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Comme les deux parties du mot l’indiquent, la thermo-dynamique étudie plus spécialement les
transformations d’énergie calorifique en énergie mécanique et vice versa. Dans ce chapitre, nous
allons énoncer un « principe » : un principe est un postulat que l’on tient pour vrai sans le démontrer.
Il doit, bien sûr, résister à toutes les formes de contestation. Le principe que nous énoncerons découle
d’un principe plus fondamental qui est celui de la conservation de l’énergie dans l’univers. La
quantité totale d’énergie (toutes formes comprises : énergie cinétique, énergies potentielles, chaleur,
énergie nucléaire, énergie chimique, etc…) contenue dans l’univers est constante : on ne peut ni la
diminuer, ni l’augmenter, mais seulement transformer une sorte d’énergie en une autre.
Pour étudier les transformations d’énergie, nous considérerons un système, c’est-à-dire un ensemble
de particules. Nous prendrons comme exemple simple une masse de gaz enfermée dans un cylindre
(Figure 3-1). Le piston, d’aire S, glisse sans frottement le long des parois du cylindre. Le poids de
la masse m déposée sur le piston, équilibre la pression du gaz :
mg
p= = . (7.1)
S S
Un système gazeux est un système facile à traiter car, comme on l’a vu, il est constitué d’un ensemble
de molécules sans interaction. L’état du système est caractérisé par 4 variables que l’on appelle des
« variables d’état ». Ce sont respectivement : (1) la pression (p) que le gaz exerce sur les parois du
cylindre et sur le piston; (2) le volume (V) que le gaz occupe; (3) la température absolue (T) du gaz;
(4) la masse (m) du gaz. A la place de cette dernière variable on utilise plus souvent le nombre de
molécules (N) ou le nombre de moles (n).
On remarque que toutes ces variables sont des grandeurs « macroscopiques » que l’on peut
déterminer facilement avec des instruments simples et qui ne nécessitent pas une description détaillée
Chapitre 6 Le premier principe de la thermodynamique 6-3
« microscopique » des mouvements individuels des molécules. Parmi ces variables d’état, on
distingue des grandeurs intensives et extensives. Les grandeurs intensives sont la pression et la
température : elles ne sont pas liées directement aux dimensions du système. Les grandeurs
extensives qui sont, elles, liées aux dimensions du système sont le nombre de moles et le volume. On
remarquera qu’une énergie est toujours le produit d’une grandeur intensive par une grandeur
extensive.
Un état du système est donc caractérisé par les valeurs de ces 4 variables (p, V, n et T). Nous savons
déjà que si le système est un gaz parfait, il existe une relation entre ces 4 variables, qui dès lors, ne
sont plus indépendantes les unes des autres :
pV = nRT . (7.2)
On appellera fonction d’état, une fonction de ces variables : f(p,V,n,T). Une transformation du
système consistera en une modification des variables d’état du système, par exemple de l’état initial
(p1,V1,n1,T1) à l’état final (p2,V2,n2,T2).
Tout ce qui se trouve à l’extérieur du système est appelé « monde extérieur ». Pour les énergies, on
appliquera la convention dite égoïste qui considère comme positive une quantité d’énergie (chaleur
ou travail) reçue par le système, et comme négative toute quantité d’énergie donnée par le système.
Une transformation fermée est une transformation au cours de laquelle le système ne peut échanger
que de l’énergie (chaleur Q ou travail W) avec le monde extérieur : le nombre de molécules ne change
pas. Une transformation ouverte est une transformation au cours de laquelle le système peut échanger
de la matière et de l’énergie avec le monde extérieur : le nombre de molécules peut changer.
Nous savons que si deux systèmes A et B de températures différentes sont placés au contact l’un de
l’autre, de la chaleur passera du plus chaud vers le plus froid. Si l’on attend un temps suffisamment
long, le transfert de chaleur cessera et les deux systèmes A et B seront réputés être en équilibre
thermique. L’expérience montre alors qu’un thermomètre mis en contact successivement avec
chacun d’eux séparément, fournira la même indication. De cette constatation, on déduit une propriété
de transitivité de l’équilibre thermique :
On en tire l’expression d’un principe universel qui est le principe zéro de la thermodynamique :
L’état thermique d’un système peut être caractérisé par un scalaire, la température.
Deux systèmes sont en équilibre thermique si et seulement si ils ont la même température.
Jusqu’au 19° siècle, la chaleur était considérée comme un fluide spécial invisible, doté de propriétés
caractéristiques, et qui pouvait s’écouler d’un corps à un autre. Ce fluide était appelé « calorique ».
6-4 Chapitre 6 Le premier principe de la thermodynamique
La chaleur était alors définie à partir de la notion de température, indépendamment des unités utilisées
en mécanique. L’ancienne unité (qui ne doit plus être utilisée aujourd’hui) était la kilocalorie définie
comme la « quantité de chaleur nécessaire pour élever la température d’1 kg d’eau pure, de 14,5°C
à 15,5°C » à pression standard.
On peut donc mesurer séparément les quantités de chaleur transférées à certains corps et les
différences de température qu’elles produisent. On observe que les mêmes quantités de chaleur ne
produisent pas les mêmes écarts de température et l’on définit pour chaque corps, une capacité
calorifique massique c, qui détermine sa capacité à absorber de la chaleur :
Q
c= . (7.3)
mT
La capacité calorifique massique s’exprime en kilocalories par kg et par kelvin. Puisque c peut
dépendre de la température, il faut généraliser la définition (7.3) en passant à la limite :
1 Q 1 dQ
c( T ) = lim = . (7.4)
m T →0 T m dT
A titre d’exemple, le graphe de la capacité calorifique massique de l’eau est représenté à la Figure
3-2 entre 0 et 60°C. Par définition de la kilocalorie, la courbe c(T) doit passer par le point c(15°C) =
1.
Nous savons que la chaleur n’est rien d’autre que la somme des énergies mécaniques microscopiques
des molécules du système considéré. Il doit donc y avoir un rapport entre l’unité de chaleur et l’unité
de travail mécanique. De plus, dans une machine thermique, de la chaleur peut être transformée en
travail mécanique. C’est pourquoi, le médecin autrichien Robert VON MAYER (1814-1878) et le
physicien écossais James Prescott JOULE (1818-1889) se sont efforcés de déterminer la relation
existant entre l’unité de chaleur (1 kilocalorie) et l’unité de travail mécanique (1 Joule).
JOULE a utilisé le dispositif représenté à la Figure 3-3. 2 masses sont reliées par des poulies à un
système de palettes qui tournent dans un calorimètre rempli d’eau. Le calorimètre est isolé
thermiquement et la température de l’eau est mesurée par un thermomètre. On laisse tomber les
masses d’une certaine hauteur h : dans leur chute elles font tourner les palettes, ce qui agite l’eau et
élève sa température. L’énergie potentielle perdue par les masses m au cours de leur chute est
entièrement convertie en chaleur et l’on a :
Q = 2mgh . (7.5)
1,008
c (kcal/kgK)
1,006
1,004
1,002
1,000
0,998
0 10 20 30 40 50
Température (°C)
Figure 3-2. Graphe de la capacité calorifique massique de l’eau, entre 0°C et 60°C.
Figure 3-3. Illustration du dispositif utilisé par Joule pour mesure l’équivalent mécanique de la
chaleur.
On remarque que la transformation effectuée dans l’appareil de JOULE est irréversible. En effet, on
ne voit pas très bien comment spontanément l’eau du calorimètre pourrait se refroidir en
6-6 Chapitre 6 Le premier principe de la thermodynamique
communicant de l’énergie aux palettes pour faire remonter les deux masses. Nous verrons plus loin
qu’il existe des lois qui gouvernent les transformations d’énergie d’une forme dans une autre et qui
permettent de prédire le sens de ces transformations.
A partir de maintenant, nous utiliserons exclusivement le joule comme unité de chaleur. Le tableau
7-1 donne les capacités calorifiques massiques de certaines substances mesurées à 20°C. On définit
la chaleur spécifique ou chaleur molaire C comme étant la capacité calorifique correspondant à une
mole de la substance considérée. On a donc :
C = Mc . (7.7)
C (Jmol-1K-1)
25
20
15
10
0
0 200 400 600 800 1000
température (K)
Pour les gaz, on doit distinguer les chaleurs spécifiques à pression constante Cp(T) et à volume
constant CV(T), selon que le changement de température s’effectue à pression constante ou à volume
constant.
Pour la plupart des solides, les graphes des chaleurs spécifiques en fonction de la température
présentent l’allure caractéristique de la Figure 3-4. A haute température la chaleur spécifique tend
asymptotiquement vers une valeur de 25 joule par Kelvin. Cette observation exprime la loi de
DULONG et PETIT. Les valeurs des chaleurs spécifiques molaires à haute température sont indiquées
dans la quatrième colonne du tableau 7-1 qui correspond au produit des deux précédentes. On
remarque que pour les corps solides (sauf le carbone), on obtient une valeur pratiquement constante,
voisine de 25 joules par mole. Cette valeur peut être expliquée de la façon suivante. Dans les gaz,
l’énergie d’une molécule est uniquement de l’énergie cinétique et nous avons vu que cette énergie
cinétique moyenne vaut :
3
EC = kBT . (7.8)
2
Chapitre 6 Le premier principe de la thermodynamique 6-7
Dans les solides, la chaleur correspond à la somme des énergies mécaniques totales des atomes qui
peuvent être considérés comme des oscillateurs harmoniques. Chaque atome possède donc une
énergie potentielle moyenne en plus de l’énergie cinétique moyenne. Or, pour un oscillateur
harmonique, l’énergie cinétique moyenne est égale à l’énergie potentielle moyenne, on a donc, pour
chaque atome du corps solide une énergie totale moyenne égale à :
Etot = EC + E p = 3k B T . (7.9)
Tableau 7-1 . Capacités calorifiques massiques de certaines substances. La 3° colonne donne les
masses moléculaires et la 4° colonne est le produit des 2° et 3°. On observe que pour tous les solides
sauf le carbone, la chaleur spécifique molaire est constante et égale à 25 J/K (loi de DULONG et
PETIT).
On obtient l’énergie totale moyenne correspondant à une mole en multipliant (7.9) par le nombre
d’AVOGADRO NA .
Cette énergie est égale à la quantité de chaleur Q contenue dans une mole :
Q = 3RT . (7.11)
On obtient finalement la chaleur spécifique molaire en dérivant (7.11) par rapport à la température :
6-8 Chapitre 6 Le premier principe de la thermodynamique
dQ
C= = 3R = 3 8,31 = 24,93 J / mole . (7.12)
dT
Les différentes transformations correspondant à des changements de phase sont illustrées à la Figure
3-5. On appelle fusion le passage de la phase solide à la phase liquide et solidification la
transformation inverse. La vaporisation est le passage de l’état liquide à l’état gazeux et la
gaz
e co
lid nd
so en
n
atio n liq
ué sa
ns a tio fa
tio
e n
nd im ct
o u bl io
n
c s
fusion
solide liquide
solidification
Lv Lv
condensation
Lv Lv
27°C Lv évaporation
Q
Océans
condensation correspond au processus inverse. La sublimation est le passage direct de la phase solide
à la phase gazeuse et la transformation inverse est appelée condensation solide. Lors de chaque
changement de phase, la substance doit absorber ou libérer une certaine quantité de chaleur. Cette
quantité de chaleur est appelée chaleur latente, car elle ne se manifeste pas par un changement de
température. En effet, si l’on chauffe un mélange eau-glace par exemple, la température ne dépassera
pas 0°C tant que toute la glace ne sera pas transformée en eau. A pression normale, la chaleur latente
de fusion de la glace Lf vaut
L f = 334 kJ / kg . (7.13)
Lv = 2,5 MJ / kg . (7.14)
La chaleur latente de condensation de l’eau est la source d’énergie qui alimente la machine
atmosphérique. (Figure 3-6). Le soleil réchauffe la surface de l’océan plus efficacement que l’air qui
possède une capacité calorifique massique plus faible. Lorsque la température de l’eau atteint 27°C,
l’évaporation devient très importante, le soleil fournissant la chaleur latente nécessaire. En s’élevant
dans l’atmosphère, les « bulles » de vapeur d’eau doivent se dilater parce qu’elles sont environnées
d’air à pression de plus en plus basse. Cette dilatation demande de l’énergie qui est fournie par
l’énergie interne des molécules qui se refroidissent. La différence de température peut ainsi amener
les molécules de vapeur d’eau en-dessous de leur température de condensation. A ce moment, la
chaleur latente de condensation est libérée dans l’atmosphère. De la sorte, d’énormes quantités de
chaleur sont communiquées à l’air ambiant, déclenchant et entretenant les mouvements ascendants
tourbillonnants qui sont à l’origine des cyclones tropicaux.
A partir de la définition de la capacité calorifique massique, on peut déduire une formule permettant
de calculer la quantité de chaleur nécessaire pour amener un corps de masse m d’une température
initiale Ti à une température finale Tf :
Tf
Q = m c( T )dT . (7.15)
Ti
T12 Tf
Q = m c1 ( T )dT + mL12 + m c2 ( T )dT . (7.16)
Ti T12
T12 Tf
Q = n C1 ( T )dT + mL12 + n C2 ( T )dT . (7.17)
Ti T12
6-10 Chapitre 6 Le premier principe de la thermodynamique
T
1 T
2
Q S
L=
x
3000 K
6
3x10
Loi de Planck
Emittance du corps noir (W/m2/m)
2x106
2500 K
1x106
2000 K
0
0 1 2 3 4 5 6
longueur d'onde (m)
Figure 3-8. Distribution de l’intensité du rayonnement émis par un corps à différentes températures,
en fonction de la longueur d’onde.
Chapitre 6 Le premier principe de la thermodynamique 6-11
Une quantité de chaleur peut être échangée entre deux corps A et B par trois mécanismes distincts:
par conduction, convection ou rayonnement. La conduction est un mode de transfert qui nécessite la
présence d’un milieu matériel. Les augmentations des amplitudes des mouvements microscopiques
des atomes causées par la chaleur, se transmettent de proche en proche aux atomes voisins, sans que
la matière soit mise en mouvement de façon macroscopique visible. Considérons un matériau de
forme cylindrique, de longueur L = x et de section S (Figure 3-7). La différence de température
entre ses extrémités est T1 – T2 = T. Si la variation de température par unité de longueur (gradient
de température) n’est pas trop élevée, le flux de chaleur lui est proportionnel, ainsi qu’à l’aire S de la
section du matériau :
Q T
= KT S . (7.18)
t x
Dans le phénomène de convection, le transfert de chaleur entre les zones chaudes (T2) et froides (T1)
du système s’effectue par le mouvement d’ensemble d’un fluide (liquide ou gaz). La convection
résulte de l’action de la gravitation et du changement de masse volumique du fluide en fonction de
sa température. Dans nos habitations, les pièces sont chauffées par convection. L’air est chauffé au
contact du radiateur et monte à la verticale de celui-ci. Il est alors remplacé par de l’air plus froid
venant des autres côtés de la pièce et il s’installe alors un courant de convection.
Le mode de transfert de la chaleur par rayonnement ne nécessite aucun milieu matériel. C’est le cas
entre le soleil et la terre où la chaleur est transportée à la vitesse de la lumière, par des ondes
électromagnétiques. Le champ électrique de l’onde met en mouvement les particules chargées
(électrons et ions) de la matière en induisant des mouvement de vibrations et de rotations. Ces
mouvements se font de façon désordonnée et contribuent à augmenter l’énergie interne du matériau.
L’intensité du rayonnement émis par un corps dépend de sa température et de la longueur d’onde du
rayonnement. L’allure de cette distribution qui porte le nom de loi de PLANCK, est représentée à la
Figure 3-8. La longueur d’onde du maximum d’émission est obtenue par une formule simple établie
par WIEN :
2900
max ( µm ) = . (7.19)
T
Dans la formule (7.19) la longueur d’onde est exprimée en micromètres et la température en Kelvin.
Si l’on applique cette relation au soleil dont la température de surface est 6000 K on trouve max =
0,48 µm qui correspond à la couleur verte, couleur pour laquelle nos yeux ont un maximum de
sensibilité.
La troisième loi du rayonnement est la loi de STEFAN. Le flux d’énergie Q/t émis par un corps de
surface S à température T est égal à :
6-12 Chapitre 6 Le premier principe de la thermodynamique
S Fext
x
S Fext
Figure 3-9.
p1
p2
V
V1 V2
Figure 3-10. Le travail échangé au cours de la transformation (p1,V1) (p2,V2) est égal à l’aire
comprise entre la courbe et l’axe des V.
Chapitre 6 Le premier principe de la thermodynamique 6-13
Q
= e ST 4 . (7.20)
t
est la constante de STEFAN = 5,6710-8 Wm-2K-4. On constate que l’émission augmente très
rapidement avec la température. Le coefficient « e » est l’émissivité de la surface. Ce paramètre sans
dimension dont la valeur est comprise entre 0 et 1, caractérise la nature de la surface et son aspect
géométrique (polie ou non).
Le 1er principe de la thermodynamique exprime la loi de conservation de l’énergie sous toutes ses
formes. Nous en verrons plusieurs expressions équivalentes. Nous commençons par l’énoncé
suivant :
Dans le contexte de ce cours, nous prenons comme exemple de base le système représenté par une
masse de gaz contenue dans un cylindre muni d’un piston (Figure 3-9). Un tel système est fermé,
c’est-à-dire qu’il peut échanger de la chaleur et du travail mécanique, mais pas de la matière avec le
monde extérieur. Supposons que le gaz subisse une transformation entre deux états (p1,V1,T1) et
(p2V2,T2) au cours de laquelle il échange une quantité de travail W et une quantité de chaleur Q
avec le monde extérieur. Le travail échangé est le travail de la force extérieure (Fext = mg) appliquée
au piston. Si le piston se déplace d’une longueur x, l’expression du travail est :
Fext
W = − Fext x = − S x = − pV . (7.21)
S
V = Sx est la variation de volume du système. Le signe – est imposé par la convention égoïste.
Une pression est toujours positive. Dans le cas d’une compression du système, la variation de volume
V est négative, et pV est négatif, mais le système recevant du travail, W doit être positive et donc
W = -pV. Si la pression change pendant la transformation, l’expression générale du travail devient
une intégrale :
V2
W = − pdV , (7.22)
V1
c’est-à-dire que dans un graphe (p,V), le travail W est donné par l’aire comprise entre l’axe des
abscisses et la courbe p(V) (Figure 3-10). Dès lors, on voit immédiatement que le travail échangé
entre les deux états 1 et 2, dépend non seulement de ces 2 états mais également du chemin parcouru
par le système entre ces deux états. Par exemple, pour les 3 transformations a, b et c décrites à la
Figure 3-11, on aura :
6-14 Chapitre 6 Le premier principe de la thermodynamique
p
c
p1
b
p2
a
V
V1 V2
Figure 3-11. Le travail échangé au cours de la transformation (p1,V1) (p2,V2) dépend du chemin
parcouru.
T T
Figure 3-12. Illustration de l’expérience de Joule mettant en évidence que l’énergie interne U ne
dépend que de la température U = U(T).
Chapitre 6 Le premier principe de la thermodynamique 6-15
Lors du passage de l’état 1 à l’état 2, le système échange une quantité de chaleur Q avec le monde
extérieur. Cette chaleur dépendra également des états initial et final et également de la transformation
effectuée. Dès lors, nous pouvons exprimer le premier principe de la façon suivante :
Lorsqu’un système fermé subit une transformation allant d’un état initial vers un état final,
la chaleur échangée et le travail échangé dépendent tous deux du chemin parcouru,
mais la somme de la chaleur et du travail échangés ne dépend pas du chemin parcouru,
elle ne dépend que de l’état initial et de l’état final.
Cette somme est égale à la variation d’une fonction des variables d’état (p,V,n,T)
que l’on appelle énergie interne (U).
U = W + Q . (7.24)
Cette énergie interne est une fonction d’état. On remarque qu’elle a les mêmes propriétés qu’une
énergie potentielle. En effet toutes deux sont définies à une constante près, puisque seules leurs
variations sont significatives. De plus, leurs variations dépendent uniquement des états initial et final,
et non du chemin parcouru.
En général, le travail échangé entre un système et le monde extérieur peut revêtir d’autres formes
que le travail d’une force de pression : par exemple une pile peut fournir de l’énergie électrique,
tandis qu’un barrage peut céder de l’énergie gravifique. De même, la chaleur échangée peut résulter
de processus divers tels que réactions chimiques ou nucléaires. L’énergie interne est en fait un
concept qui réunit toutes ces formes d’énergie :
U = U( T ) . (7.26)
En effet, dans cette transformation, la pression exercée par le système a changé et son volume
également. Le premier principe s’écrit :
U = W + Q = − p V + Q . (7.27)
6-16 Chapitre 6 Le premier principe de la thermodynamique
p2
p1
V
V1
p1
V
V1 V2
Le travail est nul car la pression qui intervient dans (7.27) est la pression extérieure c.-à-d. la pression
dans le second compartiment qui est nulle, puisqu’au départ il est vide. D’autre part, la quantité de
chaleur échangée avec le calorimètre est nulle puisque sa température n’a pas changé. En
conséquence,
l’énergie interne n’a pas varié et l’on voit d’après (7.28) qu’elle ne peut pas dépendre de p et de V
qui ont changé au cours de la transformation. Elle ne dépend que de la température.
V
W = − pdV = 0 . (7.30)
V
T2
Q = n CV dT = nCV T . (7.31)
T1
U = W + Q = nCV T . (7.32)
U( T ) = nCV T + U 0 . (7.33)
V2 V2
W = − pdV = − p dV = − pV . (7.35)
V1 V1
D’autre part, la chaleur échangée fait évidemment intervenir la chaleur spécifique à pression
constante (Cp) :
p
p1
p2
V
V1 V2
T2
Q = n C p dT = nC p T . (7.36)
T1
U = Q + W = nC p T − pV . (7.37)
pV = nRT p V + V p = nR T . (7.38)
p V = nR T . (7.39)
U = nC p T − nR T = n( C p − R )T , (7.40)
et donc
U( T ) = n( C p − R )T + U 0 . (7.41)
R = C p − CV . (7.42)
Les deux résultats obtenus précédemment (7.33) et (7.41) indiquent que pour une transformation
isotherme (T = 0) :
Par conséquent : Q = - W et
V2
Q = − W = pdV . (7.45)
V1
En différentiant la loi des gaz parfaits, on a dans le cas d’une transformation isotherme (dT = 0) :
nRT
pV = nRT p = . (7.46)
V
Chapitre 6 Le premier principe de la thermodynamique 6-19
V2 2 dV V
nRTdV
Q = = nRT , (7.47)
V1 V V V 1
V2
Q = nRT ln . (7.48)
V1
dU = dQ + dW = dW = − pdV . (7.49)
pdV
dT = − . (7.51)
nCV
CV − C p
pdV + Vdp = pdV . (7.54)
CV
dV dp CV − C p dV
+ = . (7.55)
V p CV V
dp CV − C p dV
= − 1 . (7.56)
p CV V
dp C p dV
=− . (7.57)
p CV V
6-20 Chapitre 6 Le premier principe de la thermodynamique
p
p1
p2
V
V1 V2
Figure 3-16. Illustration d’une transformation adiabatique (dQ = 0). L’équation de la courbe est
pV = Cte. On observe en comparant avec la Figure 3-15 que la courbe de l’adiabatique est plus
raide que la courbe de l’isotherme.
Transformations W Q U
V2 V2
Isotherme −nRT ln nRT ln 0
V1 V1
p2V2 − p1V1
Adiabatique 0 nCVT
−1
Tableau 7-3.
C’est une équation différentielle à variables séparées, on peut donc intégrer séparément :
dp C p dV
p
=− .
CV V
(7.58)
Cp
ln p = − lnV + cte . (7.59)
CV
Chapitre 6 Le premier principe de la thermodynamique 6-21
ln p + ln V( C p CV
) = cte . (7.60)
(
ln pV
C p CV
) = cte . (7.61)
Et finalement :
C p CV
pV = cte , (7.62)
qui est l’équation générale des transformations adiabatiques. On pose Cp/CV = , ce qui donne :
pV = cte . (7.63)
Pour l’air = 1,4 et on observe (Figure 3-16) que par rapport aux transformations isothermes (pV =
cte) le réseau des transformations adiabatiques a une pente plus serrée dans un graphe (p,V).
que l’on peut écrire, en utilisant la loi des gaz parfaits : pV = nRT :
pV pV C
W = nCV 2 2 − 1 1 = V ( p2V2 − p1V1 ) , (7.65)
nR nR R
en considérant que
R C p − CV C p
= = − 1 = − 1, (7.66)
CV CV CV
on obtient finalement :
p2V2 − p1V1
W = . (7.67)
−1
Une synthèse des chaleurs et travaux échangés au cours des transformations isochore, isobare,
isotherme et adiabatique, est donnée au tableau 7-3.
U = W + Q = 0 . (7.68)
En effet, l’énergie interne qui ne dépend que des valeurs des variables d’état, ne peut subir de
variations puisque ces variables d’état ont les mêmes valeurs au début et à la fin du cycle. Par suite,
Q = -W et tout ce que la machine fournit en chaleur elle doit le recevoir du monde extérieur, sous
forme de travail, et vice versa.
14-1. Calculer la puissance émise par une personne se trouvant dans une pièce dont les parois sont
à 20°C. Prendre l’émissivité de la peau et des murs égale à 1.
La personne supposée en bonne santé a une température de 37°C soit 310 K, la surface de son corps
peut être estimée à 1,5 m2. D’après la loi de STEFAN, la puissance rayonnée par la personne sera :
La personne reçoit également la puissance rayonnée par les murs à 20°C soit 293 K: