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Le rite latin remonte aux papes Damase et Grégoire le Grand (590-604) : les modifications qu’il a subi
depuis lors n’ont pas touché au rite proprement dit (sinon en ajoutant des fêtes nouvelles, formulaires de
messe et certaines prières). Les racines du désordre actuel remonte à divers évènements :
- l’adapatation de la liturgie romaine dans les différentes cultures
- le Grand Schisme. La séparation de l’Orient a atténué la dimension transcendante, cosmique,
sacrale de la descente du Ciel sur la terre (qui exige une grande solennité) au profit d’une
compréhension intellectualliste centrée sur la validité des rites. L’Orient propose un spectacle
quand l’Occident s’est réduit au réalisme.
- La devotio moderna. En mettant le primat sur l’union subjective de l’âme à Dieu, la liturgie n’a
plus été comprise comme étant le centre de la vie chrétienne. Csq : floraison de la piété extra-
liturgique (processions, livres de prières, pèlerinages, traductions individuelles du missel, cantiques
vernaculaires durant le culte, piétisme). Le concile de Trente permit une fixation du missel purifiée de
certaines innovations et le déploiement d’une culture occidentale unifiée autour d’un culte
solennel rendu à Dieu. Bémol : le peuple ne pouvait encore participer activement au culte (celui-ci
était extérieur à la participation de l’assemblée et centrée sur des vérités périphériques de la foi). Les Lumières
mirent fin à l’unité de la latinité au profit de l’exaltation nationale, de l’intelligibilité complète des
rites, de l’accentuation démesurée sur l’aspect de formation doctrinale de la liturgie, de
l’individualisme. Le renouveau vint au XIXe des monastères (quelque peu élitiste) puis des pasteurs
tels que Pius Parsch (parfois trop axés sur une participation « activiste » des fidèles).
Le Canon romain remonte à saint Pierre ; voilà pourquoi le siège apostolique a toujours insisté pour
qu’il soit respecté par les autres églises. Les textes chantés étaient identiques eux aussi dans la latinité.
Toutefois, les diocèses avaient toute liberté pour éditer leur missel propre (en ce qui concerne les
prières privées du célébrant : au bas de l’autel, offertoire, avant la communion). Le rite tridentin n’est
pas une refonte créée par Rome ; c’est la simple reprise du missel de la Curie. Il a été proposé, et non
imposé à l’Eglise d’Occident. En dehors du Canon, les diocèses avaient de fait toute liberté pour le
rejeter.
Ainsi, l’histoire ne témoigne d’aucune modification significative du rite romain - sinon avec les papes
modernes (la Semaine Sainte de Pie XII ; les rubriques de Jean XXIII).
Rite : formes contraignantes du culte, remontant au Christ, nées de la coutume générale puis
sanctionnée par l’autorité ecclésiale.
1. Le rite naît de la coutume de manière organique. Ainsi, le culte chrétien est né de la liturgie juive.
2. Le développement du rite doit être harmonieux. Il est sanctionné par la hiérarchie. Son rôle n’est
pas d’édicter mais de garder : sanctionner le rite issu de la coutume et écarter les irrégularités.
3. Les rites sont divers et ont connu des développements autonomes. Principe de saint Grégoire : « Si
l’unité de foi est sauvegardée, des coutumes rituelles diverses ne nuisent pas à la sainte Eglise. »
5. Dans un rite, le retour à des formes primitives est possible dans certaines limites. Il n’est pas
convenable toutefois de refonder un rite qui remonte organiquement à la tradition apostolique.
Opinion de Klaus Gamber : Il semble même que le pouvoir de juridiction plénier et suprême du pape ne puisse
pas aller jusqu’à pouvoir abolir un rite.
La réforme de 1965 était amplement suffisante pour répondre aux voeux du Concile (suppression des
prières au bas de l’autel et du dernier évangile).
La réforme de 1969 apparaît plus faible. Dogmatiquement, elle nuit à l’élément latreutique, à la
majesté trinitaire, au caractère sacrificiel du culte et à la dignité sacerdotale. Pastoralement, elle n’a
pas produit de fruits particuliers de renouveau. Liturgiquement, elle introduit des innovations
douteuses : mot d’accueil possible du prêtre au début de la messe (qui nuit à la dimension cultuelle pour livrer
l’assistance à l’arbitraire du célébrant), cycle de lectures radicalement nouveau, prière universelle au siège du
célébrant et non à l’autel ad orientem, créativité indue de cette prière, prières de l’offertoire naturalistes, les
canons nouveaux sont étrangers au rite romain, l’acclamation du peuple durant le Canon est une rupture dans le
discours adressé au Père, le chant communautaire du Pater est étranger au rite latin, la doxologie qui la suit est
un emprunt au culte protestant, etc.
Pour favoriser la participation active, il aurait suffi de proclamer les lectures en langue vernaculaire,
d’élargir le cycle des lectures, de réintroduire la prière universelle, d’introduire davantage de cantiques
à côté du grégorien.
La participation du peuple au travers des répons, des prières au bas de l’autel, du Pater, etc. est
étrangère au rite romain : elle date du XXe siècle.
Le nouveau cycle des lectures a mis a mal une tradition de plus de mille cinq cent ans (quoique
réformable en soi). Les textes ne célèbrent plus le mystère du jour, mais correspondent à un but
d’instruction de l’assemblée. Ils ne sont appuyés sur aucune tradition ni d’Orient ni d’Occident.
7. Tentative de solution
Apporter de nouvelles préfaces propres. Adopter des péricopes supplémentaires (ad libitum). Célébrer
les fêtes de saints mineurs comme des mémoires pour mettre en relief le temps liturgique. Proclamer
les lectures en langue vernaculaire.