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Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

UNIVERSITE DE CARTHAGE

FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES POLITIQUES ET SOCIALES


DE TUNIS

COURS
ORGANES ET
INSTITUTIONS DE
L'UNION AFRICAINE
Prof. Hajer GUELDICH
II
Professeure agrégée à la faculté des sciences juridiques politiq ues et sociales de Tunis
(Université de Carthage)
Présidente de la Commission de l'Union africaine pour le Droit international (AUCIL- CUADI)
Membre de l’équipe de Paul Kagamé sur la réforme institutionnelle de l’Union africaine
hajer.gueldich@yahoo.fr
Tel. 00216. 51. 951. 887
https://www.facebook.com/Hajer.Gueldich
https://twitter.com/HajerGueldich
https://independent.academia.edu/HajerGueldich
https://www.instagram.com/hajer_gueldich/

Année Universitaire : 2022 - 2023

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Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Cours:

Introduction aux organes et institutions de l’Union


africaine

Par: Hajer GUELDICH

Présentation du cours

Le programme du cours tourne autour de 4 idées principales qui sont les suivantes : 1. Les
origines et l'évolution du panafricanisme, 2. La mise en place de l’Union Africaine et 3. La
nouvelle réforme structurelle de l'Union africaine.

Ces différentes parties abordent à la fois l'histoire, les relations internationales, le droit
international régional et les sciences politiques.

Le module est au carrefour de plusieurs disciplines, pas seulement l'histoire. Le cours sera
interactif et se base sur quelques lectures (des extraits de textes officiels, d'ouvrages, d'articles
et articles de presse) mais aussi sur des extraits vidéos du Professeur Elikia M'Bokolo qui
raconte l'Afrique et qui présente le projet "Histoire générale de l'Afrique", en collaboration
avec RFI et UNESCO, d'une manière originale et attrayante. Des commentaires, discussions
et débats avec les étudiants suivront chaque vidéo qui dure de 2 à 3 minutes.

Les étudiants seront aussi amenés à faire la connaissance des pères du panafricanisme. De la
période précoloniale à la période de l’indépendance jusqu’à l’ère démocratique des années
1990, ils ont été plusieurs personnalités à marquer l’histoire de l’Afrique de par leurs actions,
détermination et engagement en faveur de leur pays et du panafricanisme. Ces personnalités
ont été de tous les combats pour la libération de l’Afrique des mains des colons.
Parmi elles: Edward Wilmot Blyden, Anténor Firmin, Henry Sylvester Williams et Benito
Sylvain, Henry Sylvester-Williams, William Edward Burghardt , Booker Taliaferro
Washington , Marcus Mosiah Garvey, George Padmore, Kwame Nkrumah, Kémi Séba
A la fin de ce cours, les étudiants seront capables :

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 D’acquérir de solides connaissances sur les différentes règles qui régissent le


fonctionnement de l’Union africaine, ses différents départements ainsi que le rôle
qu’ils sont appelés à jouer dans le développement du continent ;
 De maîtriser les règles juridiques existantes devant favoriser l’intégration africaine ;
 De se familiariser avec les stratégies de l’Union africaine pour la paix, la sécurité et la
stabilité du continent.

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PLAN DU COURS

Introduction. Histoire de l'Afrique

Partie 1. Les origines et l'évolution du panafricanisme

1. Les origines du panafricanisme et la Diaspora


2. Le panafricanisme et l'Afrique indépendante: une lutte pour une totale décolonisation
3. Le panafricanisme sous l'égide l'Union africaine

Partie 2. La mise en place de l’Union Africaine : de l’OUA à l’UA

1. De l'Organisation de l'Unité africaine : histoire d'une institution révolue

2. De l'Union africaine: espoir d'un continent intégré

Partie 3. La mise en place de l’Union Africaine : de l’OUA à l’UA

1. Présentation des organes politiques de l’UA (Parlement, Conférence, Commission,


Conseil exécutif, COREP)
2. Présentation des organes judiciaires de l’UA (Cour africaine de justice, Cour africaine
des droits de l’Homme et des peuples)
3. Présentation de l’organe chargé de la paix et de la sécurité (Conseil de paix et de
sécurité)
4. Présentation des communautés régionales de l’UA (UMA, COMESA, CEN-SAD,
EAC, CEEAC, CEDEAO, IGAD, SADC)

Partie 4. La réforme institutionnelle de l'Union africaine

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BIBLIOGRAPHIE

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INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

1- OUVRAGES :

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succession entre l’Union africaine et l’Organisation de l’Unité africaine, à la lumière de l’ordre
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AMAO (O.), African Union Law: The Emergence of a Sui Generis Legal Order, 1st Edition,
Routledge, 2018, 220 pages.

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267 pages.

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1975, 393 pages.

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Caire, Egypte, 2005, 379 pages.

BA (A.) (et al.), L'Organisation de l'Unité africaine : De la Charte d'Addis-Abeba à la Convention


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BADIBAKE (T-O), Pouvoir des organisations internationales et souveraineté des Etats : le cas de
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Actes des conférences de l’OPSA, les 18 juin, 13 novembre, et 19 décembre 2002, Paris, Observatoire
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BIPOUM- WOUM (J-M), Le droit international africain, Paris, LGDJ, 1970, 327 p.

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Yaoundé, 2007.

BOUKONGOU (J-D) et TCHEUWA (J-C) (sous dir.), De la paix en Afrique au XXIe siècle, Presses
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(Ethiopie) par la CUADI.

4e Forum sur le droit international et le droit de l’Union africaine portant sur « Les enjeux de la
ratification et la mise en œuvre des traités en Afrique » des 19 et 20 octobre 2015, organisé au Caire
(Egypte) par la CUADI.

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https://www.oxfam.org/sites/www.oxfam.org/files/file_attachments/au-guide-fr_0.pdf

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de Tunis, Université de Tunis El Manar, 2005.

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BEN SAASI (F.), De l'organisation de l'unité africaine à l'Union africaine, Mémoire de mastère en
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BINYAM (V.), Problèmes causés par la création d’un Etat Africain, Thèse de Doctorat en droit.
Université d’Auvergne Clermont-Ferrand I, Faculté de droit et sciences politiques, 2003, 468 pages.

DAMMAK (M.), La Convention de Kampala pour la protection des personnes déplacées en Afrique,
Mémoire de Master de recherche en Droit public, Faculté des sciences juridiques politiques et sociales
de Tunis, Université de Carthage, 2014

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sciences politiques de Tunis, Université Tunis El Manar, 1984.

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modèle de régulation juridique internationale d’excellence) : étude comparative, Thèse de Doctorat en
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24
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

COURS

25
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

INTRODUCTION. HISTOIRE DE L'AFRIQUE

L'histoire de l'Afrique commence avec l'apparition de l'espèce humaine dans la corne de


l'Afrique, il y a environ 2,5 millions d'années.

Par la suite, des peuples se formèrent, se développèrent, et se répartirent sur le territoire


africain. Vers la fin de la Préhistoire, le Sahara, qui était alors formé de grands lacs, devint
aride et « coupa » l'Afrique en deux. L'histoire de l'Afrique du Nord fut alors mêlée à celle de
la mer Méditerranée et l'Afrique subsaharienne se développa de son côté.

L'Afrique du Nord, berceau des berbères fut tour à tour sous l'emprise des Phéniciens
(notamment avec le comptoir de Carthage au nord-est de l'actuelle Tunisie) au Ier millénaire
avant notre ère, des Romains et des Arabes. Aujourd'hui, l'Afrique du Nord est
majoritairement musulmane. Mais l'Afrique du Nord a aussi été l'objet de la colonisation.

En Afrique sub-saharienne, se sont développés des empires et des royaumes médiévaux.


Certains, essentiellement au nord du 10e parallèle, seront islamisés à partir du VIIe siècle.
Pour finir, l'Afrique fut l'objet de colonisation au XIXe siècle et se décolonisa
progressivement de 1910 à 1975.

Voir lien:

Série "Histoire générale de l'Afrique" de Elikia M'bokolo

https://www.youtube.com/watch?v=JA91Dx92z1E&list=PLi_zbgj_QX4pqlK7djlXuJN8
w9deOy1YE

https://www.youtube.com/watch?v=lE8Dyh_N_do

26
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

PARTIE 1.

LES ORIGINES ET L'EVOLUTION DU PANAFRICANISME

Le panafricanisme est une idée politique et un mouvement qui promeut et encourage la


pratique de la solidarité entre les Africains où qu'ils soient dans le monde.

Le panafricanisme est à la fois une vision sociale, économique, culturelle et politique


d'émancipation des Africains et un mouvement qui vise à unifier les Africains du continent et
de la diaspora africaine en une communauté africaine globale. Le cœur de son principe est la
croyance que les peuples d'Afrique et de la diaspora partagent une histoire et une destinée
commune et que leur progrès social, économique et politique est lié à leur unité. Son objectif
ultime est la réalisation d'une organisation politique intégrée de toutes les nations et peuples
d'Afrique.

1. Les origines du panafricanisme et la Diaspora

Le mot « panafricain » est apparu à la fin du XIXe siècle lors de la préparation de la Première
Conférence panafricaine de 1900. Historiquement, l'idée se développe en réaction aux
conséquences du démantèlement progressif de l'esclavage en Amérique. L'expansion du
panafricanisme se retrouve dans les écrits et discours de quelques figures fondatrices, parmi
lesquelles Edward Wilmot Blyden et Anténor Firmin.

Au début du XXe siècle, d'autres figures telles que Bénito Sylvain ou W. E. B. Du Bois
contribuent à l'affirmation politique du projet panafricain. Avec la décolonisation, celui-ci
prend une ampleur nouvelle et se retrouve incarné par des dirigeants tels que Kwame
Nkrumah. Encore aujourd'hui, le panafricanisme s'exprime en Afrique comme dans les
anciennes puissances coloniales dans les domaines politique, économique, littéraire ou encore
culturel. La plus large organisation panafricaine aujourd'hui est l'Union africaine. L'une des
figures les plus visibles du panafricanisme moderne francophone est Kémi Séba.

La mise en place du projet panafricain a connu des étapes décisives:

- La Première Conférence panafricaine (1900)

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Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

La Première Conférence panafricaine se tient à Londres du 23 au 25 juillet 1900 dans un


climat de racisme exacerbé, de crises économiques et sociales, et de la conquête progressive
des territoires africains par les puissances occidentales. La question coloniale divise les
socialistes européens : certains y voient un processus « inévitable et fatal », d'autres, tel
Lénine, s'y opposent fermement. Une solution à ce contexte de crise pour le monde africain
semble s'imposer à Anténor Firmin, Benito Sylvain et leurs contemporains : s'unir et
s'organiser afin de résister.

Plusieurs personnalités ont revendiqué avoir été les inspirateurs de la Conférence


panafricaine. Benito Sylvain a lui souligné son influence, qu'il exerça en tant que délégué
général de l'Association Panafricaine. En 1896, Sylvain adresse une lettre à Anténor Firmin et
lui fait part de son idée de réunir un Congrès panafricain à l'Exposition universelle de Paris.
Firmin, dans sa réponse, exprime « un vif intérêt » pour ce projet, et souligne l'importance du
facteur colonial : « l'on peut, sans être prophète, prédire que toute la politique de la première
moitié du XXe siècle, au moins, sera dominée par les questions coloniales ». En 1897, Benito
Sylvain, de retour d'Éthiopie, rencontre à Londres Booker T. Washington et, ensemble, ils
adhèrent à l'Association Africaine fondée par Henry Sylvester Williams, instituteur né en
1869 à Trinité et résidant depuis 1896 en Angleterre.

L'Association Africaine, à sa création, se donnait pour objectif principal « d'encourager un


désir d'unité et de faciliter des relations amicales entre Africains en général, de promouvoir et
de protéger les intérêts de tous les sujets proclamant leur descendance africaine ». C'est au
sein de ce milieu associatif que se déroulent les préparatifs de la première Conférence
panafricaine, que Henry Sylvester Williams nomme en référence aux mouvements
unificateurs panslaves et pangermaniste.

La Conférence se tient lors des 23, 24 et 25 juillet 1900 au Westminster Hall de Londres. Ses
participants sont des notables Noirs (hommes politiques, avocats, médecins, instituteurs)
originaires des Caraïbes, des États-Unis, du Canada, d'Afrique et du Royaume-Uni. Une
organisation permanente est fondée, et avec elle des membres en fonction pendant deux ans
chargés d'organiser le prochain rassemblement.

- Les résolutions de la Conférence:

28
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

 La couleur et la race ne doivent plus êtres des « critères de distinction » entre les noirs
et les blancs
 Les libertés des « indigènes d'Afrique » doivent être respectées, au même titre que leur
droit d'accéder aux « voies du progrès et de la culture »
 Les missions chrétiennes ne doivent plus être le prétexte de « l'exploitation
économique et l'effondrement politique des nations les moins développées »
 La nation britannique doit accorder « les droits dignes d'un gouvernement
responsables aux colonies noires d'Afrique et des Indes Occidentales »
 Les États-Unis doivent octroyer aux Noirs-Américains « le droit de vote, la sécurité
des personnes et la propriété »
 Les colonies françaises, allemandes et belges doivent se souvenir que leur richesse
réside dans la « prospérité », le « progrès » et le « bonheur » du peuple noir
 Les puissances impérialistes doivent respecter « l'intégrité et l'indépendance » de
l'Éthiopie, du Liberia et d'Haïti

Le texte final de la Conférence comporte également un passage destiné « A sa Gracieuse


Majesté, Reine de la Grande-Bretagne et de l'Irlande, Impératrice de l'Inde », implorant son
attention envers « la situation alarmante des autochtones en Afrique du Sud ». Les
revendications des signataires portent notamment sur le travail forcé, le droit de vote, le droit
à la propriété et les différentes lois de ségrégation telles que « le couvre-feu, l'interdiction de
marcher sur les trottoirs et l'utilisation de transports publics séparés ».

- Le Congrès de Paris de 1919:

Largement financé par les Afro-américains, la réunion parisienne de 1919 est la seconde
rencontre des Africains du monde mais la première à porter le nom de « Congrès ». Le choix
de Paris se justifie par la réunion, au même moment, de la conférence de la paix chargée de
décider de l'avenir des colonies allemandes. L'accord des autorités françaises est obtenu avec
l'appui de Blaise Diagne, premier député noir du Sénégal élu en 1914, alors chargé des
recrutements de soldats en Afrique. Le congrès réunit 57 délégués originaires de quinze pays :
États-Unis (16), colonies françaises (13), Haïti (7), France (7), Liberia (3), colonies
espagnoles (2), Éthiopie, colonies portugaises, Congo Belge, Égypte, Saint-Domingue. Ils y
expriment les revendications suivantes :

29
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

 L'établissement d'un code législatif international pour la protection des indigènes


d'Afrique, « semblable au projet de code international du travail »;
 La garantie de la part des puissances coloniales de nombreux principes de
gouvernement relatifs aux indigènes africains : l'accès à la terre, la juste répartition des
ressources capitalistes de l'État, l'abolition du travail forcé et des châtiments corporels,
l'accès à l'éducation et la participation des africains au gouvernement de l'État;
 La scission entre radicaux et modérés.

Si les résolutions prises à Paris en 1919 condamnent les abus de la colonisation, elles ne
condamnent pas son principe, par souci de compromis avec les autorités occidentales. Les
résolutions du Congrès ne font ainsi pas l'unanimité chez les représentants africains. Organisé
successivement dans trois capitales impériales différentes, Londres, Bruxelles et Paris en
1921, le second Congrès panafricain est ainsi marqué par des divergences, qui conduisent à
une rupture.

- Le Congrès de Manchester de 1945:

C'est le dernier rassemblement panafricain réuni à l'extérieur de l'Afrique. En plus de


l'émergence d'une nouvelle génération de dirigeants, il marque la politisation effective du
mouvement et de nouvelles résolutions prise en accord avec les velléités d'indépendance des
territoires africains. Il est organisé entre autres par George Padmore, Kwame Nkrumah et W.
E. B. Du Bois. Nkrumah s'affirme comme le nouveau leader du mouvement panafricain,
auquel il apporte une dimension nouvelle, plus militante, et centrée sur les classes populaires.
À propos du rassemblement de Manchester, Nkrumah déclarera plus tard qu'il oublia
volontairement « les aspirations gradualistes des classes moyennes et intellectuels africains »
en exprimant « la volonté d'indépendance solide et réaliste des travailleurs, syndicalistes,
fermiers et paysans qui furent représentés de manière décisive à Manchester ». Parmi les
différentes revendications du Congrès figurent :

 L'abolition des lois foncières autorisant à enlever leurs terres aux Africains;
 Le droit pour les Africains de développer les ressources économiques de leur pays sans
entrave;
 L'abolition de toutes les lois de discrimination raciale;
 La liberté de parole, de presse, d'association et d'assemblée;

30
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

 L'éducation obligatoire et gratuite, l'installation d'un service de santé et d'aide sociale pour
tous;
 Accorder le droit de vote à tous les hommes et femmes de plus de 21 ans;
 L'abolition du travail forcé et l'introduction du principe de salaire égal à travail égal des
Antillais.

2. Le panafricanisme et l'Afrique indépendante : une lutte pour une totale


décolonisation

Kwame Nkrumah est le premier à constituer une grande formation politique panafricaine en
reprenant un ancien projet d'union ouest-africaine. En décembre 1945, il crée le West African
National Secretariat (WANS) et voyage en Grande-Bretagne et en France, où il rencontre les
nouveaux élus africains tels que Sourou Migan Apithy, Lamine Guèye, Félix Houphouët-
Boigny et Léopold Sédar Senghor.

Le WANS organise une « Conférence ouest-africaine » qui affirme « l'indépendance complète


et absolue des peuples d'Afrique occidentale » comme « l'unique solution » aux problèmes
soulevés par la domination coloniale. Nkrumah et son organisation sont ouvertement accusés
d'être communistes dans les métropoles occidentales. L'action du WANS est par ailleurs
ralentie par le retour de Kwame Nkrumah au Ghana, dont il devient le chef du gouvernement
en 1951 et où il organise le Congrès Panafricain de Kumasi en décembre 1953.

Les mêmes aspirations militantes donnent naissance en Afrique française au Rassemblement


démocratique africain (RDA), constitué dans un contexte différent de celui des colonies
britanniques puisque le parlement français était alors le seul à comprendre des élus africains.
L'initiative du rassemblement vient d'une partie de ces élus qui signent le Manifeste du
Rassemblement africain, dans lequel ils expriment le « refus historique de soumission du
Nègre ».

Liés aux partis d'extrême-gauche français, ces élus africains envisagent une transformation
radicale de la société et l'entrée dans une « union librement consentie » avec le peuple
français. La SFIO et le MRP condamnent fermement leur projet ; affiliés à ceux-ci, Léopold
Sédar Senghor et Lamine Guèye boycottent en conséquence le congrès de Bamako (19-21
octobre 1946) qui donne naissance au Rassemblement démocratique africain.

Dans une deuxième étape, le processus d'union africaine est fortement dynamisé par la
proclamation de l'indépendance du Ghana de Kwame Nkrumah, qui survient le 6 mars 1957.

31
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Dans son discours, Kwame Nkrumah rappelle que « l'indépendance du Ghana n'a pas de sens
si elle n'est pas liée à la libération totale de l'Afrique ». Le 15 avril 1958, la Conférence des
États Indépendants d'Afrique se réunit à Accra, la capitale ghanéenne, et réunit les délégués
des huit puissances africaines déjà souveraines (Égypte, Libye, Maroc, Tunisie, Éthiopie,
Ghana, Liberia et Soudan).

Le 28 septembre 1958, la Guinée devient indépendante et donne à Nkrumah et Sékou Touré


l'occasion de fonder l'Union Ghana-Guinée. En décembre de la même année, Accra accueille
la Conférence des Peuples Africains, dans l'idée de rassembler non les chefs d’État mais les
peuples d'Afrique. Sous la formule, évoquant les mots de Marx et Engels, « Vous n'avez rien
à perdre d'autres que vos chaines, vous avez un continent à regagner », plus de soixante partis
et mouvements politiques, syndicats et association participent à la conférence. On y croise
notamment Patrice Lumumba, représentant du Mouvement national congolais ; Kenneth
Kaunda, représentant du Zambian African National Congress ; Frantz Fanon, représentant du
Front de libération nationale ; Félix Moumié, représentant de l'Union des populations du
Cameroun, etc6. On peut donc lier la conférence d'Accra et l'accélération de la décolonisation
qui a lieu dans les années suivantes, avec notamment l'indépendance de la République
démocratique du Congo en 1960.

Ailleurs en Afrique, le climat politique de la fin des années 1950 est favorable à la
concrétisation politique du panafricanisme. En juillet 1958 à Cotonou, Léopold Sédar Senghor
accueille en tant que dirigeant du Parti du regroupement africain de nombreux délégués de
l'Afrique française afin de conforter ses positions panafricaines et fédéralistes. La même
année, les mouvements nationalistes de pays tels que le Kenya, l'Ouganda ou encore le
Mozambique se retrouvent à Mwanza au Tanganyika afin de donner naissance au Mouvement
pan-africain pour l'Afrique orientale et centrale.

Néanmoins, de nombreuses divergences ralentissent le mouvement de l'union africaine. On


distingue parmi les dirigeants africains des « radicaux » et des « modérés », d'une part les
adeptes d'une rupture socialiste avec le monde occidental, d'autre part les partisans d'un
maintien de relations pacifiques avec les États capitalistes. Identifié comme le courant le plus
radical du panafricanisme, le Ghana de Kwame Nkrumah continue sa lutte en convoquant en
décembre 1962 un Congrès des africanistes réunissant des savants spécialistes de l'Afrique du
monde entier. C'est dans ce contexte de divisions internes que la Conférence Internationale
des États indépendants d'Afrique, organisée à Addis-Abeba en 1962, consacre la position des

32
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

«modérés». Marquée par les discours d'Haïlé Sélassié, Kwame Nkrumah et Patrice Lumumba,
elle donne lieu à la création de l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Celle-ci comprend «
les États africains continentaux, Madagascar et les autres îles voisines de l'Afrique ». Elle se
donne pour objectif de « renforcer l'unité et la solidarité des États africains », de « défendre
leur souveraineté », d'éliminer « sous toutes ses formes » le colonialisme et enfin de «
favoriser la coopération internationale ».

Réunie à Accra en 1965, l'OUA adopte une « Déclaration sur la subversion » qui interdit
l'intervention d'un État africain dans les affaires d'un autre. Cette déclaration provoquera par
la suite de nombreux désaccords, notamment sur la question du dialogue avec le régime de
l'apartheid sud-africain.

3. Le panafricanisme sous l'égide l'Union africaine

L'acte constitutif de l'Union africaine, créée en 2002 à Durban, a été signé par tous les chefs
d'État de tous les pays membres de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA).

Inspirés par « les Pères fondateurs » de l'OUA et par « des générations de panafricanistes »,
ces dirigeants se donnent entre autres les objectifs suivants : l'unité et la solidarité des pays
d'Afrique, la défense de l'intégrité et de la souveraineté de ces pays, l'accélération de
l'intégration politique et socio-économique du continent et de la recherche scientifique et
technologique, la promotion internationale des « positions africaines communes » et enfin
l'harmonisation et la coordination des politiques économiques régionales.

La constitution de l'Union africaine comporte également de nombreux principes tels que


l'égalité entre les États membres, le respect des frontières, le règlement pacifique des conflits,
la condamnation des changements anticonstitutionnels de gouvernement ou encore le droit des
États membres à solliciter l'intervention de l'Union pour restaurer la paix et la sécurité.

33
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

PARTIE 2.

LA MISE EN PLACE DE L’UNION AFRICAINE : DE L’OUA A L’UA

Au moment où l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) (1) fut créée, de nombreux États
africains sont encore sous domination coloniale. Les trente-deux États qui venaient d'acquérir
leur indépendance et qui se sont exprimés à la Conférence du Sommet de mai 1963 à Addis
Abeba, voulaient d’emblée solidifier au sein d’une coopérative les indépendances rudement
obtenues, affirmer leur existence et consolider leur accession à une communauté d’États.
C’est dans cette perspective historique et toujours actuelle que s'est située, par la suite,
l’Union africaine (UA) (2).

1. De l'Organisation de l'Unité africaine : histoire d'une institution révolue

La naissance de l’Organisation de l’Unité africaine, en 19631, Addis-Abeba, est issue de


l’aspiration vers l’idéal d’unité prôné par les Pères de l’indépendance. En effet, du 22 au 25
mai 1963, 30 pays africains participent dans la capitale éthiopienne à la conférence
constitutive de l’OUA qui marque l’avènement de la première organisation panafricaine 2.
Une Charte3 en définit les objectifs, principes et institutions. Cette Charte, signée dans la
capitale éthiopienne, est le socle juridique régissant les principes et le fonctionnement des
instances de l’organisation. Elle affirme l’égalité souveraine de tous les Etats membres, le
respect du principe de non-ingérence, le respect du principe de souveraineté et de l’intégrité
territoriale, le règlement pacifique des différends.

Dès sa création, l’OUA accorde une place essentielle au règlement pacifique des conflits
interafricains. Pour y parvenir, une Commission de médiation, de conciliation et d’arbitrage a

1
Pour la chronologie des étapes-clés qui ont marqué l'histoire de l'organisation panafricaine depuis sa création en
1963, voir BOUZENNOUT (F.), "Union africaine: l’OUA quarante ans d'histoire", Article publié le 26/05/2002,
http://www1.rfi.fr/actufr/articles/029/article_15289.asp
2
Selon Fayçal Bouzennout, " Issue d'une aspiration des Africains à l'union afin de promouvoir la solidarité du
continent contre toutes les formes d’impérialisme, elle est aussi l’aboutissement d’une bataille diplomatique
entre chefs d'États Issue. Deux camps s'étaient dégagés : celui du « groupe de Monrovia », conçu comme le
regroupement des « modérés » qui souhaitaient que l’intégration régionale se fasse par étape ; et le « groupe de
Casablanca », qui rassemblait des leaders révolutionnaires adeptes d’une intégration rapide, comptant
notamment dans ses rangs le Ghanéen Nkrumah, l'Égyptien Nasser, l'Algérien Ben Bella et le Guinéen Sékou
Touré. Cet antagonisme et les compromis qui ont résulté ont abouti à la première phase de réalisation de l'idéal
panafricain et en même temps ont durablement consacré une Afrique des divisions", in BOUZENNOUT (F.),
"Union africaine: Ce que fut l’OUA", Article publié le 28/05/2002.
http://www1.rfi.fr/actufr/articles/029/article_15291.asp
3
En mai 1963, la charte de l'organisation (qui fut rédigée notamment par le président malien Modibo Keïta et le
président togolais Sylvanus Olympio quelque temps avant sa mort) fut signée par trente-deux États africains
indépendants.

34
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

été mise en place à cet effet mais ses moyens sont limités et l’organisation recourt parfois à
des Conseils de Sages ou comités ad-hoc pour tenter de trouver des solutions aux différends.
Une Charte africaine des droits de l’homme et des peuples est adoptée au sommet de 1981, à
Nairobi, et conduit à la création en 1986 de la Commission africaine des droits de l’homme et
des peuples.

L'OUA, affaiblie par les clivages politiques résultant de la guerre froide et de l'affrontement
est-ouest, a connu dans les années 80 la plus grave crise de son histoire. Celle-ci avait été
provoquée par l'admission, en 1984, de la RASD (République arabe sahraouie démocratique)
qui avait divisé ses membres et suscité le retrait du Maroc de l'organisation4.

Avec l’effondrement du bloc communiste, la fin de la Guerre froide et de la bipolarité Est-


Ouest, l'Afrique doit redéfinir sa politique dans un contexte de prolifération de conflits
internes. Au Sommet du Caire de juin 1993, elle entérine la création d’un mécanisme de
prévention, de gestion et de résolution des conflits africains dont l’organe principal est
composé des chefs d’Etats des pays membres du bureau en exercice de la conférence.
L’organisation s’implique parallèlement dans les questions liées au développement et à la
coopération économique.

La Conférence, qui est l’organe suprême réunissant les chefs d'État et de gouvernement,
prenait toutes les décisions. Les États étaient souvent divisés sur les sujets, ce qui entraînait un
certain immobilisme dans de nombreux domaines.

Au niveau économique, l’objectif d'intégration économique est caractérisé par une trop grande
ambition des projets comparée aux faibles moyens alloués. En 1991, le Traité d’Abuja 5
prévoit l’instauration d’un marché commun continental à l’horizon 2025. Mais les avancées
du projet laissent les observateurs sceptiques.

Sur la promotion des droits de l’homme et de la démocratie, l’OUA adopte en 1981 une
Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, aujourd’hui ratifiée par la quasi-totalité

4
En 1984-1985, le Maroc se retire de l'Organisation de l'unité africaine, dont il était membre depuis 1963, à la
suite de l'admission de la République arabe sahraouie démocratique.
5
Le Plan d'action de Lagos adopté au Sommet d’avril 1980 a poussé en avant le développement économique et
l’intégration des économies africaines, en recommandant notamment les regroupements régionaux et
l’autosuffisance alimentaire. En juin 1991, il est remplacé par le Traité d'Abuja instituant la Communauté
économique africaine. Ce traité prévoit notamment la création, dans un délai de 30 ans, d’un marché commun
africain, un parlement, une banque centrale, un fonds monétaire africains.

35
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

des États. Son mécanisme de contrôle est resté très limité : la Commission qui s’en chargeait
ne pouvait que rendre un rapport, souvent confidentiel, à la Conférence des chefs d’État et de
gouvernement qui disposait du dernier mot.

En juillet 1999, lors du sommet extraordinaire de Syrte, l’OUA décide d’établir une nouvelle
organisation appelée à la remplacer (l'Union africaine).

Mais que reproche-t-on à l'OUA et pourquoi avait-elle eu à être remplacée par une autre
organisation?

Selon Elio Comarin, "la lente mutation de l'OUA en UA est d'ores et déjà aussi douloureuse
et ambiguë que la longue existence de l'Organisation de l'unité africaine : née en 1963 à
Addis Abeba l'OUA a souvent fait la preuve de son inefficacité notamment face aux conflits
qui déchirent depuis les années 60 le continent africain et aux principaux problèmes qu'il doit
affronter actuellement (marginalisation, sous-développement, Sida). C'est d'ailleurs pour cela
que le colonel Kadhafi n'a cessé ces dernières années de prôner une véritable réunification
du continent, et la création des Etats-Unis d'Afrique, sur le modèle des Etats-Unis
d'Amérique. Mais, faute d'accord et d'enthousiasme de la part des autres Etats africains, le
chef d'Etat libyen a dû réviser quelque peu ses ambitions et se contenter d'un projet qui
ressemble comme une goutte d'eau au projet plus ou moins fédéraliste en cours sur le
continent européen »6.

En tout cas, parmi les failles et les faiblesses du système de l'OUA qui ont abouti à le faire
remplacer par l'UA, nous pouvons mentionner notamment le fait que l’action de l’OUA en
matière de règlement pacifique des différents interafricains s’est révélée globalement
inefficace. La faiblesse de la Charte d’Addis-Abeba peut expliquer en partie ces insuffisances
car rien n’obligeant les Etats membres à reconnaître sa compétence. De surcroit, la Charte n’a
pas prévu de doter l’organisation d’une force armée permanente.

Mais la raison principale de l'inefficacité du système de l'OUA dans le règlement des conflits
reste notamment le manque de volonté politique des Etats membres, plus soucieux de la
préservation de leur souveraineté7.

6
COMARIN (E.), "Union africaine: De l’OUA à l’UA", Article publié le 08/07/2001,
http://www1.rfi.fr/actufr/articles/019/article_9019.asp
7
" L’affaire du Sahara occidental, venue empoisonner les débats de l’OUA dès son apparition, en 1965,
provoquera le départ d’un membre fondateur, le Maroc, en 1984, en protestation de l’admission de la RASD
dans l’OUA, en 1981, et divisera l’OUA en deux camps. Par ailleurs l'OUA a tenté, à de nombreuses reprises, de

36
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

On a souvent accusé l’OUA de n’être qu’un forum de discussion, un « syndicats de


présidents». Mais il ne faut certainement pas oublier l’intense travail diplomatique entrepris,
faisant fi du manque de moyens financiers et de ressources humaines, afin d'atteindre les
objectifs déjà très ambitieux, au départ.

Dans un éditorial fort critique, Jacques Rozenblum ne manqua pas de montrer son scepticisme
quant à ce projet fait plus d'illusions que de réalités, en soulignant que: " L'OUA incapable de
mettre fin durablement à un seul conflit aussi minuscule soit-il se prend ainsi à rêver d'une
maison commune sur le modèle européen. Mais on ne construit une maison sur des ruines en
commençant par le toit. Il serait plus raisonnable de commencer par faire vivre des
organisations régionales. Sur les 5 actuellement existantes, 2 seulement fonctionnent vaille
que vaille: celle de l'Afrique de l'Ouest et celle de l'Afrique australe. Voilà un objectif sans
doute moins ambitieux mais ô combien plus réaliste. L'Afrique a besoin d'un sursaut mais son
ballet diplomatique donne sa représentation annuelle en se berçant d'une nouvelle illusion"8.

Dans des propos plus nuancés, visant à rappeler aussi les atouts de l'OUA, Hugo Sada a
affirmé que: " En théorie, c'est vrai, l'Afrique a besoin de muscler ses capacités globales pour
relever les défis auxquels elle est confrontée et mieux s'imposer sur la scène internationale.
En pratique, c'est vrai aussi, l'Organisation de l'Unité africaine a montré ses limites. Mais les
grands principes de la charte ne sont pas considérés comme caducs par la plupart des pays
membres. Peu nombreux aussi sont ceux, même parmi les plus proches de Kadhafi, qui sont

trouver une solution aux conflits en déployant une intense politique d’apaisement ou en mettant en place des
forces ad hoc en vue de résoudre un conflit, comme ce fut le cas en Tchad, entre 1981 et 1992. Ces missions, non
prévues par la Charte, se sont révélées plus efficaces, parce que plus en phase avec la réalité du continent
africain, que la seule Commission de médiation, de conciliation et d’arbitrage.
Après la fin de la bipolarité, causée par l’effondrement du bloc communiste au début des années 1990, l’OUA a
dû redéfinir sa politique de gestion des conflits. Par ailleurs, la prolifération des conflits infra-étatiques en
Afrique, où la logique de prédation domine, a changé la donne politique. Le 30 juin 1993, à l’issue du Sommet
du Caire, les Etats membres de l’Organisation ont entériné un mécanisme de prévention, de gestion et de
résolution des conflits, dont l’organe principal est composé des chefs d’Etats des pays membres du bureau en
exercice de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement. Ce mécanisme introduit une innovation par
rapport au Protocole de 1964, l’organe central pouvant désormais être saisi, dans certains cas, sans le
consentement des parties au conflit. Au vu des multiples conflits parmi les plus sanguinaires qui se sont déroulés
durant les années 1990 (Rwanda, Burundi, ex-Zaïre, Angola, Somalie…), on ne peut affirmer que l’organe
central de ce mécanisme ait été à la hauteur des espérances du continent. Il ne faudrait, néanmoins, pas oublier
qu’il ne peut se substituer à lui seul au Conseil de sécurité des Nations unies, en charge du maintien de la paix et
de la sécurité internationale. Il a en outre affiché une grande visibilité dans la résolution de plusieurs conflits
africains, tels la guerre Erythrée-Ethiopie, la crise aux Comores et le conflit entre RCA et Tchad";
BOUZENNOUT (F.), "Union africaine: Ce que fut l’OUA", op. cit.
8
ROZENBLUM (J.), "Union africaine Ballet diplomatique pour une chimère", article publié le 12/07/2000,
http://www1.rfi.fr/actufr/articles/007/article_3609.asp

37
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

prêts à se lancer dans une aventure unitaire trop audacieuse, et qui sont conscients des
risques nouveaux de divisions qu'elle pourrait entraîner"9.

Même si l'OUA était souvent tournée en dérision et qualifiée de bureau de tractations


commerciales sans réels pouvoirs, le secrétaire-général ghanéen de l'Organisation des Nations
unies, Kofi Annan, en fit l'éloge pour sa capacité à rassembler les Africains. Au cours de la
39e année d'existence de l'organisation, les critiques (notamment les ONG) affirmaient avec
toujours plus d'insistance que l'Organisation de l'unité africaine ne protégeait pas
suffisamment les droits et les libertés des citoyens africains contre leurs propres dirigeants
politiques.

Son remplaçant, l'Union africaine semble après quelques années d'existence faire preuve de
plus d'efficacité dans la prévention et la résolution des conflits, et dans l'ouverture
démocratique. Sans renier l’héritage idéologique et politique de l’OUA10, l’Union africaine,
d’après l’expression du Pr. Rafâa Ben Achour « se veut beaucoup plus ambitieuse et adaptée
aux besoins des Etats et des peuples africains et surtout aux défis du troisième millénaire »11.

2. De l'Union africaine: espoir d'un continent intégré

L’Union africaine (UA) fut lancée officiellement au Sommet de Durban de 2002 en Afrique
du Sud, en application de la déclaration de Syrte du 9 septembre 199912. Son siège fut établi à
Addis-Abeba en Éthiopie13.

9
SADA (H.), "Union africaine: la fin de l'OUA?", article publié le 10/07/2000,
http://www1.rfi.fr/actufr/articles/007/article_3603.asp
Voir aussi CHAMPIN (Ch.), " Union africaine Quel avenir pour l'Union africaine?", article publié le 10/07/2000,
http://www1.rfi.fr/actufr/articles/007/article_3602.asp
10
Dans le préambule de l’Acte constitutif de l’UA, les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont pas manqué de
souligner la continuité entre l’UA et l’OUA et de rendre hommage à cette dernière, en rappelant : « Considérant
que depuis sa création, l’Organisation de l’unité africaine a joué un rôle déterminant et précieux dans la
libération du continent, l’affirmation d’une identité commune et la réalisation de l’unité de notre continent, et a
constitué un cadre unique pour notre action collective en Afrique et dans nos relations avec le reste du monde ».
11
BEN ACHOUR (R.), Institutions de la société internationale, CPU, 2004, p. 224.
12
Les étapes marquant la naissance de l'Union africaine sont les suivantes:
– L’adoption de la Déclaration de Syrte (Libye) du 9 septembre 1999, qui prévoit la création de l’Union africaine
– L’adoption de l’Acte Constitutif de l’Union Africaine lors du Sommet de Lomé le 11 juillet 2000 au Togo, et
entré en vigueur en mai 2001.
– La 38ème Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OUA, tenue le 9 juillet 2002, à Durban, en
Afrique du Sud, proclame la naissance officielle de l’Union africaine.
13
Pour mieux comprendre comment l’Afrique va devoir assurer sa viabilité au projet d’Union africaine, le juriste
et politologue Albert Bourgi a présenté son analyse des étapes et du mode de fonctionnement de la future
institution, dans une interview recueillie par Fayçal Bouzennout, "Union africaine: l'Union en chantier", article
publié le 25/05/2002, http://www1.rfi.fr/actufr/articles/029/article_15287.asp

38
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Il y a actuellement 55 Etats membres de l'UA, soit tous les pays d'Afrique 14.

Son Acte constitutif prévoit des organes et institutions inspirés notamment du modèle de
l’Union européenne15.

Selon les articles 4, paragraphe (p) et 30 de l'Acte constitutif de l'Union africaine, l'Union
« [condamne et rejette] des changements anticonstitutionnels de gouvernement » et considère
que « les Gouvernements qui accèdent au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels ne sont
pas admis à participer aux activités de l’Union ». C'est sur les fondements de ces articles que
l'Union africaine a suspendu plusieurs États16 mais aucun ne l'est actuellement.

Par ailleurs, la mise en place des institutions de l'UA (Commission, Parlement panafricain et
Conseil de paix et de sécurité) a eu lieu en juillet 2003 au sommet de Maputo au
Mozambique.

Les objectifs17 et principes18 de l’Union africaine consistent notamment à œuvrer à la


promotion de la démocratie, des droits de l'homme et du développement à travers l'Afrique.

14
Le Sud soudan est le 54e Etat devenu membre de l'Union africaine en juillet 2011, après sa scission avec le
Nord-Soudan. Le Maroc qui s'est retiré de l'OUA en 1984 pour protester contre l'admission de la République
arabe sahraouie démocratique en 1982, réintègre l'UA en 2017 et en devient le 55e Etat membre.
15
En termes très généraux, celui-ci se contente d’énumérer, dans trente-trois articles, les objectifs de l’Union
(article 3) et les principes (article 4) sur lesquels devra fonctionner l’organisation. C’est ce même type d’énoncé
très bref que recouvrent les dispositions qui traitent des pouvoirs et des attributions des principaux organes de
l’Union. Cette rédaction plutôt sobre reflète l’accord minimal sur lequel se sont finalement entendus les Etats
membres et qui permettait de dissiper les craintes exprimées lors de l’élaboration de l’Acte constitutif de l’Union
sur la nature de l’Union et sur son éventuel caractère supranational.
Sur ce dernier point. A l’évidence, les Etats africains ont pris le parti de laisser au temps et à la pratique le soin
de déterminer, voire d’étendre, le champ des compétences de l’Union et, partant, de fixer, au vu des résultats
obtenus, les différentes étapes à venir de l’intégration.
16
Les anciens États suspendus, aujourd'hui réintégrés à l'Union africaine sont : la Centrafrique, qui est suspendue
le 24 mars 2013 après le coup d'État des rebelles de la Seleka. Le président auto-proclamé Michel Djotodia
promet des élections démocratiques dans les 3 ans. Le pays a été rétabli en tant que membre de plein droit en
avril 2016; Madagascar, a été suspendu à la suite de la crise politique de 2009 qui a entraîné la prise de pouvoir
d'Andry Rajoelina ; cette suspension a été levée à la suite de l'investiture d'un nouveau président
démocratiquement élu; la Côte d'Ivoire, suspendue lors de la crise ivoirienne de 2010-201; la Guinée, suspendue
lors du coup d’État militaire le 23 décembre 2008; la Mauritanie, suspendue une première fois le 4 août 2005,
après un coup d’État militaire. Elle fut réintégrée après l'élection présidentielle de 2007. Elle fut de nouveau
suspendue, pour les mêmes raisons, le 6 août 2008; le Niger, suspendu le 8 février 2010 après un coup d’État
militaire; le Togo, suspendu le 25 février 2005 du fait de questionnements concernant l'élection du président. Une
élection présidentielle s'est tenue le 4 mai 2005; le Mali, suspendu le 23 mars 2012 après le coup d'État militaire
du 21-22 mars 2012, a été rétabli le 26 octobre 2012 après la mise en place d'un régime de transition, dans le
contexte de la prise de contrôle par les milices islamistes du nord du pays; la Guinée-Bissau, suspendue le 17
avril 2012 après le coup d'État militaire du 12 avril 2012; l'Égypte, à la suite du coup d'État militaire du 3 juillet
2013; le Burkina Faso, qui est suspendu le 18 septembre 2015 après le coup d'État du 16-17 septembre puis
réintégré après que l'ordre démocratique soit de retour au cours du même mois.
17
D'après l’article 3 de l’Acte constitutif de l’Union africaine, les objectifs de l’Union sont les suivants:
(a) réaliser une plus grande unité et solidarité entre les pays africains et entre les peuples d’Afrique;
(b) défendre la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de ses États membres;

39
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Le règlement pacifique des conflits se retrouve en particulier au centre des préoccupations. En


2004, un Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) est créé. Cette nouvelle institution clé peut, sur
autorisation de la conférence des chefs d’Etat, ordonner des interventions militaires dans des
circonstances graves (crimes de guerre, génocide, crimes contre l’humanité). C’est le principe
de « non-indifférence » qui rompt avec le principe de non-ingérence inscrit dans la charte de
l’OUA.

Ainsi, la vision de l'Union africaine était de «bâtir une Afrique intégrée, prospère et en paix,
dirigée par ses citoyens et constituant une force dynamique sur la scène mondiale». Il s’agit
d’aller plus vite sur le chemin de l’unité. Il s’agit aussi d’un changement de perspective avec

(c) accélérer l’intégration politique et socio-économique du continent;


(d) promouvoir et défendre les positions africaines communes sur les questions d’intérêt pour le continent et ses
peuples;
(e) favoriser la coopération internationale, en tenant dûment compte de la
Charte des Nations Unies et de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme;
(f) promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent;
(g) promouvoir les principes et les institutions démocratiques, la participation populaire et la bonne gouvernance;
(h) promouvoir et protéger les droits de l’homme et des peuples conformément à la Charte Africaine des Droits
de l’Homme et des Peuples et aux autres instruments pertinents relatifs aux droits de l’homme;
(i) créer les conditions appropriées permettant au continent de jouer le rôle qui est le sien dans l’économie
mondiale et dans les négociations internationales;
(j) promouvoir le développement durable aux plans économique, social et culturel, ainsi que l’intégration des
économies africaines;
(k) promouvoir la coopération et le développement dans tous les domaines de l’activité humaine en vue de
relever le niveau de vie des peuples africains;
(l) coordonner et harmoniser les politiques entre les communautés économiques régionales existantes et futures
en vue de la réalisation graduelle des objectifs de l’Union;
(m) accélérer le développement du continent par la promotion de la recherche dans tous les domaines, en
particulier en science et en technologie;
(n) œuvrer de concert avec les partenaires internationaux pertinents en vue de l’éradication des maladies
évitables et de la promotion de la santé sur le continent; http://www.africa-union.org
18
D'après l’article 4 de l’Acte constitutif de l’U.A, l’Union Africaine fonctionne conformément aux principes
suivants:
(a) Égalité souveraine et interdépendance de tous les États membres de l’Union;
(b) Respect des frontières existant au moment de l’accession à l’indépendance;
(c) Participation des peuples africains aux activités de l’Union;
(d) Mise en place d’une politique de défense commune pour le continent africain;
(e) Règlement pacifique des conflits entre les États membres de l’Union par les moyens appropriés qui peuvent
être décidés par la Conférence de l’Union;
(f) Interdiction de recourir ou de menacer de recourir à l’usage de la force entre les États membres de l’Union;
(g) Non-ingérence d’un État membre dans les affaires intérieures d’un autre État membre;
(h) Le droit de l’Union d’intervenir dans un État membre sur décision de la
Conférence, dans certaines circonstances graves, à savoir: les crimes de guerre, le génocide et les crimes contre
l’humanité;
(i) Coexistence pacifique entre les États membres de l’Union et leur droit de vivre dans la paix et la sécurité;
(j) Droit des États membres de solliciter l’intervention de l’Union pour restaurer la paix et la sécurité;
(k) Promotion de l’auto dépendance collective, dans le cadre de l’Union;
(l) Promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes;
(m) Respect des principes démocratiques, des droits de l’homme, de l’état de droit et de la bonne gouvernance;
(n) Promotion de la justice sociale pour assurer le développement économique équilibré;
(o) Respect du caractère sacro-saint de la vie humaine et condamnation et rejet de l’impunité, des assassinats
politiques, des actes de terrorisme et des activités subversives;
(p) Condamnation et rejet des changements anticonstitutionnels de gouvernement; http://www.africa-union.org

40
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

la définition de politiques communes dans des domaines prioritaires: défense, paix et sécurité
continentale, intégration des économies africaines, libre circulation des personnes, des biens
et des capitaux, sécurité alimentaire, lutte contre la pauvreté, développement, commerce,
environnement, lutte contre les pandémies. Le règlement pacifique des conflits se retrouve en
particulier au centre des préoccupations19.

Dans ce sens, le professeur Blaise Tchikaya écrit: " Rien ne préparait l’Afrique à
l’émergence d’une organisation internationale aussi sophistiquée, comme peut l’être
aujourd’hui l’Union africaine (UA). L’existence de cette organisation continentale relève,
sous sa forme actuelle, de l’inattendu. Elle porte en elle deux versants contradictoires :
d’une part, l’échec de la dépendance handicapante à l’Occident dont elle est héritière
historique des méthodes de travail, et d’autre part, elle constitue la réussite d’une
certaine volonté constructive africaine, nonobstant les acculturations sociales
successives"20.

Néanmoins, l'UA naît handicapée par les mêmes clivages entre partisans et adversaires d'un
véritable fédéralisme qui ont constamment accompagné l'OUA.

"Sans doute conscients des difficultés à venir, deux leaders africains parmi les plus
importants du moment - le Sénégalais Wade et le Sud-africain Mbeki - ont décidé de mettre en
commun leurs plans respectifs, Omega et MAP, qui visent à lancer le redémarrage politique
et économique du continent africain. Ce mariage de raison est intervenu à Pretoria : il
s'appelle Initiative africaine (IA) et devrait voir le jour officiellement à l'issue du sommet de
l'OUA de Lusaka. «Par ce programme les dirigeants africains s'engagent envers le peuple
africain et le monde à œuvrer ensemble pour reconstruire le continent, lit-on dans son
préambule. L'Afrique reconnaît qu'elle détient la clef de son propre développement». Cette
initiative identifie clairement quatre «priorités immédiates» : les maladies transmissibles
(Sida, paludisme, tuberculose), les technologies de l'information, la réduction de la dette et
l'accès aux marchés"21.

19
Voir " De l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) à l’Union Africaine (UA) : 50 ans de marche vers l’unité
africaine", publié le 28 mai 2013, http://www.africa-eu-partnership.org/fr/newsroom/all-news/de-lorganisation-
de-lunite-africaine-oua-lunion-africaine-ua-50-ans-de-marche-vers
20
TCHIKAYA (Blaise), Le droit de l’Union africaine, Ed. Berger Levraut, 2014, page 13.
21
COMARIN (E.), "Union africaine: De l’OUA à l’UA", op. cit.

41
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Contrairement au projet fédéraliste voulu, au départ, par l'ancien chef d'Etat libyen Muammar
Gaddafi22, l'Union africaine ne fut pas un projet d'intégration. Selon Christophe Champin "
Par ailleurs, si cette dernière s'apparente à l'Union européenne, il n'est question ni de banque
centrale, ni d'union monétaire, et le parlement envisagé n'aura finalement qu'un rôle
consultatif auprès des parlements nationaux"23.

Dans son évaluation de cette institution, Alain Fogue Tedom constate un fossé important entre
les objectifs et les principes démocratiques de l’UA et la conviction, mesurable par des
pratiques et actes, de la majorité de ses Etats membres. En effet, il souligne ce qui suit: " En
chargeant des Etats membres, dont les systèmes politiques sont contraires à ses valeurs,
d’assurer la prévention des conflits par la mise en branle de la police démocratique qu’aurait
dû être le CPS, l’UA ne donne pas des gages de crédibilité sur sa détermination à impulser la
renaissance politique"24. Il poursuit: " L’absence de volonté politique de l’UA à faire
respecter ses valeurs, plus de dix après son entrée en fonction, conforte la thèse selon laquelle
les dirigeants africains ont arrêté des objectifs et des principes démocratiques qu’ils se
savaient incapables de tenir"25.

Outre l'absence de volonté politique, l'UA a aussi un grand problème de moyens et de


budget26. En effet, l’Union n’a pas les moyens de ses ambitions : ses ressources financières27

22
Dans le cadre de son grand retour africain, par lequel il sort de son isolement et se construit une nouvelle
image de sage au service de la paix, Gaddafi a réuni chez lui, pas moins de 43 chefs d'Etat et de gouvernement
du continent. Sa grande idée était de mettre en place en 2000 une Union africaine, une sorte de fédération
structurée des Etats africains, qui remplace l'OUA et sa charte. Il veut l'union et l'intégration tout de suite.
D'une manière générale, on adhère à l'idée qu'une union plus forte est nécessaire, on est d'accord sur quelques
objectifs généraux à long terme. Mais on reste prudent face à l'ardeur de Kadhafi qui martèle : "il est temps
d'aller de l'avant (à) nous ne devons pas perdre de temps". La "Déclaration de Syrte" promet qu'un projet sera
élaboré et discuté à Lomé en juillet 2000.
23
CHAMPIN (Ch.), " Union africaine: Compromis sur l'Union africaine", article publié le 12/07/2000,
http://www1.rfi.fr/actufr/articles/007/article_5867.asp
24
FOGUE TEDOM (A.), " UA et crise libyenne Des incohérences stratégiques et diplomatiques de l’Union
Africaine (UA) à la question de la crédibilité du projet de la renaissance africaine", article publié le 3 juin 2012,
http://www.diploweb.com/UA-et-crise-libyenne.html
25
Idem. op. cit.
26
Le budget de l’UA est alimenté par les contributions des États membres et des bailleurs de fonds. A propos du
budget et du barème des contributions, voir Guide de l'Union africaine 2016, Publié conjointement par la
Commission de l’Union africaine et le ministère des Affaires étrangères et du Commerce extérieur de Nouvelle-
Zélande, 3e édition 2016, https://www.mfat.govt.nz/assets/_securedfiles/Handbooks/AUHB-2016-French-PDF-
FINAL-January-2016.pdf, pp. 179-183.
27
L’Union africaine a un budget qui dépasse les 700 millions d’euros pour l’exercice 2016-2017. Dans son
budget-programme, ce sont les donateurs qui abondent, au titre de l’aide au développement, les comptes de
l’organisation. Ces sommes sont considérables mais elles demeurent insuffisantes. L’Union s’est mise en quête
de sources alternatives de financement pour ses activités, notamment par le biais de taxes ciblées.
93 % des financements viennent de l’Occident d’après le Président du Conseil économique social et culturel
(ECOSOCC) http://www.camer.be/40611/12:1/afrique-union-africaine-93-de-financement-proviennent-de-
loccident-.html
Par ailleurs, les chefs d'Etat africains réunis en sommet à Kigali, au Rwanda, en juillet 2016, ont adopté le

42
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

sont insuffisantes, ses moyens humains sont inadaptés et mal gérés, ses capacités techniques
et administratives sont trop faibles.

S'y ajoute aussi une guerre de positionnement entre quelques pays africains qui ont un poids
non négligeable en Afrique (notamment l'Afrique du Sud, le Nigéria et l'Algérie), une lutte
d'influence et d'intérêts évoquée Jean-Karim Fall, dans son article, comme suit: "aux blessures
non cicatrisées du passé s’ajoute aujourd’hui une sourde lutte d’influence entre les États qui
aspirent à jouer les premiers rôles sur la scène diplomatique"28.

Dans ce sens, Albert Bourgi écrit: " la rupture tant annoncée avec les égarements de l’OUA
se heurte une nouvelle fois aux réalités d’une Afrique toujours repliée sur le dogme de la
souveraineté étatique et confrontée à des difficultés, notamment financières, qui risquent de
renvoyer à un avenir plus lointain le vaste chantier des politiques communes"29.

principe d'une taxe sur les importations pour financer l'Union africaine. Actuellement, le budget de l'organisation
panafricaine dépend pour l'essentiel d'aides extérieures. Cette nouvelle taxe de 0,2% doit s'appliquer à toutes les
importations des 54 Etats de l'Union africaine, à l'exception de certains biens de première nécessité, dont la liste
reste cependant à être précisée. Si elle est appliquée, elle devrait rapporter 1,1 milliard d'euros par an, de quoi
financer cette organisation de manière sûre et régulière.
Pour l'instant, le budget de l'Union africaine – 707 millions d'euros prévus pour l'exercice 2016-2017, hors
opérations de maintien de la paix – repose à 73 % sur l'apport des donateurs étrangers : Union européenne, Etats-
Unis, Chine et Banque mondiale. La dépendance financière de l'organisation africaine à ces financements
extérieurs est d'ailleurs souvent dénoncée.
Le reste du budget est théoriquement à la charge des Etats membres, mais les retards et les défauts de paiement
entravent le bon fonctionnement de l'organisation (voir les différents rapports sur les contributions soumis au
Conseil Exécutif de l'UA à l’occasion de ses sessions ordinaires). D'où l'idée de cette taxe sur les importations
qui ne porterait pas sur certains produits de première nécessité. http://www.rfi.fr/afrique/20160718-sommet-
union-africaine-kigali-adopte-principe-taxe-importations-financement
28
FALL (J-K), "Cinquante ans après sa création, l’Union africaine se cherche toujours", article publié le
25/05/2013 ; http://www.france24.com/fr/20130525-cinquante-ans-apres-creation-union-africaine-cherche-
toujours

29
BOURGI (A.), « L'Union Africaine entre les textes et la réalité », in AFR, Paris, vol 5, 2005

43
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

PARTIE 3.

PRESENTATION DES ORGANES DE L’UA

A. Présentation des organes politiques de l’UA (Parlement, Conférence, Commission,


Conseil exécutif, COREP)

L'Union africaine se compose de plusieurs institutions30 et organes politiques. En effet,


l'article 5 de l'Acte constitutif de l'UA relatif aux organes de l'Union 31, dispose ce qui suit:

" Les organes de l’Union sont les suivants :

 (a) La Conférence de l’Union


 (b) Le Conseil exécutif ;
 (c) Le Parlement panafricain ;
 (d) La Cour de justice ;
 (e) La Commission;
 (f) Le Comité des représentants permanents ;
 (g) Les Comités techniques spécialisés;
 (h) Le Conseil économique, social et culturel;
 (i)Les institutions financières.

30
Le liste complète des organes de l'UA se compose de:
– la Conférence des chefs d’État et de gouvernement ;
– la présidence de l’Union africaine ;
– le Conseil exécutif des ministres ;
– le Comité des représentants permanents ;
– la Commission de l’Union africaine ;
– le Conseil de paix et de sécurité ;
– le Parlement panafricain ;
– la Commission de l’Union africaine pour le droit international ;
– la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples ;
– la Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples (future Cour de justice africaine, des droits de
l’Homme et des Peuples) ;
– le Comité d’experts sur les droits et le bien-être de l’Enfant ;
– le Conseil économique, social et culturel (ECOSOCC) ;
– le Conseil consultatif contre la corruption ;
– le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) ;
– le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) ;
– les Comités techniques spécialisés ;
– les institutions financières ;
– les communautés économiques régionales.
31
La plupart des organes de l’Union africaine sont établis en vertu des dispositions de l'article 5 de l’Acte
constitutif de l’UA. Certains sont mis en place par des protocoles à l’Acte constitutif ou au Traité
d’Abuja établissant une communauté économique pour l’Afrique, des traités non intégrés ou d’autres
sources juridiques.

44
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

2. La Conférence peut décider de créer d’autres organes".

Dans ce chapitre, nous allons passer en revue seulement les organes politiques, notamment les
organes suivants: la Conférence de l'Union (1), le Conseil exécutif (2), le Comité des
représentants permanents (3), la Commission (4) et le Parlement panafricain (5).

1- La Conférence des chefs d’État et de gouvernement:

La Conférence est l’organe politique et décisionnel suprême de l’UA. Elle réunit tous les
chefs d’État et de gouvernement des États membres. Elle définit les politiques de l’UA, fixe
ses priorités, adopte son programme annuel et assure le contrôle de la mise en œuvre de ses
politiques et décisions.

En outre, la Conférence :
• élit le président et le vice-président de la Commission de l’UA ;
• nomme les commissaires de la Commission et détermine leurs fonctions et leurs mandats ;
• accepte l’adhésion de nouveaux membres ;
• adopte le budget de l’UA ;
• prend des décisions sur les questions majeures concernant l’UA ;
• amende l’Acte constitutif conformément aux procédures établies ;
• interprète l’Acte constitutif, prérogative qui incombera à la Cour africaine de justice et des
droits de l’homme dès sa prise de fonction ;
• approuve la structure, les attributions et les règlements de la Commission ;
• détermine la structure, les attributions, les pouvoirs, la composition et l’organisation du
Conseil exécutif.
La Conférence peut créer tout comité, groupe de travail ou commission qu’elle juge
nécessaire. Elle peut également déléguer ses pouvoirs et fonctions à tout autre organe de
l’Union africaine, le cas échéant.
Pour les questions de paix et de sécurité, la Conférence a délégué sa compétence au Conseil
de paix et de sécurité (CPS) lorsque celui-ci est devenu opérationnel en 2004. Créé en 2003,
le Conseil est l’organe permanent pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits
(Protocole sur les amendements à l’Acte constitutif, article 9).

45
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Les dispositions régissant la composition 32, les attributions et les pouvoirs 33, le vote et les
procédures34 de la Conférence sont énumérées dans les articles 6 et 9 de l’Acte constitutif de
l'UA et du Protocole sur les amendements à l’Acte constitutif.
La section 1, article 4 du règlement intérieur de la Conférence, tel que modifié en 2007,
énumère et décrit plus en détail les fonctions et attributions de la Conférence35.

32
L'article 6 de l'Acte constitutif relatif à la Conférence dispose que:

"1. La Conférence est composée des Chefs d’Etat et de Gouvernement ou de leurs représentants dûment
accrédités.

2. La Conférence est l’organe suprême de l’Union.

3. La Conférence se réunit au moins une fois par an en session ordinaire. A la demande d’un Etat membre et sur
approbation des deux tiers des Etats membres, elle se réunit en session extraordinaire.

4. La présidence de la Conférence est assurée pendant un an par un chef d’Etat et de Gouvernement élu, après
consultations entre les Etats membres".

33
Selon l'article 9 de l'Acte constitutif relatif à la Conférence relatif aux "Pouvoirs et attributions de la
Conférence":
"1. Les pouvoirs et attributions de la Conférence sont les suivants :
a. (a) Définir les politiques communes de l’Union ;
b. (b) Recevoir, examiner et prendre des décisions sur les rapports et les recommandations des autres
organes de l’Union et prendre des décisions à ce sujet ;
c. (c) Examiner les demandes d’adhésion à l’Union ;
d. (d) Créer tout organe de l’Union ;
e. (e) Assurer le contrôle de la mise en œuvre des politiques et décisions de l’Union, et veiller à leur
application par tous les Etats membres ;
f. (f) Adopter le budget de l’Union;
g. (g) Donner des directives au Conseil exécutif sur la gestion des conflits, des situations de guerre et
autres situations d’urgence ainsi que sur la restauration de la paix;
h. (h) Nommer et mettre fin aux fonctions des juges de la Cour de justice ;
i. (i) Nommer le Président, le ou les vice-présidents et les Commissaires de la Commission, et déterminer
leurs fonctions et leurs mandats.
2. La Conférence peut déléguer certains de ses pouvoirs et attributions à l’un ou l’autre des organes de
l’Union".

34
Selon l'Article 7 de l'Acte constitutif relatif aux décisions de la Conférence:

"1. La Conférence prend ses décisions par consensus ou, à défaut, à la majorité des deux tiers des Etats
membres de l’Union. Toutefois, les décisions de procédure, y compris pour déterminer si une question est de
procédure ou non, sont prises à la majorité simple.

2. Le quorum est constitué des deux tiers des Etats membres de l’Union pour toute session de la Conférence".

35
Selon cet Article 4 (Pouvoirs et attributions):
"La Conférence:
a) définit les politiques communes de l'Union, fixe ses priorités et adopte son programme annuel;
b) assure le contrôle de la mise en œuvre des politiques et décisions de l'Union, et veille à leur application par
tous les Etats membres, à travers des mécanismes appropriés;
c) accélère l'intégration politique et socioéconomique du continent, etc.'

46
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

- Sessions ordinaires et extraordinaires


Selon l’article 6 de l’Acte constitutif, la Conférence se réunit en session ordinaire au moins
une fois par an36. Les sessions sont habituellement organisées en janvier et en juin ou juillet.
Les sessions de janvier se tiennent généralement à Addis-Abeba au siège de l’UA, tandis que
celles de juin ou juillet peuvent être organisées par un État membre qui en fait la demande 37.
Dans ce dernier cas, et au cas où la Conférence se tient dans un Etat membre sur invitation de
ce dernier, l'Etat membre concerné prend en charge toutes les dépenses supplémentaires
encourues par la Commission, du fait que la session se tient en dehors du siège 38.
L’article 6 de l'Acte constitutif prévoit également que la Conférence peut se réunir en session
extraordinaire à la demande d’un État membre, sous réserve de l’accord de la majorité des
deux tiers des États membres39.
Après la réforme de 2017, la Conférence se réunit une seule fois par an en session ordinaire.
- Président et Bureau de la Conférence
Le président de la Conférence est un chef d’État ou de gouvernement élu par ses pairs lors de
la session de janvier pour un mandat renouvelable d’un an40. Le Protocole de 2003 sur les
amendements à l’Acte constitutif prévoit que le président est assisté par un bureau choisi par
la Conférence (article 6, alinéa 6) pour un mandat d’un an allant de janvier à janvier. Le
règlement intérieur de la Conférence, tel que modifié en 2007, prévoit que le Bureau est
composé de trois vice-présidents et d’un rapporteur. Ces derniers sont élus par la Conférence
lors de l’élection du président. Ils sont tous élus sur la base du principe de la rotation
interrégionale et après consultation. Entre les sessions, le président de l’UA représente la
Conférence dans les fora mondiaux41.
La composition des bureaux du Conseil exécutif et du Comité des représentants permanents
reflète celle du Bureau de la Conférence.

- Sanctions décidées par la Conférence à l'égard des Etats membres:

Une question d'une importance primordiale mérite notre attention, à la lecture de l'article 23
de l'Acte constitutif de l'Union africaine, combiné à la section 5 (articles de 35 à 37) du
règlement intérieur de la conférence. Il s'agit de la question des sanctions.

36
Lors du Sommet de 2004, la Conférence a décidé de tenir deux sessions ordinaires par an
(Assembly/AU/Dec.53[III]), alors qu'elle ne se réunissait qu'une seule fois par an auparavant.
37
Selon l'article 5 paragraphe 1 du règlement intérieur de la Conférence de l'Union.
38
Selon l'article 5 paragraphe 2 du règlement intérieur de la Conférence de l'Union.
39
Selon l'article 11 du règlement intérieur de la Conférence de l'Union.
40
Selon l’article 6, alinéas 4 et 5 de l’Acte constitutif, tel que modifié en 2003.
41
Article 15 du règlement intérieur de la Conférence.

47
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

En effet, les sanctions sont de trois natures, soit consécutives à des arriérés non payés par un
Etat membre, soit pour non-respect des décisions et des politiques de l'Union, soit pour
changement anticonstitutionnel de gouvernent.

Chacun de ces trois cas a été minutieusement abordé par le règlement intérieur de la
Conférence et graduellement évoqué, en fonction de la nature de l’infraction ou de l’acte
fautif constituant un cas de non-respect des décisions et des politiques de l’UA.

Ainsi et pour ce qui est du premier cas, à savoir les arriérés non payés par un Etat membre, il
faut dire que parmi les sujets qui reviennent sans cesse à l’ordre du jour de la Conférence
des ministres et de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement, figure le problème
du versement effectif des contributions par les États membres. Des rappels sont faits
chaque année aux États ne l’ayant pas versée. Les États membres non cotisants se voient
privés de leur droit de vote et du droit au recrutement à l’organisation. Dans ce sens, nous
appuyons l’idée exprimée par Pr. Blaise Tchikaya, selon laquelle, « si les États veulent
conserver leur autonomie interne et externe, ils devraient se hâter à assainir et pour- voir
financièrement l’organisation continentale, qui est l’ultime moyen d’influence
internationale. Il revient à la Conférence, avec l’appui de son Conseil exécutif, de
prendre position et d’adopter les dispositions nécessaires afin que cette question financière
évolue »42.

En tout cas, et concernant les sanctions pour les arriérés, l’article 35 du règlement intérieur de
la Conférence dispose que :

« - lorsque le montant des arriérés s’élève à deux ans des contributions dues et est inférieur à
cinq ans, est appliquée la suspension du droit de l’État membre de prendre la parole, de
voter, de recevoir les documents des réunions de l’Union, d’offrir d’abriter les sessions de
la Conférence ou du Conseil exécutif ou de toute autre réunion de l’Union et de présenter un
candidat à une fonction ou un poste au sein de l’Union ;

– lorsque le montant des arriérés s’élève à cinq ans et plus des contributions dues, en plus
des sanctions visées au paragraphe 2a de l’article 35, l’État membre n’a pas le droit de faire
renouveler les contrats d’emploi de ses nationaux et de bénéficier des fonds de l’Union pour
de nouveaux projets dans l’État membre concerné.

42
Idem. op. cit. page 73.

48
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Lorsqu’un État membre est frappé de sanctions pour le non-paiement de ses contributions,
ces sanctions peuvent être levées temporairement si l’État membre paye au moins 50 %
de ses arriérés de contributions, à condition que ce paiement soit effectué au moins
trente jours avant le début de la session du Conseil exécutif précédant celle de la
Conférence ».

Pour ce qui est du deuxième cas, à savoir le non-respect des décisions et des politiques de
l'Union, l’article 36 du règlement intérieur de la Conférence dispose que :

« La Conférence approuve, sur recommandation du Conseil exécutif, les impositions de


sanctions conformément à l’article 23, alinéa 2 de l’Acte constitutif, à l’encontre d’un
État membre qui, sans une cause valable et raisonnable, ne respecte pas les décisions
et les politiques de l’Union. Les sanctions peuvent comprendre le déni des liaisons de
transport et de communication avec les autres États membres et autres mesures à
caractère politique et économique à déterminer par la Conférence.

Lorsqu’elle prend une décision à cet effet, la Conférence donne à l’Etat membre
concerné un délai pour respecter les décisions et politiques et indique le moment où, à
défaut du respect de cette décision, le régime des sanctions prévues à l’article 23,
alinéa 2 de l’Acte constitutif sera mis en œuvre. Les Etats membres sous sanction peuvent
exposer leurs situations à la Conférence ».

Enfin et pour ce qui du troisième cas, à savoir le changement anticonstitutionnel de


gouvernent43, la sanction spécifique à l’accession anticonstitutionnelle au pouvoir est la
suspension44. En effet, l’article 30 de l’Acte constitutif de l’UA est clair : « Les
gouvernements qui accèdent au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels ne sont pas
admis à participer aux activités de l’Union ».

Il est à rappeler que nulle autre organisation ne possède de telles dispositions


institutionnelles. En elle-même, la suspension constitue une sanction à l’exercice des droits
souverains de l’État dont le mode de changement de gouvernement a été jugé non conforme

43
La liste des situations considérées comme des « changements anticonstitutionnels » est énoncée à l’article 37
du règlement intérieur de la Conférence de l’Union.
44
La décision de ce type la plus récente a eu lieu le 5 juillet 2013, quand l’Union africaine et le Conseil de paix
et de sécurité ont suspendu l’Égypte jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel.

49
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

au droit de l’Union africaine et aux dispositions pertinentes qui s’y appliquent. L’article 37 du
règlement intérieur de la Conférence de l’Union précise aussi, dans son paragraphe 5, que :

« La Conférence applique immédiatement les sanctions à l’encontre du régime qui refuse de


restaurer l’ordre constitutionnel ; ces sanctions sont, entre autres, les suivantes :

Refus de visas pour les auteurs du changement anticonstitutionnel ;

Restriction des contrats du gouvernement avec les autres gouvernements ;

Restrictions commerciales ;

Les sanctions prévues dans l’article 23 (2) de l’Acte constitutif et dans le règlement intérieur ;

Toute sanction supplémentaire que pourrait recommander le CPS ».

2- Le Conseil exécutif :

Le Conseil exécutif45 assure la coordination et décide des politiques dans les domaines
d’intérêt commun pour les États membres46. Il est responsable devant la Conférence47. Il
examine les questions dont il est saisi et suit la mise en œuvre des politiques arrêtées par la
Conférence. Le Conseil exécutif réunit les ministres des Affaires étrangères ou tout autre
ministre ou autorité désigné par le gouvernement des États membres.

45
Le Conseil exécutif de l’UA a succédé au Conseil des ministres de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA).
46
Selon l'article 13 de l'Acte constitutif de l'UA et qui précise les domaines d'attribution du Conseil exécutif,
notamment les domaines suivants:
(a) Commerce extérieur;
(b) Énergie, industrie et ressources minérales;
(c) Alimentation, agriculture, ressources animales, élevage et forêts;
(d) Ressources en eau et irrigation;
(e) Protection de l’environnement, action humanitaire et réaction et secours en cas de catastrophe;
(f) Transport et communication;
(g) Assurances;
(h) Éducation, culture et santé et mise en valeur des ressources humaines;
(i) Science et technologie;
(j) Nationalité, résidence des ressortissants étrangers et questions d’immigration;
(k) Sécurité sociale et élaboration de politiques de protection de la mère et de l’enfant, ainsi que de politiques en
faveur des personnes handicapées;
(l) Institution d’un système de médailles et de prix africains.
47
Selon l'article 2 du règlement intérieur du Conseil exécutif, mais aussi l'article 13 paragraphe 2 de l'Acte
constitutif de l'UA qui dispose que: "2. Le Conseil exécutif est responsable devant la Conférence. Il se réunit
pour examiner les questions dont il est saisi et contrôler la mise en œuvre des politiques arrêtées par la
Conférence".

50
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Composé des ministres des Affaires étrangères ou de tous autres ministres ou autorités
désignées par leurs gouvernements respectifs48, le Conseil exécutif est le second organe prévu
par l'Acte constitutif de l'Union africaine.

En outre, l'article 13 paragraphe 2 de l'Acte constitutif stipule également que « le Conseil


exécutif est responsable devant la Conférence, il se réunit pour examiner les questions dont il
est saisi et pour contrôler la mise en œuvre des politiques arrêtées par la Conférence".

- Sessions ordinaires et extraordinaires du Conseil exécutif

Le Règlement intérieur, dans son article 8, précise que le Conseil se réunit deux fois par an,
en session ordinaire (en février et juillet), au même lieu que celles de la Conférence 49 (c'est-à-
dire les sessions de janvier se tiennent au siège de l'Union et celles de juillet soit au siège de
l'Union soit chez l'Etat membre qui invite la Conférence à se réunir dans son pays - et dans ce
dernier l'Etat hôte prend en charge toutes les dépenses supplémentaires engagées par la
Commission du fait de la tenue de la réunion hors du siège 50-).

Cet article 8 ajoute que "Le Conseil exécutif examine le Programme et le budget de l'exercice
biennal suivant au cours de sa session précédant la session de juillet de la Conférence".

Les sessions extraordinaires, sont aussi prévues par l'article 12 du Règlement intérieur du
Conseil exécutif. Dans ce cas, « le Conseil se réunit à la demande du Président, de tout Etat
membre ou du Président de la Commission en consultation avec le Président de la
Conférence».

- Les compétences du Conseil exécutif

L'article 5 du Règlement intérieur du Conseil exécutif détermine les pouvoirs et attributions


du Conseil exécutif. Il s'agit notamment de :

 préparer les sessions de la Conférence ;


 déterminer les questions à soumettre à la conférence, pour décision;
 coordonner et harmoniser les politiques, les activités et les initiatives de l'Union dans
les domaines d'intérêt commun pour les Etats membres ;

48
Selon l'article 3 du règlement intérieur du Conseil exécutif.
49
Selon l'article 6 paragraphe 1 du règlement intérieur du Conseil exécutif.
50
Selon l'article 6 paragraphe 2 du règlement intérieur du Conseil exécutif.

51
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

 suivre la mise en œuvre des politiques, décisions et accords adoptés par la Conférence;
 élire les commissaires, les membres de la Commission africaine des droits de
l’Homme et des Peuples et du Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être
de l’enfant et soumettre leurs noms à la Conférence pour entérinement;
 prendre les décisions appropriées en ce qui concerne les questions qui lui sont
soumises par la Conférence;
 assurer la promotion de la coopération et la coordination avec les autres
institutions africaines et la Commission économique des Nations unies pour
l’Afrique (CEA) ;
 - déterminer les politiques de coopération entre l’Union et les partenaires de
l’Afrique et de s’assurer que toutes les activités et initiatives concernant l’Afrique
restent en conformité avec les objectifs de l’Union africaine ;
 décider des dates et lieux de ses sessions sur la base des critères adoptés par la
Conférence;
 élire son président et les autres membres de son bureau ;
 créer des comités ad hoc et les groupes de travail qu’il juge nécessaires;
 recevoir et examiner les rapports des autres organes de l’Union ;
 examiner les rapports, décisions, projets et programmes des Comités ;
 approuver les accords de siège pour l’Union, les autres organes et les bureaux de
représentation de l’Union ;
 examiner les structures, les attributions et les statuts de la Commission, et faire des
recommandations à la Conférence ;
 déterminer les conditions de service, y compris les salaires, les indemnités et la
pension du personnel de l’Union africaine ;
 assurer la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes dans tous les
programmes de l’Union ;
 déléguer des pouvoirs et des attributions aux Comités techniques spécialisés
 confier des tâches à la Commission ;
 donner des instructions au COREP.

A la lumière de cet article, le Conseil exécutif donne l'impression qu'il est un organe à la fois
de décision, d’impulsion et de coopération des activités de l’Union. Mais la nature
institutionnelle du Conseil exécutif n’empêche pas que des domaines qui relèvent de la

52
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

compétence de la Conférence soient traités en profondeur par lui, si la Conférence le


souhaite. La Conférence pourrait ainsi voir son action coordonnée sous la forme de
décision des représentants des États membres réunis au sein du Conseil exécutif.

3- Le Comité des représentants permanents (COREP) :

Aux termes de l'article 21 de l'Acte constitutif de l'Union africaine: « Il est créé auprès de
l'Union, un Comité des représentants permanents composé de représentants permanents et
autres plénipotentiaires des Etats membres Le Comité des représentants permanents est
responsable de la préparation des travaux du Conseil exécutif et agit sur les instructions de
celui-ci. Il peut instituer tout sous-Comité ou groupe de travail qu’il juge nécessaire ».

Actuellement, il y a 11 sous-Comités qui ont été créés au sein du Comité des représentants
permanents51. Il conviendra de ne pas sous-estimer le rôle des sous-comités du COREP, car
ils produisent un travail décisif dans les choix ultimes de ce dernier.

L'article 2 de son Règlement intérieur dispose que : « le COREP est responsable devant le
Conseil exécutif ».

- Composition et structure du COREP

Le Comité des représentants permanents (COREP) réunit les représentants permanents


accrédités auprès de l’Union et autres plénipotentiaires dûment accrédités des États
membres52.

Tous les États membres de lʼUA sont membres du COREP.

51
Il s’agit des sous-comités suivants, certains sont des organes pléniers, ce qui signifie que tous les Etats de l’UA
en sont membres, d’autres sont composé de membres désignés sur la base d’une répartition géographique
équitable entre es 5 régions de l’Afrique.
1. Le Sous-comité consultatif sur les questions administratives, budgétaires et financières ;
2. Le Sous-comité sur les questions d’audit ;
3. Le Sous-comité sur les contributions ;
4. Le Sous-comité sur les questions économiques et commerciales ;
5. Le Sous-comité sur les accords de siège et les accords d’accueil des réunions ;
6. Le Sous-comité sur la coopération multilatérale et les partenariats stratégique ;
7. Le Sous-comité sur le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) ;
8. Le Sous-comité sur les programmes et les conférences ;
9. Le Sous-comité sur les réfugiés, les rapatriés et les personnes déplacées en Afrique ;
10. Le Sous-comité du Fonds spécial d’assistance d’urgence pour la sécheresse et la famine en Afrique ;
11. Le Sous-comité sur les structures.
52
Selon l’article 3 du règlement intérieur du COREP.

53
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Par ailleurs, à l’instar de la Conférence et du Conseil exécutif, le Bureau du COREP se


compose d’un président, de trois vice-présidents et d’un rapporteur. Les pays membres du
Bureau sont les mêmes États qui forment les bureaux de la Conférence et du Conseil exécutif.
Leur mandat est d’un an (en général de janvier à janvier). Outre les membres titulaires du
Bureau officiel, un bureau informel composé de 15 États membres a l’habitude de se réunir
pour soutenir les arrangements relatifs aux sessions de la Conférence.

Les régions forment au niveau du COREP, des groupes régionaux qui sont des cadres
informels de concertation, présidés par le représentant le plus ancien en poste en qualité de
« doyen ».

- Attributions du COREP

C'est le Règlement intérieur de cet organe, adopté par la première session ordinaire de la
Conférence de l'Union tenue à Durban, qui prend le relais pour déterminer sa compétence.

Le Comité des représentants permanents est chargé de la gestion des activités quotidiennes de
l’Union africaine (UA) au nom de la Conférence et du Conseil exécutif. Il rend compte au
Conseil exécutif, prépare les travaux du Conseil et agit sur ses instructions53.

L’article 4 du règlement intérieur du COREP précise que ses attributions et fonctions sont
notamment les suivantes :

 assumer la fonction d’organe consultatif auprès du Conseil exécutif de l’UA ;


 élaborer son propre règlement intérieur et le soumettre au Conseil exécutif ;
 préparer les réunions du Conseil exécutif, y compris l’ordre du jour et les projets de
décision ;
 faire des recommandations sur les domaines d’intérêt commun pour les États
membres, en particulier sur les questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil
exécutif ;
 faciliter la communication entre la Commission de l’UA et les capitales des États
membres ;

53
Selon l’article 21 de l’Acte constitutif de l’UA.

54
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

 examiner le budget et le programme de l’UA ainsi que les questions administratives,


budgétaires et financières de la Commission, et élaborer des recommandations au
Conseil exécutif ;
 examiner le rapport financier de la Commission et faire des recommandations au
Conseil exécutif ;
 examiner le rapport du Conseil des vérificateurs externes et soumettre des
observations écrites au Conseil exécutif ;
 suivre de près l’exécution du budget de l’UA ;
 proposer la composition des bureaux des organes de l’UA, des comités ad hoc et des
sous-comités ;
 examiner les questions relatives aux programmes et projets de l’UA, notamment les
questions relatives au développement socio-économique et à l’intégration du
continent, et faire des recommandations au Conseil exécutif ;
 suivre de près la mise en œuvre des politiques, des décisions et des accords adoptés
par le Conseil exécutif ;
 participer à la préparation du programme des activités de l’UA et du calendrier des
réunions ;
 examiner toute question que lui soumet le Conseil exécutif ;
 et effectuer toutes autres fonctions qui pourraient lui être confiées par le Conseil
exécutif.

L’article 4 dispose également que le COREP peut créer des Comités ad hoc et groupes de
travail temporaires qu’il juge nécessaires.

4- La Commission

Auparavant, il y avait le secrétariat de l'Organisation de l'unité africaine. La Commission de


l’Union africaine, crée en vertu de l’article 5 de la l’Acte constitutif de l’UA (Organes de
l’UA) vient donc remplacer le secrétariat général de l’OUA.

Elle est composée de dix personnes (un Président et un Vice-président et huit Commissaires)
et siège à Addis-Abeba en Éthiopie. Après la réforme de 2017, elle est composée 8 personnes
(Président, Vice-président et 6 Commissaires). De la même manière que son homologue
européenne, la Commission européenne, elle est l'autorité exécutive et dispose également d'un
pouvoir d’initiative.
55
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

- Attributions de la Commission de l’Union africaine

L’article 3 des statuts de la Commission définit ses fonctions spécifiques qui consistent
notamment à :

• représenter l’UA et défendre ses intérêts, sous l’autorité et sur mandat de la Conférence et
du Conseil exécutif ;

• élaborer des propositions pour examen par les organes de l’UA et mettre en œuvre les
décisions prises par ces organes ;

• être le dépositaire et le garant de l’Acte constitutif et des instruments juridiques de l’OUA/


UA ;

• être en contact permanent avec les organes de l’UA afin d’orienter, soutenir et contrôler
l’action de l’UA et d’en garantir la conformité avec les politiques, stratégies, programmes et
projets convenus ;

• fournir un soutien opérationnel à tous les organes de l’UA ;

• aider les États membres dans la mise en œuvre des programmes de l’UA ;

• élaborer les projets de positions communes de l’Union et coordonner les positions des États
membres dans les négociations internationales ;

• gérer le budget et les ressources de l’Union ;

• assurer l’élaboration, la promotion, la coordination et l’harmonisation des programmes et


politiques de l’Union avec ceux des communautés économiques régionales (CER) ;

• assurer l’intégration des questions de genre dans tous les programmes et activités de l’UA ;

• agir sur délégation de pouvoirs par la Conférence et le Conseil exécutif.

- Structure de la Commission de l’UA

56
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

La Commission est composée du Président, du vice-président, de huit commissaires et du


personnel54. La Conférence élit le président et le vice-président de la Commission. Le Conseil
exécutif élit les commissaires qui sont ensuite nommés par la Conférence. Ils sont élus pour
un mandat de quatre ans, renouvelable une fois55.

Au mois d’août 2015, l’ensemble des effectifs de la Commission était de 1743 employés (720
sous contrat permanent et 1023 sous contrat à durée déterminée), regroupant les personnels du
siège et des bureaux régionaux56.

- Le président de la Commission

Le président est le plus haut responsable de la Commission et son gestionnaire. Il est aussi le
représentant légal de l’Union et l’ordonnateur de la Commission 57. Il est directement
responsable devant le Conseil exécutif dans l’exercice de ses fonctions58.

- Le vice-président

Le vice-président59 assiste le président dans l’exercice de ses fonctions et est chargé de


l’administration et des finances pour garantir le bon fonctionnement de la Commission. Il
assure l’intérim du président en son absence60.

En cas d’empêchement, de décès ou d’incapacité temporaire ou permanente du Vice-


Président, le Président en consultation avec le Président de la Conférence, désigne un des
Commissaires pour assurer l’intérim, en attendant le retour du titulaire ou l’élection d’un
nouveau Vice-Président, selon le cas61.

- Les Commissaires

Les six Commissaires sont élus par le Conseil exécutif de l’UA et nommés par la Conférence
pour un mandat de quatre ans renouvelable une fois. Les régions d’origine du président et du
vice-président ont droit à un commissaire chacune. Les autres régions ont droit à deux

54
Selon l’article 20 de l’Acte constitutif et article 2 des statuts de la Commission.
55
Selon l’article 10 des statuts de la Commission.
56
Voir Guide l’Union africaine 2016, op. cit., page 72.
57
Selon l’article 7 paragraphe 1 des statuts de la Commission.
58
Selon l’article 7 paragraphe 2 des statuts de la Commission.
59
Notons qu’il n’y avait pas de poste de vice-président pendant la période de transition entre l’OUA et l’UA.
60
Selon l’article 9 paragraphe 1 des statuts de la Commission.
61
Selon l’article 9 paragraphe 2 des statuts de la Commission.

57
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

commissaires chacune. Sur les deux commissaires par région, au moins un doit être de sexe
féminin. Les commissaires sont élus par portefeuille à la majorité des deux tiers et par scrutin
à plusieurs tours si nécessaires. Leur nomination est annoncée au cours du sommet de la
Conférence après l’élection du Conseil exécutif.

Les élections et la durée du mandat sont régis par le règlement intérieur de la Conférence de
l’UA (chapitre II), le règlement intérieur du Conseil exécutif (chapitre II) et les statuts de la
Commission (articles 6 et 10). Le règlement intérieur du Conseil exécutif (chapitre II) définit
par ailleurs le processus de nomination et de sélection.

Les commissaires assistent le président dans la gestion de la Commission et sont responsables


de la mise en œuvre de l’ensemble des programmes, politiques et décisions qui relèvent des
portefeuilles dont ils ont chacun la charge 62. Les statuts de la Commission (article 12)
énumèrent les huit portefeuilles63.

- Les Départements

1. Le Département Paix et Sécurité64

La mission du Département est de soutenir le Conseil de paix et de sécurité (CPS) dans


l’exercice de ses responsabilités en vertu du Protocole relatif à la création du CPS. Par
ailleurs, elle assiste la Commission dans ses activités en matière de paix, de sécurité et de
stabilité sur l’ensemble du continent.

Les principaux objectifs du Département sont les suivants : mettre en œuvre la Politique
africaine commune de défense et de sécurité (PACDS) ; concrétiser l’Architecture africaine
de paix et de sécurité (APSA) ; soutenir les efforts de prévention, gestion et règlement des
conflits ; promouvoir les programmes de prévention structurelle des conflits, notamment à
travers le Programme frontière de l’UA (PFUA) ; mettre en œuvre le Cadre d’action de l’UA
pour la reconstruction et le développement post-conflit (PCRD) ; assurer la coordination,
l’harmonisation et la promotion des programmes pour la paix et la sécurité en Afrique,
notamment en partenariat avec les communautés économiques régionales (CER), les

62
Selon l’article 11 des statuts de la Commission.
63
Selon l’article 12 des statuts de la Commission. Cet article dispose que les portefeuilles de la Commission sont
les suivants : paix et sécurité ; affaires politiques ; infrastructures et énergie ; affaires sociales ; commerce,
industrie, économie rurale et à l’agriculture, ressources humaines, sciences et technologie ; affaires économiques.
64
Voir http://www.peaceau.org/fr/

58
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

mécanismes régionaux de prévention, gestion et règlement des conflits, et les partenaires


internationaux.

Les divisions du Département sont les suivantes : la Division de la prévention des crises et de
l’alerte rapide ; la Division de la gestion des conflits et de la reconstruction post-conflit ; la
Division des opérations de soutien à la paix ; la Division de la défense et de la sécurité ; et le
secrétariat du CPS. Les fonctions de soutien du Département comprennent, entre autres, la
gestion des programmes, le financement de la paix et de la sécurité, la campagne Agissons
pour la paix, les communications, les partenariats et le service d’enregistrement.

Le Département supervise le Centre africain d’étude et de recherche sur le terrorisme.

2. Le Département des affaires politiques65

Le Département est responsable de la promotion de la bonne gouvernance, des principes


démocratiques, de l’état de droit, du respect des droits de l’homme, des questions
humanitaires et des situations de déplacement forcé ainsi que de la participation des
organisations de la société civile au développement de l’Afrique. Les principales fonctions du
Département comprennent la promotion des valeurs communes de l’UA ; la mise en œuvre
des instruments de l’UA sur la gouvernance, les élections, la démocratie et les affaires
humanitaires ; la coordination des missions d’observation de l’UA et de suivi des élections ;
l’apport d’un soutien technique aux organismes électoraux ; la coordination de la mise en
œuvre de l’architecture africaine de la gouvernance et de sa plate-forme ; et la mise en œuvre
de solutions durables aux crises humanitaires et politiques, y compris par le biais de la
diplomatie préventive.

Le Département dispose de deux divisions, à savoir : la Division de la démocratie, de la


gouvernance, des droits de l’homme et des élections ; et la Division des affaires humanitaires,
des réfugiés et des personnes déplacées.

3. Le Département des infrastructures et de l’énergie66

Le Département est chargé d’assurer le développement des ressources énergétiques et


d’infrastructures aux niveaux régional et continental. Parmi ses principales fonctions

65
Voir http://pa.au.int/fr/et www.au.int/en/pa
66
Voir http://ie.au.int/fr/et www.au.int/en/ie

59
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

figurent : la promotion, la coordination, la mise en œuvre et le suivi des programmes et des


politiques en matière de transports, d’énergie, de télécommunications et d’information en
collaboration avec les communautés économiques régionales (CER) et les institutions et
organismes spécialisés de l’UA ; la facilitation des initiatives du secteur privé en matière de
développement des infrastructures ; et le plaidoyer auprès des partenaires au développement
pour la mise en œuvre des programmes.

Le Département dispose de trois divisions : la Division de l’énergie ; la Division de la société


de l’information ; et la Division du transport et du tourisme.

4. Le Département des affaires sociales67

Le Département œuvre à la promotion du programme de l’UA concernant la santé, le travail


et le marché de l’emploi, les migrations, le développement social, la lutte contre la drogue, la
prévention du crime, les sports et la culture. Ses fonctions portent essentiellement sur la
contribution à la mise en œuvre des politiques des États membres en matière de travail, de
marché de l’emploi, de population, de santé et de migration ; l’élaboration de programmes et
de stratégies portant sur la lutte contre la drogue et d’autres questions ; et la promotion des
instruments de l’UA pour faire avancer les questions de société et de solidarité.

Le Département comprend six divisions : la Division de la santé, de la nutrition et de la


population ; la Division de la lutte contre le VIH / sida, le paludisme, la tuberculose et autres
maladies infectieuses ; la Division du travail, du marché de l’emploi et des migrations ; la
Division de la protection sociale, des groupes vulnérables et de la lutte contre la drogue ; la
Division des sports ; et la Division de la culture. Il abrite également le secrétariat du Comité
africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant (CAEDBE).

Le Département collabore également avec les quatre bureaux spécialisés suivants qu’il abrite :
l’Académie africaine des langues (ACALAN), le Centre d’études linguistiques et historiques
par tradition orale (CELHTO), l’Institut africain de transfert des fonds (AIR) et les centres
africains de contrôle et de prévention des maladies.

5. Le Département du commerce et de l’industrie 68

67
Voir http://sa.au.int/fr/ et www.au.int/en/sa
68
Voir http://ti.au.int/en et www.au.int/en/ti

60
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Le Département a pour mission de contribuer à la transformation du continent en un important


partenaire commercial concurrentiel de l’économie mondiale et à l’avènement d’un bloc
commercial intégré africain. À terme, l’objectif est de créer plus d’emplois, d’accroître la
richesse et de contribuer à un développement et une croissance durables.

Les principales fonctions du Département consistent à assurer l’élaboration, la mise en œuvre


et l’harmonisation des politiques commerciales et d’investissement aux fins de promotion du
commerce inter et intra-africain ; à veiller à l’élaboration de politiques en matière d’obstacles
tarifaires et non tarifaires, et de la libre circulation des hommes et femmes d’affaires ; à
collaborer avec les parties prenantes pertinentes, telles que les chambres de commerce, les
associations professionnelles, les exportateurs, les importateurs, les organisations non
gouvernementales et les communautés économiques régionales pour assurer l’équité du
commerce ; à fournir un soutien aux États membres de l’UA dans les négociations
commerciales internationales ; à recueillir, analyser et contrôler les données sur les tendances
commerciales à l’échelle mondiale et leur effet sur l’Afrique.

Le Département est également chargé de la mise en œuvre d’initiatives comme l’Accélération


de l’industrialisation de l’Afrique (AIDA) et la Vision africaine des mines (AMV), qui
favorisent la transparence, la responsabilité sociale et la conformité fiscale dans l’industrie
extractive. Par ailleurs, il assiste l’UA dans la promotion du commerce intra-africain et
promeut la création rapide de la zone de libre-échange continentale (ZLEC).

Le Département comprend trois divisions : la Division du commerce ; la Division de


l’industrie ; et la Division de la coopération douanière.

6. Le Département de l’économie rurale et de l’agriculture69

Le Département a pour mandat de stimuler le développement de l’économie rurale et la


productivité agricole des États membres de l’UA en favorisant l’adoption de mesures, de
stratégies, de politiques et de programmes agricoles. Il travaille en étroite collaboration avec
les CER et d’autres partenaires. Les principales fonctions du Département consistent à
élaborer des programmes qui garantissent la sécurité alimentaire ; à promouvoir des initiatives
au sein des communautés rurales ainsi que le transfert de technologies ; à coordonner les
efforts pour éliminer la pauvreté et lutter contre la désertification et la sécheresse ; à soutenir
69
Voir http://rea.au.int/en et www.au.int/en/rea

61
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

les petits producteurs ; à favoriser l’harmonisation des politiques et stratégies entre les
communautés économiques régionales (CER) ; et à étudier les problématiques du changement
climatique, de l’eau et de la gestion des systèmes d’assainissement.

Le Département comprend trois divisions : la Division de l’agriculture et de la sécurité


alimentaire ; la Division de l’environnement, du changement climatique, de l’eau, des terres et
des ressources naturelles ; et la Division de l’économie rurale. Le programme phare du
Département est le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine
(CAADP).

Le Département abrite également avec les bureaux suivants : le Conseil phytosanitaire


interafricain (CPI) ; le Bureau de coordination du projet de mise en valeur du Fouta Djallon ;
le Bureau interafricain des ressources animales (UA-BIRA) ; le Centre panafricain des
vaccins vétérinaires (PANVAC) ; et le Programme de recherche et de développement des
cultures céréalières en zone semi-aride (SAFGRAD).

7. Le Département des ressources humaines, de la science et de la technologie 70

Le Département est chargé d’assurer la coordination des programmes de mise en valeur des
ressources humaines de l’UA. Il a également pour mission de promouvoir les sciences et les
technologies.

Le Département encourage les États membres, et leur apporte à ce titre un soutien technique,
pour la mise en œuvre des politiques et programmes relevant de ses domaines. Les principales
fonctions du Département consistent à promouvoir la recherche et les publications dans les
domaines scientifiques et technologiques ; à promouvoir la coopération entre les États
membres dans les domaines de l’éducation et de la formation ; et à encourager la participation
des jeunes à l’intégration du continent.

Le Département comprend trois divisions : la Division de la mise en valeur des ressources


humaines et de la jeunesse ; la Division de l’éducation ; et la Division de la science et de la
technologie. Il collabore également avec la Commission scientifique, technique et de
recherche (CSTR), l’Observatoire africain pour la science, la technologie et l’innovation
(OASTI), l’Université panafricaine (UPA), l’Union panafricaine de la jeunesse, le Centre

70
Voir http://hrst.au.int/en et www.au.int/en/hrst

62
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

international pour l’éducation des filles et des femmes en Afrique (CIEFFA) et l’Institut
panafricain de l’éducation pour le développement (IPED) / l’Observatoire africain pour
l’éducation.

8. Le Département des affaires économiques71

Le Département a pour mandat d’engager et promouvoir des politiques et stratégies visant à


renforcer la coordination et la coopération régionales sur les initiatives d’intégration
économique. Il vise à favoriser le développement du secteur privé et les investissements, la
mobilisation des fonds de développement et l’accélération de la mise en place d’institutions
communes telles que la Banque centrale africaine, la Banque africaine d’investissement, le
Fonds monétaire africain (pour plus de détails, consulter le chapitre consacré aux institutions
financières) et la Bourse panafricaine des valeurs.

Le Département promeut la mise en place d’une union monétaire et d’un marché commun
africains, propose des solutions pour résoudre le problème de la dette de l’Afrique et offre un
cadre pour l’établissement de statistiques harmonisées. Il publie notamment L’ Annuaire
statistique de l’Afrique annuel et la Revue africaine de l’intégration et du développement. Il
organise également le Congrès des économistes africains ainsi que les réunions du Comité
technique spécialisé (CTS) sur les finances, les questions monétaires, la planification
économique et l’intégration.

Le Département compte quatre divisions : la Division de l’intégration économique et de la


coopération régionale ; la Division du développement du secteur privé, de l’investissement et
de la mobilisation des ressources ; la Division de la recherche et des politiques économiques ;
et la Division des statistiques.

Le Département appuie le projet de création de l’Institut de statistique de l’UA et le Centre


panafricain de formation en statistique.

5- Le Parlement panafricain

L’idée du Parlement panafricain remonte au Traité d’Abuja de 1991 appelant de ses vœux la
mise en place d’un parlement qui garantisse la pleine participation des peuples africains au

71
Voir http://ea.au.int/en et www.au.int/en/ea

63
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

développement économique et à l’intégration du continent. La Déclaration de Syrte (1999) a


réaffirmé l’appel à la création rapide de l’institution.

Le Protocole instituant le Parlement panafricain a été adopté le 2 mars 2001 lors du sommet
de l’OUA à Syrte en Libye et a pris effet le 14 décembre 2003. Le PAP a tenu sa première
session en mars 2004.

Le Parlement panafricain (PAP) est l’un des neuf organes prévus par le Traité instituant la
Communauté économique africaine (le Traité d’Abuja). Conformément à l’article 17 de
l’Acte constitutif de l’Union africaine, l’objectif du Parlement est : « d’assurer la pleine
participation des peuples africains au développement et à l’intégration économique du
continent ». Le Parlement panafricain sert de plateforme aux peuples africains afin qu’ils
soient impliqués dans les débats et prises de décision concernant les problèmes et défis
auxquels le continent est confronté.

Le siège du Parlement se trouve à Midrand en Afrique du Sud.

Les représentants siégeant au Parlement panafricain sont élus par les parlements nationaux
des États membres. Ils ne sont pas élus au suffrage direct. À terme, l’objectif est que le
Parlement ait les pleins pouvoirs législatifs et que les représentants soient élus au suffrage
universel direct. Pour le moment, le PAP exerce un pouvoir consultatif au sein de l’Union
africaine.

- Les compétences du Parlement panafricain

Les compétences du Parlement panafricain sont spécifiées à l'article 11 de son Protocole. En


effet, cet article stipule que « le Parlement panafricain est investi de pouvoirs législatifs tels
que définis par la Conférence ».

Cependant, le même article s'empresse de notifier qu'au cours du premier mandat de son
existence, le Parlement panafricain n'exerce que « des pouvoirs consultatifs ».

C'est à cet égard que le Parlement peut, entre autres :

«- examiner, débattre ou exprimer un avis ou sur toutes questions de sa propre initiative ou à


la demande de la Conférence ou des autres organes de décision, et faire les recommandations
qu'il juge nécessaires ;
64
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

- œuvrer à l'harmonisation ou à la coordination des lois des Etats membres ».

Plus précisément, les dispositions du Protocole au Traité d’Abuja de 2001 et du règlement


intérieur du PAP (tel que modifié en 2011) déterminent les fonctions du Parlement panafricain
qui consistent notamment :

• à faciliter et contrôler la mise en œuvre des politiques, programmes et objectifs de l’UA ;

• à promouvoir le respect des droits de l’homme et la consolidation des institutions et


principes démocratiques, la bonne gouvernance, la transparence et l’état de droit au sein des
organes de l’UA, des communautés économiques régionales (CER) et des États membres ;

• à contribuer à la sensibilisation des peuples africains sur les objectifs, stratégies et


programmes de l’UA, le renforcement de la solidarité, de la coopération et du développement
du continent, la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité, et le projet de stratégie
commune pour la relance de l’économie ;

• à participer à l’harmonisation et à la coordination des droits des États membres ;

• à promouvoir la coordination des politiques, mesures, programmes et activités des CER ;

• à préparer et adopter son budget et son règlement intérieur ;

• à élire les membres de son Bureau ;

• à formuler des recommandations sur le budget de l’UA.

- Structure et composition du Parlement panafricain

Le Parlement compte à présent 250 membres représentant les 50 États membres de l’UA qui
ont ratifié le Protocole instituant le PAP (cinq parlementaires par État membre, dont au moins
une femme, reflétant la diversité des opinions politiques représentées dans leur propre
parlement ou assemblée délibérante national).

Conformément à l’article 7 alinéa 2 du règlement intérieur du PAP, le mandat d’un


parlementaire commence lorsqu’il ou elle a prêté serment ou prononcé une déclaration
solennelle en session plénière du PAP. Le mandat du parlementaire doit correspondre au

65
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

mandat de son parlement national ou de toute autre assemblée délibérante qui l’a élu ou
désigné.

La session plénière est le principal organe décisionnel et adopte des résolutions. La plénière, à
laquelle siègent tous les représentants des États membres, est présidée par le président du
Parlement.

- Le Fonds fiduciaire

Le Fonds fiduciaire du Parlement panafricain a été créé le 26 mai 2005 pour promouvoir la
bonne gouvernance, la transparence et la démocratie, la paix, la sécurité et la stabilité,
l’égalité des sexes et le développement de l’intégration des populations africaines à l’intérieur
de l’Afrique et au sein d’autres nations. Il est également prévu que le Fonds apporte son
soutien à la lutte contre le VIH / sida, la famine et la pauvreté en Afrique.

B. Présentation des organes judiciaires de l’UA (Cour africaine de justice, Cour


africaine des droits de l’homme et des peuples)

Nul n’ignore la place primordiale des organes judiciaires au sein des instances internationales
et le rôle indéniable que jouent ces dernières dans l’affermissement et l’effectivité du système
juridique et institutionnel de l’organisation régionale. C’était aussi le cas pour l’Union
africaine.

La création d’une Cour de justice africaine représente alors un progrès substantiel, dans la
mesure où les Etats membres de l’ancienne OUA éprouvaient beaucoup de difficultés à régler
leurs différends devant une juridiction internationale, préférant un règlement par consensus ou
par médiation politique72. On rappellera, dans ce chapitre le processus de création de la Cour
de Justice de l’Union africaine et sa fusion institutionnelle avec l’actuelle Cour Africaine des
droits de l’homme et des peuples (2), sans oublier de mettre en exergue l’existence d’un autre
organe judiciaire de l’UA, qui n’émet pas des arrêts (comme c’est le cas pour la Cour) mais
des recommandations non contraignantes et qui a tant contribué à la promotion et la

72
Voir GHARBI (Hajer), « Le règlement des différends dans le cadre de l’OUA », in HORCHANI (F.), (sous
dir.), Règlement pacifique des différends internationaux, Bruxelles, Bruylant, 2002, pp.535-555.

66
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

protection des droits de l’être humain en Afrique73, à savoir, la Commission africaine des
droits de l'homme et des peuples (3).

1- LA COUR AFRICAINE DE JUSTICE:

La Cour africaine de justice est créée par l'acte constitutif de l'Union africaine pour résoudre
les problèmes d'interprétation des traités de l'Union74.

Ainsi, l’Acte constitutif de l’UA avait préconisé la mise en place d’une Cour africaine de
justice faisant partie des principaux organes de l’UA. Le Protocole relatif à la Cour africaine
de justice, adopté en juillet 2003, est entré en vigueur en février 2009, soit 30 jours après sa
ratification par 15 États membres. Au mois d’août 2015, 44 États membres avaient signé le
Protocole et 16 l’avaient ratifié.

Cependant, la Cour n’a jamais vu le jour75. À sa session de juillet 2008, la Conférence de


l’UA a décidé de fusionner la Cour africaine de justice et la Cour africaine des droits de
l’homme et des peuples pour former la Cour africaine de justice et des droits de l’homme. La
Conférence a adopté le Protocole de 2008 sur les statuts de la Cour africaine de justice et des
droits de l’homme pour fusionner les deux cours76.

Par conséquent, le Protocole de 2008 a remplacé le Protocole de 1998 portant création d’une
Cour africaine des droits de l’homme et des peuples ainsi que le Protocole de 2003 instituant
la Cour africaine de justice.

Néanmoins, le Protocole de 1998 reste provisoirement en vigueur afin de permettre à la Cour


africaine des droits de l’homme et des peuples qui était opérationnelle avant l’adoption du
Protocole de 2008 de transférer ses prérogatives, ressources, droits et obligations à la Cour
africaine de justice et des droits de l’homme lorsque celle-ci prendra ses fonctions.

Le passage à la nouvelle Cour commencera après la ratification du Protocole de 2008 relatif


aux statuts de la Cour africaine de justice et des droits de l’homme par 15 États membres. Au

73
OLINGA (A-D), « Les emprunts normatifs de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples
aux systèmes européen et interaméricain de garantie des droits de l’homme », in revue trimestrielle des droits de
l’Homme, http://www.rtdh.eu/pdf/2005499.pdf
74
L’article 5 de l’Acte constitutif de l’Union africaine relatifs aux organes de l’union prévu dans son point (d) la
création d’une Cour de justice.
75
Il est possible qu'elle soit remplacée par un protocole créant la Cour de justice et des droits de l'homme, qui
serait incorporé au sein de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples. Elle aurait alors deux
chambres, l’une traitant des affaires générales et l’autre concernant les droits de l'homme.
76
Assembly/AU/Dec.196[XI].

67
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

mois d’août 2015, 30 États membres avaient signé le Protocole de 2008 et cinq l’avaient
ratifié77.

L’article 28 des statuts de la Cour africaine de justice et des droits de l’homme, annexés au
Protocole de 2008, stipule que la Cour a compétence pour connaître de toute affaire ou
différend d’ordre juridique relatif notamment à l’interprétation et à l’application de l’Acte
constitutif de l’UA, aux traités de l’Union, à tous les instruments juridiques dérivés, à la
Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, à la Charte africaine des droits et du
bien-être de l’enfant, au Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples
relatif aux droits des femmes en Afrique (Protocole de Maputo), à tout autre traité sur les
droits de l’homme auquel l’État concerné est partie, et à toute question de droit international.

En juin 2014, la Conférence a adopté un nouveau protocole : le Protocole relatif aux


amendements au Protocole sur les statuts de la Cour africaine de justice et des droits de
l’homme78. Au mois d’août 2015, cinq États avaient signé le Protocole de 2014 mais aucun ne
l’avait ratifié.

Une fois mise en place, le continent se dotera ainsi d’un instrument important, non seulement
pour la protection des droits de l’homme mais aussi pour l’administration d’une justice
panafricaine indépendante et ce, dans l’objectif de la construction de l’Etat de droit et la
consolidation de la démocratie. L’objectif recherché est de mettre fin au règne de l’impunité
qui a caractérisé pendant longtemps l’Afrique.

Il est souhaitable que cette nouvelle Cour de Justice ne soit pas diluée dans la Cour Africaine
des droits de l’homme et des peuples qui n’a qu’une compétence spécialisée et des limites
quant à l’exécution de ses décisions, alors que la nouvelle Cour de l’Union a une compétence
générale notamment dans l’interprétation du droit communautaire79.

Selon Félix AHOUANSOU, « Il faut toutefois noter qu’il est regrettable que le Statut de la
nouvelle Cour Africaine de Justice et des Droits de l’Homme n’autorise les ONG et les

77
Voir www.au.int/fr/treaties
78
Assembly/AU/Dec.529 [XXIII]
79
Pour plus de détails voir BAKANDEJA WA MPUNGU (Grégoire), « La Cour de justice de l’union africaine :
un organe intègre pour la consolidation de l’Etat de droit et la promotion des droits humains »,
www.chr.up.ac.za/chr_old/centre_projects/.../bakandeja%20article%20french.rtf

68
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

individus à saisir directement la Cour que moyennant autorisation préalable des Etats. Car,
cette condition restreint considérablement la portée de la protection accordée »80.

2- La Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples

La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples81 a été créée en vertu de l’article 1er
du Protocole relatif à la Charte des droits de l’homme et des peuples portant création d’une
Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, qui a été adopté en juin 1998 par les
États membres de l’OUA à Ouagadougou au Burkina Faso. Le Protocole est entré en vigueur
le 25 janvier 2004, soit 30 jours après sa ratification par 15 États membres82.

Les premiers juges ont été élus en janvier 2006 à Khartoum au Soudan et ont prêté serment
devant la Conférence de l’UA le 2 juillet 2006 à Banjul en Gambie. La Cour a officiellement
pris ses fonctions à Addis-Abeba en Éthiopie en novembre 2006. En août 2007, son siège a
été transféré à Arusha en Tanzanie.

Au départ, la Cour s’occupait principalement de questions opérationnelles et administratives.


Le règlement intérieur provisoire de la Cour a été adopté en juin 2008, et sa version finale en
2010.

La Cour a enregistré la première requête en 2008, elle a rendu son premier arrêt en 2009 et la
première audience publique s’est déroulée en mars 2012.

- Attributions de la Cour

La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a compétence pour connaître toute
affaire ou différend dont elle est saisie concernant l’interprétation et l’application :

• de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, qui est le principal instrument
de l’Afrique en matière des droits de l’homme ;

• du Protocole instituant la Cour ;

• de tout autre instrument des droits de l’homme ratifié par l’État partie concerné.

80
AHOUANSOU (F.), « Protection des droits de l’homme en Afrique : passage d’une Cour a l’autre et la
question des requêtes individuelles », www.dimensionsociale.org/index.php?option=com_docman.
81
Voir www.african-court.org/fr et www.au.int/organs/cj
82
Au 31 août 2015, 29 États avaient ratifié le Protocole (voir www.au.int/fr/treaties pour consulter la liste
complète des Etats).

69
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

La Cour complète et renforce les fonctions de la Commission africaine des droits de l’homme
et des peuples83. Contrairement à la Commission dont les décisions ont uniquement valeur de
recommandations, les décisions de la Cour sont contraignantes et peuvent comporter des
ordonnances d’indemnisation ou de réparation.

Conformément à l’article 5 du Protocole de 1998 instituant la Cour, la Commission, les États


parties au Protocole et les organisations intergouvernementales africaines ont qualité pour
saisir la Cour. Les organisations non gouvernementales dotées du statut d’observateur auprès
de la Commission et les citoyens des États parties ayant déclaré accepter la compétence de la
Cour peuvent également la saisir directement, conformément à l’article 34 alinéa 6.

- Structure et composition de la Cour

La Cour est composée de 11 juges élus par la Conférence de l’UA à partir d’une liste de
juristes africains désignés par les États parties au Protocole. La Conférence tient dûment
compte de la répartition géographique équitable, ainsi que de la représentation adéquate des
deux sexes et des systèmes juridiques.

Les juges siègent à titre personnel.

Ils sont élus au scrutin secret pour un mandat de six ans, renouvelable une fois (à l’exception
de quelques- uns qui ont été élus lors de la première élection). La Cour ne peut comprendre
plus d’un juge de la même nationalité. Les juges élisent un président et un vice-président pour
un mandat de deux ans, renouvelable une fois.

Les articles 11 à 15 du Protocole instituant la Cour régissent la composition de la Cour et


l’élection des juges. Le président de la Cour exerce ses fonctions à plein temps, tandis que les
10 autres juges travaillent à temps partiel. Un greffier assiste le président dans
l’administration et la gestion de la Cour84.

Actuellement, le Président de la Cour africaine pour les droits de l’Homme et des peuples est
Augustino Stephen Lawrence Ramadhani (Tanzanie). Il a été élu président en septembre 2014
pour un mandat de deux ans et fut élu juge de la Cour en juillet 2010 pour un premier mandat
de six ans.

83
Voir article 2 du Protocole instituant la Cour et article 4 du règlement intérieur de la Commission de 2010.
84
Actuellement, le Greffier de la Cour est Robert Eno, Cameroun (nommé en janvier 2012) Greffier adjoint est
Nouhou Diallo, Burkina Faso.

70
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

La vice-présidente est Elsie Nwanwuri Thompson (Nigeria). Elle est élue vice-présidente en
septembre 2014 pour un mandat de deux ans et fut élue juge de la Cour en juillet 2010 pour
un premier mandat de six ans.

- Sessions de la Cour

La Cour siège quatre fois par an, chaque session ordinaire durant deux semaines. Elle peut
tenir des sessions extraordinaires.

3- LA COMMISSION AFRICAINE DES DROITS DE L'HOMME ET DES


PEUPLES

En juillet 1979, la Conférence de l’OUA a adopté une résolution demandant à son secrétaire
général de former un comité d’experts pour élaborer une Charte africaine des droits de
l’homme et des peuples, préconisant entre autres choses, des mécanismes visant à promouvoir
et protéger les droits énoncés dans la Charte. Le projet de texte préparé par le groupe a été
adopté à l’unanimité par les chefs d’État et de gouvernement de l’OUA à l’occasion de leur
session, tenue en 1981 à Nairobi au Kenya.

La Charte est entrée en vigueur le 21 octobre 1986. Depuis, cette date est célébrée comme la
Journée africaine des droits de l’homme.

La Charte prévoyait la création d’une Commission des droits de l’homme auprès de l’OUA.
La Commission a été inaugurée officiellement le 2 novembre 1987 à Addis-Abeba en
Éthiopie, après l’élection de ses membres par la Conférence de l’OUA en juillet de la même
année. Le siège de la Commission a été transféré en 1989 à Banjul en Gambie.

La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) 85 qui existe depuis
1987 est donc établie par la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples et non pas
par l'acte constitutif de l'Union africaine.

- Attributions de la Commission

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples a été créée pour superviser et
interpréter la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (également connue sous le
nom de Charte de Banjul). Cette Charte est un instrument international des droits de l’homme

85
Voir : http://www.achpr.org/fr/et www.au.int/organs/cj

71
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

visant à promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales sur le
continent africain.

En vertu de la Charte, la Commission est responsable de trois principales fonctions :

• la promotion des droits de l’homme et des peuples (article 45, alinéa1) ;

• la protection des droits de l’homme et des peuples (article 45, alinéa 2) ;

• l’interprétation de la Charte (article 45, alinéa 3).

La Charte prévoit une « procédure de communication » qui permet aux États (articles 48 et
49), aux organisations et aux particuliers (article 55) de déposer une plainte auprès de la
Commission pour violation d’un ou plusieurs droits énoncés dans la Charte par un État qui en
est partie.

Après examen d’une plainte, la Commission peut formuler des recommandations à l’endroit
de l’État partie concerné et de la Conférence de l’UA. Le mandat de la Commission étant
quasi-judiciaire, ses recommandations finales ne sont pas juridiquement contraignantes86. Il
n’y a par ailleurs aucun mécanisme qui peut obliger les États à se conformer aux
recommandations de la Commission.

La Commission peut recourir, à toute étape de la procédure, à ses « bons offices » dans la
quête d’un règlement. Dans des situations d’urgence, lorsque la vie d’une victime est en
danger imminent, la Commission peut invoquer des mesures conservatoires en vertu de
l’article 111 de son règlement intérieur, en vue de demander à l’État de surseoir toute action
en attendant sa décision définitive sur la question.

Chaque État partie est tenu, conformément à l’article 62 de la Charte, de présenter, tous les
deux ans, un rapport sur les mesures législatives ou autres prises en vue de donner effet aux
droits et libertés garantis par la Charte. La Commission formule alors ses observations finales
qui ont valeur de recommandations.

- Composition de la Commission

La Commission est composée de 11 membres élus par la Conférence de l’UA à partir d’une
liste d’experts présentée par les États parties à la Charte. La Conférence prend en

86
La liste des affaires traitées par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples est disponible
au site de la Commission : www.achpr.org/fr/

72
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

considération la représentation géographique équitable et l’égalité des sexes dans l’élection


des membres de la Commission. Les commissaires ont un mandat de six ans et sont
rééligibles. Ils siègent à titre personnel.

En avril 2005, l’UA a publié des directives relatives aux candidatures, qui excluent les hauts
fonctionnaires et les représentants diplomatiques.

La Commission élit un président et un vice-président qui constituent le Bureau. Leur mandat


est de deux ans, renouvelable une fois. Le Bureau coordonne les activités de la Commission et
assure la supervision et l’évaluation du travail du secrétariat. Il est également autorisé à
prendre des décisions sur les questions urgentes à l’intersession.

Le secrétariat fournit un soutien administratif, technique et logistique à la Commission. Le


président de la Commission de l’UA nomme le personnel de la Commission.

- Sessions de la Commission

La Commission se réunit chaque année en deux sessions ordinaires qui durent généralement
de 10 à 15 jours chacune et se tiennent en mars-avril et en octobre-novembre de chaque
année. Elle peut tenir des sessions extraordinaires.

Les sessions de travail peuvent être publiques ou se tenir à huis clos. La Commission peut
inviter des États, des mouvements de libération nationale, des institutions spécialisées, des
institutions nationales des droits de l’homme, des organisations non gouvernementales (ONG)
ou des particuliers à participer à ses sessions.

Le secrétariat de la Commission établit généralement l’ordre du jour des sessions ordinaires


en consultation avec le Bureau.

La Commission présente un rapport de ses activités à toutes les sessions ordinaires de la


Conférence de l’UA, qui est examiné par le Conseil exécutif au nom de la Conférence. La
Commission ne peut publier des informations sur ses activités de protection qu’après adoption
du rapport par le Conseil exécutif et par la Conférence. Le Conseil exécutif peut interdire la
publication des rapports et l’a déjà fait par le passé.

73
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

C. Présentation de l’organe chargé de la paix et de la sécurité (Conseil de paix et de


sécurité)

Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) est l’organe décisionnel et permanent de l’UA,


responsable de la prévention, de la gestion et de la résolution des conflits. Il réunit 15 États
membres élus.

Il constitue le pilier central de l’Architecture africaine de paix et de sécurité qui regroupe les
principaux mécanismes de l’UA chargés de la promotion de la paix, de la sécurité et de la
stabilité en Afrique.

Le CPS constitue un système collectif de sécurité et d’alerte rapide, visant à permettre une
réponse rapide et efficace aux situations de conflit et de crise en Afrique.

Il est à rappeler que le Conseil de paix et de sécurité a succédé à l’Organe central du


Mécanisme de l’OUA pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits. L’Organe
central était l’organe opérationnel de l’OUA chargé de prendre des décisions sur les questions
de paix et de sécurité. Il était d’abord composé de neuf puis de 14 États membres. À l’instar
du CPS, il fonctionnait aux niveaux des chefs d’État, des ministres et des ambassadeurs.

Le CPS tire son autorité de l’article 20 (bis) de l’Acte constitutif (tel que modifié par l’article
9 du Protocole sur les amendements à l’Acte constitutif de 2003) ainsi que de l’article 2 du
Protocole de 2002 instituant le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Ce
document a été adopté en juillet 2002 à Durban en Afrique du Sud et est entré en vigueur en
décembre 2003. Le CPS a été officiellement lancé en 2004.

Le bilan de cet organe, dans sa mission de maintien de la paix et de la sécurité en Afrique,


semble mitigé, il est à la fois un organe théoriquement et institutionnellement bien structuré,
mais au niveau de sa pratique et de ses actions sur le terrain, il souffre d’une forte dépendance
de la volonté politique des Etats qui en sont membre, un handicap qui le paralyse souvent et
qui rend les objectifs, dont il s’est dotés, difficilement réalisables.

- Buts et objectifs du CPS

Conformément à l’article 7 du Protocole relatif à la création du CPS, les principaux pouvoirs


du Conseil consistent notamment à :

74
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

• anticiper et prévenir les différends et les conflits, ainsi que les politiques susceptibles de
conduire à un génocide et à des crimes contre l’humanité ;

• entreprendre des activités de rétablissement et de consolidation de la paix ainsi que des


missions d’appui à la paix ;

• recommander l’intervention sur le territoire d’un État membre dans certaines circonstances
graves, notamment en cas de crimes de guerre, de génocide et de crimes contre l’humanité ;

• imposer des sanctions ;

• mettre en œuvre la politique de défense commune de l’UA ;

• veiller à l’application des conventions et des instruments clés de lutte contre le terrorisme
international ;

• promouvoir la coordination entre les mécanismes régionaux et l’UA en matière de paix, de


sécurité et de stabilité en Afrique ;

• suivre la promotion des pratiques démocratiques, la bonne gouvernance, l’état de droit, la


protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales, le respect du caractère sacré
de la vie humaine et du droit international humanitaire ;

• favoriser et encourager la mise en œuvre des conventions et traités sur le contrôle des armes
et le désarmement ;

• examiner et prendre des mesures dans les situations où l’indépendance nationale et la


souveraineté d’un État membre sont menacées par des actes d’agression, y compris par des
mercenaires ;

• appuyer et faciliter l’action humanitaire dans les situations de conflit armé ou de catastrophe
naturelle.

Au vu de ses objectifs et de ses principes, le CPS a vocation à être résolument au service de la


défense des valeurs et des pratiques démocratiques. Il est, en effet, pensé et agencé à partir de
l’hypothèse qu’il est enfin possible d’envisager la paix en Afrique à partir d’un pari
démocratique fondé sur le respect de la règle de droit, des droits de l’homme et donc de l’Etat
de droit.

75
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Suivant les directives contenues dans l’Acte constitutif, le CPS inscrit l’Afrique dans une
logique de rupture avec un passé politique autoritaire et archaïque, générateur d’insécurité et
d’instabilité. Pour cette raison, sa conception et sa naissance, comme l’UA d’ailleurs, sont
portées par le défi stratégique de la renaissance politique du continent.

- Attribution du CPS

Les principales fonctions du CPS consistent à assurer une diplomatie axée sur l’alerte rapide
et la prévention, à faciliter le rétablissement de la paix, à établir des opérations de maintien de
la paix et dans certaines circonstances, à recommander une intervention sur le territoire
d’États membres pour promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité. Le CPS contribue
également à la consolidation de la paix et à la reconstruction post-conflit ainsi qu’à l’action
humanitaire et à la gestion des catastrophes.

En outre, les fonctions énoncées à l’article 6 du Protocole sont directement exercées


par le CPS. Elles portent sur la promotion, le rétablissement et la consolidation de la
paix. Et les pouvoirs, qui ne sont pas moins liés à la paix, sont exercés conjointement avec le
président de la Commission de l’Union africaine.

La promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité sont donc les fonctions


prioritaires du CPS. Ces attributions, confiées par l’article 9 du Protocole constitutif du
CPS, comportent également les fonctions relatives à la prévention, la gestion et le règlement
des conflits, la consolidation des processus de paix et de reconstruction post-conflit. Il peut
prendre les initiatives et conduire les actions qu’il juge appropriées concernant les
situations de conflit potentiel ainsi que celles qui sont déjà avérées. Et, il peut aussi
empêcher qu’un conflit pour lequel un règlement a déjà été trouvé ne dégénère à nouveau.

- Structure du CPS

Le CPS compte 15 membres élus par le Conseil exécutif de l’UA et approuvés par la
Conférence lors de sa session subséquente. Cinq membres sont élus pour un mandat de trois
ans et 10 membres pour un mandat de deux ans. Ils prennent généralement leurs fonctions le
premier jour du mois d’avril suivant l’approbation de la Conférence. Les membres sortants
sont éligibles à une réélection immédiate.

76
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Les membres sont élus selon les principes de la rotation et de la représentation régionale
équitable. Les groupes régionaux décident de la rotation nationale. La répartition des sièges
entre les différentes régions de l’Afrique s’effectue généralement comme suit :

• trois sièges pour l’Afrique australe ;

• trois sièges pour l’Afrique centrale ;

• trois sièges pour l’Afrique de l’Est ;

• quatre sièges pour l’Afrique de l’Ouest ;

• deux sièges pour l’Afrique du Nord.

L’article 5 alinéa 2 du Protocole relatif à la création du CPS énumère les critères d’adhésion,
notamment : la contribution à la promotion et au maintien de la paix et de la sécurité en
Afrique ; la participation aux efforts de règlement des conflits, de rétablissement et de
consolidation de la paix aux niveaux régional et continental ; la volonté et la capacité à
assumer des responsabilités dans le cadre d’initiatives régionales et continentales de
règlement des conflits ; la contribution au Fonds pour la paix et/ou au Fonds spécial ; le
respect de la gouvernance constitutionnelle, de l’Etat de droit et des droits de l’homme ; et
l’engagement à honorer les obligations financières vis-à-vis de l’UA.

Établi en vertu de l’article 10 alinéa 4 du Protocole relatif à la création du CPS, le secrétariat


fournit un soutien opérationnel direct au Conseil. Il est situé au sein du Département Paix et
Sécurité de la Commission de l’UA.

- Mode de prise des décisions

Les décisions du CPS se fondent sur le principe du consensus. À défaut de consensus, le CPS
adopte ses décisions sur les questions de procédure à la majorité simple, tandis que les
décisions sur les questions de fond sont prises à la majorité des deux tiers (article 8 alinéa 13
du Protocole relatif à la création du CPS). Tout membre du CPS, partie à un conflit ou à une
situation soumis à l’examen du Conseil, ne participe ni aux débats ni au processus de prise de
décision relatifs à ce conflit ou à cette situation (article 8 alinéa 9 du Protocole relatif à la
création du CPS).

- Les organismes et structures connexes du CPS

77
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

1. Le Groupe d’appui stratégique à la police de l’Union africaine

Créé en juin 2013, le Groupe d’appui stratégique à la police a pour ambition de fournir un
soutien et un conseil technique et stratégique au CPS, à la Commission de l’UA et aux États
membres sur les pratiques internationales du maintien de l’ordre dans le cadre d’opérations
autorisées par le CPS. Le Groupe comporte deux principaux niveaux : les chefs de police et
les experts techniques.

2. Le Mécanisme africain de coopération policière (AFRIPOL)

Le Mécanisme africain de coopération policière (AFRIPOL) est une initiative des directeurs
et inspecteurs généraux de police africains, créée en 2014 en tant que mécanisme indépendant
sous l’égide de l’UA afin de stimuler la coopération policière. La création d’AFRIPOL a été
approuvée par le Conseil exécutif de l’UA en juin 201487 ; les efforts pour son
opérationnalisation ont été salués par la Conférence de l’UA en juin 201588.

3. Le Fonds pour la paix

L’article 21 du Protocole relatif à la création du CPS a créé le Fonds pour la paix en vue de
fournir « des ressources financières pour financer les missions de paix et autres activités en
lien avec la paix et la sécurité ».

En vertu du protocole, le Fonds doit être alimenté à partir du budget normal de l’UA ; de
contributions volontaires des États membres, des partenaires internationaux et d’autres
sources comme le secteur privé, la société civile et des particuliers ; et d’activités de collecte
de fonds. Le président de la Commission de l’UA est autorisé à collecter et accepter les
contributions volontaires de sources extérieures à l’Afrique en conformité avec les principes
et objectifs de l’UA. Le Fonds pour la paix est opérationnel et reçoit des fonds pour financer
l’ensemble des activités du Département Paix et Sécurité.

Le Protocole relatif à la création du CPS a également prévu un fonds fiduciaire renouvelable


dans le cadre du Fonds pour la paix afin de constituer une réserve disponible pour le
financement de projets spécifiques en cas d’urgences et de priorités imprévues. Les organes
politiques de l’UA compétents doivent déterminer le niveau de financement adéquat pour le
fonds fiduciaire renouvelable sur recommandation du CPS.

87
EX.CL/Dec.820[XXV]
88
Assembly/AU/Dec.584[XXV]

78
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

4. Le Groupe des sages

Le Conseil de paix et de sécurité se fait aider par un Groupe des sages.

Le Groupe des sages soutient le CPS et la présidence de la Commission de l’UA dans la


promotion et le maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité sur le continent africain. Il
est assisté par la Division de la prévention des conflits et de l’alerte rapide du Département
Paix et Sécurité.

Il a été créé en vertu de l’article 11 du Protocole relatif à la création du CPS. À l’occasion de


sa 100e réunion le 12 novembre 2007, le CPS a adopté les « modalités de fonctionnement du
Groupe des sages »89.

Celles-ci prévoient que le Groupe a entre autres pour mission : de conseiller le CPS et le
président de la Commission, d’entreprendre toute action qu’il juge nécessaire pour soutenir
leurs efforts en matière de prévention des conflits, et de se prononcer sur toute question liée à
la promotion et au maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique. Le Groupe
peut agir à la demande du CPS ou du président de la Commission ou de sa propre initiative.
Le Groupe facilite la communication entre le CPS et le président de la Commission d’une
part, et les parties à un conflit d’autre part. Il effectue aussi des missions d’investigation et
fournit une assistance et des conseils aux équipes de médiation.

5. Le Système continental d’alerte rapide (SCAR)

Ce système a été créé au titre de l’article 12 du Protocole relatif à la création du CPS pour
« faciliter la prévision et la prévention des conflits ». Il relève de la Division de la prévention
des conflits et de l’alerte rapide du Département Paix et Sécurité.

Le SCAR recueille des informations sur les conflits potentiels et les menaces pesant sur la
paix et la sécurité des États membres. Il reçoit des rapports quotidiens ou hebdomadaires de
son personnel opérationnel, notamment des missions sur le terrain, des bureaux de liaison et
89
Le groupe est composé de cinq membres. L’article 11 alinéa 2 du Protocole relatif à la création du CPS stipule
que les membres du Groupe doivent être des personnalités africaines hautement respectées, d’une grande
intégrité et d’une indépendance d’opinion avérée et ayant apporté une contribution particulière à l’Afrique dans
les domaines de la paix, de la sécurité et du développement. Les membres ne peuvent pas cumuler leur fonction
avec des responsabilités politique au plan national.
Ils sont nommés par la Conférence de l’UA pour un mandat de trois ans, sur recommandation du président de la
Commission. Le mandat peut être renouvelé en fonction de la disponibilité des membres. Le Groupe en place
continue de fonctionner dans l’attente de la désignation des nouveaux membres ; cela conduit souvent à une
prorogation du mandat des titulaires. Chaque membre provient de l’un des cinq groupes régionaux de l’UA.
Selon les modalités de fonctionnement du Groupe, la présidence est assurée sur la base du principe de rotation,
pour un mandat d’un an. Dans la pratique, cela n’a pas été le cas.

79
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

des agents en charge des questions d’alerte rapide.4 Ces informations sont transmises au CPS
sous la forme de rapports du président de la Commission de l’UA.

Le SCAR comprend :

• un centre d’observation et de surveillance au siège de l’UA à Addis-Abeba en Éthiopie,


connu sous le nom de « salle de veille », qui fonctionne 24 heures sur 24 ;

• les unités d’alerte rapide des mécanismes régionaux, qui collectent et traitent des données au
niveau régional pour transmission à la salle de veille.

La salle de veille recueille des informations sur les conflits potentiels et les menaces pesant
sur la paix et la sécurité des États membres. Les décideurs de l’UA s’appuient sur ces
informations pour prendre des mesures visant à prévenir les conflits.

Conformément au Protocole relatif à la création du CPS et au Cadre pour la mise en œuvre du


SCAR, ce dernier doit collaborer avec divers acteurs clés. Cela se traduit notamment par une
collaboration en continue avec les systèmes d’alerte rapide des communautés économiques
régionales (CER) et par une coopération avec les États membres, les organisations
internationales, les organisations de la société civile (OSC) et d’autres acteurs clés.

7. La Force africaine en attente (FAA)

Le Protocole relatif à la création du CPS (article 13 alinéas 1 et 2) prévoit que la Force


africaine en attente (FAA) sera déployée lorsque le CPS décide d’une mission de soutien de la
paix ou lorsque la Conférence de l’UA autorise une intervention en vertu des alinéas h et j de
l’article 4 de l’Acte constitutif. Au 1er septembre 2015, l’opérationnalisation de la FAA était
en cours.

Conformément à l’article 13 du Protocole relatif à la création du CPS, les fonctions de la FAA


sont :

• d’entreprendre des missions d’observation et de suivi ;

• de réaliser d’autres types de missions d’appui à la paix ;

• d’intervenir dans un État membre dans certaines circonstances graves ou à la demande d’un
État membre afin de rétablir la paix et la sécurité ;

• de prévenir l’escalade d’un différend ou d’un conflit ;

80
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

• de participer à la consolidation de la paix, notamment par le désarmement et la


démobilisation post-conflit ;

• de fournir une assistance humanitaire ;

• d’assurer toute autre fonction que pourrait lui confier le CPS ou la Conférence de l’UA.

Le premier alinéa de l’article 13 du Protocole relatif à la création du CPS stipule que la FAA
est composée de contingents multidisciplinaires en attente, avec des composantes civiles et
militaires, stationnés dans leurs pays d’origine et prêts à être déployés rapidement. Il est prévu
que la FAA sera composée de cinq forces régionales en attente, dont la composition différera
selon les régions. Elles disposeront notamment d’éléments de planification à temps plein
(PLANELM), d’un dépôt logistique, d’un quartier général de brigade et des unités de brigade
promises.

8. La Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC)

En mai 2013, en attendant la pleine opérationnalisation de la Force africaine en attente (FAA),


la Conférence de l’UA a créé la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (CARIC)
sous forme de mécanisme provisoire pour une réponse immédiate aux crises 90. Elle relève de
la Division des opérations de soutien à la paix (DOSP) du Département Paix et Sécurité.

Le but de la CARIC est de doter l’UA d’une force souple et robuste, fournie volontairement
par les États membres, afin de répondre efficacement aux situations d’urgence dans le cadre
de l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA). Le Conseil de paix et de sécurité
peut autoriser le déploiement rapide de cette force à la demande d’un État membre de l’UA.
La force est composée de militaires, d’équipement et de ressources.

D. Présentation des communautés régionales de l’UA (UMA, COMESA, CEN-SAD,


EAC, CEEAC, CEDEAO, IGAD, SADC)

Plus que toute autre région, l'Afrique a besoin d'intégration sur tous plans pour promouvoir le
développement économique et de mettre en place les capacités et la compétitivité requise afin
de participer, comme, il se doit au nouveau système commercial multilatéral. Renforcer
l'intégration permettrait à l'Afrique de devenir partie intégrante de l'économie mondiale et

90
Assembly/ AU/Dec.489 [XXI]

81
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

d'échapper à une plus grande marginalisation. Par conséquent, et dans le but de parvenir à une
intégration globale, les pays africains ont institué des Communautés économiques régionales
et différentes structures chargées de la gestion de politiques sectorielles contribuant à
l'intégration régionale.

Ceci dit, le rôle des Communautés économiques régionales est un sujet très débattu dans le
cadre de la mise en place d'une intégration continentale totale. Ce débat cherche à déterminer
si l'intégration du continent doit se faire en un seul bloc unitaire, ou s'il doit passer, au
préalable, par l'intégration des sous-régions.

Le Plan d'action de Lagos de 1980 et le traité établissant la Communauté économique


africaine (aussi dit traité d'Abuja) proposèrent la création de Communautés économiques
régionales comme base de l’intégration africaine, avec l'instauration d'un calendrier
organisant le passage d'une intégration régionale à une intégration continentale.

Les communautés économiques régionales (CER) sont des regroupements régionaux d’États
africains et sont toutes dirigées par un chef d’État ou de gouvernement. Ayant chacune évolué
indépendamment, elles ont des structures et des rôles différents.

De manière générale, leur objectif est de faciliter l’intégration économique régionale entre les
membres de chacune des régions et au sein de la Communauté économique africaine (CEA),
créée dans le cadre du Traité d’Abuja (1991).

Le Plan d’action de Lagos de 1980 pour le développement de l’Afrique et le Traité d’Abuja


ont préconisé la création de CER comme fondements d’une intégration plus large de
l’Afrique, d’abord sur le plan régional, puis à terme à l’échelle du continent. Les CER
s’impliquent de plus en plus dans la coordination des intérêts des États membres de l’UA dans
des domaines aussi variés que la paix et la sécurité, le développement et la gouvernance.

Véritables piliers de l’Union, les CER collaborent étroitement avec celle-ci dans le cadre de
ses activités. Le Traité d’Abuja et l’Acte constitutif de l’UA, qui se complètent l’un l’autre,
prévoient spécifiquement l’établissement de relations entre l’UA et les CER ; celles-ci sont
régies par le Protocole de 2008 sur les relations entre les CER et l’UA et le Protocole d’accord
sur la coopération dans le domaine de la paix et de la sécurité entre l’UA, les CER et les
mécanismes de coordination des brigades régionales en attente de l’Afrique de l’Est et de
l’Afrique du Nord.

82
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Il y a actuellement huit Communautés économiques régionales reconnues par l'Union,


chacune établie par des traités régionaux différents. Il s'agit de :

1. l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD)

2. la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC)

3. la Communauté d'Afrique de l'Est (CAE)

4. la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD)

5. la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC)

6. la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)

7. le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA)

8. l'Union du Maghreb arabe (UMA)

Souvent, ces Communautés se superposent, certains de leurs membres étant parfois membres
de plusieurs d'entre elles. La question de leur rationalisation a été posée pendant plusieurs
années et ce fut le thème du Sommet de Banjul de 2006. En juillet 2007, lors du sommet
d'Accra, la Conférence a finalement décidé d'adopter un protocole sur les relations entre
l'Union africaine et les Communautés économiques régionales. Ce protocole vise à faciliter
l’harmonisation des politiques et d'assurer la conformité avec le traité d'Abuja et le calendrier
du Plan d'action de Lagos.

1. L’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD)

L’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) 91 a été créée en 1996 pour


défendre les intérêts des États de la région de l’Afrique de l’Est. Les Etats membres de
l’IGAD sont au nombre de huit (8) et sont les suivants : Djibouti, Érythrée, Éthiopie, Kenya,
Ouganda, Somalie, Soudan et Soudan du Sud.

Elle a succédé à l’Autorité intergouvernementale sur la sécheresse et le développement


(IGADD) créée en 1986 pour répondre aux sécheresses récurrentes et aux autres catastrophes
naturelles qui avaient provoqué de graves difficultés dans la région de l’Afrique de l’Est. Le
mandat renouvelé de l’Autorité a été élargi à la promotion de la coopération politique et

91
Voir www.igad.int

83
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

économique régionale ainsi qu’aux questions de paix et de sécurité. L’IGAD a également


restructuré son organigramme.

2. La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC)

La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) 92 a été créée le 17 août


1992. Elle a succédé à la Conférence de la coordination du développement de l’Afrique
australe, créée en 1980 à Lusaka en Zambie. La transformation de la SADCC en SADC en
1992 a redéfini la base de la coopération entre les États membres, passant d’une libre
association à une organisation juridiquement contraignante, et a formalisé la volonté des États
membres d’approfondir l’intégration économique de l’Afrique australe.

Les Etats membres de la SADC sont au nombre de quinze (15) et sont les suivants : Afrique
du Sud, Angola, Botswana, R.D. du Congo, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice
Mozambique, Namibie, Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe.

3. La Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE)

La Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) 93 a été créée en 1999 en tant qu’organisation


économique et politique composée des cinq pays de l’Afrique de l’Est.

Les Etats membres de la CAE sont au nombre de cinq (5) : Burundi, Kenya, Ouganda,
Rwanda et Tanzanie.

La CAE a initialement été créée en 1967, puis s’est effondrée en 1977 en raison de
divergences politiques. En 1993, un accord a permis la mise en place de la Commission
tripartite permanente (CTP) pour la coopération en Afrique de l’Est. En 1996, le secrétariat de
la Commission a vu le jour. En 1997, les dirigeants politiques ont demandé à la CTP de
transformer en traité l’Accord établissant la Commission. Le Traité est entré en vigueur le 7
juillet 2000, après sa ratification par les trois États partenaires initiaux, à savoir le Kenya,
l’Ouganda et la Tanzanie. Le Rwanda et le Burundi ont adhéré au Traité de la CAE le 18 juin
2007 et sont devenus membres à part entière de la Communauté le 1er juillet 2007.

4- La Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD)

92
Voir www.sadc.int
93
Voir www.eac.int

84
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

La Communauté des États sahélo-sahariens94 (CEN-SAD) a été créée en 1998 avec pour
objectif principal de promouvoir l’intégration économique, culturelle, politique et sociale de
ses États membres.

Les Etats membres de la CEN-SAD sont au nombre de vingt-neuf (29) : Bénin, Burkina
Faso, Cap Verde, Comores, Côte d’Ivoire, Djibouti, Égypte, Érythrée, Gambie, Ghana,
Guinée, Guinée-Bissau, Kenya, Liberia, Libye, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Nigeria,
République centrafricaine, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone, Somalie, Soudan,
Tchad, Togo et Tunisie.

5- La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC)

Le Traité instituant la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) 95 a


été signé en octobre 1983 à Libreville au Gabon et est entré en vigueur en décembre 1984.

À la suite de crises internes dans de nombreux États membres, la CEEAC a cessé ses activités
entre 1992 et 1998. Les chefs d’État et de gouvernement ont décidé, à l’occasion du sommet
de Libreville de 1998, de relancer la CEEAC.

Les Etats membres de la CEEAC sont au nombre de dix (10) : Angola Burundi, Cameroun,
Congo, R.D. du Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, Sao Tomé-et-
Principe et Tchad.

6- La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest


(CEDEAO)

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) 96 a été créée en


vertu du Traité de la CEDEAO en mai 1975 dans le but principal de promouvoir l’intégration
économique dans tous les domaines de l’activité économique, notamment l’industrie, les
transports, les télécommunications, l’énergie, l’agriculture, les ressources naturelles, le
commerce, les questions monétaires et financières, les questions sociales et culturelles.

Les Etats membres de la CEDEAO sont au nombre de quinze (15) : Bénin, Burkina Faso, Cap
Verde, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria,
Sénégal, Sierra Leone et Togo.

94
Voir www.censad.org
95
Voir www.ceeac-eccas.org
96
http://www.ecowas.int/?lang=fr

85
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

7- Le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA)

L’intégration commerciale régionale a été proposée pour la première fois en 1978 dans la
Déclaration d’intention et d’engagement de Lusaka pour la création d’une zone d’échanges
préférentiels (ZEP) pour l’Afrique orientale et australe, qui est entrée en vigueur en 1982. Le
Marché commun prévu par la ZEP a été créé en 1993 en vertu du Traité du Marché commun
de l’Afrique orientale et australe (COMESA) 97.

Les Etats membres du COMESA sont au nombre de dix-neuf (19) : Burundi, Comores, R.D.
du Congo, Djibouti, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Libye, Madagascar, Malawi,
Maurice, Ouganda, Rwanda, Seychelles, Soudan, Swaziland, Zambie et Zimbabwe.de
l’Afrique orientale et australe (COMESA).

8- L’Union du Maghreb arabe (UMA)

L’Union du Maghreb arabe (UMA) 98 a été créée en vertu du Traité de Marrakech de 1989.
Elle a pour principaux objectifs de renforcer les liens entre ses cinq États membres, de
promouvoir la prospérité, de défendre les droits nationaux et d’adopter des politiques
communes pour promouvoir la libre circulation des personnes, des services, des biens et des
capitaux dans la région.

Les Etats membres de l’UMA sont au nombre de cinq (5) : Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie
et Tunisie.

97
Voir www.comesa.int
98
Voir www.maghrebarabe.org/fr

86
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

PARTIE 4.

LE PROCESSUS DE LA REFORME INSTITUTIONNELLE DE


L’UNION AFRICAINE

L’institution panafricaine créée en 2002 sur les cendres de l’Organisation de l'Unité africaine
est, depuis de nombreuses années, particulièrement critiquée. Sa bureaucratie, son inefficacité,
sa dépendance aux donateurs étrangers et son manque de crédibilité aux yeux de ses citoyens,
sont quelques unes des innombrables critiques adressées à cette organisation régionale
panafricaine.

Héritière de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), on reproche à l'Union africaine


notamment sa lourdeur bureaucratique, sa dépendance financière aux bailleurs internationaux,
les problèmes de mise en œuvre de ses décisions, ainsi que sa faible capacité à se remettre en
question.

De ce fait, et suite aux conclusions de la retraite des Chefs d’Etats et de gouvernement, des
Ministres des Affaires étrangères et des Ministres des Finances qui s’est tenue à Kigali en
juillet 2016 (à l’occasion du 26éme Sommet de l’UA) concernant la nécessité de mener une
étude sur la réforme institutionnelle de l’Union Africaine99, une décision a été prise : celle de
confier la préparation de l’étude à Paul Kagamé, Président du Rwanda.
Les grandes lignes de cette réforme ont été présentées lors du Sommet suivant, en janvier
2017 à Addis-Abeba, et ont été adoptées par les Chefs d’Etat et de gouvernement africains100.
Il s’agit de propositions sur la mise en place d’un dispositif de gouvernance capable
d’apporter des réponses aux défis majeurs auxquels fait face l’Union africaine

99
Ce projet était dans les cartons de la Commission depuis plusieurs années. Il a été initié notamment par
l’ancien Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique des nations unies (CEA), le Nigérian
Adebayo Adedeji, en 2007. Mais la réforme piétinait, bloquée par les ambassadeurs des Etats membres qui
souhaitaient intervenir à tous les niveaux.
100
Décision relative à la réforme institutionnelle de l’Union africaine, Assembly/AU/Dec.606 (XXVII), selon
laquelle, « La Conférence des Chefs d’État et de gouvernement,
1. RAPPELLE les conclusions de la Retraite des Chefs d’Etat et de gouvernement, des ministres des Affaires
étrangères et des Mnistres des Finances qui s’est tenue à Kigali au Rwanda le 16 juillet 2016, concernant la
nécessité de mener une étude sur la réforme institutionnelle de l’Union africaine (UA) ;
2. DÉCIDE de confier la préparation de l’étude à Son Excellence Monsieur Paul Kagamé, Président de la
République du Rwanda, qui sera chargé de soumettre un rapport sur les propositions de réformes pour la mise
en place d’un dispositif de gouvernance capable d’apporter des réponses aux défis auxquels fait face l’Union. À
cette fin, le Président Kagamé peut, en collaboration avec la Commission, engager les services d’experts de son
choix afin de s’acquitter efficacement de sa mission ».

87
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

incessamment101. Faute notamment d’une volonté politique ferme, plusieurs projets et


plusieurs rapports sur les réformes de l’Union africaine n’avaient finalement pas abouti.

Néanmoins, le Président Kagame a affiché une grande volonté pour atteindre les objectifs de
la réforme, étape par étape, grâce à l'expertise des membres de son équipe, choisis pour leurs
102
compétences et pour leur dévouement au panafricanisme et au projet d'intégration de l'UA .

101
Le Président Paul Kagame a nommé, pour l'assister dans sa tâche, une équipe consultative panafricaine avec
laquelle il a tenu une série de réunions consultatives en vue d'identifier les atouts et les insuffisances de l'UA et
de réfléchir à des propositions de réforme.
L'examen s'est appuyé sur les études détaillées conduites précédemment par les organes et institutions de l'Union
africaine, notamment le rapport Adedeji de 2007 et le rapport Mekele de 2016.
102
Le Président Paul Kagamé a confié le chantier de la réforme de l’Union africaine à une équipe de dix
personnalités africaines indépendantes. Les personnalités constituant cette Task force se distinguent par leur
pragmatisme et leur engagement envers l’intégration et le développement du continent

L'équipe de Réforme s'est réunie à Kigali, pour la première fois, le 31 octobre 2016, en présence du Président
Kagamé.

Dans cette liste choisie en fonction de l’engagement africain, de l’intégrité et, aussi, des considérations
géographiques et politiques, nous pouvons distinguer les experts suivants :

1. Acha Leke: économiste camerounais. Il est associé principal du Cabinet mondial Mc Kinsey&Co. Acha
Leke a fondé notamment, avec un collègue ghanéen Fred Swaniker, l’African Leadership Academy, qui
aide les jeunes africains à se préparer à intégrer de grandes universités internationales.
2. Amina Mohamed: ministre nigériane de l’Environnement. Elle a une expérience de 30 ans dans les
politiques de développement. Elle était aussi fonctionnaire de l’ONU et Conseillère de Ban Ki-Moon
sur les objectifs du millénaire.
3. Carlos Lopes: économiste de Guinée Bissau. Après 28 ans passés au service de l’ONU dont quatre à
Addis Abeba, en tant que Secrétaire exécutif de la Commission économique africaine, Carlos Lopes est
appelé à initier une réflexion stratégique sur la réforme de l’Union Africaine.
4. Cristina Duarté: ancienne ministre du Cap-Vert. Elle envisage plus que jamais de mettre son expérience
et son réseau au service du continent. Après une candidature brillante au poste de la présidence de la
Banque Africaine de Développement, où elle a perdu de justesse lors d’un dernier tour contre l’actuel
président de la BAD, Akinwimi Adesina, Cristina Duarté aspire plus que jamais à servir le continent.
5. Donald Kaberuka: économiste rwandais. Ancien président de la Banque Africaine de Développement
(2005-2010), Donald Kaberuka a vu les Chefs d’Etats africains adopter sa proposition d’appliquer une
taxe de 0,2% sur les importations pour financer l’Union Africaine.
6. Hajer Gueldich: juriste internationaliste, membre élue et Rapporteur général de la Commission de
l’Union africaine pour le droit international (CUADI). Elle a rejoint l’équipe de réforme en octobre
2017, pour apporter son expertise en matière de droit international et en matière du droit de l’Union
africaine à cette réforme.
7. Mariam Mahamat Nour: ministre de l’économie, du plan et de la coopération internationale au Tchad.
Ancien Haut cadre de la FAO, elle participa au renouveau économique du Tchad à travers l’élaboration
de la vision économique “Tchad 2030”.
8. Strive Masiyiwa: homme d’affaires zimbabwéen des télécoms, fondateur du Groupe Econet Wireless.
Son expertise sur les grandes convergences entre les télécoms et la banque sont utiles pour cette
réforme. Il est engagé socialement dans beaucoup de pays d’Afrique australe.
9. Tito Mboweni : ancien gouverneur de la Banque centrale d’Afrique du Sud. Il est resté 10 ans en
fonction (1999-2009), avant de se muer en Conseiller de Goldman Sachs International. Sa connaissance
de la haute finance et sa vision libérale de l’économie seront au service de cette réforme.
10. Vera Songwe : économiste camerounaise qui dirige le bureau Afrique de l’Ouest et Afrique centrale de
la Société financière internationale, après avoir dirigé le bureau de la Banque mondiale. Vera Songwe
apportera sa pleine expérience des fonctionnements des institutions de Bretton Woods à une équipe
dédiée au développement de l’Afrique.

88
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Peu de doctrine existe au sujet de cette réforme, notre présence au sein de l'équipe de son
excellence Paul Kagamé sur la réforme institutionnelle de l'Union africaine et la fréquence de
nos réunions durant les années 2017 et 2018, que ce soit à Kigali ou à Addis Abeba, nous ont
permis de comprendre, de près les véritables enjeux de ce processus de réforme, mais aussi de
poser des questions et trouver des solutions quant aux défis et obstacles qui pourraient
embrouiller la mise en œuvre de ce projet de réforme.

Intitulé « L’impératif de renforcer notre Union », le Rapport Kagame présenté lors du


Sommet de l'UA de janvier 2017, dressa un bilan sévère : « Nous avons une organisation
dysfonctionnelle, dont la valeur pour nos Etats membres est limitée, qui a peu de crédibilité
auprès de nos partenaires internationaux, et en laquelle nos citoyens n’ont pas confiance ».

Il dénonce « l’échec constant des décisions de l’UA » qui a entraîné « une crise de mise en
œuvre ». C’est notamment le cas du financement de l’institution, assurée aux trois quarts par
des aides extérieures. L’ensemble produit une « capacité de gestion limitée, une absence de
responsabilité pour le rendement, à tous les niveaux » et des « méthodes de travail inefficaces
».

C’est un grand chantier du fonctionnement de l’UA qui s’annonce et dont la mise en œuvre
semble incontournable pour atteindre les objectifs de la Réforme. Celle-ci repose, d’ailleurs,
sur un point fondamental et symbolique, celui du financement de l’UA. Alors qu’aujourd’hui,
son budget dépend à plus de 80% de donateurs extérieurs, l’Union africaine souhaite instaurer
son autonomie financière et ainsi, son indépendance réelle et effective.

A. Les domaines de la réforme :

La réforme institutionnelle de l'Union africaine touche à des domaines variés, notamment financiers,
politiques et organisationnels. Depuis sa création, l'Union africaine a été confrontée à des défis d'ordre
opérationnel, financier et politique. C'est ce qui a expliqué le choix de cette réforme et les orientations
régionales qui en découlent.

1. Défi opérationnel :

Les méthodes de travail du Sommet de l’Union africaine semblent inefficaces, et entravent la


prise de décision et la mise en œuvre de ces décisions. Les réunions du Sommet se tiennent
souvent en retard et sont caractérisées par des ordres du jour surchargés qui empêchent de

89
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

concentrer les échanges sur les questions stratégiques qui devraient retenir l’attention des
Chefs d’Etat.

Il serait alors plus adéquat pour chaque Sommet de la Conférence des Chefs d’Etat et de
gouvernement de ne pas inscrire à son ordre du jour plus de trois questions d’importance
stratégique, conformément aux recommandations du Rapport Mekele103.

2. Défi financier :

Le défi majeur est celui de financer l’Union africaine par ses propres moyens et de façon
pérenne.

En 2014, le budget de l’Union africaine était de 308 millions de dollars, dont plus de la moitié
était financé par des donateurs.

En 2015, il a augmenté de 30% pour s’établir à 392 millions de dollars, dont 63% ont été
financés par des donateurs.

En 2016, les donateurs ont assuré 60% du budget de 417 millions de dollars.

En 2017, les Etas membres devraient assurer 26 % du budget prévu de 439 millions de dollars
, tandis que les donateurs devraient apporter les 74% restants.

Les programmes de l’Union africaine sont financés à 97% par les donateurs.

En décembre 2016, seuls 25 des 54 Etats membres avaient acquitté intégralement leur
cotisation pour l’exercice 2016. 14 Etats membres ont versé plus de la moitié de leur
contribution et 15 n’ont effectué aucun versement.

Ce degré de dépendance vis-à-vis des financements des partenaires extérieurs soulève une
question fondamentale : comment les Etats membres peuvent-ils contrôler l’Union africaine et
retrouver leur dignité s’ils ne définissent pas leurs priorités ?

A cet effet, le barème actuel des cotisations devrait être révisé en tenant compte des principes
suivants : la capacité contributive, la solidarité, la répartition équitable du fardeau.

103
EX.CL/Dec.908(XXVIII) Rev.1, Décision sur la retraite du Conseil exécutif de Mekele Doc.
EX.CL/947(XXVIII) lors de la retraite du Conseil tenue à Mekele (Ethiopie) les 24 et 25 janvier 2016,
notamment le point 23 selon lequel, le Conseil exécutif "23. PREND NOTE du rapport sur l’étude comparative
des méthodes de travail de l’Union africaine et la rationalisation des activités des sommets, et APPROUVE les
recommandations qu’il contient".

90
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

De même, le Comité des Ministres des Finances devrait élaborer un ensemble de « règles
d’or » définissant des principes clairs de gestion et de responsabilité en matière financière,
lesquels principes devraient être inscrits dans les Statuts et le Règlement financier de la
Commission de l’Union africaine. De ce fait, la Décision de Johannesburg (prévoyant le
financement par les Etats membres de 100% du budget de fonctionnement, de 75% du budget
de programme et de 25% du budget des opérations de soutien à la paix) constitue un bon point
de départ.

Tos ces défis auxquels fait face l'Union africaine ont nécessité la prise en considération de
nombre de mesures qui vont dans le sens de plus d'efficacité, plus d'effectivité et plus de
dynamisme de l'Union.

Selon cette réforme et pour renforcer davantage l’Union africaine, il faudra agir dans les
quatre domaines suivants :

1. Recentrer l’Union sur les priorités essentielles touchant l’ensemble du continent ;

2. Recentrer les institutions de l’Union africaine sur ces priorités ;

3. Gérer efficacement l’Union africaine aussi bien au niveau politique qu’au niveau
opérationnel ;

4. Financer l’Union africaine par les propres moyens des pays africains et de manière
pérenne.

Parmi les propositions de l’équipe de Paul Kagame pour restructurer l’UA et redéfinir ses
priorités :

1. une meilleure division du travail entre la Commission, les Communautés économiques


régionales et les Etats membres ;
2. la transformation du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique
(NEPAD) en Agence de développement de l’UA ;
3. le renforcement des compétences du Président de la Commission ;
4. la mise en œuvre immédiate de la « taxe Kaberuka » de 0,2 % sur les importations,
dont le principe a été adopté lors du Sommet de juillet 2016 ;
5. le renforcement des sanctions pour les pays qui ne paient pas leurs contributions, entre
autres.

91
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Selon le rapport précité, un constat alarmant peut être dégagé: si l’Union africaine intervient
actuellement dans presque tous les domaines liés au développement du continent, son champ
d’action n’est pas bien circonscrit. Cette absence d’orientation claire complique l’affectation
stratégique des ressources et contribue à la fragmentation et à l’inefficacité de l’organisation.

Dès lors, il convient, selon les objectifs de la réforme, d’établir une répartition claire des
tâches et une collaboration efficace de l’Union africaine, des Communautés économiques
régionales (CER), des mécanismes régionaux, des Etats membres et des autres institutions
continentales, conformément au principe de subsidiarité.

De même, il a été constaté que l’Union africaine est une organisation complexe qui regroupe
des dizaines de structures104, il faudra procéder. Ainsi, il faudra procéder, à juste titre, à un
audit des pesanteurs bureaucratiques qui empêchent la prestation des services.

Un autre constat, non moins préoccupant, celui de l'efficacité du Conseil de paix et de


sécurité. Bien qu’étant doté d’un cadre juridique solide, de pouvoirs et de fonctions accrus, la
qualité des décisions, des interventions et des résultats obtenus par la Commission paix et
sécurité n’est pas à la hauteur de l’ambition envisagée dans le Protocole qui l’a créé.

B. Les objectifs de la réforme :

Parmi les propositions et objectifs à atteindre après la mise en place de la réforme, nous
citerons les objectifs suivants :

1. Rationalisation du champ d’action de l’UA:

Le projet de réforme prévoit la limitation des champs d’intervention de l’Union africaine qui
se concentrerait sur quatre domaines prioritaires de portée continentale : les affaires
politiques, la paix et la sécurité, l’intégration économique et les moyens pour l’Afrique de
faire entendre sa voix sur la scène internationale.

Ce recentrement des priorités concerne aussi les Sommets de l’UA. Lors des prochains
Sommets, pas plus de trois thèmes comptant parmi les questions stratégiques ne devraient
être soumis aux Chefs d’Etat et de gouvernement.

2. Réalignement des institutions:

104
Par exemple, on dénombre 8 Directions rattachées à la Commission et 31 départements et services, de même
que 11 organes de l’Union africaine, 31 agences techniques spécialisées (ATS) et une vingtaine de Comités de
Haut niveau.

92
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Une « division claire du travail » entre l’Union africaine et les communautés économiques
régionales (CER), les Etats membres et les autres institutions continentales est l'un des points
de mire de cette réforme.

La Commission de l’UA devra aussi faire l’objet d’un audit institutionnel et opérationnel pour
évaluer les « goulots d’étranglement » qui paralysent son fonctionnement.

3. Réforme du financement:

Cette réforme d'ordre financier, particulièrement vue comme prioritaire, permettra d’offrir à
l’Organisation panafricaine une souveraineté financière et politique. En effet, plus de 80% de
son budget dépend, aujourd’hui, des donateurs étrangers. Le principe d’une taxe de 0,2 % sur
certaines importations (dite « taxe Kaberuka» du nom de l’ancien Président de la Banque
africaine de développement (BAD) à l’origine de cette proposition) a été entérinée en juillet
2016 par les Chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Kigali.

Une telle formule (adoptée à l’unanimité lors du Sommet de juillet 2016) rapporterait 1,2
milliards de dollars par an et donnerait à l’instance panafricaine son indépendance financière
vis-à-vis des bailleurs, si elle sera concrétisée et appliquée.

C. Le calendrier de la réforme :

D'après le Rapport sur la mise en œuvre de la décision sur la Réforme institutionnelle de l'Union
africaine présenté par son excellence M. Paul Kagame, Président de la république du Rwanda, lors de
la 29éme session ordinaire de la Conférence de l'Union qui s'est déroulée à Addis Abeba (Ethiopie) les
3 et 4 juillet 2017105, le calendrier de mise en œuvre de cette réforme a été présenté comme suit:

1. Lors du 29éme Sommet de l'UA (juillet 2017):


 Supervision au niveau des chefs d'Etat en exercice et mise en place de l'Unité
de mise en œuvre de la Réforme;
 Nouvelles méthodes de travail du Sommet désormais opérationnelles,
notamment en mettant l'accent sur un nombre réduit de priorités clés;
 Approbation de l'instrument du Fonds pour la Paix et nomination du Conseil
d'administration.
2. Lors du 30éme Sommet de l'UA (janvier 2018)
 Tenue du Sommet ordinaire de l'Union une seule fois, de façon annuelle, en janvier, et
qui comprendra une réunion de coordination UA-REC;

105
Assembly/AU/2(XXIX)

93
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

 Création de la Troïka des Présidents de l'Union africaine avec l'élection du nouveau


Président et du futur Président de 2019;
 Examen du cadre des Sommets de partenariats:
 Proposition de mécanismes juridiquement contraignants relatifs à la mise en œuvre de
la réforme (prêtes à être proposées et adoptées);
 Proposition de quotas pour la participation des jeunes, des femmes et du secteur privé
(prêtes à être proposées et adoptées);
 Achèvement de l'audit des goulots d'étranglement et des inefficacités bureaucratiques;
 Propositions visant la réforme des organes de l'UA, de la répartition des tâches au
niveau de la Commission de l'UA et des CER (prêtes à être proposées et adoptées).
3. Lors du 31éme Sommet de l'UA (janvier 2019)
 Décision sur le financement entièrement mise en œuvre et adoption des
mesures complémentaires;
 Propositions relatives à la révision des mandats et au fonctionnement des
organes clés de l'UA prêtes à être examinées et adoptées;
 Propositions relatives aux biens et services publics prêtes à être examinées et
adoptées;
 Mise en place du Corps des jeunes africains;
 Proposition relative au choix des principaux dirigeants de la Commission de
l'UA prête à être examinées et adoptées sous forme d'amendement au
Règlement intérieur de la Conférence, en vue de son application en 2021;
 Achèvement de l'examen des besoins de dotation en personnel de la
Commission de l'UA et des conditions de services;
 Proposition visant la réévaluation de la taille et de la capacité des structures de
la Commission de l'UA prête à être examinée et adoptée.

D. Les défis quant à la mise en œuvre de la réforme :

Il est tout à fait normal que tout projet de réforme va, nécessairement, être confronté à nombre
de défis et obstacles, tant au niveau de sa perception qu'au niveau de sa mise œuvre.

Les Chefs d’Etat et de gouvernement soutiennent, pour la plupart, le projet de réforme de Paul
Kagame. Néanmoins, ils ont exprimé leur volonté de bénéficier de plus de temps pour évaluer
les propositions du rapport Kagame.

94
Cours institutions de l’Union africaine proposé par Mme Hajer GUELDICH

Ceci dit, ce projet de réforme institutionnelle de l'Union africaine, bien qu'il ait été déjà
entériné par les Chefs d'Etat et de gouvernement à l'occasion du Sommet de l'UA de janvier
2017, il continue, néanmoins, de susciter les interrogations, les craintes, les hésitations et les
doutes par certains nombre d'Etats africains, encore non convaincus par un certain nombre de
points relatifs à cette réforme106.

Au sein de l'Union africaine, une structure dénommée "l'Unité de mise en œuvre de la


réforme" (RIU) a été crée au sein du Bureau du Président de la Commission. Elle est
composée de talents exceptionnels recrutés à l'intérieur et en dehors de l'UA. Elle est placée
sous la supervision du Président de la Commission de l'UA et est responsable devant les
Chefs d'Etat chargés de la supervision. Elle fonctionne avec des méthodes de travail efficaces
et sera dissoute une fois la réforme achevée. Le Directeur de cette Unité est M. Pierre
Moukoko Mbonjo107.

Les différents domaines et champs d'action de la réforme de l'UA ne seront pas aussi aisés à
mettre en œuvre qu'on ne peut le penser 108. En effet, un certain nombre de défis et de
challenges peuvent faire obstacle à la mise en œuvre effective de cette réforme, fort
ambitieuse, notamment en rapport avec le droit de l'UA.

FIN.

106
Voir notamment la position de la SADC et la position des pays de la région de l'Afrique du nord.
107
Prof. Pierre Moukoko Mbonjo, l’ancien Ministre des relations extérieures camerounais a été désigné par la
Commission de l’Union africaine (UA) pour diriger l’Unité des réformes institutionnelles chargée de conduire la
réforme de l’Organisation panafricaine.
108
Voir:
- Rapport sur la mise en œuvre de la décision sur la réforme institutionnelle de l'Union africaine de son
excellence M. Paul Kagame, présenté à la Conférence de l'Union à l'occasion de la 29e session ordinaire tenue à
Addis Abeba les 3 et 4 juillet 2017 (Assembly/AU/2(XXIX).
- Rapport intérimaire sur l'état d'avancement de la mise en œuvre de la décision sur la réforme institutionnelle de
l'Union africaine, présenté à la Conférence de l'Union à l'occasion de la 30éme session ordinaire tenue à Addis
Abeba les 28 et 29 janvier 2017 (Assembly/AU/3(XXX).

95

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