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Plus on s’occupe de ses abeilles, plus elles survivent et plus elles produisent.
Comment préparer leurs ruches pour l'hiver ?
Il faut
– vérifier l'infestation varroa,
– limiter le pillage et l'entrée des intrus dans la ruche.
– Gérer le nourrissage de fin de saison : Nous chercherons à comprendre l’intérêt et
les modalités du nourrissage. Dans une première partie nous traiterons du lien
entre les abeilles et les glucides et dans une deuxième, des modalités du
nourrissage artificiel.
Abeilles et sucres
Une ruche consomme entre 80 et 120 kg de glucides par an. Ce sucre provient du nectar,
produit par les fleurs ou de miellat, issu de la sève des arbres. Les abeilles préfèrent les
sources de sucre dont la concentration est entre 30 et 50%.
Le nectar est transformé en glucose et fructose dans le jabot des abeilles grâce à des
enzymes comme l’invertase et l’amylase. Elles sont produites par les glandes hypo-
pharyngiennes, salivaires et post-cérébrales. Les vieilles abeilles sont les abeilles
produisant la plus forte proportion d’enzymes permettant la transformation des sucres.
Les sucres simples sont assimilés au niveau du ventricule du tube digestif des abeilles.
Les butineuses ne consomment pas tout le miel. Elles transmettent le nectar contenu
dans leur jabot à d’autres abeilles qui le déposeront dans des cellules pour former du
miel.
La cristallisation de ce dernier dépend de sa composition en sucre. Les sucres les moins
solubles dans l’eau cristalliseront le plus facilement. Le tableau ci-dessous vous présente
la solubilité des différents sucres.
Pourquoi nourrir ?
L’apiculteur effectue sa dernière récolte fin juillet début août. Sauf pour quelques
récoltes (bruyère, sarrasin...) il laisse le miel de la fin de saison pour les abeilles.
Malheureusement, cette période de l’année est pauvre en fleurs. On y trouve du miel de
bruyère ou de sapin que les abeilles ont du mal à transformer et à assimiler.
Pour qu’une colonie ait de fortes chances de passer l’hiver, il lui faut au moins 15-20 kg
de miel (suivant les régions). Un nourrissage est donc parfois absolument nécessaire.
Les sirops maison fait à partir de saccharose sont long à préparer. Leur pH plus haut et
leur potentiel osmotique plus bas les rendent sensibles à la fermentation. Les sirops
conduisent aussi à plus de pillage. Les sirops du commence sont donc à haute teneur en
fructose résultat de l'hydrolyse d'amidon de maïs (HFCS) ou de blé. L'amidon est
transformé par des produits chimiques (NaOH, HCl) et des bactéries génétiquement
modifiées produisant des enzymes comme l'α-amylase, et la glucoamylase, glucose
isomerase. Ces sirops sont aussi utilisés dans l'alimentation humaine où ils conduisent à
de nombreux problèmes comme le diabète et l'obésité.
Ont ils des effets néfastes sur les abeilles?
Le tableau ci-dessus nous présente les résultats d'une expérience où les abeilles ont été
nourries avec différents sirops (1/1) de saccharose, de miel et de raisin (riche en
fructose). La LT50 représente le nombre de jours au bout duquel plus de 50% des
abeilles sont mortes.
On peut observer que le saccharose permet une survie plus longue des abeilles : 56,3
jours, contre 31,3 jours pour le miel. Le sirop de raisin conduit à une forte diminution de
la durée de vie des abeilles. Il est suspecté de contenir des galactosides toxiques et des
sulfures. Les expériences en laboratoire montrent donc, à l’exception du saccharose, que
la distribution de divers types de sucres comme le fructose ou le glucose sous forme
solide ou dissoute ne convient pas en tant que nourriture. Ces solutions ont écourté la
durée de vie des abeilles.
Les résultats sont ils comparable à l'échelle d'une ruche?
Sammotaro et Weiss ont réalisés en 2013 deux expériences. La première a consisté à
placer le 19 juin des ruches dans une pièce fermée et de le nourrir avec du HFCS ou du
saccharose.
Les colonies ont pris plus de poids (12/6kg) et produit plus de cire (8359.3/4963.9 cm²)
lors d'un nourrissage au saccharose. La production de couvain n'est pas significativement
différentes.
Dans la deuxième expérience, les colonies ont été placées dans le désert de Grassland et
nourries avec les deux sirops durant l'hiver.
La population d'abeilles adultes est significativement différentes (une moyenne globale
de 10.0 ± 1.3 cadres contre 7.5 ± 1.6 pour les colonies nourries au HFCS).
La figure ci-dessus provient de l'étude de Leblanc de 2009 sur des abeilles encagée
nourries avec des sirops HFCS contenant des doses variable de hydroxymethylfurfural
(HMF). Nous pouvons voir que ce composé est toxique pour les abeilles à partir de
250ppm. Il est facilement reconnaissable car il donne une teinte brune au sirop.
Pour avoir les temps de stockage les plus courts, il est possible de faire vous-même votre
sirop à partir de sucre de table. Le graphique ci-dessous présente l'évolution de la
composition des réserves glucidiques dans une ruche. En abscisse, on retrouve les
différents moments des prélèvements ainsi que la composition du miel. Le sirop de
nourrissage de départ contient du saccharose, du glucose, du maltose et un peu de
fructose.
On peut observer qu'au cours de l'hiver, la proportion de saccharose chute alors que le
fructose est présent en plus forte quantité. On peut donc penser que le saccharose a été
transformé en glucose et fructose grâce aux enzymes. Par ailleurs, le saccharose n'est
pas responsable de la cristallisation des réserves car il disparaît rapidement, a une
solubilité dans l'eau relativement forte (66,7%) et contribue à la formation de 50% de
glucose et 50% fructose contrairement au maltose.
Le tableau suivant présente les caractéristiques des colonies suivant le sirop de
nourrissage.
Il faudra donner ce type de sirop le plus tôt possible. Pour faire votre propre sirop, il
faut mélanger 5 kg de sucre, 3 L d’eau chaude et un peu de miel pour enrichir la
préparation en enzymes (invertase...).
Les différences entre les colonies nourries au sirop de fructose et au sirop de sucre
(3/2) ne semblent pas vraiment significatives, au regard des incertitudes. Par
ailleurs, les sirops contenant de l'invertase semblent particulièrement efficaces.
Comment nourrir ?
Les nourrisseurs toit sont préférables car les colonies sont moins dérangées lors du
nourrissage. Il est aussi possible d’utiliser des nourrisseurs cadres munis d'un grillage
pour limiter les noyades. Les nourrisseurs à l’entrée sont à proscrire car ils facilitent le
pillage des colonies.
Conclusion
Pour conclure, nous avons vu que le nourrissage est nécessaire dans un objectif de
conservation de ses colonies. Une critique importante peut être faite. Nourrir ses
abeilles, c’est conserver des abeilles qui n’arrivent pas à se préparer et à se gérer
pendant l’hiver. Pour ne pas conduire à la multiplication des colonies faibles, chaque
apiculteur doit évaluer ses colonies avant et après l’hiver. Il ne faut pas élever
uniquement des colonies qui ont des capacités d’hivernage médiocres.
En effet, chaque intervention dans la ruche est un biais à la sélection naturelle. Face au
problème de mortalité, nous n’avons pas le droit de sacrifier des colonies mais nous
n’avons pas le droit de contribuer au développement de souches mal adaptées. Les
reines de ces lignées doivent être remplacées comme la nature l’aurait fait.