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Les grandes dates du

Patrimoine
1789 (2 nov.) : nationalisation des biens du clergé
L’assemblée constituante décide de mettre les biens du clergé à la
disposition de la Nation. Un tri est effectué pour assurer la
préservation et la transmission aux générations futures des
éléments les plus remarquables. C’est ainsi que s’esquisse la
notion d’un patrimoine national, comme bien commun qu’il faut
préserver.

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1790 : création de la Commission des monuments historiques ( par l’Abbé
Grégoire)
L'Assemblée législative adopte un décret le 14 août 1792, « considérant que les
principes sacrés de la Liberté et de l'Égalité ne permettent point de laisser plus
longtemps sous les yeux du peuple français les monuments élevés à l'orgueil,
aux préjugés et à la tyrannie » et « que le bronze de ces monuments, converti en
canons, servira utilement à la défense de la Patrie ». Le décret dispose que «
Toutes les statues, bas-reliefs et autres monuments en bronze, élevés sur les
places publiques, seront enlevés par les soins des représentants des communes
qui veilleront à leur conservation provisoire. »
Le comité de salut public décide l’année suivante la destruction des mausolées
des rois à l’abbaye de Saint-Denis.
⚫ 1794 (31 août-14 fruct. an II) : rapport de l’abbé Grégoire contre le
vandalisme
⚫ Dans le contexte révolutionnaire, de nombreux édifices ou objets
d’art considérés comme symboles de l’oppression du peuple ou
de superstition sont détruits. Plusieurs personnes s’en émeuvent.
Parmi elles l’ abbé Grégoire, membre de la Convention, y
présente un rapport contre ce qu’il appelle alors le vandalisme : je
créais le mot pour tuer la chose.

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Il appelle au respect public devant « entourer les objets nationaux,
qui, n’étant à personne, sont la propriété de tous ». Il explique
qu’une bande de brigands ont émigré mais que les arts n’émigrent
pas. Il préconise de lutter contre l’ignorance destructrice grâce à
l’instruction et, dans un second et un troisième rapport du 8
brumaire et du 24 frimaire an III il défend la responsabilité
individuelle et collective des agents nationaux et des
administrateurs de districts des dégradations commises dans leurs
arrondissements et demande un inventaire des monuments détruits
et mutilés

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Anéantir tous les monuments qui honorent le génie français et tous les hommes capables
d’agrandir l’horizon des connaissances, provoquer ces crimes, puis faire le procès à la
révolution en nous les attribuant, en un mot nous barbariser, puis crier aux nations
étrangères que nous étions des barbares,
Dévoiler, ce plan conspirateur, c’est le déjouer. Les citoyens connaîtront les pièges tendus
à leur loyauté, ils signaleront ces émissaires de l’étranger que le char révolutionnaire doit
écraser dans sa course. Une horde de brigands ont émigré ; mais les arts n’émigreront
pas. Comme nous, les arts sont enfants de la liberté, comme nous, ils ont une patrie, et
nous transmettrons ce double héritage à la postérité.

Ce que les législateurs ont fait pour vivifier les sciences et pour en répandre les bienfaits,
ce qu’ils feront encore est une réponse victorieuse à toutes les impostures.

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1793-1794 :vente aux enchères d’une partie des meubles du
château de Versailles
1795 : A. Lenoir fonde le Musée des Monuments Français
En 1790, la municipalité de Paris transfère au couvent des Petits Augustins des
œuvres des églises. Un jeune peintre, Alexandre Lenoir (1761-1839), est chargé
de leur conservation.

Le Musée des Monuments Français (MMF) ouvre en 1795. Pour la première fois,
des œuvres d’art sont présentées dans une perspective historique. Sous la
Restauration, les œuvres du musée sont peu à peu dispersées et le musée
ferme avant de rouvrir au Trocadéro comme musée de la sculpture comparée en
1882. Le Musée des Monuments Français peut, en quelque sorte, être considéré
comme l’ancêtre de la cité de l’architecture et du patrimoine.

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1818 Parution de Voyage pittoresques et romantiques dans l’Ancienne France en
20 volumes

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1825 : Hugo, La Guerre aux démolisseurs (Revue des Deux Mondes)

En 1825, le jeune Victor Hugo s’élève contre les atteintes portées au


patrimoine et l’indifférence de l’État. Il demande que des mesures soient
prises pour sa préservation qui, selon lui, relève du bien public : Il y a
deux choses dans un édifice, son usage et sa beauté. Son usage
appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde; c’est donc
dépasser son droit que de la détruire.

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«A l’heure où nous écrivons, il n’est pas un point en France où il ne se
passe quelque chose d’analogue. C’est plus ou c’est moins, c’est peu ou
c’est beaucoup, c’est petit ou c’est grand, mais c’est toujours et partout
du vandalisme.»

A Paris «le vandalisme fleurit et prospère […], fêté, applaudi, encouragé,


admiré, caressé, protégé, consulté, subventionné, défrayé, naturalisé. Le
vandalisme est entrepreneur de travaux pour le compte du
gouvernement.»

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Et pour «arrêter le marteau qui mutile la face du pays […] une loi
suffirait, qu’on la fasse.»

Car Pour Hugo si «son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout


le monde, à vous, à moi, à nous tous. Donc, le détruire c’est dépasser son
droit.»

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1810 création du fonds pour la conservation des anciens
monuments au ministère de l’Intérieur
1830 : création du premier poste d’inspecteur des Monuments
historiques
Ce poste sera occupé par Ludovic Vitet en 1830 puis par Prosper
Mérimée en 1834.

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1845 – 1864 :restauration de la cathédrale de Notre-Dame menée
par Viollet le Duc ( construction de la Fèche)

1853-1870 : grands travaux du baron Haussmann dans la capitale


1887 (30 mars) : première loi française sur la protection des Monuments
Historiques
La loi du 30 mars 1887 sur la conservation des monuments et objets d’art ayant
un intérêt historique et artistique national normalise les règles de la conservation
du patrimoine et détermine les conditions de l’intervention de l’État pour la
protection des monuments historiques.

La loi porte uniquement sur le classement de monuments appartenant à des


personnes publiques. Le consentement des propriétaires privés est exigé en cas
de classement.
Élargissement de la Notion de Patrimoine, concerne alors les monuments surtout
médiévaux sous l’influence du tourisme automobile notamment du Touring Club
de France
Publication de Sites et Monuments en 20 volumes, comprend edifices religieux,
mais aussi architecture civile, maisons d’habitation ajoute les sites remarquables
et les paysages.
1901 création de la société pour l’esthétique de la France se porte partie civile
contre un projet d’aménagement dans le Doubs. Elle gagne première fois que le
juge administratif reconnaît la conservation pour l’esthétisme d’un lieu,
1906 protection des espaces naturels
1913 (31 déc.) : loi sur les Monuments historiques
Cette loi complète et améliore celle de 1887. Elle définit les critères
de classement, les intervenants obligatoires, etc. Aujourd’hui
encore, il s'agit de la loi de référence pour la protection au titre des
Monuments historiques.
1931 (oct.) : charte d'Athènes pour la restauration des Monuments historiques
La charte affirme l’intérêt de toutes les phases de vie d’un bâtiment, en
recommandant de respecter l’œuvre historique et artistique du passé, sans
proscrire le style d’aucune époque et en incitant à une occupation des
monuments qui respecte leur caractère historique ou artistique et qui assure ainsi
la continuité de leur vie. Elle insiste avec raison sur le rôle de l’éducation dans le
respect des monuments et sur l’utilité d’une documentation internationale. Pour
la première fois on précise que la protection du voisinage des sites historiques
devrait faire l’objet d’une attention particulière.
25 février 1943

Loi modifiant la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments


historiques, instituant les périmètres de protection
automatiquement générés autour des monuments historiques pour
préserver leurs abords : le périmètre est délimité par une distance
de 500 mètres à compter de tout point du monument.
1946 (4 nov.) : création de l’Unesco
L’Organisation des Nations Unies pour la Sciences, la Culture et
l’Éduction (UNESCO) est un organisme qui dépend de
l’Organisation des Nations-Unies (ONU) et qui a pour mission de
promouvoir le rapprochement entre les peuples en promouvant
l’éducation, les sciences et la culture. Son siège est à Paris.
1962 (4 août) : loi Malraux, création des secteurs sauvegardés
Cette loi étend la notion de patrimoine aux ensembles urbains historiques choisis
en raison de leur caractère historique, esthétique ou de nature à justifier la
conservation, la restauration et la mise en valeur de tout ou partie d'un ensemble
d'immeubles bâtis ou non. La loi permet de les gérer au moyen d'un Plan de
Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV), créant ainsi les secteurs
sauvegardés.

Cette protection préserve l'aspect de quartiers entiers à tous les niveaux


pertinents : façades, rues, cours, toitures... sans toutefois figer le secteur qui
pourra ainsi continuer à s'adapter aux changements et contraintes de l'urbanisme
moderne.
1964 (mai) : charte de Venise
La notion du monument historique est étendue au site urbain ou
rural qui porte témoignage d’une civilisation particulière, d’une
évolution significative ou d’un évènement historique. La charte
souligne la priorité de l’entretien et affirme que la restauration doit
avoir un caractère exceptionnel. Elle insiste sur le respect
stylistique de chaque période.
1964 : fondation de l’Inventaire du Patrimoine
La mission de l’Inventaire du Patrimoine est de recenser, d’étudier
et de faire connaître l'ensemble des constructions présentant un
intérêt culturel ou artistique ainsi que l'ensemble des œuvres et
objets d'art créés ou conservés en France. Il fut décidé de créer un
service par région. En 1964, les services régionaux d’inventaire
d’Alsace et de Bretagne furent les premiers mis en place. Il faudra
vingt ans pour doter l’ensemble des régions d’une équipe
permanente. À partir de 2004, les services ont été progressivement
transférés aux conseils régionaux. L'État continue d'en assurer la
coordination et le contrôle.
1972 (16 nov.) : convention de l'Unesco sur la protection du
patrimoine mondial culturel et naturel
Pour en savoir plus sur la convention, se reporter à son historique
et contenu et au texte intégral sur le site de l'organisation.
31 décembre 1976

Loi n° 76-1285 portant réforme de l’urbanisme, rapprochant les


plans de sauvegarde et de mise en valeur des secteurs
sauvegardés et leur instruction des plans d’occupation des sols
(POS)
7 janvier 1983
Loi n° 83-8 relative à la répartition des compétences entre les communes, les
départements, les régions et l’État, instituant le régime des « zones de protection
du patrimoine architectural et urbain » (ZPPAU). Ce régime était mis en œuvre
autour des monuments historiques et dans les quartiers, sites et espaces à
protéger ou à mettre en valeur pour des motifs d’ordre esthétique, historique ou
culturel. Résultant d’une première volonté d’améliorer le régime des abords des
monuments historiques, il est devenu un instrument dédié à la gestion des
ensembles urbains et paysagers pour leurs qualités patrimoniales propres. Sa
principale particularité est la recherche d’une démarche locale consensuelle
entre l’État et la collectivité territoriale pour aboutir à un périmètre sur mesure au
regard des intérêts patrimoniaux en présence et un cadre préalable de
prescriptions partagé.
28 février 1997

Loi n° 97-179 relative à l’instruction des autorisations de travaux


dans le champ de visibilité des édifices classés ou inscrits,
introduisant les procédures de recours en abords et dans les
secteurs sauvegardés.
2001 (17 janv.) : loi sur l’archéologie préventive
Des travaux d'aménagement du territoire (carrières, terrassements, routes et
voies ferrées, bâtiments privés et publics) entraînent la destruction des vestiges
que recèle le sous-sol. L'archéologie préventive, en étudiant une partie de ces
surfaces permet de sauvegarder par l'étude les archives du sol.

La loi sur l'archéologie préventive du 17 janvier 2001 rend obligatoire


l'intervention des archéologues en préalable au chantier d'aménagement, pour
effectuer un diagnostic et, si nécessaire, une fouille. L'aménagement du territoire
ne se fait donc plus au détriment des vestiges du passé, mais permet, au
contraire, leur étude approfondie.
2003 (17 oct.) : convention de l'Unesco sur la sauvegarde du
patrimoine culturel immatériel
20 février 2004
Ordonnance 2004-178 instituant le Code du patrimoine – partie
législative, regroupant en son livre VI les textes relatifs aux
monuments historiques, à leurs abords et aux ZPPAUP, et
abrogeant les lois antérieures, dont la loi du 31 décembre 1913.
2005 (27 oct.) : convention cadre du conseil de l’Europe sur la
valeur du patrimoine culturel pour la société
Le patrimoine est considéré comme une ressource pour
l’instauration du dialogue et de l’ouverture entre les cultures.
12 juillet 2010
Loi n° 2010-788 portant engagement national pour l’environnement dite « loi Grenelle II »,
instituant le nouveau régime des « aires de mise en valeur de l’architecture et du
patrimoine » (AVAP).
Le dispositif, ayant vocation à se substituer à celui des ZPPAUP, avait pour objet de
garantir la qualité du cadre de vie et plus précisément la pérennité et la mise en valeur du
patrimoine sur un ou des territoires présentant un intérêt culturel, architectural, urbain,
paysager, historique ou archéologique dans le respect du développement durable.
D’initiative locale, sa mise à l’étude est décidée par délibération de la collectivité
territoriale intéressée qui crée une commission locale. Le projet d’AVAP était soumis à
l’avis de la commission régionale du patrimoine et des sites et à une consultation auprès
des personnes publiques intéressées. Le projet modifié était soumis à enquête publique
par arrêté de l’autorité décentralisée compétente, puis à accord du préfet.
7 juillet 2016
Loi n° 2016-925 du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à
l’architecture et au patrimoine (dite loi LCAP) instituant les sites patrimoniaux
remarquables (SPR) : « les villes, villages ou quartiers dont la conservation, la
restauration, la réhabilitation ou la mise en valeur présente, au point de vue
historique, architectural, archéologique, artistique ou paysager, un intérêt public.
». Les SPR remplacent automatiquement les secteurs sauvegardés, les zones
de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) et les
aires de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP).
Les sites patrimoniaux sont un instrument de préservation différent mais parfois
complémentaire des sites classés et inscrits, monuments naturels dont la
conservation ou la préservation présente un intérêt général au point de vue
artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque. Le dispositif des
sites classés et inscrits apparaît au début du XXe siècle (lois du 21 avril 1906 et
du 2 mai 1930, aujourd’hui code de l’environnement). La protection des sites est
passée, au fil des décennies, du classement de sites ponctuels à celui de grands
ensembles paysagers, et d’une politique de conservation pure à une gestion
dynamique des sites, politique publique portée par le ministère chargé de
l’écologie.

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