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Chapitre 5 Thermique 5-1

5 THERMIQUE ...................................................................................................................................... 5-3

5.1 LA CHALEUR ET LES TROIS ÉTATS DE LA MATIÈRE ......................................................................... 5-3


5.2 LA PRESSION .................................................................................................................................. 5-5
5.3 LA TEMPÉRATURE .......................................................................................................................... 5-7
5.3.1 La mesure de la température .................................................................................................... 5-7
5.3.2 La température absolue ............................................................................................................ 5-9
5.4 LA DILATATION THERMIQUE ........................................................................................................ 5-11
5.5 LES LOIS DES GAZ ........................................................................................................................ 5-11
5.5.1 La loi de BOYLE-MARIOTTE ..................................................................................................... 5-11
5.5.2 La loi de CHARLES ................................................................................................................... 5-12
5.5.3 Loi des gaz parfaits................................................................................................................. 5-12
5.6 L’ÉQUIPARTITION DE L’ÉNERGIE.................................................................................................. 5-14
5.7 DIAGRAMME DES PHASES ............................................................................................................ 5-16
Chapitre 5 Thermique 5-2

Figure 3-1. Représentation schématique d’un corps à l’état solide. Les atomes sont fortement liés
entre eux et leurs mouvements se résument à des oscillations autour de leur position d’équilibre.
Chapitre 5 Thermique 5-3

5 THERMIQUE

L’énergie est la notion centrale d’un cours de physique. Dans les chapitres précédents, nous en avons
découvert plusieurs formes. A un corps physique doté de masse, nous avons d’abord associé une
énergie mécanique. Cette énergie est la somme de deux composantes : l’énergie cinétique, qui résulte
du mouvement, et l’énergie potentielle mécanique, qui dépend de la position. Si en plus de sa masse,
ce corps possède une charge électrique, on lui associe également une énergie potentielle électrique
et, s’il est en mouvement, il aura une énergie magnétique. Toutes ces énergies s’expriment dans les
mêmes unités, elles sont des fonctions scalaires, faciles à manier et elles sont additives par le principe
de superposition. Elles peuvent, à volonté, se transformer l’une dans l’autre.

D’autre part, si nous considérons un corps de masse m, immobile, non chargé, et isolé des autres, ce
corps ne possède aucune des formes d’énergie que nous avons mentionnées et pourtant nous savons
qu’il recèle une certaine énergie. Puisque ce corps est isolé, cette énergie ne peut venir que de lui-
même et c’est pour cela qu’elle est appelée « énergie interne ». Cette énergie interne, nous la
connaissons intuitivement : c’est la chaleur. Par comparaison avec d’autres corps isolés, nous
pouvons dire qualitativement si un corps est plus chaud ou plus froid qu’un autre. Nous savons que
dans certaines conditions, de la chaleur peut passer d’un corps à un autre et que dans un moteur à
combustion, de la chaleur est transformée en énergie mécanique.

Cette forme d’énergie était bien connue des anciens qui désignaient le feu, symbole de la chaleur,
comme un des quatre éléments essentiels. La chaleur est indispensable à la vie et notre civilisation
en est une grande consommatrice. Mais qu’est-ce vraiment que la chaleur? et comment la mesure-t-
on? Quelles sont les lois qui régissent les échanges de chaleur? Quelles sont les lois qui régissent les
transformations de la chaleur en d’autres sortes d’énergie? En répondant à ces questions dans ce
chapitre et dans les suivants, nous découvrirons des concepts universels et des lois fondamentales
qui dépassent la physique et qui décrivent l’évolution de la vie et de l’univers.

5.1 LA CHALEUR ET LES TROIS ÉTATS DE LA MATIÈRE

Considérons un corps de masse m : ce corps est constitué d’un grand nombre N d’atomes. L’énergie
interne, ou la chaleur de ce corps est la somme des énergies cinétiques résultant des mouvements de
ces atomes.

i=N mi vi2
Q=  2
. (6.1)
i =1

L’état solide, qui est, avec l’état liquide, un des deux états de la matière dite « condensée », est
caractérisé par une grande densité des atomes, c’est-à-dire un grand nombre par unité de volume. On
a calculé au chapitre 2 qu’il y avait 8,41022 atomes dans un bloc de cuivre de 1 cm3. Les atomes
d’un solide sont fortement liés entre eux, principalement avec leurs plus proches voisins. On peut se
les représenter comme reliés par des petits ressorts (Figure 3-1). Leurs mouvements se résument à
des oscillations harmoniques (voir mécanique chap. 7) autour de leurs positions d’équilibre. Ces
oscillations se font statistiquement dans toutes les directions et dans tous les sens ce qui fait qu’elles
ne donnent lieu à aucun mouvement d’ensemble.
Chapitre 5 Thermique 5-4

Figure 3-2. Représentation schématique d’une substance en phase liquide. Les molécules sont liées
faiblement les unes aux autres et peuvent facilement changer de position et glisser les unes sur les
autres.

Figure 3-3. Représentation schématique d’un gaz comme un ensemble de molécules sans
interactions, animées de vitesses importantes et effectuant des collisions entre elles et avec les parois
du récipient.

z z

vy vz
+vx O
O
x x
y y
S
vz
vy -vx

Figure 3-4 . Illustration des collisions des molécules avec la section S du cylindre orienté suivant
l’axe Ox. On observe qu’après la collision, seule la composante vx de la vitesse change de signe.
Chapitre 5 Thermique 5-5

On observe ici la grande différence avec l’énergie cinétique pour laquelle tous les atomes sont animés
de la même vitesse lors d’un déplacement du centre de masse et pour laquelle on peut écrire :

i=N mi vi2 i = N mi v 2  i = N  v 2 Mv 2
Ec =  =  =   mi  = . (6.2)
i =1 2 i =1 2  i =1  2 2

Même avec l’ordinateur le plus perfectionné, il est évidemment impossible de décrire


individuellement le mouvement de chaque atome et de reconstituer ainsi l’énergie interne : il faudra
trouver d’autres moyens.

On a vu, en mécanique, au chapitre 7 (7.69) que l’énergie totale d’un oscillateur harmonique est
proportionnelle au carré de l’amplitude des oscillations. Dès lors, augmenter l’énergie interne d’un
corps solide, en le chauffant, c’est augmenter l’amplitude des déplacements des atomes. On peut
arriver à un point où l’amplitude est telle que les « ressorts » qui reliaient les atomes entre eux, se
brisent et que les atomes sont alors libres de circuler à l’intérieur de la matière. C’est l’état liquide
où l’on peut représenter la matière comme un ensemble de billes qui roulent les unes sur les autres
(Figure 3-2). Il existe encore une interaction attractive entre les atomes et la densité du liquide n’est
pas très différente de celle du solide. Contrairement au solide, le liquide n’a pas de forme propre,
mais prend la forme du récipient qui le contient.

Si l’on continue à fournir de l’énergie aux atomes, leurs mouvements et leurs vitesses seront tels
qu’ils cesseront d’interagir et se comporteront comme des projectiles isolés qui se déplacent en ligne
droite, à grande vitesse (pour l’air à 400 m/s), exécutent des collisions élastiques les uns avec les
autres ou avec la paroi du récipient qui les contient. On a alors affaire à un gaz, c’est-à-dire un
ensemble de particules sans interaction (Figure 3-3). Nous avons rappelé que la densité était de
l’ordre de 1023 atomes par cm3 dans la matière condensée. Dans les gaz, la densité est extrêmement
variable (les gaz sont compressibles), à titre de comparaison, signalons qu’un cm 3 de gaz dans les
conditions standard (20°C et 1000 hPa) contient 2,5×1019 molécules, soit dix mille fois moins qu’un
solide.

On utilise le mot phase pour désigner un état de la matière, c’est ainsi que l’on parle de phase solide,
phase liquide, phase gazeuse ou phase condensée.

5.2 LA PRESSION

Pour introduire la notion de pression, nous utilisons le modèle de la théorie cinétique, développé par
le physicien écossais James Clerk Maxwell et l’autrichien Ludwig Boltzmann. Dans ce modèle, les
molécules d’un gaz sont des petites sphères très dures, indéformables, parfaitement élastiques, qui
ne subissent pas de collisions les unes avec les autres, mais effectuent uniquement des chocs avec les
parois du récipient.

Considérons un cylindre rempli de N molécules de gaz, de longueur  et de section S, représenté à la


Figure 3-4. La pression exercée sur une section S est le résultat des chocs exercés par les molécules
de gaz lorsqu’elles rebondissent sur la paroi. Chaque molécule est caractérisée par un vecteur vitesse
v , qui peut être décomposé en ses trois composantes cartésiennes vx, vy et vz. Orientons la section S
dans le plan yOz perpendiculairement à l’axe Ox.
Lorsqu’une molécule rebondit sur la paroi, seule sa composante vx est affectée et change de signe
après le choc : les autres composantes vy et vz ne sont pas modifiées. Si l’on considère une seule
Chapitre 5 Thermique 5-6

molécule, avec une composante de vitesse bien déterminée égale à -vx avant le choc, et donc égale à
+vx après le choc, la variation de quantité de mouvement avant et après le choc est :
( mv ) = mv x − ( − mv x ) = 2mv x . (6.3)

D’autre part, la molécule, gardant la norme de sa vitesse vx identique, effectue un aller-retour dans le
cylindre, pendant un temps t égal à :

D t = 2l . (6.4)
vx

Nous avons vu au chapitre 3, (3.13) que la deuxième loi de NEWTON peut s’écrire sous la forme :

( mv )
F = ( mv ) = . (6.5)
t

En remplaçant (6.3) et (6.4) dans (6.5), la norme de la force f exercée sur la paroi du cylindre par une
seule molécule est égale à :

2mv x mv x2
f = = . (6.6)
2l vx l

La force totale F exercée sur la paroi par les N molécules contenues dans le cylindre, est :

Nmv x2
F= . (6.7)
l

Nous définissons à présent la pression comme étant la norme de la force exercée par unité de surface,
perpendiculairement à celle-ci :

F Nmv x2
p= = . (6.8)
S Sl

La pression est un scalaire, son unité est 1Newton/1m2 qui est appelé 1 Pascal (Pa). En météorologie
on utilise l’hectopascal (hPa) égal à l’ancienne unité (millibar) qui n’est plus en usage aujourd’hui.
La pression atmosphérique standard est égale à 1013,25 hPa.

Le dénominateur de (6.8) n’est rien d’autre que le volume V du cylindre. On a :

pV = Nmv x2 . (6.9)

vx est une des trois composantes de la vitesse v. Le carré de la norme de v est égal à la somme des
carrés des composantes :

v 2 = v x2 + v 2y + v z2 . (6.10)

Les molécules de gaz se déplacent de la même façon dans les trois directions : il n’y a pas de raison
v2
de privilégier l’une plutôt que l’autre et donc v x = v y = v z =
2 2 2
et (6.9) devient :
3
Chapitre 5 Thermique 5-7

Nmv 2
pV = . (6.11)
3

En fait, toutes les molécules du gaz n’ont pas la même vitesse et pour être tout à fait correct, il faut
encore remplacer dans (6.11), v2 par la moyenne des carrés des normes des vitesses :

i= N
 vi2
i =1
v2 = . (6.12)
N

v 2 est appelé vitesse quadratique moyenne. Elle se calcule à partir d’une fonction de distribution qui
a été établie par MAXWELL et BOLTZMANN. On a :

Nmv 2
pV = . (6.13)
3

On peut enfin écrire (6.13) en faisant apparaître l’énergie cinétique moyenne d’une molécule :

2N mv 2 2N
pV = = Ec . (6.14)
3 2 3

5.3 LA TEMPÉRATURE

La chaleur est sans doute la forme d’énergie que nous connaissons le mieux intuitivement. Toutefois,
pour pouvoir intégrer cette énergie dans la panoplie du physicien, il faut trouver un moyen de la
mesurer objectivement. Les premiers appareils qui ont été élaborés dans ce but, sont les
thermomètres : ils ne mesurent pas directement la chaleur, qui est une énergie, mais mesurent une
grandeur qui lui est reliée : la température.

5.3.1 La mesure de la température


Il semble que l’invention du thermomètre date du début du 17° siècle. Pour mesurer le « degré
d’échauffement » d’un corps, on a utilisé la propriété qu’ont les matériaux de se dilater ou de se
contracter suivant qu’on les chauffe ou qu’on les refroidit. Comme matériau, on a préféré les liquides
en raison de leur coefficient de dilatation beaucoup plus élevé que celui des solides. Il fallait aussi
des liquides qui ne gèlent pas trop rapidement de façon à pouvoir mesurer la température de corps
très froids. C’est ainsi que sont apparus les thermomètres à alcool ou au mercure.

En étudiant le comportement de la matière avec un thermomètre, les scientifiques se sont aperçus


rapidement que certaines transformations caractéristiques se faisaient toujours à la même
température. C’est ainsi qu’en 1742, Anders CELSIUS proposa d’utiliser comme points de repère la
solidification de l’eau (100), et son ébullition (0), et de diviser en 100 parties égales cet intervalle de
température. C’est l’origine de l’échelle de température en degrés centigrades ou échelle Celsius.
Chapitre 5 Thermique 5-8

h
0
mercure

Gaz

flexible

Figure 3-5. Schéma du thermomètre à gaz à volume constant. Le ballon rempli de gaz, à gauche est
mis en contact avec l’objet dont on désire mesurer la température. Initialement, le volume du gaz est
repéré par la marque 0. Une différence de température entraîne une dilatation ou une contraction du
volume du gaz. On rétablit le volume initial en déplaçant verticalement la colonne de mercure. La
différence de niveau h est une mesure de la pression du gaz.

pression

-300 -200 -100 0 100 200


température (°C)
-273,15

Figure 3-6. Graphe de la pression mesurée avec un thermomètre à gaz à volume constant, en fonction
de la température, pour un gaz donné. Un autre gaz donnerait une droite de pente différente, mais qui
coupe l’axe des températures à la même abscisse t = -273,15 °C.
Chapitre 5 Thermique 5-9

Peu de temps après, les points de repères furent logiquement renversés et, tout en gardant la même
échelle, on fixa la température de congélation à 0° C et la température d’ébullition à 100° C.

5.3.2 La température absolue


Fixer le zéro de l’échelle à la température de la glace fondante rendait possible l’existence de
températures négatives. On peut alors se poser la question de savoir s’il existe une température
minimum, qui soit le « zéro absolu » de toutes les températures. Comme un liquide finit toujours par
se solidifier lorsqu’on le refroidit, les seuls thermomètres permettant de mesurer de très basses
températures doivent utiliser la dilatation d’un gaz. La Figure 3-5 explique le fonctionnement d’un
thermomètre à gaz à volume constant. Un ballon contenant du gaz est mis en contact avec le corps
dont on veut mesurer la température. Sous l’effet d’une variation de température, le volume du gaz
va augmenter ou diminuer et déplacer le niveau du mercure dans le tube en U auquel il est raccordé.
On déplace alors verticalement vers le haut ou vers le bas, la colonne de mercure mobile, pour
ramener le mercure à son niveau initial, à la sortie du ballon, de façon à maintenir un volume de gaz
constant à l’intérieur de celui-ci. Le décalage entre les niveaux du mercure dans les deux branches
du tube en U donne une mesure de la pression du gaz et donc indirectement une mesure de la
température de celui-ci.

En procédant systématiquement à toute une série de mesures avec un thermomètre à gaz, les
scientifiques se sont aperçus que dans le domaine de températures mesurables, il y avait une relation
de proportionnalité linéaire entre la pression (indiquée par la différence de niveau du mercure) et la
température. Cette relation est représentée pour chaque type de thermomètre utilisant un gaz
différent, par une droite dans un graphe (p,T) tel que celui de la Figure 3-6. Si l’on extrapole, c’est-
à-dire si l’on prolonge toutes ces droites vers les températures négatives, on constate qu’elles coupent
toutes l’axe des abscisses à la même température de –273,15° C. Ce point qui correspond à une
pression nulle est donc la limite des basses températures : c’est le zéro absolu. Il est clair que des
pressions négatives sont impensables et que la plus petite valeur de la pression est zéro.

En 1848, W. THOMSON (alias Lord Kelvin) proposa une échelle absolue de températures qui utilise
les mêmes graduations que l’échelle Celsius, mais dont le zéro est décalé à –273,15° C. A l’heure
actuelle, les laboratoires utilisent comme référence universelle de température, ce qu’on appelle le
point triple de l’eau. Ce point triple correspond à un mélange de glace, d’eau liquide et de vapeur
d’eau, qui ne peuvent coexister qu’à la pression de 610 Pa et pour une température de 0,01° C. Par
rapport à ce point de repère, le zéro absolu se trouve donc à –273,16° C.

Signalons que la température est reconnue aujourd’hui comme la cinquième grandeur physique
fondamentale, après la longueur (M), la masse (K), le temps (S) et le courant électrique (A). Son unité
est le Kelvin (on n’utilise pas l’appellation « degré Kelvin », mais simplement « Kelvin »), 1 kelvin
ayant exactement la même valeur qu’un degré Celsius. On a donc, si on désigne par t la température
en degrés Celsius et par T, la température en Kelvin :

T = t + 273,15 . (6.15)

Quelques laboratoires spécialisés dans les basses températures se sont lancés dans la course au zéro
absolu. Le record actuel est de l’ordre de 210-8 K.
Chapitre 5 Thermique 5-10

masse volumique (kgm-3) masse volumique (kgm-3)

13700 1000

13600 999,9

13500 999,8

13400 999,7

13300 999,6

13200 999,5

0 20 40 60 80 100 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
température (°C) température (°C)
Figure 3-7. Graphes de la masse volumique de liquides en fonction de la température. A gauche : le
mercure représente une évolution normale : diminution de la masse volumique lorsque la température
augmente. A droite, le comportement de l’eau est spécial, et présente un maximum à 3,98 °C.

Figure 3-8. Représentation graphique de la loi de BOYLE-MARIOTTE pour différentes températures.


Chapitre 5 Thermique 5-11

5.4 LA DILATATION THERMIQUE

Lorsque l’on étudie la variation de longueur d’un corps solide, en fonction de la température, on
observe que celle-ci est proportionnelle à la longueur initiale du solide (L0), à la variation de
température T et à un coefficient , qu’on appelle coefficient de dilatation linéaire.

 L =  L0 T . (6.16)

Pour les métaux, ce coefficient est de l’ordre de 10-5, ce qui signifie que pour une variation de
température de 100 K, une tige de fer de 1 m de long s’allongera d’environ 1 mm.

On définit également pour les solides et les liquides, un coefficient de dilatation volumique, , tel
que

V =  V0 T . (6.17)

En général,  ~ 3 pour la plupart des solides et on constate également que les coefficients de
dilatation volumique sont environ 50 fois plus élevés pour les liquides que pour les solides.
Normalement, tous les corps liquides se dilatent lorsqu’on augmente leur température et donc, leur
masse volumique ( = M/V) diminue, ce qui donne naissance à des courants de convection au sein
du liquide, le liquide le plus chaud ayant tendance à monter. Signalons le cas unique de l’eau, qui se
contracte, entre 0° C et 4° C, ce qui fait, comme le montre la Figure 3-7, que sa masse volumique
est maximum à 4° C. C’est la raison pour laquelle les cours d’eau et les lacs gèlent d’abord en surface.
La couche de glace ainsi formée, mauvaise conductrice de la chaleur, empêche le refroidissement du
fond de l’eau, permettant ainsi à la vie aquatique de subsister.

5.5 LES LOIS DES GAZ

Contrairement à ce qui se passe en phase solide ou en phase liquide, pour lesquelles une certaine
masse d’un corps correspond à un volume déterminé, une certaine masse de gaz introduite dans un
récipient va s’adapter pour en occuper tout le volume disponible. Il en résulte que pour déterminer
complètement l’état d’un gaz nous aurons besoin de spécifier les valeurs de trois variables, la pression
p, le volume V et la température T. Ces variables sont appelées variables d’état. Elles ne sont pas
complètement indépendantes.

5.5.1 La loi de BOYLE-MARIOTTE


BOYLE en 1662 et MARIOTTE en 1679 ont établi que, si on enferme une certaine masse m de gaz
dans un volume, à température constante, la pression du gaz sera inversement proportionnelle au
volume. Autrement dit, si on diminue le volume de moitié, la pression doublera, et ainsi de suite :

pV = constante , (m et T constants). (6.18)

Le graphe de la loi de BOYLE-MARIOTTE (Figure 3-8) dans un système d’axes (p,V) est une
hyperbole équilatère admettant les deux axes comme asymptotes.
Chapitre 5 Thermique 5-12

5.5.2 La loi de CHARLES


CHARLES a établi en 1787 que, à pression constante, une élévation de température de 1°C augmente
le volume d’un gaz de 1/273 du volume qu’il occupe à 0°C. Si V0 est le volume que le gaz occupe à
0°C et Vt le volume qu’il occupe à la température t, on aura :

V0
Vt = V0 + t. (6.19)
273

Si t1 et t2 sont deux températures quelconques exprimées en degrés Celsius :

V0 V0
Vt1 = V0 + t1 et Vt2 = V0 + t2 . (6.20)
273 273

En éliminant V0 entre les deux équations de (6.20), on obtient :

273Vt1 273Vt2
V0 = = . (6.21)
273 + t1 273 + t2

Les dénominateurs de (6.21) correspondent aux températures absolues et on a :

VT1 VT2
= = constante . (6.22)
T1 T2

La loi de Charles peut donc s’exprimer sous la forme :

V = cte  T , (p et m constants). (6.23)

5.5.3 Loi des gaz parfaits


Soit une masse m de gaz dont l’état est caractérisé par (m, p1, V1, T1). Appliquons la loi de BOYLE-
MARIOTTE (6.18) pour trouver le volume V’ qu’elle va occuper à la même température T1, mais à
pression p2, soit dans les conditions (m, p2, T1):

p1V1
V= . (6.24)
p2

Appliquons à présent la loi de CHARLES pour trouver le volume V2 qu’elle va occuper dans les
conditions (m, p2, T2) :

V2 V  p1V1
= = , (6.25)
T2 T1 T1 p2

qui peut encore s’écrire :

p1V1 p2V2
= (6.26)
T1 T2
Chapitre 5 Thermique 5-13

pV
= constante , (m constant). (6.27)
T

En 1811, AVOGADRO a émis l’hypothèse que dans les mêmes conditions de température et de
pression, un même volume de n’importe quel gaz contient le même nombre de molécules. A T et p
constants, le volume d’un gaz est donc proportionnel au nombre N de molécules de ce gaz :

V = constante  N . (T et p constants) (6.28)

En introduisant la relation (6.28) dans (6.27), on obtient :

pV = constante  N  T . (6.29)

Actuellement, l’unité de masse atomique et moléculaire est le dalton (Da), la douzième partie de la
masse de l’isotope léger du carbone (13C). Un dalton = 1,66×10-27 kg.

La masse atomique d’un élément chimique est la masse d’un atome, exprimée en dalton.

La masse moléculaire d’un composé chimique est la masse d’une molécule de ce composé, exprimée
en dalton.

La masse moléculaire est égale à la somme des masses atomiques des éléments qui la composent.
Par exemple, MH = 1 Da, MO = 16 Da , MH2O = 18 Da, etc.

Un atome-gramme d’un élément est un nombre de grammes égal à sa masse atomique. Un atome-
gramme de n’importe quel élément contient le même nombre d’atomes, c’est le nombre
d’AVOGADRO :

N A = 6 ,022  10 23 . (6.30)

De même, une molécule-gramme d’un composé est un nombre de grammes égal à sa masse
moléculaire. Elle contiendra NA molécules. On appelle mole, une collection de NA objets (atomes ou
molécules). On fait apparaître dans (6.29), le nombre n de moles du gaz considéré, en divisant la
masse du gaz exprimée en grammes, par la molécule-gramme :

pV
= constante = R . (6.31)
nT

La constante R est alors déterminée en mesurant le volume qu’occupe une mole de gaz dans les
conditions standard de pression (1000 hPa) et de température (25°C = 298,15 K). Ce volume, appelé
volume molaire standard est égal à 24,79 litres :

pV 10 5  24,79  10 -3
R= = = 8,31 JK −1mol −1 . (6.32)
nT 1  298,15

La constante R est la constante universelle des gaz. Elle a les dimensions d’une énergie par Kelvin et
par mole. En effet le produit pV a bien les dimensions d’un travail ou d’une énergie :
Chapitre 5 Thermique 5-14

1N
pV = 1Pa  1m3 = 1m3 = 1N  1m = 1 Joule . (6.33)
1m 2

L’expression définitive de la loi des gaz est :

pV = nRT . (6.34)

Signalons que la relation (6.34) n’est valable que lorsque le gaz est dans des conditions telles qu’il
est assez loin de la condensation. Un gaz qui obéit à la loi (6.34) est appelé gaz parfait et à son tour
l’équation (6.34) est appelée loi des gaz parfaits.

On peut réécrire la loi des gaz parfaits en faisant apparaître le nombre total N de molécules du gaz.
D’après la définition de la mole, on a N = n×NA où NA est le nombre d’AVOGADRO :

N R
pV = RT = N T = Nk BT . (6.35)
NA NA

De cette façon, on définit une nouvelle constante kB, appelée constante de BOLTZMANN et égale à :

R 8,31
kB = = = 1,38  10 −23 JK −1 . (6.36)
N A 6,022  10 23

5.6 L’ÉQUIPARTITION DE L’ÉNERGIE

En utilisant la loi des gaz parfaits (6.35) et la formule (6.14) reliant le produit pV d’une masse de
gaz, avec l’énergie moyenne d’une molécule, on obtient la relation suivante :

2
pV = N Ec = Nk B T . (6.37)
3

3
Ec = k BT . (6.38)
2

L’énergie cinétique moyenne d’une molécule de gaz est proportionnelle à la température du gaz.
Nous avons donc obtenu le moyen de calculer l’énergie interne d’un gaz, à partir de la mesure d’une
quantité macroscopique la température, sans avoir eu besoin de réaliser une description
microscopique des mouvements des molécules. En examinant l’équation (6.38), on conclut qu’à la
température du zéro absolu, l’énergie d’un corps est nulle, c’est-à-dire que tous ses atomes sont
rigoureusement immobiles. On montre, en mécanique quantique, que ce n’est pas tout à fait exact et
que même à 0 K, il existe une faible énergie résiduelle, appelée énergie de point zéro. L’immobilité
totale n’existe donc pas pour les atomes et les molécules. La formule (6.38) permet de calculer la
vitesse quadratique moyenne d’une molécule :

mv 2 3
Ec = = kBT . (6.39)
2 2
Chapitre 5 Thermique 5-15

B
p (hPa)

gaz

C
220000

solide liquide
1013,25

6
O vapeur

A 0 0,01 100 374 T (°C)


273,16 373,15 647 T (K)

Figure 3-9. Diagramme des phases de l’eau dans un système d’axes (p, T). Pour la clarté du graphe,
les axes ne sont pas linéaires et les échelles ont été compressées. Le point O est le point triple de
l’eau (273,16 K; 610 Pa) ; le point C est le point critique (647 K; 22 MPa) au-delà duquel l’eau ne
peut exister qu’en phase gazeuse. Si l’on augmente la température en maintenant une pression
équivalente à la pression atmosphérique standard (1013,25 hPa), la glace fond à 0°C, reste liquide
jusqu’à 100°C, et s’évapore complètement au-delà de cette température.
Chapitre 5 Thermique 5-16

3k B T
vqm = . (6.40)
m

Cette formule peut encore s’écrire, en multipliant sous le radical, haut et bas par le nombre
d’AVOGADRO:

3N Ak BT 3RT
vqm = = . (6.41)
mN A M

M est l’atome-gramme ou la molécule-gramme, c’est-à-dire un nombre de grammes égal à la masse


atomique ou moléculaire. Pour l’hydrogène (MH2 = 2 Da) et l’azote (MN2 = 28 Da), à température
ambiante (20°C), on a :

3  8,31  298
vqm ( H 2 ,25C ) = −3
= 1,9  10 3 ms −1 . (6.42)
2  10

3  8,31  298
vqm ( N 2 ,25C ) = = 515 ms −1 . (6.43)
28  10 −3

5.7 DIAGRAMME DES PHASES

Les différents états d’une substance sont représentés dans un diagramme (p,T) appelé diagramme des
phases. Le diagramme des phases de l’eau est représenté à la Figure 3-9. On y distingue trois régions
distinctes où l’eau ne peut exister que sous une seule phase solide, liquide ou gazeuse. Le long des
courbes délimitant ces régions, l’eau peut exister sous deux phases différentes. On constate que ces
courbes sont toutes issues du point O correspondant à 6 hPa et 273,16 K. Ce point unique où les trois
phases peuvent coexister est le point triple de l’eau. La courbe OC est appelée courbe d’ébullition.
Elle délimite les phases liquide et vapeur. Le point C est appelé point critique, c’est le point au-delà
duquel l’eau ne peut exister qu’en phase gazeuse. La courbe OB qui monte rapidement entre les
phases solide et liquide est la courbe de fusion. On remarque que cette courbe est inclinée à gauche,
ce qui signifie que l’on peut faire fondre la glace en augmentant la pression : c’est effectivement ce
que l’on fait pour former des boules de neige. C’est également la pression exercée par le patineur sur
la glace qui fait fondre celle-ci de sorte que le patin glisse plus facilement sur le film d’eau ainsi
formé. La courbe OA, entre les phases solide et gazeuse, est appelée courbe de sublimation. On
constate qu’en abaissant la pression, il est possible de passer directement de la phase solide à la phase
gazeuse, sans passer par la phase liquide. Ce procédé, appelé lyophilisation, est utilisé pour éliminer
l’eau des aliments. Le processus inverse peut avoir lieu en diminuant la température tout en gardant
une pression fixe inférieure à celle du point triple : la vapeur d’eau se transforme directement en
glace. Cette condensation solide est à l’origine de phénomènes bien connus tels que la gelée blanche
ou le givre qui se dépose sur les vitres en hiver.

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