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Un peu d’histoire

C’est le philologue allemand Gottfried Wilhelm Leibniz, précurseur de la psychologie, qui, au


XVIIe siècle, donne un statut scientifique à l’attention en proposant le concept d’« aperception
», une perception qui s’accompagne de réflexion et de conscience, par opposition à la simple
perception. Il s’agit de l’un des premiers énoncés sur les limites de notre champ de
conscience. L’attention deviendra éventuellement une notion phare en psychologie gestaltiste,
en psychologie cognitive de même qu’en linguistique cognitive.

Il faut attendre la fin de XIXe siècle pour que l’attention commence à faire l’objet d’études
expérimentales. C’est au cours de cette période qu’Hermann von Helmholtz, physiologiste et
physicien prussien, réalise que nous pouvons porter notre attention sur un objet présent dans
notre champ visuel sans forcément y diriger le regard. Une observation qui pavera la voie à
l’étude des mécanismes attentionnels de manière indépendante des mécanismes de l’action
motrice.

En 1890, le fondateur de la psychologie américaine, William James, propose une définition de


l’attention qui fera école, la décrivant comme « la prise de possession par l’esprit, sous une
forme claire et vive, d’un objet ou d’une suite de pensées parmi plusieurs qui semblent
possibles […] [impliquant] le retrait de certains objets, afin de traiter les autres plus
efficacement […] ». Notons que cette définition rejoint celle de l’approche cognitive
d’aujourd’hui, et que déjà à l’époque, James affirme que l’éducation « par excellence » est
celle qui développe ces facultés consistant à stabiliser son attention.

À partir de la décennie 1990, les avancées en imagerie cérébrale fonctionnelle (IRMf)


permettent de mieux comprendre les mécanismes de l’attention et de confirmer ou d’infirmer
certains modèles explicatifs avancés jusque-là. Bien que les mystères de l’attention n’aient
pas encore tous été percés, l’importance de continuer à explorer ses mécanismes ne fait pas de
doute. En 1992, Michael Posner, psychologue américain et sommité dans le domaine,
affirmait à ce propos que « l’étude de l’attention est à la compréhension de la conscience ce
que l’étude de l’ADN est à la compréhension de la vie » (Posner, 1992).

Plusieurs définitions, quelques critères incontournables

Dans le domaine de la psychologie, plusieurs définitions de l’attention ont été proposées au fil
du temps. Picton et al. (1986) ont classé celles-ci en trois catégories, selon qu’elles décrivent
ce phénomène comme « un processus qui sélectionne certaines informations et en ignore
d’autres »; « une ressource attribuée à des processus mentaux qui facilitent la sélection
d’informations »; ou « un état d’esprit dans lequel nous nous plaçons pour recevoir de
l’information et la gérer ».

Nonobstant la diversité des angles sous lesquels l’attention est considérée, quelques critères
apparaissent incontournables pour la décrire. D’après l’analyse de Poissant, Falardeau et
Poëllhuber (1993) l’attention est ainsi « toujours orientée en fonction des buts et des besoins
de la personne (Gibson et al., 1979). […] [Elle] est par le fait même un processus limité en
termes de quantité et de durée. Elle restreint l’information disponible et garantit que
seulement une petite partie de celle-ci sera utilisée pour des comportements ultérieurs. Sans
cette restriction, l’organisme serait envahi d’informations et le comportement irait dans tous
les sens (Simon, 1986). De plus, elle ne peut sélectionner les informations que pour une
courte période de temps (Grabe, 1986; Simon, 1986). »
De nos jours, le caractère multidimensionnel de l’attention faisant consensus, on l’aborde à la
fois comme une fonction de sélection, de distribution de ressources, de régulation du
comportement et de contrôle du comportement (Possamaï, Bonnel et Requin, 1993 – «
L’attention », Encyclopédia Universalis).

Une sensation, trois réseaux

Bien qu’elle soit perçue comme une sensation unique, l’attention résulte de l’intervention de
plusieurs mécanismes des régions corticales et sous-corticales, allant du lobe pariétal (à
l’arrière du cerveau) au lobe frontal (à l’avant). Comme dans le cas des définitions, plusieurs
modèles explicatifs ont été proposés pour décrire les mécanismes qui la sous-tendent. Celui
qui sert toujours de référence est le modèle proposé en 1990 par Michael Posner auquel
quelques ajustements ont depuis été apportés grâce aux avancées en neuroimagerie. Ajoutons
que les propositions d’autres chercheurs ont permis de compléter celle de Posner, nous
éclairant notamment sur les sous-types d’attention.

Selon le modèle de Posner, l’attention se déploie en trois réseaux qui sont distincts sur le plan
physiologique et fonctionnel, mais qui sont interreliés : l’alerte, l’attention et le contrôle
exécutif. Le réseau d’alerte est une forme primitive de l’attention qui permet une modulation
non sélective de la vigilance (éveil) et qui mobilise les fonctions mentales en cessant les
activités en cours pour que l’organisme puisse évaluer la nouvelle situation. Dit simplement,
le réseau d’alerte nous signale « quand porter attention ».

Le réseau d’orientation nous indique « sur quoi » prêter attention. Il correspond à notre
capacité à sélectionner un élément parmi plusieurs, que celui-ci soit sensoriel ou mental.
L’orientation peut être de deux types : endogène ou exogène (Raz et Buhle, 2006; Sieroff,
2015). Elle est endogène lorsqu’on se concentre et qu’on oriente volontairement notre
attention sur un objet, et exogène lorsqu’on est attiré de manière « passive » ou automatique
par un stimulus venant de l’extérieur. L’expression top-down ou « de haut en bas » est aussi
utilisée pour qualifier une orientation endogène, alors que l’expression bottom-up ou « de bas
en haut » sert à décrire une orientation exogène.

Le troisième réseau de l’attention est celui du contrôle exécutif, qui nous indique « comment
traiter les informations ». C’est lui qui permet l’activation de l’ensemble des processus sous-
jacent à la planification, la sélection, l’initiation, l’exécution et la supervision des
comportements volontaires dirigés vers un but (Dehaene, 2014b). Travailler à améliorer son
attention exécutive est l’une des clés d’un meilleur apprentissage, tant chez l’enfant que chez
l’adulte.

D’un type d’attention à l’autre

Le modèle de Sohlberg et Mateer, couramment utilisé pour diagnostiquer des troubles


neurologiques, décline l’attention en cinq composantes : l’attention focalisée, soutenue,
sélective, alternée et divisée. Très proche de la concentration, l’attention focalisée correspond
à cette capacité de répondre de façon ciblée à un stimulus sensoriel pertinent tout en inhibant
les stimuli non pertinents. Les quatre autres composantes peuvent être classées en deux
groupes.

Le premier groupe comprend l’attention soutenue et l’attention sélective qui réfèrent toutes
deux à une situation où la concentration doit porter sur une chose à la fois. L’attention
soutenue désigne cette capacité à se concentrer sur un élément de façon continue et répétitive.
On peut dire d’une tâche qu’elle nécessite une attention soutenue lorsqu’elle dure au moins 15
minutes. L’attention sélective renvoie pour sa part à la capacité de se concentrer sur un objet
alors que plusieurs autres stimuli pourraient nous distraire. L’attention soutenue comme
l’attention sélective sont associées à cette idée de filtre attentionnel ou de contrôle « de haut
en bas » pour contrer les distractions « de bas en haut ».

Le second groupe, qui comprend l’attention alternée et l’attention divisée, fait référence à des
situations où l’attention doit porter sur plus d’un objet. L’attention alternée correspond à cette
flexibilité mentale qui demande un va-et-vient attentionnel entre des tâches ayant des
exigences cognitives différentes. L’attention divisée permet pour sa part de traiter deux ou
plusieurs tâches en simultané. C’est de cette dernière dont il est question lorsqu’on évoque le
« fameux » multitâche (voir Sommes-nous vraiment doués pour le multitâche?), qui est cette
impression de pouvoir accomplir plusieurs tâches en même temps.

Il faut savoir par ailleurs que le système attentionnel est sous l’influence de la mémoire de
travail (voir 8 types de mémoires… à retenir!), essentielle à nos fonctions exécutives et
impliquée dans la plupart de nos comportements. Or, la capacité de cette mémoire de travail
est limitée (Sweller, 1988; Mousavie et al., 1995). Ainsi, plus une tâche est exigeante
cognitivement, plus son traitement est difficile pour la mémoire de travail et demande
davantage de temps et d’attention. Advenant que la mémoire de travail soit surchargée — on
parle alors de « surcharge cognitive » —, les échanges entre les trois régions du cerveau
impliquées sont court-circuités (Miller et al., 2018).

Sous la loupe des neurosciences

Ces dernières années, les neurosciences ont apporté leur pierre à l’édifice des connaissances
sur l’attention en nous donnant accès à la façon dont elle se traduit au plus profond de notre
matière grise (et blanche, pour être plus précis!). On en sait donc un peu plus sur cette lutte
sans merci qui se livre à tout moment dans notre cerveau entre les systèmes que l’on pourrait
dire « prodistraction » et ceux qui sont « proattention ».

« Au niveau cérébral, l’attention c’est le fait de favoriser un groupe de neurones en particulier


aux dépens des autres », résume Jean-Philippe Lachaux, chercheur en neurosciences
cognitives et spécialiste de l’attention. « Le rôle, le but de l’attention c’est de faire de la
sélection. On parle d’attention sélective : sélection entre tout ce qui nous arrive, entre toutes
les manières qu’on a de traiter le même stimulus, entre toutes les pensées qu’on peut avoir. Il
y a une jungle de choses autour de nous, et il faut sélectionner; on ne peut en prendre qu’une
partie pour la traiter en profondeur. Cette sélection est d’autant plus difficile qu’il y a plus de
choses autour de nous », explique le neuroscientifique.

Des systèmes en lutte constante

Si l’attention est si fragile, si « sautillante », c’est que notre cerveau est le théâtre d’une lutte
sans merci entre nos systèmes « prodistraction » et « proattention ». L’un de nos deux
systèmes « prodistraction » est le lobe pariétal, qui joue un rôle déterminant dans l’intégration
de l’information sensorielle. Comme l’illustre Lachaux, cette région du cerveau obéit à son
environnement et nous incite à agir selon nos habitudes : « C’est ce système qui est
notamment derrière les déplacements de notre regard [mais il] s’étend aussi aux perceptions
mentales : par exemple, la perception d’un téléphone va déclencher un geste d’utilisation du
téléphone. »

Le second système qui travaille à déstabiliser notre attention est le circuit de récompense.
Selon nos envies et nos goûts, ce circuit modifie la « carte de saillance », une sorte de carte
cérébrale des éléments de notre environnement qui semblent de prime abord mériter notre
attention. On peut parler d’un système de préattention, d’un premier filtre dans lequel passent
les stimuli.

C’est notre système de « contrôle », le système exécutif, situé dans le lobe frontal, qui doit
livrer bataille à ces deux puissants systèmes « prodistraction ». Le système exécutif détermine
comment les informations choisies seront traitées. Il gouverne l’ensemble des processus de
haut-niveau que l’on désigne sous le terme « contrôle exécutif » et qui nous permettent de
nous adapter à des situations nouvelles ou non routinières, soit : planifier, sélectionner, initier,
exécuter et superviser des comportements volontaires ayant un but.

Un élément vient toutefois compliquer le travail du système exécutif dans le maintien de


l’attention : le fait que ce dernier est lui-même divisé, puisqu’il doit jongler avec plusieurs
objectifs et « trancher ». « Il peut arriver que le système exécutif gagne la partie, précise
Lachaux, mais il ne faut pas s’étonner qu’assez souvent on se laisse distraire, parce que
d’autres systèmes sont actifs et contrebalancent son influence. » Ajoutons à cela que certaines
conditions décuplent ce phénomène de distraction; outre les troubles déficitaires de l’attention
et les lésions cérébrales, on compte le stress, la fatigue, les dépendances, les plaisirs faciles,
un manque de flexibilité psychologique, etc.

Notons que la maturation du contrôle exécutif, qui se fait progressivement durant l’enfance,
est capitale dans le développement du comportement d’un individu. C’est que l’attention
permet à la fois la continuité et la cohérence d’un comportement orienté vers un objectif de
même que la flexibilité du comportement en réponse aux modifications de l’environnement
(Colliot et al., 2007). Autrement dit, sans attention notre comportement ne peut pas être
cohérent. Précisons, par ailleurs, qu’un problème de contrôle de l’attention se distingue d’un
problème de capacité attentionnelle (Krupsky, 1980). Dans le premier cas, la personne
manque d’attention uniquement dans certains contextes, alors que dans le second cas, peu
importe la situation, elle reste incapable de demeurer attentive durant de longues périodes.

La distraction : partie intégrante du système attentionnel

Un peu comme l’oubli est essentiel au bon fonctionnement de la mémoire — vous avez bien
lu! (voir Apprendre et oublier : nouvelles perspectives sur le cerveau) —, la distraction «
normale » (non aggravée par un problème de santé ou autre) n’est pas en soi un défaut de
fonctionnement du système attentionnel; elle en fait plutôt partie intégrante, et sans elle, nous
serions sérieusement désavantagés sur le plan comportemental. C’est qu’en tant que
mécanisme de sélection, l’attention implique que nous nous rendions indisponibles pour un
temps donné aux informations ou activités autres que celle « choisie » — utilisons ici les
guillemets, puisque cette sélection, qui survient plusieurs fois par seconde, s’avère le plus
souvent inconsciente. Or, cet état de « stabilité » ne peut durer trop longtemps, au risque que
nous passions à côté d’opportunités plus avantageuses… c’est ce qu’Aston-Jones et Cohen
(2005) ont été les premiers à avancer en appliquant au processus de prise de décision du
cerveau le dilemme d’exploitation-exploration.
« Nous évoluons en général avec un empilement d’objectifs à court et long terme qui sont mal
définis et sans hiérarchie précise; face à cette abondance d’objectifs, le cerveau réagit en
« zappant » », expose Jean-Philippe Lachaux à propos du dilemme d’exploitation-exploration
devant lequel tout être vivant est confronté en contexte de ressources limitées.

« Si vous trouvez une source de nourriture, par exemple, vous vous demanderez toujours si, à
côté, il n’y a en a pas plus… Et si on ne va pas voir, on ne peut pas savoir! Ce dilemme
explique que la stabilité, le fait d’être « bloqué » à un endroit, peut avoir un coût », ajoute le
neuroscientifique. Dans cette perspective, il serait donc normal qu’au bout d’un moment à
fixer son attention sur un élément, on commence à ressentir toutes sortes de petits signaux
d’alarme qui nous incitent à porter notre attention ailleurs.

Boucle perception-action

Notre système sensori-moteur est conçu pour apprendre en interagissant avec notre
environnement à travers ce qu’on appelle une boucle ou un cycle perception-action, qui se
traduit par le fait que toute perception (sensorielle, émotionnelle, intellectuelle, etc.) entraîne
une action — le plus souvent un geste moteur ou d’« utilisation », mais cela peut aussi être de
réfléchir, parler, etc. —; et qu’à son tour, toute action entraîne une perception. Dans cette
boucle, qui se produit de 3 à 4 fois par seconde, l’attention intervient juste avant la perception
et, dans bien des cas, parce que les choses se passent très rapidement, l’action suit directement
la perception sans que n’intervienne la réflexion; ce processus se limite alors à une réaction.

Trois facteurs déterminent la réaction à ce qui est perçu : les habitudes, qui font qu’on a
tendance à réagir d’une façon plutôt que d’une autre; l’utilité générale, autrement dit ce qu’on
a tendance à trouver utile ou agréable; et l’utilité ponctuelle, soit ce qu’on trouve utile en vue
d’atteindre notre objectif du moment.

« Dans la vie de tous les jours, notre performance dépend de manière critique de l’adéquation
entre ces choix [de la perception et de l’action qui lui est associée] et notre objectif du
moment. C’est pourquoi la qualité de notre attention a tant d’influence sur la qualité de nos
actions et de nos réalisations », explique Jean-Philippe Lachaux.

La cécité attentionnelle

En 1999, les psychologues Daniel Simons et Christopher Chabris ont réalisé à l’Université
Harvard une désormais célèbre expérience. Nous nous garderons de décrire la vidéo du test,
au cas où vous ayez envie de vous y soumettre. Ce test d’attention sélective permet de
constater de manière flagrante que malgré notre impression d’être attentif à tout ce qui se
déroule dans notre environnement immédiat, bien des choses – même évidentes! – sont
susceptibles de nous échapper.

Ce phénomène qui porte le nom de « cécité attentionnelle » s’explique par le fait que notre
attention exécutive, qui agit comme un goulot d’étranglement, est limitée (Dehaene, 2014b).
Ainsi, lorsqu’une tâche accapare notre attention, les stimuli environnants qui sont non-
pertinents peuvent être traités de deux façons; ils peuvent soit rester visibles, mais sont alors
traités en différé, ou devenir « invisibles ».

Sans attention, pas d’apprentissage.


L’importance de l’attention est capitale pour l’apprentissage et cela s’observe aussi au niveau
neuronal, comme le décrit Jean-Philippe Lachaux : « Le fait qu’il y ait une activité un peu
plus prolongée dans les ères sensorielles est très important, parce que ça permet de maintenir
actifs ensemble des neurones qui vont créer des liens entre eux, de la neuroplasticité, ce qui va
agir sur les réseaux. Il y aura formation de réseaux, et donc mémorisation. »

Bien que les mécanismes qui sous-tendent l’attention puissent être renforcés à l’âge adulte,
c’est durant l’enfance que se développe tranquillement le contrôle exécutif. « Puisque
l’attention détermine les apprentissages, mobiliser l’attention des enfants est un objectif
prioritaire », avance le chercheur en neurosciences cognitives Stanislas Dehaene, à qui l’on
doit les 4 piliers de l’apprentissage (voir Neurosciences : apprendre en 4 temps).

« [L’enseignant] doit également prendre garde à ne pas créer de double tâche,


particulièrement chez les enfants en difficulté. Enfin, le contrôle exécutif est l’une des plus
importantes compétences transversales que l’école peut faire grandir en pratiquant, dès la
maternelle, des exercices pour apprendre à se contrôler, à se concentrer, à prêter attention à
ses limites (métacognition) et à se corriger », précise-t-il.

Améliorer son attention à l’âge adulte

Parmi les stratégies à adopter pour améliorer son attention à l’âge adulte on note : apprendre à
connaître les mécanismes de l’attention (et de la distraction!), développer ses compétences
métacognitives (voir Métacognition 101 et Développez vos compétences métacognitives),
ainsi qu’identifier ses objectifs par ordre prioritaire et se concentrer sur un à la fois durant 5 à
10 minutes. Jean-Philippe Lachaux nous invite à voir cette difficulté à stabiliser notre
attention comme un manque d’équilibre exigeant observation, doigté et sensibilité. Une
posture plus profitable selon lui que la vision typiquement occidentale qui la présente comme
un manque de force nécessitant un effort (désagréable) de concentration, qui exige de
« muscler » son cerveau et de travailler son endurance attentionnelle.

En évoquant l’image du funambule sur la poutre, le neuroscientifique propose un nouveau


paradigme : « Il ne sera plus question de parler de force, mais d’être capable d’observer ces
grands systèmes de forces qui agissent sur l’attention, de les observer en action; on va parler
de sensibilité, c’est-à-dire de sentir quand une force commence à diriger et à prendre le
dessus; et on va parler de doigté, de contrôle fin, un peu comme le funambule. » En évoquant
le titre de l’un de ses ouvrages sur l’attention, il ajoute : « « Le cerveau funambule » c’est le
cerveau qui redirige son attention, non pas comme un haltérophile, mais comme un
funambule, par petites touches, pour tout le temps ramener son attention sur son objectif. »

Aborder l’attention dans une perspective plus large, en entrant notamment sur le terrain de la
philosophie, peut sans doute motiver certains d’entre nous à devenir plus attentifs. « Il y a un
devoir d’attention, comme il y a un devoir de gratitude envers ce que nous avons reçu »,
explique le philosophe français Paul Clavier dans Le Point (janvier 2020). « L’éthique
stoïcienne repose tout entière sur des exercices d’attention à ce qui dépend de nous, et de
libération par rapport à ce qui n’en dépend pas. L’attention n’est pas seulement un dispositif
psychologique, c’est aussi une vertu qui se cultive. Entre le repli sur soi, frileux ou mortifère,
et la dispersion étourdissante où l’on se perd, il nous revient de placer le curseur d’une juste
attention », conclut-il en substance.
Source : traduction et adaptation de la taxonomie de Bloom révisée par Anderson et Krathwohl (1991)

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