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Chapitre 2 :

Intro :
Dans un monde de plus en plus interconnecté et
globalisé, la mobilité est devenue un facteur crucial qui
façonne nos sociétés et nos économies. Cette mobilité,
qu'elle soit physique, économique ou sociale, crée des
clivages profonds entre ceux qui sont mobiles et ceux
qui sont immobiles. Ces disparités ne se limitent pas
seulement à des différences géographiques ou
financières, mais affectent également nos perceptions
politiques et sociales. Dans ce contexte, il est essentiel
d'examiner de plus près certains phénomènes qui
illustrent ces clivages et leurs implications dans notre
vie quotidienne.

La liberté des mers


En premier lieu, la métaphore de la liberté des mers
évoque un espace désorganisé où les acteurs
économiques ont la liberté de naviguer, échappant
souvent à toute forme de contrôle ou de régulation
étatique. Cette liberté des mers symbolise la
déterritorialisation croissante des échanges et des
interactions humaines dans un monde de plus en plus
globalisé. * Les entreprises, les capitaux et même les
individus peuvent se déplacer aisément d'un pays à
l'autre, exploitant les disparités juridiques et
réglementaires pour maximiser leurs profits ou leur
liberté d'action.

L'essor d'un droit parallèle


Parallèlement à la montée en puissance de la liberté des
mers, un droit parallèle émerge, souvent détaché des
cadres juridiques nationaux et échappant à toute
réglementation étatique. Cela crée des tensions entre le
droit civil des États et le droit déterritorialisé du
commerce, amplifiant les clivages entre les acteurs
mobiles et immobiles. Les grandes entreprises
multinationales, par exemple, peuvent contourner les
lois nationales en exploitant les failles juridiques, ou en
choisissant des juridictions plus favorables à leurs
intérêts.

Du monopole du droit à la concurrence des normes


Autrefois dominé par un monopole du droit étatique, le
paysage juridique contemporain est désormais
caractérisé par une concurrence des normes. Les États,
confrontés à une rude concurrence des normes et des
réglementations, sont parfois contraints d'adapter leurs
lois pour attirer les investissements étrangers ou
préserver leur compétitivité économique. * Cette
compétition favorise souvent les acteurs mobiles au
détriment des acteurs immobiles, accentuant ainsi les
clivages socio-économiques.

Mobiles contre immobiles


Dans un tel contexte, le clivage entre mobiles et
immobiles devient de plus en plus évident. Les
individus et les entreprises qui peuvent se déplacer
facilement d'un endroit à l'autre bénéficient souvent
d'avantages économiques et fiscaux, tandis que ceux qui
sont liés à un territoire spécifique sont souvent
désavantagés. Cette disparité crée des tensions sociales
et politiques, alimentant parfois l'émergence de
mouvements populistes ou nationalistes.

Quel clivage ?
L'étude de cas de la Mediterranean Shipping Company
(MSC) illustre parfaitement ce clivage entre mobiles et
immobiles. En tant que la plus grande entreprise de
transport maritime au monde, la MSC bénéficie de sa
déterritorialisation, échappant souvent à la
réglementation et aux impôts nationaux grâce à des
pratiques opaques et des montages financiers
sophistiqués. Cette liberté de mouvement lui confère un
avantage concurrentiel significatif par rapport à ses
concurrents locaux, qui sont souvent soumis à des
réglementations plus strictes et à des charges fiscales
plus élevées.
* De plus, Les perspectives de Zygmunt Bauman et
David Goodhart fournissent également un éclairage
précieux sur ce clivage entre mobiles et immobiles.
Pour Zygmunt Bauman la mobilité est devenue une
forme de pouvoir et de privilège dans notre société
liquide, où l'immobilité est souvent associée à
l'exclusion sociale et économique. Goodhart, de son
côté, met en lumière la distinction entre "anywheres" et
"somewheres", soulignant les tensions entre ceux qui se
sentent chez eux partout et ceux qui sont profondément
attachés à leur lieu de naissance ou à leur communauté
locale. Cette division reflète les clivages socio-
économiques entre les mobiles, qui bénéficient de la
déterritorialisation des échanges, et les immobiles, qui
sont souvent laissés de côté dans un monde en mutation
rapide.

Une théorie du populisme


Finalement, Le populisme émerge comme une réponse
politique à ces clivages croissants. Les mouvements
populistes exploitent souvent les frustrations des
populations immobiles face à l'apparente indifférence
des élites politiques et économiques envers leurs
préoccupations. L'objectif de ces mouvements est de
restaurer la souveraineté nationale et de mettre en place
des politiques économiques protectionnistes, promettant
de protéger les emplois et les intérêts des citoyens
ordinaires contre les forces de la mondialisation.
Pourtant, les solutions proposées par les mouvements
populistes ne sont pas toujours viables et peuvent même
aggraver les problèmes socio-économiques existants.

Conclusion :
Les deux démondialisations :
A travers le livre, l'étude menée par l'auteur soulève
deux implications majeures. Tout d'abord, des
implications pratiques et immédiates qui s'inscrivent
dans les débats sur un possible repli de la
mondialisation. Ensuite, des implications plus
théoriques et profondes qui touchent aux fondements de
la pensée économique et sociale.

* L'auteur met en lumière la nécessité d'une


démondialisation mesurée, visant à mieux prendre en
compte le bien commun des différentes communautés
politiques. Toutefois, il ne s'agit pas d'un retrait pur et
simple des échanges internationaux, mais plutôt de leur
reterritorialisation sous un cadre juridique garantissant
leur alignement avec les intérêts collectifs. Chaque
territoire peut ainsi redéfinir positivement sa vision du
bien commun, défendant ainsi ses valeurs propres.
Néanmoins, l'auteur nous met en garde contre une
vision exclusivement négative de la démondialisation.
En négligeant les aspects sociaux et environnementaux
au profit des seuls intérêts commerciaux, cela risque de
susciter des réactions violentes et désordonnées. Il
insiste aussi sur la distinction entre une
démondialisation démocratique, affirmant les intérêts
collectifs, et une démondialisation réactive, basée sur le
rejet de l'autre.

Repenser les Fondements Anthropologiques de


l'Économie :
L'auteur nous invite également à faire une réévaluation
des fondements anthropologiques de la théorie
économique classique. Cette dernière envisage l'homme
avant tout comme un consommateur cherchant à
maximiser son propre intérêt, Occultant ainsi l'aspect
collectif de la vie humaine. Il est grand temps de
réaffirmer que l'homme ne se réduit pas à être un
consommateur, mais qu'il est aussi un être collectif pour
lequel les biens communs sont essentiels. De plus, dans
l'économie classique, l'individu est central dans l'ordre
social, ce qui provoque fréquemment des
incompréhensions et des échecs dans la compréhension
de la réalité économique.

Regard Critique :

Pour terminer notre présentation, nous souhaitons


apporter une critique constructive concernant le livre.
Bien que l’auteur soulève des problèmes pertinents,
nous constatons un manque de solutions concrètes ou
d’alternatives viables dans ses propositions. Il est
essentiel d’aller au-delà de la simple critique pour
explorer des politiques et des stratégies réalistes afin de
relever les défis de la mondialisation.

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