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Hajer GUELDICH
UNIVERSITE DE CARTHAGE
COURS
DROIT DE L'UNION
AFRICAINE II
hajer.gueldich@yahoo.fr
https://independent.academia.edu/HajerGueldich
@HajerGueldich
FSJPST/ 2019-2020 1
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
PLAN DU COURS
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COURS
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Au cours du 2e semestre de ce Master, nous avons choisi de nous attarder sur quelques
CHAPITRE 1:
1
L’article 4 de l’Acte constitutif de l’Union africaine du 11 juillet 2000 énonce clairement que l'Union africaine
fonctionne conformément aux principes suivants :
« a) égalité souveraine et interdépendance de tous les Etats membres de l'Union;
b) respect des frontières existant au moment de l'accession à l'indépendance;
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Néanmoins, cette audace peut être justifiée par la gravité des cas de mise en
œuvre de ce droit d'intervention reconnu à l'UA et la multiplication de ce genre
de violations dans le continent africain depuis les dernières décennies (section
1). Néanmoins, nous pouvons affirmer que, sur le plan pratique, la mise en
œuvre concrète de ce droit d'intervention reste limitée et concurrencée par la
pratique de l'ONU en matière de maintien et de rétablissement de la paix et de la
sécurité internationales et régionales (section 2).
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Les trois cas évoqués dans l'article 4 h) de l’Acte constitutif de l'Union africaine
du 11 juillet 2000 sont expressément énumérés. Il s’agit des crimes de guerre, du
génocide et des crimes contre l'humanité.
L’article 4 h) énonce ces trois crimes sans les définir. Mais le protocole de 2002
portant création du Conseil de paix et de sécurité précise que le Conseil «
recommande à la conférence, conformément à l’article 4 h) de l’acte constitutif,
l’intervention au nom de l’Union dans un Etat membre dans certaines
circonstances graves à savoir les crimes de guerre, le génocide et les crimes
contre l’humanité, tels que définis dans les conventions et instruments
internationaux pertinents».
Sur cette base, les crimes de guerre sont les violations graves du droit
international humanitaire commises à l’encontre de civils ou de combattants
ennemis à l’occasion d’un conflit armé international ou interne, violations qui
entraînent la responsabilité pénale individuelle de leurs auteurs. Ces crimes
découlent essentiellement des Conventions de Genève du 12 août 1949 et de
leurs Protocoles additionnels I et II de 1977 et des Conventions de la Haye de
1899 et 1907. Leur codification la plus récente se trouve à l’article 8 du Statut de
Rome de la Cour pénale internationale de 1998.
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3
Article 3 de la Charte de l’Organisation de l’Unité africaine du 25 mai 1963.
4
Les Etats membres de la CEDEAO ont signé un Protocole relatif au Mécanisme de prévention, de gestion, de
règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité (Lomé, 10 décembre 1999), voir l’article 25 du
Protocole CEDEAO ; les Etats membre de la CEEAC ont signé un Protocole relatif au Conseil de paix et de
sécurité de l’Afrique centrale (Malabo, 24 février 2000), voir l’article 25 du Protocole CEEAC ; et les Etats
membres de la CAAS ont signé un Protocole sur la coopération politique, de défense et de sécurité (Blantyre, 14
août 2001), voir l’article 11 du Protocole CAAS. Dans tous ces instruments, un droit autonome de l’Organisation
à l’ingérence humanitaire est affirmé, même en ayant recours aux moyens militaires.
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Bien qu’il constitue une évolution, voire une révolution importante en matière
de protection des droits de l’homme, sur le plan régional et non universel, et
bien qu’il constitue un précédent en la matière puisque, comme nous l’avons
déjà affirmé, aucun texte de droit international positif n’a jusqu’alors posé
clairement le principe d’intervention (ou plutôt l’exception au principe de non-
intervention), le point h) de l’article 4 de l’Acte constitutif de l’Union africaine
du 11 juillet 2000 suscite un certain nombre d’interrogations, du point de vue du
droit international, car il nous paraît controversé et critiquable.
En effet, dans un premier temps, nous notons que les deux seules exceptions
quant aux principes de non recours à la force et de non intervention reconnues
dans la Charte des Nations unies étant le droit de légitime défense et le recours
aux mesures coercitives autorisées par le Conseil de sécurité, l’Acte constitutif
de l’Union africaine du 11 juillet 2000, dans le même article 4, stipule que parmi
les principes de l’Union : « f) interdiction de recourir ou de menacer de recourir
à l'usage de la force entre les Etats membres de l'Union; g) non-ingérence d'un
Etat membre dans les affaires intérieures d'un autre Etat membre ».
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Dans ce sens, Andrea Caligiuri estime qu' : « à la lumière du droit des Nations
unies et du droit international général, l’article 4 h) est en position de rupture.
Donc il pourrait être considéré comme un nouvel élément de la pratique des
Etats africains qui cherche à modifier la règle générale de l’interdiction à
l’emploi de la force par les Etats, en supposant des dérogations dans les cas
d’ingérence humanitaire ou de sauvegarde du principe démocratique »7.
L’auteur, afin de dépasser cette impasse, propose une interprétation différente de
l’article 4 h) de l’Acte constitutif de l’Union africaine, et qui consiste à supposer
5
Notons que la notion de « droit d’ingérence » n’a pas été employée par l’Acte constitutif de l’Union africaine
du 11 juillet 2000. Mais le droit d’intervenir n’a-t-il pas le même sens que le droit de s’ingérer et donc que le
droit d’ingérence ?
6
Le cas de la sollicitation de l’Etat membre d’une intervention de l’Union pour restaurer la paix et la sécurité a
été prévu dans le point j) de l’article 4 de l’Acte. Ce dernier autorise tout Etat membre « de solliciter
l'intervention de l'Union pour restaurer la paix et la sécurité ».
Cette hypothèse ne pose pas problème, dans la mesure où le consentement de l’Etat en question ne constitue pas
un cas d’ingérence en contradiction avec le principe de non-intervention dans les affaires internes d’un Etat.
7
CALIGIURI (A.), « Le droit d’intervention de l’Union africaine et l’interdiction de l’usage de la force en droit
international », juin 2004, http://www.umimc.it/internazionale/doc/caligiuri_wp.pdf/, p. 4.
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que les Etats membres de l’OUA ont inauguré un processus de transfert de leur
souveraineté à l’Union africaine qui, contrairement à l’ancienne OUA, « est sans
doute une organisation internationale d’intégration, sur le modèle de l’Union
européenne »8. Par conséquent, l’auteur conclut que l’usage de la force par
l’Union africaine dans les hypothèses de l’article 4 h) « pourrait être configuré
comme un usage de la force intérieure et non pas international »9. Dans la
même ligne de pensée, un autre auteur va jusqu’à affirmer, dans ce cas, que les
Etats membres de l’Union africaine « cèdent, progressivement, leur
souveraineté »10.
Cette interprétation ne nous semble pas satisfaisante car nous pensons que
l’Union africaine peut être classée comme une organisation de coopération et
non pas comme une organisation d’intégration. En effet, l’Union africaine n’a
pas une tendance vers la fédération, comme c’est le cas pour l’Union
européenne, les Etats membres n’ont pas opéré au profit de l’Union un transfert
de compétences et cette dernière n’est pas dotée de pouvoirs qui limitent les
pouvoirs des Etats membres. Par conséquent, le droit d’intervenir, tel que prévu
par l’Acte constitutif de l’Union africaine, autorise un droit d’intervention dans
des Etats souverains et indépendants.
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du Conseil de sécurité ?
Une réponse par l’affirmative risque de bouleverser les règles établies du droit
international, y compris l’article 53 § 1 de la Charte des Nations Unies qui
dispose clairement que : « le Conseil de sécurité utilise, s’il y a lieu, les accords
ou organismes régionaux pour l’application des mesures coercitives prises sous
son autorité. Toutefois aucune mesure coercitive ne sera entreprise en vertu
d’accords régionaux ou des organismes régionaux sans l’autorisation du
Conseil de sécurité (…) ».
11
Article 17 du Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité en Afrique du 9 juillet 2002.
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Charte12.
Pour autant, la décision de l’Union africaine pour intervenir peut, elle aussi,
susciter un certain nombre de questions. Ce pouvoir de qualification et de prise
de décision incombe aux Etats membres de l’Union qui décident de
l’intervention unanimement ou, à défaut, à la majorité des deux tiers. Cela
signifie qu’à défaut de la majorité requise pour la prise de décision, le droit
12
D’autant plus que les Etats africains avaient toujours défendu, comme nous l’avons évoqué, une interprétation
stricte de la Charte des Nations unies, en rejetant toute reconnaissance d’un droit d’intervention en dehors de
l’hypothèse d’une autorisation du Conseil de sécurité.
13
L’article 6 de l’Acte constitutif de l’Union africaine du 11 juillet 2000 dispose que :
« 1. La Conférence est composée des Chefs d'Etat et de Gouvernement ou de leurs représentants dûment
accrédités.
2. La Conférence est l'organe suprême de l'Union.
3. La Conférence se réunit au moins une fois par an en session ordinaire. A la demande d'un Etat membre, et sur
approbation des deux tiers des Etats membres, elle se réunit en session extraordinaire.
4. La présidence de la Conférence est assurée pendant un an par un Chef d'Etat et de Gouvernement élu, après
consultations entre les Etats membres ».
De même, selon l’article 7 de l’Acte constitutif de l’Union africaine du 11 juillet 2000 :
« 1. La Conférence prend ses décisions par consensus ou, à défaut, à la majorité des deux tiers des Etats
membres de l'Union. Toutefois, les décisions de procédure, y compris pour déterminer si une question est de
procédure ou non, sont prises à la majorité simple.
2. Le quorum est constitué des deux tiers des Etats membres de l'Union pour toute session de la Conférence ».
14
Dans le Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (Durban, le 9 juillet
2002), l’article 6 relatif aux fonctions du Conseil dispose que : « 1. Le Conseil de paix et de sécurité assume des
fonctions dans les domaines suivants : (…) d. opérations d'appui à la paix et intervention, conformément à
l'Article 4 h) et j) de l'Acte constitutif ». L’article 7 relatif aux pouvoirs du Conseil dispose que : « 1.
Conjointement avec le Président de la Commission, le Conseil de paix et de sécurité : (…) f. approuve les
modalités d’intervention de l’Union dans un Etat membre, suite à une décision de la Conférence conformément à
l'article 4 j) de l'Acte constitutif ».
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d’intervenir ne peut pas être décidé et mis en œuvre, quand bien même il y a une
circonstance grave dans un Etat membre de l’Union, assimilée à des crimes de
guerre, un génocide ou des crimes contre l'humanité. Des centaines, voire des
milliers de civils peuvent être assassinés, à l’abri des frontières, sans que
l’Union africaine puisse agir, si la décision d’agir n’a pas été prise. Dans ce cas,
il faudra attendre une décision du Conseil de sécurité des Nations unies.
En fait, l’organe compétent pour intervenir n’a pas été prévu dans l’Acte
constitutif de l’Union africaine du 11 juillet 2000, mais il a fait l’objet d’un
Protocole adopté par la première session ordinaire de la Conférence de l’Union à
Durban, du 9 juillet 2002, conformément à l’article 5 de l’Acte constitutif de
l’Union africaine du 11 juillet 200015 qui permet, dans son paragraphe 2, de
créer d’autres organes de l’Union. Ainsi, le Protocole relatif à la création du
15
L’article 5 de l’Acte constitutif de l’Union africaine du 11 juillet 2000 dispose que :
« 1. Les organes de l'Union sont les suivants :
a) la Conférence de l'Union;
b) le Conseil exécutif
c) le Parlement panafricain;
d) la Cour de justice;
e) la Commission;
f) le Comité des représentants permanents;
g) les Comités techniques spécialisés;
h) le Conseil économique, social et culturel;
i) les institutions financières.
2. La Conférence peut décider de créer d'autres organes ».
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Sur ce, il est utile de rappeler que les Etats membres de l’Union africaine
refusent de suivre le modèle du Conseil de sécurité des Nations unies, en
écartant l’option d’avoir des membres permanents au Conseil de paix et de
sécurité. Par conséquent, il nous semble que le droit de l’Union africaine
d’intervenir dans un Etat membre, figurant dans l’actuel article 4 h) de l’Acte
constitutif de l’Union africaine du 11 juillet 2000, est un précédent en lui-même,
même s’il ne consacre pas un droit d’ingérence ouvert aux Etats pouvant agir
unilatéralement en ayant recours à la force armée , car nulle part ne se trouve la
consécration d’un droit d’intervenir reconnu aussi clairement aux organisations
internationales ou régionales, même au sein des textes de l’ONU.
De surcroît, il convient de noter que les Etats de l’Union africaine avaient adopté
16
Article 2 du Protocole relatif à la création du Conseil de paix et de sécurité en Afrique du 9 juillet 2002.
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une position commune, le 5 juillet 2005, sur la réforme des Nations unies, en
vertu de laquelle ils soutiennent que : « s’agissant de l’usage de la force, il est
important de respecter scrupuleusement les dispositions de l’article 51 de la
Charte des Nations unies qui autorisent l’usage de la force seulement dans le
cas de légitime défense. En outre, l’Acte constitutif de l’Union africaine à son
article 4 h) autorise l’intervention dans des circonstances graves telles que le
génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. En conséquence,
tout recours à la force hors du cadre de l’Article 51 de la Charte des Nations
unies et de l’Article 4 h) de l’UA, doit être prohibé ».
Il reste à attendre les applications de ce principe sur le plan pratique, pour voir
dans quel sens l’Union africaine et son Acte constitutif vont s’orienter? simple «
obligation collective régionale de protection » en cas de violations massives des
droits de la personne humaine, à la mesure de la « responsabilité collective des
Etats de protéger » consacré, sans ambiguïté, par le Document final du Sommet
de l’Organisation des Nations Unies de septembre 2005 ou consécration d'un
"véritable droit d'ingérence humanitaire"17 ?
Ceci dit, nous estimons que même si les dispositions de l’article 4 h) de l’Acte
constitutif de l'UA du 11 juillet 2000 semblent révolutionnaires, en ce qu’elles
ouvrent la voie pour une organisation régionale à recourir à la force armée pour
intervenir dans des situations de crises humanitaires graves sur le continent
africain dans un Etat souverain, il est important de rappeler, d’une part, que ce
droit d’intervenir ne peut se faire sans l’autorisation du Conseil de sécurité et
que d’autre part, les effets juridiques de cet article restent, avant tout, internes à
l’Union africaine et ne tendent pas à modifier le droit international général.
17
GUELDICH (H.), Droit d’ingérence et interventions humanitaires : état de la pratique et du droit
international (thèse de Doctorat d’Etat), Université de Carthage, Tunis, éditions universitaires européennes,
2011, 692 pages.
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CHAPITRE 2:
"De ce fait, le contexte dans lequel l'UA naquit est très différent de celui qui
prévalait sous l'empire de l'OUA et ceci est naturellement imprégné par la
nouvelle organisation panafricaine. Celle-ci porte, en effet, les marques de son
temps et présente des nouveautés qui la démarquent de sa devancière"19.
Désormais, l’Etat de droit, la démocratie et l’hostilité aux changements
anticonstitutionnels de gouvernement occupent une place centrale dans l’Acte
constitutif de l’UA du 11 juillet 2000 (section 1) mais aussi dans un autre texte
de référence qui est la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la
gouvernance du 30 janvier 2007 (section 2).
Un autre document mérite notre attention qui est le Protocole sur les
amendements à l’Acte constitutif de l’Union africaine de 2003 (non encore entré
en vigueur) et qui a trait à la répression des changements anticonstitutionnels de
18
DOSSO (K.), « Les pratiques constitutionnelles dans les pays d'Afrique noire francophone : cohérences et
incohérences », in Revue française de droit constitutionnel 2012/2 (n° 90), p. 57-85.
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A cet égard, il y a lieu de rappeler que parmi les principes de l'Union africaine
consacrés par l'article 4 de l'Acte constitutif du 11 juillet 2000, nous notons: " p.
[la] Condamnation et rejet des changements anticonstitutionnels de
gouvernement ».
19
BEN H'MIDA (Ch.) et MEJRI (Kh.), "L'Union africaine: d'une association d'Etats à une communauté de
valeurs", in BEN ACHOUR (R.) et LAGHMANI (S.), Les droits de l'Homme: une nouvelle cohérence du Droit
international, Paris, Pedone, 2009, p. 230.
20
BEN ACHOUR (R.), "Rapport introductif", in BEN ACHOUR (R.), (sous dir.), Changements
anticonstitutionnels de gouvernement : approches de droit constitutionnel et de droit international, colloque
FSJPST des 4 et 5 avril 2013, éditions Presses universitaires Aix Marseille, 2014, p. 15.
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Cette Charte mentionne, dans son préambule, que les Etats membres de l'Union
africaine sont « préoccupés par les changements anticonstitutionnels de
gouvernement qui constituent l’une des causes essentielles d’insécurité,
d’instabilité, de crise et même de violents affrontements en Afrique ».
21
http://www.un.org/fr/africa/osaa/pdf/au/african_charter_democracy_elections_governance_2007f.pdf
22
Sur la base de la Déclaration de Québec, l’Assemblée générale de l’OEA adopta le 11 septembre 2001 une
Charte démocratique interaméricaine dans laquelle a été insérée une clause démocratique. Dans le préambule de
cette Charte, il est rappelé que « la Charte de l'Organisation des États Américains reconnaît que la démocratie
représentative est indispensable à la stabilité, à la paix et au développement de la région, et que l'un des buts de
l'OEA est de promouvoir et de consolider la démocratie représentative, dans le respect du principe de non-
intervention, […] que les Chefs d'État et de gouvernement des Amériques, réunis à l'occasion du Troisième
Sommet des Amériques qui a eu lieu du 20 au 22 avril 2001 à Québec, ont adopté une clause démocratique
établissant que toute altération ou interruption inconstitutionnelle de l'ordre démocratique dans un Etat du
Continent américain constitue un obstacle insurmontable à la participation du gouvernement de l'Etat concerné
au processus des Sommets des Amériques,… que la solidarité et la coopération entre les Etats américains
requièrent l'organisation politique de ces derniers sur la base de l'exercice effectif de la démocratie
représentative ».
http://www.oas.org/OASpage/frn/documents/Democractic_Charter.htm
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Mis à part cela, d'autres sanctions peuvent être mises en œuvre à l’encontre du
régime qui refuse de restaurer l’ordre constitutionnel. C'est l'article 37 du
règlement intérieur de la Conférence de l'Union relatif aux "Sanctions pour les
changements anticonstitutionnels de gouvernement" qui détaille ce genre de
sanctions. Selon le paragraphe 5 dudit article, les sanctions sont, entre autres,
les suivantes:
23
En vertu du Règlement intérieur de la Conférence, qui a repris les prévisions de la Déclaration de Lomé du 12
juillet 2000 en les adaptant aux nouvelles structures de l’Union, et en application de l'article 30 de l'Acte
constitutif : « 4. Chaque fois qu’il y a un changement anticonstitutionnel de gouvernement, le Président et le
Président de la Commission : a) condamnent immédiatement, au nom de l’Union, ce changement et demandent
instamment le retour rapide à l’ordre constitutionnel ; b) envoient un avertissement clair et sans équivoque, à
savoir que ce changement illégal n’est ni toléré, ni reconnu par l’Union ; c) assurent la cohérence de l’action
aux niveaux bilatéral, inter États, sous-régional et international ; d) demandent au CPS de se réunir pour
examiner la question ; e) suspendent immédiatement l’État membre de l’Union et sa participation aux organes
de l’Union, sous réserve que sa non participation aux organes de l’Union n’affecte pas la qualité d’État membre
de l’Union et ses obligations envers l’Union ».
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c) restrictions commerciales ;
Lorsque ces sanctions sont prises, il faut veiller à ce que les citoyens ordinaires
du pays concerné ne souffrent pas indûment de l’application des sanctions24.
Bien entendu, il va de soi que la Démocratie ne peut pas être imposée par la
force25. Les valeurs de Démocratie et de respect des droits de l'être humain sont
devenues des principes universellement reconnus et admis. C'est la raison pour
laquelle une place centrale a été réservée à la culture démocratique dans la
charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.
24
Des cas pratiques de l’application de ces nouvelles dispositions nous est fourni par l’attitude du Conseil de
paix et de sécurité de l'Union africaine à l’égard du coup d’état intervenu en Mauritanie le 6 août 2008. Un autre
cas intéressant mettant en exergue la complémentarité d’action de l’Union africaine et des Communautés
économiques régionales, la SADC pour le cas de l’espèce, nous est fourni par la crise politique malgache de
mars 2009. De même, le CPS en sa 362ème réunion, tenue à Addis-Abeba, le 23 mars 2013, a adopté des
sanctions contre les auteurs du coup d’état en République centrafricaine (RCA).
De même, le cas de l'Egypte après le coup d'Etat militaire contre le régime élu de Mohamed Morsi et sa
suspension de l'UA en 2013 est édifiant, à cet égard. Cette suspension a été levée suite au rétablissement de
l'ordre constitutionnel et la tenue des élections présidentielles en Egypte en mai 2014.
Voir BEN ACHOUR (R.), Changements anticonstitutionnels de gouvernement et droit international, Recueil des
cours de l'Académie de droit international de la Haye, tome 379, 2016, p.520-533.
25
GUELDICH (H.), « L’ingérence démocratique : peut-on imposer la légitimité démocratique par la force armée
? », in BEN ACHOUR (R.), (sous direction), Changements anticonstitutionnels de gouvernement : approches de
droit constitutionnel et de droit international , op. cit., éditions Presses universitaires Aix Marseille, 2014, p.
115-124.
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Nous pensons que si elles sont respectées, ces pratiques peuvent améliorer les
standards démocratiques dans les sociétés et pays africains qui restent, en dépit
de tous ces textes bien écrits, pointés du doigt comme étant les plus despotiques,
tyranniques et anti-démocratiques.
26
L'article 11 de la Charte dispose que: " Les Etats parties s’engagent à élaborer les cadres législatif et politique
nécessaires à l’instauration et au renforcement de la culture, de la démocratie et de la paix".
27
L'article 12 de la Charte dispose que: "Les Etats parties s’engagent à mettre en œuvre des programmes et à
entreprendre des activités visant à promouvoir des principes et pratiques démocratiques ainsi qu’à consolider la
culture de la démocratie et de la paix. A ces fins, les Etats parties doivent : 1. Promouvoir la bonne
gouvernance, notamment par la transparence et l’obligation de rendre compte de l’administration. 2. Renforcer
les institutions politiques pour asseoir une culture de la démocratie et de la paix. 3. Créer les conditions légales
propices à l’épanouissement des organisations de la société civile. 4. Intégrer dans leurs programmes scolaires
l’éducation civique sur la démocratie et la paix et mettre au point les programmes et activités appropriés".
28
L'article 13 de la Charte dispose que: " Les Etats parties prennent des mesures pour établir et maintenir un
dialogue politique et social, ainsi que la transparence et la confiance entre les dirigeants politiques et les
populations en vue de consolider la démocratie et la paix".
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A priori, ce cas vise à rétablir la paix et la sécurité dans l’Etat membre, ce qui
semble un but légitime, dans le cadre de la protection des régimes établis, s’ils
sont démocratiquement élus. En sus de la garantie supplémentaire qui consiste,
pour la Conférence de l’Union, à avoir la recommandation du Conseil de
sécurité et de paix en Afrique30.
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Intervenir, même en ayant recours à la force armée, dans un Etat africain où son
ordre légitime est menacé gravement, selon l’appréciation d’autres Etats
africains, en dépit de l’absence de son consentement, ne sera-t-il pas accueilli
par sa population comme un nouveau visage du colonialisme, pouvant coûter
des milliers de vies humaines qui auraient dû être épargnées, du côté de ceux qui
interviennent, mais aussi du côté de ceux qui subissent l’intervention, et
permettant une dégradation progressive de la situation en accélérant la violence
et en élargissant le cercle du conflit ? N’y a-t-il pas d’autres moyens afin de
régler pacifiquement le différent entre belligérants 32 et éviter ainsi le droit
d’intervenir accompagné de la force armée ?
31
Jusqu’à présent, ce Protocole a été signé par 50 Etats sur 55 Etats membres et ratifié seulement par 28 Etats,
donc pas encore entré en vigueur (dernière consultation le 9 septembre 2018).
32
Comme les moyens de règlement pacifique des différends conçus par l’article 33 de la Charte des Nations
unies, à travers la négociation, la médiation, la conciliation, l’arbitrage, le règlement judiciaire, etc.
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Pour conclure cette partie, il est primordial de rappeler que les principes de
respect de la démocratie, de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance sont de
plus en plus des valeurs universelles et unanimement reconnues sur le plan
international33. La réaction de l'Union africaine, tant au niveau normatif, qu'au
niveau opérationnel, a été très rigoureuse par rapport au rejet et à la
condamnation des changements anticonstitutionnels de gouvernement.
En sus des sanctions qu'on avait énumérées et qui sont appliquées à l'encontre
des Etats, le crime de changement anticonstitutionnel de gouvernement34 risque
de devenir un cas de crime grave susceptible de recours devant la future Cour
africaine de justice et des droits de l'Homme, si la volonté politique des Chefs
d'Etats membres de l'Union africaine ont la ferme intention d'aller jusque là.
33
Cf. BEN ACHOUR (R.). "Le droit international de la démocratie", in Cours Euro-méditerranéen Bancaja de
droit international. Volume IV. 2000, p. 327 - 359
34
TCHIKAYA (B.), "Le crime international de changement anticonstitutionnel de gouvernement: quelques
questions", in BEN ACHOUR (R.), (sous direction), Changements anticonstitutionnels de gouvernement :
approches de droit constitutionnel et de droit international , op. cit., éditions Presses universitaires Aix
Marseille, 2014, p. 141-147.
35
En 1999, alors qu’il était dans l’opposition, M. Mohamed Moncef Marzouki a publié dans le journal français «
Libération » un article dont les principales idées ont été reprises dans son livre « Le mal arabe » (2004). Dans cet
article, l’auteur explique que les maux liés à la dictature devront être résolus par le renforcement des mécanismes
favorisant l’Etat de Droit et limitant la marge de l’arbitraire dans la gestion des affaires publiques et ce, par
l’instauration d’un mécanisme juridictionnel international. En 2006, le Professeur Yadh Ben Achour a repris
cette idée et l’a étayée dans la conclusion du Cours qu’il a donné à l’Académie Internationale de Droit
Constitutionnel (AIDC). En 2011, il a été institué un Comité d’Experts composé de M. Yadh Ben Achour
(Tunisie), Pr. Monique Chemillier Gendreau (France), Pr. Ghazi Gherairi (Tunisie), Pr.Ferhat Horchani
(Tunisie), Pr. Maurice Kamto (Cameroun), Pr. Slim Laghmani (Tunisie), Pr. Ahmed Mahiou (Algérie), Pr.
Christian Tomuschat (Allemagne).
FSJPST/ 2019-2020 26
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
Certes, nous sommes convaincus qu'une telle Cour pourra préparer le terrain à
un monde plus démocratique, pacifique et prospère.
L’idée de créer une Cour Constitutionnelle a, alors, pris forme. Par la suite, il a été décidé de créer un Comité ad
hoc ayant pour mission de soutenir l’idée de mise en place de la Cour Constitutionnelle Internationale, présidé
par le Président de la République. L’objectif du Comité est de diffuser l’idée du projet et de lui assurer le soutien
des Etats membres de l’ONU. Il s’agit, en effet, d’un projet d’avenir, non pas seulement pour la Tunisie, pour
son environnement arabe, islamique, méditerranéen, africain, mais aussi pour l’humanité tout entière.
Le Comité a aussi pour objectif de rassembler autour de ce projet un collectif symbolique de 100 professeurs de
Droit constitutionnel et de droit international à travers tous les continents, outre un collectif de grandes
personnalités internationales, dans le monde de la politique, de la pensée, de l’art et du sport, ainsi qu’un groupe
d’étudiants. Grâce aux efforts déployés, l’initiative a reçu l’aval des pays africains lors du XXème sommet de
l’Union Africaine. La Tunisie continuera à travailler pour assurer l’appui des autres groupes à commencer par les
pays arabes et islamiques, afin de garantir la réception favorable du projet de résolution qui a été soumis à
l’Assemblée Générale de l’Organisation des Nations Unies lors de sa 68ème session (septembre 2013).
36
Voir PALLARD (H.) et GHACHEM (A.), (sous dir.), Une Cour constitutionnelle internationale au service du
droit démocratique et du droit constitutionnel, 2017.
Avec cet ouvrage qui regroupe d’éminents professeurs d’Algérie, du Brésil, du Cameroun, du Canada, de la
France, du Liban, du Maroc, du Portugal et de la Tunisie, les participants ont considéré que la réflexion
théorique a suffisamment muri et qu'il fallait passer à l’élaboration du statut de la future Cour.
37
Une équipe de professeurs universitaires a travaillé sous la direction du Professeur Yadh Ben Achour, tout au
long de l'année 2018, afin de rédiger le projet de statut de la Cour constitutionnelle internationale. L'équipe est
composée par Asma Ghachem, Nadia Akacha, Khaled Méjri, Sarra Maaouia et Hajer Gueldich.
Un travail de longue haleine de persuasion, de promotion, de diffusion et de marketing politique de cette idée
innovante doit être fait afin de voir se concrétiser, un jour, ce projet fort ambitieux.
Etant vice-Président du Comité des droits de l’Homme aux Nations unies, le Professeur Yadh Ben Achour se
charge de sensibiliser son réseau onusien pour présenter le projet et faire un plaidoyer pour que les Etats signent
ce traité.
Pour sa part, le Professeur Hassan Ouazzani Chahdi qui est membre de la Commission du droit international des
Nations unies et faisant partie de l’équipe internationale qui travaille sur le projet, est aussi enthousiaste pour
mobiliser son réseau pour l’adoption de ce projet.
En notre qualité de membre de l’équipe tunisienne qui a travaillé sur le projet de statut et étant aussi membre
élue de la Commission de l’Union africaine pour le droit international, nous nous montrons tout autant
enthousiaste pour diffuser l’idée auprès de notre réseau africain.
FSJPST/ 2019-2020 27
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
CHAPITRE 3:
38
http://www.peaceau.org/uploads/convention-on-idps-fr.pdf
FSJPST/ 2019-2020 28
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
Elle réitère les règles existantes en droit international et dans le cadre de l’UA,
notamment les droits de l’Homme et les normes de droit international
humanitaire. Par ailleurs, en renforçant et en consolidant ces normes dans un
seul instrument, elle offre un cadre juridique unique pour aborder les spécificités
des déplacements internes sur le continent africain et fournit une base juridique
plus solide et plus claire pour la protection des personnes déplacées.
39
AKERE (T-M), "Préface", in Rendre la convention de Kampala opérationnelle pour les personnes déplacées
Guide pour la société civile: Appui à la ratification et à la mise en œuvre de la Convention sur la protection et
l’assistance aux personnes déplacées en Afrique, Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC),
juillet 2010, p. 10.
http://www.internal-displacement.org/sites/default/files/inline-files/2010-making-the-kampala-convention-work-
thematic-fr.pdf
FSJPST/ 2019-2020 29
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
FSJPST/ 2019-2020 30
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
déplacements internes"43.
Pour ce qui est de la définition de cette catégorie des personnes déplacées, c'est
L’article 1 k) de la Convention de Kampala qui définit les « personnes déplacées
» comme suit : "Les personnes ou groupes de personnes ayant été forcées ou
obligées de fuir ou de quitter leurs habitations ou lieux habituels de résidence,
en particulier après, ou afin d’éviter les effets des confits armés, des situations
de violence généralisée, des violations des droits de l’homme et/ou des
catastrophes naturelles ou provoquées par l’homme, et qui n’ont pas traversé
une frontière d’Etat internationalement reconnue"
FSJPST/ 2019-2020 31
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
46
l'article 3 de la Convention de Kampala dispose que:
"1. Les Etats parties s’engagent à respecter et à assurer le respect de la présente Convention, et tout
particulièrement, à :
a. S’abstenir de pratiquer, interdire, prévenir le déplacement arbitraire des populations ;
b. Prévenir l’exclusion et la marginalisation politiques, sociales, culturelles, susceptibles de causer le
déplacement de populations ou de personnes en vertu de leur identité, leur religion ou leur opinion politique ;
c. Respecter et assurer le respect des principes d’humanité et de dignité humaine des personnes déplacées ;
d. Respecter et assurer le respect et la protection des droits humains des personnes déplacées, y compris un
traitement empreint d’humanité, de non discrimination, d’égalité et de protection égale par le droit ;
e. Respecter et assurer le respect du droit international humanitaire concernant la protection des personnes
déplacées ;
f. Respecter et assurer le respect du caractère humanitaire et civil de la protection et de l’assistance aux
personnes déplacées, en veillant notamment à ce que ces personnes ne se livrent pas à des activités subversives ;
g. S’assurer de la responsabilité individuelle des auteurs d’actes de déplacement arbitraire, conformément au
droit pénal national et international en vigueur ;
h. S’assurer de la responsabilité des acteurs non étatiques concernés, y compris les entreprises multinationales
et entreprises militaires ou de sécurité privées, pour les actes de déplacement arbitraire ou de complicité dans
de tels actes ;
i. Assurer la responsabilité des acteurs non étatiques impliqués dans l’exploration et l’exploitation des
ressources économiques et naturelles, ayant pour conséquence des déplacements de population ;
j. Porter assistance aux personnes déplacées en assurant la satisfaction de leurs besoins fondamentaux, en
autorisant et facilitant un accès rapide et libre aux organisations et au personnel humanitaires ;
k. Assurer la promotion des moyens autonomes et durables en faveur des personnes déplacées, à condition que
ces moyens ne soient pas utilisés comme prétexte pour négliger la protection et l’assistance à ces personnes,
sans préjudice de tout autre moyen d’assistance".
FSJPST/ 2019-2020 32
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
raciale de la population ;
Le déplacement individuel ou massif de civils en situation de conflit armé,
sauf pour des raisons de sécurité des civils impliqués ou des impératifs
d’ordre militaire conformément au droit international humanitaire ;
Le déplacement utilisé intentionnellement comme méthode de guerre ou
autres violations du droit international humanitaire dans des situations de
conflit armé ;
Le déplacement issu des situations de violence ou de violations
généralisées des droits de l’homme ;
Le déplacement résultant de pratiques néfastes ;
L’évacuation forcée dans les cas de catastrophes naturelles ou provoquées
par l’homme ou par d’autres causes si les évacuations ne sont pas exigées
par la sécurité et la santé des personnes affectées ;
Le déplacement utilisé comme punition collective.
47
L'article 4 paragraphe 6 de la Convention de Kampala dispose que: " Les États parties déclarent comme
infractions punissables par la loi, les actes de déplacement arbitraire pouvant être assimilés à un génocide, à
des crimes de guerre ou à des crimes contre l’humanité".
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Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
" 1. Les Etats parties assument leur devoir et leur responsabilité première,
d’apporter protection et assistance humanitaire aux personnes déplacées, au
sein de leur territoire ou de leur juridiction, sans discrimination aucune.
3. Les Etats parties respectent les mandats de l’Union africaine et des Nations
Unies, ainsi que le rôle des organisations humanitaires internationales pour la
protection et l’assistance aux personnes déplacées, conformément au droit
international.
4. Les Etats parties prennent les mesures nécessaires pour assurer protection et
assistance aux personnes victimes de déplacement interne en raison de
catastrophes naturelles ou humaines y compris du changement climatique.
48
L'article Article 15 paragraphe 2 de la Convention de Kampala dispose que: " Les États parties conviennent
qu’aucun aspect de cette Convention ne saurait être conçu comme accordant un statut légal ou comme une
reconnaissance des groupes armés et que ses dispositions n’exonèrent pas de leur responsabilité pénale
individuelle leurs membres en vertu du droit pénal national ou international".
FSJPST/ 2019-2020 34
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
7. Les Etats parties prennent les mesures nécessaires pour organiser les
opérations de secours à caractère humanitaire et impartial, et garantir les
meilleures conditions de sécurité et d’efficacité. Les Etats parties autorisent le
passage rapide et libre de toutes les opérations, tous les équipements et de tout
le personnel de secours au bénéfice des personnes déplacées. Les Etats parties
rendent également possible et facilitent le rôle des organisations locales et
internationales, des agences humanitaires, ainsi que des organisations de la
société civile, et d’autres acteurs pertinents, afin d’apporter protection et
assistance aux personnes déplacées. Les Etats parties ont le droit de prescrire
les conditions techniques sous lesquelles ce passage est autorisé.
FSJPST/ 2019-2020 35
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
déplacées.
11. Les Etats parties prennent les mesures nécessaires visant à garantir que les
groupes armés respectent leurs obligations au titre de l’article 7".
FSJPST/ 2019-2020 36
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
Il est clair que cette Convention de Kampala adopte une approche plus
analytique en matière de déplacement dans le contexte des conflits armés et
place, également, davantage d’importance sur le déplacement résultant de
l’exploitation des ressources économiques et naturelles et de projets de
développement49.
49
L'Article 10 de la Convention intitulé " Déplacement provoqué par des projets" dispose que:
" 1. Les Etats parties préviennent, dans la mesure du possible, le déplacement provoqué par les projets réalisés
par les acteurs publics ou privés. 2. Les Etats parties assurent que les acteurs publics ou privés explorent toutes
les alternatives réalisables sur la base de l’entière information et consultation des personnes susceptibles d’être
déplacées en raison de projets. 3. Les Etats parties entreprennent une évaluation de l’impact socio-économique
et environnemental de toute proposition de projet de développement avant la mise en œuvre de ce projet".
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Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
" 1. Les Etats parties protègent les droits des personnes déplacées, quelle que
soit la cause de déplacement, en s’abstenant de pratiquer, et en prévenant les
actes suivants, entre autres :
e. La famine.
FSJPST/ 2019-2020 38
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
b. Fournir aux personnes déplacées, dans la plus large mesure possible et dans
les plus brefs délais, l'assistance humanitaire adéquate, notamment
l'alimentation, l'eau, l'abri, les soins médicaux et autres services de santé,
l’assainissement, l’éducation, et tous autres services sociaux nécessaires. Cette
assistance peut être étendue, en cas de besoin, aux communautés locales et
d’accueil ;
FSJPST/ 2019-2020 39
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
i. Prendre les mesures nécessaires pour protéger les biens individuels, collectifs
et culturels abandonnés par les personnes déplacées, ainsi que les zones où sont
localisées les personnes déplacées ; soit dans la juridiction des Etats parties, ou
dans les secteurs sous leur contrôle effectif ;
l. Prendre les mesures nécessaires pour assurer que les personnes déplacées,
citoyens dans leurs pays d’origine, puissent jouir et exercer leurs droits civiques
et politiques, particulièrement le droit à la participation publique, notamment le
droit de voter et d’être éligible aux fonctions publiques ;
FSJPST/ 2019-2020 40
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
Pour cela, un certain nombre de mesures ont été prévues par ladite convention,
allant de la simple coopération jusqu'à déclencher un véritable droit d'intervenir
avec recours à la force armée.
50
La date d'entrée en vigueur de la convention est le 6 décembre 2012, soit 30 jours après que le Swaziland,
quinzième Etat africain à le faire, eut déposé ses instruments de ratification auprès de l'Union africaine.
51
L'article 14 de la Convention de Kampala dispose que:
" 1. Les Etats parties conviennent de créer une Conférence des États parties à la présente Convention, de suivre
et d’examiner la mise en œuvre des objectifs de la présente Convention.
2. Les Eats parties renforcent leur capacité en matière de coopération et d’assistance mutuelle, sous les auspices
de la Conférence des Etats parties.
3. Les Eats parties conviennent de l’organisation régulière de la Conférence des États parties et de sa
facilitation par l’Union africaine.
4. Les Etats parties, en présentant leur rapport conformément à l’Article 62 de la Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples et le cas échéant, dans le cadre du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs,
indiquent les mesures législatives et autres qu’ils ont prises pour donner effet à la présente Convention".
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Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
3. L’Union africaine soutient les efforts que déploient des Etats parties pour
protéger et porter assistance aux personnes déplacées conformément à la
présente Convention».
FSJPST/ 2019-2020 42
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
sur le plan pratique53, nous pouvons constater que pour tous les cas de
déplacements arbitraires de personnes dans certains pays africains54, notamment
depuis l'entrée en vigueur de cette Convention, il y a absence totale de mise en
œuvre de ce mécanisme de recours à la force armée pour intervenir dans ces
Etats. Ceci montre toutes les limites de la Convention de Kampala quand il s'agit
de sa mise en œuvre au niveau pratique55. C'est ce qui nécessite une volonté
politique ferme pour appliquer les mesures édictées dans les dispositions légales,
d'une part, mais aussi des moyens financiers et humains suffisants, d'autre part,
pour que les dispositions de ladite Convention ne soient pas un vœux pieux.
Pour conclure cette partie de l'analyse, il est important de signaler que les Etats
africains, qui ne l'ont pas encore fait, sont appelés à ratifier la Convention de
Kampala sur la protection et l'assistance des déplacées internes. Et pour les Etats
qui ont déjà ratifié, il est important qu'ils adaptent leurs législations internes à la
lumière de cette Convention.
Sur ce, il est utile de préciser que la Commission de l'Union africaine pour le
droit international, dans le cadre de son mandat, avait établi la loi-type de
l'Union africaine pour la mise en œuvre de la Convention de l'Union africaine
sur la protection et l'assistance aux personnes déplacées en Afrique le 27
novembre 2014. Ce projet de Loi-type a été adopté au sommet de l'UA en
janvier 2015 56.
53
HAKATA (K), « Vers une protection plus effective des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays
», in RGDIP, 2002/3. http://www.seikei.ac.jp/university/bungaku/teachers/20110613.pdf
54
Notamment en Libye, au Nigéria, au Mali, en côte d'ivoire, au Burkina-Faso, au Kenya, etc.
55
BILAK (Alexandra), "L’Afrique face à ses déplacés internes", in Revue Politique étrangère 2016/1
(Printemps), pp. 39-51.
56
Voir Rapport sur le projet de loi-type pour la mise en œuvre de la Convention de l’Union Africaine sur la
protection et l’assistance aux personnes déplacées internes en Afrique, par Minelik Alemu Getahun , Rapporteur
Spécial de la CUADI, du 27 novembre 2014, http://www.refworld.org/pdfid/5aeb39434.pdf
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Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
57
https://au.int/sites/default/files/decisions/34635-ex_cl_dec_1008-1030_xxxiii_f.pdf
FSJPST/ 2019-2020 44
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
CHAPITRE 4:
Lors du 12e Sommet extraordinaire de l'Union africaine qui s’est tenu à Niamey
(Niger), le 7 juillet 201960, les Chefs d'Etat et de gouvernement ont
officiellement lancé la zone de libre échange continentale africaine (ZLECAf)61,
inauguré la phase opérationnelle du marché intérieur africain et décidé du siège
et de la structure du Secrétariat de la ZLECAf.
58
https://au.int/sites/default/files/treaties/34248-treaty-consolidted_text_on_cfta_-_fr.pdf
59
D'ailleurs l'Acte constitutif de l'Union africaine du 11 juillet 2000, rappelle, à plusieurs
reprises, les objectifs d'accélération "de l'intégration économique du continent" et de
promotion "de l'intégration des économies africaines" (article 3).
60
En réalité, cet accord est entré en vigueur pour les 24 pays africains qui l'ont signé et ratifié
le 30 mai 2019.
61
En vertu de la Décision Assembly/AU/Dec.714 de la 32ème session ordinaire de la
Conférence, tenue à Addis-Abeba (Éthiopie), les 10 et 11 février 2019, et disposant de tenir
spécifiquement ce 12ème Sommet extraordinaire pour célébrer le premier anniversaire de la
signature de l'Accord (qui a eu lieu lors du sommet extraordinaire de l'UA à Kigali le 21 mars
2018).
FSJPST/ 2019-2020 45
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
L'Accord est alors présenté comme une initiative phare de l'Afrique, visant à
faire évoluer, avec urgence, le programme séculaire d'intégration régionale et le
développement du Continent. Il demeure une opportunité importante pour
aborder les vulnérabilités des économies africaines et pouvoir relever le défi du
développement dans un monde entièrement globalisé.
Les Etats africains63, résolus à sortir du carcan d'un espace économique étroit, ils
62
Le préambule de cet Accord rappelle les étapes décisives avant la conclusion de ce traité en
ces termes:
"Nous, Etats membres de l’Union africaine,
DÉSIREUX de mettre en œuvre la décision (Assembly/AU/Dec.394(XVIII) de la Conférence
des Chefs d’Etat et de gouvernement, adoptée au cours de sa dix-huitième session ordinaire
tenue les 29 et 30 janvier 2012 à Addis-Abeba (Éthiopie), relative au cadre, à la Feuille de
route et à l’Architecture concernant l’accélération de la création rapide de la Zone de libre-
échange continentale africaine et au Plan d’action pour la stimulation du commerce intra-
africain.
CONSCIENTS du lancement des négociations en vue de la création d’une Zone de libre-
échange continentale visant à intégrer les marchés africains conformément aux objectifs et
principes énoncés dans le Traité d’Abuja lors de la vingt-cinquième session ordinaire de la
Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine tenue à Johannesburg
(Afrique du Sud) les 14 et 15 juin 2015 [Assembly/AU/Dec. 569(XXV)] ;
DÉTERMINÉS à renforcer nos relations économiques en nous appuyant sur nos droits et
obligations respectifs en vertu de l’Acte constitutif de l’Union africaine de 2000, du Traité
d’Abuja et, le cas échéant, de l’Accord de Marrakech de 1994 portant création de
l’Organisation mondiale du commerce".
63
Actuellement, il y a 27 Etats Parties qui ont déposé les instruments de ratification de
l’Accord de la ZLECAf auprès du Président de la Commission, notamment: le Burkina Faso,
le Tchad, la Côte d’Ivoire, le Congo, Djibouti, l’Egypte, Eswatini, l’Ethiopie, le Gabon, la
Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée équatoriale, le Kenya, le Mali, la Mauritanie, la
Namibie, le Niger, le Rwanda, la République arabe sahraouie démocratique, Sao Tome e
Principe, le Sénégal, la Sierra Leone, l’Afrique du Sud, le Togo, l’Ouganda et le Zimbabwe.
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Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
Si tous les pays africains adhèrent à la ZLECAf, celle-ci pourrait devenir la plus
grande zone de libre-échange au monde, avec plus d'un milliard et demi de
consommateurs.
Afin de mieux cerner les contours de cet Accord et afin de déceler son
importance et son rôle clé dans la construction d'une Afrique intégrée et forte
économiquement, il nous semble primordial d'aborder les mécanismes prévus
par ledit Accord pour réaliser le processus d'intégration économique de
l'Afrique, d'une part (I), mais aussi de cerner le poids des enjeux, limites et
contraintes de la réalisation d'un tel projet, d'autre part (II).
64
Son excellence Paul Kagame, Président en exercice de l'Union africaine, déclara lors du
sommet extraordinaire tenu à Kigali en mars 2018, à propos de la ZLECA: "C’est un rêve
devenu réalité (...). La Zone de libre-échange continentale est l’aboutissement d’une vision
énoncée il y a près de 40 ans dans le Plan d’action de Lagos, adoptée par les chefs d’Etat en
1980 ».
https://mobile.apanews.net/index.php/fr/news/laccord-portant-creation-de-la-zlec-signe-a-
kigali
FSJPST/ 2019-2020 47
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
En ce qui concerne le texte que nous allons présenter (l'accord sur la ZLECAf66),
cette zone a vocation à couvrir tout le continent africain.
Il est à rappeler que, jusqu'à présent, aucun traité dans le droit de l'Union
africaine n'a cette portée. Il s'agit non pas d'une simple déclaration, mais d'un
texte juridique contraignant qui entre en vigueur dès sa ratification par 22 Etats
parties67.
Cet Accord régit "le commerce des marchandises, le commerce des services, les
investissements, les droits de la propriété intellectuelle et la politique de la
concurrence" à l'échelle du continent68.
FSJPST/ 2019-2020 48
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
Ce traité a pour objectif principal "la création d'un marché unique pour les
marchandises et les services facilité par la circulation des personnes, afin
d'approfondir l'intégration économique du continent africain"70, comme le
préconise l'Agenda 2063 et comme le conçoit la vision panafricaine d'une
Afrique intégrée, prospère et pacifique71.
Les premiers sont énumérés au sein de l'article 3 de l'Accord qui dispose que:
(a) créer un marché unique pour les marchandises et les services facilité par la
69
D'après l'article 8 de cet accord relatif au Statut des protocoles, annexes et appendices, il est
mentionné ce qui suit:
"1. Les Protocoles sur le commerce des marchandises, le commerce des services, les
investissements, les droits de propriété intellectuelle, la politique de concurrence et les règles
et procédures relatives au règlement des différends ainsi que les Annexes et Appendices y
relatifs font, dès leur adoption, partie intégrante du présent Accord.
2. Les Protocoles sur le commerce des marchandises, le commerce des services, les
investissements, les droits de propriété intellectuelle, la politique de concurrence et les règles
et procédures relatives au règlement des différends ainsi que les Annexes et Appendices y
afférents, forment un engagement unique, sous réserve de leur entrée en vigueur.
3. Les instruments supplémentaires, jugés nécessaires dans le cadre de la poursuite des
objectifs du présent Accord sont conclus et font, dès leur adoption, partie intégrante du
présent Accord".
70
En vertu de l'article 3 de l'Accord.
71
" La Zone de libre-échange continentale (ZLEC), un des étendards de l’agenda 2063 de
l’Union africaine, était en discussion depuis 2012. Il vise à créer un marché commun de 1,2
milliard d’habitants, dont le PIB cumulé avoisinerait 2 500 milliards de dollars", Voir GRAS
(R.), "Ce qu'il faut retenir du Sommet sur la ZLEC", in Jeune Afrique, 22 mars 2018,
http://www.jeuneafrique.com/544287/politique/union-africaine-ce-quil-faut-retenir-du-
sommet-sur-la-zone-de-libre-echange-continentale/
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Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
(b) créer un marché libéralisé pour les marchandises et services à travers des
cycles successifs de négociations ;
(d) poser les bases de la création d’une union douanière continentale à un stade
ultérieur;
(f) renforcer la compétitivité des économies des Etats parties aux niveaux
continental et mondial ;
" Aux fins de la réalisation des objectifs énoncés à l’article 3, les États parties :
(a) éliminent progressivement les barrières tarifaires et non-tarifaires au
commerce des marchandises ;
FSJPST/ 2019-2020 50
Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
(e) coopèrent dans le domaine douanier et dans la mise en œuvre des mesures de
facilitation des échanges ;
Par conséquent, il s'agit là d'une sorte de feuille de route qui mentionne les
étapes à suivre afin d'arriver à une forte intégration économique sur le continent
africain et cette perspective dynamique aura des retombées positives sur la
promotion et la réalisation du développement socio-économique en Afrique, le
renforcement de la compétitivité des Etats africains et la création de beaucoup
de nouveaux emplois, ce qui favorisera le développement de l'agriculture, de
l'industrie et de la sécurité alimentaire sur le continent africain.
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Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
" a) les listes finales des concessions tarifaires et les règles d’origine en suspens
de la ZLECAf soient soumis à la prochaine session de la Conférence en janvier
2020 ; et
72
Par ailleurs, dans la déclaration commune des Chefs d'Etats et de gouvernements, il a été
décidé des "Cérémonies de célébration" des acquis dans le cadre de ZLECAf, à travers cette
déclaration: "Conscients du fait que le destin de la ZLECAf se trouve en nos mains, NOUS
DÉCIDONS, à cet égard, que le 21 mars de chaque année soit retenue comme la Journée de
l'intégration africaine sans qu’elle ne soit déclarée fériée. Au cours de cette journée, les
Africains du continent et de la diaspora doivent proposer des activités commémoratives afin
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Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
Une fois mis en œuvre, cet Accord verra se constituer la zone la plus grande à
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Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
Néanmoins, une fois entré en vigueur, cet Accord se verra aussi confronté à
d'autres accords bilatéraux ou multilatéraux, notamment à l'échelle des
communautés économiques régionales (CER) en Afrique. Va-t-il y avoir des
chevauchements, des double-emplois, des contradictions, des disparités entre le
76
La ZLECAf, qui constituera la plus grande zone de libre-échange du monde, regroupant 55
pays et 1,2 milliard d'habitants, "permettra de concrétiser le rêve d'une croissance
économique basée sur le commerce pour les entrepreneurs, les industriels, les investisseurs,
les innovateurs et les fournisseurs de services d'Afrique. Cette zone de libre-échange créera
des emplois, et contribuera aux transferts de technologie et au développement de nouvelles
compétences ; elle améliorera les capacités de production et la diversification de l'industrie,
et fera augmenter les investissements africains et étrangers.
La ZLECAf est un outil qui permettra de libérer l'innovation africaine, de stimuler la
croissance, de transformer les économies africaines et de contribuer à un continent africain
prospère, stable et pacifique, comme le prévoient l'Agenda 2063 et le Programme de
développement durable à l'horizon 2030", Discours Amina Mohamed, Vice-secrétaire
générale des Nations unies, lors du Sommet extraordinaire de l'UA du 7 juillet 2019 à
Niamey, ench.xinhuanet.com/afrique/2019-07/08/c_138207038.htm .
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Cette solution est d'apparence facile, mais sur le plan technique et pratique, elle
reste très délicate et très difficile à mettre en œuvre. Elle nécessite plutôt un
traitement au cas par cas. Cela est d'autant plus difficile que le texte n'accepte
pas de réserves77, mais il permet le retrait d'un Etat partie après un délai de cinq
ans à compter de la date d'entrée en vigueur à son égard 78.
77
Selon l'article 25 de l'Accord "Aucune réserve n'est admise au présent Accord".
78
Selon l'article 27 de l'Accord qui dispose que:
" 1. Après un délai de cinq (5) ans à compter de la date d’entrée en vigueur à son égard, un
État partie peut se retirer du présent Accord en adressant une notification écrite aux États
parties par le biais du dépositaire.
2. Le retrait est effectif deux (2) ans suivant la réception de la notification par le dépositaire,
ou à une date ultérieure qui peut être spécifiée dans la notification.
3. Le retrait n’affecte pas les droits et obligations en cours de l’État partie avant le retrait".
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Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
En tout état de cause, et bien que le texte marque une avancée décisive dans le
processus d'intégration de l'Union africaine, néanmoins, la question pratique de
la mise en œuvre de cette zone de libre échange continentale demeure la plus
épineuse.
Or, les réalités sur terrain sont toutes autres. Même l'intégration régionale à
l'échelle des communautés économiques régionales n'est pas la même. De
surcroît, les pays africains ont des configurations économiques différentes et les
effets de cet accord se feront sentir de manières différentes, selon le niveau de
développement et de richesse de chaque Etat partie.
79
GUELDICH (H.),"L'Accord prévoyant la mise en place d'une zone de libre échange
continentale (ZLECAf) en Afrique du 21 mars 2018", in Revue VigieAfrique de CapAfriques,
1er numéro 2018.
80
Idem., op. cit.
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Pour conclure, nous pouvons dire que, du point de vue économique, la zone de
libre échange continentale en Afrique s'avère être le soubassement devant
conduire à parachever le processus de base de l'intégration économique et
financière africaine. De même, elle pourra contribuer à la réalisation de la
convergence économique sur le continent, en jugulant les disparités de
développement entre les pays africains et en permettant aux Etats membres de se
développer ensemble.
Dans les années à venir, et sans copier le modèle européen, l'Afrique pourra
s'inspirer de la réussite du modèle d'intégration économique européenne, afin de
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Cours Droit de l'Union africaine II par Mme. Hajer GUELDICH
CONCLUSION GENERALE:
Par ailleurs, il est de plus en plus évident que l'analyse de ce droit permet de
confirmer aussi qu'en Afrique, "un système de plus en plus cohérent de règles et
de principes s'élabore, secrété par la construction d'Etats et la recherche d'un
ordre juridique qui corresponde aux réalités du continent"83.
81
ELABIDI (A.), L’évaluation de l’Union africaine par rapport à l’Union européenne
(comme un modèle de régulation juridique internationale d’excellence) : étude comparative,
Thèse de Doctorat en Droit, Université d’Auvergne - Clermont-Ferrand I, 2015.
82
YUSUF (Abdulqawy) et OUGUERGOUZ (Fatsah) (sous dir.), L’Union africaine: cadre
juridique et institutionnel. Manuel sur l’Organisation panafricaine, Paris, Pedone, 2013, page
14.
83
SOBZE (Serge François), "Existe-t-il un ordre juridique africain?", in Revue de droit
international et de droit comparé, n°2017/2, 94e année, page 221.
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