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HISTOIRE 1

Les divers types


d’eunuques
G. ANDROUTSOS ;
S. GEROULANOS
de l’État byzantin :
RÉSUMÉ : Le but de cet article est
de présenter la place et les fonctions
des eunuques à Byzance, leur rôle et leur
leur rôle et leur sens
sens symbolique, les célèbres eunuques,
les divers types d’eunuques, les techniques
de castration, les modifications chez l’homme
dues à la castration et l’attitude de l’Église
symbolique
L
envers cette pratique barbare. a longue histoire de Byzance four- Cubiculum3, le grand chef des eunuques
mille de faits et gestes d’eu- et le grand maître de la maison, était aussi
nuques, qui, agissant au grand un eunuque. À Byzance, le Basileus avait
jour ou intriguant dans les coulisses, ont plus souvent recours à eux que la Basi-
influencé la destinée de l’Empire. lissa4 ; sans les eunuques, le Basileus ne
pouvait exercer pendant une heure son
La place pouvoir. L’importance croissante de tout
ce qui touchait à la personne de l’empe-
et les fonctions reur accrut parallèlement celle du sacrum
des eunuques cubiculum, duquel relevait l’administra-
tion de la maison de l’Empereur et, en
dans l’État byzantin particulier, le soin du vestiaire impérial
(sacra vestis) (6). Le praepositus11 sacri cubi-
À Byzance, les eunuques remplissaient culi était l’un des dignitaires les plus éle-
non seulement toutes les fonctions de l’É- vés et les plus influents. Le sceptre venait-
tat, mais un grand nombre des plus il à échoir à un souverain faible, le
hautes leur était légalement réservées (5). praepositus de la “chambre à coucher”
Les membres de la plus haute aristocra- devenait souvent le personnage le plus
tie, parfois même des fils d’Empereur, se puissant de l’empire. Les praepositi furent
faisaient eunuques, afin que les fonctions presque sans exception des eunuques (6).
les plus importantes ne fussent pas Huit titres honorifiques, commençant
confiées à des étrangers (23). Quand on avec celui de patrice10 mais comportant
voulait, à Byzance, assurer à son fils une la plupart du temps une désignation par-
belle carrière, on le châtrait. Celui-ci pou- ticulière, sont affectés aux eunuques, et
vait alors facilement devenir gouverneur, les eunuques patrices avaient même la
ambassadeur, premier ministre, stratège14, préséance sur les autres patrices et anthy-
amiral, patriarche. Les chanceliers d’É- patoi1 (13). Sur les listes de préséances de
tat, les présidents du Conseil étaient sou- Philothée, à côté des soixante hauts fonc-
vent des eunuques. L’eunuque se trou- tionnaires de l’administration immédia-
vait parmi la meilleure société et c’était tement responsables devant l’empereur,
là la grande différence avec Rome où les figurent les huit “fonctionnaires
eunuques, malgré leur influence et leurs eunuques” rangés dans un groupe à part
millions, étaient toujours considérés (18). Un certain nombre de fonctions
comme inférieurs à un mendiant né libre. auliques étaient, en règle générale sinon
Quelle que fût la puissance des eunuques, absolue, occupées par des eunuques. Il
MOTS-CLEFS : une dignité leur restait fermée : ils ne faut nommer celle du parakimomène9,
• Eunuchisme purent jamais devenir eux-mêmes Basi- ainsi que la charge du protovestiaire12,
• Byzance léus2 car le Christ n’était pas un ange. préposé à la garde-robe impériale (14).
• Eunuques célèbres Semblables à des anges, ils étaient pré- Enfin, au palais, les eunuques montaient
• Techniques de castration sents sur tous les degrés de l’échelle toujours la garde dans l’antichambre. Le
• Divers types d’eunuques divine de la Cour impériale. Le Préfet du culte rendu à la sainte personne du Basi-

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léus n’avait rien de servile en ce qui tants sous les coupoles dorées, les limite, les harems, exigeaient une sur-
concernait les hautes fonctions, car, plus eunuques s’approchent de leur Maître en veillance, mais il fallait que les gardiens
on se rapprochait de lui, plus l’honneur se voilant la face et ont pour rôle de soient inoffensifs! On attribue leur origine
était grand. Les femmes de haute volée conduire, de présenter, de transformer et à la légendaire Sémiramis, mais s’ils
assistaient aux séances de l’hippodrome, de transmettre: conduire vers le trône, en avaient été des gardiens, on ne comprend
entourées de leurs eunuques. Il en était les soutenant aux épaules comme une pas pourquoi cette souveraine aurait
de même dans les églises, où elles sié- paire d’ailes, les visiteurs reçus en inventé cette catégorie d’homme, uni-
geaient pendant les offices dans des gyné- audience, présenter à l’Empereur les quement pour devenir leur prisonnière
conites. L’étiquette exigeait que les insignes sacrés du couronnement, trans- (1). Cléopâtre elle-même aimait à s’en-
eunuques accompagnassent les dames de former en image du Christ le guerrier pro- tourer d’eunuques. Mardian et Pothéinos
haute situation pendant leurs excursions fane appelé à régner, transmettre enfin, de étaient ses confidents. En Perse et dans le
en ville. Le confesseur même devait être haut en bas de l’échelle sociale, les ordres monde arabe, c’est la condition d’em-
eunuque: l’Église orthodoxe, à l’encontre et les messages. À cette ascendance céleste, bauche pour les esclaves préposés à la
de celle de Rome, admettait que les ils doivent la position privilégiée qu’ils garde des femmes du sultan. Le mot
eunuques pussent être chargés de sacer- occupent dans l’Empire (4). Saint Denys eunuque provient d’un mot grec qui signi-
doce (23). Les impératrices recevaient l’Aréopagite nous révèle ce qu’il a vu avec fie lit (de femme) et d’un autre qui signi-
dans leurs appartements, entourées d’eu- “des yeux immatériels, libérés des liens de fie avoir. Son sens s’étend ensuite à bien
nuques, les hauts dignitaires qui n’ap- la chair”, et c’est lui qui est devenu, sans le d’autres fonctions : le recrutement de
partenaient pas, pourtant, à la rassurante savoir, le véritable maître des cérémonies domestiques pour le Palais impérial en
catégorie des officiers sans barbe, et cela de la cour de Byzance. Ils entourent dans Chine, d’esclaves en Afrique, en Asie, puis
malgré la pruderie des gynécées5. Mais, un ordre sévère “la gloire divine” du Basi- en Europe. Les eunuques ont l’avantage
vers le Xe siècle, l’influence de l’Orient leus, symbole mortel de la forme divine. d’être plus faciles à domestiquer, plus
musulman fit que l’impératrice fut plus Leurs voix claires de castrats s’élèvent dans dociles dans l’exécution de tâches rebu-
enfermée dans les gynéconites (10). En les coupoles dorées pour chanter les tantes. Le vœu de chasteté absolue, recom-
général, les eunuques byzantins étaient “Louanges des Chérubins”. Ce sont les mandé par certaines religions, fait égale-
cruels, intrigants, ambitieux, débauchés, eunuques qui l’accompagnent dans le bain ment des victimes : les Galles, puis les
criminels jusqu’à la monstruosité. Néan- sacré des Blachernes où le Basileus se Skopsys, membres d’une secte de fana-
moins, il y eut parmi eux quelques ver- plonge pour renaître tous les huit jours. tiques en Russie. L’obligation, pour les
tueux. Le goût des Byzantins pour les Ces actes ne sont pas autre chose qu’une Églises de recruter des chanteurs mascu-
eunuques n’était d’ailleurs pas sans pro- magie symbolique dont le but est d’in- lins aux voix hautes de soprano ou de
voquer les railleries de leurs ennemis. fluencer le rythme du corps et de le trans- contralto, à une époque où les femmes
Les rapports des contemporains sur les former en copie de l’image divine. n’étaient pas admises à chanter, est un
eunuques ont toujours quelque chose de autre prétexte. Les médecins ne sont mal-
tourmenté, de faux, on a l’impression
que ceux qui parlent d’eux emploient
Mauvais prétexte heureusement pas en reste. Fabricio d’Ac-
quapendente (1537-1609) rapporte les sta-
non seulement une fausse ironie mais pour la justification tistiques d’Horace de Norsia, un
qu’ils sont encore rongés par une jalou-
sie mystérieuse qui leur fait frôler la
de la castration chirurgien italien qui châtre à lui seul près
de deux cents garçons par an! Pour ce chi-
méchanceté (3). À l’origine, la castration est destinée à châ- rurgien, la cure radicale des hernies doit
tier les prisonniers de guerre afin de s’accompagner de l’ablation d’un testi-
Rôle des eunuques réduire leur force musculaire, diminuer
leur combativité, et éviter qu’ils se repro-
cule, voire des deux. Seule cette opération
complémentaire assure la guérison défi-
à Byzance : duisent. Puis ce châtiment est étendu aux nitive! Une autre pratique de la castration
leur sens symbolique condamnés de droit commun pour crime
ou pour viol… avec les mêmes arguments.
est signalée par Ambroise Paré (1509-1590)
dans le traitement de la lèpre! Dénonçant
À Byzance, les eunuques représentent, au La castration totale était courante parmi Aétius d’Amida (567-565), chirurgien
point de vue chrétien, des forces sacrées, ils les peuples turcs et chinois. Condamnée byzantin, et Valescus de Tarente, né en
occupent donc un rang social très supé- par le coran, elle était cependant tolérée 1418 en Italie, Ambroise Paré s’élève avec
rieur à leurs égaux des Cours orientales. dans le monde musulman ! À Byzance indignation contre de telles pratiques: “Il
Si certains hommes sont châtrés, si l’Em- aussi la castration était combattue avec la faut préserver les coillons des garçons, si
pire s’enrichit de cette catégorie inatten- plus grande rigueur: elle était frappée de nécessaires à la génération et qui mettent
due “d’officiers sans barbe”, c’est qu’il la peine capitale sous Constantin, et le la paix dans la maison” (2).
s’agit de représenter ici-bas les anges, ces Code Justinien prévoyait le talion pour
personnages importants de la Cour de
Dieu. Telle est la raison d’être, et la seule,
ceux qui auraient participé ou favorisé
cette pratique. Il serait erroné de s’imagi-
Attitude de l’Église
des eunuques. Ils ne servent pas à garder ner que les eunuques ont été à l’origine envers la castration
le sérail. À Constantinople, les femmes ne les gardiens du harem, ce n’est que fort
vivent pas en recluses. Et comme les ché- tard que le monde musulman leur a assi- L’Église chrétienne, dès son avènement,
rubins, dont ils se déclarent les représen- gné cette fonction. La polygamie sans condamna sévèrement la castration et fus-

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tigea sans équivoque ceux qui avaient faveur de l’impératrice Théodora, épouse tège du Dodécanèse et maréchal quand
choisi de s’automutiler pour éviter de de Justinien, il mata la grande sédition il battit les Arabes. Il déposa de ses
perdre leur chasteté. Le plus célèbre Nika (532). Puis, il fut envoyé en Italie propres mains la dépouille de Constan-
d’entre eux fut Origène, théologien et exé- sous les ordres du général Bélisaire avec tin VII dans son cercueil et rendit aux
gète né à Alexandrie en 183, mort à Tyr lequel il se querella avant de lui succé- quatre empereurs qui lui succédèrent les
en 254; ses imitateurs furent nombreux. der. Actif, énergique, populaire, cerveau plus zélés services.
L’Église d’Orient n’excluait pas ceux qui guerrier, il battit les Ostrogoths (552) et Jean, eunuque et moine au service de
avaient subi une castration forcée ou ceux chassa d’Italie les Francs et les Alamans. l’empereur Romanos III Argyros (1028-
qui étaient “eunuques de naissance”. Le Patrice du gouvernement de l’Italie, il 1034). Sur les prières de Jean, l’empereur
concile de Nicée, en 325, admit que réorganisa l’administration mais eut des engagea aussi le frère de celui-ci, Michel,
l’émasculation accidentelle ou médicale difficultés sous l’empereur Justin II (565- homme d’une beauté exceptionnelle.
d’un clerc le rendait apte au sacerdoce, 578) et fut destitué. L’impératrice Zoé tomba amoureuse de
alors que celle qui résultait d’une mutila- Staurakios, grand ministre de l’impéra- Michel. Jean contribua à l’assassinat de
tion volontaire l’excluait du clergé (8). Les trice Irène, épouse de Léon IV (775-790). l’empereur, puis il poussa Zoé (régente
patriarches de Constantinople Nicetas, Patrice et logothète6, il conclut la paix avec pour son fils) à épouser Michel, il intro-
Photius, Ignace et Méthode, ainsi que plu- les Arabes, il subjugua les Slaves en Hel- nisa ce dernier et proclama héritier son
sieurs métropolites de Russie étaient des lade et reçut les honneurs du triomphe à neveu. Mais c’était lui le vrai empereur :
eunuques. Une bulle pontificale de Léon l’hippodrome, tout comme un Pompée intelligent et instruit, il fut l’âme du gou-
Ier réitéra en 395 l’interdiction formelle de ou un César. Il fut l’objectif d’incessants vernement et la terreur universelle,
la castration volontaire sous toutes ses complots menés par un de ses congénères, notamment lorsqu’il était ivre. Sous son
formes, disposition qui demeurerait dès Aétios. Les deux côtés se livrèrent à des “règne”, les tortures, les condamnations
lors en vigueur. Saint Thomas d’Aquin et atrocités et à des crimes sous l’égide de à mort, les exils, étaient quotidiens. Fina-
saint Jean Chrysostome se prononcèrent la “très chrétienne Basilissa”. lement, l’impératrice se révolta contre
contre la castration, position qui serait lui, afin de faire échapper l’empereur à
celle de l’Église. Ces règles furent à peu Samonas, favori de l’empereur l’influence de son frère.
près observées jusqu’au XIIe siècle, lorsque Léon VI (886-912)
se posa la question du chant choral. On
voulait avoir des voix douces, angéliques,
Il gagna ses bonnes grâces en lui révé-
lant un complot auquel il avait feint de
Divers types d’enuques
ayant le timbre féminin. Et l’on n’admet- participer. Comblé de titres et de Il y avait plusieurs espèces d’eunuques.
tait pas que les chantres fussent des richesses, patrice, parakimomène, il fut On rencontrait si souvent, dans les rap-
femmes. Pour remédier au manque de pendant quinze ans (896-911) le maître ports d’hommes normaux sur les
voix de soprano, on avait admis des cas- absolu de l’Empire, et Léon VI lui était eunuques, les épithètes “courageux”,
trats comme chanteurs religieux, ce que tellement attaché que l’eunuque ayant “téméraire”, “énergique”, en relation
l’Église byzantine, puis l’Église romaine tenté de s’enfuir en pays arabe avec ses avec ce méprisant “quoiqu’eunuque”.
avaient fait. Les chants religieux étaient richesses et ayant été arrêté, il n’eut à On peut se demander devant l’énergie
chantés par des bandes d’eunuques. Peu subir que quelques mois de disgrâce que la plupart de ces eunuques déployè-
avant la prise de Constantinople, l’Em- (904) et redevint plus puissant que rent, s’il s’agissait vraiment de castrats
pire byzantin avait été le premier à utili- jamais. Mais il finit par connaître lui aussi au sens où la chirurgie moderne l’entend,
ser de façon notoire les eunuques chan- l’infortune : convaincu d’avoir écrit un membri ablatione. Bien des historiens pen-
teurs dans les églises, comme nous le libelle diffamatoire contre l’empereur, il chent plutôt pour une demi-castration
raconte le canoniste Théodore Balsamon fut enfermé dans un monastère et il se compatible avec l’ardeur amoureuse.
dans son Commentaire du Nomocanon, vit remplacé dans la faveur du maître Lorsqu’on songe au rôle prépondérant
au XIIe siècle (15). Les castrats provenaient par un autre eunuque paphlagonien8 de joué par la caste des eunuques dans tous
de familles pauvres, impressionnées par sa maison. les domaines, on se demande si ces
l’avenir prometteur qu’on leur laissait hommes n’étaient pas soumis à une opé-
espérer. Les eunuques font leur appari- Joseph Bringas ration du genre de celles du docteur Stei-
tion dans le chœur de la chapelle Sixtine, Cet eunuque fit une brillante carrière nach plutôt qu’à une castration complète.
et leur usage se répand au cours du sous le règne de Constantin VII (905-959). Bien que l’hypothèse précédente ne
XVIIe siècle malgré la condamnation du Ce dernier, après avoir renversé son pré- puisse encore être prouvée, de nom-
pape Clément XIV. tentieux co-régent, ayant reconnu la breuses raisons parlent en sa faveur.
valeur du jeune homme – qui apparte- Comment s’expliquer autrement le grand
Quelques eunuques nait à la famille suspecte de son adver-
saire – le fit châtrer, ce qui équivalait à
nombre d’eunuques non dégénérés,
conservant jusque dans leur plus haute
célèbres lui rendre hommage. Dès lors, les fonc- vieillesse leurs qualités géniales qu’on
tions les plus hautes de l’État lui furent trouve à travers toute l’histoire de l’Em-
Narsès (478-568), natif de Perse ouvertes : nommé patrice, il devint pre- pire d’Orient ? La méthode la plus radi-
Il fit une brillante carrière sous le règne mier ministre, chancelier, chef du sénat, cale, l’émasculation complète, consistait
de Justinien Ier (527-565). D’abord, grand gouverneur du Palais Sacré, exarque4 en l’ablation des deux testicules et de la
chambellan et praepositus, grâce à la général, grand amiral de la flotte, stra- verge. La suppression de la fonction tes-

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ticulaire pouvait être obtenue, soit par ans : il était essentiel qu’elle intervînt nait douloureuse ; il y avait même des
extirpation (ablation) des deux testicules, avant le début de la fonction glandulaire cystites et, dans certains cas, une incon-
soit par froissement ou écrasement des des testiculaires. L’acte en lui-même tinence d’urine nécessitant l’emploi
testicules, intervention sauvage relatée devait être très rapide. Ibn al Abbas (8) d’une éponge ou d’un appareil en caout-
par Hippocrate dans Genitura, à laquelle décrivit en détail la technique. On com- chouc, avec tous les inconvénients qui
étaient soumis les malheureux thlibiae. mençait par mettre un garrot serré à la s’y rattachaient. Ce qui constituait une
Une autre catégorie comprenait les spa- base des testicules et de la verge, on cou- tare qui empêchait le service et dépré-
dones, qui avaient subi une presque pait le tout avec un rasoir très aiguisé ! ciait le sujet. Parfois aussi, une cicatrice
totale atrophie testiculaire, due à un trau- L’hémostase était obtenue par l’appli- vicieuse rendait le pertuis très exigu et
matisme ou une infection des testicules, cation de poudres hémostatiques à base impossible à franchir par une sonde au-
ou une torsion du cordon dans les d’aloès, et par compression. Ce procédé dessus du numéro 3. On était alors
bourses ou une section des vaisseaux est resté en usage jusqu’au XIXe siècle, obligé d’avoir recours à la dilatation, et
spermatiques. Chez les spadones, le dans un monastère Copte à Assiout, en même à une urétrotomie. Selon un pro-
phallus persistait et les tentatives de rap- Haute Égypte, pour produire de jeunes cédé, on commençait par une incision à
prochements sexuels pouvaient aboutir eunuques. La mortalité de cette inter- l’aine, par laquelle le chirurgien tirait le
à des satisfactions mutuelles, bien que vention était effrayante, ce qui rendait cordon et les testicules. L’ablation totale
stériles. C’est précisément à cause de ce élevé le prix de ces jeunes eunuques (17). était alors effectuée par un couteau, tan-
résultat négatif que les nobles romaines Au cours du Moyen âge la plupart des dis que les canaux étaient ligaturés. Cette
recherchaient autrefois les spadones pour barbiers ambulants faisaient la castra- opération différait beaucoup de celle des
leurs ébats lascifs, sans compromission tion simultanément à la cure de hernie eunuques de harem à qui on enlevait
consécutive. Dans ces cas, il y avait tout ou d’hydrocèle. Parfois, mais rarement, tous les organes sexuels extérieurs, géné-
de même éjaculation, mais elle était les négrillons qui avaient atteint la ralement après la puberté (2). L’ampu-
constituée par le liquide prostatique mêlé puberté étaient châtrés par les procédés tation était faite à l’aide d’un rasoir. La
au produit de sécrétion des autres employés pour les chevaux et les tau- plaie était ensuite pansée avec du petit
glandes accessoires de la génération. reaux, en se bornant à l’extirpation ou plomb de fusil, des substances astrin-
L’orgasme se terminait donc par une bien à l’écrasement des testicules. Dans gentes, de l’huile bouillante ou du miel
expulsion quasi-voluptueuse, qui était ces derniers cas, la mortalité serait moins très chaud. Une fois l’hémorragie arrê-
une véritable fiche de consolation. Ainsi grande. Mais aussi, ces mauvais tée, on fixait dans l’urètre, jusqu’à par-
que les Romaines, les Byzantins se ser- eunuques étaient vendus à vil prix, leur faite guérison, une sorte de clou en
vaient de spadones. Ce qui explique les anaphrodisie n’étant pas complète. Ce plomb d’une longueur de 5 centimètres,
fréquentes ententes et coopérations des n’est que bien rarement que les perever- légèrement recourbé et terminé par une
eunuques avec les impératrices, même tysi pratiquaient le bistournage (torsion extrémité renflée. Cette tige métallique
dans les complots contre les empereurs, – écrasement des cordons spermatiques) pénétrait dans la vessie; elle y était reliée
et les succès des eunuques dans la haute et les prokolyschi la perforation des cor- par des fils et une bande de linge qui
aristocratie. Une dernière catégorie com- dons spermatiques par des aiguilles. Les ceintrait le ventre et les reins, et était
prenait les thlasiae (du grec contusion- résultats obtenus ayant été mauvais, on maintenue par un morceau de toile fixée
ner) qui présentaient une atrophie testi- y avait, depuis bien longtemps, renoncé. à la ceinture en avant et en arrière. Pour
culaire (24). La mortalité des eunuques complets était Pelikan (19), la principale utilité de ce
immense. À la suite de l’excision prati- clou était de faire obstacle au rétrécisse-
La technique quée au ras de la peau, la plupart des
eunuques se servaient, pour uriner, d’un
ment du canal et de parer aux accidents
de rétention pouvant résulter de l’in-
La castration proprement dite était à la tube en argent qu’ils s’introduisaient flammation, de la rétraction et de l’ob-
fois simple et complexe. Simple dans son comme une sonde, dans le but de pou- turation du canal. L’opération, comme
principe, mais complexe dans son appli- voir s’exonérer debout et sans mouiller on le voit, était primitive ; elle pouvait
cation, et surtout très dangereuse, tant leurs effets. Pour remédier à ces incon- laisser après elle des cicatrices vicieuses
l’opération pouvait être inégalement vénients, ou plutôt pour les prévenir, les ou des chéloïdes cicatricielles. Un moyen
réussie et provoquer des hémorragies opérateurs à soutane laissaient, parfois, plus barbare était encore employé (9).
ou des infections, mortelles dans beau- un petit bout de verge. Mais ces Aussitôt, l’ablation des organes faite, on
coup de cas. Godard situait la mortalité eunuques étaient dépréciés. Localement, introduisait dans l’urètre, non plus un
entre 10 et 80 % selon les opérateurs (11). on voyait chez un eunuque complet, au- clou, mais un morceau de roseau saillant
Cette statistique tenait compte à la fois dessous du pubis, un froncement de la de deux pouces, afin que le rejet de
des moyens médicaux précaires de peau, pareil à celui d’une bourse à cou- l’urine se fasse sans interruption. On
l’époque et des différences probablement lants, au fond duquel se trouvait un per- appliquait ensuite un emplâtre sur la
considérables qui apparaissaient entre tuis qui était l’orifice du restant de plaie, et le patient était enterré jusqu’au
des chirurgiens aussi réputés que ceux l’urètre pénien. Parfois on y voyait un cou dans un trou rempli de sable chaud
de Bologne et quelques “faiseurs bourgeonnement en choux-fleur, suin- et sec. Cette manœuvre était faite dans le
d’anges” improvisés des villages les plus tant avec persistance, devenant même but de réduire le blessé à l’immobilité
reculés. L’opération n’avait jamais lieu très exubérant et simulant une tumeur la plus rigoureuse. La fièvre intense ne
avant sept ans, et rarement après douze maligne. Parfois aussi la miction deve- manquait pas de se déclarer dans les

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heures qui suivaient. Pendant trois jours soigneusement bandé (22). Le patient, sans perte de substance du scrotum, les
le blessé était soumis à la diète hydrique. soutenu par des aides, était ensuite pro- cicatrices étaient latérales et plus ou
Une alimentation liquide, saine et forti- mené deux ou trois heures dans la moins parallèles au raphé médian. Si les
fiante suivait. Une semaine après on l’ex- chambre, après quoi on lui permettait deux testicules avaient été enlevés d’un
humait. On ne redoutait plus l’hémor- de se coucher. Pendant les trois jours qui seul coup, la cicatrice variait suivant la
ragie. Le plus souvent la cicatrice était suivaient, l’opéré était privé de boissons; façon dont avait été faite la section de la
définitivement obtenue dans un mois. le pansement n’était point touché et le peau du scrotum. Si celui-ci avait été
L’arsenal chirurgical était primitif : un malade souffrait non seulement de sa serré latéralement par la main, parallèle
rasoir ou sa lame enchâssée dans deux plaie, mais surtout de la rétention au périnée, la cicatrice était dans le sens
morceaux de bois, des couteaux de d’urine par obstacle mécanique. Ce laps du raphé médian et allongée ; si, au
diverses grandeurs, de fragments de de temps écoulé, les pièces du panse- contraire, le scrotum avait été saisi de
vitres, de morceaux de fer ou de tôle, de ment étaient enlevées et le malade pou- haut en bas entre le pouce et les doigts
morceaux d’os de bœuf bien aiguisés vait pisser ou tout au moins essayer de dirigés transversalement au périnée, la
(21). Pour les pansements consécutifs, pisser, car il ne réussissait pas toujours. cicatrice était toujours perpendiculaire
des fils d’archal, de la charpie, des S’il pouvait uriner, il était considéré au raphé ; elle affectait dans ce cas une
éponges, divers emplâtres, des onguents, comme guéri. Après l’amputation, il res- apparence de fer à cheval à concavité
du cérat, de la graisse, de l’huile d’olive, tait une large plaie, de forme générale- tournée en avant, parce que les deux
de la suie, différents sels, de la coupe- ment triangulaire, à sommet inférieur. extrémités étaient relevées par la contrac-
rose bleue, de l’alun, des herbes et des La réparation se faisait par bourgeon- tion des crémasters, tandis que le milieu
médicaments, du salpêtre, de l’eau nement et demandait une centaine de était tiré en arrière par celle du sphinc-
régale et d’autres substances médicinales jours en moyenne. La complication la ter externe de l’anus. Enfin, l’aspect de la
ou non. L’opération totale, en deux plus fréquente était l’incontinence cicatrice était d’autant plus net et régu-
temps, c’est-à-dire, celle qui consistait à d’urine; plus tard venait la rétention. On lier que la marche de la guérison avait
enlever la verge après les testicules était la voyait de préférence chez les sujets été plus simple. S’il survenait, soit une
fréquente. L’ablation de la verge aurait jeunes. Les opérés souillaient leur couche suppuration prolongée, soit un phleg-
lieu plusieurs années après l’enlèvement et leurs habits, et les fermentations mon, etc. ces accidents imprimaient leur
des testicules; elle se ferait à l’aide d’une ammoniacales et la stagnation de l’urine cachet particulier à la cicatrice qui en
hache frappant sur un billot, ou plus étaient la cause de fréquents calculs résultait. La cicatrice variait en outre
simplement à l’aide d’un fort couteau. ammoniaco-magnésiens. Les fermenta- selon que l’opération avait été faite en
L’opération était simple et rapide. Par tions, à odeur désagréable, qui en résul- un ou en plusieurs temps. Si la verge
des manœuvres préliminaires on pro- taient avaient fait créer l’expression avait été coupée séparément des testi-
duisait une légère atrophie des testi- populaire : “Il pue comme un eunuque ; cules, il pouvait y avoir en effet deux
cules ; par l’absorption de drogues spé- on le sent à cinq cents pas”. Les fer- cicatrices distinctes, une ronde ou poly-
ciales, on obtenait une anesthésie qui mentations et la stagnation de l’urine gonale, à la racine de la verge; une autre,
diminuait la douleur des 9/10. L’opéra- sont la cause de fréquents calculs ammo- sur le scrotum, ordinairement transver-
teur était, en général, assisté d’aides et de niaco-magnésiens. Pour lutter contre sale, elles étaient alors séparées par un
deux apprentis. Le patient était couché l’atrésie, l’opérateur introduisait dans intervalle de peau saine dans l’angle ren-
sur une sorte de lit de camp. Des bandes l’urètre soit une petite cheville de bois, trant péno-scrotal ; mais on pouvait
compriment les cuisses et le ventre. Un soit plutôt une sorte de petite bougie en retrouver cet aspect aussi dans une sec-
assistant le fixait vigoureusement par la étain identique à celle dont nous don- tion faite d’un seul coup. Dans ce cas
taille, tandis que deux autres tenaient nons la gravure. Ce dilatateur était dans cependant, il n’y avait qu’une seule plaie
les jambes écartées. L’opérateur était les premiers temps maintenu dans ovale à grand diamètre parallèle au
armé soit d’un couteau courbe, en ser- l’urètre en permanence et retiré seule- raphé. La cicatrice, à la longue, se
pette, soit de longs et forts ciseaux. De ment au moment des mictions. Au bout confondait presque avec la peau voisine
la main gauche, il saisissait “le et les”, de trois mois, l’eunuque était considéré (7). Les résultats lointains de la castra-
les comprimait, les tordait pour en chas- comme guéri. La forme de la cicatrice tion variaient suivant la nature des muti-
ser le plus de sang possible (17). Au pouvait être influencée : premièrement lations et étaient d’autant plus pronon-
moment de trancher, il posait une der- par le mode opératoire ; deuxièmement, cés que l’amputation des parties
nière fois au client, s’il était adulte, ou par la façon plus ou moins étalée, dont génitales était plus complète. Les consé-
aux parents, si c’était un enfant, cette les parties à enlever se seraient présen- quences étaient locales ou générales.
question: “Êtes-vous consentants?”. Si la tées à l’excision; ensuite, par les contrac- Quels étaient les opérateurs ? Quelles
réponse était affirmative, d’un coup tions particulières des muscles de la étaient leurs qualités chirurgicales ? La
rapide, il coupait le plus ras possible les région, et, enfin, par les suites plus ou castration était pratiquée un peu par-
bourses et la verge. Une petite cheville moins simples de l’opération. La section tout, tant officiellement dans les hôpi-
de bois ou d’étain, en forme de clou, était de la verge, avec ou sans moignon, taux de certaines grandes villes, pour
placée dans l’urètre. La plaie était lavée offrait une cicatrice ronde ou polygonale des raisons médicales plus ou moins
trois fois à l’eau poivrée, puis des feuilles percée à son centre par l’ouverture du valables, que clandestinement dans les
de papier imbibées d’eau fraîche étaient canal de l’urètre. Si les testicules avaient officines de campagne connues de tous.
appliquées sur la région et le tout était été enlevés par une ouverture latérale Beaucoup de barbiers avaient ajouté à

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6

leurs multiples activités médicales la ment de la stature était dû à un allonge- (395-800), 2 vol. London, pp. 15-16.
pratique de l’orchidectomie. Aussi, la ment considérable des jambes. Les 5- DIEHL C.H. Une république patricienne.
pratiquaient des châtreurs de bestiaux, membres supérieurs subissaient égale- Venise, Byzance: grandeur et décadence,
des bistourneurs, avec des instruments ment un plus grand développement. La I, pp.7-42.
plus que primitifs et dans des conditions castration arrêtait le développement du 6- DUNLAP A.S. (1924) The Office of the
d’hygiène que l’on peut imaginer. Selon crâne dans ses trois dimensions princi- Grand Chamberlain in the Later Roman and
les témoignages des eunuques, ils pales. Les eunuques castrés avant la Byzantine Empires, New York : pp. 22-6.
auraient été liés avant l’opération avec puberté, avaient tous les diamètres plus 7- EL GUINDY M. (1910) Les eunuques.
des serviettes ou des traits d’attelage ; petits que les individus normaux appar- Étude anatomo-physiologique et sociale,
des enfants auraient été attachés en croix tenant au même groupe ethnique. Une Thèse, Faculté de Médecine et de Phar-
sur un échafaud spécial, de la même telle diminution crânienne sous-enten- macie de Lyon, N° 43.
façon que quelques médecins attachaient dait fatalement une diminution conco- 8- ERLICH M. (1990) La mutilation,
leurs patients pour les tailler ; dans cer- mitante de l’encéphale. La castration opé- Presses Universitaires de France, Paris,
tains cas, des gens trop craintifs, ou des rée avant la puberté augmentait la pp. 72-83.
réfractaires, après avoir été narcotisés largeur du visage ainsi que sa hauteur 9- FELIX C.H. (1883) Recherches sur l’ex-
ou enivrés, auraient été roulés dans un totale. Cependant, certaines régions de cision des organes génitaux chez l’homme,
drap, pieds et mains liés, la tête mise la face ne semblaient pas obéir aux lois Lyon.
dans un sac et transportés ainsi dans une de croissance générale révélées par l’an- 10- GALAHAD Sir., (1949) Byzance,
retraite écartée. thropométrie (20). On constatait chez eux Payot, Paris, pp. 62-71.
soit des augmentations, soit des dimi- 11- GODARD E. (1867) Observations médi-
Modifications dues nutions de grandeurs. À côté de ces
modifications de croissance s’inscrivaient
cales et scientifiques Égypte et Palestine,
Baillière, Paris : 11-7.
à la castration encore d’autres modifications : conser- 12- GUERDAN R. (1954) Vie, grandeurs
vation de la voix infantile ; douceur par- et misères de Byzance. Plon, Paris : pp.
Quel que fût l’âge auquel la castration ticulière de la peau ; rides précoces ; 147-71.
était réalisée, elle entraînait des modifi- absence totale de pilosités viriles : barbe, 13- GUILLAND R. (1943) Les eunuques
cations profondes de l’individu. Ceux moustache, poils du pubis, poils axil- dans l’empire byzantin, Études byz. 1,
qui étaient castrés avant l’apparition de laires; aspect poupin; sinus frontaux très 196 ss.
la puberté se faisaient remarquer par leur accusés ; selle turcique très développée ; 14- GUILLAND R. Fonctions et dignités
grande taille, due à l’allongement des os hyoïde peu développé ; large bassin ; des eunuques, Études byz. 2 (1944), 185 ss;
membres, contrastant avec l’absence de fort diamètre bitrochantérien; faible dia- 3 (1945), 179 ss.
caractères sexuels secondaires : verge mètre biacromial ; développement adi- 15- HAZARD J., PERLEMUTER L. (1995)
petite, bourses pâles et peu plissées, poils peux précoce ; cheveux abondants ; et, L’homme hormonal, Hazan, Paris, pp. 98-
rares ou absents. Ceux qui étaient cas- chez les hommes âgés, ventre gros, 100.
trés après la puberté perdaient leurs jambes massives, parfois pieds œdéma- 16- JANIN (1935) Un Arabe ministre à
poils, leurs cheveux devenaient fins, leur tiés, etc. Chez les eunuques castrés tar- Byzance : Samonas. E.O. 38, pp. 308-10.
peau douce, féminine. Les eunuques divement, la castration tardive n’avait 17- MATIGNON J.J. (1896) Eunuques du
étaient remarquables par leur faiblesse pas modifié la stature. Elle avait entraîné Palais impérial de Pékin, Arch. clin. de Bor-
et leur défaut d’activité physique et intel- un développement exagéré des seins et deaux, 5,5 : 194-9.
lectuelle. Ils avaient la réputation d’être de la saillie des fesses (21). Ces castrés 18- STROGORSKY G. (1996) Histoire de
doux, bons avec les enfants et les ani- tardifs vieillissaient très vite comme leurs l’État byzantin, Payot, Paris : 278.
maux, fidèles à leur maître, mais de ne congénères, castrés précoces. Ils étaient 19- PELIKAN (1876) Gerichtlich medici-
pas être courageux. Les uns restaient prématurément ridés et avaient rapide- nische untersuchungen über das Skopzen-
minces, les autres avaient tendance à ment l’apparence de vieilles femmes. thum im Russland, Giessen : 34-7.
grossir, pouvant gonfler comme les Cela n’empêchait pas la présence d’eu- 20- PIRCHE J. (1902) De l’influence de la
matrones. Ils vieillissaient rapidement et nuques dans l’armée et l’administration castration sur le développement du squelette,
paraissaient plus que leur âge réel. Les de Byzance. Stock, Lyon : p. 6.
eunuques ne souffraient jamais de crise 21- PITARD E. (1934) La castration chez
de goutte, ne devenaient jamais chauves. RÉFÉRENCES l’homme et ses modifications morphologiques,
L’ablation des testicules, lorsque l’opé- Masson, Paris : pp. 323-27.
ration avait été faite sur de très jeunes 1- ANDROUTSOS G., MARKETOS S. 22- RAPAPORT J. Introduction à la psy-
sujets – dans tous les cas sur des indivi- (1993) La castration à travers les âges, chopathologie collective: La secte des Skoptzy,
dus n’ayant pas encore atteint la puberté Andrologie, 3 ; 1 : 61-6. Erka, Paris, 101.
– entraînait un agrandissement considé- 2- ARBIER P. (1989) Histoire des castrats, 23- ZAMBACO PACHA (1911) Les
rable du corps, celui-ci étant envisagé Grasset & Fasquelle, Paris : 13. eunuques d’aujourd’hui et ceux de jadis,
dans son ensemble. La stature moyenne 3- BRÉHIER L. (1992) Vie et mort de Paris, Masson : pp. 228-35.
des castrés dépassait de beaucoup la sta- Byzance, Albin Michel, Paris : pp.15-32. 24- ZERVOS S.K. (1935) La transplanta-
ture moyenne des individus appartenant 4- BURY J.-B. (1889) A history of the later tion des testicules, Iatriki Proodos,
au même groupe ethnique. Cet allonge- Roman Empire from Arcadius to Irene Athènes, pp. 22-45.

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GLOSSAIRE pas à occuper une place importante dans ou même à des rois barbares.
l’hiérarchie et pas devenir de véritables (11) Praepositus (prepositur) : digni-
(1) Anthypatos (proconsul): depuis le VIe ministres. taire/personne affectée à la garde, à la
siècle, devenu une dignité honorifique, (7) Monophysite : adepte du monophy- surveillance de quelque chose.
donnée depuis le IXe siècle à presque tous sisme, doctrine christologique du (12) Protovestiaire: chef de la garde-robe
les hauts fonctionnaires civils et mili- Ve siècle enseignée par Eutychès et qui privée du basileus, mais il exerçait par-
taires. ne reconnaît qu’une seule nature en fois d’autres fonctions et l’on voit l’un
(2) Basileus (fém. Basilissa) : titre officiel Jésus-Christ. Elle est professée par trois d’eux commander une expédition en
du roi de Perse jusqu’à la conquête arabe, églises indépendantes : église armé- Sicile (855).
puis de l’empereur byzantin. nienne, église jacobite de Syrie et église (13) Sacellaire : à l’origine, administra-
(3) Cubiculum : chez les Romains, copte d’Égypte et d’Éthiopie. teur du “sakellion”, bourse privée de
chambre mortuaire voûtée dans les cata- (8) Paphlagonien : originaire de Paphla- l’Empereur, devient au VIIe siècle un haut
combes, puis, chez les Byzantins, gonie, ancien pays de l’Asie Mineure, fonctionnaire financier, chargé de contrô-
chambre à coucher de l’empereur (kou- dont les habitants passaient pour peu ler les dépenses du domaine, contrôleur
bouklion). intelligents et de mœurs grossières général de tous les bureaux et offices, à
(4) Exarque (1), gouverneur militaire (9) Parakimomène : (qui couche auprès) l’occasion procureur fiscal dans les pro-
byzantin d’une circonscription en Italie et eunuque du Palais dont la fonction pri- cès criminels.
en Afrique. (2) prélat de l’Église orien- mitive consistait à coucher à la porte de (14) Stratège : dans l’Empire byzantin,
tale qui a juridiction épiscopale. la chambre impériale. Il devint le chef gouverneur d’un thème (division mili-
(5) Gynécée (gynéconite) : partie de des “chitonites” (eunuques attachés à la taire et administrative de l’Empire).
l’église réservée aux femmes, où les chambre à coucher du basiléus) dispo-
hommes ne pouvaient pénétrer. sant d’une telle influence qu’il gouverna G. Androutsos ;
(6) Logothète : (du grec : calcul, comp- parfois l’État. S. Geroulanos
table) à l’origine, vérificateur des comptes (10) Patrice : haute dignité, non hérédi- Histoire de la Médecine,
d’une caisse de l’État. Les logothètes taire, qu’accordaient les empereurs Faculté de Médecine,
apparaissent sous Justinien et ne tardent romains, au Bas- Empire, à des citoyens Université d’Ioannina, Grèce

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1

The various types


of eunuch
G. ANDROUTSOS ;
S. GEROULANOS
in the Byzantine state :
SUMMARY : The purpose of this article is
to present the status and the functions of
their role and symbolic
eunuchs in Byzantium, in addition to their role
and symbolic meaning, the various types
of eunuchs, castration techniques,
modifications observed in males after
meaning
castration, and the attitude of the Christian

T
church towards this barbaric practice.
he long history of Byzantium born beggars. According to the rules
is teeming with events and of etiquette of the time, all honourable
happenings involving eu- ladies had to be chaperoned by their
nuchs who, acting either openly or eunuchs when going to the hippo-
underhandedly behind the scenes, drome or for their excursions into the
had an important impact on the desti- city. Even their confessor had to be a
ny of the Byzantine empire. eunuch. The orthodox church, contrary
to the Roman church, accepted that
The role and eunuchs take their vows. In general,
Byzantine eunuchs were cruel and
functions fond of intrigue, ambitious, debauched,
of eunuchs in the with criminal tendencies sometimes
Byzantine state making them monsters, apart from
some unusually virtuous ones. The
In Byzantium, eunuchs not only ful- Byzantine taste for eunuchs was a
filled all the functions of the State, but source of mockery from their enemies
a large number of important functions and accounts by contemporaries
could legally be held by eunuchs always described them as being tor-
alone (5). The highest ranking aristo- mented and disloyal. On reading such
crats, sometimes even emperor’s sons, accounts, the impression is that those
became eunuchs, so as to avoid who speak of them are using not just
important functions being entrusted a false irony, but are rather devoured
to foreigners (23). In Byzantium, when by a mysterious form of jealousy (3).
someone wanted to ensure a suc-
cessful career for their son, they had
him castrated so that he could easily
The role and
become a governor, ambassador,
symbolic meaning
prime minister, stratège 1, admiral, of the eunuch
patriarch, or occupy some other in Byzantium
honourable function. Only the function
of Basileus2 was closed to eunuchs, In Byzantium, the eunuchs represen-
since Christ was not an angel, and the ted the holy forces, from the Christian
eunuchs were thought to represent the point of view, and as such had a social
angels on this earth. In Byzantium, standing well above that of their peers
eunuchs were top-ranking members in eastern courts. They represent the
KEY WORDS :
• Eunuchism of society, which is probably the main angels on earth, important characters
• Byzantium difference with the situation in Rome, at God’s court, and this is the only rea-
• Famous eunuchs where eunuchs, despite their influence son for their existence at all, and
• Castration techniques and wealth, were always considered nothing to do with guarding women at
• Various types of eunuch to be inferior to the poorest of free- court. Their role was to lead, present,

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2

transform and transmit : leading any even both testicles ! Others claimed Samonas, a favourite of emperor Leon
visitors requesting an audience to the that castration was useful in treating VI (886-912) after exposing a complot
throne, presenting the sacred ensigns leprosy, as described by Ambroise against him in which he had pretended
of the crown to the Emperor, transfor- Paré (1509-1590) ! to take part. For 15 years (896-911), he
ming the profane warrior destined to was the absolute master of the Empire
reign into the image of Christ, and
finally transmitting orders and mes-
The Church’s and Leon VI was so attached to him
that when he tried to escape from the
sages from the top of the social lad-
attitude to castration country taking all his riches with him,
der downwards. It was the eunuch’s The Christian church condemned cas- he was subjected to no more than a
responsibility to accompany the Basi- tration from the start and excommu- few months disgrace (904) after being
leus to the Blachernes bath where he nicated anyone who took the decision arrested, and afterwards became even
bathed in order to be reborn every eight to mutilate themselves in order to pre- more powerful than ever. He neverthe-
days, and to sing his praises with their serve their chastity. The Eastern less ended up in a monastery accused
clear castrate voices in the churches church did not exclude those who had of publishing a defamatory text against
of the city. These actions had a purely been castrated by force or who were the emperor and was replaced at court
magical symbolism whose aim was to “eunuchs at birth”. The rules were by another eunuch.
influence the rhythm of the body and more-or-less respected until the Joseph Bringas, a eunuch with a
transform it into a divine image. 12th century when the issue of choir- brilliant career under the reign of
singing arose. The church wanted soft, Constantine VII (905-959). He belon-
Pretexts taken angelic, feminine sounding voices, but ged to the same family as one of the
women were not allowed to sing. To emperor’s enemies and after noticing
to justify castration overcome the lack of sopranos, cas- his worth, the emperor had him cas-
Originally, castration was applied to trates were accepted as religious sin- trated, which at the time was a mark of
prisoners of war with the aim of redu- gers by the Byzantine church, then the honour. He was then able to gain
cing their muscular strength and pre- roman church. Shortly before the fall of access to the highest ranking func-
vent them from having children, before Constantinople, the Byzantine empire tions of state ; prime minister, chan-
being extended to common law pri- was the first to publicly use eunuch cellor, head of the Senate…
soners for the same reasons. Total singers in church, as reported by Jean, eunuch and monk serving the
castration was commonplace amongst Theodore Balsamon in his Comments emperor Romanos III Argyros (1028-
the Turks and the Chinese. It was on Nomocanon, in the 12th century. 1034). On Jean’s request, the emperor
fought against strongly in Byzantium The castrates came from poor fami- also engaged Jean’s brother, Michel, a
and was even punished by the death lies excited by the promising future man of outstanding beauty. Empress
penalty under Constantine. It is incor- described to them. Eunuchs appea- Zoe fell in love with Michel and Jean
rect to believe that eunuchs were ori- red in the choir of the Sistine chapel helped him to assassinate the empe-
ginally guardians of the harem, since it and they became commonplace ror, then encouraged Zoe (regent for
was only much later that this function during the 17th century despite being her son) to marry Michel. But he was
was assigned to them by the Muslim banned by Pope Clement XIV. the one who was in control. He was
world. Even Cleopatra liked to sur- the soul of the government and a
round herself with eunuchs, whose Some famous source of terror for one and all, parti-
name comes from the Greek. Its mea- cularly when he was drunk. Under his
ning was later extended to other func-
eunuchs “reign” torture, death sentences, exile,
tions, such as recruiting servants for Narsès (478-568), native of Persia. were daily fare. The empress finally
the imperial palace in China, slaves in Enjoyed great fame during the reign revolted against him.
Africa, Asia and Europe, due to the of Justinian Ist (527-565), thanks to the
fact that eunuchs were easier to
domesticate, more docile in executing
favours of Empress Theodora, Justi-
nian’s wife. He was a great warrior,
Different types
unpleasant tasks. The vow of abso- beating the Ostrogoths (552) and cha-
of eunuch
lute chastity, recommended by certain sing the Franks and the Alamans from There were several different types of
religions, also took some victims, as Italy. Patrice3 in the Italian government, eunuch. It is surprising to read, in
did the obligation in some churches he was responsible for reorganizing its accounts written by “normal” men to
of recruiting male singers with high administration, but was destitued describe eunuchs, the use of adjec-
soprano or contralto voices at a time under Justin II. tives such as “brave”, “daring”, “tire-
when women were not allowed to sing. Staurakios, prime minister for the less”, followed by the despising term
The medical profession was also res- empress Irene, wife of Leon IV (775- “although a eunuch”. To such an
ponsible for some cases, such as an 790). Bestowed with great honours extent that one might wonder whether
Italian surgeon who was reported to after his victories over the Slavs, he such eunuchs were truly castrated as
castrate nearly two hundred boys per was constantly the object of complots we understand the term today in
year, with the pretext that the cure for organised by one of his fellow modern surgery, membri ablatione.
a hernia was to remove at least one, or eunuchs, Aetios. Many historians have suggested that

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they were more likely to be ridgels, or tant, was especially dangerous, since were considered to be of lesser value.
half-castrates, compatible with sex the results were unpredictable and In some complete eunuchs a fold of
drive. When one considers the key role often led to haemorrhage and infec- skin could be seen above the pubis,
played by the caste of eunuchs in all tion, fatal in many cases. Godard esti- similar to a shoe-string purse, at the
walks of life, one might suspect that mated mortality as varying between bottom of which was an orifice consis-
these men had been subjected to an 10 and 80 % (11) taking account of ting of the remains of the penal ure-
operation similar to those conducted the limited medical means available at thra. Sometimes there was a cauliflo-
by Doctor Steinach, rather than a full the time, and the considerable gap wer-shaped budding, permanently
castration. Although we cannot prove that most certainly existed between running, sometimes protruding exten-
this hypothesis, it could explain many the surgeons of Bologna and some sively and resembling a malignant
things, such as why there were such a self-improvised abortionists in remote tumour. Sometimes urinating was pain-
large number of non-degenerated villages. The operation was never ful; there could be cystitis and in some
eunuchs, with their genital qualities conducted before the age of seven, cases urine incontinence requiring the
preserved right through to old age, as and only rarely before twelve : it was eunuch to use a sponge or a rubber
reported throughout the history of the essential that it be done before the device with all the inconvenience one
Eastern empire. The most radical onset of glandular functions of the can imagine. This was also conside-
method, total emasculation, consis- testes. The operation itself must have red to be a defect, preventing the
ted in the removal of both testicles and been very quick, as described by Ibn eunuch from serving correctly and
the penis. Suppression of the testicu- al Abbas (8). First a tight tourniquet hence reducing his value. Poor hea-
lar function could be obtained either was placed at the base of the testes ling could sometimes leave the orifice
by the removal or crushing of both tes- and the penis, which were removed extremely small, impossible to pass
ticles, a savage operation described with a sharp rasor ! Hemostasis was with a catheter above number 3. In this
by Hippocrates in Genitura, to which obtained by applying hemostatic pow- case, it was necessary to dilate the
were subjected the unfortunate thli- ders of aloe vera, and by compres- orifice or even conduct an urethrotomy.
biae (from the Greek : I crush, I smash). sion. This method continued to be In one method, an incision was made
Another category of eunuchs were the used up to the 19th century in a Copte in the groin, through which the sur-
spadones (from the Greek : to frac- monastery in Assiout in Upper Egypt to geon pulled the cord and the testes,
ture) who had suffered an almost total produce young eunuchs. The mortality before total ablation with a knife, and
testicular atrophy after a traumatic rate of the operation was enormous, ligature of the canals. This operation
shock or an infection of the testicles, thus making these young eunuchs a was quite different from that practiced
torsion of the spermatic cord, or sec- rare and expensive commodity (17). on harem eunuchs, from whom all the
tioning of the spermatic vessels. The During the middle ages, most itinerant external sex organs were removed,
spadones preserved their penis, and barbers would do castrations as a cure generally after puberty (2). The ampu-
sexual contact was able to provide for hernia or hydrocele at the same tation took place using a razor, and
mutual satisfaction, although sterile. time as their other services. Some- the wound was treated with lead caul-
This is precisely why female members times, but not frequently, young black king, astringent substances, boiling oil
of aristocracy in Rome were very fond boys who had reached puberty were or honey. Once the haemorrhage had
of spadones for their pleasure, as there castrated using methods applied to been stopped, a slightly curved lead
was no risk of undesired conse- horses or bulls, by extirpation or cru- nail about 5 cm long with a bulge at
quences. In such cases, there was a shing of the testes. Apparently the the end was inserted into the urethra
form of ejaculation, but of prostatic mortality rate was lower using this until fully healed. According to Pelikan
liquid mixed with secretions from the method, but these “poor quality” (19), the main purpose of this nail was
other glands involved. In the same way eunuchs had less value than full to prevent the canal from narrowing,
as Roman women, the female inhabi- eunuchs, as their anaphrodisia was and to avoid accidents of retention
tants of Byzantium also used the spa- not complete. Only rarely were tech- due to inflammation, shrinkage and
dones, explaining the frequency of niques of torsion – fracture of the sper- blockage of the canal. As we can see,
alliances and cooperation between matic cords used, or perforation of the the operation was very primitive, and
eunuchs and empresses in complot- spermatic cords with needles. Since could leave poorly-healed scars or
ting against the emperors, and the the results obtained were unsatisfac- keloids. But there was an even more
success of eunuchs in high society. tory, these methods had been aban- barbaric method sometimes used (9).
The last category were the thlasiae doned long before. The mortality rate Immediately after the ablation of the
(from the Greek : contusion) who suf- for complete eunuchs was very high. organs, instead of a nail, a piece of
fered from atrophy of the testicles (24). After the excision, most eunuchs used salient reed two inches in diameter
a silver tube for urinating, inserted like was inserted into the urethra, so that
The technique a catheter, so as to relieve themselves the urine ran out continuously. Then a
standing up, without wetting their gar- plaster was applied to the wound and
The principle of the castration process ments. To avoid this problem, the sur- the patient was buried up to the neck
was simple, but it was complex in the geon-monks sometimes left a little in a hole filled with warm, dry sand to
way it was applied, and most impor- stump of penis, but such eunuchs prevent him from moving. Invariably,

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the patient developed a high fever just made to walk around the room for two ted by contraction of the cremaster
a few hours later and for three days or three hours and then allowed to lie muscles, whereas the middle was pul-
he was given no water to drink. After down. For the next three days, the led backwards by that of the external
three days, he was given highly ener- patient was deprived of drink ; the anal sphincter. Finally, the appearance
getic liquid food, and removed from dressing was left untouched and the of the scar would vary according to
his hole after one week. There was no patient suffered not only from his the simplicity of the healing process. If
more risk of haemorrhage, and usually wound but even more from the reten- the wound had suppurated extensi-
the wound was fully healed after one tion of urine by the mechanical obs- vely, or suffered a phlegmon, etc. these
month. The surgical equipment used truction. After this period of time, the incidents left their special mark on the
was very primitive : a razor or razor- dressing was removed and the patient resulting scar. The scar also varied
blade fixed between two pieces of could urinate, or at least try to. If he according to whether the operation
wood, knives of various sizes, glass was able to pass water, he was consi- took place in one go, or in several
fragments, pieces of iron or sheet dered to be healed. After the amputa- phases. If the penis was removed
metal, well-sharpened bullock’s bones tion, a large wound was left, generally separately from the testes, there could
(21). Materials used for dressing the triangular in shape, with the point at be two distinct scars, one round or
wound included lint, brass wire, the bottom. It healed by budding, and polygonal, at the base of the penis ;
sponge, various plasters, ointments, generally required about one hundred another on the scrotum, usually trans-
cerate, fat, olive oil, soot, various salts, days on average. The most common versal, the two separated by a strip of
copper sulphate, alum, herbs and complication was incontinence, then healthy skin on the interior of the angle
medicines, potassium nitrate, aqua followed problems of urine retention. between the penis and the scrotum ;
regalis and other substances, be they The patients wetted their garments but this appearance could also be
medicinal or not. The whole operation and their beds, and the ammoniac fer- found when the ablation had taken
was conducted in two phases, i.e. it mentation and stagnation of urine place at the same time. In this case
was common to remove the testes well often caused magnesium-ammonia however, there was only one oval sha-
before the penis, sometimes several stones to form. The powerful, unplea- ped wound with a large diameter paral-
years later. This was done using an sant smell of the fermentations was at lel to the raphe. The healed scar even-
axe on a butcher’s block, or simply the origin of a popular expression: “he tually blended in with the skin around
using a large knife. The operation was stinks like an eunuch ; you can smell it (7). The long-term results of castra-
simple and fast. The only preliminary him a mile off…” The shape of the scar tion varied according to the type of
precautions were to induce slight atro- would vary according to the surgical mutilation and were more pronounced
phy of the testes. By absorption of method used, by the way in which the the more extensive the amputation of
special drugs an anaesthetic effect organs to be removed were presen- the genitals, and could be local or sys-
was obtained reducing the pain by ted for excision, by the specific mus- temic. Who conducted such opera-
90 %. The surgeon was generally sup- cular contractions that took place and tions ? Did they have any surgical qua-
ported by assistants and two appren- by the degree of complications after lifications? Castration operations were
tices. The patient was tied down to a the operation. Sectioning of the penis, conducted in many places, from offi-
sort of camp bed with bands com- with or without a stump, left a circu- cial operations in hospitals in some of
pressing the thighs and the belly. One lar or polygonal scar with the orifice the large cities, – for medical reasons
assistant held him firmly by the waist, for the urethra in the centre. If the of one type of another, not necessa-
whilst the two others held his legs testes had been removed by a lateral rily valid – to secret operations in coun-
apart. The surgeon was armed with opening without loss of scrotal sub- try dispensaries. In addition to the bar-
either a curved knife or long, strong stance, the scars were lateral and bers already mentioned above, cattle
shears. With the left hand he gripped more-or-less parallel with the raphe. castrators also offered their services
the offending organs, compressed If the two testes had been removed in for humans too, using instruments that
them, twisted then to expel as much one swipe, the scar varied according were worse than primitive, and in uni-
blood as possible (17), and before cut- to the way in which the skin of the maginable conditions of hygiene.
ting, he asked the patient the following scrotum had been sectioned. If it had
question (or his parents if it was a been laterally gripped by the hand, Castration-induced
child) : “do you consent ?” If the ans- parallel to the perineum, the scar
wer was positive, with a fast blow, he would be in the same direction as the
modifications
cut off the testes and the penis as raphe, and elongated. On the other to the body
short as possible. A small pin in wood hand, if the scrotum had been grip- Regardless of the age at which cas-
or tin in the shape of a nail was then ped from top to bottom between the tration took place, it brought about
inserted into the urethra, and the thumb and the fingers directed trans- major modifications to the body of the
wound washed three times with pep- verse to the perineum, the scar would individual concerned. Those who were
pery water, then with sheets of paper always be perpendicular to the raphe ; castrated before puberty were noted
soaked in fresh water before being in this case, it resembled a horseshoe for their height, due to the elongation
securely bandaged (22). The patient, with the concave part to the front, of the limbs, in contrast with the
with the help of the assistants, was because the two extremities were lif- absence of secondary sexual cha-

- VOL.XII, N°43
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racteristics ; small penis, pale and size of the brain. Castration before GLOSSARY
smooth scrotum, body hair rare or puberty increased the width of the
totally absent. When castration took face and its total height. However, (1) Stratège : in the Byzantine empire,
place after puberty, they would loose some regions of the face did not seem gouvernor of a military and adminis-
their body hair, their hair would to obey the general rules of growth trative regional division of the Empire.
become fine and thin, and their skin as shown by anthropometry (20), and (2) Basileus (fem. Basilissa) : official
smooth and feminine. Eunuchs were eunuchs seemed to show in some title of the king of Persia until the Ara-
said to be physically weak and suffe- cases an increase, and in others a bian conquest, then of the emperor of
red a lack of physical and intellectual reduction in size. In addition to these Byzantium.
activity. They had the reputation of growth disorders, other physical alte- (3) Patrice : high-ranking honor, (not
being mild, good with children and rations took place : absence of voice- heriditary) granted by Roman empe-
animals, loyal to their master, but not break ; particularly smooth skin, early rors to citizens of the empire or even
very brave. Some remained slim whilst wrinkles, total absence of male body foreign kings.
others had a tendency to get fat. They hair ; chubby appearance ; very mar-
aged prematurely, but never suffered ked frontal sinuses ; highly developed
from gout, and never became bald. sella turcica ; hyoid bone underdeve- G. Androutsos, S. Geroulanos
An ablation of the testes, when loped ; wide pelvis ; early adiposity, History of Medicine,
conducted on very young subjects — and at an advanced age, large belly, Faculty of Medicine,
in all events before puberty – caused stocky legs, sometimes edematous University of Ionnina, Greece
the body to grow considerably, mainly feet, etc. In eunuchs castrated later Dr Georges Androutsos,
due to elongation of the lower and in life, this did not modify their sta- 1, rue Ipirou, 10433, Athens,
upper limbs, and the average height of ture. It caused abnormal development Greece
a castrate was much taller than other of the breasts and projection of the
individuals from the same ethnic buttocks (21). This type of castrate
group. Castration however stopped aged very quickly, similarly to their fel-
the development of the skull in the lows castrated earlier. They suffered
three main dimensions, and eunuchs premature wrinkles and very quickly
castrated before puberty all had skull started to look like old women, but
diameters smaller than normal indivi- this did not prevent them from being
duals from the same ethnic group, admitted to the army and the admi-
with an underlying reduction in the nistrative services in Byzantium.

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