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manières, plutôt dans des cours que par la prédication, parfois aussi
dans la direction spirituelle. De manière générale, cette activité édu-
cative consistera moins dans la critique que dans la proclamation
positive de la chose la plus importante, de manière à ce que les
auditeurs eux-mêmes deviennent des adultes capables de distinguer
l’essentiel de l’accessoire.
Venons-en maintenant aux scandales présumés de la science
historique quant au texte de la Bible. Tenus pour anodins par les
uns, ils sont perçus comme dangereux par [133] d’autres. Pour
d’autres encore, / la critique textuelle semble inutile. À quoi bon
disséquer dans le détail d’infinies variantes des manuscrits ? Il est
bien sûr facile de signaler plusieurs cas particuliers pour lesquels
les variantes sont sans importance. Que le coq de Pierre ait chanté
une, deux ou trois fois est certainement plus qu’anodin. Mais est-il
également anodin que le texte du Notre Père et celui de la Cène
aient été transmis de façon aussi peu sûre ? Pour en juger, il faut
d’abord travailler minutieusement et apprendre la méthode. Et aussi
il faut peser l’énorme difficulté et l’incertitude de ces textes et s’être
confronté aux problèmes qu’ils soulèvent. Peut-on encore réciter la
prière du Seigneur chaque dimanche, alors que sa version originaire
est incertaine ? À la réflexion on finira peut-être par éviter de croire
trop aveuglément à l’autorité et de s’en remettre soit à Jülicher, à
Zahn, ou à Blatz. Faisant preuve de prudence, on évitera peut-êre
de condamner les autres à la légère. Et surtout, d’oublier qu’il n’est
rien de plus apte à détruire la foi qui prend tout au pied de la lettre,
que la pure et simple critique textuelle qui se pratique de la même
façon à gauche et à droite. Quiconque connaît le caractère incertain
des textes se souviendra constamment que la foi ne se fonde pas
sur une autorité externe ; il sera forcé de poser toujours à nouveau
la question du fondement réel de la foi.
Il en va de même pour la critique des sources. Ici aussi, il est
bien sûr facile de montrer qu’elle est sans importance dans de nom-
breux cas. Quiconque connaît toutes les sources de l’Hexateuque et
sait comment les répartir selon les chapitres et les versets n’est cer-
tainement pas encore pour autant un serviteur qualifié de l’Église.
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Mais n’y a-t-il pas des cas plus importants ? La critique des sources
dans les évangiles est-elle donc sans signification ? Comme pour la
critique textuelle, il importe avant tout de mettre la main à la pâte
avant d’en modeler la méthode. Et pour cela, l’Ancien Testament
est particulièrement indiqué.
Il est facile de signaler la divergence des hypothèses parmi les
différents chercheurs et d’y voir le fruit du subjectivisme et l’expres-
sion d’un manque de certitude. Mais il ne faut pas non plus exagé-
rer. Outre qu’un vaste consensus entre chercheurs s’est développé
dans le travail de critique des sources, il ne faudrait pas non plus, par
inconscience, rejeter en bloc tout ce travail à cause de l’incertitude
quant aux résultats ; précisément la divergence entre certaines hy-
pothèses peut indiquer à quel point la tâche est difficile et combien
on doit se garder de jugements hâtifs, et surtout de condamnations
précipitées. La critique des sources a aussi un aspect positif : grâce
à elle, on a obtenu un tableau historique vivant de l’Ancien Tes-
tament. Par exemple, la profondeur et l’autorité du prophétisme
sont devenus vraiment intelligibles. De même, la critique des sour-
ces dans le Nouveau Testament a rendu beaucoup plus vivante et
assurée la compréhension de la vie de Jésus, de la communauté
primitive, et de la période apostolique.
Ce qui vient d’être dit l’est à partir du point de vue selon lequel
la critique textuelle et des sources est le genre de tâche qui convient
à l’étudiant en théologie. Dans quelle mesure peut-on demander
cela aussi du pasteur ? Je ne suis pas en mesure d’en juger. Qu’il me
soit cependant permis de faire part d’une impression. Bien entendu,
je ne suis pas d’avis que le pasteur fasse des exposés à la commu-
nauté sur la critique des sources ; ce qui doit ou peut être dit par
exemple lors de la préparation à la confirmation et dans les cours
de Bible dépendra entièrement de besoins spécifiques. Mais il me
semble que le pasteur qui, dans la mesure du possible, se tient au
courant des progrès dans ce domaine à l’aide par exemple d’une
bonne revue ou qui, à l’occasion, lit un livre sur le sujet, pourrait
demeurer dans un contact plus vivant avec l’histoire qui lui four-
nit la matière de sa prédication. Ainsi, le danger de la torpeur sera
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moindre. Tout aussi importante me semble être une chose qu’a par-
ticulièrement à cœur celui qui observe les querelles sur le terrain de
la politique d’Église en Prusse : le travail de critique textuelle et des
sources conduit toujours à la prudence, à la retenue dans le juge-
ment. Beaucoup d’acrimonie pourrait être évité si vraiment chacun
connaissait convenablement et s’adonnait à ce travail de critique qui
en horripile certains.
Voici encore un exemple de travail apparemment inutile. La lit-
térature et la religion du judaïsme tardif occupent, à présent, une
place beaucoup plus grande que par le passé dans les activités théo-
logiques. À quoi bon s’occuper de livres apocryphes ou d’apoca-
lypses aussi abstrus que leurs images sont souvent incompréhen-
sibles ? N’avons-nous pas l’Ancien Testament et le Nouveau pour
l’édification ? Précisément, c’est ici que [134] le tableau historique
gagne en clarté et que le / caractère spécifique de l’Ancien Testa-
ment et du Nouveau apparaît sous un jour nouveau. Une estimation
correcte du Canon des Écritures devient alors possible, plusieurs
formes littéraires du Nouveau Testament deviennent compréhensi-
bles de manière historico-temporelle et, en même temps, ce qui est
grand et éternel apparaît aussi sous son vrai jour. Quiconque lira le
chapitre 9 du quatrième livre d’Esdras et sa lutte pour la justice et
la paix comprendra mieux quelle réponse l’Évangile offre au cœur
humain en proie à ces questions et aura l’arrière-fond approprié
pour comprendre la parole de Paul : « Tout est nouveau ». Quicon-
que connaît la nostalgie et l’espoir, les supputations, le doute et le
désespoir des apocalypticiens aura l’impression, profonde, inédite,
de prendre conscience de la victoire qui, en matière religieuse, est
celle du Nouveau Testament et considérera la certitude de la vé-
rité comme une composante inaliénable de la religion chrétienne,
en dépit de toute glorification esthétisante moderne de la quête du
sens, et en dépit – ou précisément à cause – de toute la compassion
à l’égard de ceux qui cherchent.
Reste encore à aborder un problème délicat par où se profile un
aspect dangereux de la science biblique moderne qui consiste, sous
de la critique, à juger un texte authentique ou inauthentique, perti-
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Rudolf Bultmann
4 Les questions abordées dans cet exposé concernent en partie les développements qui
se retrouvent dans l’essai populaire historico-religieux le plus récent de [Wilhelm] Herr-
mann intitulé La difficulté de l’Église évangélique concernant la théologie, et son dépassement.
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