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Syndrome alvéolaire
G. Chassagnon, C. Guinet
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A B
Figure 1. Mécanismes de formation de l’image alvéolaire.
A. Remplissage progressif, de proche en proche, des sacs alvéolaires (astérisques) par les pores de Kohn
(flèche) et des lobules pulmonaires secondaires par les canaux de Lambert (têtes de flèches).
B, C. Le deuxième mécanisme de formation de l’image alvéolaire consiste en un épaississement de
l’interstitium des cloisons alvéolaires, écrasant progressivement les espaces aériens distaux.
Figure 2. Pneumonie gauche. Radiographie thoracique de face en posi- Figure 3. Bronchopneumonie. Radiographie thoracique de face en
tion assise montrant un syndrome alvéolaire se présentant sous la forme position debout montrant un syndrome alvéolaire de l’hémichamp supé-
d’opacités confluentes aux limites floues avec bronchogramme aérique rieur droit. Le bord inférieur rectiligne bien limité de l’opacité correspond
(flèche). Cet aspect est celui d’un syndrome alvéolaire. à la scissure horizontale et montre la localisation lobaire supérieure de
la pneumonie. Il s’y associe plusieurs autres condensations alvéolaires
bilatérales (flèches) réalisant un tableau de bronchopneumonie.
parenchyme pulmonaire effaçant les vaisseaux le traversant sur
des images acquises sans injection de produit de contraste. Ce cri-
tère permet de différencier les condensations parenchymateuses voxel. Cela explique le fait que du verre dépoli soit fréquemment
du verre dépoli qui correspond également à une augmentation de visible à la périphérie des condensations parenchymateuses.
densité du parenchyme pulmonaire mais celle-ci n’efface pas les Comme en radiographie, les condensations parenchymateuses
vaisseaux qui le traversent [1] . Le verre dépoli peut résulter soit d’un présentent des limites floues et ont une tendance à la confluence
comblement alvéolaire, soit d’une infiltration de l’interstitium. et à la systématisation. Le scanner permet de mieux visualiser
Dans le contexte du comblement alvéolaire, le verre dépoli cor- la systématisation des condensations qui traduit une extension
respond à un comblement partiel des alvéoles dans le volume du de proche en proche respectant l’organisation architecturale du
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poumon. Le bronchogramme aérique est également mieux visua- le tableau radiologique est différent et les infarctus pulmonaires
lisé au scanner et n’est pas spécifique de la condensation sont généralement responsables de douleurs thoraciques.
parenchymateuse puisqu’il peut également être observé dans les
atélectasies qui correspondent à une condensation du paren-
chyme pulmonaire par perte de volume. Le bronchogramme Pneumonies infectieuses
aérique peut être rencontré dans de multiples étiologies de Les pneumonies infectieuses se manifestant par des condensa-
syndrome alvéolaire telles que les pneumonies infectieuses, la tions alvéolaires sont le plus souvent d’origine bactérienne mais
pneumonie organisée ou les lymphomes. Un bronchogramme peuvent également être d’origine virale, fongique ou parasitaire.
liquidien peut également être parfois observé. Il correspond à une Les tableaux de pneumonie infectieuse se manifestant par des
stase liquidienne endobronchique et évoque une pneumonie obs- condensations alvéolaires sont la pneumonie alvéolaire (Fig. 2)
tructive secondaire à une obstruction bronchique d’amont. Cette et la bronchopneumonie (Fig. 3). La pneumonie alvéolaire se pré-
obstruction peut notamment être d’origine tumorale ou liée à un sente sous la forme d’opacité à limites floues sous-pleurales, avec
corps étranger. En cas d’injection de produit de contraste, le signe systématisation segmentaire ou lobaire, avec ou sans broncho-
de l’angiogramme peut être visualisé. Il correspond à la visualisa- gramme aérique. Rarement, elle peut être de forme sphérique
tion des vaisseaux opacifiés traversant le parenchyme condensé. Il pseudotumorale (pneumopathie ronde), ce qui s’observe plus fré-
peut être particulièrement marqué en cas de carcinome mucineux quemment chez l’enfant. La bronchopneumonie a, quant à elle,
invasif ou de lymphome pulmonaire primitif. une distribution multifocale. Elle associe des lésions de bronchio-
Le scanner permet une étude des densités, ce qui offre une lite et de condensations alvéolaires en mottes centrées sur les voies
aide pour l’orientation étiologique. La présence de zones de den- aériennes. Ces condensations peuvent progresser vers une atteinte
sité fortement négative (−80 à −30 UH en incluant la déviation segmentaire ou lobaire. Un épanchement pleural est retrouvé dans
standard) oriente vers une pneumonie lipidique exogène (Fig. 4). 20 à 60 % des pneumonies bactériennes, et correspond le plus sou-
Dans le cas des condensations alvéolaires lipidiques, la différence vent à un épanchement parapneumonique, ou plus rarement à un
de densité entre la graisse et les vaisseaux peut être à l’origine empyème. Les pneumonies infectieuses sont rarement associées à
de signe de l’angiogramme positif qui correspond à la visualisa- des adénomégalies hilaires. On peut en particulier les retrouver en
tion des vaisseaux au travers d’une condensation lipidique malgré cas de tuberculose (adénopathies nécrotiques évocatrices), nocar-
l’absence d’injection. La présence de zones de forte densité sur diose, candidose ou mycoplasme. Les pneumonies infectieuses
un scanner non injecté (> 70 UH) oriente vers une pneumonie peuvent nécroser et s’excaver, ce qui fait alors suggérer des germes
médicamenteuse à l’amiodarone [2] . Enfin, la présence de calcifica- particuliers comme les bactéries anaérobies, la tuberculose, Staphy-
tions diffuses oriente vers des étiologies telles que la microlithiase lococcus aureus, Klebsiella pneumoniae et Pseudomonas aeruginosa, la
alvéolaire (Fig. 5). nocardiose et l’aspergillose.
Lorsque le scanner thoracique est indiqué pour explorer un L’immunodépression est une situation particulière où des
syndrome alvéolaire, il est le plus souvent réalisé sans injection condensations alvéolaires nodulaires cernées de verre dépoli
de produit de contraste iodé. L’injection de produit de contraste doivent faire systématiquement évoquer une infection fongique,
iodé peut être requise pour rechercher des signes d’abcédation, en particulier l’aspergillose angio-invasive et la mucormycose.
de nécrose, d’empyème, d’obstruction vasculaire, de masse sous- Le scanner n’est pas un examen de première intention en cas
jacente, ou pour mieux différencier la condensation d’un éventuel de pneumonie infectieuse. Il peut être indiqué en cas de forte sus-
épanchement. picion clinique et de radiographie non évocatrice, de suspicion de
forme compliquée, de lésion sous-jacente à la radiographie, de sus-
picion de tuberculose ou d’évolution défavorable à 48–72 heures
Diagnostic étiologique de l’initiation du traitement antibiotique. Il faut privilégier une
acquisition basse dose ou très basse dose [3] .
En fonction des étiologies, le diagnostic étiologique peut repo- L’injection de produit de contraste avec acquisition au temps
ser sur les seules données cliniques, biologiques et radiologiques, veineux est réservée aux suspicions de pleurésie ou d’abcédation.
ou nécessiter un lavage bronchoalvéolaire, des biopsies d’éperon Une acquisition avec injection est également à réaliser en cas
(dans les syndromes pseudoalvéolaires) ou une ponction trans- d’excavation pour rechercher un faux anévrisme et doit, dans ce
thoracique. cas, être faite au temps artériel.
Œdème pulmonaire
Principales étiologies L’œdème pulmonaire cardiogénique débute par un œdème
interstitiel lié à l’accumulation de liquide plasmatique dans
Les causes de syndrome alvéolaire sont nombreuses mais cer- l’interstitium. L’œdème alvéolaire apparaît secondairement et cor-
tains éléments permettent d’aider le diagnostic étiologique. Parmi respond à l’inondation des alvéoles.
eux, on note le caractère aigu ou chronique, la distribution des En radiographie, l’œdème pulmonaire se présente classique-
lésions, les signes associés et, bien évidemment, le contexte. ment sous la forme d’un syndrome alvéolo-interstitiel ayant une
prédominance centrale avec une redistribution vasculaire vers les
apex, des épanchements pleuraux bilatéraux et une cardiomégalie
Syndrome alvéolaire aigu (Fig. 6). Les opacités alvéolaires présentent des contours flous et
Les deux principales étiologies à évoquer en cas de syn- peuvent avoir une distribution évocatrice en ailes de papillon. Les
drome alvéolaire ou de plage de condensation parenchymateuse opacités interstitielles rencontrées incluent les lignes de Kerley.
d’évolution aiguë sont la pneumonie infectieuse et l’œdème Une normalité de la silhouette cardiaque plaide en faveur d’une
pulmonaire. La distinction entre ces deux étiologies est habi- cause lésionnelle plutôt que cardiogénique.
tuellement aisée du fait d’une présentation clinique et d’une Le scanner n’a pas de rôle pour l’évaluation de l’œdème
topographie lésionnelle généralement différentes. Il existe cepen- pulmonaire, en particulier à sa phase alvéolaire. L’œdème pul-
dant d’autres étiologies de syndrome alvéolaire aigu (Tableau 1) monaire se manifeste par des plages de verre dépoli et parfois
et certaines pathologies habituellement classées dans les causes de de condensation pulmonaire, des épaississements septaux (débu-
syndrome alvéolaire chronique peuvent se révéler de façon aiguë tant souvent aux apex), un épaississement péribronchovasculaire
ou subaiguë par un tableau de pneumonie. Cliniquement, la pneu- et des épanchements pleuraux [4] . L’importance et l’association
monie infectieuse, la pneumonie organisée et la pneumonie aiguë de ces signes dépendent de l’ancienneté et de l’importance
à éosinophiles sont généralement associées à des signes généraux de l’œdème. L’œdème pulmonaire est habituellement bilaté-
tels que la fièvre. L’œdème pulmonaire est, quant à lui, le plus ral mais des formes unilatérales peuvent être observées en cas
souvent d’origine cardiogénique et s’associe alors à d’autres signes d’insuffisance mitrale (prédominance lobaire supérieure droite)
d’insuffisance cardiaque gauche. L’hémorragie intra-alvéolaire et ou d’évacuation trop rapide d’un pneumothorax (œdème de réex-
l’infarctus pulmonaire peuvent être la cause d’hémoptysies mais pansion).
A B
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Tableau 1.
Principales étiologies des condensations alvéolaires
Condensations alvéolaires aiguës Condensations alvéolaires chroniques
Condensations récidivantes Condensations persistantes
Pneumonies infectieuses Pneumonie organisée Pneumonie lipidique exogène
Œdème pulmonaire Pneumonie d’aspiration Sarcoïdose
Infarctus pulmonaire Granulomatose avec polyangéite Fibrose postradique
Hémorragie alvéolaire diffuse Granulomatose éosinophilique avec polyangéite Adénocarcinome mucineux invasif
Pneumonie aiguë à éosinophiles Ischémie veineuse pulmonaire Lymphome pulmonaire
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A B
Pneumonie organisée
Syndrome alvéolaire chronique
La pneumonie organisée correspond au développement de
Le terme de syndrome alvéolaire chronique rassemble les remaniements fibro-inflammatoires au sein des espaces aériens
condensations alvéolaires persistantes et les condensations alvéo- distaux en réaction à une agression de l’épithélium alvéo-
laires récidivantes (Tableau 1). En cas de condensation alvéolaire laire [11, 12] . Elle peut être idiopathique (pneumonie organisée
persistante, les trois principales étiologies à évoquer sont cryptogénique) ou être secondaire à une agression pulmonaire
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Lymphome pulmonaire
Les lymphomes pulmonaires peuvent être primitifs (plus rare-
ment) ou secondaires. Les lymphomes pulmonaires primitifs
correspondent dans 80 % des cas à des lymphomes non hodg-
kiniens de type B, le plus souvent de type mucosa-associated
lymphoid tissue (MALT). Les lymphomes du MALT peuvent être
asymptomatiques et de découverte fortuite. Dans un tiers des
cas, ils surviennent dans un contexte de syndrome de Gougerot-
Figure 13. Fibrose postradique chez un patient ayant un antécédent de Sjögren. L’autre forme primitive la plus fréquente est le lymphome
lobectomie inférieure droite et de radiothérapie hilaire droite. Le scanner diffus à grandes cellules B qui survient habituellement sur un ter-
thoracique injecté montre une condensation parenchymateuse périhilaire rain d’immunodépression comme chez les patients transplantés
droite rétractile, siège de dilatations bronchiques et dont la topographie sous ciclosporine. Les lymphomes pulmonaires secondaires cor-
suit le champ d’irradiation. respondent le plus souvent à des lymphomes non hodgkiniens,
même si proportionnellement une atteinte pulmonaire est plus
fréquente dans les lymphomes hodgkiniens.
Les manifestations radiologiques des lymphomes pulmonaires
sont variables et peuvent être trompeuses. Elles incluent le plus
souvent la présence de multiples nodules ou condensations alvéo-
laires avec parfois un bronchogramme aérique [20, 21] . Les nodules
et condensations peuvent également être uniques, et une présen-
tation sous la forme de syndrome interstitiel ou de lymphangite
est possible. Une excavation est également possible. Des gan-
glions médiastinaux ne sont retrouvés que chez une minorité de
patients lorsque le lymphome est pulmonaire primitif. Devant
une condensation alvéolaire, les éléments devant évoquer la pos-
sibilité d’une atteinte lymphomateuse sont le caractère chronique
de l’atteinte, la présence d’un bronchogramme aérique (Fig. 15),
un caractère péribronchiovasculaire ainsi que le contexte.
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G. Chassagnon (guillaume.chassagnon@aphp.fr).
Service de radiologie A, Hôpital Cochin, AP–HP, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques, 75014 Paris, France.
Université Paris Cité, 85, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris, France.
C. Guinet.
Service de radiologie A, Hôpital Cochin, AP–HP, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques, 75014 Paris, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Chassagnon G, Guinet C. Syndrome alvéolaire. EMC - Radiologie et imagerie médicale - cardiovasculaire
- thoracique - cervicale 2023;41(1):1-10 [Article 32-360-A-10].
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