N° 24671
samedi 16 décembre 2023
L'État amplifie son soutien à la filière aéronautique
Un nouveau fonds de 400 millions d'euros destiné aux PME, Ace Partner 2, sera
lancé en 2024. Il est cofinancé par Bpifrance, Airbus, Safran, Thales et Dassault
Aviation, ainsi que par le fonds Tikehau et le Crédit agricole.
Le moteur d'avion ultra-
sobre du programme
Rise, développé par Sa‐
fran et GE, bénéficie déjà
d'une partie des fonds du
volet aéronautique de
France 2030.CFM Interna‐
tional/Safran/GE
Aéronautique Devenir le pre‐
mier pays au monde à mettre
en service un avion bas car‐
bone, successeur de l'Airbus
A320neo, en 2030. Puis, un
avion à hydrogène à horizon
2035. La France s'est donné
cette ambition. La condition ?
Que son industrie aéronau‐
tique ne rate pas le virage de
la décarbona-tion, également
pris par les États-Unis, seul
autre pays au monde à maîtri‐
ser le développement et la fa‐
brication de A à Z d'un avion.
Après les 300 millions d'euros
par an de soutien public à
l'innovation, via France 2030,
annoncés en juin dernier par
Emmanuel Macron, l'État am‐
plifie son effort en faveur de
l'aéronautique. « C'est une fi‐
lière d'excellence, qui emploie
220 000 personnes, qui recrute
(25 000 personnes en 2023) et
qui est le premier contributeur
à la balance commerciale (+
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23,5 milliards d'euros en
2022). La France est le seul
pays au monde, avec les États-
Unis, à avoir une chaîne de va‐
leur intégrée », développe un
conseiller de Roland Lescure,
ministre délégué à l'Industrie.
Ce dernier, accompagné de
Clément Beaune, ministre délé‐
gué aux Transports, a signé, au
nom de l'État, un nouveau
contrat de filière, au cours d'un
comité stratégique et d'un
conseil pour la recherche aéro‐
nautique civile (Corac) ministé‐
riel. Ce contrat « fixe des ob‐
jectifs collectifs à la filière pour
réussir la décarbonation et les
montées en cadence de pro‐
duction ». Cela, en embarquant
tous les acteurs, des grands
donneurs d'ordre aux plus pe‐
tits sous-traitants. À cet égard,
le contrat de filière reconduit
la charte de bonnes pratiques
et de solidarité au sein de
l'écosystème aéronautique : les
grands groupes s'engagent à
donner de la visibilité sur leurs
commandes à leurs fournis‐
seurs, à les payer dans des dé‐
lais raisonnables et à être at‐
tentifs à leurs difficultés. «
L'aéronautique est exemplaire.
C'est un modèle que nous sou‐
haiterions mettre en œuvre
dans d'autres filières », relève-
t-on au cabinet de Clément
Beaune.
Afin de soutenir les PME et
ETI, les deux ministres ont an‐
noncé la création, début 2024,
du fonds Ace Aero 2, doté de
400 millions et, à terme, de
800 millions, qui prend le re‐
lais d'Ace Aero 1 (750 mil‐
lions). Ce nouvel instrument
sera financé par tiers par
l'État, via Bpifrance, par les
quatre « grands de
l'aéronautique » - Airbus, Das‐
sault Aviation*, Safran et
Thales - , ainsi que par le fonds
Tikehau Capital et le Crédit
Agricole. Ce dernier apporte
aussi sa connaissance au plus
près des territoires des petites
entreprises.
Financer l'innovation
L'objectif de ce nouveau fonds
est d'amplifier le travail accom‐
pli par Ace Aero 1 en termes
de consolidation des petits ac‐
teurs avec dix opérations réali‐
sées. Ceci afin, d'une part, de
former des groupes plus so‐
lides avec par exemple la fu‐
sion entre Mecachrome et
WeAre dans les pièces de
structure ou encore le rappro‐
chement entre Nexteam et
Ventana (fonderie, méca‐
nique…). Mais aussi de sauver
des acteurs précieux pour la fi‐
lière tels que Figeac Aero ou
encore Aubert & Duval, spécia‐
liste des métaux criti-ques. Le
fonds participe également au
renforcement des fonds
propres et au financement de
l'innovation ainsi qu'à la mo‐
dernisation de l'outil industriel.
1
 Cela, afin d'aider les petites
entreprises à relever le double
défi de la décarbonation et des
hausses de cadence de produc‐
tion. « Airbus prévoit
d'augmenter sa production
d'A320neo de 50 % et d'A350
de 30 % entre 2022 et 2025, ce
qui a un impact sur les sous-
traitants, en particulier les
PME et les ETI, dont la produc‐
tion doit, en parallèle, croître
de 20 à 30 % les prochaines
années », relève un conseiller
de Roland Lescure. Parallèle‐
ment, la Direction générale de
l'aviation civile (DGAC), en bi‐
nôme avec le Corac, est char‐
gée d'allouer les fonds du volet
aéronautique de France 2030
dans le cadre de la feuille
Parution : Quotidienne
Diffusion : 338978 ex. (Diff. payée Fr.) - © ACPM PV 2020-2021
Audience : 1613000 lect. (LNM) - © ACPM One 2021 V4
route décarbonation de la fi-
lière. « Il s'agit de financer les
inno-vations des grands
groupes, comme par exemple
le programme de moteur ultra-
sobre Rise, codéveloppé par
Safran et GE, mais aussi de
soutenir les PME innovantes »,
insiste-t-on au cabinet de Ro‐
land Lescure. Ainsi, 30 % des
300 millions annuels devront
alimenter des projets portés
par de petites entreprises. Et
en complément des 200 mil‐
lions alloués, toujours via
France 2030, au développe‐
ment d'une filière de produc‐
tion de carburants d'aviation
durables (SAF), les deux mi‐
nistres annoncent que les pro‐
jets retenus, dans le cadre d'un
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premier appel à projets, vont
entrer dans une phase de pré-
industrialisation. Un deuxième
appel d'offres, doté de 65 mil‐
lions supplémentaires, sera
lancé en 2024, ouvert aux
start-up innovantes qui tra‐
vaillent sur de petits avions
électriques, hybrides ou à hy‐
drogène. ¦
ou à hydrogène. ¦ * Le groupe
Dassault est propriétaire du Fi‐
garo. ■
par Véro‐
nique Guillermard @vguiller
mard
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