’une concernent des sujets
- HbF hétérozygotie asiatiques ou plus
parfois (1 à 3 %) - composite α°- rarement originaires
Hémoglobinose H
20 à 40 % d’Hb des pays du bassin
thalassémie / α+-
(-α/-- par exemple) Bart’s à la naissance méditerranéen.
thalassémie
- la
caractérisation
moléculaire est
indiquée pour
approcher la sévérité de
la maladie
4
Mort fœtale in utero dans
α°-thalassémie un tableau d’hydrops Etude moléculaire 4 gènes α non Sud-est asiatique, Chine,
homozygote (--/--) foetalis avec anasarque indispensable fonctionnels bassin méditerranéen
foetoplacentaire

β-thalassémies certain degré de protection contre le paludisme, ce qui Les anomalies moléculaires sont le plus souvent des
explique cette large répartition. mutations ou de courtes délétions ou insertions, limitées à
Répartition géographique quelques nucléotides. Plus de 200 lésions différentes ont
Les β-thalassémies sont très fréquentes dans une large été décrites mais une dizaine seulement est responsable
région qui englobe le bassin méditerranéen, l’A frique, le 10 de 80 % des cas. Lors du typage d’une mutation, l’origine
Moyen-O rient, le sous-continent indien, le sud-est géographique du patient est un élément d’orientation
asiatique, la Mélanésie et de nombreuses îles du Pacifique. important car chaque zone géographique présente un
Génotype et phénotype spectre de mutations caractéristique.
La fréquence de l’anomalie varie de 1 à 20 % dans ces
Le tableau VI résume les caractéristiques cliniques et
régions. La présence d’un gène thalassémique assure un
biologiques des β-thalassémies.
Tableau VI : caractéristiques cliniques et biologiques des β-thalassémies
Statut Diagnostic biologique
Tableau clinique
génétique NFS Etude de l’Hb Remarques
β-thalasssémies Asymptomatique Microcytose isolée
hétérozygotes => conseil génétique ou
pseudopolyglobulie
microcytaire
hypochrome ou, - HbA2 (4 à 5 %)
plus rarement, - HbF associée (2 à 7 %) dans 30 à 50 % des cas
légère anémie
microcytaire Remarque:
Causes susceptibles d’abaisser le taux d’HbA2 et de
Taux d’HbA2 et F dépendant du type d’anomalie génétique en cause
masquer une β-thalassémie mineure :
- carence en fer -> renouveler l’étude de l’Hb
si la microcytose persiste après avoir corrigé la
carence martiale ; - grossesse : devant une NFS
évocatrice, il est recommandé de faire une étude de
l’Hb chez le conjoint ;
- période néonatale : pendant cette période, le
taux d’HbA2 est bas et le diagnostic n’est pas
possible ;
- plus rarement : δ-thalassémie associée en
cis ou en trans diminuant le taux d’HbA2 ; - carence
en folates.

β-thalasssémies Définition clinique : Anémie microcytaire - HbF Sur le plan moléculaire, on retrouve :
intermédiares expression plus sévère (Hb entre 6 et 9 - HbA2 - homozygoties ou hétérozygoties
que celle d’une composites pour des thalassémies peu graves
g/dl) - HbA absente ou ↓
thalassémie mineure (exemple : HbE/β-thalassémie) ; - thalassémie
sans toutefois atteindre majeure dont l’expression est atténuée par une autre
celle d’une thalassémie Remarque :
Taux variables en fonction du type d’anomalies moléculaires en anomalie (exemple : synthèse élevée d’HbF) ;
majeure => transfusions
- association aggravant une atteinte
sanguines cause -> doit être complétée par des techniques de biologie
exceptionnelles moléculaire qui précisent la nature des anomalies et permettent hétérozygote (exemple : triplication α aggravant une
=> conseil génétique de rechercher une α-thalassémie associée. β-thalassémie) ; - association thalassémie/Hb
instable.
β-thalasssémies Anémie apparaissant au Anémie -↑↑HbF
majeures cours des premiers mois microcytaire -HbA2 normale ou ↑
de vie -> évolution hypochrome (Hb <
-HbA : absente dans les β°-thalassémies, ↓↓ dans les β+-
fatale en l’absence de 7 g/dl)
thalassémies.
transfusions sanguines
Dans les β-thalassémies, le défaut de chaînes β est δβ-thalassémies et persistance héréditaire de l’HbF (PHHF)
responsable d’un excès de chaînes α, incapables de
s’associer entre elles et extrêmement instables. Elles sont Les δβ-thalassémies résultent de la délétion des deux gènes δ et β. Elles s’observent chez différentes ethnies du bassin
responsables d’une érythropoïèse inefficace. C ’est le méditerranéen. La PHHF peut résulter de plusieurs types d’anomalies moléculaires.
déséquilibre de synthèse entre chaînes qui augmente de O n distingue : d’établir une frontière nette entre ces deux
façon croissante la sévérité du phénotype (figure 4). Les - les PH H F délétionnelles qui résultent de anomalies. délétions larges incluant les gènes δ et β ;
modificateurs secondaires du phénotype sont les autres
- les PH H F non délétionnelles qui forment un δ-thalassémies
gènes de globine dont l'expression interagit avec celle du
groupe hétérogène de lésions stimulant la synthèse d’HbF. Les δ-thalassémies n’ont pas de signification clinique.
gène β anormal. Il s'agit essentiellement des gènes α et γ.
Elles se traduisent par une diminution du taux Les formes
Ainsi, une α-thalassémie mineure associée à une β-
thalassémie mineure en diminue l’expression. A l’inverse, délétionnelles de PHHF et les d’HbA2 avec une NFS normale. Leur association, en δβ-thalassémies ont d’abord été considérées
une triplication des gènes α en majore l’expression. comme cis ou en trans, avec un gène β-thalassémique a des syndromes distincts mais aujourd’hui, de pour conséquence la
non élévation du taux d’HbA2, nombreux auteurs considèrent qu’il est difficile ce qui peut faire méconnaître le trait
Figure 4: conséquence du rapport de synthèse β/αsur le thalassémique.

Génotype Tableau VII : principales caractéristiques biologiques et cliniques des δβ-thalassémies et PHHF
1 β ++/ β N

β ++/ β ++
β +/ β N
Trait
thalassémique β °/ β N
β +/ β ++
β +/ β +
Thalassémie
intermédiaire β +/ β ° 11
Thalassémie 0 β °/ β °
majeure

phénotype thalassémique

Phénotype Rapport de synthèse β/α


Thalassémie silencieuse
Statut Diagnostic biologique
génétique Tableau clinique
NFS Etude de l’Hb
Hétérozygotie Thalassémie mineure Paramètres hématologiques - HbF (5 à 20 %)
δβ-thalasssémie similaires à ceux observés - HbA2 normale le plus souvent, parfois
dans une β-thalassémie diminuée
mineure
(microcytose)*
Homozygotie Thalassémie -100 % d’HbF
δβ-thalasssémie intermédiaire - Absence d’HbA
Hétérozygotie - HbF ↑↑
composite δβ- - HbA ↓↓
thalasssémie/ β-
thalasssémie

Hb = 8 à 13 g/dl
microcytose

Hétérozygotie Paramètres hématologiques - HbF élevé (15 à 30 %)


PHHF normaux (normocytose)* - HbA2 normale le plus souvent
Asymptomatique
Homozygotie Pseudopolyglobulie - 100 % d’HbF
PHHF microcytaire hypochrome - Absence d’HbA
Hétérozygotie % - contexte clinique ;
composite ETUDE DE L’HEMO
Syndrome
G LO BIN-- HbF
Anémie microcytaire
thalassémique peu E 70normale
HbA - le plus souvent
contexte transfusionnel (il est
2
PHHF/ sévère à intermédiaire
1) C irconstances de prescription indispensable defaire l’analyse à distance d’une
β-thalasssémie transfusion,
* En pratique, plus le nombre
- de cas rapportéssystématique
Dépistage dans la littérature
dansaugmente, plusàon s’aperçoit
les ethnies d’unminimum)
3 mois chevauchement
;
considérable des paramètres érythrocytaires
risque(conseil autrefoisen
génétique supposés distinguer
vue d’une ces deux
grossesse, syndromes.
bilan - constantes érythrocytaires
préopératoire … ) ; (cf tableau VIII : normes en fonction de l’âge) ;
Tableau VIII : - Recherche d’une hémoglobinopathie devant une
indices érythrocytaires en fonction de l’âge et
- bilan martial (incontournable en cas de
du sexe anomalie de l’hémogramme (microcytose, microcytose) ;
5) Techniques anémie, pseudopolyglobulie) ;
- bilan d’hémolyse en cas d’anémie
- Antécédents familiaux ;
Malgré la très grande - Suivi d’une hémoglobinopathie connue ; (réticulocytes, haptoglobine, bilirubine). 3) diversité des anomalies en cause sur le plan génétique, le
diagnostic est - Découverte fortuite d’un variant de l’Hb lors généralement porté sur le seul phénotype. L’étude de l’Hb
nécessite d’avoir dudosage d’HbA 1c.
Prélèvement recours à des méthodes de séparation et de
quantification des G énéralement, 5 ml de sang sur anticoagulant différentes fractions de l’hémoglobine : -> Le dépistage
des thalassémies2) C onditions nécessaires à mineures requiert une quantification précise des taux
(EDTA le plus souvent) suffisent pour une étude
d’HbA 2 et F ; l’interprétation des résultats classique. L’échantillon réfrigéré
-> La détection et l’identification des variants de l’Hb nécessitent le recours
peut se conserver au maximum 8 jours. suffisamment résolutives.
à des méthodesL’interprétation des résultats doit tenir compte de
différentes données : - âge du patient ; 4) Valeurs normales
- origine ethnique ;
- contexte familial ; - HbA > 95,6 %
12 - HbA 2 = 2 à 3,5 % (valeur indicative, à déterminer en
fonction de chaque technique)
La pratique d’une - HbF < 1% seule technique n’est pas recommandée pour deux
raisons principales : - un profil normal, quelque soit le système utilisé, ne
permet
Age pas d’éliminer un variant
Hb (g/dl) de l’Hb ; - plusieurs variants
Hématies (T/l) peuvent se comporter
VGM (fl) de la même
TCMH (pg) façon dans un système. Le dépistage des porteurs sains permet d’identifier des couples à
risque de donner naissance à un enfant malade afin de proposer un conseil génétique et, éventuellement, un diagnostic anténatal. C elui-ci est réalisable à partir de l’ADN fœtal isolé des
6 mois -2 ans 12 + 0,9 4,66 + 0,3 76,1 + 3,2 25,7 + 1,4
cellules amniotiques, de biopsie de placenta ou de villosités choriales.
2-6 ans 12,2 + 0,7 4,67 + 0,3 77,6 + 3,3 26,3 + 1,3
La caractérisation
6-12 ans préalable des
12,7 mutations chez 4,68
+ 0,8 les parents
+ 0,3 est indispensable
80,4 + 3,4pour les β-thalassémies
27,3 + 1,3 en raison du grand spectre de mutations. Elle est également indispensable dans le cas de
la drépanocytose pour sécuriser le résultat.
12-16 ans 13,5 + 1,1 4,74 + 0,4 83,8 + 4 29,2 + 1,5
Le tableau IX résume les caractéristiques
Adulte femme 11,5 à15 des différentes
4 à5 techniques d’étude de l’Hb.
82 à 98 27 à 32
Adulte homme 13 à 17 4,5 à 5,5
Ref. : Lainey E, Boirie M, Fenneteau O. Hémogramme en pédriatrie : variations physiologiques.Rev Fr Lab 2009 419
; : 49-59
6) N omenclature des actes de biologie médicale . 4056 (B600) : plus de deux mutations Il est à noter que ce travail ne prenait pas encore en
. si les recherches précédentes n’ont identifié qu’une ou compte l’essor croissant de l’électrophorèse capillaire dont
(janvier 2010) Chapitre “Hématologie”
aucune mutation : étude indirecte par analyse de la les performances pour mesurer les taux d’HbA 2 et F sont
- 1113 (B60) : Electrophorèse de l’hémoglobine en gel de ségrégation de polymorphismes de l’ADN : 4057 (B700) actuellement jugées équivalentes à celles de la C L-EC .
polyacrylamide
- 1114 (B60) : Electrophorèse de l’hémoglobine en citrate C es analyses s’entendent par individu étudié. Elles ne sont
agar pas cumulables.
Les cotations de ces deux examens 1113 et 1114 ne
sont cumulables que lorsque l’électrophorèse en gel - diagnostic prénatal d’une α-thalassémie :
de polyacrylamide suggère la présence d’HbC ou E. . 4058 (B500): avec antécédents familiaux connus
. 4059 (B700) : sans antécédents familiaux
- 1115 (B30) : Test de solubilité de l’hémoglobine (test
d’ITAN O ) en vue de la confirmation d’une HbS
- 1117 (B20) : Test à l’isopropanol en vue de la recherche 7) Recommandations de la Société Française de
d’une hémoglobine instable Biologie C linique (S.F.B.C .)
- 1118 (B20): Dosage de l’hémoglobine F
- 1120 (B120) : Recherche d’une anomalie de l’hémoglobine En 2003, la SFBC, par l’intermédiaire de son groupe de
par au moins une technique d’électrophorèse, et deux travail «Recommandations dans le domaine des diagnostics
autres tests adaptés selon les besoins pour un résultat des hémo-
diagnostique d’orientation. globinopathies » a publié un recueil de « bonnes pratiques
Un commentaire et un résultat accompagnent le compte- de l’étude de l’hémoglobine». Il est proposé une démarche
rendu. standardisée et actualisée afin d’obtenir des diagnostics
fiables en vue de la prise en charge des patients, du conseil
Chapitre “Diagnostic prénatal” génétique et du diagnostic anténatal (cf fig.5 in
BARDKAJIAN -MIC HAU J. & G roupe de travail de la SFBC Bonnes
pratiques de l’étude de l’hémoglobine. Ann Biol C lin 2003, 61 : 401-9).
Anomalies de l’hémoglobine Il est notamment rappelé que les techniques
- 4054 (B600) : diagnostic prénatal d’une drépanocytose par d’électrophorèse en gel ne sont pas adaptées à la
biologie moléculaire quantification des fractions mineures, HbA 2 et F. D’autre 13
part, la pratique d’une seule technique n’est pas
- diagnostic prénatal d’une β-thalassémie majeure : recommandable car un profil normal, quelque soit le
. recherche de mutations les plus fréquentes dans la système utilisé, ne permet pas d’éliminer un mutant de
population, de même origine géographique l’Hb.

. 4055 (B400) : deux mutations


14

8) C aractéristiques des différentes techniques de l’étude de l’Hb (Tableau IX ci-dessous)


TECHNIQUES ELECTROPHORETIQUES

Principe Intérêt Limites Remarques Illustration


Electrophorèse à pH A pH 8.5, la molécule d'Hb Simple à mettre en œuvre - pas suffisamment Technique la plus utilisée
alcalin sur acétate de chargée négativement migre précise pour -> 73 % des participants lors de
cellulose vers l'anode -> les quantifier les fractions mineures, la dernière opération de
hémoglobines qui ont un gain HbA2 et HbF contrôle de qualité organisée
de charge positive migrent - faible pouvoir par l’AFSSAPS en 2004
plus lentement. résolutif -> impossible de
distinguer des variants de
même migration :
HbS/D-Punjab ou
HbE/HbC/HbO-Arab
-mise en défaut chez le
nouveau-né où l’HbF est mal
séparée des HbA et HbS
Electrophorèse La mobilité de la molécule Contribue à l’identification Extrêmement sensible aux La nomenclature la réserve au
sur gel d’agar d'hémoglobine dépend des des Hb anormales conditions expérimentales cas où l’électrophorèse en gel
à pH acide modifications structurales préalablement identifiées -> reproductibilité difficile de polyacrylamide suggère la
induites par la mutation dans par l’électrophorèse à pH présence d’HbC ou E.
certaines régions alcalin ou la focalisation
positivement chargées de la isoélectrique
protéine
Focalisation Utilise la différence de point - Permet traiter de Méthode utilisée pour le
isoélectrique sur gel isoélectrique des Hb grandes séries dépistage néonatal
d’agarose ou de - Très bonne
polyacrylamide résolution-> méthode de
choix pour la détection des
Hb anormales

- Technique semi automatisée,


plus longue et plus complexe à
mettre en œuvre que l’électropho-
rèse sur acétate de cellulose
- Pas suffisamment précise pour
quantifier les fractions mineures,
HbA2 et HbF
- ne différencie pas
HbS/HbD/HbG/HbLepore, non
plus que HbC/HbE/HbO-Arab.
Electrophorèse capillaire - Rapide Plusieurs variants ayant le même Tend à devenir une technique de
- Automatisée comportement que les Hb choix de première intention pour
- Performances anormales les plus courantes, il l’étude de l’Hb
satisfaisantes reste impératif de confronter les
pour doser les fractions résultats à ceux obtenus par une
mineures, HbA2 et HbF autre technique
- Bonne résolution :
à l’écran,en plaçant le
curseur sur le pic anormal, le
logiciel indique pour chaque
zone définie par le
constructeur, une liste de
variants potentiels

TECHNIQUES CHROMATOGRAPHIQUES

Principe Intérêt Limites Remarques Illustration


15
Chromatographie Les différentes fractions - Automatisée et Considérée par de nombreux
liquide* sur colonne d’hémoglobine sont séparées adaptée à degrandes séries laboratoires comme la méthode
échangeuse de cations - Calibrée ->
par un gradient de tampons de de choix pour dépister et
excellente précision pour le
(CL-EC) force ionique et de pH dosage des fractions HbA2 et quantifier les différentes
croissants HbF fractions d’Hb normales et
- Identification anormales (cf programmes de
* CLHP présomptivedes variants les contrôle de qualité
plus courants (HbS, HbC) internationaux)
faite par leur temps d’élution
à l’intérieur de « fenêtres »
définies par le constructeur
D’autres variants pouvant coéluer
avec les Hb anormales les plus
courantes, il reste impératif de
confronter les résultats à ceux
obtenus par une autre technique
Chromatographie liquide Etude séparative des chaînes - Contribution à la Réservée aux laboratoires
haute performance en de globine séparation et spécialisés pour l’étude de l’Hb
phase inverse (RT- -> les chaînes l’identification des variants
HPLC) polypeptidiques sont séparées rares (exemple : HbS
en fonction de leur Antilles) - Caractérisation
hydrophobicité des Hb fœtales (diagnostic
de PHHF)

16

TESTS SPECIFIQUES

Principe Intérêt Limites Remarques Illustration


Test de solubilité Précipitation de l'Hb S - Très spécifique de l’HbS - - Semi-quantitatif Réservé à la confirmation de la
(test d’ITANO) désoxygénée par du > utile pour son - Non automatisé présence d’HbS
dithionite (hydrosulfite de identification - Ne peut pas faire la
sodium) en milieu salin distinctionentre les diverses
formes génétiques de
concentré (tampon phosphate
drépanocytose - Dépendant de
2.8 M, pH 6.8). la qualité des
réactifs (disparition des trousses
commerciales)
- Peu sensible -> ne peut
être utilisé chez le nouveau-né
ou chez un sujet porteur d'un
taux faible d'HbS (risque de
faux négatif) - Quelques rares
faux + (exemple : HbC Harlem)
Test de falciformation - Consiste à sceller une De nos jours -> utile quand
goutte de sang entre lame et rien de plus précis n'est
lamelle et à attendre que les réalisable
processus oxydatifs aient
suffisamment réduit la
tension en oxygène pour
induire une falciformation
visible au microscope -
Variante -> test d’EMMEL :
ajout de métabisulfite de
sodium pour favoriser la
falciformation
Test de stabilité Incuber un hémolysat à 37°C - Doit être réalisé sur un - Réservée aux laboratoires
dans un tampon contenant 17 prélèvement frais, conservé à 4°C spécialisés pour l’étude de
depuis moins de 6 heures
% d'isopropanol pendant un l’Hb - Environ 200 mutations
- Un certain nombre de
temps insuffisant pour faire variantsne sont trouvés instables avec stabilité diminuée ont été
précipiter l'Hb A -> mesure qu'in vitro et ne s'accompagnent décrites -> seulement la moitié
spectrophotométrique du d'aucune anomalie d'entre elles sont responsables
taux d’Hb précipité hématologique d'anomalies cliniques
- A l'inverse, les
hémoglobines lesplus instables
sont détruites dans les minutes ou
heures qui suivent leur
biosynthèse -> leur identification
nécessite généralement
l'utilisation des techniques de
biologie
moléculaire
Dosage d’HbF Méthode de Betke : - Facile à exécuter - Sensible à toute Aujourd'hui largement
résistance à la dénaturation - Précise variation desconditions remplacée par CL-EC
- Reproductible expérimentales - Conduit
alcaline de l’HbF -> mesure
spectrophotométrique (pour les tauxd'HbF entre 1 toujours à une sous-estimation
et 12% d'environ 10% du taux d'HbF
- Mesure à la fois - Difficile à appliquer à
l'HbF et safraction acétylée de grandesséries
TECHNIQUES DE BIOLOGIE MOLECULAIRE (analyses soumises à la réglementation : décret n°2008-321 du 4 avril 2008)

Principe Intérêt Limites Remarques Illustration

Reverse dot-blot Amplification par PCR et Permet de rechercher - Trousses commerciales


marquage d’un fragment cible plusieurs mutations en une destinées à l'identification des
mutations β-thalassémiques les
d'ADN -> hybridation sur un seule étape d'hybridation
plus fréquentes dans les
support portant des sondes, principales régions du monde
spécifiques des principales -> diagnostic anténatal
mutations recherchées
Méthodes d’amorçage Reposent sur le principe Plusieurs mutations peuvent - Disposer d'une Appliqué au diagnostic
allèle-spécifique qu'une sonde pour PCR est être recherchées batteried'amorces spécifiques de anténatal de drépanocytose
simultanément dans une chacune des mutations que l'on
d'autant plus efficace qu'elle
même PCR cherche à caractériser
est plus spécifique de la (PCR multiplex) - Pour un diagnostic
séquence à amplifier et qu'une d’homozygotie-> s'assurer, par
sonde présentant une erreur un test indépendant, de
d'appariement l'est moins l'absence de la séquence
normale à la position de la
mutation.

17
GAP-PCR Les sondes sont construites de - Mise en évidence - Trousses commerciales
façon à être complémentaires des délétions plus ou moins pour lediagnostic anténatal des
des frontières de la délétion et étendues des gènes α et β α-thalassémies
d'amplifier ainsi un fragment - Plusieurs délétions - Permet le diagnostic de
spécifique à la délétion et qui peuvent être recherchées certaines δβ-thalassémies, des
la recouvre. simultanément dans une Hb
Dans le cas de délétions même PCR Lepore, anti-Lepore et des
étendues, la distance entre les (PCR multiplex) PHHF délétionnelles
deux sondes est trop
importante pour permettre
l'amplification de l'ADN
normal.

- Disposer d'une batterie


d'amorces spécifiques des
délétions que l'on cherche à
caractériser
- Pour détecter la présence de la
région normale chez un sujet
hétérozygote, il est parfois néces-
saire d'amplifier en parallèle une
séquence comprise à l'intérieur
des limites de la délétion
- Le diagnostic des délétions dont
on ne connait pas précisément les
limites doit être effectué par
Southern blot
Séquençage des gènes Amplification sélective des Identification des - Pas adaptée à la Les résultats doivent toujours
gènes β, α1 ou α2 puis variants rares détection desdélétions être comparés à ceux du
importantes
séquençage phénotype
- Ne met pas en évidence
les modifications post-
traductionnelles (rares cas de
mutations suivies d’oxydation, de
désamidation de création de
ponts disulfure)
IN TERPRETATIO N DES
RESULTATS
A rbres décisionnels appliqués à l’interprétation des
résultats de l’étude phénotypique de l’Hb, valable pour
les patients > 2 ans lorsque le taux d’HbF est stabilisé :

- Profil normal (fig.6)

18

- Anomalies quantitatives :
. diminution du taux d’HbA 2 (fig.7)
. augmentation du taux d’HbA 2 (fig.8) . augmentation
isolée du taux d’HbF (fig.9)

- Anomalies qualitatives :
. cas simples : HbA + présence d’un variant fréquent
S, E ou C (fig.10)
. cas complexes : absence d’HbA + présence d’un
variant fréquent S, E, C ou présence d’un variant rare
(fig.11)
19
20

21
22
EXEMPLES Exemple 1: Profil normal
Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM
1) Profil normal Génotype Age Origine
(T/l ) ( g/dl ) ( pg) ( %) (%) (fl)
2) α-thalassémie mineure Normal 15 Italie 5,33 16,5 30,9 36,9 44,7 84
3) β-thalassémie mineure
4) α- et β-thalassémies mineures associées
HbA2= 2,4 %
5) δβ-thalassémie mineure
HbF = 0,4 %

Pourcentage (%)
6) β-thalassémie intermédiaire
7) β-thalassémie majeure
8) Drépanocytose hétérozygote
9) Drépanocytose homozygote
10) Hémoglobinose H
Temps (minutes)
11) Hb Lepore hétérozygote
12) Hémoglobinose C hétérozygote
13) Hémoglobinose E hétérozygote Exemple 2: α-thalassémie
+ α-thalassémie mineure
14) Hétérozygotie composite SC
15) Variant bêta : Hb D Los Angeles (D Punjab)
Ag Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM
16) Variant alpha : Hb J-Broussais Génotype
e
Origine
(T/l) (g/dl) (pg) (%) (%) (fl)
17) Drépanocytose hétérozygote Hétérozygotie
18 Italie 6,12 12,9 21,1 30,8 42 68
+ variant alpha (Hb G -Philadelphie) α° --MED/αα HbA2= 2,6 %
+ α-thalassémie 23
HbF = 0,3 %
Pourcentage (%)

18) Hémoglobine instable : Hb Köln

24
Ferritine

Exemple 3: β-thalassémie mineure Exemple 5: δβ-thalassémie mineure 41 ng/ml


Temps (minutes)
Ag Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM
Génotype Origine Génotype Age Origine
e (T/l) (g/dl) (pg) (%) (%) (fl) (T/l) (g/dl) (pg) (%) (%) (fl)
Hétérozygotie
Hétérozygotie (δβ) Sicile
36 Italie 5,49 11,8 21,5 31,7 3,37 68 34 Italie 6,32 12,9 20,4 33,2 38,9 62
(β°) cod 39 (13,4
Kb délétion)

HbA2= 5,8 % HbA2 = 3,1 %


HbF = 1,8 % HbF = 10,4 %
Pourcentage (%)

Pourcentage (%)
Temps (minutes) Temps (minutes)

Exemple 4: α- et β-thalassémies mineures associées Exemple 6: β-thalassémie intermédiaire


Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM
Génotype Age Origine Génotype Age Origine
(T/l) (g/dl) (pg) (%) (%) (fl) (T/l) (g/dl) (pg) (%) (%) (fl)
Double Homozygotie
hétérozygotie (β+)-87
10 Italie 5,28 12,4 23,4 32,4 38,2 72 54 Italie 4,79 10,3 21,5 32,0 32,1 67
(β°) cod 39 + Gγ-158 C->T
(α°) -- MED
HbA2 = 5,3 %
HbF = 2,5 % HbA2 = 8,3
Pourcentage (%)

%
HbF = 55,3

Pourcentage (%)
%
HbA = 42,6
%
Temps (minutes)
Ferritine

Temps (minutes)
1137 ng/ml

Exemple 7: β-thalassémie majeure Exemple 9: Drépanocytose homozygote

Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM
Génotype Age Origine Génotype Age Origine
(T/l) (g/dl) (pg) (%) (%) (fl) (T/l) (g/dl) (pg) (%) (%) (fl)
Hétérozygotie Homozygotie
(β°) cod 51/ Hb HbS [β6 (A3) 11 Niger 3,91 7,9 23,3 30,6 26,0 66
Lepore Roumani
8 3,18 6,9 21,7 30,8 22,4 70 Glu->Val]
(δ-β hybride) e
Gγ-158 C->T
HbA2= 2,4 %
Exemple 8: Drépanocytose hétérozygote Exemple 10: Hémoglobinose H HbF = 0,4 %
Hématies Hb TCMH CCMH HbA 2= 5,4VGM
Hématocrite % Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite (%) VGM 25
HbA = 0 %(fl)
Pourcentage (%)

Génotype Age Origine Génotype Age Origine


Pourcentage (%)

(T/l) (g/dl) (pg) (%) HbF = 94,3 %


(%) (fl) (T/l) (g/dl) (pg) (%)
HbS = 83,7 %
Hétérozygotie HbA = 0%
HbS [β6 (A3) 34 Nicaragua 4,42 13,1 29,7 33,1 39,6 89 [--SEA/-α4.2] 24 Cambodge 6,46 11,7 18,1 31,2 37,5 58
Glu->Val] Ferritine Ferritine

235 ng/ml 428 ng/ml


Temps (minutes) Temps (minutes)
HbA2 = 3,7 % HbA2= 0,8 %
HbF = 0,5 % HbF = 0,3 %
HbA = 50,2 % HbH = 9,6 %

Pourcentage (%)
Pourcentage (%)

HbS = 40,2 % HbA = 85,1 %

Ferritine

853 ng/ml

Temps (minutes) Temps (minutes)

26

Exemple 11: Hb Lepore hétérozygote Exemple 13: Hémoglobinose E hétérozygote + α-thalassémie

Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM
Génotype Age Origine Génotype Age Origine
(T/l) (g/dl) (pg) (%) (%) (fl) (T/l) (g/dl) (pg) (%) (%) (fl)
Hétérozygotie Double
Hb Lepore hétérozygotie
18 Italie 6,12 12,9 21,1 30,8 42 68 34 Vietnam 6,89 14,7 21,4 31,9 46,2 67
(δ-β hybride) [β26 Glu ->
Lys] +(α°) -- SEA

HbA2 + Lepore= 13,2 % HbA2 + E = 20,4 %


HbF = 2,0 % HbF = 2,9 %
HbA = 81,3 % HbA = 76,7 %
Pourcentage (%)

Pourcentage (%)
Ferritine

203 ng/ml
Temps (minutes) Temps (minutes)
Exemple 12: Hémoglobinose C hétérozygote Exemple 14: Hétérozygotie composite SC
Ag Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM Ag Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM
Génotype Origine Génotype Origine
e (T/l) (g/dl) (pg) (%) (%) (fl) e (T/l) (g/dl) (pg) (%) (%) (fl)

[β6 Glu -> Val/


[β6 Glu->Lys] 35 Togo 4,87 14 28,7 36 39 80 14 Jamaïque 4,03 10,5 26 32 33 82
β6 Glu -> Lys]

HbA2 = 3,1 %
HbF = 0,9 %
HbA = 50 % HbA2 = 3,7 %
Pourcentage (%)

HbC = 37,1 % HbF = 0,4


%

Pourcentage (%)
HbS = 48,4
% HbC =
44,2 %
Temps (minutes)

Temps (minutes)

Exemple 15: Hb D-Los Angeles (D Punjab) Exemple 17: Variant alpha : Hb J-Broussais

27

Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM


Génotype Age Origine
(T/l) (g/dl) (pg) (%) (%) (fl)
Hétérozygotie
HbS + Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM
hétérozygotie Génotype Age Origine
(T/l) (g/dl) (pg) (%) (%) (fl)
HbG 71 Antilles 5,73 12,8 22 31 39 68
Philadelphie + Hétérozygotie
α-thalassémie Hb Köln [β98 10 France 3,95 10,7 27,2 29,2 36,7 93
[-αG/-α] Val->Met]
Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM Hématies Hb TCMH CCMH Hématocrite VGM
Génotype Age Origine (T/l) (g/dl) (pg) (%) (%) (fl) Génotype Age Origine (T/l) (g/dl) (pg) (%) (%) (fl)
Hétérozygotie Hétérozygotie
HbD-Los HbJ-Broussais
73 France 4,09 13,9 34,1 34,3 40,6 99 79 France 4,41 13,1 29,8 32,5 40 92
Angeles [β121 [α190
Glu->Gln] Lys->Asn]

HbA2 = 1,8 %
HbF = 0,6 %

Pourcentage (%)
HbA2 = 3,8 % HbJ = 17,1 %
HbD = 40,3 % HbA = 68,5 %
Pourcentage (%)

HbF = 0,3 %
HbA = 52,7 %

Temps (minutes)

Temps (minutes)

Exemple 16: Variant bêta + variant alpha + α-thalassémie Exemple 18: Variant bêta instable : Hb Köln

28

LES
CERBA
CAHIERS
CERBA Recommandations pour la mise en œuvre
95066 Cergy-Pontoise cedex 9 et l’interprétation de l’étude de l’hémoglobine
par Isabelle Vinatier,
Biologiste - laboratoire CERBA

℡ : +33 1.34.40.97.76

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