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Rapport final de la revue

sur les initiatives Junior Reporters Clubs (JRC) et One Minute Junior (OMJ) à
Madagascar pour la période 2016-2020

Daniel Stoecklin

28 septembre 2021

i
Abréviations, sigles et acronymes

C4D Communication for Development


DRJS Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports
CDE Convention relative aux droits de l'enfant
DDC Digital Development Communication
DRCC Direction Régionale de la Communication et de la Culture
DREN Direction Régionale de l'Education Nationale
FOMJ Fondation One Minute Junior
HRBP Programmation axée sur les droits de l’homme
JRC Junior Reporters Club
MEN Ministère de l’Education Nationale
MICS Enquête nationale sur la situation socio-démographique des ménages
MJS Ministère de la Jeunesse et des Sports
MPPSPF Ministère de la Population, de la Protection Sociale et de la Promotion de la
Femme
MCC Ministère de la Communication et de la Culture
OMJ One Minute Junior
ONG Organisations non gouvernementales
RPJRC Représentant des parents des JRC
TDR Termes de référence
UNICEF United Nations Children’s Fund

i
Carte de Madagascar

ii
Résumé exécutif

Le programme de pays de l’UNICEF Madagascar a été initialement prévu pour être mis en
œuvre de 2015 à 2019. Pour préparer le prochain cycle, celui-ci a été étendu jusqu’en août
2021. Pendant le dernier trimestre de 2019 et le premier trimestre de 2020, le bureau de
l’UNICEF à Madagascar a entrepris des moments de réflexion, de revues nourris par les
résultats du MICS 2018 et de l’évaluation stratégique du programme pays conduite en 2019
et 2020. Cependant, le volet engagement des enfants à travers les médias a été faiblement
couvert par ces revues. Tandis que 2020 et le premier semestre de 2021 sont une période
de transition vers le prochain cycle de programmation de l’UNICEF à Madagascar, certains
problèmes et questionnements se posent par rapport à la stratégie adolescents – média et
spécifiquement par rapport aux initiatives JRC et OMJ. Afin de tirer des leçons de la mise
en œuvre de ces deux initiatives et d’adapter leur conceptualisation actuelle, une revue des
deux initiatives a été organisée du 25 mai au 23 septembre 2021, sur la base
des expériences, surtout de ces cinq dernières années (2016-2020). Il a été précisé qu’il
s’agit d’une revue et non d’une évaluation standard. Cependant, les TDR (annexe b.1.) ont
inclus les critères d’une évaluation, ce qui a été qualifié comme « inadapté » par le Bureau
régional seulement après le démarrage de l’exercice, en soulignant que le bureau de
l’évaluation de l’UNICEF n’accepte pas l’utilisation des critères d’évaluation pour les revues
évaluatives. Le consultant a été invité à revoir les critères sur la base d’un système plus
adapté à une revue, à savoir le positionnement stratégique des initiatives, leurs
performances de mise en œuvre et les dimensions transversales d’équité, genre et droits de
l’homme. Aucune option n’est exclue a priori. Cela peut aller d’une renonciation à poursuivre
à une poursuite moyennant des adaptations. La revue sur la promotion de la participation
des jeunes dans le cadre des initiatives Junior Reporters Club et One Minute Junior
soutenus par l’UNICEF à Madagascar est faite dans un esprit participatif.

Environ 6 millions de jeunes sont potentiellement concernés par les initiatives soutenues par
l’UNICEF à Madagascar consistant à s’appuyer sur les médias et les Technologies de
l’Information et de la Communication (TIC) pour la promotion de l´expression des enfants.
Une très petite partie d’entre eux sont effectivement actifs dans les deux initiatives JRC et
OMJ à travers lesquelles L’UNICEF Madagascar promeut la participation des jeunes. La
revue s’est focalisée sur la période 2016-2020 pour répondre aux objectifs, à savoir
connaître 1) le positionnement stratégique, 2) la performance, et 3) les dimensions
transversales, de ces projets. Cela a été fait en répondant aux questions stratégiques
suivantes :
• Dans leur conceptualisation et performance actuelle, est-ce que les deux
initiatives méritent d’être continués ?
• Est-ce que la conceptualisation et la dimension (taille) des deux initiatives sont
pertinentes au vu de leurs charges humaines, financières, des besoins
et leurs potentialités ?
• Quels ont été les impacts de ces initiatives et la prise en compte des principes
d’équité, genre et droit de l’homme ?

Ces questions stratégiques ont à leur tour été détaillées en 3 questions opérationnelles
concernant le positionnement stratégique, 12 questions opérationnelles concernant la
performance, et 2 questions opérationnelles concernant les dimensions transversales.

La méthodologie a été très participative, elle a impliqué des contributions de diverses parties,
au sein et en dehors de l'UNICEF Madagascar, à savoir les bénéficiaires JRC et OMJ, et les
partenaires d'exécution. Les entretiens ont eu lieu à distance étant donné les restrictions
sanitaires liées au Covid-19. La revue repose sur une approche participative et mixte
(quantitative et qualitative) pour la collecte, l’analyse et l’interprétation des données
concernant les deux initiatives. L’analyse des données a été faite par le consultant par
triangulation des sources (documents, questionnaires, entretiens zoom, enquête RapidPro)

iii
et par intégration systématique des feedbacks du groupe de gestion de la revue (annexe
b.2.), ces dernières étant consignées dans une matrice de commentaires. Les normes des
droits de l’enfant ont constitué la base normative de la revue. Les normes éthiques de
l’UNICEF ont été appliquées afin de protéger la confidentialité et la dignité de ceux qui
participent à l'étude. Des formulaires de consentement ont été signées par les enfants et un
parent. Une attention particulière a aussi été portée rôle et à l’engagement des Ministères
partenaires de ces projets puisqu’ils représentent l’Etat malgache, partie à la Convention des
droits de l’enfant (CDE).

Les résultats sont détaillés pour JRC et OMJ sur les 17 questions opérationnelles. Ils
montrent que :
• Les objectifs ont été évolutifs et peu hiérarchisés, révélant une gestion de cycle de
projet défaillante au niveau de la planification, suivi et évaluation.
• Les projets ont eu tendance à glisser de la participation des enfants comme but en
soi à la participation des enfants comme moyen de plaidoyer.
• Les enfants participants ont pu développer des compétences techniques et sociales.
• La pluralité des voix et des positions sociales est insuffisamment représentée.
• Il manque une synergie au sein du bureau de l’UNICEF entre les sections qui gèrent
ces projets.
• Les mécanismes de coordination de l’UNICEF avec les différents ministères
partenaires de ces deux initiatives existent mais ne sont pas toujours bien respectés.
• Il existe une synergie de JRC avec d’autres acteurs qui travaillent dans des
programmes similaire (Sifaka), mais elle pourrait être renforcée.
• Le soutien fourni par l'UNICEF et les partenaires n’est pas assez efficace pour
atteindre les résultats souhaités car il y a des déséquilibres dans leurs implications.
• Les principaux blocages se situent au niveau de la gestion financière au niveau d’un
ministère et de matériels non-délivrables pour des raisons administratives.
• Les enfants bénéficiaires des projets sont globalement satisfaits des compétences
sociales et techniques qu’ils ont pu acquérir à travers ces projets.
• L’ampleur de l’audience de ces émissions radios, sketches et vidéos est faible et les
coûts par extrants ou par résultats ne sont pas assez intéressants.
• L’impact est bon au niveau individuel (confiance en soi) mais peu visible au niveau
de la communauté et de la politique.
• Les principes de droits humains ont été considérés dans la conceptualisation et la
mise en œuvre des initiatives, ceux d’équité et de genre aussi mais dans une
moindre mesure.
• L'inclusion des groupes marginalisés est insuffisante.

Sur la base de ces résultats, pour lesquels les nuances sont importantes, les principales
leçons apprises sont les suivantes :

• Les deux programmes ne devraient pas être continués tels quels. Il y a trop de
problèmes de conceptualisation (planification) et de suivi (théorie du changement et
indicateurs manquants).
• L’efficacité et l’efficience des deux initiatives JRC et OMJ sont questionnables.
L’absence de visibilité de l’impact résulte d’une planification défaillante : on n’a pas
clairement défini les résultats attendus en termes de changements sociaux. Le
modèle sous-jacent du « plaidoyer » est linéaire, or il ne suffit apparemment pas de
diffuser des messages pour que cela ait un impact.
• Les impacts restent très difficiles à mesures, fautes d’indicateurs. L’impact sur la
progression générale des droits de l’enfant à Madagascar est peu visible. L’équité
quant au recrutement et l’équilibre au niveau du genre des participants, la pluralité
des voix, et l’inclusion d’enfants marginalisés, demandent à être retravaillés.

iv
Les recommandations sont les suivantes :
Au niveau de la conceptualisation, il s’agit de revoir en profondeur les objectifs et les
indicateurs et ceci de manière participative. L’implication des ministères devrait également
se situer au niveau financier conformément à l’obligation de l’Etat malgache en tant que
partie à la Convention des droits de l’enfant. Un nouveau rôle est souhaité par le Ministère
de la Communication. Il s’agit de veiller à ce que la logique intersectorielle s’inscrive dans le
cadre de nouvelle politique nationale de la jeunesse. Les blocages actuels ne devraient pas
être insurmontables. La pluralité des voix des enfants doit être mieux garantie, sur la base de
la littérature existante dans ce domaine. La synergie entre les deux projets doit être clarifiée
à travers un mécanisme de concertation formelle. Il s’agit de trouver la continuité entre le
bénéfice immédiat pour les participants (reconnaissance statutaire) et l’objectif des projets
qui, de manière générale, vise le meilleur respect des droits de l’enfant à travers leur
participation dans les médias. Cela peut se faire en (ré)inscrivant le droit de s’exprimer
librement (art. 13) dans l’ensemble des droits de l’enfant et de les faire progresser ensemble.
Par ailleurs, une participation plus inclusive, et moins liée aux compétences techniques,
devrait pouvoir mieux refléter les besoins prioritaires des enfants et des jeunes malgaches,
et potentiellement s’inscrire de manière transversale dans les grands programmes de
l’UNICEF à Madagascar. Les jeunes devraient être impliqués dès la phase de planification,
car cela peut favoriser la dynamique de manière endogène. Il s’agit de bien équilibrer la
participation comme but en soi et comme moyen. La théorie du changement doit articuler le
développement individuel au développement social. Nous recommandons d’identifier avec
les enfants un objectif principal et de voir comment les différentes composantes (qui peuvent
aussi être exprimés en termes de sous-objectifs) peuvent y contribuer. Il faudrait pour cela
identifier des indicateurs SMART, sur la base aussi de indicateurs du bien-être des enfants
déjà identifiés par l’UNICEF.
Au niveau de la taille des projets, nous recommandons de repenser la conceptualisation
de ces projets, voire leur réorientation ou absorption dans d’autres programmes
transversaux et plus urgents, donnant davantage de synergies aux programmes de
l’UNICEF Madagascar, et intégrant dans leurs stratégies la participation des enfants et des
jeunes. Une intégration de la participation comme politique transversale serait une piste à
explorer, car il y a des potentiels sous-utilisés car sous-dotés. Une redirection de
partenariats pourrait aussi être envisagée, notamment avec Sifaka et la Fondation
Hirondelle.

Au niveau de l’impact, nous recommandons des enquêtes qualitatives approfondies pour


évaluer cet impact, par exemple par des chercheurs malgaches en sciences sociales,
particulièrement au fait des théories de la communication. Il faudrait en particulier
comprendre les mécanismes de la mobilisation sociale (ou communautaire), à travers des
approches qui scrutent le lien entre communication et motivation. La mobilisation sociale
implique d’adresser plus profondément les causes des situations vécues. Il faut donc aussi
se demander jusqu’à quel point les enfants et les jeunes sont en mesure de le faire sans
s’exposer à des réactions qui peuvent être violentes, car comme on le sait il n’y a pas de
changements de comportements sans frictions et heurts potentiels. C’est pourquoi, nous
recommandons de veiller au bon équilibre entre droits participatifs des enfants et leur droit à
la protection (vision holistique des droits de l’enfant). Cela concerne plus largement la
pérennisation et la soutenabilité.

v
Table des matières

Introduction ............................................................................................................................................ 1
1. Contexte ......................................................................................................................................... 2
2. But, les objectifs, la portée de la revue ..................................................................................... 2
3. Méthodologie ................................................................................................................................. 3
4. Les résultats .................................................................................................................................. 6
1. Positionnement stratégique des deux initiatives .................................................................. 6
1.1. Quels ont été les objectifs initiaux des deux initiatives et comment étaient-ils adaptées vis-à-
vis des contextes et des besoins du moment en termes d’approche et de contenu ? ...................... 6
1.2. La conceptualisation et l’ampleur des initiatives sont-elles cohérentes aux objectifs de
participation, d’amplification des voix des enfants et de plaidoyer ? ................................................... 8
1.3. Dans quelle mesure les deux initiatives sont-elles adaptées pour assurer le développement
de compétences techniques et humaines des adolescents (détenteurs de droits) ? ...................... 10
2. Performance ............................................................................................................................ 11
2.1. Quelles ont-été les niveaux de synergies internes au sein du bureau de l’UNICEF (la section
C4D qui gère le programme JRC et MRE qui gère le OMJ) lors de la conceptualisation et la mise
en œuvre des deux initiatives ? ............................................................................................................... 11
2.2. Quel a été le niveau d’adéquation des mécanismes de coordination de l’UNICEF avec les
différents ministères partenaires de ces deux initiatives ? .................................................................. 12
2.3. Quel a été le niveau de synergie de ces deux initiatives avec d’autres programmes similaires
mis en place par d’autres organisations ou acteurs qui travaillent sur la participation des jeunes à
la réalisation de leurs droits ? .................................................................................................................. 12
2.4. Quels ont été les principaux blocages pour les partenaires, sur lesquels les deux sections
peuvent s’ajuster en termes de gestion ? .............................................................................................. 13
2.5. Dans quelle mesure le soutien fourni par l'UNICEF et les partenaires est-il efficace pour
atteindre les résultats souhaités ? ........................................................................................................... 13
2.5. Quels feedbacks les enfants ont de ces initiatives, quels sont leurs acquis en termes de
compétences et dans quelles mesures ont-ils pu utiliser leurs acquis ? ........................................... 15
2.6. Quelle est l’ampleur de l’audience de ces émissions radios, sketches et vidéos ? Qui les
écoute ? Quel est le niveau de leur qualité en termes de contenu et de format ?........................... 19
2.7. Quelles ont été les principales raisons de la discontinuité ou de la réduction de dimension
de ces initiatives ? ..................................................................................................................................... 20
2.8. La théorie du changement et le système de S&E en place est-il adéquat pour le pilotage
des initiatives ?........................................................................................................................................... 21
2.9. Les coûts par extrants ou par résultats (ex : nombre de clubs, nombre de membres
formés, diffusions, vidéos) sont-ils assez intéressants, comparés à d’autres programmes
similaires en interne et dans d’autres pays ? ........................................................................................ 21
2.10. Quels sont les indicateurs d’impacts observables de ces initiatives ? ............................. 22
2.11. La mise en œuvre de ces initiatives reposant sur de multiples partenariats, quelles sont
les contributions et/ou attributions, valeurs ajoutées de ces initiatives à la stratégie jeune et la
politique nationale de la jeunesse ? ........................................................................................................ 24
3. Dimensions transversales d’équité, genre et droits de l’homme ..................................... 24

vi
3.1. Dans quelles mesures les principes d’équité, de genre et de droits humains ont-ils été
considérés dans la conceptualisation et la mise en œuvre des initiatives ? .................................... 24
3.2. Dans quelle mesure et comment les initiatives assurent-elles l'équité en ce qui concerne
l'inclusion des groupes marginalisés et le ciblage du genre ? ............................................................ 25
5. Conclusions et leçons apprises ................................................................................................... 25
6. Recommandations ......................................................................................................................... 27

Annexes A : Background documents

A1) JRC

a.1.1. Rapport technique d’activités, juin 2019


a.1.2. Rapport technique d’activités, janvier 2021
a.1.3. COMPTE RENDU DE REUNION SUR LES JRC SAVA 13 avril 2021
a.1.4. Resso 0005 APC FORMATEURS DES MEDIAS ET DES JRC
a.1.5. STATUT_RI_Association JRC
a.1.6. Guide pratique à l’attention des jeunes reporters (JRC)
a.1.7. Manuel du formateur des jeunes reporters JRC

A2) OMJ

a.2.1. Concept-note Vlogging OMJ-VOY 2020 : note de conception. Engagement des jeunes
dans la promotion de leurs droits à travers le vlogging
a.2.2. TDR mission février 2020 : Redynamisation de l’engagement des jeunes dans la
promotion de leurs droits à travers le vlogging. Termes de références pour la mission du
Communication officer (Media production) et du Digital communication officer
a.2.3. Rapport de mission. Redynamisation de l’engagement des jeunes dans la promotion
des jeunes dans la promotion de leurs droits à travers le vlogging
a.2.4. Organisation technique de l’atelier OMJ 2018 (43255078 DDC)
a.2.5. Rapport technique 2018
a.2.6. 2018_TDR OMJ AOUT TAOLAGNARO : Organisation de l’atelier One Minute Junior
vidéo 2018. Termes de références pour la mission.
a.2.7. Requête de financement UNICEF Madagascar 02-07-2018. REQUETE NO: 003/2018
DRPPSPF
a.2.8. TDR formation pour l’atelier OMJ 2019
a.2.9. Liste vidéos OMJ

Annexes B : Organisation de la revue

b.1. Termes de référence de la revue


b. 2. Groupe de gestion de la revue : REVUE SUR LA PROMOTION DE LA
PARTICIPATION DES JEUNES DANS LE CADRE DES PROGRAMMES JUNIOR
REPORTERS CLUB ET ONE MINUTE JUNIOR. Modalités de gestion de l’évaluation (note
d’information)
b.3. Lettre d’introduction pour la revue JRC et OMJ (UNITAN_PSE_2021_0607)
b.4. Formulaire de consentement éclairé (JRC-OMJ groupe de discussion)
b.5. Consentement pour entretien écrit
b.6. Protocole d'entretien individuel Revue JRC et OMJ
6.7. Questionnaire encadreur ou coach JRC
b.8. Questions du sondage RapidPro JRC OMJ
b.9. Résultat sondage RapidPro
b.10. Personnes interviewées (via zoom ; sans identifiant)

vii
b.11. Matrice de commentaires

Annexes C : Outils et documents spécifiques

c.1. Echelle de Hart


c. 2. Extraits des recommandations du Comité des droits de l’enfant à Madagascar suite à
ses 3ème et 4ème rapports. Comité des droits de l’enfant Cinquante-neuvième session
16 janvier-3 février 2012
c.3. La théorie du changement
c.4. Guide de la gestion axée sur les résultats

viii
Introduction

La revue s’est focalisée sur la période 2016-2020. Toutefois pour les éléments de pertinence
et d’impact qui se focaliseront sur les enfants, la période considérée s’étend de 2014 à 2020.
En effet les enfants et adolescents bénéficiaires sont identifiables et leurs vécus sont
potentiellement différents suivant l’année où ils ont bénéficié des programmes.

La participation authentique des enfants et des jeunes amène une contribution significative à
la société dans son ensemble. Cela est confirmé par les acteurs internationaux
(organisations internationales et ONG) ainsi que par les chercheurs et la très importante
littérature des Childhood Studies à ce sujet. Parmi les soutiens à cette participation, on
trouve la promotion de la voix des enfants à travers les médias (stratégie de l’UNICEF). Les
deux initiatives à Madagascar (JRC et OMJ), qui font l’objet de la présente revue, reposent
sur cette stratégie. Etant donné que la population malgache est très jeune, avec les
adolescents (comptés dans la fourchette 10-19 ans) qui représentent le quart de la
population malagasy (MICS Madagascar 2018), une stratégie média est essentielle pour
contribuer à ce que ces forces vives développent toutes leurs potentialités. Cela est d’ailleurs
également souligné dans les TDR, qui relèvent que lorsque les adolescents sont aidés et
encouragés par des adultes qui s’intéressent à eux, ils s’épanouissent véritablement et
assument pleinement leur rôle au sein de leur famille et de leur communauté (UNICEF 2002,
1).

L’approche de l’UNICEF est basée sur les droits de l’enfant énoncés dans la Convention
relative aux droits de l’enfant (CDE), adoptée par les Nations-Unies le 20 novembre 1989 et
qui est le traité le plus largement ratifié, puisque tous les Etats, à l’exception des USA, l’ont
ratifié. Madagascar a signé la CDE le 19 avril 1990 et l’a ratifiée le 19 mars 1991, montrant
ainsi très tôt sa détermination et son engagement par rapport aux droits de l’enfant. Les deux
initiatives qui font l’objet de la revue (JRC et OMJ) s’inscrivent donc dans cette volonté non
seulement de respecter les droits de l’enfant mais aussi de les promouvoir activement. A cet
égard, une attention particulière sera portée au le rôle et à l’engagement des Ministères
partenaires de ces projets (JRC et OMJ), étant donné qu’en ratifiant la CDE, le
gouvernement s’engage à la mettre en œuvre dans toute la mesure du possible. En effet,
selon l’art. 4 CDE :
Les Etats parties s’engagent à prendre toutes les mesures législatives, administratives et
autres qui sont nécessaires pour mettre en œuvre les droits reconnus dans la présente
Convention. Dans le cas des droits économiques, sociaux et culturels, ils prennent ces
mesures dans toutes les limites des ressources dont ils disposent et, s’il y a lieu, dans le
cadre de la coopération internationale. (CDE, art. 4).

Les deux initiatives JRC et OMJ doivent donc être replacées dans le cadre de la coopération
entre l’Etat malgache avec l’UNICEF. Cette coopération doit en l’occurrence favoriser le
respect de tous les droits de l’enfant, avec une priorisation mise sur les droits
participatifs (art. 12 à 17 et 31 CDE) qui peuvent être vus comme un bien en soi, qui doit être
protégé, mais aussi comme un moyen de protéger et de développer les autres droits
(prestations et protection). En effet, les 3P (Protection, Prestations et Participation), moyen
mnémotechnique pour rappeler les grands types de droits contenus dans la CDE, sont
indissociables. Autrement dit, un type de droits ne peut pas exister sans les deux autres.
Concrètement : il ne saurait y avoir de protection sans prestations ni participation. On peut
donc évidemment dire qu’il n’y a pas de participation sans prestations ni protection. Cette
interdépendance des droits, vus comme un système holiste, est abordée mais seulement en
filigrane dans les TDR lorsqu’ils parlent des droits participatifs « être informé et acquérir
des compétences ; bénéficier de services comme l’éducation, les soins de santé, les loisirs
et la justice ; vivre en sécurité et dans un milieu propice à leur croissance ; et avoir l’occasion
de participer et de s’exprimer (UNICEF 2002, 5) ». Les TDR rappellent également que
l’UNICEF s’est engagé depuis longtemps en faveur d’une participation morale et authentique

1
des enfants. Il s’agit d’un principe orientant toute son action. La participation permet aux
adolescents d’apporter une contribution significative à leur famille, leur communauté et la
société dans son ensemble (UNICEF n.d.). Il existe plusieurs manières pour assurer la
participation des enfants, une des approches communément utilisées est la promotion des
voix des enfants à travers les media (UNICEF 2001, 36).

Ce rapport présente le contexte et la justification de la revue, ses objectifs et sa portée, les


critères et questions clés pour la revue, l’approche et la méthodologie, le processus et les
résultats et enfin les conclusions et les recommandations.

1. Contexte

En 2018, Madagascar comptait 25.680.342 habitants dont 12.666.952 hommes soit 49,3% et
13.013.390 femmes soit 50,7% selon les résultats provisoires du RGPH 3 de l’INSTAT
Madagascar. La population malgache est très jeune. 50% a moins de 18 ans, 43% a moins
de 15 ans, 15% a moins de 5 ans. Par ailleurs, le quart de la population malagasy
est constituée d’adolescents (10-19 ans) (MICS Madagascar 2018). Il est donc possible
d’estimer à environ 6 millions le nombre de jeunes potentiellement concernés par les
initiatives soutenues par l’UNICEF à Madagascar consistant à s’appuyer sur
les médias et les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) pour la
promotion de l´expression des enfants. L’UNICEF Madagascar promeut la participation des
jeunes à travers les initiatives Junior Reporters Club (JRC) et One Minute Junior (OMJ). La
première initiative est le programme Junior Reporters Club (JRC) qui a été mise
en œuvre pour la première fois en 2007. Ce programme s’assure
qu’après des formations sur les techniques de production d’émission de radio ainsi que sur
des thématiques prioritaires concernant les jeunes, les jeunes produisent eux-
mêmes leurs émissions pour être diffusées dans les radios partenaires (Madagate 2012). La
seconde initiative est One Minute Junior (OMJ), mise en œuvre depuis 2011, consiste à
permettre aux jeunes d’exprimer leurs préoccupations à travers de courtes vidéos et de
participer à un concours international du même nom. Des similitudes existent entre les deux
initiatives. Elles ciblent les jeunes et offrent des opportunités de renforcement de
capacité. Cependant, le programme OMJ a une audience plus globale, à travers
la compétition annuelle de festival OneMinutesJr. En 2019, le Représentant de l’UNICEF a
demandé que soit effectuée une revue de ces initiatives. La section UNICEF responsable
pour cette revue est la section Politique Sociale et Evaluation (PSE), en collaboration
avec Communication pour le Développement (C4D), et Media et Relations
Externes (MRE) ». Toujours selon les TDR, « Tandis que 2020 est une année qui sera une
transition vers le prochain cycle de programmation de l’UNICEF a Madagascar, certains
problèmes et questionnements se posent par rapport à la stratégie adolescents – média et
spécifiquement par rapport au programme JRC et initiatives OMJ ».

Par conséquent, les problèmes rencontrés par les deux projets ont été passés au crible des
critères qui orientent la revue (voir section 2) et des questions qui y sont liées et auxquelles
répond la revue (voir section 4). La revue resitue ainsi ces projets au sein des grandes
orientations stratégiques des programmes de l’UNICEF à Madagascar. Dans son style
d’écriture elle veille à la dissémination, en pensant aux utilisateurs du rapport. C’est avant
tout au personnel de l’UNICEF que s’adresse cette revue (comme indiqué dans les TDR le
but est d’avoir une « réflexion interne ». Les conclusions et recommandations visent à aider
à la prise de décision concernant les changements à envisager, les réorientations et
améliorations potentielles. Elles contribuent aussi à un processus d’apprentissage plus large.

2. But, les objectifs, la portée de la revue

2
Le but de la revue est d’avoir une réflexion interne, objective, honnête et constructive par
rapport aux deux initiatives 1.

Les objectifs de la revue sont de répondre aux questions stratégiques suivantes :


• Dans leur conceptualisation et performance actuelle, est-ce que les deux
initiatives méritent d’être continués ?
• Est-ce que la conceptualisation et la dimension (taille) des deux initiatives sont
pertinentes au vu de leurs charges humaines, financières, des besoins
et leurs potentialités ?
• Quels ont été les impacts de ces initiatives et la prise en compte des principes
d’équité, genre et droit de l’homme ?

La portée de la revue concerne la période 2016-2020. Toutefois pour les questions clés
relatives au positionnement stratégique et aux effets tangibles qui se focaliseront sur les
enfants, la période considérée s’étendra de 2014 à 2020. En effet les enfants, adolescents
bénéficiaires sont identifiables et leurs vécus sont potentiellement différentes suivant l’année
où ils ont bénéficié des initiatives. La différence entre une revue et une évaluation standard a
été soulignée dans les TDR, ainsi que dans la réunion initiale. Étant donné qu'il s'agit d'un
examen interne d'un programme de l'UNICEF, il ne peut intégrer pleinement les critères
d'évaluation de l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques/Comité
d'Aide au Développement (OCDE/CAD). Dans un premier temps, on avait retenu (comme
dans les TDR) le fait que les questions élaborées pour l'examen seraient classées selon les
critères du CAD de l'OCDE : pertinence, cohérence, efficacité, efficience, impact, équité,
genre et droits de l'homme. Cependant, la matrice de la revue a été simplifiée compte tenu
des attentes spécifiées en cours de route. En effet, le Représentant de l’UNICEF
Madagascar a précisé qu’il fallait établir si ces projets sont nécessaires, pertinents et
suffisants. Par ailleurs, conformément aux éléments précisés dans le document concernant
le groupe de gestion (annexe b.2.), il s’agit d’assurer que les preuves qualitatives et
quantitatives collectées sont exhaustives et assez robustes pour effectuer une évaluation
éclairée répondant aux objectifs de la revue, et appuient la conclusion et les
recommandations formulées à travers la revue. C’est pourquoi les critères nouvellement
retenus ont été recentrés et la revue a ainsi adopté le système de classification proposé par
le Bureau régional, à savoir 1) Positionnement stratégique, 2) Performance, 3) Dimensions
transversales. Cela a permis d’établir si ces projets sont nécessaires, pertinents et suffisants
(voir section 4). Le consultant s’est efforcé de réduire le risque de tensions inhérents à toute
revue, en agissant toujours de manière constructive et impartiale. Son point de vue extérieur
et neutre vise à tirer collectivement des leçons et faire des constats objectifs permettant
d’orienter la décision d’UNICEF par rapport à ces projets.

3. Méthodologie

La revue des deux initiatives est envisagée selon les TDR et précisée dans le plan de travail
ci-dessous qui détaille comment le consultant a répondu aux questions élaborées pour
l'examen critique des deux initiatives qui font l’objet de la revue. La participation des enfants
aux deux projets est abordée en rapport avec les normes établies par la CDE.

La revue a impliqué des contributions de diverses parties, au sein et en dehors de l'UNICEF


Madagascar, à savoir les bénéficiaires JRC et OMJ, et les partenaires d'exécution. La

1
Durant la phase de démarrage, le responsable du projet OMJ a souligné que le terme « programme » n’est pas
adéquat. C’est pourquoi, lorsque nous parlons de JRC et OMC ensemble nous utilisons le terme « initiatives » et
non « programmes ».

3
Fondation Hirondelle que le consultant a visité à Lausanne (Suisse), a fourni quelques
indications sur Sifaka (nous la remercions pour cela) sans toutefois être impliquée dans la
revue. Les entretiens ont eu lieu à distance (sauf pour la Fondation Hirondelle, puisque
située en Suisse) au vu des restrictions sanitaires liées au Covid-19. La participation des
bénéficaires JRC et OMJ a eu lieu dans la collecte des données, et en partie dans la
présentation du rapport pré-final du 21 septembre 2021 au cours de laquelle 3 jeunes ont
participé très activement. Une plus grande participation était souhaitée, dans une
perspective d’engagement des jeunes, mais les contraintes de la revue à distance ne l’ont
pas favorisée.

La revue a ainsi adopté une approche participative et mixte (quantitative et qualitative) pour
la collecte, l’analyse et l’interprétation des données concernant les deux initiatives. L’analyse
des données a été faite par le consultant par triangulation des sources (documents,
questionnaires, entretiens zoom, enquête RapidPro) et par intégration systématique des
feedbacks du groupe de gestion de la revue, ces dernières étant consignées dans une
matrice de commentaires pour la transparence et historique auditable des versions du
document (annexe b.11.). Le consultant a commenté toutes les modifications introduites par
rapport à ces commentaires, à deux reprises, à savoir pour le rapport de démarrage et le
rapport de la revue premier draft. Il remercie le groupe de gestion pour tous ces
commentaires qui lui ont permis d’affiner son analyse, d’effectuer des correctifs s’il y avait
lieu et d’améliorer de manière générale le fond et la forme de la revue.

Bien que l’exercice ne soit pas inscrit sous un format d’évaluation, le consultant a respecté
les attentes d’UNICEF en termes de qualité des procédures et des livrables de l’évaluation
comme stipulé dans les Normes et Standards et les Directives Ethiques de l’UNEG et
UNICEF. Il a respecté les normes éthiques2, en obtenant le consentement des participants et
d’au moins un parent des participants mineurs (enfant de moins de 18 ans révolus), au
moyen d’un formulaire ad hoc que les responsables des structures (JRC et OMJ) ont fait
signer aux personnes sélectionnées pour interview par tirage au sort aléatoire. Des
formulaires de consentement parental et de consentement de l’enfant ont été élaborés
(annexes b4, b5). La confidentialité des données a été garantie (les enregistrements et les
prises de notes ne sont pas mis en circulation).

Le consultant a fait preuve de rigueur au cours de la conduite de la revue en se conformant


notamment à la Procédure de l’UNICEF relative aux normes éthiques en matière de collecte
et d’analyse de donnée, de recherche et d’évaluation (2021) en respectant les principes de
respect, de bienfaisance, de non-malfaisance et de justice durant l’ensemble du processus
de collecte et de traitement des données ainsi que lors de la rédaction du rapport d’étude.
Lors de la collecte et de l’analyse des données, le consultant a adopté des mesures
susceptibles de garantir au processus d'étude une assise éthique, et de protéger la
confidentialité et la dignité de ceux qui participent à l'étude, notamment, les personnes
interrogées et autres sources d'information.

La mise en œuvre du plan de travail a consisté à réaliser la collecte de la documentation et


les entretiens en regard des questions à informer comme prévu dans le plan de travail
présenté dans le rapport de démarrage. Conformément aux TDR, les phases de la revue ont
été les suivantes : Deux (02) semaine de préparation avec la participation des staffs UNICEF
pour la priorisation et l’adaptation de la matrice de revue ainsi que la reconstitution de la
théorie du changement pour ces deux initiatives ; Quatre (04) semaines de collecte et
d’analyse des données, et fournira des résultats intermédiaires – un premier draft des

2
UNICEF PROCEDURE ON ETHICAL STANDARDS IN RESEARCH, EVALUATION, DATA
COLLECTION AND ANALYSIS (2021)
Document Number: PROCEDURE/OOR/2021/001

4
constats ; Deux (02) semaines – ajustement et/ou approfondissement de certains aspects si
nécessaire et finalisation de la rédaction du rapport (maximum 40 pages, en Français).
Le calendrier a été le suivant:
Phase 1 - Semaines 1 et 2 : période du 25 Mai au 10 juin
Phase 2 - Semaines 3, 4, 5, 6: période du 14 Juin au 16 juillet et du 3 au 16 août
Phase 3 - Semaines 7 et 8: période du 6 au 23 septembre
Pour des raisons liées aux tâches académiques du consultant, et aux processus de
validation des livrables, les 8 semaines de travail ont été réparties sur une période de 13
semaines.
Le groupe de gestion de cette revue a été constitué et ses obligations respectives précisées.
Les listes des personnes constituant le groupe de gestion de la revue et l'équipe d'évaluation
se trouvent dans la note d'information (annexe b2). Des personnes ont été identifiées et
proposées pour faire partie du groupe de référence. Le Staff de l’UNICEF a activé ses
contacts au niveau des ministères partenaires (annexe b.3.). Des dates ont été proposées
pour les réunions régulières du groupe de gestion.

La revue a favorisé autant que possible la participation des jeunes. Etant donné les
difficultés de connection et l’ampleur du processus d’organisation, nous pouvons considérer
que les jeunes ont été suffisamment intégrés dans cette revue. La méthodologie a été très
participative et a intégré les sources de données suivantes :

• Documentation (folder)
• Entretiens avec les informateurs clés :
• Ministère de la Jeunesse et des Sports
• Ministère de l’Education Nationale
• Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports
• Direction Régionale de la Communication et de la Culture
• Direction Régionale de la Population, de la Protection Sociale et de la Promotion de la
Femme
• Directeur du SOS Village d’enfants – Région Anosy
• 5 coaches JRC, techniciens dans des stations radio/TV
• Point focal OMJ à l’UNICEF - Section MRE
• Entretiens avec les bénéficiaires JRC : 3 entretiens Zoom, 16 entretiens répondus
par écrit.
• Entretiens avec les participants OMJ : 1 sur les 3 prévus
• Focus avec les participants OMJ : 1 sur 1 prévu (3 participants)
• Focus group avec les JRC : 1 à Fort-Dauphin (25 participants)
• Enquête RapidPro : 28 jeunes (25 JRC et 3 OMJ)
• Plusieurs extraits d’émission JRC, provenant de différentes régions
• Les liens de toutes les vidéos OMJ

Les source des données analysées ont été complétées, en intégrant les feed-back au
présent rapport (livrable 2), lors de la phase finale de la revue (livrable 3). Elles ont été
complétées avec un entretien à la Fondation Hirondelle, à Lausanne (Suisse), concernant
Sifaka. La restitution du rapport final (21.09.2021) peut être considéré comme mini-atelier,
étant donné son caractère très participatif et à l’écoute notamment des impressions des
jeunes participants. Certains outils initialement envisagés dans les TDR (Changement le plus
significatif (Most Significant Change), Success Case Method, théorie du changement,
chronologie des activités, Programmation de base des droits de l'homme (HRBP) ainsi que
dans l’offre technique et le rapport de démarrage (Modèle DAAA de Katarina Tomashevsky,
Kaléidoscope de l’expérience, triangle de Knoepfel) n’ont pas été utilisés formellement,
cependant ils ont nourris la réflexion du consultant lors de son analyse. Par ailleurs, ces
outils auraient leur pleine utilité dans une (nouvelle) phase de planification.

5
4. Les résultats

Les résultats de la revue sont présentés en suivant les 3 critères retenus, à savoir
1) Positionnement stratégique,
2) Performance,
3) Dimensions transversales.

Sous chacun de ces critères figurent les questions auxquelles répond la revue, en favorisant
la triangulation dans l’analyse des données.

1. Positionnement stratégique des deux initiatives

1.1. Quels ont été les objectifs initiaux des deux initiatives et comment étaient-ils
adaptées vis-à-vis des contextes et des besoins du moment en termes d’approche et
de contenu ?

Les deux initiatives sont nées d’une volonté louable de favoriser l’expression des jeunes à
Madagascar. Cependant, les objectifs plus précis des deux initiatives ne ressortent pas
assez clairement car ils sont formulés selon des listes de points qui changent d’un document
à l’autre. Les entretiens effectués confirment l’absence de documents de planification initiale
(et de suivi avec nouvelle planification donnant lieu à la formulation de nouveaux objectifs)
ainsi que l’absence d’un document de théorie du changement claire. Le fait que les deux
projets durent depuis une dizaine d’années sans avoir été évalués est surprenant, cela
d’autant plus qu’il y a eu des périodes d’interruptions des projets (2014-2017). La
conséquence en est l’émergence de différentes compréhensions par rapport aux objectifs
(en particulier pour OMJ).

JRC
Les objectifs JRC évoluent dans le temps, comme le montrent les 3 documents suivants :
Selon le Statut JRC (annexe a.1.5.), l’objectif des JRC (association) est « d’accroître la
participation des jeunes et de leur permettre de s’exprimer sur leurs droits et sur les
thématiques concernant le développement des jeunes et des adolescents » (Statut JRC).
Dans le Draft du Rapport Technique d'Activités JRC-Média de décembre 2018 et Janvier
2019 (annexe a.1.1.), l’objectif est de « renforcer les capacités des formateurs médias
membres du pool pour améliorer la qualité des émissions radiophoniques et que ces
émissions puissent dans le futur apporter des changements positifs à la promotion des
Pratiques Familiales Essentielles et la participation des adolescents ». Pour cela des
documents spécifiques existent (annexes a.1.4., a.1.7.)
Selon le Rapport Technique d'Activités JRC et U-REPORT daté de janvier 2021 (annexe
a.1.2.), l’objectif est de « Promouvoir l´expression et la participation des adolescents et des
jeunes au sein de leur communauté et au niveau du pays ».
Selon nos interlocuteurs, lors des entretiens, l’objectif est « la participation et l’expression
des jeunes par rapport à leurs droits et des sujets qui les concernent », ou « d’inciter les
jeunes à se protéger » ou encore de « renforcer les capacités des journalistes ».
Cette relative diversité de l’interprétation de l’objectif des JRC est sans doute l’effet de
l’absence de document de planification qui ferait référence pour toutes les parties prenantes.
Avec le tournus des employés au sein des institutions et des volées de participants, cela a
pu avoir comme effet le glissement de la participation comme but en soi (accroître la
participation des jeunes) vers un moyen utilisé pour réaliser d’autres objectifs (promotion de

6
pratiques familiales essentielles) qui s’inscrivent dans un travail qui s’apparente à du
plaidoyer. A travers les entretiens, nous constatons effectivement que les thématiques sont
orientées par les encadreurs puisque ces derniers disent que le but des JRC est de véhiculer
des messages sur les droits de l’enfant et que pour l’atteindre il faut des JR formés aux
droits de l’enfant. Les objectifs s’apparentent donc en fait à du plaidoyer, avec les JR
envisagés comme moyens de le réaliser.

OMJ
Selon les entretiens effectués, il semble que les objectifs d’OMJ ont évolué dans le temps
sans qu’il y ait eu de discussions internes (évaluations, ateliers de planification et de suivi)
qui justifient et entérinent les réorientations (annexes a.2.4., a.2.5, a.2.6., a.2.7., a.2.8.). Les
objectifs initiaux antérieurs à cette période, qui étaient au départ de l’activité (2011) de
permettre à des jeunes de participer au concours OMJ, n’ont donc pas non plus été
formellement rapportés au contexte et aux besoins du moment lorsque le nouveau
responsable de l’activité est entré en fonction (2018). Cela a par la suite entraîné des
malentendus. Ces tensions dans la période considérée par le cadre de la revue (2016-2020)
sont donc héritées d’un dysfonctionnement antérieur concernant la planification et le suivi, et
qui semble perdurer puisqu’on ne trouve aucun rapport d’atelier de planification. Dans la
note de conception la plus récente (annexe a.2.1.), l’objectif est de « Fournir
aux jeunes les compétences numériques nécessaires pour s'exprimer en toute sécurité à
travers les médias sociaux et créer un changement social ». Dans un document antérieur
(annexe a.2.2), daté de 2018, les objectifs sont nombreux :
- Encourager l’expression des jeunes, motiver les jeunes à exprimer leurs
opinions et leurs préoccupations au sujet de leurs communautés, de leur
environnement et de leur vie.
- Créer une plate-forme internationale pour la communication visuelle et
l’échange de messages en une minute, sans être gêné par les barrières
linguistiques.
- Créer des opportunités pour tous les jeunes de s’exprimer et de faire entendre
leur voix par un public large et diversifié.
- Offrir un espace d’apprentissage informel, d’innovation et de créativité.
- Encourager la mise en réseau, le débat et la discussion.
- Combler le fossé entre les médias, les arts et les jeunes.
- Impliquer les jeunes marginalisés et leur donner plus de chance de participer
à la création d’opinion.
- Fournir une plate-forme et des outils adaptés pour découvrir la diversité, les
différences et les similitudes.
Nous constations que ces objectifs sont nombreux et pas hiérarchisés ou explicitement
articulés entre eux (en termes d’objectif principal et de sous-objectifs). De plus, ces objectifs
sont formulés dans des documents de mise en œuvre, ne se rapportant pas à une
planification antérieure. Il y a donc un problème de gestion du cycle du projet. De fait, les
objectifs évoluent en fonction des formulations de ces TDR des missions. Entre ces
documents, les vidéos à travers lesquelles les jeunes expriment leurs préoccupations sont
d’abord considérées comme but en soi (Fort-Dauphin 2018) puis elles deviennent des
moyens de changement social et de puissants outils de plaidoyer (Vlogging 2020). Ces
derniers objectifs s’apparentent davantage à une stratégie de visibilité pour l’UNICEF,
contribuant à la recherche de fonds de l’UNICEF (des répondants ont évoqués cet aspect
lors de nos entretiens). Il y a ici un risque d’instrumentalisation des enfants dans l’intérêt de
l’organisation.

7
1.2. La conceptualisation et l’ampleur des initiatives sont-elles cohérentes aux
objectifs de participation, d’amplification des voix des enfants et de plaidoyer ?

Cette question donne l’indication que les objectifs sont (ou tout au moins comprennent) la
participation, l’amplification des voix des enfants et le plaidoyer, ce qui maintient en quelque
sorte l’ambiguïté des objectifs (point 1.1.) de participation des enfants comme but en soi ou
comme moyen pour le plaidoyer. En effet, le plaidoyer ne peut provenir que d’une
organisation (en l’occurrence l’UNICEF), car les enfants ne constituent pas un « groupe » qui
spontanément défend des intérêts communs, car suivant leurs situations sociales ces
intérêts sont très différents. Les TDR mentionnent d’ailleurs à juste titre de l’amplification des
voix des enfants (voix au pluriel). Dans les faits, la représentativité de ces voix plurielles est
questionnable, car les enfants marginalisés sont très largement sous-représentés, voire
absents. De manière générale, il s’agit d’une conceptualisation « top-down », à travers
laquelle sont recherchés des « enfants motivés ». Leur rôle de modèle est valorisé, afin de
susciter un effet « boule de neige ». En effet, il est attendu des participants qu’ils motivent
d’autres enfants à participer à la diffusion de messages censés influencer les auditeurs. La
pluralité des voix et des préoccupations des enfants peut être compromise par ce qui
s’apparente à un plaidoyer relativement standardisé à travers lequel les thématiques tendent
à rester sensiblement les mêmes. En effet, il y a cinq thématiques, qui ont été décidées en
amont : (1) la santé des adolescents et des jeunes, (2) l’éducation, (3) la protection, (4)
l’environnement/changement climatique, (5) la consolidation de la paix (annexes a.1.6.,
a.1.7.). Cela se répercute sur le dynamisme des initiatives, dans lequel on peut observer une
tendance à la reproduction de messages similaires dont l’impact ne semble pas
proportionnel (il n’y a en effet pas de corrélation stricte entre la répétition d’un message et
son impact). Ce point a notamment été discuté par les 3 jeunes qui ont participé à la séance
de présentation du rapport pré-final ; ils ont relevé la grande difficulté d’avoir un impact
auprès dans les communautés, étant donné que les gens « ne connaissent pas les droits de
l’enfant ». La diffusion par la radio, du centre vers la périphérie, est vue comme limitante,
surtout à l’heure des réseaux sociaux. Par ailleurs, les jeunes ont également suggéré
d’intensifier les « descentes sur le terrain » dans les zones plus reculées.

JRC
La pluralité des voix est relative. Dans certaines régions, les enfants sont recrutés dans des
associations ou clubs déjà existants, ce sont tous des enfants scolarisés et plutôt de classes
moyenne ou supérieure. Dans d’autres régions, Le recrutement des membres JRC se fait
par voie d’affichage, ou dans les réseaux sociaux, à destination du grand public, au moins
durant une période de deux semaines, par le DRJS, DRCC ou MJS. Pour la région Anosy, il
semble que les enfants sont davantage issus de milieux vulnérables.
L’ampleur de l’initiative JRC semble être moins importante que prévue. En effet, dans le
Draft du Rapport Technique d'Activités JRC-Média de juin 2019 (annexe a.1.1.), il était
question d’au moins 94 professionnels médias formés et d’au moins 660 JRC formés. Le
document détaille le déroulement des journées de formation et liste des leçons apprises,
mais on ne trouve pas de données sur le nombre de professionnels et de JRC effectivement
formés. En 2020 on compte 450 JRC, soit un nombre situé à environ 2/3 de l’objectif fixé en
2018/2019.
Au niveau de la conceptualisation, d’après plusieurs entretiens avec les bénéficiaires, nous
constatons que c’est plus souvent le coach ou l’encadreur qui décide du thème de
l’émission, et lorsque ce sont les enfants qui proposent un thème c’est encore le coach ou
l’encadreur qui a le dernier mot pour décider si ce thème sera effectivement traité. Les
thématiques sont effectivement décidées en amont, comme on le voit dans le Manuel du
formateur des JRC (annexe. a.1.7) et dans le guide pratique à l’attention des JRC (a.1.6.).
D’autres bénéficiaires disent que c’est eux qui décident des thèmes, mais que cela dépend
beaucoup de l’âge : les aînés (Zoky) prennent plus souvent la parole et les cadets (Zandry)

8
suivent. Cela situe la participation effective des cadets (Zandry) à l’échelon 4 et des aînés
(Zoky) à l’échelon 5 de l’échelle de la participation de Hart (annexe c.1.) :
4. DÉSIGNÉS MAIS INFORMÉS : à ce niveau, les enfants comprennent les objectifs du
projet auxquels ils participent. Ils savent qui décide de leur participation et pourquoi. Ils
jouent un rôle véritable (et non pas décoratif). Ils se portent volontaires pour participer au
projet, après explication de leur rôle.
5. CONSULTÉS ET INFORMÉS : le projet est conçu et dirigé par des adultes, mais les
enfants en comprennent le processus et leurs opinions sont prises au sérieux.

OMJ
La représentativité de voix plurielles est également relative au niveau des participants à
OMJ: même si les enfants marginalisés et/ou victimes sont « représentés » par les auteurs
des vidéos (annexe a.2.9.), ce sont quand même ces derniers qui donnent leur vision.
L’expression subjective des auteurs des vidéos favorise leurs points de vue. Cependant, ne
se traduit pas par une mobilisation sociale ou communautaire importante (peu de visibilité de
l’impact social). Selon certains participants, les formateurs leur ont dit qu’en passant par les
jeunes l’UNICEF aurait plus d’impact.
De manière générale, nous retrouvons grâce au sondage RapidPro des éléments éclairant la
question de la représentativité : Il y a eu 28 jeunes qui ont répondu au sondage. 25
répondants participent à un JRC et 3 répondants participent à OMJ. Rapportés au nombre
total de participants JRC (environ 450) et OMJ (14), cela donne les taux de participation au
sondage qui suivent : JRC : 25 sur environ 450 JR, soit environ 5% ; OMJ : 3 sur 14, soit
environ 20%. Avec un-e jeune sur 20 participants JRC et un-e jeune sur 5 OMJ ayant
répondu au sondage, la représentativité des réponses est donc questionnable. Il convient
donc de considérer avec beaucoup de précautions les résultats du sondage. Il y a des
raisons techniques qui expliquent cette participation limitée au sondage RapidPro, comme le
fait que les numéros de téléphone qui avaient été donnés par les jeunes lors de leur
recrutement ne sont plus fonctionnels, ou qu’il y a parmi les répondants des frères et sœurs
qui utilisent le numéro d’un parent. Or RapidPro n’autorise qu’une seule participation par
numéro. Au-delà de ces aspects techniques, il est possible que ce soit les jeunes les plus
impliqués dans les projets qui ont répondu. Cette hypothèse amène à considérer les
résultats comme reflétant l’avis des participants globalement les plus satisfaits de leur
participation. Cela reste cependant à considérer seulement comme une tendance. En effet, il
n’est pas sûr que le faible taux de réponse au sondage puisse lui-même être considéré
comme un indicateur de l’implication générale des jeunes participants aux projets JRC et
OMJ, car d’autres facteurs ont pu jouer un rôle : pour la plupart des répondants potentiels la
période était celle des examens. Il serait donc un peu simpliste de considérer ce sondage
ponctuel comme un indicateur de l’implication générale de ces jeunes.
Toutefois, dans les faits (et cela n’est pas exceptionnel) il est inévitable que certains jeunes
qui participent beaucoup plus que d’autres, comme cela est d’ailleurs ressorti notamment du
focus-group avec les JRC (dans lequel c’était visiblement les plus âgés et expérimentés qui
prenaient la parole). Il reste cependant difficile d’identifier les raisons de cette participation
différentielles. Parmi ces raisons, il peut y a avoir des aspects hiérarchiques qui entraînent
une dynamique top-down, comme cela ressort de constats faits sur le recrutement qui
favorise la cooptation au détriment d’un processus de sélection des JRC qui, pour des
raisons organisationnelles et administratives n’est pas respecté pour la plupart du temps.

Dès lors, pour vraiment « donner la voix aux jeunes » il faudrait des stratégies consistant à
promouvoir une plus grande égalité pour que les plus jeunes puissent aussi s’exprimer sans
avoir forcément besoin d’acquérir les compétences techniques requises pour s’exprimer en
tant que membre d’un JRC ou OMJ. En fait la technicité, même si elle reste relativement
simple, peut constituer un frein à la participation des plus jeunes. Cela doit faire voir de
manière critique le fait que 90% des répondants disent avoir acquis des compétences
techniques : si ces dernières sont une condition pour se faire entendre alors elles sont aussi
une barrière pour beaucoup de jeunes. La coloration « plaidoyer » des projets JRC et OMJ

9
renforce alors le glissement vers une fonction « porte-parole » des jeunes alors que la
représentativité de ces derniers n’est pas garantie : qui représentent-ils vraiment ?
l’ensemble des enfants et jeunes malgaches ou bien une infime partie, plus éduquée et
encadrée par des adultes responsables des projets qui jugent de ce qui peut être dit ou
non ? On rejoint ici des critiques émises dans la littérature générale sur la participation des
enfants qui pointent la non-représentativité3.

1.3. Dans quelle mesure les deux initiatives sont-elles adaptées pour assurer le
développement de compétences techniques et humaines des adolescents (détenteurs
de droits) ?

Les bénéficaires des initiatives JRC et OMJ représentent une infime partie de la population
totale des adolescents (10-19 ans) à Madagascar qui s’élève à environ 6 millions 4.
Avec environ 450 bénéficiaires, cela représente moins de 1 jeune sur 10.000. La tendance
est qu’une majorité des participants sont issus des classes moyennes supérieures, bien
intégrées économiquement et socialement.

Même si les données recueillies via RapidPro (annexe b.8.) permettent difficilement d’inférer
le niveau socio-économique (annexe b.9.), on peut cependant raisonnablement avancer que
la majorité des jeunes participants proviennent de milieux socio-économiques situé dans la
moyenne ou la moyenne supérieure, étant par ailleurs aussi tous scolarisés. En 2015, on
compte près de 16 % des enfants de 9 à 11 ans qui ne fréquentent pas/plus l’école5. Cette
classe d’âge est jugée comme pertinente pour évaluer le taux de scolarisation car il est peu
probable qu’un enfant qui n’est pas entré à l’école avant l’âge de 9 ans y entre par la suite.
Cela représente donc environ un sixième des enfants malgaches ne sont pas scolarisés,
principalement pour des raisons liées à la pauvreté. Il semble donc qu’au moins le sixième
des jeunes malgaches ne soit pas représenté parmi les participants OMJ et JRC. Par
ailleurs, les activités des JRC et OMJ restent limitées aux zones urbaines et « pas trop
dangereuses », avec très peu de visibilité dans les campagnes. Cela s’explique aussi du fait
que les clubs JRC ne peuvent exister que dans des endroits où des stations radios locales,
principalement en milieu urbain, sont implantées. Il reste donc difficile d’atteindre chaque
enfant, en milieu urbain et rural. Les stations radios atteignent à la fois les zones urbaines et
éloignées dans la localité. Cela fait partie des limites propres au terrain malgache (collines
empêchant de capter la radio).

JRC
Les bénéficiaires disent avoir acquis les compétences techniques relatives aux interviews,
mais pas les compétences nécessaires au montage. Ils disent que le matériel est insuffisant.
Selon nos entretiens, il y a en moyenne deux dictaphones et quelques blocs notes par JRC.
Il n’y a pas d’ordinateur, avec logiciel adéquat (Audacity) à disposition des JRC, seuls les
coach (employés de la radio) en disposent et ce sont eux qui font les montages. Certains
disent que les coachs n’ont pas assez de temps car ils sont journalistes, et doublent leur
métier de ce bénévolat comme coachs, ce qui fait qu’ils n’ont pas toujours le temps
nécessaire pour les encadrer de manière suffisante. Par contre, au niveau des compétences

3
Voir notamment Percy-Smith, B., Thomas, N. (2010). A handbook of children and young people’s participation.
Perspectives from theory and practice. London and New-York: Routledge.
4
Source : MICS Madagascar 2018. Pour plus de précision, voir la partie contexte.
5
Rakotomanana, F. et al. (2020). Enfants hors l’école et analphabétisme à Madagascar. Note de recherche de
l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone (ODSEF), p. 42.

10
humaines, les JR disent avoir acquis une confiance en soi, la capacité de parler en public, et
s’être fait des amis.
OMJ
Le nombre de bénéficiaires est infime par rapport à l’ensemble des adolescents: 15 jeunes
ont pu acquérir des compétences techniques et humaines en 5 jours de formation (comment
filmer, les points de vue, le cadrage, le montage). Au niveau humain, « il y a eu un genre de
leadership entre tous les participants du groupe ». Des participants disent que cette activité
leur a permis d’acquérir des connaissances sur la pandémie. Elles disent avoir appris à
transmettre des messages (travail des enfants, grossesses précoces, éducation, droits de
l’enfant) mais que l’expérience était ponctuelle et s’est terminée trop vite.

Dans le sondage RapidPro, 25 jeunes sur 28 (90%) disent avoir acquis des compétences
techniques qu’ils n’avaient pas auparavant. Les 3 répondants qui affirment n’avoir pas acquis
de compétences techniques sont tous des JR, qui par ailleurs ont affirmé avoir beaucoup
apprécié de participer au projet. Inversement, les 3 répondants OMJ qui disent avoir
seulement un peu apprécié de participer au projet répondent positivement à la question de
l’acquisition de compétences techniques. Par ailleurs les 3 bénéficiaires JRC interviewés ne
mettent pas en avant l’acquisition de compétences techniques, mais plutôt l’acquisition de
compétences sociales (« comment parler aux gens », « parler en malgache officiel »). Cela
suggère que l’acquisition de compétences techniques n’est pas forcément l’aspect le plus
important pour la satisfaction des participants. On doit donc se demander si la nature
« technique » de ces projets est un véritable stimulant ou si une autre activité participative
aurait tout aussi bien pu donner des niveaux de satisfaction similaires.

Les compétences sociales transparaissent aussi à travers la question sur les relations dans
le groupe de pairs (RapidPro) : Les relations entre pairs dans le groupe de participants sont
décrites comme excellentes par 6 jeunes, très bonnes par 14, plus ou moins bonnes par 7,
et une personne les décrit comme mauvaises. Les relations sont vues comme globalement
meilleures chez les JR (6 excellentes, 12 très bonnes, 7 plus ou moins bonnes) que chez les
participants à OMJ (2 très bonnes et 1 mauvaises) mais cela n’est à considérer que comme
une tendance vu le faible nombre de répondants au sondage. Si on relie ces relations entre
pairs avec la satisfaction d’avoir participé au projet, on constate qu’il n’y a pas vraiment de
corrélation entre ces deux aspects de l’expérience : alors que les 6 répondants qui ont
déclaré que leurs relations dans le groupe étaient excellentes ont tous également beaucoup
apprécié leur participation, les 7 répondants qui ont dit avoir des relations plus ou moins
bonnes dans le groupe disent avoir beaucoup apprécié leur participation. Le développement
de compétences sociales ne semble donc pas non plus déterminant. Un autre élément
semble cependant plus important aux yeux des répondants : la confiance en soi (voir le point
2.11).

2. Performance

2.1. Quelles ont-été les niveaux de synergies internes au sein du bureau de l’UNICEF
(la section C4D qui gère le programme JRC et MRE qui gère le OMJ) lors de la
conceptualisation et la mise en œuvre des deux initiatives ?

Apparemment, il n’y a pas eu de concertation formelle au sein de l’UNICEF entre les deux
sections (C4D et MRE). Les deux sections se perçoivent comme deux sections distinctes qui
s’occupent des deux initiatives distinctes. La question de la synergie révèle apparemment
des lectures différentes des deux projets. Dans la pratique, les changements informels
d’objectifs pour OMJ sont peut-être le reflet d’une emprise de la philosophie C4D sur le
secteur MRE : l’objectif actuel (changement social) ressemble à une stratégie de
développement (du type JRC). La spécificité du secteur MRE est ressentie comme

11
insuffisamment prise en compte (on se demande pourquoi d’autres programmes, par
exemple TEDxYouth ou Demokrankizy, ne sont pas évalués selon les critères de la revue
pour JRC et OMJ).

2.2. Quel a été le niveau d’adéquation des mécanismes de coordination de l’UNICEF


avec les différents ministères partenaires de ces deux initiatives ?

Les niveaux d’adéquation des mécanismes de coordination de l’UNICEF sont bon avec le
MJS et le MEN. Le MEN relève l’importance des projets JRC étant donné que les droits de
l’enfant, bien qu’inscrits au programme scolaire, ne sont pas systématiquement enseignés
dans les faits. Les mécanismes de coordination de l’UNICEF semblent avoir été défaillants
lorsque des problèmes sont survenus avec le Ministère de la Communication. Certains
interlocuteurs ont évoqué explicitement de possibles « mauvaises utilisations de fonds dans
le Ministère de la Communication », suivis d’une « réaction insuffisante de la part du staff de
l’UNICEF ». Cependant, le MCC « s’est engagé à rembourser ». Il est à noter que les
interlocuteurs actuels n’étaient pas responsables au moment des faits. Selon des
interlocuteurs de l’UNICEF, des remboursements partiels auraient été faits. Il reste difficile
de mettre des dates et davantage de détails sur ces éléments, mais l’UNICEF a entretemps
intensifié la collaboration avec le MJS (Le MJS et le MCC font partie des partenaires pour le
programme JRC). La coordination avec le MJS comme autre partenaire exécutif est décrite
comme bonne. Le Ministère de la Communication affirme qu’aujourd’hui, avec la nouvelle
équipe, ces problèmes d’arriérés sont en passe d’être réglés et qu’il serait souhaitable que le
Ministère de la Communication soit à nouveau responsable de l’axe communication, dans
une logique intersectorielle de collaboration avec les autres ministères (jeunesse, santé,
etc.). Au vu du fait que le glissement vers le MJS est aussi programmatique, étant donné que
les JRC sont supposés être des associations de jeunesses et de ce fait relèvent davantage
du MJS, selon la nouvelle politique nationale, il faudra veiller à ce que la logique
intersectorielle s’inscrive dans le cadre de cette politique.

2.3. Quel a été le niveau de synergie de ces deux initiatives avec d’autres programmes
similaires mis en place par d’autres organisations ou acteurs qui travaillent sur la
participation des jeunes à la réalisation de leurs droits ?

JRC

Il existe une collaboration avec Studio Sifaka qui consiste à transférer certaines émissions
faites par les JRC à Studio Sifaka qui a davantage de plages horaires disponibles que les
radios locales et surtout qui diffuse sur tout le territoire national. Radio Sifaka a travaillé avec
19 clubs, basés principalement dans le grand sud du pays. Le studio Sifaka est financée par
la Fondation Hirondelle. Il n’y a apparemment pas de collaboration directe entre la Fondation
Hirondelle et UNICEF : Au départ, c’est le système des NU qui a approché la Fondation
Hirondelle. D’abord le PNUD, puis UNICEF et le Bureau des droits de l’homme. C’est parti
du Peace building fund, que le PNUD et les deux co-demandeurs (UNICEF et bureau DH)
ont sollicité. Le PNUD alors a mandaté la Fondation Hirondelle qui a pour partenaire Sifaka à
Madagascar. Les JRC sont donc une relation entre UNICEF et Sifaka (pas directement entre
la Fondation Hirondelle et UNICEF). Au début, « Search for common ground » (organisation
américaine) a été retenue pour former les JRC. Il n’est pas clair pourquoi la Fondation
Hirondelle, qui a ces compétences, n’a pas été choisie comme partenaire. Le niveau de
synergie ne semble pas avoir été optimal.

OMJ

Il n’y a pas, à notre connaissance, de collaboration formelle entre OMJ et d’autres


programmes similaires à Madagascar. Il existe cependant d’autres activités, TEDxYouth,
dont la visibilité est très faible. Il n’y a pas d’indications sur les synergies potentielles entre
12
ces programmes à Madagascar, ni à l’international. L’initiative OMJ semble être très
« verticalement » liée au concours international OMJ (ex. Amsterdam).
Entre OMJ et JRC, des passerelles existent, mais il semble que ce soit principalement lié au
recrutement : des jeunes OMJ ont pu être ou sont encore des JRC.

2.4. Quels ont été les principaux blocages pour les partenaires, sur lesquels les deux
sections peuvent s’ajuster en termes de gestion ?

Il y a eu des problèmes au niveau de la gestion financière par le Ministère de la


Communication (voir le point 2.2.). Certains interlocuteurs parlent aussi de l’existence de
matériel « bloqué on ne sait où ». Il y a eu une importation de matériel en vue d’une dotation
des professionnels médias issus des médias partenaires et JRC (comme stipulé dans la
convention de partenariat entre Unicef et MCC). Cependant, vu le blocage susmentionné au
niveau de la collaboration avec le MCC, il a été décidé (sans aval du MJS) de mettre les
matériels au nom du MJS. Ceci a rendu difficile le déblocage de ce matériel étant donné que
les bénéficiaires directs de ces matériels ne sont ni les jeunes ni les mouvements de
jeunesses. Actuellement les démarches de l’UNICEF au niveau du dédouanement restent
infructueuses.

2.5. Dans quelle mesure le soutien fourni par l'UNICEF et les partenaires est-il efficace
pour atteindre les résultats souhaités ?
UNICEF fournit un appui technique et financiers aux partenaires d’exécution (ministères).
Ces derniers donnent l’autorisation de développer ces activités. L’efficacité est donc
dépendante du soutien de l’UNICEF, qui ne dispose pas de fonds spécifiques pour les
projets JRC et OMJ mais qui intègre ces activités aux programmes de l’UNICEF, comme
élément transversal qui peut aider les programmes aussi (par exemple la réponse à la
pandémie COVID). Les projets JRC et OMJ constituent ainsi un atout pour les programmes
sans être eux-mêmes considérés comme des programmes à part entières avec des fonds
dédiés. La dotation reste relativement modeste. L’efficacité reste donc très limitée (qui plus
est difficile à mesurer car il n’y a pas de suivi systématique avec des indicateurs de
performance). L’efficacité serait plus grande si, l’Etat malgache mettait aussi des ressources
financières à disposition de ces projets participatifs, ce à quoi il s’est de fait engagé en
ratifiant la Convention des droits de l’enfant. L’insuffisant engagement de l’Etat sur ce point
ne peut prétexter l’insuffisance de moyen puisque l’art. 4 de la CDE stipule que Les Etats
parties s’engagent à prendre toutes les mesures législatives, administratives et autres qui
sont nécessaires pour mettre en œuvre les droits reconnus dans la présente Convention.
Dans le cas des droits économiques, sociaux et culturels, ils prennent ces mesures dans
toutes les limites des ressources dont ils disposent et, s’il y a lieu, dans le cadre de la
coopération internationale. (CDE, art. 4).

Le soutien de l’UNICEF ne devrait donc être que subsidiaire et temporaire. Dans les faits, la
« dépendance réciproque » aboutit à des marges de manœuvre très réduites pour négocier
les responsabilités et attributions. Cela se répercute sur la liberté d’expression et l’accès à
une information appropriée qui reste problématique (voir recommandation du Comité DE à
l’Etat malgache) ; certains jeunes qui ont répondu à nos questions évoquent le fait que la
presse peut encore être censurée sur certains sujets. Cependant, le Ministère de la
communication assure qu’avec la nouvelle loi6 il n’est plus possible de condamner des

6
Loi n°2020-006 portant modification de certaines dispositions de la Loi n° 2016-029 du 24 août 2016 portant
Code de la Communication Médiatisée : https://www.assemblee-nationale.mg/wp-content/uploads/2020/09/Loi-
n°2020-006_Comm_-médiatisée.pdf

13
journalistes à des peines privatives de liberté. La liberté de la presse est dite « garantie »
aujourd’hui. La liberté de la presse est une condition sine qua non pour que les projets JRC
et OMJ soient efficaces. Cette garantie est le socle minimal sur lequel peuvent se
développer ce type de projet. Ensuite, les rôles respectifs de différents acteurs est
déterminant. Or le rôle des ministères en tant qu’uniquement partenaires d’exécution n’est
pas forcément adéquat pour atteindre l’efficacité souhaitée. On sait en effet que l’implication
des acteurs dans la mise à disposition de moyens financiers pour des projets spécifiques
augmente en général l’efficacité de ces derniers. Cela contribuerait à la mise en place
d’indicateurs de performance et de leur suivi systématique.

JRC

Le soutien des JRC est caractérisé par un déséquilibre des implications respectives des
acteurs. Le schéma 1 (ci-dessous) représente les acteurs censés animer les JRC (sur la
base des TDR).

Schéma 1 : acteurs d’un Junior Reporters Club

Jeunes reporters Encadreurs (coaches)


reporters

Représentant des Représentant


parents des JR DRCC

Représentant
Représentant
DRJS
DREN

Dans les faits, les JR évoquent uniquement des interactions entre eux et l’encadreur ou
coach (membre du personnel de la radio qui héberge un JRC). Les contacts avec les autres
acteurs sont presque inexistants. Il semble donc y avoir une implication insuffisante des
représentants DRCC, DRJS et DREN, sauf là où ces derniers endossent de fait le rôle
d’encadreurs (plusieurs personnes contactées, représentantes des directions régionales,
jouent en effet ce rôle d’encadreurs). Les coaches qui enseignent aux jeunes les techniques
rudimentaires (tenir le micro, enregistrer, etc.), mais souvent pas le montage, ils endossent
aussi le rôle d’encadreur qui avalise les contenus avant leur diffusion sur l’antenne. Ils sont
décrits comme peu disponibles, car ils sont journalistes et sont donc occupés à leurs propres
reportages. Leur disponibilité très limitée pour le JR, du fait que c’est une activité bénévole,
rend donc assez aléatoire la réalisation des émissions.

OMJ
Le soutien de l’UNICEF apparaît peu pérenne : les documents (annexes a.2.1, a.2.2..a.2.3.)
parlent de redynamisation et d’un certain manque d’intérêt de certains participants à
l’utilisation d’internet. L’UNICEF délègue la tâche de formation à des professionnels (digital

14
communication officers) De leur côté, les participants à OMJ trouvent que le caractère trop
ponctuel de l’activité OMJ est un problème. Selon eux, les limites imposées (par UNICEF),
« c’est le temps, car le concours est dans une limite de temps, donc pas beaucoup de
régions ». Ils disent pouvoir continuer à faire des clips vidéos (mais pas dans le cadre OMJ)
avec le matériel qu’on leur a donné. On peut se demander s’il était opportun de leur donner
le matériel (tablettes) au lieu de le prêter. Cela d’autant plus qu’ils seraient désireux d’inscrire
leurs productions à plus long terme dans le cadre de OMJ : « il faudrait faire plus de vidéos
pour que ça ait plus d’impact sur les gens et dans plus de régions ».

2.5. Quels feedbacks les enfants ont de ces initiatives, quels sont leurs acquis en
termes de compétences et dans quelles mesures ont-ils pu utiliser leurs acquis ?

Les feedbacks des enfants ont été recueillis via zoom (4) et des questionnaires (16). Ces
feedbacks sont déjà intégrés dans les différentes parties de la revue. Dans la présente
partie, nous restituons l’analyse du sondage RapidPro car ce dernier porte plus
spécifiquement sur l’objet de la question 2.6. à savoir les acquis. Cette synthèse de l’analyse
des données RapidPro a été par la suite affinée avec des extraits retravaillés pour répondre
aux questions de la revue. Bien que cela entraîne quelques redites, nous estimons qu’il est
pertinent de présenter cette synthèse complète.

L’objectif de ce sondage via l’outil RapidPro était de contribuer à la Revue sur la promotion
de la participation des jeunes dans le cadre des programmes Junior Reporters Club (JRC) et
One Minute Junior (OMJ). Il a été organisé par le consultant en collaboration avec les parties
suivantes : UNICEF PSE – UNICEF MRE – UNICEF C4D. Le sondage a été administré du
14 juin au 9 juillet 2021 au jeunes participants aux projets JRC et OMJ, tous âges et sexes
confondus. Ses résultats servent de données dans le cadre de la présente revue et ne sont
pas diffusées en-dehors de celle-ci. Les informations collectées concernent le nombre de
répondants et affiliation du jeune à un projet (JRC ou OMJ), le niveau de satisfaction de
participer à un de ces deux projets, l’acquisition de compétences techniques grâce au projet,
les relations entre pairs dans le groupe de participants, l’influence de la participation sur la
confiance en soi et sur le choix d’un métier, l’influence exercée par le participant sur la
communauté, le niveau socio-économique.

Analyse

RapidPro ne permet pas de formuler des questions ouvertes et de récolter les raisons ou les
explications des répondants. Nous sommes donc obligés d’interpréter les données par
recoupements entre les réponses. Par exemple, pour comprendre le degré de satisfaction
relatif à la participation à un projet JRC ou OMJ (question 2) nous pouvons inférer des
raisons à partir de raisons comme l’acquisition de compétences techniques (question 3) ou
la qualité des relations à l’intérieur du groupe. Cependant, ces interprétations restent
relativement et conjecturales. Il faut les considérer comme des indications générales.

Nombre de répondants et affiliation à un projet (JRC / OMJ)

Il y a eu 28 jeunes qui ont répondu au sondage. 25 répondants participent à un JRC et 3


répondants participent à OMJ. Rapportés au nombre total de participants JRC (environ 450)
et OMJ (14), cela donne les taux de participation au sondage qui suivent : JRC : 25 sur
environ 450 JR, soit environ 5% ; OMJ : 3 sur 14, soit environ 20%. Avec un-e jeune sur 20
participants JRC et un-e jeune sur 5 OMJ ayant répondu au sondage, la représentativité des
réponses est donc questionnable. Il convient donc de considérer avec beaucoup de
précautions les résultats du sondage. L’hypothèse la plus plausible est que ce sont les
jeunes les plus impliqués dans les projets qui ont répondu. Cette hypothèse amène à
considérer les résultats comme reflétant l’avis des participants globalement les plus satisfaits
de leur participation. Cela reste cependant à considérer seulement comme une tendance.

15
Plus globalement, le faible taux de réponse au sondage peut être lui-même considérer
comme un indicateur de l’implication générale des jeunes participants aux projets JRC et
OMJ. Cela suggère qu’il peut y avoir quelques jeunes qui participent beaucoup plus que
d’autres, comme cela est d’ailleurs ressorti notamment du focus-group avec les JRC (dans
lequel c’était visiblement les plus âgés et expérimentés qui prenaient la parole). Ces
éléments sont indicatifs d’une participation tendanciellement encore marquée par des
aspects hiérarchiques et une dynamique qui reste relativement top-down.

Niveau de satisfaction de participer à un de ces deux projets

La très grande majorité des répondants disent être très content de participer au projet JRC
ou OMJ. Concernant les JRC on a presque l’unanimité (« beaucoup ») avec une seule
exception qui répond « un peu ». Pour les OMJ, c’est l’inverse : 2 répondants sur les 3 disent
ont répondu « un peu », le troisième ayant répondu « beaucoup ».

Encore une fois, la représentativité de ces réponses est à prendre avec des pincettes, mais il
ressort de ce sondage une tendance indiquant que le niveau de satisfaction est plus élevé
chez les participants JRC que chez les participants OMJ.

Acquisition de compétences techniques grâce au projet

25 jeunes sur 28 (90%) disent avoir acquis des compétences techniques qu’ils n’avaient pas
auparavant. Les 3 répondants qui affirment n’avoir pas acquis de compétences techniques
sont tous des JR, qui par ailleurs ont affirmé avoir beaucoup apprécié de participer au projet.
Inversement, les 3 répondants OMJ qui disent avoir seulement un peu apprécié de participer
au projet répondent positivement à la question de l’acquisition de compétences techniques.
Cela suggère que l’acquisition de compétences techniques n’est pas un élément déterminant
la satisfaction des participants. On doit donc se demander si la nature « technique » de ces
projets est un véritable stimulant ou si une autre activité participative aurait tout aussi bien pu
donner des niveaux de satisfaction similaires.

Relations entre pairs dans le groupe de participants

Les relations entre pairs dans le groupe de participants sont décrites comme excellentes par
6 jeunes, très bonnes par 14, plus ou moins bonnes par 7, et une personne les décrit comme
mauvaises. Les relations sont vues comme globalement meilleures chez les JR (6
excellentes, 12 très bonnes, 7 plus ou moins bonnes) que chez les participants à OMJ (2
très bonnes et 1 mauvaises) mais cela n’est à considérer que comme une tendance vu le
faible nombre de répondants au sondage. Si on relie ces relations entre pairs avec la
satisfaction d’avoir participé au projet, on constate qu’il n’y a pas vraiment de corrélation
entre ces deux aspects de l’expérience : alors que les 6 répondants qui ont déclaré que leurs
relations dans le groupe étaient excellentes ont tous également beaucoup apprécié leur
participation, les 7 répondants qui ont dit avoir des relations plus ou moins bonnes dans le
groupe disent avoir beaucoup apprécié leur participation. Le développement de
compétences sociales ne semble donc pas non plus déterminant.

Influence de la participation sur la confiance en soi

25 participants répondent affirmativement à cette question et 3 négativement. Parmi les


réponses négatives, 2 viennent de JR et 1 de OMJ. On peut donc dire que la participation
aux projets a augmenté la confiance en soi chez une large majorité des participants. On peut
noter que même la personne qui a qualifié ses relations dans le groupe de pairs comme
mauvaises affirme que sa confiance en soi a été augmentée. Il semble donc que ce soit cet
élément de confiance en soi qui est la composante principale de la satisfaction d’avoir
participé. Cela suggère que les projets OMJ et JRC répondent à un « besoin caché »

16
puisque « la confiance en soi » ne figurait pas dans les objectifs de ces projets. Cet aspect
de développement personnel est certainement important, en tout cas aux yeux des
participants (beaucoup ont également dit lors des entretiens individuels qu’ils avaient ainsi
pu surmonter leur timidité). Cependant, cet effet de la participation n’a pas été recherché en
lui-même, c’est un bénéfice « co-latéral ».

Influence de la participation sur le choix d’un métier

Environ ¾ des répondants affirment que la participation aux projets JRC et OMJ leur a
permis de mieux savoir ce qu’ils ou elles aimeraient faire comme métier (22 ont répondu
positivement et 6 négativement). Ces proportions sont de 20 contre 5 pour les JR (80%), et
de 2 contre 1 (66%) pour les répondants OMJ. Les entretiens individuels ont fait ressortir que
c’est le métier de journaliste qui est largement plébiscité par les participants. La réalisation
effective de ces désirs reste cependant dépendante des conditions structurelles de la
formation professionnelle en journalisme (Ministère de la Communication) et il est probable
que des vocations suscitées par le projet JRC soient déçues.

Influence exercée par le participant sur la communauté

Egalement ¾ des répondants pensent avoir exercé une influence sur la communauté à
travers leur participation à JRC ou à OMJ (22 ont répondu positivement et 6 négativement).
On retrouve les mêmes proportions ici : 20 contre 5 pour les JR (80%), et 2 contre 1 (66%)
pour les répondants OMJ. Les répondants estiment comme suit le nombre de personnes
potentiellement touchées par leurs messages : 6 répondants (21%) estiment n’avoir touché
personne ; 5 répondants (18%) estiment avoir touché entre 1 et 10 personnes ; 7 répondants
(25%) estiment avoir touché entre 10 et 100 personnes ; 10 répondants (36%) estiment avoir
touché plus de 100 personnes. On constate donc que l’impact, de l’aveu même des
participants, est relativement faible, ceci d’autant plus que toucher une personne ne signifie
pas forcément l’influencer ou la convaincre. L’influence réelle reste donc très difficile à
estimer.

Genre

Les répondants sont 11 garçons et 16 filles (une personne n’a pas répondu à cette question).
Les 3 participants OMJ sont des garçons. On constate que le genre ne semble pas avoir
d’incidence sur le niveau de satisfaction d’avoir participé au projet. On sait cependant que la
participation des filles est plus élevée, notamment dans les JCR, en raison d’un lien possible
entre filières littéraires attirant plus les filles et le journalisme.

Age

Presque tous les âges des potentiels bénéficiaires sont représentés : 1 personne a 12 ans, 1
personne a 13 ans, 5 personnes ont 15 ans, 1 personne a 16 ans, 3 personnes ont 17 ans, 6
personnes ont 18 ans, 9 personnes ont plus de 18 ans. A noter que 2 personnes n’ont pas
répondu à cette question. Encore une fois, on ne peut extrapoler que des tendances à partir
de cet échantillon relativement restreint. On remarque cependant que la participation est
appréciée davantage par les jeunes les plus âgés et que la satisfaction semble moindre chez
les plus jeunes (pour les JRC, une fille de 13 ans et un garçon de 15 ans ; pour OMJ, un
garçon de 15 ans). Cela semble indiquer une corrélation entre l’âge et la prise de confiance
en soi qui semble être un élément important pour la satisfaction. On peut en inférer que la
hiérarchie sociale liée à l’ancienneté joue un rôle et que cela renforce les aspects top-down
de la participation. Dès lors, pour vraiment « donner la voix aux jeunes » il faudrait des
stratégies consistant à promouvoir une plus grande égalité pour que les plus jeunes puissent
aussi s’exprimer sans avoir forcément besoin d’acquérir les compétences techniques
requises pour s’exprimer en tant que membre d’un JRC ou OMJ. En fait la technicité, même

17
si elle reste relativement simple, peut constituer un frein à la participation des plus jeunes.
Cela doit faire voir de manière critique le fait que 90% des répondants disent avoir acquis
des compétences techniques : si ces dernières sont une condition pour se faire entendre
alors elles sont aussi une barrière pour beaucoup de jeunes. La coloration « plaidoyer » des
projets JRC et OMJ renforce alors le glissement vers une fonction « porte-parole » des
jeunes alors que la représentativité de ces derniers n’est pas garantie : qui représentent-ils
vraiment ? l’ensemble des enfants et jeunes malgaches ou bien une infime partie, plus
éduquée et encadrée par des adultes responsables des projets qui jugent de ce qui peut être
dit ou non ? On rejoint ici des critiques émises dans la littérature générale sur la participation
des enfants qui pointent la non-représentativité7.

Niveau socio-économique

Le niveau socio-économique est difficile à différencier sur la base du présent sondage. Nous
avons retenu deux critères (le type de logement et le nombre de personnes y vivant). Nous
avons renoncé à ajouter une question sur le métier des parents car celle-ci ne pouvait être
aisément transposable en une réponse à choix multiple donnant une indication du revenu.
Sur la base des deux critères retenus, on constate que 3 jeunes vivent dans un appartement
dans un immeuble occupé en moyenne par 5 personnes, 9 dans une maison individuelle
occupée en moyenne par près de 6 personnes, et 12 dans une maison mitoyenne (accolée)
occupée en moyenne par 6 personnes. A noter que 4 personnes n’ont pas répondu à cette
question.

Il n’est pas sûr qu’habiter dans une maison individuelle indique un revenu supérieur car tout
dépend du type de maison (en dur, en bois, en tôle). Un abri de fortune dans un bidonville
peut donc être compté comme maison individuelle, ce qui est trompeur par rapport à l’image
stéréotypée de l’habitat bourgeois. Nous avons ici omis de demander le type de maison
individuelle, cependant nous l’avons fait dans les entretiens individuels. Il en ressort que les
appartements semblent davantage se rapprocher de l’habitat bourgeois que les maisons
individuelles ou mitoyennes. Cela semble confirmé par le nombre légèrement inférieur de
personnes résidentes en appartement. Lors d’entretiens individuels nous avons aussi pu
visualiser des cadres d’habitat plutôt confortable. On peut donc avancer que la majorité des
jeunes participants proviennent de milieux socio-économiques situé dans la moyenne ou la
moyenne supérieure, étant par ailleurs aussi tous scolarisés.

En résumé, les feedbacks des enfants bénéficiaires de JRC et de OMJ sont positifs. Les
entretiens que nous avons menés ainsi que les réponses aux questionnaires écrits montrent
un niveau de satisfaction important.

JRC
Les compétences sociales suivantes ont été développées : capacité de communiquer, de
parler en public, de vaincre sa timidité, de se faire des amis. Les compétences techniques
suivantes ont été développées : utilisation de caméra et de dictaphones. Les JRC disent
cependant qu’ils n’ont pas assez de matériel (seulement 2 dictaphones pour 15 participants)
et qu’il n’est pas de très bonne qualité. Ils n’ont pas accès aux ordinateurs et logiciels pour le
montage. Ils n’ont donc pas acquis les capacités de montage. Ils souhaitent en majorité
devenir journalistes. Les compétences acquises dans les JRC ne les dispenseront pas bien
entendu d’une formation formelle en journalisme, sanctionnée d’un diplôme. Cependant, les
places sont rares et très centralisées (Tana). Toutefois, il y a des décentralisations en cours

7
Percy-Smith, B., Thomas, N. (2010). A handbook of children and young people’s participation. Perspectives
from theory and practice. London and New-York: Routledge.

18
pour ces formations et le Ministère de la Communication souhaiterait intégrer davantage de
jeunes JRC dans ses formations de journalistes, cela dépendant aussi d’une reprise de la
collaboration du ministère de la communication avec UNICEF autour du programme JRC.

OMJ
Les compétences développées par les jeunes OMJ se situent aussi au niveau technique
(maniement de la caméra, montage) et social. Les participants interviewés disent être
satisfaits d’avoir pu transmettre des messages. Ils ne sont pas sûr de pouvoir utiliser ces
acquis dans leur profession à venir.

2.6. Quelle est l’ampleur de l’audience de ces émissions radios, sketches et


vidéos ? Qui les écoute ? Quel est le niveau de leur qualité en termes de contenu
et de format ?

JRC

L’audience est difficile à établir car il n’y a pas d’audimat systématique). L’impact n’est pas
connu (il n’y a pas de sources de vérification) et il est estimé par des impressions (plutôt
positives ; on dit que beaucoup de gens écoutent ces émissions). Certains JRC parlent de 3
émissions par semaine, de 15 minutes chacune. D’autres parlent de 1 émission par
semaine. Il y a aussi beaucoup d’émissions de 5 minutes.

Cependant, un entretien avec la Fondation Hirondelle (Lausanne, Suisse) a permis de faire


une estimation approximative de l’audience. Il y a eu 12 émissions diffusées par Sifaka dans
lesquelles des séquences de 5 minutes ont été intégrées. Selon nos sources, il y a environ
7,5 millions (la moitié de la population malgache de plus de 15 ans) qui ont accès aux
émissions de radio, et 4,3% écoute les émissions Sifaka, soit environ 320.000 personnes par
semaine. Sachant que Sifaka diffuse 2 heures par jour (entre 16h et 18h) et que les
séquences des JRC passent un jour (samedi) sur quinze (chaque semaine, alternance entre
émissions JRC et émissions Youth First), et que par ailleurs la majorité des auditeurs-trices
n’écoutent la radio qu’une fois par semaine, on peut estimer à environ 20.000 l’audimat pour
une émission dans laquelle est insérée une séquence JRC. Ce chiffre doit être considéré
comme maximal, car l’écoute réelle n’est souvent pas continue sur 2 heures. Finalement, on
peut estimer que les 5 minutes dans lesquelles s’inscrit la séquence JRC peut
raisonnablement être estimée à environ un quart de l’audimat, soit environ 5.000 personnes.
En résumé on peut donc estimer que 5.000 personnes environ ont entendu les émissions
des JRC (les 12 émissions) qui ont été diffusées par Studio Sifaka dans l’ensemble du
territoire. Autrement dit, l’audience de chaque émission JRC diffusée sur le territoire national
est d’environ 5.000 personnes par émission. On ne peut pas savoir si ce chiffre de 5.000 se
compose des mêmes personnes à chaque émission, ou si la composition des auditeurs-
trices varient beaucoup ou peu d’une émission à l’autre. L’audimat reste donc relativement
faible par rapport à l’ensemble de la population potentiellement concernée par les
problématiques abordées par les JRC. Cela dépend notamment du réseau des radios
locales partenaires de Sifaka.

OMJ
Pour les vidéos OMJ (annexe a.2.9.), nous établissons le tableau ci-dessous qui répertorie
par année le nombre de vues (minimal, maximal, total et moyen). Même si les années
antérieures à 2016 ne font pas partie de la revue, nous incluons les données qui nous ont
été transmises par UNICEF pour les années précédentes, car cela permet une mise en
perspective historique intéressante.

Tableau 1 : nombre de vues des vidéos OMJ

19
Années / nombre Nombre de Nombre de Nombre total Nombre
de vidéos vues vues maximal de vues moyen de vues
minimal
2011 / 36 18 2280 9.123 253
2012 / 18 28 244 1.482 82
2013 / 10 5 23 124 12
2014 / 14 14 108 398 28
2014 (filles) / 16 23 106 796 50
2018 Youtube / 14 74 741 2.330 166
2018 Facebook / 14 326 8.600 25.271 1.805

Note : Il y a une erreur dans le tableau EXCEL qui affiche un total de 250.000 vues sur
Facebook en 2018 alors que le total est en fait de 25.271 vues.

Nous constatons que de manière générale le nombre de vue sur Youtube est faible, mais
que sur Facebook (seulement en 2018), le nombre de vue augmente significativement. Il est
à relever que, de manière générale, la chaîne Youtube a beaucoup moins d’audience à
Madagascar que Facebook.

Nous constatons aussi que des vidéos, même de qualité, ont très peu d’audience. Il faut se
demander comment il se fait que certaines vidéos ont moins de 10 vues, ce qui signifie
qu’elles n’ont même pas touché l’entourage proche de leurs auteurs. Il est à noter qu’en
2011, les vidéos qui ont eu le plus de vues sont en fait des vidéos de plaidoyer de l’UNICEF
et non pas des vidéos OMJ. Nous constatons donc qu’avant 2018, après l’interruption du
projet OMJ (2015-2017), on atteint très peu de monde. La situation change en 2018, dès lors
qu’UNICEF a posté les vidéos sur Facebook.

Les jeunes OMJ interviewés trouvent que la sensibilisation ne parvient pas jusque dans « la
brousse ». Cela rejoint la question de la mise à l’échelle : l’augmentation de l’impact est-il
simplement proportionnel aux moyens investis (engager plus de jeunes OMJ) ou y a-t-il des
synergies à trouver ? On peut lire dans la documentation que ce programme offrira à ces
jeunes une opportunité de partager leurs vidéos et de se faire entendre, en étendant
l’organisation des ateliers vidéos dans d’autres régions, en incluant dans le programme le
volet dissémination (à travers la plateforme Voices of Youth et la participation au festival
« Rencontres du Film Court ») et en offrant au programme une structure pour une
pérennisation à moyen et long terme.

2.7. Quelles ont été les principales raisons de la discontinuité ou de la réduction de


dimension de ces initiatives ?
Le contenu de la convention UNICEF-MCC n’a pas été respecté. Les problèmes avec le
ministère de la communication semblent expliquer, mais en partie seulement, la discontinuité
(la bonne collaboration avec MJS reste à souligner). Le blocage de matériel (voir point 2.4.)
est probablement un facteur important. La réclamation de matériels de qualité par les
professionnels des médias constitue par ailleurs une interprétation excessive du contenu de
la convention UNICEF-MCC. Il y a également le problème de la rotation du staff (surtout pour
OMJ), ainsi que des professionnels dans les médias (pour JRC). De manière plus large, les
raisons sont aussi à chercher du côté de la conceptualisation. Comme on l’a vu, il est
question à plusieurs reprises (dans les divers documents des projets) de
« redynamisations » et de baisse de motivations des jeunes. Les « effets boule de neige »
escomptés n’ont visiblement pas été au rendez-vous. Le fait qu’il faille régulièrement
redynamiser les activités et que leur pérennité n’est pas assurée.

20
2.8. La théorie du changement et le système de S&E en place est-il adéquat pour le
pilotage des initiatives ?
On ne trouve qu’une seule mention relative au changement dans les documents (annexes
a.1.1., a.1.2., a1.3.) : « promouvoir l’expression des jeunes pour contribuer au changement
social ». Cependant on ne précise pas ce qu’on entend ici par « changement social ». Quel
type de changement, et à quel niveau ? On ne trouve pas d’éléments de la théorie du
changement (implicite ou explicite) dans les documents JRC.
Comme on l’a vu, les objectifs de OMJ sont changeants et équivoques. Même lorsqu’ils
parlent explicitement de changement social, ils ne semblent pas appuyés par des
planifications ayant intégré la théorie du changement.

2.9. Les coûts par extrants ou par résultats (ex : nombre de clubs, nombre de
membres formés, diffusions, vidéos) sont-ils assez intéressants, comparés à
d’autres programmes similaires en interne et dans d’autres pays ?

JRC
Le nombre d’émissions produites n’est pas disponible. Il est donc impossible pour l’heure
d’effectuer un calcul complet du côut par extants ou résultat, même si nous disposons du
nombre de clubs et de membres (voir ci-dessous). Par ailleurs, les coûts restent relativement
difficiles à localiser (annexes a.1.1., a.1.2) car on dit aussi qu’il n’y a pas de fonds
spécifiquement dédiés, mais qu’on essaie d’utiliser une partie des fonds de C4D pour les
projets JRC. On n’a pour l’instant que ces chiffres pour JRC:

Tableau 2. Budget alloué par année (2017-2021) (annexe b.1.)

Le nombre de clubs JRC et de membres (annexe b.1.) est sujet à variation :

Tableau 3. Nombre de clubs opérationnels et de membres (Junior Reporters), août


2020
Région Clubs Membres
ATSINANANA 4 46
ANALANJIROFO 8 102
BOENY 3 45
ANOSY 7 105
ANDROY 2 20
VATOVAVY
9 132
FITOVINANY
6 régions 33 450

Il est à relever que certains répondants estiment différemment le nombre de membre des
JRC : 341, 390, 694. Pour avoir un chiffre précis il aurait fallu demander à chaque club, ce
qui n’a pas pu se faire dans le cadre de cette revue.

OMJ
Annuellement, les dépenses allouées à ces initiatives varient de 8,000 USD à 9,000
USD. Selon le document de prestation « autorisation de financement et confirmation de

21
dépenses » pour 2018, le partenaire d’exécution (DRPPSPF) a reçu 23.109.500 MGA (soit
environ 6.000 USD) pour l’Atelier OMJ vidéo et la rencontre entre les jeunes leaders et les
jeunes natifs d’Anosy (a.2.5, a.2.6.). Le calcul du coût par extrant ou par résultat serait ici
plus aisé à faire.

Par exemple, les 14 vidéos produites en 2018 ont nécessité un atelier technique qui a coûté
34.504.000 MGA (soit environ 9.000 USD) alors on aurait dépensé envrion 650 USD par
vidéo (annexe a.2.7.). Rapporté au nombre moyen de vues (voir tableau 1), le coût reste
élevé : en moyenne, environ 4 USD par vue (166 vues en moyennes) sur Youtube, et
environ 0,4 USD par vue (1.805 vues en moyenne) sur Facebook. Il reste difficile de
comparer ce coût par vue avec d’autres pays, car nous ne connaissons pas les budgets de
ces projets à l’étranger. Nous pouvons cependant voir que le nombre de vues de vidéos est
considérablement plus élevé par exemple en Inde (à titre d’exemple : 4.899 vues pour
« India’s slumdog press », 3.488 vues pour « child reporters fight agains child labour). Il est
cependant possible qu’on y a recours à du « boosting Facebook », ce qui ajoute aux coûts
de diffusion. Ces comparaisons restent donc pour l’instant difficiles à faire. Cependant, le
problème de la diffusion des vidéos OMJ est important à Madagascar : certaines vidéos
produites dans un orphelinat ne sont même pas diffusées à l’extérieur ; leur impact est donc
quasi nul. Il semble que l’activité OMJ est dans ce cas plutôt conçue comme
occupationnelle, faisant partie des activités dans les foyers pour orphelins. C’est sans doute
formateur et cela leur donne confiance, mais cela n’a pas vraiment un impact dans la
communauté.

2.10. Quels sont les indicateurs d’impacts observables de ces initiatives ?


Au niveau individuel : par exemple, la création de vocation, l’accroissement de la
confiance en soi.
A travers le sondage RapidPro (annexes b.8., b.9.), nous constatons que les projets JRC et
OMJ semblent avoir des impacts sur les participants (confiance en soi, développement
personnel). Cela a favorisé des changements (sur un plan personnel). Nous avons aussi vu
au point 2.6. que le lien avec une vocation est important aux yeux des participants. Par
ailleurs, les répondants disent avoir acquis la capacité de parler en public, de surmonter leur
timidité, et donc d’accroître leur confiance en eux. Cela ressort de la plupart des entretiens
individuels et focus group. A travers le sondage RapidPro, nous constatons également que
la participation aux projets a augmenté la confiance en soi chez 90% des participants. Il
semble donc que ce soit cet élément de confiance en soi qui est la composante principale de
la satisfaction d’avoir participé. Cela suggère que les projets OMJ et JRC répondent à un
« besoin caché » puisque « la confiance en soi » ne figurait pas dans les objectifs de ces
projets. Cet aspect de développement personnel est certainement important, en tout cas aux
yeux des participants (beaucoup ont également dit lors des entretiens individuels qu’ils
avaient ainsi pu surmonter leur timidité). Cependant, cet effet de la participation n’a pas été
recherché en lui-même, c’est un bénéfice « co-latéral ».

On constate également un lien entre l’âge et la satisfaction de participer au projet (confiance


en soi acquise progressivement) : la participation est appréciée davantage par les jeunes les
plus âgés et que la satisfaction semble moindre chez les plus jeunes (pour les JRC, une fille
de 13 ans et un garçon de 15 ans ; pour OMJ, un garçon de 15 ans). Cela semble indiquer
une corrélation entre l’âge et la prise de confiance en soi qui semble être un élément
important pour la satisfaction. Nous pouvons en inférer que la hiérarchie sociale liée à
l’ancienneté joue un rôle et que cela renforce les aspects top-down de la participation. Cela
est également reflété par la dynamique interne des clubs, qui semble assez hiérarchique
malgré la volonté d’impliquer la participation de tous les acteurs prévus « sur le papier » (voir
le schéma 1 sous point 2.5).

22
Au niveau de la communauté : par exemple, les changements sociaux, la participation
dans la mobilisation communautaire.
Les impacts positifs sur le plan personnel (ci-dessus) ne se répercutent pas (encore) en
changements (sociaux). En fait, les changements sociaux ne sont pas définis plus
précisément qu’en termes généraux de respect des droits de l’enfant : aucun indicateur n’a
préalablement été identifié pour mesurer le respect des droits de l’enfant (impact des
projets). Le Centre de recherche Innocenti de l’UNICEF (siège) a produit un document dont
les initiatives auraient pu s’inspirer8. Pour l’heure, entre le développement personnel d’une
infime partie de la jeunesse et le respect plus général des droits de l’enfant, il semble donc y
avoir une discontinuité. Le plaidoyer pour les droits de l’enfant, tel qu’il est fait à travers ces
initiatives, consiste principalement à doter les participants de compétences techniques pour
qu’ils se fassent les portes-parole des droits de l’enfant. Visiblement cela ne suffit pas pour
avoir un réel impact social. Si c’était simplement une question de taille, il suffirait de multiplier
considérablement le nombre de participants et donc d’investir davantage de moyens
financiers pour ce faire. Or il n’y a pas de corrélation strictement linéaire entre nombre de
participants au plaidoyer pour les droits de l’enfant et l’impact réel.
Les changements sociaux et la participation dans la mobilisation communautaire ne sont pas
mesurés faute d’une théorie du changement. En effet, aucun indicateur d’impact n’a été
identifié dans l’initiation de ces projets. Par conséquent, leur impact au niveau de la
communauté n’est pas visible. Dans les différents entretiens menés avec les bénéficiaires et
les partenaires d’exécution, on évoque simplement que les choses changent petit à petit. On
ne sait pas exactement ce qui change ni à quel point. Il n’est donc pas possible de répondre
plus précisément à cette question sur la base d’impressions diffuses et d’estimations
subjectives.

Avec le sondage RapidPro, nous avons cependant tenté de saisir l’impact « perçu » par les
participants. On constate que ¾ des répondants pensent avoir exercé une certaine influence
sur la communauté à travers leur participation à JRC ou à OMJ (22 ont répondu positivement
et 6 négativement). Cela se décline à 20 contre 5 pour les JR (80%), et à 2 contre 1 (66%)
pour les répondants OMJ. Les répondants estiment comme suit le nombre de personnes
potentiellement touchées par leurs messages : 6 répondants (21%) estiment n’avoir touché
personne ; 5 répondants (18%) estiment avoir touché entre 1 et 10 personnes ; 7 répondants
(25%) estiment avoir touché entre 10 et 100 personnes ; 10 répondants (36%) estiment avoir
touché plus de 100 personnes. On constate donc que l’impact est relativement faible, ceci
d’autant plus que toucher une personne ne signifie pas forcément l’influencer ou la
convaincre. L’influence réelle reste donc très difficile à estimer.

Au niveau national ou global : influence politique, visibilité concernant les


préoccupations des jeunes.

Il n’y a pas d’indicateurs d’impact observables au niveau national ou global. Ils n’ont pas été
pensé en amont (planification) des projets, et par conséquent la mesure de l’impact n’est pas
faite. L’influence politique et la visibilité des préoccupations des jeunes n’est pas perceptible
au niveau national ou global.

8
White, H., Sabarwal, S. (2014). Notes méthodologiques, Evaluation d’impact No11 : Elaboration et sélection
d’indicateurs du bien-être des enfants. Florence : UNICEF (Centre Innocenti).

23
2.11. La mise en œuvre de ces initiatives reposant sur de multiples partenariats,
quelles sont les contributions et/ou attributions, valeurs ajoutées de ces initiatives
à la stratégie jeune et la politique nationale de la jeunesse ?
Les contributions de ces initiatives à la stratégie jeune et à la politique nationale de la
jeunesse ne ressortent pas clairement des entretiens que nous avons pu avoir. Il semble y
avoir actuellement un processus de consultation de certains JRC au niveau de la politique
nationale de suivi des ODD. On peut postuler que l’influence bottom-up est plus faible que
dans le sens contraire (top-down). En effet, l’orientation des JRC mettant l’accent davantage
sur la mobilisation sociale ou communautaire fait suite à l’adoption de la politique nationale
de la jeunesse qui a entraîné que les activités JRC ont dû être formalisées et constituées en
association (Statut des JRC). Cette dynamique « top-down » correspond au paradoxe de
l’institutionnalisation9, où la reconnaissance institutionnelle s’accompagne d’un certain
formatage de l’expression libre des jeunes.
Cependant, la politique de la jeunesse semble de manière générale rester quelque peu
négligée par la politique gouvernementale : des responsables des projets faisant l’objet de la
revue ont évoqué le fait qu’il n’y a même pas de ballons, ni de terrains de foot et de basket
mis à disposition.
A travers certaines discussions, nous pouvons percevoir qu’il y a un risque
d’instrumentalisation de la participation des jeunes : elle n’est rendue visible que lorsqu’elle
est associée à un succès pour le pays, comme cela a pu être le cas avec les lauréats OMJ
qui à leur retour d’Amsterdam ont été « reçus en grandes pompes ». Au-delà de ces effets
de façade, on semble en rester au niveau de ce que déplorait le Comité des droits de l’enfant
dans ses recommandations à Madagascar en 2012 (extrait du point 29, voir annexe c.2.):
«Le Comité est préoccupé de constater que les attitudes traditionnelles de la société à
l’égard des enfants limitent et souvent excluent la possibilité pour les enfants d’exprimer leur
opinion sur un large éventail de questions qui les concernent dans la famille, à l’école, dans
les institutions, dans le système judiciaire et dans la société en général. Il note avec
inquiétude que les opinions des enfants ne sont sollicitées que dans certaines circonstances,
notamment à l’occasion de la Journée de l’enfant ou de la jeunesse ».

3. Dimensions transversales d’équité, genre et droits de l’homme

3.1. Dans quelles mesures les principes d’équité, de genre et de droits humains ont-ils
été considérés dans la conceptualisation et la mise en œuvre des initiatives ?

Au niveau des droits humains, nous pouvons estimer que les droits de l’enfant sont
globalement respectés dans la mise en œuvre de ces deux initiatives. Aucun jeune
participant n’a mentionné un quelconque événement qui aurait pu constituer une violation de
ses droits. Au niveau de la conceptualisation, il manque une réflexion sur la nature holistique
des droits de l’enfant : ses trois composantes (droits de protection, droits à des prestations,
et droits participatifs) restent peu articulées. La progression générale du respect de tous les
droits de l’enfant peut en effet difficilement reposer sur un seul de ces trois piliers (ici la
participation).

Comme relevé déjà au point 1.2., le recrutement reste relativement marqué par la cooptation
au détriment d’un processus de sélection plus démocratique. Cela n’est pas tout à fait
compatible avec le principe d’équité.

Au niveau du genre, il y a davantage de filles que de garçons. Des filles JRC décrivent les
garçons comme « paresseux », mais une explication plus plausible, avancée par un ancien

9
Voir Neil Stammers (2009). Human Rights and Social Movements. Pluto Press.

24
JRC, est que les filles ont tendance à s’engager dans des filières littéraires, et que le lien
avec le journalisme y est plus évidente. Nous retrouvons une majorité de filles dans les
répondants à RapidPro : il y a 11 garçons et 16 filles (une personne n’a pas répondu à cette
question). On constate par ailleurs que le genre ne semble pas avoir d’incidence sur le
niveau de satisfaction d’avoir participé au projet. Cependant, le lien perçu entre participation
au projet et débouché possible peut être une raison de l’attractivité du projet pour les filles.
Cette explication contextualise aussi le lien possible entre filières littéraires attirant plus les
filles et le journalisme : cela éclaire en creux la position sociale plus fragile des filles. Les
projets JRC et OMJ peuvent donc paraître attractifs pour les filles, mais ils risquent de
décevoir s’ils ne sont pas en mesure de provoquer des changements structurels plus
profonds.

3.2. Dans quelle mesure et comment les initiatives assurent-elles l'équité en ce qui
concerne l'inclusion des groupes marginalisés et le ciblage du genre ?

Il n’y a pas d’inclusion suffisante de groupes marginalisés (par exemple les enfants en
situations de handicap ou en situations de rue). Il semble aussi que les enfants des zones
rurales reculées ne soient pas bien inclus. Cela réduit la pluralité des voix et donc la
représentativité des intérêts d’enfants situés aux différents échelons de la hiérarchie sociale.

5. Conclusions et leçons apprises

Les limites de la revue sont liées aux conditions sanitaires qui ont obligé de procéder à une
consultation à distance. Par ailleurs, la représentativité des bénéficiaires, notamment dans le
sondage Rapidpro, n’a pas pu être garantie. Comme souligné, des raisons techniques et la
période d’examens scolaires ont pu limiter la participation au sondage. Par ailleurs, il n’a pas
été possible, dans le temps imparti, d’effectuer des descentes sur terrain ou de fournir de
plus amples explications sur le sondage, qui auraient favorisé une meilleure compréhension
par ces répondants potentiels et aidé à accroître leur participation au sondage. Néanmoins,
malgré ces limites, nous sommes parvenus à identifier des tendances fortes. Les résultats
nous permettent maintenant de répondre aux questions stratégiques et de tirer ainsi des
conclusions et des leçons apprises :

1) Dans leur conceptualisation et performance actuelle, est-ce que les deux


programmes méritent d’être continués ?

Les deux programmes ne devraient pas être continués tels quels. Il y a trop de problèmes de
conceptualisation (planification) et de suivi (théorie du changement et indicateurs
manquants). Il semble que ces questions structurelles soient transversales à plusieurs
programmes.

Comme relevé au point 2.1., les deux sections se perçoivent comme deux sections distinctes
qui s’occupent des deux initiatives distinctes. La question de la synergie entre les deux
initiatives est donc posée. Il semble qu’il y a des lectures différentes entre les relations
souhaitées et effectives entre ces deux projets. Le fait qu’ils aient fait ensemble l’objet de la
revue signale et qu’une question sur leur synergie soit posée dans les TDR indique
probalement une vision « synergique » au niveau de la direction, qui n’est pas forcément
partagée par les deux sections.

La revue des deux initiatives JRC et OMJ pour la période 2016-2020 montre que la pluralité
des voix et des préoccupations des enfants tend à s’effacer derrière la reproduction de
messages qui s’apparentent à un « plaidoyer » sur des thèmes similaires. La représentativité
25
de ces préoccupations semble insuffisante, car l’impact sociétal de ces messages n’est pas
très visible. Cela suggère qu’il n’y a pas de corrélation entre la répétition d’un message et
son impact. Pour qu’il ait un impact social, il faut en effet qu’un message soit perçu comme
une voie d’amélioration d’une situation et qu’un développement en sa direction soit
perceptible. Autrement dit, il faut que la participation (au message) soit elle-même source de
développement personnel. Cela requiert que les enfants tirent un bénéfice de leur
participation. Cela pourrait justement se traduire par un meilleur respect de tous les droits de
l’enfant, par exemple le fait d’être davantage auditionné et pris en compte sérieusement (art.
12 CDE) lors de décisions qui le concernent directement, comme évoqué ci-dessus. Pour
l’instant, le bénéfice est essentiellement « symbolique », à savoir une reconnaissance
« statutaire », se confondant avec l’idéal de « l’enfant modèle ». Autrement dit, c’est le fait
d’être un-e « Junior Reporter », tout comme on peut être un-e « Scout » (parmi lesquels
justement se recrute beaucoup de JR) qui est source de valorisation et de reconnaissance.
Cela passe aussi par des signes distinctifs comme l’habillement. Les enfants qui ont répondu
à nos questions on dit que leur participation avait augmenté leur estime d’eux-mêmes.
Beaucoup disent avoir vaincu leur timidité. Leur estime de soi a donc augmenté à travers
leur apprentissage de compétences techniques et sociales qui leur permettent de participer à
la production de messages relativement consensuels au sein du groupe (JRC, OMJ) car
accompagné par l’institution (UNICEF). L’objectif de promouvoir la pluralité des voix et des
préoccupations des enfants semble donc compromis par cette « uniformisation » intrinsèque
au processus de recrutement et de formation des participants. Cela rappelle le paradoxe de
l’institutionnalisation qui a pour effet l’homogénéisation de la « voix des enfants ». Il est donc
possible que le faible dynamisme des initiatives soit dû à la conceptualisation elle-même,
car, pour les jeunes participants, le bénéfice immédiat est avant tout statutaire et semble
s’estomper assez rapidement. La reconnaissance statutaire constitue un bénéfice
appréciable dans un premier temps pour les enfants participants, mais comme cela ne se
répercute pas de manière suffisamment perceptible en un meilleur respect de tous les droits
de l’enfant.

Par ailleurs, le bénéfice immédiat est lui-même relativement fragile : les responsables de ces
initiatives disent et écrivent dans leurs rapports qu’il faut toujours « re-dynamiser » les
participants. La motivation des jeunes ne saurait à long terme dépendre uniquement d’un
stimulus externe (l’octroi d’un statut social nouveau, à travers l’appartenance au groupe de
« jeunes reporters », caractérisés par une formation technique commune). Une fois ce statut
acquis, la motivation peut baisser si on ne voit pas d’impact social suffisant, par exemple
précisément dans le meilleur respect des droits de l’enfant, notamment le droit d’être
entendu. En un mot, il faudrait passer de la reconnaissance en tant que membre JRC ou
OMJ à la reconnaissance en tant qu’enfant.

2) Est-ce que la conceptualisation et la dimension (taille) des deux programmes sont


pertinentes au vu de leurs charges humaines, financières, des besoins et leurs
potentialités ?

L’efficacité et l’efficience des deux initiatives JRC et OMJ sont questionnables. Cependant, il
est impossible de les estimer précisément, fautes d’indicateurs adéquats. Ces derniers
auraient dû être identifié bien avant la présente revue et faire l’objet d’une évaluation et d’un
suivi régulier. En l’absence d’un tableau de pilotage, ces projets semblent avoir été conçus
en fonction des inputs que différentes personnes à différents moments ont pu faire. Il y a un
problème de « ownership » et de répartition des responsabilités et des tâches. La dimension
des projets est beaucoup trop réduite par rapport aux besoins des enfants et de jeunes à
Madagascar. Les bénéfices directs se concentrent sur une infime proportion d’entre eux, de
classe moyenne supérieure, car la conceptualisation n’est pas assez inclusive.

L’absence de visibilité de l’impact est le résultat d’une planification défaillante : on n’a pas
clairement défini les résultats attendus en termes de changements sociaux. Cependant,
26
comme on l’a vu, les objectifs ont évolués (sans qu’il y ait eu d’évaluation ni de
replanification pour une nouvelle phase), avec des objectifs formulés en termes de
développement (changement social) pour JRC et pour OMJ, plus que simplement de
participation des jeunes (de but, celle-ci est devenue moyen). Si on ne retient que les
objectifs initiaux de participation, alors on peut dire que la participation des jeunes JRC et
OMJ dans la mobilisation communautaire est en partie mesurable à travers leurs propres
feedbacks. En effet, leur impressions subjectives de mobiliser la communauté peuvent être
prises en compte. Ces dernières restent cependant ambivalentes et le fait d’avoir dû faire
plusieurs sessions de « redynamisation » atteste du fait qu’un certain nombre de jeunes se
découragent ou sont démotivés par le peu de résultats visibles. Il semble qu’il arrive même
que la visibilité soit faible, voire inexistante, même dans certains villages dont pourtant
proviennent les jeunes participants. On peut donc conclure sur ce point que l’impact au
niveau de la communauté est faible. Cela pose la question du modèle sous-jacent du
« plaidoyer », qui reste linéaire: il ne suffit apparemment pas de diffuser des messages pour
que cela ait un impact.

3) Quels ont été les impacts de ces programmes et la prise en compte des principes
d’équité, genre et droit de l’homme ?

Les impacts restent très difficiles à mesures, fautes d’indicateurs objectifs. Il manque des
mesures de l’audience (audimat) des émissions JRC. C’est une faiblesse d’ailleurs reconnue
par le Ministère de la communication. Les vidéos OMJ ont très peu de vues, même si cela
augmente en 2018. Cela suggère que le nombre de vues a aussi une relation avec le
nombre d’audience, la fréquence et le moment de publication. Dès lors, on peut postuler un
impact faible même si nous ne faisons pas une relation linéaire entre nombre et durée des
émissions et de leurs vues sur les réseaux sociaux d’une part, et changements réels de
comportement (respect des droits de l’enfant et plus largement des droits de l’homme, et des
principes d’équité et de genre). L’équité quant au recrutement et l’équilibre au niveau du
genre des participants sont des points qui demandent à être améliorés. Le respect des droits
de l’enfant est garanti dans la mise en œuvre. Cependant l’impact sur la progression
générale des droits de l’enfant à Madagascar est peu visible. Comme évoqué au point 3.2.,
la progression des droits de l’enfant ne peut pas reposer sur un seul des trois piliers
(participation, protection, prestations). En effet, il s’agit de bien garder en tête la vision
holistique des droits de l’enfant : ils forment un tout, avec notamment les principes généraux
(art. 2, 3, 6 et 12) qui constituent à la fois des droits substantifs et des principes de mise en
œuvre des autres droits. Concrètement, si les initiatives JRC et OMJ réalisent (pour les
participants) le droit de s’exprimer librement (art. 13 CDE), est-ce qu’elles contribuent plus
largement au droit d’être entendu (12 CDE) consistant à l’audition et à la prise en compte de
la parole de l’enfant sur toute question l’intéressant directement (par exemple avec quel
parent l’enfant désire vivre en cas de séparation) ? Il faut donc réfléchir aux impacts
potentiels, ceux voulus et ceux à éviter, de la participation des enfants et des jeunes. Une
vision unilatérale consistant à mettre la focale sur la participation réduite à la liberté
d’expression (art. 13) serait préjudiciable non seulement aux projets (manque d’impact) mais
peut-être aussi aux participants eux-mêmes. Il s’agit donc de replacer la liberté d’expression
dans son contexte sociologique plus large.

6. Recommandations

Au niveau de la conceptualisation, nous formulons des recommandations qui impliquent


de revoir en profondeur les objectifs et les indicateurs et ceci de manière participative.

27
Comme on l’a vu, il pas de suivi systématique avec des indicateurs de performance. Nous
recommandons donc de le faire à l’avenir (en fonction de la décision qui sera prise pour ces
projets). Cette mise en place pourrait résulter aussi d’une redéfinition des rôles des acteurs.
Comme évoqué, les ministères pourraient aussi mettre des moyens financiers à disposition
(comme le prévoit l’art. 4 CDE ratifié par l’Etat malgache). Cela pourrait renforcer l’efficacité
et l’efficience des projets et contribuer au développement social qui est aussi, comme on le
sait, un facteur déterminant pour le développement économique. Ces « retours sur
investissements » peuvent être très importants et nous ne pouvons qu’encourager les
décideurs de les considérer avec la plus grande attention.
Au niveau de la collaboration avec les partenaires exécutifs (MJS et MCC), il s’agit de
considérer à la fois la bonne collaboration avec le MJS et l’intention du MCC d’être à
nouveau responsable de l’axe communication, dans une logique de collaboration
intersectorielle. Au vu du fait que le glissement vers le MJS est aussi programmatique, étant
donné que les JRC sont supposés être des associations de jeunesses et de ce fait relèvent
davantage du MJS, selon la nouvelle politique nationale, il faudra veiller à ce que la logique
intersectorielle s’inscrive dans le cadre de cette politique.

Nous avons vu que la technicité, même si elle reste relativement simple, est à la fois une
condition pour se faire entendre et une barrière pour beaucoup de jeunes (inaccès, manque
de compétences). Nous recommandons donc de réfléchir à la place à accorder aux moyens
techniques et aux moyens financiers requis pour faciliter leur utilisation. Cela est en lien avec
la mise à disposition du matériel.

Bien qu’il soit difficile de démêler le problème de blocage de matériel importé (point 2.4), ceci
d’autant plus que beaucoup d’interlocuteurs actuels n’étaient pas en fonction ou pas
responsables lors de sa survenue, nous relevons le fait que la volonté de collaborer à
l’avenir sur une nouvelle base a été exprimée. Par conséquent, ce problème de devrait pas
être insurmontable.

Au niveau plus pratique, il n’a pas été possible de compiler le nombre d’émissions produites.
Nous recommandons de faire des compilations avec les coaches ou Responsables
régionaux.

Nous avons constaté que la coloration « plaidoyer » des projets JRC et OMJ renforce le
glissement vers une fonction « porte-parole » des jeunes. Cependant leur représentativité
n’est pas garantie (pas assez de pluralité). Nous recommandons de prendre en
considération les critiques émises dans la littérature générale sur la participation des enfants
qui pointent la non-représentativité10 avant de procéder, éventuellement, à une
(re)planification de ces projets.

Comme évoqué dans les conclusions, la synergie entre les deux projets n’est pas claire. La
direction et les sections devraient donc se mettre d’accord sur ce point et décider si à l’avenir
les deux sections (C4D et MRE) devraient avoir un mécanisme de concertation formelle.

Nous avons vu dans les constats qu’il y a une discontinuité entre le bénéfice immédiat pour
les participants (reconnaissance statutaire) et l’objectif des projets qui, de manière générale,
vise le meilleur respect des droits de l’enfant à travers leur participation dans les médias. Ce
problème de conceptualisation devrait être surmonté en (ré)inscrivant le droit de s’exprimer
librement (art. 13) dans l’ensemble des droits de l’enfant et de les faire progresser ensemble.

10
(voir notamment Percy-Smith, B., Thomas, N. (2010). A handbook of children and young people’s participation.
Perspectives from theory and practice. London and New-York: Routledge).

28
Pour passer de la reconnaissance en tant que membre JRC ou OMJ à la reconnaissance en
tant qu’enfant, nous recommandons une réflexion renouvelée sur les liens entre les droits,
en particulier d’envisager le droit de s’exprimer librement (art. 13) davantage comme un
moyen que comme un but en soi. Le droit de s’exprimer librement est un puissant levier de
réalisation des autres droits.

Par ailleurs, une participation plus inclusive, et moins liée aux compétences techniques,
permettant aux enfants de s’exprimer par des moyens plus simples (notamment des dessins,
des activités théâtrales, etc.), devrait pouvoir mieux refléter les besoins prioritaires des
enfants et des jeunes malgaches, et potentiellement s’inscrire de manière transversale dans
les grands programmes de l’UNICEF à Madagascar.

Dans l’optique de replacer la liberté d’expression dans le contexte malgache, nous


recommandons de consulter davantage d’acteurs lors de la (re)conceptualisation des
projets, parmi lesquels les bénéficiaires et potentiellement futurs. Nous recommandons en
particulier d’impliquer les jeunes dès la phase de planification, car cela peut favoriser la
dynamique de manière endogène. Nous invitons à se référer aux degrés de participation,
tels que formulés dans l’échelle de Roger Hart (annexe). Actuellement, les enfants se situent
niveaux 4 et 5, mais il arriver au niveau 6) PROJET INITIÉ PAR DES ADULTES,
DÉCISIONS PRISES EN CONCERTATION AVEC DES ENFANTS, voire 7) PROJET INITIÉ
ET DIRIGÉ PAR DES ENFANTS. En effet, en restant aux niveaux 4 (ou 5), il y a un risque
de retomber aux niveaux inférieurs (3 et en-dessous) et donc d’instrumentaliser les JRC en
vertu d’une mission institutionnelle (UNICEF). Pour prévenir cela il faut remettre au centre de
la réflexion les objectifs de participation des jeunes.

Pour augmenter le degré de participation, il s’agit de revenir aux fondamentaux des droits
participatifs contenus dans la CDE (art. 12 à 17). Les droits participatifs contenus dans la
CDE, et promus en l’occurrence par l’UNICEF, sont à la fois des biens en soi (droits ou
libertés) et des moyens de réaliser d’autres choses (droits ou libertés). Il faut donc tenir
compte de ces deux aspects des droits participatifs (constitutif et instrumental) : la
participation est à la fois constitutive du développement personnel et un moyen de
développement social. L’orientation de ces deux développements concomitants et la
dynamique de renforcement mutuel entre les deux dépend beaucoup de l’encouragement de
la participation libre. Le glissement évoqué vers un travail de « plaidoyer », avec des
thématiques relativement standardisées par une mission institutionnelle (celle de l’UNICEF),
peut porter préjudice à cette dynamique. En effet, il y a eu cinq thématiques décidées (1) la
santé des adolescents et des jeunes, (2) l’éducation, (3) la protection, (4)
l’environnement/changement climatique, (5) la consolidation de la paix (annexes a.1.6.,
a.1.7.). Ces choix ont effectués sans implication des jeunes au départ, et visiblement pensés
dans une optique de plaidoyer. Il a manqué l’aspect formateur et les conditions
d’appropriation qui émergent d’une concertation des enfants dès le départ. C’est pourquoi
nous recommandons de bien équilibrer la participation comme but en soi et comme moyen :
en invitant les enfants (des représentants) à participer à la (re)planification de ces initiatives,
il devrait être possible de moins équivoques (ou ambivalents) les objectifs des projets. Cette
approche plus bottom-up pourrait favoriser le passage du développement personnel au
développement social.

Il est possible qu’en l’état les initiatives ont un impact faible car elles ont sauté une étape
(développement personnel) et ont voulu trop vite avoir un impact visible dans
l’environnement extérieur (développement social). Il faut d’abord cultiver « l’espace
intérieur », le développement personnel des enfants, avant de voir un impact de ce dernier
sur l’espace extérieur. Pour cela, il faut d’abord que les enfants puissent s’exprimer librement
sur les obstacles actuels à leur développement personnel. Il s’agit d’adapter la théorie du
changement (annexe) au domaine de la participation des enfants en considérant notamment
ses deux aspects qui sont étroitement liés : participation comme but en soi (aspect constitutif

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de la réalisation de soi) et participation comme moyen (d’accès à d’autres libertés et droits).
La théorie du changement doit ainsi articuler le développement individuel au développement
social.

Nous recommandons d’identifier avec les enfants un objectif principal et de voir comment les
différentes composantes (qui peuvent aussi être exprimés en termes de sous-objectifs)
peuvent y contribuer. Il faudrait pour cela identifier des indicateurs SMART. Il serait judicieux
de prévoir, dans le cas d’une nouvelle planification, d’inclure dès le départ des indicateurs du
bien-être des enfants, notamment ceux identifiés par UNICEF, dans le rapport de White, H.,
Sabarwal, S. (2014). Notes méthodologiques, Evaluation d’impact No11 : Elaboration et
sélection d’indicateurs du bien-être des enfants. Florence : UNICEF (Centre Innocenti).

Au niveau de la taille des projets, nous recommandons de repenser la conceptualisation


de ces projets, voire leur réorientation ou absorption dans d’autres programmes
transversaux et plus urgents, donnant davantage de synergies aux programmes de
l’UNICEF Madagascar, et intégrant dans leurs stratégies la participation des enfants et des
jeunes. Une intégration de la participation comme politique transversale serait une piste à
explorer, car il y a des potentiels sous-utilisés car sous-dotés. Une implication des ministères
aussi en termes de soutien matériel serait souhaitable. Une redirection de partenariats
pourrait aussi être envisagée. Comme évoqué au point 2.3., il n’y a pas eu de collaboration
avec la Fondation Hirondelle. Cependant, comme cette dernière continue de financer Sifaka,
elle pourrait être consultée sur ses intentions concernant un partenariat nouveau.
L’amélioration de la synergie avec Sifaka pourrait passer par la prise en compte de la
stratégie de diffusion de Studio Sifaka, si tant est qu’elle soit nouvelle depuis que Studio
Sifaka est depuis peu une ONG indépendante. Sans doute faudrait-il d’abord procéder à une
évaluation qualitative des émissions JRC actuellement produites (pour des raisons de
langue, il n’a pas été possible ni d’ailleurs prévu) d’évaluer la qualité des émissions JRC lors
de la présente revue. Il faudrait donc évaluer la qualité des émissions JRC, en se demandant
combien d’émission de qualité sont effectivement produites par les JRC et comment le cas
échéant augmenter la fréquence de leur diffusion « nationale » (via les radios locales
partenaires de Sifaka). Un plus grand dynamisme des JRC pourrait potentiellement
augmenter l’audience locale « directe » (dans les radios abritant les JRC en question) ainsi
que l’audience nationale « indirecte » (à travers les radios locales partenaires de Sifaka). Or,
pour augmenter ce dynamisme il faut intégrer les deux composantes de la participation (but
et moyen) dans la théorie du changement.

Au niveau de l’impact, nous recommandons des enquêtes qualitatives approfondies pour


évaluer cet impact, par exemple par des chercheurs malgaches en sciences sociales,
particulièrement au fait des théories de la communication. La revue a permis de remettre en
question la vision modèle « linéaire » des activités qui reposent sur une théorie implicite
diffusionniste, selon laquelle plus on diffuse un message et plus il a d’impact. Cette approche
un peu simpliste doit être revue à travers des théories de la communication pour concevoir
des actions qui correspondent davantage à la dynamique communicationnelle en contexte.
Le modèle de diffusion médiatique depuis un centre (ville) vers la périphérie (villages) n’est
pas compatible avec une structure sociale démocratique ou qui cherche à l’être. Cette
question touche plus largement à la situation des médias et de la liberté de la presse à
Madagascar. Dans certaines discussions on a évoqué le fait que la censure existe encore, et
cela est corroboré par les recommandations adressées à Madagascar par le Comité des
droits de l’enfant en 2012 (extrait du point 35, voir annexe): « Le Comité prend note avec
préoccupation des atteintes à la liberté d’expression, notamment des agressions dont font
l’objet les journalistes et la fermeture de certains médias, et s’inquiète d’apprendre que les
Malgaches, en particulier les enfants, ont un accès très limité à l’information par le biais des
médias ». Cependant, l’évolution depuis 2016 semble positive avec la nouvelle loi (précitée ;
Loi n°2020-006) qui selon le ministère de la communication garantit la liberté de la presse.

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Il faudrait en particulier comprendre les mécanismes de la mobilisation sociale (ou
communautaire), à travers des approches qui scrutent le lien entre communication et
motivation. Cette dernière peut être exogène (être incité de l’extérieur) ou endogène (être mû
par un désir profond). On peut postuler que la mobilisation d’une communauté émerge
lorsque se rencontre ces deux composantes (exogène et endogène) : on se reconnaît alors
dans une motivation commune. Autrement dit, l’intériorisation (subjectivation) d’une
préoccupation doit être suffisement large (et commune) pour qu’il y ait mobilisation.

On peut être objectivement « concerné » (au sens de « affecté ») par un problème, par
exemple par la violence domestique. Mais si on n’est pas subjectivement « concerné »
(préoccupé et donc désireux de changer quelque chose dans son comportement ou celui
d’autrui), alors il ne peut y a voir de mobilisation sociale. La question est donc de savoir
quelles sont les conditions qui permettent l’émergence d’une subjectivation suffisamment
large et commune pour engendrer une mobilisation. Visiblement, cela ne dépend pas que
d’un stimulus externe (messages délivrés, fréquence, intensité, etc.). Ou, plus précisément, il
faut que le stimulus externe soit en résonance avec les préoccupations réelles de la
population. Par exemple, il ne sert à rien de dénoncer la violence domestique si on ne traite
pas les facteurs qui y sont corrélés (entre autres la situation économique des ménages, les
inégalités de genre, etc.). La mobilisation sociale implique d’adresser plus profondément les
causes des situations vécues. Il faut donc aussi se demander jusqu’à quel point les enfants
et les jeunes sont en mesure de le faire sans s’exposer à des réactions qui peuvent être
violentes, car comme on le sait il n’y a pas de changements de comportements sans frictions
et heurts potentiels. C’est pourquoi, nous recommandons de veiller au bon équilibre entre
droits participatifs des enfants et leur droit à la protection (vision holistique des droits de
l’enfant). Cela concerne plus largement la pérennisation et la soutenabilité.

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