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MACHINE THERMIQUE

Chapitre I : Rappels sur les gaz


I- Équation d'état d'un gaz parfait.

a) Définition d'un gaz parfait.


L'étude expérimentale des gaz a conduit à définir le modèle du gaz parfait, très utilisé en
thermodynamique. Pourvu que l'on opère à pression suffisamment faible, on observe
expérimentalement les trois lois énoncées ci-dessous.

Loi de Boyle et Mariotte


A température constante, la pression p d'une masse donnée m de gaz est inversement
proportionnelle à son volume V.
Ce qui revient à dire que le produit de la pression p d'un gaz par son volume V ne dépend que
de la température. C'est cette loi que nous avons utilisée pour définir l'échelle de température
au paragraphe I-5-c. Elle est a été énoncée en 1662 par Robert Boyle et Edme Mariotte.

Loi de Gay-Lussac
A pression constante p, le volume V occupé par une masse donnée m de gaz est proportionnel
à sa température. Cette loi a été énoncée en 1800 par Louis Joseph Gay-Lussac.

Loi d'Avogadro et Ampère


Des volumes égaux de gaz de nature différente, pris dans les mêmes conditions de
température et de pression, renferment le même nombre de moles.
Cette loi a été émise comme hypothèse en 1811 par Amedeo Avogadro, et énoncée en 1814
par André-Marie Ampère.

On peut conclure que, un gaz parfait est un gaz qui suit exactement les lois de Boyle et
Mariotte, de Gay- Lussac, et d'Avogadro et Ampère.

b) Loi des gaz parfaits.


Nous avons vu qu'un système simple fermé pouvait être complètement caractérisé par deux
variables d'état indépendantes. On en déduit que, pour un gaz, il existe une relation reliant p,
V et T.
Pour un nombre de moles fixé, cette relation peut s'écrire, de façon très générale, sous forme
différentielle :
c) Validité de la loi des gaz parfaits.

A l'échelle microscopique, un gaz parfait satisfait aux deux conditions suivantes :


– la taille des molécules de gaz est négligeable devant les distances qui les séparent, ce qui
permet de les assimiler à des points matériels ;
– les forces d'interaction à distance entre les molécules sont négligeables (les molécules se
comportent donc indépendamment les unes des autres). Ces forces d'interaction, de nature
électrostatique, sont à très courte portée. Cette hypothèse sera donc valable si les distances
moyennes entre molécules sont suffisamment grandes.

On déduit de ces considérations que, pour un nombre de moles de gaz N donné, le


comportement d'un gaz réel pourra être approché par un gaz parfait si le volume qu'il occupe
est suffisamment grand, ce qui se produira à basse pression et à température élevée (en fait, si
l'on se trouve loin du point critique4). En pratique, le modèle du gaz parfait donne des
résultats satisfaisants pour beaucoup de gaz usuels pris à la pression atmosphérique et à la
température ambiante (azote, oxygène, vapeur d'eau,...).

Mélange de gaz parfaits.


Nous venons de voir que, dans un gaz parfait, chaque molécule se comportait
indépendamment des autres. Cette propriété sera naturellement conservée dans un mélange de
gaz parfaits. C'est pourquoi un mélange de gaz parfaits est lui même un gaz parfait. On peut
alors définir une pression partielle pour chaque gaz :
Dans un mélange de n gaz parfaits, la pression partielle pi du gaz i est la pression qu'il
exercerait sur les parois du récipient, s'il était seul à occuper la totalité du volume V, à la
même température T.
Coefficients thermo élastiques d'un gaz parfait
La loi des gaz parfaits (II-2) permet de déterminer les coefficients thermo élastiques d'un gaz
parfait en fonction des ses variables d'état :

II- Gaz Réels

a) Développements du viriel.
Lorsque la température est trop basse ou la pression trop haute, il n'est plus possible
d'approcher le comportement d'un gaz réel par le modèle des gaz parfaits, qui devient
beaucoup trop imprécis. Une solution peut consister à développer le produit pV en puissances
de 1/V ou de p. On obtient ainsi des relations de la forme :
Dans cette relation, π est appelée pression interne. Elle rend compte des forces d'attraction
entre les molécules, qui s'ajoutent au sein du fluide aux forces de pression exercées sur une
surface. Le paramètre b est le covolume, qui tient compte du fait que les molécules n'étant pas
ponctuelles, elles occupent un volume fini. Il en résulte que la véritable variable de volume
pour un gaz réel est (V-Nb) et non V.

La plus célèbre des relations de ce type est celle de van der Waals :

Les constantes a et b sont caractéristiques d'un fluide donné. L'équation de van der Waals
permet de rendre compte du comportement de la plupart des gaz réels dans de larges gammes
de température et de pression, au moins de façon qualitative. Beaucoup d'autres relations
existent, plus précises dans tel ou tel cas particulier.

b) Équation d'état d'un liquide.


Les variables d'état d'un liquide étant son volume V, sa pression p et sa température T, son
équation d'état peut se mettre sous la forme : V = f(T, p). Sous forme différentielle, cela donne
:
Enoncé de premier principe de thermodynamique :

L'énergie mécanique est l'énergie stockée dans le système à l'échelle macroscopique, sous
forme d'énergie cinétique (résultant d'un mouvement d'ensemble des particules) et d'énergie
potentielle (pesanteur, ressort, ...). Par définition, l'énergie interne est la différence entre
l'énergie totale du système et l'énergie perceptible à l'échelle macroscopique : elle représente
l'énergie stockée à l'échelle microscopique (énergie cinétique due aux mouvements
désordonnés des particules constituant le système, et énergie potentielle d'interaction entre ces
particules).

III- Calorimétrie :

a) Définition des coefficients calorimétriques.


La calorimétrie est la mesure des quantités de chaleur. Soit un système simple fermé ; si, au
cours d'une transformation réversible élémentaire α, le système reçoit une quantité de chaleur
δQrev alors que sa température varie de dT, on appelle capacité calorifique du système dans la
transformation α la grandeur Cα telle que :
δQrev = Cα dT
On voit d'après cette relation que Cα est une grandeur extensive, qui s'exprime en J/K. Si le
système considéré comporte 1 mole, on parlera de capacité calorifique molaire (unité : J.K-
1.mol-1) et on la notera Cα. Si sa masse est de 1 kg, on aura une capacité calorifique
massique (J.K-1.kg-1) notée c α.
Il est important de comprendre que, comme δQrev n'est pas une fonction d'état, Cα dépend
aussi bien du système étudié que de la nature de la transformation qu'il subit. On peut ainsi
définir une capacité calorifique à volume constant Cv, correspondant à une transformation
isochore, ainsi qu'une capacité calorifique à pression constante Cp, correspondant à une
transformation isobare. Dans le cas général, Cv ≠ Cp.
Nous avons vu que l'état d'un système simple fermé pouvait être décrit par deux variables
indépendantes. Si l'on choisit la température et le volume, la quantité de chaleur échangée
avec l'extérieur peut s'exprimer, de façon très générale, par la forme différentielle suivante :
δQrev = Cv dT + lv dV
Si l'on choisit la température et la pression comme variables indépendantes, on aura alors :
δQrev = Cp dT + lp dp
Les deux expressions ci-dessus représentent la même quantité de chaleur, reçu par le même
système lors de la même transformation. Seul le choix des variables d'états indépendantes est
différent. Pour une transformation isotherme, elles se réduisent à :
δQrev = lv dV et δQrev = lp dp

b) Relations entre les coefficients calorimétriques et les coefficients thermo-élastiques.


Pour une transformation isotherme, on tire :

Pour une transformation isobare, on a :

Mais pour une transformation Isochore, on obtient :


IV- Etude des transformations classiques réversible du Gaz Parfait :
 Transformation adiabatique
 Transformation poly tropique réversible d’un gaz parfait :
CHAPITRE II : APPLICATION DES PRINCIPES DE LA THERMODYNAMIQUE

I- Généralités

1- Principe de fonctionnement d’une machine thermique

Une machine est un système qui réalise une conversion d’énergie. Les premières machines
étaient purement mécaniques : un levier, une poulie permettent de soulever un objet et de
convertir l’énergie fournie par un homme ou un animal en énergie potentielle. Un moulin
fournit du travail à partir de l’énergie cinétique du vent.

Une machine thermique permet de convertir de l’énergie mécanique en énergie thermique


et inversement. Un moteur de voiture et un réfrigérateur sont des exemples concrets de
machines thermiques. Un fluide circule dans la machine et subit diverses transformations, qui
globalement réalisent cette conversion : le mélange air-carburant pour un moteur de voiture,
le liquide réfrigérant dans le cas d’un réfrigérateur.

Pour permettre un fonctionnement en continu, une machine thermique doit être cyclique : le
fluide qui circule dans la machine revient dans son état initial après un cycle. Il suffit
d’étudier les transformations du fluide sur un seul cycle pour étudier la machine. Le fluide
circulant sera donc notre système d’étude.

Le fonctionnement d’un moteur peut généralement être schématisé par une succession de
transformations d’un fluide, au cours desquelles celui-ci échange de l’énergie avec l’extérieur,
sous forme de travail et de transfert thermique avec des thermostats. Dans toute la suite du
chapitre, les échanges d’énergie sont toujours orientés en convention récepteur : de l’extérieur
vers le système (le fluide). Le signe de chacun des échanges d’énergie permet d’en déduire le
sens réel.

2- Distinction moteur / récepteur


On peut classer les MT en deux catégories, selon qu’elles fournissent ou reçoivent du travail
globalement sur le cycle (réellement, pas conventionnellement). Un moteur fournit
effectivement du travail à l’extérieur. Un récepteur reçoit effectivement du travail de
l’extérieur.
Dans le cas d’un récepteur ?

moteur ?

3- Inégalité de Clausius
Une MT est dite polytherme si le fluide circulant échange de l’énergie par transfert thermique
avec plusieurs sources de chaleur (transfo en plusieurs étapes). Elle est dite monotherme
sinon. Elle est dite ditherme dans le cas d’échanges avec deux sources de chaleur.
principe de la thermodynamique, établir l’inégalité de
Clausius dans le cas d’une MT polytherme.
4- Impossibilité d’un moteur cyclique monotherme

Un moteur cyclique monotherme est impossible. C’est une conséquence du deuxième principe.
Par exemple, on ne peut pas envisager de faire avancer un bateau uniquement en prélevant de
l’énergie par transfert thermique à l’eau. Le premier principe ne l’interdit pas, le second
l’interdit.
On peut montrer que cette affirmation est équivalente au deuxième principe. C’est
historiquement une des formes de l’énoncé du second principe (proposé par Kelvin).
On notera cependant qu’un récepteur cyclique monotherme est réalisable. Par la suite, on
étudiera les plus simples des MT pouvant être à la fois motrice et réceptrice : les MT
dithermes.

II- Etude générale des machines dithermes

On va présenter les trois types d’utilisation d’une MTD : moteur, réfrigérateur et pompe à
chaleur. Pour ces trois configurations, on définit l’efficacité de la machine qui caractérise
l’efficacité avec laquelle la conversion d’énergie est réalisée. On établit ensuite dans chacun
des cas le théorème de Carnot, qui détermine l’efficacité maximale d’une MTD, atteinte pour
un cycle réversible.

1- Source froide et source chaude

Au cours d’un cycle, le système échange de l’énergie par transfert thermique avec deux
thermostats. On appelle source chaude le thermostat de température la plus élevée (Tc), et
source froide le thermostat de température la plus basse (Tf).
On notera le transfert thermique reçu par le système depuis la source chaude (orientation
conventionnelle), et celui reçu depuis la source froide.

2- Classification des MTD : diagramme de Raveau

On recherche ici les différentes applications possibles et utiles d’une MTD. Le but étant de
convertir du travail en transfert thermique ou inversement, il suffit d’étudier les valeurs
possibles que peuvent prendre W,Qc et Qf compatibles avec les deux principes.
é que pour une valeur donnée du
travail on peut considérer Qc comme une fonction de Qf.
On peut représenter graphiquement les différentes MTD envisageables : c’est le diagramme
de Raveau (Qc , Qf).
tie du diagramme (Qc,Qf) correspondant
à un fonctionnement possible de la MTD.

respectivement à un fonctionnement moteur ou récepteur.

récepteur possible, repérer la partie du diagramme correspondant


aux récepteurs utiles, i.e. qui inversent le sens spontané des transferts thermiques entre
sources chaude et froide.

Ces résultats sont regroupés dans le diagramme de Raveau ci-dessous.

Remarque : La zone III est inutile car il n’est pas nécessaire d’utiliser une MTD pour
transférer de la chaleur de la source chaude vers la source froide : il suffit de les mettre en
contact. La zone IV est inintéressante car une des deux sources est inutile : elles jouent le
même rôle, puisqu’elles reçoivent effectivement toutes deux de la chaleur.

On a ainsi pu distinguer les trois applications possibles et utiles d’une MTD :

 moteur (zone I) : convertit le transfert thermique reçu depuis la source chaude en


travail. On remarque que cette conversion n’est pas parfaite ! Une partie est perdue en
transfert thermique à la source froide.
 récepteurs (zone II) : reçoit effectivement du travail pour inverser le sens spontané des
échanges thermiques entre les deux sources de chaleur. On distingue deux types de
récepteurs, selon l’objectif souhaité, le « point de vue de l’utilisateur » :

 réfrigérateur : l’objectif est de refroidir la source froide. Concrètement, l’intérieur


d’un frigo représente la source froide (à refroidir), et l’air ambiant représente la source
chaude. Un climatiseur refroidit la pièce (source froide) tout en réchauffant l’air
extérieur (source chaude).

 pompe à chaleur : l’objectif est de réchauffer la source chaude. Concrètement,


l’intérieur d’une pièce à chauffer représente la source chaude, et l’air extérieur (ou
l’eau d’une rivière, d’un lac) représente la source froide.

On remarque donc qu’un réfrigérateur et une pompe à chaleur reposent sur le même principe
de fonctionnement. Seul le point de vue de l’utilisateur change.
 Si on laisse la porte d’un réfrigérateur ouverte, la température de la pièce va-t-elle
globalement augmenter ou diminuer ?

Remarque :
Dans notre étude, nous supposons que les sources de chaleur sont des thermostats, i.e. des
corps à température constante. Or dans le cas d’une MTD réceptrice, il apparaît clairement
que l’on cherche à faire varier la température d’au moins une des deux sources !
Cependant, on se placera généralement en régime permanent, où par définition les
températures des sources seront constantes. Ce n’est pas une simplification ad hoc. Si l’on
considère une pompe à chaleur, la pièce n’est pas parfaitement hermétique, et de l’air froid
extérieur pénètre petit à petit dans la pièce. Le régime permanent est atteint par exemple
lorsque la chaleur fournie à la pièce (par la MT) compense exactement ces « fuites de chaleur
».
D’autre part, en régime non permanent, la température des sources varient généralement très
peu sur un ou quelques cycles ; il est donc souvent possible de les assimiler à des thermostats
sur quelques cycles.

3- Présentation :
 moteur dithèrme :

Le rôle d’un moteur ditherme est de fournir un travail.


✧ Autrement dit, avec les notations usuelles, la seule chose que nous imposons à un moteur,
c’est que,sur un cycle nous ayons finalement W < 0.
✧ Représentons le bilan énergétique d’un moteur ainsi que sa schématisation
conventionnelle.
✬ Rendement :
Un rendement caractérise la qualité d’une transformation énergétique et vaut :

Un rendement est inférieur à 1.

 pompe à chaleur :

Le rôle d’une pompe à chaleur est de fournir de l’énergie par transfert thermique à la source
chaude.
✧ Autrement dit, il faut « réchauffer le chaud », ce qui donne, avec les notations usuelles, Qc
< 0.
✧ Représentons le bilan énergétique d’une pompe à chaleur ainsi que sa schématisation
conventionnelle.

✬ Efficacité
✧ Ici la pompe à chaleur ne réalise pas à proprement parler de transformation énergétique
puisqu’il s’agit essentiellement de transporter de l’énergie de la source froide vers la source
chaude. Il est donc difficile de parler de rendement.
Une efficacité caractérise la qualité d’un transport énergétique et vaut :
Une efficacité pour une pompe à chaleur ditherme est supérieure à 1.

✧ En effet, nous pouvons voir sur la représentation énergétique que la source chaude reçoit
non seulement l’énergie W mais aussi l’énergie venant de la source froide.
Pour une pompe à chaleur ditherme, l’efficacité vaut :

 Réfrigérateur :

Le rôle d’un réfrigérateur est de capter de l’énergie par transfert thermique à la source froide.
✧ Autrement dit, il faut « refroidir le froid », ce qui donne, avec les notations usuelles, Qf >
0.
✧ Représentons le bilan énergétique d’un réfrigérateur ainsi que sa schématisation
conventionnelle.

✧ Il s’agit des mêmes représentations que pour la pompe à chaleur !


✧ La différence entre pompe à chaleur et réfrigérateur n’est pas physique mais technique :
l’un est
optimisé pour réaliser au mieux Qc, l’autre pour réaliser au mieux Qf .
✬ Efficacité :
Pour un réfrigérateur ditherme, l’efficacité vaut :
Pour un réfrigérateur, l’efficacité est majorée :

Pour retenir les expressions des efficacités maximales de la pompe à chaleur et du


réfrigérateur, c’est simple : il suffit de savoir que c’est la température de la source utile
divisée par la différence des températures. Ainsi, pour une pompe à chaleur, c’est Qc qui est
important, donc c’est Tc au numérateur.

III- Représentation de cycle de CARNOT

On appelle cycle de Carnot un cycle réversible composé de deux transformations


Isothermes et deux transformations adiabatiques. On peut montrer les deux
Théorèmes de Carnot:

 le rendement dʼun cycle de Carnot ne dépend pas de la nature du gaz et nʼest fonction
que des températures absolues des réservoirs chaud et froid:

 La machine de Carnot a le meilleur rendement parmi toutes les machines travaillant


entre les mêmes réservoirs de chaleur.
Les deux isothermes sont les transformations ① → ② et ③ → ④.
✧ Nous noterons Tf = T1 = T2 et Tc = T3 = T4.
✧ De plus l’énergie Qc est apportée lors de la transformation ③ → ④.
✧ Comme sur chaque étape il y a du travail échangé, le rendement s’écrit :
IV- Cycle Beau de Rochas (Moteur à essence)
1- Les quatre temps :

✧ 1er temps : admission. Les soupapes d’admission s’ouvrent et le mélange air-carburant


entre dans le cylindre. À la fin de temps, les soupapes se referment
✧ 2e temps : compression. Le piston remonte diminuant ainsi le volume de la chambre.
✧ L’explosion. Ce n’est pas un temps en soi : c’est entre le 2e et le 3e temps. Une bougie
crée une étincelle qui initie la réaction de combustion entre l’air et le carburant. Cette
combustion est extrêmement rapide : c’est une explosion. Elle est si rapide que le piston a à
peine le temps de bouger.
✧ 3e temps : détente. C’est le temps moteur : le gaz échauffé par l’explosion repousse
violemment le piston vers le bas. C’est à ce moment là que le travail est véritablement fourni
au piston.
✧ 4e temps : échappement. Les soupapes d’échappement s’ouvrent et le mélange de gaz
brûlés est évacué de la chambre par la remontée du piston.
✧ Remarquons qu’il faut deux allers-retours du piston dans le cylindre pour faire un cycle
complet.
2- Représentation du cycle réel :

✧ Au point 0, le piston est à son point mort haut, ie. il est à sa position la plus haute possible,
le volume à l’intérieur de la chambre est alors très faible mais pas nul.
✧ Lors de l’admission 0 → ① le volume augmente et il y a à l’intérieur de la chambre une
très légère dépression due au passage du gaz par l’étroit passage laissé par l’ouverture des
soupapes.
✧ Lorsque le piston est à son point mort bas, le volume de la chambre est maximal et les
soupapes se ferment (point ①).
✧ La compression ① → ② correspond au 2e temps. Le volume diminue, la pression
augmente.
✧ Lorsque le piston a de nouveau atteint son point mort haut (volume minimal) en ②, une
bougie crée une étincelle qui provoque la combustion très rapide des gaz (explosion) entre les
points ② et ③. Lors de cette combustion, le piston n’est que très peu descendu.
✧ Lors de la détente ③ → ④, le piston descend jusqu’à son point mort bas, c'est-à-dire
jusqu’à ce que le volume de la chambre soit minimal.
✧ Lorsque les soupapes s’ouvrent (en ④) le contact direct entre les gaz déjà échappés et les
gaz brûlés dans la chambre provoque un refroidissement brutal.
✧ Le mouvement du piston vers le haut (diminution du volume) permet d’évacuer les gaz
brûlés de ④ à 0 et un nouveau cycle peut recommencer.
✧ Finalement, nous pouvons voir que ce diagramme s’il représente une évolution cyclique,
ne représente pas l’évolution cyclique d’un système fermé.

3- Un modèle simplificateur :
 Sur le gaz
✧ Le mélange {air – carburant} sera considéré comme un gaz parfait de coefficient = 1,4.
✧ Cela peut paraître presque naturel pour l’air mais le carburant est (en première
approximation) une vapeur d’un alcane multi carboné (la référence étant l’octane).
✧ Nous allons supposer que le système ne subit aucune transformation chimique, autrement
dit que ses caractéristiques de description (CP , CV , et surtout n) restent identiques.
✧ Nous considérerons que l’énergie libérée lors de la réaction chimique de combustion
provient d’une source thermique externe et, évidemment, virtuelle.
 Sur les transformations
✧ La transformation 0 → ① sera considérée comme étant isobare. En négligeant la chute de
pression lors de l’admission nous négligeons l’effet « détente de Joule – Thomson » lors de ce
transit du mélange {air – carburant} des tuyaux d’arrivée à la chambre.
✧ La transformation ① → ② sera considérée comme adiabatique. En effet rien, lors de
cette compression, ne vient apporter de l’énergie au gaz. De plus comme lors de cette
admission il n’y a pas d’explosion, pas de choc et que les mouvements du piston ne se fait pas
à la vitesse du son, nous pouvons supposer que le gaz est toujours en équilibre
thermodynamique interne, c'est-à-dire que la transformation est réversible.
✧ L’explosion ② → ③ est modélisée par une isochore.
✧ Lors de la détente ③→④, nous pouvons considérer, comme pour la compression que la
transformation est adiabatique et réversible (insistons sur le fait que l’explosion est terminée
lors de la détente).
✧ L’ouverture des soupapes d’échappement va créer un brusque refroidissement isochore ④
→ ①.
✧ L’échappement ① → 0 est modélisé aussi par une isobare.
 vision dans le diagramme de Watt
✧ Nous avons représenté le cycle idéalisé sur les diagrammes de Watt ci-dessous.
✧ Si le deuxième diagramme de Watt correspond à un gaz parfait de coefficient γ= 7/5 , le
premier diagramme en revanche a été déformé afin de mieux visualiser le cycle.

✧ Finalement nous pouvons constater que les transformations 0 → ① puis ① → 0 se


compensent parfaitement à tout point de vue et ne permettent pas de fournir sur un cycle un
travail.
✧ Nous allons donc supprimer ces deux étapes pour ne conserver que le cycle ① → ② →
③ → ④ que nous considérerons être parcouru par le même mélange {air – carburant}.
✧ N’oublions pas que le mélange {air – carburant} ne subit pas de transformation chimique.
Le cycle Beau de Rochas est constitué de :
➜ Deux transformations adiabatiques
➜ Deux transformations isochores
4- Un piètre rendement
 en fonction des températures
✧ Il s’agit ici d’un moteur donc le rendement s’écrit r = −W/Qc où W est le travail reçu sur
un cycle et Qc l’énergie reçue par transfert thermique.
✧ En faisant un bilan énergétique sur un cycle, nous trouvons :

✧ Qf est l’énergie reçue par transfert thermique lors d’un cycle de la part de la source
chaude, c’est à dire ici l’énergie reçue par transfert thermique lors de la combustion ② →
③.
✧ Sur la transformation ② → ③, nous avons :

✧ Qf est l’énergie reçue par transfert thermique lors d’un cycle de la part de la source froide,
c'est-à-dire ici l’énergie reçue par transfert thermique lors du refroidissement ④ → ①.
✧ Sur la transformation ④ → ①, nous avons :

 En fonction du taux de compression


✧ Notons a = Vmax /Vmin , le taux de compression et cherchons à écrire le rendement en
fonction de ac’est à dire en fonction des volumes.
✧ Étant donné le cycle, le taux de compression peut s’écrire a = V1 ou V4/ V2 ou V3
✧ La transformation ① → ② est une transformation adiabatique réversible d’un gaz parfait,
nous pouvons donc utiliser la loi de Laplace :
CHAPITRE III : TRANSFERT DE CHALEUR :

I- GENERALITES SUR LES TRANSFERTS DE CHALEUR


1.1 Introduction
La thermodynamique permet de prévoir la quantité totale d’énergie qu’un système doit
échanger avec l’extérieur pour passer d’un état d’équilibre à un autre.
La thermique (ou thermocinétique) se propose de décrire quantitativement (dans l’espace et
dans le temps) l’évolution des grandeurs caractéristiques du système, en particulier la
température, entre l’état d’équilibre initial et l’état d’équilibre final.

1.2 Définitions
1.2.1 Champ de température
Les transferts d’énergie sont déterminés à partir de l’évolution dans l’espace et dans le temps
de la température : T = f (x,y,z,t). La valeur instantanée de la température en tout point de
l’espace est un scalaire appelé champ de température. Nous distinguerons deux cas :
- Champ de température indépendant du temps : le régime est dit permanent ou stationnaire.
- Evolution du champ de température avec le temps : le régime est dit variable ou transitoire.

1.2.2 Gradient de température


Si l’on réunit tous les points de l’espace qui ont la même température, on obtient une surface
dite surface isotherme. La variation de température par unité de longueur est maximale le long
de la normale à la surface isotherme. Cette variation est caractérisée par le gradient de
température :

Figure : Isotherme et gradient thermique

1.2.3 Flux de chaleur


La chaleur s’écoule sous l’influence d’un gradient de température des hautes vers les basses
températures. La quantité de chaleur transmise par unité de temps et par unité d’aire de la
surface isotherme est appelée densité de flux de chaleur :
1.3 Formulation d’un problème de transfert de chaleur

1.3.1 Bilan d’énergie

Il faut tout d’abord définir un système (S) par ses limites dans l’espace et il faut ensuite établir l’inventaire
des différents flux de chaleur qui influent sur l’état du système et qui peuvent être :
(S)

ϕst flux de chaleur stocké


ϕe ϕg ϕs ϕg flux de chaleur généré
ϕst dans le système (S)
ϕe flux de chaleur entrant
ϕs flux de chaleur sortant

Figure 1.2 : Système et bilan énergétique

On applique alors le 1er principe de la thermodynamique pour établir le bilan d’énergie du système (S) :

ϕ e + ϕ g = ϕ s + ϕ st (1.4)

1.3.2 Expression des flux d’énergie

Il faut ensuite établir les expressions des différents flux d’énergie. En reportant ces expressions dans le bilan
d’énergie, on obtient l’équation différentielle dont la résolution permet de connaître l’évolution de la température
en chaque point du système.

1.3.2.1 Conduction

C’est le transfert de chaleur au sein d’un milieu opaque, sans déplacement de matière, sous l’influence d’une
différence de température. La propagation de la chaleur par conduction à l’intérieur d’un corps s’effectue selon
deux mécanismes distincts : une transmission par les vibrations des atomes ou molécules et une transmission par
les électrons libres.
La théorie de la conduction repose sur l’hypothèse de Fourier : la densité de flux est proportionnelle au
gradient de température :

→ →
ϕ = − λ S grad (T ) (1.5)

∂T
Ou sous forme algébrique : ϕ = −λ S (1.6)
∂x

Avec : ϕ Flux de chaleur transmis par conduction (W)


λ Conductivité thermique du milieu (W m-1 °C-1)
x Variable d’espace dans la direction du flux (m)
S Aire de la section de passage du flux de chaleur (m2)
S

∂T
T1 T1 > T2 T2
ϕ= −λS
∂x

x
Figure 1.3 : Schéma du transfert de chaleur conductif

On trouvera dans le tableau 1.1 les valeurs de la conductivité thermique λ de certains matériaux parmi les
plus courants. Un tableau plus complet est donné en annexe A.1.1.
Tableau 1.1 : Conductivité thermique de certains matériaux

Matériau λ (W.m-1. °C-1) Matériau λ (W.m-1. °C-1)


Argent 419 Plâtre 0,48
Cuivre 386 Amiante 0,16
Aluminium 204 Bois (feuillu-résineux) 0,12-0,23
Acier doux 45 Liège 0,044-0,049
Acier inox 15 Laine de roche 0,038-0,041
Glace 1,88 Laine de verre 0,035-0,051
Béton 1,4 Polystyrène expansé 0,036-0,047
Brique terre cuite 1,1 Polyuréthane (mousse) 0,030-0,045
Verre 1,0 Polystyrène extrudé 0,028
Eau 0,60 Air 0,026

1.3.2.2 Convection

C’est le transfert de chaleur entre un solide et un fluide, l’énergie étant transmise par déplacement du fluide.
Ce mécanisme de transfert est régi par la loi de Newton :
Fluide à T∞ ϕ

(
ϕ = h S Tp − T∞ ) (1.7)
Tp
S

Figure 1.4 : Schéma du transfert de chaleur convectif

Avec :
ϕ Flux de chaleur transmis par convection (W)
h Coefficient de transfert de chaleur par convection (W m-2 °C-1)
Tp Température de surface du solide (°C)
T∞ Température du fluide loin de la surface du solide (°C)
S Aire de la surface de contact solide/fluide (m2)

Remarque : La valeur du coefficient de transfert de chaleur par convection h est fonction de la nature du fluide,
de sa température, de sa vitesse et des caractéristiques géométriques de la surface de contact
solide/fluide.

1.3.2.3 Rayonnement
C’est un transfert d’énergie électromagnétique entre deux surfaces (même dans le vide). Dans les problèmes
de conduction, on prend en compte le rayonnement entre un solide et le milieu environnant et dans ce cas nous
avons la relation :
Milieu environnant
ϕ à T∞

Tp (
ϕ = σ ε p S Tp 4 − T∞ 4 ) (1.8)

Figure 1.4 : Schéma du transfert de chaleur radiatif

Avec : ϕ Flux de chaleur transmis par rayonnement (W)


σ Constante de Stefan (5,67.10-8 W m-2 K-4)
εp Facteur d’émission de la surface
Tp Température de la surface ( K)
T∞ Température du milieu environnant la surface ( K)
S Aire de la surface (m2)

1.3.2.4 Flux de chaleur lié à un débit massique

Lorsqu’un débit massique m & de matière entre dans le système à la température T1 et en ressort à la
température T2, on doit considérer dans le bilan (1.5) un flux de chaleur entrant correspondant :

& c p (T1 − T2 )
ϕe = m
(1.9)

Avec : ϕe Flux de chaleur entrant dans le système (W)


m& Débit massique (kg.s-1)
c Chaleur spécifique (J.kg-1.K-1)
T 1, T 2 Températures d’entrée et de sortie (K)

1.3.2.5 Stockage d’énergie

Le stockage d’énergie dans un corps correspond à une augmentation de son énergie interne au cours du temps
d’où (à pression constante et en l’absence de changement d’état) :

∂T
ϕ st = ρ V c (1.10)
∂t

Avec : ϕst Flux de chaleur stocké (W)


ρ Masse volumique (kg m-3)
V Volume (m3)
c Chaleur spécifique (J kg-1 °C-1)
T Température (°C)
t Temps (s)

Le produit ρVc est appelé la capacitance thermique du corps.

1.3.2.6 Génération d’énergie

Elle intervient lorsqu’une autre forme d’énergie (chimique, électrique, mécanique, nucléaire) est convertie en
énergie thermique. On peut l’écrire sous la forme :

ϕ g = q& V (1.11)

Avec : ϕg Flux d’énergie thermique générée (W)


q& Densité volumique d’énergie générée (W m-3)
V Volume (m3)
2 TRANSFERT DE CHALEUR PAR CONDUCTION EN REGIME
PERMANENT
2.1 L’équation de la chaleur
Dans sa forme monodimensionnelle, elle décrit le transfert de chaleur unidirectionnel au travers d’un mur
plan :

ϕg

ϕx ϕx+dx
L»e
L

ϕst

0 x x + dx e
Figure 2.1 : Bilan thermique sur un système élémentaire

Considérons un système d’épaisseur dx dans la direction x et de section d’aire S normalement à la direction


Ox. Le bilan d’énergie sur ce système s’écrit :
ϕ x + ϕ g = ϕ x + dx + ϕ st

 ∂T   ∂T 
Avec : ϕ x = − λ S  et ϕ x + dx = − λ S 
 ∂x  x  ∂x  x + dx

ϕ g = q S dx
∂T
ϕ st = ρ c S dx
∂t
En reportant dans le bilan d’énergie et en divisant par dx, nous obtenons :

 ∂T   ∂T 
λ S  − λ S 
 ∂x  x + dx  ∂x  x • ∂T
+ qS = ρ c S
dx ∂t
∂  ∂T  •
∂T
Soit : λS +qS = ρcS
∂x  ∂x  ∂t

Et dans le cas tridimensionnel, nous obtenons l’équation de la chaleur dans le cas le plus général :

∂  ∂T  ∂  ∂T  ∂  ∂T  • ∂T (2.1)
λx +  λ y  + λz +q = ρc
∂x  ∂x  ∂y  ∂y  ∂z  ∂z  ∂t

Cette équation peut se simplifier dans un certain nombre de cas :


a) Si le milieu est isotrope : λx = λy = λz = λ

b) S’il n’y a pas de génération d’énergie à l’intérieur du système : q = 0
c) Si le milieu est homogène, λ n’est fonction que de T.

Les hypothèses a) + b) +c) permettent d’écrire :


 ∂ 2 T ∂ 2 T ∂ 2 T  dλ  ∂T  2  ∂T   ∂T  
2 2
  ∂T
λ + + +   +   +    = ρ c
 ∂x 2 ∂y 2 2 
∂z  dT  ∂x 
  ∂y   ∂z   ∂t
d) Si de plus λ est constant (écart modéré de température), nous obtenons l’équation de Poisson :

a ∇ 2 T = ∂T
∂t (2.2)

Le rapport a = λ est appelé la diffusivité thermique (m2.s-1) qui caractérise la vitesse de propagation
ρc
d’un flux de chaleur à travers un matériau. On en trouvera des valeurs en annexe A.1.1.

e) En régime permanent, nous obtenons l’équation de Laplace :

∇2T = 0 (2.3)

Par ailleurs, les hypothèses a), c) et d) permettent d’écrire :


- Equation de la chaleur en coordonnées cylindriques :

∂ 2 T + 1 ∂T + 1 ∂ 2 T + ∂ 2 T + q = 1 ∂T (2.4)
∂r 2 r ∂r r 2 ∂θ 2 ∂z 2 λ a ∂t

Dans le cas d’un problème à symétrie cylindrique où la température ne dépend que de r et de t, l’équation

1 ∂  ∂T  q 1 ∂T
(2.4) peut s’écrire sous forme simplifiée :  r  + =
r ∂r  ∂r  λ a ∂t

- Equation de la chaleur en coordonnées sphériques :

1 ∂ (r T ) +

2
1 ∂  sin θ ∂T  + 1 ∂ 2 T + q = 1 ∂T
  (2.5)
r ∂r 2 r sinθ ∂θ 
2 ∂θ  r sin θ ∂ϕ 2
2 2 λ a ∂t

2.2 Transfert unidirectionnel

2.2.1 Mur simple


On se placera dans le cas où le transfert de chaleur est unidirectionnel et où il n’y a pas de génération ni de
stockage d’énergie.
On considère un mur d’épaisseur e, de conductivité thermique λ et de grandes dimensions transversales dont
les faces extrêmes sont à des températures T1 et T2 :

T1 λ

ϕx ϕx+dx

Section
transversale S
T2

0 x e
x + sur un mur simple
Figure 2.2 : Bilan thermique élémentaire

En effectuant un bilan thermique sur le système (S) constitué par la tranche de mur comprise entre les
abscisses x et x + dx, il vient :
 dT   dT 
ϕ x = ϕ x + dx ⇒ −λ S   = −λ S  
 dx  x  dx  x + dx
dT
D’où = A et T(x) = A x + B
dx
Avec les conditions aux limites : T (x = 0) = T1 et T (x = e) = T2

D’où : T = T1 −
x
(T1 − T2 ) (2.6)
e

Le profil de température est donc linéaire. La densité de flux de chaleur traversant le mur s’en déduit par la
dT
relation : φ = −λ , d’où :
λ (T1 − T2 )
dx
φ= (2.7)
e

(T1 − T2 )
La relation (2.7) peut également se mettre sous la forme : ϕ = , cette relation est analogue à la
e
λS
loi d’Ohm en électricité qui définit l’intensité du courant comme le rapport de la différence de potentiel
électrique sur la résistance électrique. La température apparaît ainsi comme un potentiel thermique et le terme
e
apparaît comme la résistance thermique d’un mur plan d’épaisseur e, de conductivité thermique λ et de
λS
surface latérale S. On se ramène donc au schéma équivalent représenté sur la figure 2.3.

ϕ
T1 T2
e
R=
λS
Figure 2.3 : Schéma électrique équivalent d’un mur simple

2.2.2 Mur multicouches


C’est le cas des murs réels (schématisé sur la figure 2.4) constitués de plusieurs couches de matériaux
différents et où on ne connaît que les températures Tf1 et Tf2 des fluides en contact avec les deux faces du mur de
surface latérale S.
En régime permanent, le flux de chaleur se conserve lors de la traversée du mur et s’écrit :

λ A S (T1 − T2 ) λ B S (T2 − T3 ) λ C S (T3 − T' )


ϕ = h1 S (Tf1 − T1 ) = = = = h 2 S (T4 − Tf2 )
eA eB eC

Tf1 − Tf2
D’où : ϕ = (2.8)
1 eA eB eC 1
+ + + +
h1 S λA S λB S λC S h2 S
Tf1
λA λB λC
λA
Fluide 1
T1

T3 ϕ
T2
convection
convection
coefficient h2
coefficient h1

T3
T4

Tf2
eA eB eC
Fluide 2

Figure 2.4 : Schématisation des flux et des températures dans un mur multicouches

On a considéré que les contacts entre les couches de différentes natures étaient parfaits et qu’il n’existait pas
de discontinuité de température aux interfaces. En réalité, compte-tenu de la rugosité des surfaces, une micro-
couche d’air existe entre les creux des surfaces en regard qui contribue à la création d’une résistance thermique
(l’air est un isolant) appelée résistance thermique de contact. La formule précédente s’écrit alors :

Tf1 − Tf2
ϕ =
1 + eA + R + eB + R + eC + 1
AB BC (2.9)
h1 S λ A S λB S λC S h 2 S

Le schéma électrique équivalent est représenté sur la figure 2.5.


ϕ
Tf1 Tf2
1 eA RAB e B eC 1
RBC
h1 S λA S λ B S λC S h2 S

Figure 2.5 : Schéma électrique équivalent d’ un mur multicouches

Remarques :
- Une résistance thermique ne peut être définie en l’absence de sources que sur un tube de flux.
- Cette résistance thermique de contact est négligée si le mur comporte une paroi isolante ou si les parois
sont jointes par soudure.

2.2.3 Mur composite

C’est le cas le plus couramment rencontré dans la réalité où les parois ne sont pas homogènes. Considérons à
titre d’exemple un mur de largeur L constitué d’agglomérés creux (figure 2.6).

En supposant le transfert unidirectionnel et en tenant compte des axes de symétrie, on peut se ramener au
calcul du flux à travers l’élément isolé sur la droite de la figure et calculer la résistance thermique R équivalente
d’une portion de mur de largeur L et de hauteur ℓ= ℓ1 + ℓ2 + ℓ3 en utilisant les lois d’association des résistances
en série et en parallèle par la relation :
1
R = R1 + R 2 + + R6 + R7
1 1 1
+ +
R3 R 4 R5
e1 e2 e3
Mur en
aggloméré creux
ℓ1
Milieu 1 ℓ2

Convection Convection
h1 h2
Milieu 2
ℓ3

Figure 2.6 : Schématisation d’un mur composite

Avec :
1 e1 e2 e2 e2 e3 1
R1 = ; R2 = ; R3 = ; R4 = ; R5 = ; R6 = ; R7 =
h1 l L λ1 l L λ 2 l1 L λ1 l 2 L λ2 l3 L λ1 l L h2 lL

ce qui peut être schématisé par le schéma électrique équivalent représenté sur la figure 2.7.
R3

R1 R2 R4 R6 R7

R5

Figure 2.7 : Schéma électrique équivalent du mur composite

2.2.4 Cylindre creux long (tube)


On considère un cylindre creux de conductivité thermique λ, de rayon intérieur r1, de rayon extérieur r2, de
longueur L, les températures des faces internes et externes étant respectivement T1 et T2 (cf. figure 2.8). On
suppose que le gradient longitudinal de température est négligeable devant le gradient radial.

ϕr + dr

ϕr
r

r+dr

Figure 2.8 : Schéma des transferts dans un cylindre creux

Effectuons le bilan thermique du système constitué par la partie de cylindre comprise entre les rayons r et
r + dr :
ϕ r = ϕr + dr
 dT   dT 
Avec ϕr = − λ 2 π r L   et ϕ r + dr = − λ 2 π (r + dr ) L  
 dr  r  dr  r + dr
 dT   dT  dT
Soit −λ 2π r L   = − λ 2 π (r + dr ) L   d’où r =C
 dr  r  dr  r + dr dr
Avec les conditions aux limites : T(r1) = T1 et T(r2) = T2

 r 
ln  
 
D’où : T (r ) − T1  r1 
(2.10)
=
T2 − T1 r 
ln  2 
 r1 

dT
Et par application de la relation ϕ = − λ L 2π r , on obtient :
dr

2π λ L (T1 − T2 )
ϕ= (2.11)
r 
ln 2 
 r1 

r 
ln 2 
T1 − T2 r 
 1 
Cette relation peut aussi être mise sous la forme : ϕ = avec R = et être représentée
12
R 12 2π λ L
par le schéma électrique équivalent de la figure 2.9.
ϕ

T1 T2

r 
ln 2 
r 
R =  1
12
2π λ L
Figure 2.9 : Schéma électrique équivalent d’un cylindre creux

2.2.5 Cylindre creux multicouches

Fluide 2 Tf2

h2
T3

λB
T2
λA
T1 ϕ
h1 r1 r2 r3
Fluide 1 Tf1

Figure 2.10 : Schéma des transferts dans un cylindre creux multicouches


C’est le cas pratique d’un tube recouvert d’une ou plusieurs couches de matériaux différents et où l’on ne
connaît que les températures Tf1 et Tf2 des fluides en contact avec les faces interne et externe du cylindre ; h1 et
h2 sont les coefficients de transfert de chaleur par convection entre les fluides et les faces internes et externes (cf.
figure 2.10)
En régime permanent, le flux de chaleur ϕ se conserve lors de la traversée des différentes couches et s’écrit :

2π λ A L (T1 − T2 ) 2π λ B L (T2 − T3 )
ϕ = h1 2π r1 L (Tf1 − T1 ) = = = h 2 2π r3 L (T3 − Tf2 )
 r2   r3 
ln   ln 
 r1   r2 

Tf1 − Tf2
ϕ=
D’où : r  r 
ln 2  ln 3 
  r  (2.12)
+  1 +  2 +
1 r 1
h1 2π r1 L 2π λ A L 2π λ B L h 2 2π r3 L

ce qui peut être représenté par le schéma électrique équivalent de la figure 2.11.
ϕ

Tf1 Tf2

1 r  r  1
ln 2  ln  3 
h1 2π r1 L r  r  h 2 2π r2 L
 1   2 
2π λ A L 2π λ B L

Figure 2.11 : Schéma électrique équivalent d’un cylindre creux multicouches

2.2.6 Prise en compte des transferts radiatifs

Dans les exemples traités précédemment, le transfert de chaleur entre une surface à température T et le milieu
environnant a été considéré comme purement convectif. Dans le cas où le fluide en contact avec la surface est un
gaz et où la convection est naturelle, le transfert de chaleur par rayonnement avec les parois (à la température
moyenne Tr ) entourant la surface peut devenir du même ordre de grandeur que le transfert de chaleur par
convection avec le gaz (à la température Tf ) au contact de la surface et ne peut plus être négligé. Il
s’écrit d’après la relation (1.9) :
(
ϕ r = σ ε S T 4 − Tr 4 )
que l’on peut mettre sous la forme : ϕ r = h r S (T − Tr )
(
hr étant appelé le coefficient de transfert radiatif : h r = σ ε T 2 + Tr 2 (T + Tr ))
Les deux transferts, convectif et radiatif, s’effectuent en parallèle et le schéma électrique correspondant est
représenté sur la figure 2.12.
1
hc S ϕc
Tf
ϕ
T ϕ = ϕr + ϕc
ϕr
Tr
1
hr S
Figure 2.12 : Schéma électrique équivalent avec transferts convectif et radiatif simultanés
Le coefficient de transfert radiatif hr varie peu pour des variations limitées des températures T et Tr et peut
pour un premier calcul simplifié être considéré comme constant. Par exemple avec ε = 0,9, T = 60°C et
Tr = 20°C, la valeur exacte est hr = 6,28 W.K-1.m-2. La valeur approchée calculée pour la température moyenne
Tmoyen = 40°C est hr =5,96 W.K-1.m-2. Si T1 devient égal à 50°C, la valeur de hr devient égale à 5,98 W.K-1.m-2,
soit une variation de seulement 5 %.

2.3 Transfert multidirectionnel

Dans le cas où la diffusion de la chaleur ne s’effectue pas selon une direction unique, deux méthodes de
résolution peuvent être appliquées :

2.3.1 Méthode du coefficient de forme

Dans les systèmes bidimensionnels ou tridimensionnels où n’interviennent que deux températures limites T1
et T2, on montre que le flux de chaleur peut se mettre sous la forme :

ϕ = λ F (T1 − T2 ) (2.13)

Avec : λ Conductivité thermique du milieu séparant les surfaces S1 et S2 (W m-1 °C-1)


T1 Température de la surface S1 (°C)
T2 Température de la surface S2 (°C)
F Coefficient de forme (m)

Le coefficient de forme F ne dépend que de la forme, des dimensions et de la position relative des deux
surfaces S1 et S2. Les valeurs de F pour les configurations les plus courantes sont présentées en annexe A.2.1.

Cas particulier : Enceinte tridimensionnelle ( four, chambre froide, pièce climatisée,...)

Méthode : on découpe l’enceinte en différents éléments et on calcule le flux traversant chacun d’eux selon la
représentation de la figure 2.13.

L
Bord D L

Coin

D
Paroi

Figure 2.13 : Méthode de découpe d’une enceinte tridimensionnelle

Si les dimensions longitudinales sont grandes devant l’épaisseur e des parois (supposée constante), les
coefficients de forme des différents éléments ont pour valeur :
Fparoi i = Si/Li
Fbord i = 0,54 Di
Fcoin i = 0,15 Li

Avec : Si : Aire de la paroi i


Di : Longueur de la paroi ou du bord i
Li : Epaisseur des parois
Le flux de chaleur traversant l’enceinte s’écrit alors :
6 12 8
ϕ= ∑i =1
λi Fparoi ∆Ti +
i ∑i =1
λi Fbord ∆Ti +
i ∑λ
i =1
i Fcoin ∆Ti
i

Avec : λι : Conductivité thermique (équivalente si paroi multicouche) ) de la paroi i (W m-1 °C-1)


∆Τι : Différence de température entre les faces intérieure et extérieure de la paroi i (°C)

2.3.2 Méthodes numériques


Expression de l’équation de Laplace en différences finies
Dans le cas où la méthode du coefficient de forme ne peut pas s’appliquer (surfaces non isothermes par
exemple), il faut résoudre l’équation de Laplace numériquement. On utilise par exemple une méthode aux
différences finies en discrétisant le domaine considéré (espace ou plan). On traitera dans ce qui suit le cas
bidimensionnel, le cas tridimensionnel s’en déduit en rajoutant simplement une dimension d’espace.

On considère un milieu plan sur lequel on a appliqué un maillage de pas ∆x et ∆y tel que représenté sur la
figure 2.14.

i,j+1

∆y
i-1,j i,j i+1,j

∆y
i,j-1
∆x ∆x

Figure 2.14 : Représentation du maillage de la surface

Les dérivées partielles de la température T peuvent s’exprimer selon les formules suivantes :

∂T  1  T(i + 1, j) − T(i, j) ∂T  1  T (i, j) − T(i − 1, j)


 i + , j ≈ ;  i − , j ≈
∂x  2  ∆x ∂x  2  ∆x
∂T  1  T(i, j + 1) − T(i, j) ∂T  1  T(i, j) − T(i, j − 1)
 i, j +  ≈ ;  i, j −  ≈
∂y  2 ∆y ∂y  2 ∆y

∂T  1  ∂T  1 
 i + , j −  i − , j
∂ T
2
∂x  2  ∂x  2  T(i + 1, j) + T(i − 1, j) − 2 T(i, j)
(i, j) ≈ =
∂x 2 ∆x (∆x )2
∂T  i, j + 1  − ∂T  i, j − 1 
∂ T (i, j ) ≈ ∂y 
2 2  ∂y  2  T(i, j + 1) + T(i, j − 1) − 2 T(i, j )
=
∂y
2
∆ y ( ∆y )2

∂ 2T ∂ 2T
L’équation de Laplace en bidimensionnel : + = 0 s’écrit alors :
∂x 2 ∂y 2

T(i + 1, j) + T(i − 1, j) − 2 T(i, j) T(i, j + 1) + T(i, j − 1) − 2 T(i, j)


+ =0
(∆x )2 (∆y)2
T(i − 1, j) + T(i + 1, j) + T(i, j − 1) + T(i, j + 1)
Et si l’on choisit ∆x = ∆y , on obtient : T(i, j) =
4
Expression des conditions aux limites en différences finies
Les conditions aux limites imposant sur un bord une température de surface s’expriment simplement en
fixant la valeur de la température T(i,j) à la valeur imposée pour tout couple (i,j) représentant un point de ce
bord.
Les conditions aux limites avec transfert convectif ou flux imposé s’expriment de la manière suivante :

Bord rectiligne
∆x
ϕ1 i,j+1
ϕ + ϕ + ϕ = h l ∆x Tp − T∞
1 2 3
( )
∆x ϕ3
i-1,j
ou :
i,j ϕ + ϕ + ϕ = φ l ∆x
1 2 3
∆x
ϕ2
i,j-1

Figure 2.15 : Représentation des flux élémentaires sur un bord rectiligne

Un bilan thermique appliqué à la surface grise (rectangle de côtés ∆x/2 et ∆x, cf. figure 2.15)) conduit au
résultat suivant compte tenu des formules établies précédemment :

T(i − 1, j) T(i, j + 1) + T(i, j − 1) φ ∆x


Densité de flux φ (en W.m-2) imposée : T(i, j) = + −
2 4 2λ
T(i, j + 1) + T(i, j − 1)
T(i − 1, j) + + Bi T∞
Coefficient de convection imposé : T (i, j) = 2
2 + Bi

h ∆x
Où Bi = est le nombre de Biot
λ

Coin extérieur
φ
i-1,j
i,j

∆x φ
i,j-1

∆x

Figure 2.16 : Représentation des flux élémentaires sur un coin extérieur

Un bilan thermique appliqué à la surface grise (cf. figure 2.16) conduit au résultat suivant compte-tenu des
formules établies précédemment :
T(i − 1, j) + T(i, j − 1) φ ∆x
Densité de flux φ (en W.m-2) imposée : T(i, j) = −
4 2λ

T(i − 1, j) + T(i, j − 1)
+ Bi T∞
Coefficient de convection imposé : T(i, j) = 2
1 + Bi
Coin intérieur

i,j+1

i-1,j
i,j i+1,j
∆x
φ
∆x i,j-1

Figure 2.17 : Représentation des flux élémentaires sur un coin intérieur

Un bilan thermique appliqué à la surface grise (cf. figure 2.17) conduit au résultat suivant compte-tenu des
formules établies précédemment :
T(i − 1, j) + T(i, j + 1) T(i + 1, j) + T(i, j − 1) φ ∆x
Densité de flux φ (en W.m-2) imposée : T(i, j) = + −
3 6 3λ
T(i + 1, j) + T(i, j − 1)
T(i − 1, j) + T(i, j + 1) + + Bi T∞
Coefficient de convection imposé : T(i, j) = 2
3 + Bi

Méthode de résolution numérique


Soit à résoudre l’équation de Laplace sur un domaine plan (D) limité par un contour (C).
On réalise un maillage du système avec un pas ∆x en général identique dans les deux directions du plan.
On affecte à chaque point du domaine (D) une valeur initiale de la température :
- Egale à la température imposée sur les points du contour où la condition limite impose une température.
- Arbitraire ailleurs mais la plus « réaliste » possible.
La résolution s’effectue par la méthode itérative de Gauss-Siedel. On effectue des itérations successives
consistant à remplacer la valeur de la température en chaque nœud du maillage par la valeur calculée par
l’équation aux différences finies qui lui est associée. Une itération consiste à effectuer un balayage complet de
tous les noeuds, ligne après ligne et de gauche à droite pour chaque ligne par exemple. Les valeurs recalculées
sont immédiatement prises en compte pour le calcul de la valeur de la température T aux points d’ordre supérieur
(points situés à droite et en-dessous dans le mode de balayage proposé).

Critère de convergence

On peut par exemple arrêter le calcul dès que la variation la plus grande de T(i,j) au cours d’une itération
reste inférieure à une valeur ε donnée.

Remarques
- On n’applique aucun calcul sur les points du contour où la température est imposée.
- La valeur de la température sera rangée dans un tableau T(i,j), on pourra utiliser un autre tableau L(i,j)
dont les valeurs indiqueront si le point de coordonnées (i∆x, j∆y) appartient au domaine (D) et le type
d’équation aux différences finies qui s’y applique.
- On peut accélérer la convergence en appliquant un coefficient de surrelaxation R (1 < R <2 , optimum
proche de 1,7) au calcul de T(i,j) de la manière suivante (si on applique l’ordre de balayage proposé):
Tn +1 (i − 1, j) + Tn (i + 1, j) + Tn +1 (i, j − 1) + Tn (i, j + 1)
T n +1 (i, j) = (1 − R ) Tn (i, j) + R
4
- On peut noter que la discrétisation décrite ici revient très exactement à simuler un milieu
bidimensionnel conducteur de l’électricité par un réseau de résistances reliant chaque nœud à ses
voisins.
2.4 Les ailettes

2.4.1 L’équation de la barre


Le problème de la barre encastrée schématise le problème pratique important du refroidissement d’un solide
par des ailettes.
Considérons une barre de section constante (épaisseur e et largeur ℓ) encastrée entre 2 surfaces à température
T0 et baignant dans un fluide à température T∞.

Fluide à T∞.
Fluide à T∞. ∂T
=0
∂x
T0 T0 T0
x
Périmètre pe
Section transversale S

Figure 2.18 : Représentation d’une barre encastrée et schéma simplifié

La symétrie du problème montre l’existence d’un extrêmum de la température au milieu de la barre ce qui
permet de simplifier la géométrie et de ne considérer qu’une demi-barre avec condition de flux nul à l’extrémité
située en contact avec le milieu à T∞ (cf figure 2.18).
La barre est supposée de section suffisamment faible pour qu’il n’y ait pas de variation de température dans
une même section droite à une distance x de l’encastrement dans la paroi à T0.

Effectuons un bilan d’énergie sur le système constitué par la portion de barre comprise entre les abscisses x et
x+dx (nous retenons l’hypothèse du régime permanent et nous négligeons le rayonnement) :

Fluide à T∞.

ϕx ϕx+dx
T0 T
x
x x+dx

ϕc

Figure 2.19 : Représentation des flux élémentaires sur une barre encastrée

Avec :
 dT 
ϕx Flux de chaleur transmis par conduction à l’abscisse x ϕx = −  λ S 
 dx  x
 dT 
ϕx+dx Flux de chaleur transmis par conduction à l’abscisse x+dx ϕx = −  λ S 
 dx  x + dx
ϕc Flux de chaleur transmis par convection à la périphérie
de la barre entre x et x+dx ϕ = h p e dx [T( x ) − T∞ ]

Le bilan d’énergie s’écrit : ϕ x = ϕx + dx + ϕc

 dT   dT 
Soit : λ S  − λS  = h p e dx [T( x ) − T∞ ]
 dx  x + dx  dx  x

Si λ et S sont indépendants de l’abscisse x, nous obtenons :


 dT   dT 
  −  
 dx  x + dx  dx  x
λS = h p e [T( x ) − T∞ ]
dx

Donc T(x) est solution de l’équation différentielle suivante appelée équation de la barre :

d 2T h pe
− (T − T∞ ) = 0 (2.14)
dx 2
λS

2.4.2 Flux extrait par une ailette

Une ailette est un milieu bon conducteur de la chaleur dont une dimension est grande devant les autres,
exemple : barre d’épaisseur e et de longueur L, avec e<< L. Elles sont utilisées à chaque fois que des densités de
flux élevées sont à transmettre dans un encombrement réduit : refroidissement de composants électroniques,
refroidissement d’un moteur par air,…

On a établi l’équation différentielle vérifiée par la température T(x) d’une ailette encastrée dans un mur à la
température T0 et baignant dans un fluide à la température T∞ :
d 2T h pe
− (T − T∞ ) = 0
dx 2 λS

En posant : ω 2 =
h pe
et θ = T − T∞ elle peut encore s’écrire : d 2 θ − ω2 θ = 0
λS dx 2
Si la section S est constante, c’est une équation différentielle du 2nd ordre à coefficients constants dont la
solution générale est de la forme :

θ = A exp (ω x ) + B exp (−ω x ) ou θ = A1 ch (ω x ) + B1 sh (ω x )

2.4.2.1 Ailette rectangulaire longue de section constante

Dans le cas de l’ailette longue, on émet l’hypothèse que : T(x=L) = T∞, où L est la longueur de l’ailette.

Les conditions aux limites s’écrivent alors : en x = 0 : θ(0) = T0 - T∞ (a)


en x = L : θ(L) = 0 (b)
(b) ⇒ A = 0
(a) ⇒ B = T0 - T∞

T ( x ) − T∞
D’où : = exp(− ω x ) (2.15)
T0 − T∞

Le flux dissipé sur toute la surface de l’ailette peut être calculé par intégration du flux de convection local :
L
ϕ p = ∫ h p e [T( x ) − T∞ ] dx
0
Ou plus facilement en remarquant que dans le cas du régime permanent, c’est le même que celui transmis
par conduction à la base de l’ailette soit : ϕp = ϕc (x = 0 )
h pe
ϕ c = − λ S  dT  = − λ S (T0 − T∞ ) (− ω) exp (− ω x ) avec ω=
 dx  x =0 λS
D’où : ϕp = h p e λ S (T0 − T∞ ) (2.16)

2.4.2.2 Ailette rectangulaire de section constante isolée à l’extrémité

La solution générale obtenue est identique au cas précédent, ce sont les conditions aux limites qui différent :

T(x=0) = T0
 dT 
− λ S   = 0 (conservation du flux de chaleur en x=L)
 dx  x = L

T( x ) − T∞ cosh[ω (L − x )]
= cosh (ω x ) − tanh (ω L ) sinh (ω x ) =
La solution s’écrit : T0 − T∞ cosh(ω L ) (2.17)

Et le flux total dissipé par l’ailette a pour expression :

ϕ p = ω λ S tanh (ω L )(T0 − T∞ ) (2.18)

2h
Remarque : si l’épaisseur e de l’ailette est faible devant sa largeur ℓ, ω ≈
λe

2.4.2.3 Ailette rectangulaire de section constante avec transfert de chaleur à l’extrémité

La solution générale obtenue est identique au cas 2.3.2.1, ce sont les conditions aux limites qui différent :

T(x=0) = T0
 dT 
− λ S  = h S [T(x = L ) − T∞ ] (conservation du flux de chaleur en x=L)
 dx  x = L

h
cosh [ω (L − x )] + sinh [ω (L − x )]
T( x ) − T∞ ωλ
La solution s’écrit : = (2.19)
T0 − T∞ h
cosh (ω L ) + sinh (ω L )
ωλ

Et le flux total dissipé par l’ailette a pour expression :

tanh (ω L ) +
h
ωλ
ϕ p = ω λ S (T0 − T∞ )
tanh (ω L )
h
1+ (2.20)
ωλ

Remarque :

Dans le cas où l’épaisseur e de l’ailette est faible devant sa largeur ℓ (ce qui est en général vérifié) :
h he
= . Les ailettes étant en général réalisées en matériau bon conducteur (λ élevé) et ayant une épaisseur
ωλ λ
he
e faible, l’hypothèse <<1 est le plus souvent vérifiée, les équations (2.19) et (2.20) se ramènent alors aux
λ
expressions plus simples des équations (2.17) et (2.18) qui sont celles utilisées dans la pratique (cf. annexe
A.2.2).

2.4.2.4 Ailette circulaire de section rectangulaire

Ces d’ailettes destinées à améliorer le transfert de chaleur entre la paroi externe d’un tube et le milieu
ambiant (exemple : tubes de radiateur d’automobile) peuvent être schématisées de la manière suivante :

Figure 2.20 : Schéma d’une ailette circulaire

Effectuons un bilan thermique sur l’élément d’ailette compris entre les rayons r et r+dr :

Le bilan d’énergie s’écrit (cf. figure 2.21): ϕ r = ϕ r + dr + ϕ c

Avec :
 dT 
ϕr Flux de chaleur transmis par conduction au rayon r ϕ r = − λ 2 π r e  
 dr  r
 dT 
ϕr+dr Flux de chaleur transmis par conduction au rayon r + dr ϕ r +dr = − λ 2 π (r + dr ) e  
 dr  r + dr
ϕc Flux de chaleur transmis par convection sur la surface
de l’ailette entre r et r + dr ϕ c = 2 { h 2 π r dr [T (r ) − T∞ ]}

Si λ est indépendant du rayon r, nous obtenons :

(r + dr )  dT   dT 
− r  
1  dx  r +dr  dx  r 2 h
= [T(x ) − T∞ ]
r dr λe

re

r0
ϕc

T0 ϕr ϕr+dr T∞

r + dr

Figure 2.21 : Représentation des flux élémentaires sur une ailette circulaire
2
Soit encore : d θ2 + 1 dθ −
2h
θ où θ = T − T∞
dr r dr λe
C’est une équation de Bessel (cf. annexe A.2.3) dont la solution s’écrit sous la forme :
2h
θ = C1 I0(ωr ) + C2 K 0( ωr ) où ω=
λe
C1 et C2 étant déterminés par les conditions aux limites :

En r = r0 : θ = T0 − T∞

En r = re : h θ (re ) = −λ (re ) (cas le plus général : transfert de chaleur à l’extrémité)
dr

On en déduit les valeurs de C1 et de C2 :

K1 (ω re ) − h K 0 (ω re )
λω
C1 =
I1 (ω re ) K 0 (ω r0 ) + I0 (ω r0 ) K1 (ω re ) + h [I0 (ω re ) K0 (ω r0 ) + I0 (ω r0 ) K 0(ω re )]
λω
1 − C1 I0(ω r0 )
C2 =
K 0 (ω r0 )
he
Dans le cas où l’on peut faire l’hypothèse du flux nul à l’extrémité : <<1, on aboutit à l’expression
λ
simplifiée suivante :

T(r ) − T∞ K1 (ω re ) I0 (ωr ) + I1 (ω re ) K 0 (ω r )
=
T0 − T∞ I1 (ω re ) K 0 (ω r0 ) + I0 (ω r0 ) K1 (ω re ) (2.21)

Et le flux total dissipé par l’ailette a alors pour expression :

I1 (ω re ) K1 (ω r0 ) − K1 (ω re ) I1 (ω r0 )
ϕp = λ 2π r0 e ω (T0 − T∞ )
I1 (ω re ) K 0 (ω r0 ) + I0 (ω r0 ) K1 (ω re ) (2.22)

2.4.3 Efficacité d’une ailette

Elle définit les performances d’une ailette en comparant le flux dissipé à celui qui serait dissipé dans une
ailette de mêmes dimensions mais dont la température serait uniforme et égale à celle de la base (conductivité
thermique λ → ∞, pas de résistance thermique de conduction donc pas de chute de température dans l’ailette).

Le flux échangé par cette ailette idéale serait :


ϕ max = h p e L (T0 − T∞ ) pour une ailette rectangulaire de périmètre pe et de longueur L
( )
ϕmax = 2 h π re 2 − r02 (T0 − T∞ ) pour une ailette circulaire de rayon de base r0 et de rayon externe re.
ϕp
L’efficacité de l’ailette s’écrit donc : η =
ϕ max

Nous en déduisons les relations suivantes :

Ailette rectangulaire longue (L→∞) : 1 (2.23)


η=
ωL
Ailette rectangulaire isolée à l’extrémité : tanh (ω L ) (2.24)
η=
ωL

Ailette rectangulaire avec transfert de chaleur à l’extrémité :

tanh (ω L ) +
h
ωλ (2.25)
η=
tanh (ω L )
hL
ωL +
λ
h pe
Avec : ω =
λS

Ailette circulaire de section rectangulaire :

2λ e 1 I1 (ω re ) K1 (ω r0 ) − K1 (ω re ) I1 (ω r0 )
η= (2.26)
h r0 r0 re 2
I1 (ω re ) K 0 (ω r0 ) + I0 (ω r0 ) K1 (ω re )
−1
r0 2

2h
Avec : ω=
λe

Dans le cas de géométries plus complexes (ailettes à section variable, ailettes aiguilles…), il existe des
formules ou des abaques (cf. annexe A.2.2) permettant de déterminer l’efficacité des ailettes et ensuite le flux de
chaleur ϕp extrait par l’ailette grâce à la relation : ϕ p = η ϕ max .
Remarque : Résistance thermique d’une ailette

ϕp T0 − T∞
Des relations η = et ϕmax = h Se (T0 − T∞ ) on déduit : ϕ p =
ϕ max 1
η h Se
Où Se est la surface d’échange entre l’ailette et le fluide.

La résistance thermique globale entre la base de l’ailette à la température T0 et le fluide à la température T∞


s’écrit donc :

1
R  = (2.27)
η h S

2.4.4 Choix des ailettes

Les ailettes sont utilisées lorsqu’il faut extraire une densité de flux importante dans un encombrement réduit,
exemples : radiateur d’automobile, carter de moteur refroidi par air, évaporateur de climatiseur,…

D’une façon générale, l’usage des ailettes est :


- peu utile pour les liquides car h est grand,
- utile dans le cas des gaz car h est faible.

Des ailettes étroites et rapprochées sont meilleures que des ailettes plus grandes et espacées mais on est limité
par les pertes de charges (elles augmentent si l’on diminue trop l’écartement des ailettes). L’ailette est d’autant
plus performante que sa conductivité thermique λ est élevée. Le choix des ailettes est alors un compromis entre
le coût, l’encombrement, les pertes de charge et le transfert de chaleur.
3 TRANSFERT DE CHALEUR PAR CONDUCTION EN REGIME
VARIABLE
3.1 Conduction unidirectionnelle en régime variable sans changement d’état

3.1.1 Milieu à température uniforme

On va étudier le transfert de chaleur vers un milieu à température uniforme, ce qui est a priori contradictoire
car il est nécessaire qu’il y ait un gradient thermique pour qu’il se produise un transfert de chaleur. Cette
approximation du milieu à température uniforme peut néanmoins être justifiée dans certains cas que l’on va
préciser. Soit par exemple la trempe d’une bille métallique qui consiste à immerger une bille initialement à la
température Ti dans un bain à température T0 maintenue constante. Si l’on suppose que la température à
l’intérieur de la bille est uniforme, ce qui sera d’autant plus vrai que sa dimension est petite et sa conductivité
thermique élevée, on peut écrire le bilan thermique de cette bille entre deux instants t et t + dt :

− h S (T − T0 ) = ρ c V
dT dT hS
soit : =−
dt T − T0 ρcV

T − T0  hS 
D’où : = exp  − t  (3.1)
Ti − T0  ρcV 

ρcV
On remarque que le groupement est homogène à un temps, on l’appellera τ la constante de temps du
hS
système :
ρcV (3.2)
τ=
hS

Cette grandeur est fondamentale dans la mesure où elle donne l’ordre de grandeur de temps du phénomène
T − T0  t 
physique, on a en effet : = exp  −  avec :
Ti − T0  τ 

T − T0
Ti − T0
1

0,37

0 t
Figure 3.1 : Evolutionτde la température d’un milieu à température uniforme

Il est toujours intéressant en physique de présenter les résultats sous forme adimensionnelle, deux nombres
adimensionnels sont particulièrement important en régime variable :
l
Résisance thermique interne λS
- Le nombre de Biot : Bi = nombre de Biot = = , l est la dimension
Résisance thermique externe 1
hS
caractéristique du milieu, l = r pour une sphère.

Soit : hl (3.3)
Bi =
λ
L’hypothèse d’uniformité de la température est justifiée lorsque Bi < 0,1 .

at
- Le nombre de Fourier : Fo = (3.4)
l2

Le nombre de Fourier caractérise la pénétration de la chaleur en régime variable. La définition de ces deux
nombres permet d’écrire l’expression de la température de la bille sous la forme :

T − T0
= exp (− Bi Fo ) (3.5)
Ti − T0

La connaissance du produit des nombres de Biot et de Fourier permet de déterminer l’évolution de la


température de la sphère. On considère généralement qu’un système tel que Bi < 0,1 peut être considéré comme
étant à température uniforme, le critère Bi < 0,1 est appelé le critère d’« accommodation thermique ».

3.1.2 Milieu semi-infini

Un milieu semi-infini est une paroi d’épaisseur suffisamment grande pour que la perturbation appliquée sur
une face ne soit pas ressentie par l’autre face. Un tel système représente l’évolution d’un mur d’épaisseur finie
pendant un temps suffisamment court pour la perturbation créée sur une face n’ait pas atteint l’autre face (vrai
tout le temps que la température de l’autre face n’a pas varié).

3.1.2.1 Température constante imposée en surface

Méthode : Transformée intégrale de Laplace sur le temps et inversion par les tables.

Le milieu semi-infini est initialement à la température uniforme Ti. On impose brutalement la température T0
sur sa surface, cette condition limite est appelée condition de Dirichlet :

T(x,t=0) = Ti

T(x=0,t) = T0

0 x
Figure 3.2 : Schéma du milieu semi-infini avec température de surface imposée

∂2T
L’équation de la chaleur s’écrit : = 1 ∂T (a)
∂x 2 a ∂t

Avec les conditions aux limites : T(x, 0) = Ti (b)


T(x=0, t) = T0 (c)
Lim T(x, t) = Ti (d)
x →∞

On effectue le changement de variable suivant : T = T − Ti

∂T ∂T ∂2T ∂ 2T ∂T ∂T
D’où : = , = et =
∂x ∂x ∂x 2
∂x 2 ∂t ∂t

∂2T
L’équation (a) peut alors s’écrire : = 1 ∂T
∂x 2 a ∂t
T ( x,0) = 0 (b)
Et les conditions aux limites deviennent : T (x = 0, t ) = T0 − Ti (c)
Lim T ( x , t ) = 0
(d)
x →∞
La transformée de Laplace de T ( x, t ) par rapport au temps s’écrit (cf. annexe A.3.1 sur les transformations

intégrales) : θ( x , p) = L{T ( t )} = ∫ exp(− p t ) T ( x , t ) dt
0

La transformée de Laplace de l’équation (a) conduit à :


d 2θ
[ ]
− 1 p θ − T (x,0) = 0 avec T ( x ,0) = 0
dx 2 a
d 2θ p
Cette équation est donc de la forme : − q2 θ = 0 avec q2 =
dx 2 a
D’où : θ( x, p) = A e −qx + B e + qx , la température garde une valeur finie quand x tend vers l’infini donc
B = 0, nous en déduisons que θ( x , p) = A e −qx
T0 − Ti T0 − Ti
La transformée de Laplace de l’équation (c) conduit à : θ(0, p) = d’où A= et
p p
e − qx
θ = (T0 − Ti )
p
L’utilisation des tables de la transformée de Laplace inverse présentées en annexe A.3.2 conduit au résultat
suivant :

T(x, t ) − T0  x 
= erf   (3.6)
Ti − T0 2 at 
 

( )
2 u
Avec : erf ( u ) = ∫ exp − t .dt , la fonction erf est appelée la fonction erreur (cf. valeurs en annexe A.3.4)
2
π 0

3.1.2.2 Flux imposé

Méthode : Transformée intégrale de Laplace sur le temps et inversion par les tables.
Considérons la même configuration mais en imposant brutalement une densité de flux de chaleur à la surface
du milieu semi-infini, cette condition limite est appelée condition de Neumann.

φ0
∂T ( x = 0, t ) Milieu semi-infini
−λ
∂x
Milieu ambiant à T∞

Ti = T(x, t=0)

0 x

Figure 3.3 : Schéma du milieu semi-infini avec flux surfacique imposé

L’équation de la chaleur s’écrit : ∂ T = 1 ∂T


2
(a)
∂x 2 a ∂t

T(x, 0) = Ti (b)
Avec les conditions aux limites : T(∞, t) = Ti (c)
∂T (0, t )
−λ = φ0 (d)
∂x
Cette dernière condition traduit la conservation du flux de chaleur au niveau de la surface du milieu semi-
infini.
On effectue le changement de variable suivant : T = T − Ti

∂T ∂T ∂ 2T ∂ 2T ∂T ∂T
D’où : = , = et =
∂x ∂x ∂x ∂x ∂t ∂t
∂2T 1 ∂T
L’équation (a) peut alors s’écrire : =
∂x 2 α ∂t
T ( x,0) = 0 (b)
Et les conditions aux limites deviennent T (∞, t ) = 0 (c)
∂T (0, t )
−λ = φ0 (d)
∂x

La transformée de Laplace de l’équation (a) conduit à :


d 2θ
[ ]
− 1 p θ − T ( x ,0 ) = 0 avec T ( x ,0) = 0
dx 2 a
D’où : θ(x , p ) = A e −qx + B e + qx , la température garde une valeur finie quand x tend vers l’infini donc
B = 0, et nous en déduisons que θ(x, p ) = A e −qx
φ0 dθ
La transformée de Laplace de l’équation (d) s’écrit : = −λ (x = 0)
p dx
φ0 − qx
φ0 e
D’où : A = et θ(x, p ) =
λpq λ pq
L’utilisation des tables de la transformée de Laplace inverse présentées en annexe A.3.2 conduit au résultat
suivant :

2 φ0  x 
T (x, t) = T(x, t) − Ti = a t ierfc   (3.7)
λ 2 at 
 

Avec : ierfc (u ) =
1
π
( )
exp − u 2 − u [ 1 − erf (u )] , cette fonction est tabulée en annexe A. 3.4.

3.1.2.3 Coefficient de transfert imposé

Méthode : Transformée intégrale de Laplace sur le temps et inversion par les tables.

On considère le cas où le coefficient de transfert de chaleur par convection h entre le milieu semi-infini et le
milieu ambiant est imposé, cette condition limite est appelée condition de Newton :

L’équation de la chaleur s’écrit : ∂ 2 T = 1 ∂T (a)


∂x 2 a ∂t

Ti = T(x, t=0)
Milieu ambiant à T∞
∂T(x = 0, t )
−λ
h [T∞ − T (x = 0, t )]
∂x
Milieu semi-infini

0 x
Figure 3.4 : Schéma du milieu semi-infini avec coefficient de transfert convectif imposé
T(x, 0) = Ti (b)
Avec les conditions aux limites : T(∞, t) = Ti (c)
∂T(0, t )
−λ = h [T∞ − T( x = 0, t )] (d)
∂x

On effectue le changement de variable suivant : T = T − Ti


∂T ∂T ∂2T ∂ 2T ∂T ∂T
D’où : = , = et =
∂x ∂x ∂x ∂x ∂t ∂t

L’équation (a) peut alors s’écrire : ∂ T = 1 ∂T


2

∂x 2 a ∂t

T ( x,0) = 0 (b)
Les conditions aux limites deviennent : T (∞, t ) = 0 (c)
∂T (0, t )
λ = h [T ( x = 0, t ) − (T∞ − Ti )] (d)
∂x

La transformée de Laplace de l’équation (a) conduit à :


d 2θ
2 a
[ ]
− 1 p θ − T ( x ,0 ) = 0 avec T ( x , 0) = 0
dx
D’où : θ(x , p ) = A e −qx + B e + qx
La température garde une valeur finie quand x tend vers l’infini donc B = 0 et θ(x, p ) = A e −qx
dθ h (Ti − T∞ )
La transformée de Laplace de l’équation (d) s’écrit : λ (0, p) = h θ(0, p ) +
dx p
h
h (Ti − T∞ )
(T∞ − Ti )
Soit : − λ A q = h A + d’où : A = λ
p h 
p  + q
λ 
e −q x h
et θ(x, p ) = l (T∞ − Ti ) où l =
p (q + l ) λ
L’utilisation des tables de la transformée de Laplace inverse présentées en annexe A.3.2 conduit au résultat
suivant :

T − T∞  x   2   
= erf   + exp h x + a h t  erfc x + h a t 
 λ (3.8)
Ti − T∞ 2 at 
   λ 2  2 at

λ 

Pour un calcul approché, on trouvera en annexe A.3.5 une abaque représentant graphiquement cette formule.

3.1.2.4 Température sinusoïdale imposée en surface, régime périodique établi

Méthode : Recherche d’une solution de même fréquence que l’excitation

Ti = T(x, t=0)

T(x=0, t) = Ti + T0 cos (ωt) Milieu semi-infini

0 x
Figure 3.5 : Schéma du milieu semi-infini avec température sinusoïdale imposée en surface
∂ 2T 1 ∂T
L’équation de la chaleur s’écrit : = (a)
∂x 2 a ∂t

Avec les conditions aux limites : T(0, t) = Ti + T0 cos(ωt) (b)


T(∞,t) = Ti (c)

On recherche une solution en régime établi pour laquelle le champ de température du milieu évolue comme :
T( x, t ) − Ti = exp(iωt ) f ( x )
Le problème étant linéaire, on considère soit la partie réelle soit la partie imaginaire de la solution selon que
la température varie comme cos (ωt) ou sin (ωt). La fonction complexe f est solution de :
d 2f ω
−i f = 0 avec f (0) = T0
2 a
dx
 iω   iω  iω ω
f (x ) = A exp  −

x  + B exp 
 
x
 avec = (1 + i )
 a   a  a 2a
La fonction f doit rester finie quand x →∞ donc B = 0 et f (0) = T0 entraîne A = T0.
 ω   ω    ω 
D’où : T( x , t ) − Ti = T0 exp − (1 + i ) x + i ω t  = T0 exp  − x  exp i  ω t − x 
 2a   2a    2 a 
Soit en prenant la partie réelle de la solution :

ω
− x  ω 
T( x , t ) = Ti + T0 e 2a cos  ωt − x (3.9)
 2a 

Remarques :

- L’amplitude des oscillations décroît rapidement lorsqu’on s’éloigne de l’interface.


- L’amplitude des oscillations décroît également rapidement quand la fréquence de l’excitation augmente :
une excitation de fréquence élevée appliquée à la surface d’un solide ne modifiera sa température que sur
une faible profondeur.
- Entre les températures T1 et T2 de 2 points distants respectivement de x1 et x2 de la surface, il existe un
ω
déphasage égal à (x 1 − x 2 ) . La connaissance de ω et la mesure de la température au sein du milieu
2a
en deux points situés à des distances connues x1 et x2 de la surface peut permettre d’évaluer la diffusivité
thermique a.

3.1.2.5 Contact brusque entre deux milieux semi-infinis

Méthode : Transformée intégrale de Laplace sur le temps et inversion par les tables.

T1(x, t=0) = T1 Milieu semi-infini 2

Tc

Milieu semi-infini 1
T2(x, t=0) = T2

0 x
Figure 3.6 : Schéma du contact brusque entre deux milieux semi-infinis
On considère deux milieux semi-infinis initialement à deux températures uniformes différentes Ti1 et Ti2. A
l’instant initial, on place les deux milieux en contact et l’on recherche l’évolution de la température au sein des
deux milieux.
L’équation de la chaleur s’écrit pour chacun des deux milieux :

∂T1 (x , t ) ∂ 2T1 (x, t ) ∂T2 (x, t ) ∂ 2T2 (x, t )


= a1 (a) et = a2 (b)
∂t ∂x 2 ∂t ∂x 2

L’origine des abscisses est prise au point de contact entre les deux milieux. Les conditions aux limites
s’écrivent :
T1(x, 0) = Ti1 (c)
T2(x, 0) = Ti2 (d)
∂T1 (0, t ) ∂T2 (0, t )
λ1 = λ2 (e)
∂x ∂x
T1 (0, t ) = T2 (0, t ) (f)

On effectue les changements de variable suivants : T1 = T1 − Ti1 et T2 = T2 − Ti 2


∂ 2 T1 1 ∂T1 ∂ 2 T2 1 ∂T2
Les équations (a) et (b) peuvent alors s’écrire : = et =
∂x 2
a ∂t ∂x 2
a ∂t

Ti ( x,0) = 0 i = 1, 2 (c)
Et les conditions aux limites deviennent : Ti (∞, t ) = 0 i = 1, 2 (d)
∂T1(0, t ) ∂T (0, t )
λ1 = λ2 2 (e)
∂x ∂x
T1(0, t ) = T2 (0, t ) + Ti 2 − Ti1 (f)

Les transformées de Laplace des équations (a) et (b) conduisent comme dans les cas précédents à des
solutions du type : θ1 (x , p ) = A 1 e et θ 2 (x , p ) = A 2 e
− q1 x + q1 x −q2 x +q 2 x
+ B1 e + B2 e

La température garde une valeur finie quand x tend vers ± ∞ donc A1 = 0 et B2= 0 , nous en déduisons que :
θ1 ( x , p ) = B1 e et θ 2 (x , p ) = A 2 e
q1 x −q2 x

Les transformées de Laplace des équations (e) et (f) s’écrivent alors :

B1 λ1 q1 = − A 2 λ 2 q 2 (e)
Ti 2 − Ti1
B1 = A 2 + (f)
p
La résolution de ce système linéaire permet de calculer les valeurs de B1 et de A2 :
E2 E1
B1 = (Ti 2 − Ti1 ) 1
et A2 = (Ti1 − Ti 2 ) 1
E1 + E 2 p E1 + E 2 p
Où E i = λ i ρi c i est l’effusivité thermique du milieu i.

On en déduit les valeurs de θ1 et de θ2 :

E 2 (Ti 2 − Ti1 ) E 1 (Ti1 − Ti 2 )


θ1 ( x , p ) = θ 2 (x , p ) =
q1 x −q 2 x
e et e
(E1 + E 2 ) p (E 1 + E 2 ) p
L’utilisation des tables de la transformée de Laplace inverse présentées en annexe A.3.2 conduit au résultat
suivant :
T1 (x, t ) − Ti1 E2  x 
= erfc  
Ti 2 − Ti1 E1 + E 2 2 a t 
 1 
(3.10)
T2 ( x, t ) − Ti 2 E1  x 
= erfc  
Ti1 − Ti 2 E1 + E 2 2 a t 
 2 

Propriété de la température de contact Tc : elle se calcule par : Tc (t ) = T1 (0, t ) = T2 (0, t ) sachant que
erfc (0) = 1.

D’où : E 1 Ti1 + E 2 Ti 2 (3.11)


Tc =
E1 + E 2

On remarque que la température de contact entre les deux milieux reste constante pendant toute la durée du
transfert de chaleur. C’est le milieu qui a la plus grande effusivité thermique qui impose la température de
contact.
Application : Sensation thermique lors du contact de la peau avec un métal ou un isolant, choix de matériaux
améliorant le confort thermique.

3.1.2.6 Contact brusque entre deux milieux semi-infinis avec résistance de contact

Méthode : Transformée intégrale de Laplace sur le temps et inversion par les tables.

On considère deux milieux semi-infinis initialement à deux températures uniformes différentes Ti1 et Ti2. A
l’instant initial, on place les deux milieux en contact et l’on recherche l’évolution de la température au sein des
deux milieux. Le contact entre les deux milieux est imparfait et l’on doit tenir compte d’une résistance de contact
Rc = 1/h (°C.W-1.m-2) à l’interface.
Résistance de contact

T1(x, t=0) = T1 Milieu semi-infini 2

Milieu semi-infini 1 T2(x, t=0) = T2

0 x
Figure 3.7 : Schéma du contact entre deux milieu semi-infinis avec résistance à l’interface

L’équation de la chaleur s’écrit pour chacun des deux milieux :

∂T1 (x, t ) ∂ 2T1 (x, t ) ∂T2 (x , t ) ∂ 2 T2 (x , t )


= a1 (a) et = a2 (b)
∂t ∂x 2 ∂t ∂x 2

L’origine des abscisses est prise au point de contact entre les deux milieux. Les conditions aux limites
s’écrivent :
∂T (0, t ) ∂T (0, t )
λ1 1 = λ2 2 (c)
∂x ∂x
∂T (0, t )
λ1 1 = h [T1 (0, t ) − T 2 (0, t )] (d)
∂x
On effectue les changements de variable suivants : T1 = T1 − Ti1 et T2 = T2 − Ti 2

∂ 2 T1 ∂T1 ∂ 2 T2 ∂T2
Les équations (a) et (b) peuvent alors s’écrire : = 1 et = 1
∂x 2 a ∂t ∂x 2 a ∂t

∂T1(0, t ) ∂T (0, t )
Et les conditions aux limites deviennent : λ1 = λ2 2 (c)
∂x ∂x
∂T (0, t )
− λ1 1 = h [T1 (0, t ) − T2 (0, t ) + Ti1 − Ti 2 ] (d)
∂x

Les transformées de Laplace des équations (a) et (b) conduisent comme dans le cas précédent à des solutions
du type : θ1 (x , p ) = A 1 e et θ 2 (x , p ) = A 2 e
+ q 1x −q2 x

Les transformées de Laplace des équations (c) et (d) s’écrivent alors :

A1 λ1 q1 = − A 2 λ 2 q 2 (c)
h (Ti1 − Ti 2 )
− A1 λ1 q1 = h (A1 − A 2 ) + (d)
p

La résolution de ce système linéaire permet d’établir l’expression de A1 et de A2 :


h
h
(Ti 2 − Ti1 ) (Ti 2 − Ti1 )
λ1 1 λ2 1
A1 = et A2 =
h  E1  p h  E2  p
1 +

 + q1
 1 +
  + q2

λ1  E 2  λ2  E1 

On en déduit :

( )
q1 x
e h  E 
θ1 ( x , p ) = c 1 avec c1 = h Ti2 − Ti1 et b1 = 1 + 1 

p (q 1 + b 1 ) λ1 λ1  E 2 
−q 2 x
θ 2 (x , p ) = c 2
e
avec
λ2
(
c 2 = h Ti1 − Ti2 ) et b2 =
h
λ2
 E 
1 + 2 
 E1 
p (q 2 + b 2 ) 

L’utilisation des tables de la transformée de Laplace inverse présentées en annexe A.3.2 conduit au résultat
suivant :

T1 (x, t) − Ti1 E2   x   
= erfc  − exp(b x + a b 2 t) erfc x + b 1 a 1 t 
Ti2 − Ti1 E 2 − E1   2 a t 1 1 1
 2 a t  (3.12)
  1   1 
T2 (x, t) − Ti2 E1   x    x 
= erfc − exp(b 2 x + a 2 b 2 2 t) erfc + b 2 a 2 t 
Ti1 − Ti2 E 2 − E1   2 a t  2 a t 
  2   2 

3.1.3 Transfert unidirectionnel dans des milieux limités : plaque, cylindre, sphère
3.1.3.1 Plaque infinie

On considère le cas d’une plaque d’épaisseur 2L et de dimensions latérales suffisamment grandes pour que
l’on puisse considérer que le transfert de chaleur est unidirectionnel. L’étude de ce cas permettra d’illustrer les
différentes méthodes utilisées pour résoudre l’équation de la chaleur monodimensionnelle en régime variable.
1er cas : Plaque avec température constante imposée en surface

Ti = T (x,0)

T0 = T (-L, t) T0 = T (L, t)

-L 0 +L x

Figure 3.8 : Schéma d’une plaque avec température imposée en surface

1ère méthode : Transformée de Laplace, développement en série et inversion terme à terme par les tables.

L’équation de la chaleur s’écrit : ∂ 2 T = 1 ∂T (a)


∂x 2 a ∂t

Avec les conditions aux limites : T(x, 0) = Ti (b)


T(L, t) = T0 (c)
∂T
(0, t ) = 0 (d)
∂x

On effectue le changement de variable suivant : T = T − Ti


∂T ∂T
d’où : =
∂x ∂x
L’équation (a) peut alors s’écrire : ∂ 2 T = 1 ∂T
∂x 2 a ∂t
T ( x,0) = 0 (b)
Et les conditions aux limites deviennent : T ( x = L, t ) = T0 − Ti (c)
∂T
(0, t ) = 0 (d)
∂x

La transformée de Laplace de T ( x, t ) par rapport au temps s’écrit : θ( x , p) = L{T ( t )} = ∫ exp(− p t ) T ( x , t ) dt
0

d θ
[p θ − T (x,0)] = 0 avec
2
1
La transformée de Laplace de l’équation (a) conduit à : − T ( x ,0) = 0
2
dx a
d 2θ p
Cette équation est donc de la forme : − q2 θ = 0 avec q2 =
dx 2 a
D’où : θ( x, p ) = A cosh(qx ) + B sinh( qx )

La transformée de Laplace de l’équation (d) conduit à : λ ( x = 0) = 0 d’où B = 0 et θ = A cosh (qx)
dx
T0 − Ti T0 − Ti
La transformée de Laplace de l’équation (c) conduit à : θ(L, p) = d’où A=
p p cosh(qL)
(T0 − Ti ) cosh(qx ) ∆T cosh(qx )
et θ( x , p ) = =
p cosh(qL) p cosh(qL)
1
Nous pouvons utiliser un développement en série de pour écrire θ(x,p) sous la forme :
1 + e −2 q L
e qx + e − qx
[e ]∑ (− 1)
n
∆T ∆T −q (L − x )

θ(x, p ) = = + e −q (L + x ) e − 2 nqL
p e qL
(1 + e − 2qL
) p n =0
n n
∆T ∞ ∆T ∞
θ(x, p ) = ∑ (− 1) e − q[(2 n +1)L − x ] + ∑ (− 1) e −q[(2 n +1)L + x ]
p n =0 p n =0

La transformation inverse de Laplace terme à terme (propriété de linéarité) conduit à :

 ( 2n + 1) L − x  ∞  ( 2n + 1) L + x 
∞ n n
T − Ti
= ∑ (− 1) erfc  + ∑ (− 1) erfc  (3.13)
T0 − Ti n =0  2 at  n =0  2 at 

Cette solution converge rapidement pour les faibles valeurs de t.

2ème méthode : Décomposition de la température en un produit de fonctions et superposition des solutions.

Ti = T (x,0)

T0 = T (0, t) T0 = T (2L, t)

0 2L x
Figure 3.9 : Schéma d’une plaque avec température imposée en surface

L’équation de la chaleur s’écrit : ∂ 2 T = 1 ∂T (a)


∂x 2 a ∂t

Avec les conditions aux limites : T(x, 0) = Ti (b)


T(0, t) = T (2L, t) = T0 (c)

On effectue le changement de variable suivant : T = T − T0

L’équation (a) peut alors s’écrire : ∂ 2 T = 1 ∂T


∂x 2 a ∂t
Et les conditions aux limites deviennent : T ( x,0) = Ti − T0 (b)
T ( x = 0, t ) = T ( x = 2L, t ) = 0 (c)

On peut aussi considérer par raison de symétrie une plaque d’épaisseur L en prenant une condition de flux
∂T(L, t )
nul en x = L soit pour la seconde condition limite : = 0 (d)
∂x
On effectue une décomposition de la température en un produit de fonctions sous la forme :
T( x, t ) = X( x )Y( t ) . L’équation de la chaleur conduit à l’équation suivante :
X " Y = 1 XY ' ou : X" = 1 Y ' = − ω 2
a X a Y

Où ω est une constante car les deux fonctions X et Y dépendent l’une de x et l’autre de t. Nous en déduisons :

X"+ω 2 X = 0 ⇒ X = A 1 cos(ωx ) + B1 sin (ωx )


2
Y '+a ω 2 Y = 0 ⇒ Y = Ce −aω t

2
Et T ( x, t ) = e − aω t [A cos(ωx ) + B sin (ωx )]
La condition limite T (0, t ) = 0 s’écrit alors : A =0
2
d’où : T ( x, t ) = B sin (ωx )e − aω t , les fonctions ψ n (x ) = sin (ω n x ) sont les fonctions propres du système.
∂ T ( L, t )
La condition limite = 0 pour tout t s’écrit alors : B cos (ωL ) = 0
∂x
π
Cette équation admet une infinité de solutions que l’on appelle les valeurs propres : ω n = (2n + 1) avec
2L
n variant de 0 à l’infini.
Le théorème de superposition des solutions permet d’écrire la solution générale de (a) sous la forme :

(
T ( x , t ) = ∑ D n sin (ω n x ) exp − a ω n 2 t )
n =0
La méthode générale de résolution est la suivante :
L
Les termes Dn sont déterminés en calculant ∫ T ( x,0 ) ψ m (ω n x )dx de deux manières :
0
- En remplaçant T ( x ,0 ) par son expression déduite des données du système à l’état initial :
T ( x ,0 ) = Ti ( x ) (g)

- En remplaçant T ( x ,0 ) par T ( x ,0) = ∑ D n sin (ω n x ) , on obtient la somme infinie :
n =0
L ∞ L
∫ T (x ,0) dx = ∑ ∫ D n ψ n (ω n x ) ψ m (ω m x )dx
0 0 0
L
On montre que si n ≠ m alors ∫ ψ n (ω n x ) ψ m (ω m x ) dx = 0 (orthogonalité des fonctions propres)
0
L L
∫ T (x,0) dx = ∫ D n ψ m (ω m x ) dx (h)
2
donc :
0 0
On détermine la valeur des constantes Dm en égalant les expressions (g) et (h).

Appliquons cette méthode à l’exemple traité :


L L T − T0
On a : ∫ T ( x,0) ψ m (ω n x )dx = ∫ (Ti − T0 ) sin (ω n x ) dx = i
0 0 ωn
L L L L
et : ∫ T ( x,0) ψ m (ω m x )dx = ∫ D m sin 2 (ω m x ) dx = D m ∫ sin 2 (ω m x ) dx = D m
0 0 0 2
2 (Ti − T0 ) 4 (Ti − T0 )
On en déduit : D m = =
ωn L (2n + 1) π
et finalement :

T(x, t ) − T0 4 ∞ 1  π x  2 π at
2
(3.14)
T ( x, t ) = = ∑ sin (2 n + 1) exp  − ( 2 n + 1) 
Ti − T0 π n =0 2 n + 1  2 L   4 L2 

Cette solution converge pour un petit nombre de termes pour les valeurs élevées de t (le premier terme peut
suffire pour t élevé).

Remarque : Dans le cas de l’utilisation des coordonnées cylindriques on calculera plutôt l’intégrale :
L
∫ T (r,0) r ψ m (ω n r ) dr pour déterminer la valeur des constantes Dm.
0
Une autre méthode moins générale consiste à écrire la condition limite T ( x,0) = Ti − T0 sous la forme :
∞  π x
T ( x ,0) = Ti − T0 = ∑ D n sin (2n + 1) et à utiliser ensuite un développement en série de Fourier de la
n =0  2 L 
condition initiale sur le domaine.

En effet, une fonction f définie sur [0,L] peut s’écrire sous forme d’une série de Fourier en sinus :
∞  n π x  avec b = 2 f ( x ) sin  n π x  dx
L
f ( x ) = ∑ b n sin   n ∫  
n =1  L  L0  L 
Nous pouvons effectuer un développement en série de Fourier en sinus de f(x) = (Ti - T0) sur l’intervalle
[0,2L] :
2L
∞ 1 2L  nπu    nπx  ∞ 1
(Ti − T0 ) − 2L cos nπu  sin  nπx 
 
Ti − T0 = ∑  ∫ (Ti − T0 )sin  du  sin  = ∑
n =0 L  0  2L    2L  n = 0 L nπ   2L  0  2L 

∞ 2 (Ti − T0 ) nπx  ∞ 2 (Ti − T0 )  (2n + 1)πx 


Ti − T0 = ∑ [1 − cos(nπ)] sin  = ∑ 2 sin  
n =0 nπ  2L  n = 0 (2n + 1)π  2L
4 (Ti − T0 ) ∞ 1  (2n + 1)πx 
Ti − T0 = ∑ sin  
π n =0 2 n + 1  2L
4 (Ti − T0 )
Par identification, nous en déduisons : D n = , nous retrouvons le résultat établi précédemment.
π (2n + 1)

3ème méthode : Utilisation d’une transformation intégrale sur la variable d’espace.

Principe de l’utilisation d’une transformée intégrale à la résolution de l’équation de la chaleur :

On applique à l’équation de la chaleur et aux équations résultantes des conditions aux limites une
transformation intégrale permettant d’obtenir une nouvelle équation différentielle dont la résolution (plus aisée)
conduit à l’expression de la température θ dans l’espace transformé. On applique ensuite à θ la transformation
inverse pour obtenir l’expression de la température T dans l’espace réel.

Le choix de la transformation intégrale la mieux adaptée dépend de la configuration et des conditions aux
limites. Si la température dépend de la variable d’espace r, on choisit une transformation du type suivant :

θ(ω) = ∫ w (r )Tω (r, ω) T(r, t ) dr


D
où D est le domaine de définition de la température et Tω (r, t ) est une fonction propre solution du système
formé par l’équation de la chaleur et les conditions aux limites pour un nombre infini de valeurs ωn (n = 1,
2,…..). L’équation dont les ωn sont solutions est appelée l’équation transcendante. La fonction w(r) est choisie
constante et égale à 1 en géométrie rectangulaire et égale à r en géométrie cylindrique. La formule générale
d’inversion est alors la suivante :

T ω (ω n , r )
T(r, t ) = ∑

n =1
n

N (ω n )
θ(ω n )
D
n
[
avec : N(ω n ) = ∫ T ω (ω n , r ) ] 2
w (r ) dr

N(ωn) est appelée la norme de la fonction propre Tω (r, t ) .

On trouvera en annexe A.3.1 la définition et les propriétés des transformations les plus utilisées : Laplace,
Fourier et Hankel. On trouvera également en annexe A.3.3 un tableau donnant les fonctions propres et leurs
normes, les équations transcendantes et les valeurs propres pour les cas de figure les plus courants.
On applique cette méthode au cas de figure schématisé sur la figure 3.9.

L’équation de la chaleur s’écrit : ∂ 2 T = 1 ∂T (a)


∂x 2 a ∂t

Avec les conditions aux limites : T(x, 0) = Ti (b)


T(0, t) = T (2L, t) = T0 (c)

On effectue le changement de variable suivant : T = T − Ti


 nπx 
Selon l’annexe A.3.3, la fonction propre est Tω (x , t ) = sin   , on applique donc une transformation (finie
 L 
car le milieu est fini) de Fourier en sinus (cf. annexe A.2.2) à l’équation (a) :

Fs [a ] ⇒
L
[ ]
nπ T (0 ) − (− 1)n T (L ) − n 2 π 2 θ (n ) = 1 dθ s (n )
L2
s
a dt
avec T (x = 0 ) = T (x = 2L ) = T0 − Ti

nπ (T0 − Ti )
d’où :
L
[ ]
1 − (− 1)n 1 − n π θ s (n ) = 1
L
2 2
2 a
dθ s
dt
(n )
L (T0 − Ti )
La solution générale de cette équation s’écrit : θ s (n ) =

[ ]
 2 2 
1 − (− 1)n + A exp − n π at 
 L2 
L (T0 − Ti )
La condition limite T (x , t = 0) = 0 conduit à : θ s (n ) =

[ 

]  n 2 π 2 a t 
1 − (− 1)n + 1 − exp  −
 L2


 
La transformée inverse permet de calculer T(x,t) :


[
L n = 1 nπ
] 
T (x , t ) = 2 ∑ L 1 − (− 1)n + 1 − exp −

 n 2 π 2 a t 
 L 2
  sin  nπx 
  L 
 
4 (T0 − Ti ) ∞ 1 1 − exp − (2 n + 1) π a t   sin  [2 n + 1]πx 
 2 2 
T (x , t ) = ∑  
π n = 0 2n + 1   L2   L 
  

Un développement de la fonction constante et égale à 1 en série de sinus permet de retrouver le résultat de la


2ème méthode.

4ème méthode : Transformation de Laplace, résolution et inversion par une méthode numérique (Stehfest ou sous-
programme Invlap sous Matlab : http://www.mathtools.net/files/net/invlap.zip ).

Nous avons montré en appliquant la 1ère méthode que la transformée de la température T(x,t) – Ti s’écrit :

(T0 − Ti ) cosh(qx) ∆T cosh(qx )


θ (x, p ) =
p
= avec q =
p cosh (qL ) p cosh (qL ) a

La température T(x,t) peut s’en déduire en utilisant Invlap ou en appliquant la méthode de Stehfest pour
trouver la transformée de Laplace inverse de θ(x,p) :

ln(2) N  j ln(2) 
T(x, t) = Ti + ∑ V j θ x,  (3.15)
t j=1  t 

Un nombre de termes N=10 est suffisant pour obtenir une précision satisfaisante. Les valeurs des coefficients
Vj correspondants sont donnés en annexe A.3.2.

Comparaison des méthodes :

La méthode permettant d’arriver le plus simplement à une valeur de T(x,t) est la 4ème méthode qui ne fournit
toutefois qu’une solution numérique approchée de la solution et qui n’est pas à l’abri d’instabilités numériques
dans certains cas très particuliers. Un nombre de termes N = 10 dans la formule (3.15) permet d’obtenir une
précision satisfaisante. Viennent ensuite par ordre de difficulté croissante la 1ère méthode puis la 2ème et la 3ème
méthode.
Le premier terme de la formule (3.13) représente bien la température aux temps courts alors que le premier
terme de la formule (3.14) représente bien la température aux temps longs.
T( x , t ) − Ti
On trouvera à titre d’illustration sur la figure 3.10 la représentation de la température réduite à
T0 − Ti
2,5 cm du bord d’une plaque d’épaisseur 10 cm pour un matériau de diffusivité a = 10-6 m2.s-1
1.4
1.2
1.0
0.8
0.6
(3.15) avec N=10
0.4
(3.13) avec 1 terme
0.2
(3.14) avec 1 terme
0.0
0 1000 2000 3000 4000

Figure 3.10 : Température réduite dans une plaque calculée par les différentes relations

2ème cas : Plaque avec flux imposé

φ0 φ0

Ti = T (x,0)

-L 0 +L x
Figure 3.11 : Schématisation d’une plaque avec flux de chaleur imposé en surface

∂ 2T 1 ∂T
L’équation de la chaleur s’écrit : = (a)
∂x 2 a ∂t

Avec les conditions aux limites : T(x, 0) = Ti (b)


 ∂T 
  =0 (c)
 ∂x  x = 0
 ∂T 
λ  = φ0 (d)
 ∂x  x = L

En utilisant les deux premières méthodes du paragraphe précédent, on arrive aux résultats suivants :

φ0 t φ 0 L  3x 2 − L2 2 ∞ ( − 1) n  a n 2 π 2 t   nπx 
T = Ti + +  − ∑ exp −  cos
  (3.16)
ρcL λ  6L2 π 2 n =1 n 2  L2   L 

2φ 0 at ∞   (2n + 1)L − x   
T = Ti + ∑ ierfc  + ierfc (2n + 1)L + x 
λ n =0      (3.17)
  2 at   2 at 

Ces formules sont complexes à calculer car elles comportent une somme infinie de termes.

L’application de la 1ère méthode au cas de la plaque avec température de surface imposée a permis de montrer
que la transformée de Laplace de la température T(x,t) –Ti s’écrivait : θ(x,p) = A cosh(qx).
∂T( L, t )
On a la condition limite en x = L: − λ = φ0
∂x
φ0
La transformée de Laplace de cette équation conduit à : − λ A q sinh (q L ) =
p
φ0 1
D’où : A =
p λ q sinh (q L )

φ0 cosh (q x )
θ( x , p ) =
Et : p λ q sinh (q L ) (3.18)

La température T(x,t) peut s’en déduire facilement en appliquant une méthode numérique (Invlap ou Stehfest)
pour trouver la transformée de Laplace inverse de θ(x,p).

On aboutit facilement par cette méthode à une solution beaucoup plus simple à calculer que celle donnée par
les formules (3.16) ou (3.17).

3ème cas : Plaque avec coefficient de transfert imposé

Ti = T (x,0)

φ = h [T ( − L, t ) − T∞ ] φ = h [T (− L, t ) − T∞ ]

T∞ T∞

-L 0 +L x
Figure 3.12 : Schématisation d’une plaque avec coefficient de transfert imposé en surface

L’équation de la chaleur s’écrit : ∂ 2 T = 1 ∂T (a)


∂x 2 a ∂t

Avec les conditions aux limites : T(x, 0) = Ti (b)


 ∂T 
  =0 (c)
 ∂x  x = 0
 ∂T 
−λ   = h [T (L, t ) − T∞ ] (d)
 ∂x  x = L

On effectue une décomposition de la température en un produit de fonctions sous la forme :


T ( x, t ) = T(x, t ) − Ti = X( x )Y( t ) . L’équation de la chaleur conduit à l’équation suivante :

X " Y = 1 XY ' ou : X" = 1 Y ' = − ω 2


a X a Y
Où ω est une constante car les deux fonctions X et Y dépendent l’une de x et l’autre de t. Nous en déduisons :

X"+ω 2 X = 0 ⇒ X = A 1 cos(ωx ) + B1 sin (ωx )


2
Y '+a ω 2 Y = 0 ⇒ Y = Ce −aω t

2
Et T ( x, t ) = e − aω t
[A cos(ωx ) + B sin (ωx )]
∂T
La condition limite (0, t ) = 0 s’écrit alors : B =0
∂x
2
d’où : T ( x, t ) = A e −aω t cos (ωx ) et
∂T ( x, t )
( )
= −ω A exp − a ω 2 t sin (ω x ) , les fonctions propres du
∂x
système sont : ψ n ( x ) = cos (ω n x ) .
∂ T ( L, t ) h
La condition limite − λ = h T (L, t ) pour tout t s’écrit alors : ω tan (ωL ) =
∂x λ
Cette équation admet une infinité de solutions (valeurs propres) ωn
La solution générale de (a) s’écrit sous la forme d’une combinaison linéaire des solutions particulières :

(
T ( x , t ) = ∑ D n cos(ω n x ) exp − a ω n 2 t )
n =1
L L Ti − T0
On a d’une part : ∫ T (x ,0) ψ m (ω n x )dx = ∫ (Ti − T0 ) cos(ω n x ) dx = sin (ω n L )
0 0 ωn
Et d’autre part :
L L L 1 + cos (2 ω x) L 1 
∫ T (x,0) ψ m (ω m x )dx = ∫ D m cos (ω m x ) dx = D m ∫ dx = D m  + sin (2 ω n L )
2 n
0 0 0 2  2 4 ωn 
 h 
 
L L 1 2 tan (ω n L )  Dm  1 λω 
soit : ∫ T ( x ,0 ) ψ m (ω m x )dx = D m  + =  L+ 
0  2 4 ω n 1 + tan (ω n L ) 
2 2

ωn h2 
1+
 λ2 ω 2 
 
h2
ωn 2 +
λ2 sin (ω n L )
On en déduit : D m = 2 (Ti − T0 )
 2 
h  h ωn
L  ωn 2 + +
 2  λ
λ 

Et finalement :

h2
ωn 2 +

(
T ( x , t ) = T0 + 2 (Ti − T0 ) ∑ exp − aωn 2 t ) λ2
 2 h  h
2
sin (ωn L )
ωn
cos(ω n x )
n =1 (3.19)
L  ωn + 2  +
 λ  λ

Où ωn ( n = 1,2,… ) sont les solutions de l’équation : ω tan (ωL ) =


h
.
λ

L’application de la 1ère méthode au cas de la plaque avec température de surface imposée a permis de montrer
que la transformée de Laplace de la température T(x,t) –Ti s’écrivait : θ(x,p) = A cosh(qx).

∂T(L, t )
On a la condition limite en x = L : − λ = h [T( L, t ) − T0 ] = h [T(L, t ) − Ti ] + h [Ti − T0 ]
∂x
Ti − T0
La transformée de Laplace de cette équation conduit à : − λ A q sinh (q L ) = h A cosh (q L ) + h
p
T0 − Ti 1
D’où : A =
λq
p cosh (q L ) + sinh (q L )
h

T0 − Ti cosh(q x )
Et : θ( x, p ) = (3.20)
λq
p cosh(q L ) + sinh (q L )
h
La température T(x,t) peut s’en déduire facilement en appliquant une méthode numérique (Invlap ou
Stehfest) pour trouver la transformée de Laplace inverse de θ(x,p).

3.1.3.2 Cylindre infini

Nous considérons ici un cylindre infini (longueur très grande par rapport au diamètre) de diamètre R
initialement à la température Ti auquel on impose brutalement une température de surface T0 (cf. figure 3.13).
On peut faire l’hypothèse dans ce cas que le transfert de chaleur est uniquement radial.

1er cas : Cylindre infini avec température de surface imposée

On impose brutalement une température T0 à la surface du cylindre initialement à la température uniforme Ti.

1ère méthode : Décomposition de la température en un produit de fonction et transformation de Hankel.


L’équation de la chaleur s’écrit : ∂ 2 T + 1 ∂T = 1 ∂T (a)
∂r 2 r ∂r a ∂t

Avec les conditions aux limites : T(r, 0) = Ti (b)


T (R, t) = T0 (c)

On effectue le changement de variable suivant : T = T − T0

Ti (r)= T (r, 0)

T0 R T0

0 r
Figure 3.13 : Schématisation d’un cylindre infini avec température de surface imposée

Et les conditions aux limites deviennent : T ( r ,0) = Ti − T0 (b)


T (R , t ) = 0 (c)

On effectue une décomposition de la température en un produit de fonctions sous la forme :


T ( x , t ) = X (r )Y ( t ) . L’équation de la chaleur conduit à l’équation suivante :
X"+ X '
1
X Y + X ' Y = XY
" 1 '
ou : R = 1 Y' = −ω 2
r a X a Y
où ω est une constante car les deux fonctions X et Y sont indépendantes. On en déduit :

X"+ X ' + ω 2 X = 0 ⇒ X = AJ 0 (ωx ) + BY0 (ωx )


R

Y '+ a ω 2 Y = 0 ⇒ Y = Ce − aω t
2

Où J0 est la fonction de Bessel de 1ère espèce non modifiée d’ordre 0 et Y0 la fonction de Bessel de 2nde
espèce non modifiée d’ordre 0. On trouvera en annexe A.2.3 la définition et les principales propriétés des
fonctions de Bessel.
On en déduit que les solutions de (a) sont de la forme : T = Ce − aω
2
t [AJ 0 (ωx ) + BY0 (ωx )]
Par ailleurs on sait que Y0(0) = -∞ ce qui impose B = 0 d’où T = D e − aω J 0 (ωx )
2
t

La condition limite T (R , t ) = 0 s’écrit alors : D e − aω J 0 (ωx ) = 0 ce qui impose ωn R = βn où ωn est une


2
t

solution de l’équation J0(ωR) = 0.


Le théorème de superposition des solutions permet d’écrire la solution générale de (a) sous la forme :
J 0 (ω n R )

T ( x , t ) = ∑ D n e − aω
2
t
n =1

La condition limite T (r,0) = Ti − T0 s’écrit alors : Ti − T0 = ∑ Dn J 0 (ωn r ) (d)
n =1
La fonction propre est J0(ωx) ce qui nous amène à appliquer la transformée de Hankel à la condition limite
(d) soit à multiplier chaque membre de l’équation (d) par r J0(ωmr) et à intégrer entre 0 et R :

R R ∞ R
∫ r J 0 (ω m r ) (Ti − T0 ) dr = ∫ ∑ D n r J 0 (ω m r ) J 0 (ω n r ) dr = ∫ D m r [J 0 (ω m r )] dr
2
0 0 n =1 0
R
car on montre que ∫ r J 0 (ωn r ) J 0 (ωm r )dr = 0 si m ≠ n .
0
R2 '
[ R2
]
R R 2
∫ r J 0 (ω m r ) (Ti − T0 ) = D m ∫ r [J 0 (ω m r )] dr = D m J 0 (ω m r ) = D m [J1 (ω m r )]2
2
0 0 2 2
car les fonctions Jn vérifient les relations (cf. annexe A.2.3) :
2
R2
∫ r [J n (ωr )] dr = [J n ' (ωr )]2
R
n
et J n ' (ωr ) = −J n + 1 (ωr ) + J n (ωr )
0 2 ωr

On en déduit finalement :

2 (Ti − T0 ) ∞ J 0 (ω n r ) − aωn 2 t
T(r, t ) = T0 + ∑ e
ωn J1 (ω n r )
n =1
(3.21)
R

Où ωn (n = 1, 2, 3…) sont les racines de l’équation J0(ωr) = 0.

2ème méthode : Transformation de Laplace, résolution et inversion numérique (Invlap ou Sthefest).

L’équation de la chaleur s’écrit : ∂ 2 T + 1 ∂T = 1 ∂T (a)


∂r 2 r ∂r a ∂t

Avec les conditions aux limites : T(r, 0) = Ti (b)


T (R, t) = T0 (c)

On effectue le changement de variable suivant : T = T − Ti


d 2θ 1 dθ p
La transformée de Laplace de l’équation (a) s’écrit : + = θ (d)
2
dr r dr a
p
On effectue le changement de variable u = r =qr
a
d 2θ 1 dθ
L’équation (d) s’écrit alors : −θ = 0 +
2
du u du
La solution générale de cette équation de Bessel s’écrit (cf. annexe A.2.3) : θ(q r , p ) = A I 0 (q r ) + B K 0 (q r )
∂T(0, t ) dθ( r, p ) dθ(u , p )
On a la condition limite : = 0 d’où : = 0 et =0
∂r dr du
Donc : A I 1 (0 ) − B K 1 (0 ) = 0 avec K1(0) → ∞ d’où B = 0.
Transferts thermiques

T − Ti
La seconde condition limite s’écrit : T(R,t) - T0 = 0 soit T(R,t )- Ti = T0 - Ti et θ(r, p ) = 0
p
T0 − Ti 1
On en déduit : A =
p I 0 (qR )
T0 − Ti I 0 (qr )
Et finalement : θ( r, p ) = (3.22)
p I 0 (qR )

La température T(x,t) peut s’en déduire facilement en appliquant une méthode numérique (Invlap ou
Stehfest) pour trouver la transformée de Laplace inverse de θ(x,p).

2ème cas : flux de chaleur imposé

On impose brutalement une densité de flux φ0 à la surface du cylindre initialement à la température uniforme
T i.

Ti (r)= T (r, 0)

φ0 φ0

0 R r

Figure 3.14 : Schématisation d’un cylindre infini avec flux de chaleur imposé

L’équation de la chaleur s’écrit : ∂ 2 T + 1 ∂T = 1 ∂T (a)


∂r 2 r ∂r a ∂t

Avec les conditions aux limites : T(x, 0) = Ti (b)


∂T
λ (R , t ) = φ0 (c)
∂r
On effectue le changement de variable suivant : T = T − T0

L’équation (a) peut alors s’écrire : ∂ T = 1 ∂T


2

∂x 2 a ∂t

Et les conditions aux limites deviennent : T ( x,0) = Ti − T0 (b)


∂T
λ (R , t ) = φ 0 (c)
∂r

On effectue une décomposition de la température en un produit de fonctions sous la forme :


T ( x , t ) = X (r )Y ( t ) . L’équation de la chaleur conduit à l’équation suivante :
X"+ X '
1
X Y + X ' Y = XY
" 1 '
ou : R = 1 Y ' = −ω 2
r a X a Y
Dont la résolution mène au résultat suivant :

 ω r 
J 0  n  
2φ 0 a t φ0 R  r 2 1 ∞ 2
− aω t  R  
T(r, t ) = Ti + +  − − 2 ∑e n
 ω n J 0 [ω n ]
(3.23)
λR λ 2R 2
4 n =1 2
 
 
Transfert de chaleur par conduction en régime variable

On peut également traiter le problème par une transformation de Laplace comme dans le cas d’une
température de surface imposée.
p
Il a été montré que la température est de la forme : θ(q r , p ) = A I 0 (q r ) avec q =
a
∂T( r, t )
La condition limite en r = R s’écrit : − λ = φ0
∂r
dθ(q R , p ) φ 0 φ
Soit : − λ = ou : − λ q A I1 (qR ) = 0
dr p p
φ0 1
Et : A = −
p λ q I 1 (q R )

φ 0 I 0 (q r )
θ(q r, p ) = −
D’où : p λ q I1 (q R ) (3.24)

La température T(x,t) peut s’en déduire facilement en appliquant une méthode numérique (Invlap ou
Stehfest) pour trouver la transformée de Laplace inverse de θ(x,p).

3ème cas : coefficient de transfert imposé

On impose brutalement un échange de chaleur par convection avec un coefficient de transfert h à la surface
du cylindre initialement à la température uniforme Ti.
L’équation de la chaleur s’écrit : ∂ 2 T + 1 ∂T = 1 ∂T (a)
∂r 2 r ∂r a ∂t

Avec les conditions aux limites : T(r, 0) = Ti (b)


 ∂T 
−λ   = h [T (R , t ) − T∞ ] (c)
 ∂r  r = R

Ti (r)= T (r, 0)

h [T0-T(R,t)] h [T0-T(R,t)]

0 r
Figure 3.15 : Schématisation d’un cylindre infini avec coefficient de transfert convectif imposé

La solution peut s’écrire :

2
h
(Ti − T0 )
J 0 (ω n r )
(3.25)

T(r, t ) = T0 + λ − aωn 2 t
∑e
n =1  h2 
R  + ω n 2  J 0 (ω n R )
 λ2 

h
Où ωn (n = 1, 2, 3…) sont les valeurs propres, racines de l’équation α J 0 ' (ωr ) + J 0 (ω r ) = 0 .
λ
On peut également traiter le problème par une transformation de Laplace comme dans le cas d’une
température de surface imposée.
p
Il a été montré que la température est de la forme : θ(q r , p ) = A I 0 (q r ) avec q =
a
∂T(r, t )
La condition limite en r = R s’écrit : − λ = h [T( r, t ) − T0 ] = h [T( r, t ) − Ti ] + h [Ti − T0 ]
∂r
dθ(q R , p ) h [Ti − T0 ] h [Ti − T0 ]
Soit : − λ = h θ(q R , p ) + ou : − λ q A I1 (qR ) = h A I 0 (q R ) +
dr p p
T0 − Ti 1
Et : A =
λq
p I 0 (q R ) + I 1 (q R )
h

T0 − Ti I 0 (q r )
θ(q r, p ) =
D’où : λq (3.26)
I 0 (q R ) + I1 (q R )
p
h

La température T(x,t) peut s’en déduire facilement en appliquant une méthode numérique (Invlap ou
Stehfest) pour trouver la transformée de Laplace inverse de θ(x,p).

3.1.3.3 Sphère

1er cas : Température de surface imposée

Nous considérons ici une sphère de rayon R à la température initiale uniforme Ti à laquelle on impose
brutalement une température de surface T0.

Ti = T (r, 0)

T(R,t) = T0

Figure 3.16 : Schématisation d’une sphère avec température de surface imposée

1 ∂ 2 (r T ) 1 ∂T
L’équation de la chaleur s’écrit : = (a) où : T = T − T0
r ∂r 2
a ∂t
Avec les conditions aux limites : T (r,0) = Ti − T0 (b)
T (R , t ) = 0 (c)

Effectuons le changement de variable suivant : U(r, t ) = r T (r, t ) , l’équation (a) devient : ∂ 2 U = 1 ∂U


∂r 2 a ∂t
Avec les conditions aux limites : U(r, 0) = r (Ti – T0) (b)
U(R,t) = U(-R,t) = 0 (c)

On retrouve le système d’équations de la plaque infinie d’épaisseur 2L (§3.1.3.1) moyennant les


changements suivants :

x → r−R
T→U
Ti − T0 → r (Ti − T0 )
Ce qui permet d’obtenir le résultat suivant :

2R (T0 − Ti ) ∞ (− 1) n  nπ r   a n 2π2 t 
T(r, t ) = T0 + ∑ sin   exp − 
 (3.27)
πr n =1 n  R   R 2

La température au centre est donnée par la limite de la relation (3.27) quand r tend vers zéro et s’écrit :
R (T0 − Ti ) ∞  (2n + 1) 2 R 2 
T(r, t ) = T0 + ∑ exp − 
α π t n =1  α 
 4 t 

On peut comme précédemment traiter le problème par une transformation de Laplace :


1 ∂  2 ∂T  1 ∂T
L’équation de la chaleur s’écrit :  r  = (a)
r 2 ∂r  ∂r  a ∂t

Avec les conditions aux limites : T(r, 0) = Ti (b)


T (R, t) = T0 (c)

On effectue le changement de variable suivant : T = T − Ti


d 2θ 2 dθ p
La transformée de Laplace de l’équation (a) s’écrit : + = θ (d)
dr 2 r dr a
On effectue un nouveau changement de variable : ψ = r θ
d 2ψ p
L’équation (d) s’écrit alors : − ψ=0
dr 2 a
ψ sinh (q r ) cosh(q r ) p
La solution générale de cette équation s’écrit : θ = =A +B avec q =
r r r a
cosh (q r )
→ ∞ quand r → 0 d’où B = 0.
r
sinh ( q R ) T0 − Ti
On a la condition limite : T (R , t ) = T0 − Ti d’où : A =
R p
T0 − Ti R
On en déduit : A =
p sinh (q R )

Et finalement : T0 − Ti R sinh (q r ) (3.28)


θ( r, p ) =
p r sinh (q R )

La température T(x,t) peut s’en déduire facilement en appliquant une méthode numérique (Invlap ou
Stehfest) pour trouver la transformée de Laplace inverse de θ(x,p).

2ème cas : Flux imposé

On considère ici une sphère de rayon R à la température initiale uniforme Ti à laquelle on impose brutalement
un flux surfacique φ0.

φ0
Ti (r)= T (r,

Figure 3.17 : Schématisation d’une sphère avec flux surfacique imposé


L’équation de la chaleur s’écrit : 1 ∂ T = 1 ∂T
2
(a) où : T = T − Ti
r ∂r 2 a ∂t

Avec les conditions aux limites : T (r,0) = Ti − T0 (b)


T (R , t ) = 0 (c)
On effectue le changement de variable suivant : U(r, t ) = r T (r, t ) qui permet de se ramener au cas de la
plaque infinie d’épaisseur 2L.
On obtient finalement à :

ω r
sin  n 
T(r, t ) =
3φ 0 t
+
(
φ 0 5r − 3R
2 2
) − 2φ 0 R 2
∞  R   − λω n 2 t 
exp  (3.29)

ρcR 10λR λr n =1 ω 2 sin (ω )  R2 
n n  

où ωn ( n = 1,2,…. ) sont les racines positives de l’équation tan (ω) = ω.

On peut également traiter le problème par une transformation de Laplace comme dans le cas d’une
température de surface imposée.
ψ sinh (q r ) p
Il a été montré que la température est de la forme : θ = = A avec q =
r r a
∂T( r, t )
La condition limite en r = R s’écrit : − λ = φ0
∂r
dθ( R , p ) φ 0 q R cosh (q R ) − sinh (q R ) φ 0
Soit : λ = ou : λ A =
dr p R2 p
φ0 R 2 1
Et : A =
λp q R cosh(q R ) − sinh (q R )

φ0 R 2 sinh (q r )
D’où : θ( r, p ) = (3.30)
λ p r q R cosh(q R ) − sinh (q R )

La température T(x,t) peut s’en déduire facilement en appliquant une méthode numérique (Invlap ou
Stehfest) pour trouver la transformée de Laplace inverse de θ(x,p).

3ème cas : Coefficient de transfert par convection imposé


On considère ici une sphère de rayon R à la température initiale uniforme Ti à la surface de laquelle on
impose brutalement un échange convectif (avec un coefficient h) avec le milieu ambiant à la température T0.

h [T0 - T(R,t)]

Figure 3.18 : Schématisation d’une sphère avec coefficient convectif imposé


L’équation de la chaleur s’écrit : 1 ∂ T = 1 ∂T
2
(a) où : T = T − Ti
r ∂r 2 a ∂t

Avec les conditions aux limites : T (r,0) = Ti − T0 (b)


∂T
−λ (R , t ) = h [T(R , t ) − T∞ ] (c)
∂r

On effectue le changement de variable suivant : U(r, t ) = r T (r, t ) qui permet de se ramener au cas de la
plaque infinie d’épaisseur 2L.
On obtient finalement :

2
 hR 
R ω n + 
2 2
− 1
2 h (Ti − T0 ) ∞  λ 
T(r, t ) = T0 + ∑ sin (ω n R ) sin (ω n r ) (3.31)
λR n =1 2 2 hR  hR 
ω n R ω n +
2
 − 1
 λ  λ 

hR
Où ωn ( n = 1, 2,…. ) sont les racines de l’équation ωR cot (ωR ) + −1 = 0
λ

On peut également traiter le problème par une transformation de Laplace comme dans le cas d’une
température de surface imposée.
ψ sinh (q r ) p
Il a été montré que la température est de la forme : θ = = A avec q =
r r a
∂T(r, t )
La condition limite en r = R s’écrit : − λ = h [T( r, t ) − T0 ] = h [T( r, t ) − Ti ] + h [Ti − T0 ]
∂r
q R cosh (q R ) − sinh (q R ) h [Ti − T0 ] sinh (q R ) h [Ti − T0 ]
Soit : − λ A = h θ(q R , p ) + =hA +
2
R p R p

Ti − T0 R
Et : A =
p  λ  λq
 − 1 sinh (q R ) − R cosh(q R )
hR 
  h

Ti − T0 R sinh (q r )
θ( r, p ) =
D’où : p r  λ  λq
− 1 sinh (q R ) − R cosh(q R ) (3.32)
hR 
  h

La température T(x,t) peut s’en déduire facilement en appliquant une méthode numérique (Invlap ou
Stehfest) pour trouver la transformée de Laplace inverse de θ(x,p).

3.1.4 Systèmes complexes : méthode des quadripôles


Dans ce paragraphe, on notera :
- θ(x,p) la transformée de Laplace de la température T(x,t).
- Φ(x,p) la transformée de Laplace du flux de chaleur ϕ(x,t).

On trouvera en annexe A.3.6 un récapitulatif des matrices quadripolaires associées aux systèmes les plus
couramment rencontrés dans la pratique.
3.1.4.1 Ecoulement unidirectionnel dans des murs plans
Mur simple
On considère le cas d’un transfert de chaleur unidirectionnel dans un mur d’épaisseur e.
La température T(x,t) au sein du mur vérifie l’équation : ∂ 2 T = 1 ∂T (a)
∂x 2 a ∂t
2 p
En appliquant la transformation de Laplace à l’équation (a) on obtient : d θ2 = θ (b) si T(x,0) = 0.
dx a
Où θ(x,p) est la transformée de Laplace de la température T(x,t) (cf. annexe A.3.1).
p
L’équation (b) admet une solution de la forme : θ(x, p) = k 1 (p) cosh (q x) + k 2 (p) sinh (q x) avec q 2 =
a
La transformée de Laplace du flux en un point quelconque du mur s’écrit :
Φ ( x, p ) = L  − λ S ∂T ( x, t ) = − λ S L  ∂T ( x, t ) = − λ S dθ ( x, p ) (c)
 ∂x   ∂x  dx
Cette relation permet d’exprimer Φ(x,p) en fonction de k1(p), k2(p) et x :
Φ ( x, p ) = − λ S k 1 q sinh (q x ) − λ S k 2 q cosh (q x ) (d)
Les relations (b) et (d) peuvent être écrites en x = 0 et en x = e, on obtient :
θ(0, p ) = k 1 Φ(0, p ) = − λ S k 2
θ(e, p ) = k 1 cosh (q e ) + k 2 sinh (qe ) Φ(e, p ) = − λ S q k 1 sinh (q e ) − λ S q k 2 cosh(q e )

Il est possible d’éliminer k1 et k2 entre ces 4 équations ce qui revient par exemple à exprimer (θ1, Φ1) en
fonction de (θ2, Φ2), on aboutit à :

 1
sinh (q e )  θ(e, p ) 
 θ(0, p )   cosh (q e )
Φ (0, p ) =
 
λqS  Φ(e, p ) (3.33)
λ q S sinh (q e ) cosh (q e ) 

M = matrice quadripolaire

On a la propriété : det (M) = 1 ce qui permet d’établir la relation réciproque :


 1
sinh (q e )
 θ(e, p )   cosh (q e ) −  θ(0, p ) 
Φ (e, p ) = λqS Φ (0, p )
    
- λ q S sinh (q e ) cosh (q e ) 
On peut par ailleurs établir une analogie entre la propagation d’un courant en régime sinusoïdal et le transfert
thermique unidirectionnel en régime transitoire :

Intensité du courant électrique I Flux de chaleur dans l’espace de Laplace Φ(x,p)


Potentiel électrique U Température dans l’espace de Laplace θ(x,p)
Impédance électrique Z Impédance thermique Z
La loi d’Ohm U1 - U2 = R I se traduit par : T1 – T2 = Rt ϕ

La loi des noeuds : ∑ I = 0 se traduit par : ∑ ϕ = 0


Moyennant ces notations, la relation quadripolaire (3.33) peut être représentée par le schéma électrique
équivalent de la figure 3.19.
Φ1 Z1 Z2 Φ2

Φ3
θ3
θ1 Z3 θ2

Figure 3.19 : Schéma électrique équivalent à un mur simple en régime variable


Avec dans le cas du mur plan :
cosh (q e ) − 1 1
Z1 = Z 2 = et Z3 =
λ S q sinh (q e ) λ S q sinh (q e )

Mur avec échange convectif


On considère le cas d’un mur échangeant de la chaleur par convection avec un fluide :

T∞

ϕ = hS [T∞ - T(x=0)]

0 e

x convectif
Figure 3.20 : Schématisation d’un mur simple avec transfert

[
La relation ϕ = h S T∞ − T(x =0 ) ] peut aussi s’écrire : T∞ =
ϕ
hS
+ T(x =0 ) que l’on peut traduire dans l’espace

de Laplace par : θ ∞ = θ ( x =0 ) + Φ si Φ est la transformée de Laplace du flux ϕ et θ la transformée de


hS
Laplace de la température T.
On peut donc écrire sous forme matricielle quadripolaire :

 θ ∞  1 1  θ 
Φ  =  h S  ( x =0 )  (3.34)
 ∞  0 1  Φ ( x =0 ) 

La relation quadripolaire (3.34) peut être représentée par le schéma électrique équivalent de la figure 3.21.

1
R=
θ∞ hS θ(x=0)

Figure 3.21 : Schéma électrique équivalent à un transfert convectif en régime variable

Résistance de contact entre 2 murs


Considérons maintenant le cas du transfert de chaleur à travers une résistance de contact R à l’interface entre
deux milieux solides tel que représenté sur la figure 3.22.
T1 (x =0 ) − T2 (x = 0 )
Le flux de chaleur s’écrit ϕ = peut aussi s’écrire : T1 (x =0 ) = R ϕ + T2 (x =0 ) que l’on peut
R
traduire dans l’espace de Laplace par : θ1 (x =0 ) = θ 2 (x =0 ) + R Φ si Φ est la transformée de Laplace du flux ϕ et
θi la transformée de Laplace de la température Ti.
Résistance de contact R

T1

T2

Figure 3.22 : Schéma de deux murs avec résistance de contact


x
On peut donc écrire sous forme matricielle quadripolaire:

 θ 1  1 R   θ 2 
Φ  =    (3.35)
 1  0 1  Φ 2 

Cette expression est analogue à la relation (3.34), le schéma électrique équivalent est donc du même type que
celui présenté sur la figure 3.21

Mur multicouches avec convection et résistances de contact


Les équations matricielles quadripolaires précédemment établies nous permettent d’écrire :
θ f1  1 1 h S A1 B1  1 R 12  A 2 B 2  1 R 23  A 3 B3  1 − 1 h S  θ f2 
 = 1        2   
Φ1  0 1   C1 D1  0 1   C 2 D 2  0 1   C 3 D 3  0 1  Φ 2 

sinh (q i ei ) p
avec : A i = D i = cosh (q i e i ) ; C i = λ i q i S sinh(q i e i ) ; B i = et q i =
λiqi S ai

R12 R23
e1 e2 e3

Fluide 1 à Tf1

Convection, h1 Convection, h2

Fluide 2 à Tf2

x1 x2 x3

Figure 3.23 : Schéma d’un mur multicouches avec convection et résistances de contact

La description du problème sous forme matricielle permet d’en obtenir une formulation très simple ce qui
montre tout l’intérêt de la méthode des quadripôles.

Milieu semi-infini
Il a été démontré au §3.1.2.1 que la température dans l'espace de Laplace d'un milieu semi-infini s'écrit :
p
θ(x , p ) = A e −q x où q =
a
On en déduit la valeur de la transformée de Laplace du flux en un point du milieu semi-infini :
dθ p ρcp
Φ ( x , p ) = −λ S = λ A q S e −q x = λ q S θ avec q= =
dx a λ
ρcp
Φ peut donc aussi s'écrire : Φ = λ q S θ = λ Sθ = λρc S p θ = ES p θ
λ
Où E est l'effusivité thermique.

On pourra donc écrire en tout point d'un milieu semi-infini :

θ  θ 
Φ  = E S p θ (3.36)
   

La relation quadripolaire (3.36) peut être représentée par le schéma électrique équivalent de la figure 3.24.
Φ

1
θ Z=
ES p
Z

Figure 3.24 : Schéma électrique équivalent à un milieu semi-infini en régime variable

Mur à température uniforme

Dans le cas d'un "système mince" : mur dont l'épaisseur et/ou la conductivité thermique permettent de
considérer sa température comme uniforme (Bi < 0,1, cf. §2.3.1), la différence entre le flux de chaleur entrant et
le flux de chaleur sortant du système s'écrit simplement :
ϕ1 − ϕ 2 = ρ c V dT soit en appliquant la transformée de Laplace : Φ 1 − Φ 2 = ρ c V p θ
dt
Ce qui peut se traduire sous forme quadripolaire par la relation :

 θ1   1 0  θ 2 
Φ  = ρ c V p 1  Φ  (3.37)
 1    2

La relation quadripolaire (3.37) peut être représentée par le schéma électrique équivalent de la figure 3.25.
Φ1 Φ2

θ1 θ2
C = ρVc

Figure 3.25 : Schéma électrique équivalent à un milieu à température uniforme en régime variable

Exemple d'application : cf. modélisation de la méthode du plan chaud, exercice 16.

3.1.4.2 Ecoulement radial


Cylindre creux L

r1 r2

ϕdu cylindre creux


Figure 3.26 : Schéma

On montre de la même manière qu’au § 3.1.4.1 (Maillet et al, 2000) que les températures et les flux dans
l’espace de Laplace peuvent être reliés par une relation quadripolaire :

 θ(r1, p )  A B   θ(r2 , p ) 
Φ (r , p ) =  C D Φ(r , p )
 1    2 
A = q r2 [K1 (q r2 ) I 0 (q r1 ) + K 0 (q r1 ] I1 (q r2 )

B=
1
[K 0 (q r1 ) I0 (q r2 ) − K 0 (q r2 ) I0 (q r1 )]
2πλL (3.38)
C = 2 π L ρ c p r1 r2 [K1 (q r1 ) I1 (q r2 ) − K1 (q r2 ) I1 (q r1 )]
[
D = q r1 K 0 (q r2) I1 (q r1 ) + K1 (q r1 )I0 (q r2 ) ]
I0, I1, K0 et K1 étant des fonctions de Bessel (cf. Annexe A.2.3). Le déterminant de la matrice quadripolaire
est égal à 1.

Cylindre creux semi-infini

Comme dans le cas du mur plan, on montre que l'on peut écrire en tout point d'un cylindre creux semi-
infini (r2 → ∞) (Maillet et al, 2000) :

 θ 
θ  q r1 K 1 (q r1 )  (3.39)
=
Φ  2 π λ L θ
  K 0 (q r1 ) 


La relation quadripolaire (3.39) peut être représentée par le schéma électrique équivalent de la figure 3.27.
Φ

K 0 (q r1 )
θ Z=
2 π λ L q r1 K1
Z

Figure 3.27 : Schéma électrique équivalent à un milieu semi-infini en régime variable

Exemple d'application : cf. modélisation de la méthode du fil chaud, § 7.2.2.

Sphère creuse
Τ1 r1

ϕ1
ϕ

Τ2
r2

Figure 3.28 : Schéma de la sphère creuse

On montre de la même manière qu’au § 3.1.4.1 (Maillet et al, 2000) que les températures et les flux dans
l’espace de Laplace peuvent être reliés par une relation quadripolaire :

 θ(r1 , p )   A B   θ(r2 , p ) 
Φ (r , p ) =  C D  Φ (r , p ) (3.40)
 1    2 

r2 sinh (p ) sinh (p )
A= cosh (p ) − ; B= ;
r1 q r1 4 π λ q r1 r2
Avec :
 r   1  r sinh (p )
C = 4 π λ r2 1 − 1  cosh (p ) +  q r1 − sinh (p )  ; D = 1 cosh (p ) +
 r 2  q r2  r2 q r2
Le déterminant de la matrice quadripolaire est égal à 1.

Sphère creuse semi-infinie

Comme dans le cas du mur plan, on montre que l'on peut écrire en tout point d'une sphère creuse semi-
infinie (r2 → ∞) :
θ  θ 
Φ  = 4 π λ r (1 + q r ) θ (3.41)
   1 1 
1
Le schéma électrique équivalent est identique à celui présenté sur la figure 3.23 avec Z =
4 π λ r1 (1 + q r1 )

3.2 Conduction unidirectionnelle en régime variable avec changement d’état

Température constante imposée en surface

Le milieu semi-infini est initialement à la température uniforme Ti en phase 2. On impose brutalement une
température de surface T0 inférieure à la température de changement de phase 2→1.Un changement de phase va
se produire tout d’abord à la surface puis se propager vers l’intérieur du milieu semi-infini.

L’équation de la chaleur s’écrit dans les phases 1 et 2 :

∂ 2 T1 1 ∂T1
= (a) dans la phase 1 [pour x < X(t)]
∂x 2
a 1 ∂t
∂ 2 T2 1 ∂T2
= (b) dans la phase 2 [pour x > X(t)]
∂x 2
a2 ∂t

Front de changement de phase à Tc

Phase 1 Phase initiale 2 Ti = T2(x, t=0)

Tc Milieu semi-infini
T0 = T1(x=0, t)

0 X(t) x

Figure 3.29 : Schéma d’un milieu semi-infini avec changement de phase

Les conditions aux limites s’écrivent :

T1 ( x,0 ) = T2 (x ,0) = Ti (c)


T1 (0, t ) = T0 (d)
T1 (X, t ) = T2 (X, t ) = Tc (e)
 ∂T   ∂T2  dX
λ 1  1  − λ 2   = L ρ (f)
 ∂x  X  ∂x X dt

On cherche la solution sous la forme :


 x 
T1 (x , t ) = A erf   + T pour 0 < x < X(t)
2 a t  0
 1 

  x 
T2 (x, t ) = Ti − B 1 − erf   pour X(t) > x où A et B sont des constantes arbitraires à déterminer
  2 a t 
  2 

Les solutions proposées vérifient l’équation de la chaleur (cf. §3.4.1.1), les conditions initiales (c) et la
condition (a). Il reste à vérifier les conditions (e) et (f) à l’interface x = X(t).
L’équation (e) conduit à :
 X(t )    
A erf   + T = T − B 1 − erf  X ( t )  = T
2 a t  0 i
  2 a t  c
 1    2 
Cette relation doit être vérifiée pour toutes les valeurs de t, on en déduit que : X = k t , où k est une
constante.
En tenant compte de cette forme de X(t), l’équation (f) permet d’écrire :
−k 2 −k 2

λ1 A e 4 a1
λ 2 B e 4a2 ρk
− =L
π a1 πa2 2
Tc − T0 Ti − Tc
Avec : A = et B=
 k   k 
erf   1 − erf  
2 a  2 a 
 1   2 
La position X(t) du front de changement de phase se calcule finalement par :

(3.42)
X( t ) = k t
Avec k solution de l’équation :

λ 1 (Tc − T0 )  −k2
 − λ 2 (Ti − Tc )
  −k2  Lρk
exp  exp  =
 k      k   
 4 a1    4a2  2
erf   1 − erf  
    
 2 a1   2 a 2 

Et la température dans chaque phase s’écrit :

Tc − T0  x  Ti − Tc   x 
T1 ( x , t ) = erf   + T ; T ( x, t ) = T − 1 − erf  
 k    0 2 i
  k     (3.43)
 2 a1 t   2 a2 t 
erf   1 − erf  
    
 2 a1  2 a 2 

On obtient dans le cas de l’eau les valeurs données dans le tableau 3.1.

Tableau 3.1 : Valeurs de k en fonction de Ti et de T0 pour de l’eau initialement liquide à Ti

T0
104 k
-3 -6 -9 -12 -15 -18
0 0,9871 1,3876 1,6893 1,9393 2,1559 2,3484
3 0,8937 1,2919 1,5925 1,8420 2,0582 2,2506
6 0,8106 1,2040 1,5025 1,7506 1,9661 2,1580
Ti 9 0,7371 1,1235 1,4188 1,6650 1,8792 2,0703
12 0,6724 1,0500 1,3411 1,5848 1,7974 1,9873
15 0,6154 0,9829 1,2690 1,5098 1,7203 1,9087
0,5653 0,9217 1,2023 1,4395 1,6477 1,8344

3.3 Conduction multidirectionnelle en régime variable

3.3.1 Théorème de Von Neuman


Certains problèmes bidimensionnels ou tridimensionnels peuvent être résolus par combinaison de 2 ou 3
solutions monodimensionnelles. Considérons par exemple le cas d’une barre rectangulaire infinie (longueur très
grande devant les côtés 2L1 et 2L2), elle peut être considérée comme l’intersection de deux plaques infinies
d’épaisseurs respectives 2L1 et 2L2. Le théorème de Von Neumann permet d’affirmer que la température
adimensionnelle de cette barre s’exprime comme le produit des températures adimensionnelles des deux plaques
infinies dont elle peut être considérée comme étant l’intersection :

 T ( x, y, t ) − T   T ( x, t ) − T   T ( y, t ) − T 
∞ ∞ ∞
  =   x   (3.44)
 T − T   T − T   T − T 
i ∞ barre 2 L1 x 2 L 2 i ∞ plaque 2 L1 i ∞ plaque 2 L 2
Remarques :
- Il faut vérifier que les conditions initiales et aux limites sont satisfaites sous forme adimensionnelle après
décomposition de la géométrie considérée en intersection d’éléments simples.
- Des géométries plus complexes peuvent également se décomposer en intersection d’éléments simples,
comme par exemple :
- Cylindre semi-infini = Cylindre infini ∩ Milieu semi-infini
- Barre rectangulaire semi-infinie = Barre rectangulaire infinie ∩ Milieu semi-infini
- Cylindre hauteur 2L = Cylindre infini ∩ Plaque épaisseur 2L…

3.3.2 Transformations intégrales et séparation de variables

Les problèmes de transfert multidirectionnel de la chaleur peuvent dans certains cas être traités comme en
unidirectionnel par transformations intégrales et séparation de variables. Nous traiterons simplement ici à titre
d’exemple le transfert de chaleur dans un cylindre fini d’épaisseur e et de rayon R, initialement à température
uniforme, lorsque l’une de ses faces est soumise à une densité de flux de chaleur uniforme φ0(t). Le cylindre
échange de la chaleur par convection sur toutes ses faces avec le milieu environnant (cf. figure 3.30).
h1

φ0(t)

h3

h2
Figure 3.30 : Schéma du système modélisé

Si l’on considère que φ0(t) est un Dirac, on retrouve la méthode Flash en 3D. Dans ce cas,
Φ 0 (p ) = L[φ 0 ( t )] = 1 .

Le problème est à symétrie cylindrique on utilise donc l’équation de la chaleur en coordonnées


cylindriques :
∂ 2 T (r , z , t ) 1 ∂T(r, z, t ) ∂ 2 T(r, z, t ) 1 ∂T(r, z, t )
+ + = (a)
∂r 2 r ∂r ∂z 2 a ∂t

La méthode de résolution utilisée est la suivante :


- Transformation de Laplace
- Séparation des variables
∂T(r,0, t )
λ = h 1 [T(r,0, t ) − Ti ] − φ 0 ( t ) (b)
∂z
∂T ( r , e , t )
−λ = h 2 [T (r, e, t ) − Ti ] (c)
∂z
∂T(0, z, t )
Conditions limites et initiale : =0 (d)
∂r
∂T ( R , z , t )
−λ = h 3 [T(R , r, t ) − Ti ] (e)
∂r
T(r, z,0) = Ti (f)

On pose ∆T(r, z, t ) = T(r, z, t ) − Ti et L[∆T(r, z, t )] = θ(r, z, p)


∂ 2 θ(r, z, p ) 1 ∂θ(r, z, p ) ∂ 2 θ(r, z, p ) p
La transformée de Laplace de (a) s’écrit : + + = θ(r, z, p )
∂r 2 r ∂r ∂z 2 a
On écrit la température après transformation de Laplace sous la forme suivante : θ(r, z, p ) = R (r, p) Z(z, p)
∂ 2 R (r, p) Z(z, p) 1 ∂R (r, p) Z(z, p) ∂ 2 R (r, p) Z(z, p) p
+ + = R (r, p) Z(z, p)
∂r 2 r ∂r ∂z 2 a
1  ∂ 2 R (r, p) 1 ∂R (r, p)  1 ∂ 2 Z(z, p) p
 + + =
R (r, p)  ∂r 2 r ∂r  Z(z, p) ∂z 2 a

1  ∂ 2 R(r, p) 1 ∂R(r, p)  1 ∂ 2 Z(z, p) p


On en déduit :  +  = −α2 et : − γ2 = 0 avec : γ2 = + α2
R(r, p)  ∂r 2 r ∂r  Z(z, p) ∂z 2 a
Les solutions des équations ci-dessus sont :
R(r, p) = A J 0 (α r) + B Y0 (α r)
Z(z, p) = C sh (γ z) + D ch (γ z)
Application des conditions aux limites :
Y0 (αr ) → −∞ lorsque r → 0 , or la température doit rester finie donc B=0 et R (r, p) = A J 0 (α r )
∂T ( R , z , t ) ∂R ( R , p)
En r = R : − λ = h 3 (T( R , z, t ) − Te ) ⇒ −λ = h 3 R (R , p)
∂r ∂r
∂R(r, p)
= −A α J1 (α r) donc : λ A α J 1 (α R ) = h 3 A J 0 (α R )
∂r
hR
On pose : H3 = 3 et ω = α R ,
λ
Les valeurs propres ωn sont solutions de l’équation transcendante : ω J 1 (ω) = H 3 J 0 (ω)
∂T (r, e, t ) ∂Z(e, p)
En z = e : − λ = h 2 (T(r, e, t ) − Te ) ⇒ −λ = h 2 Z(e, p)
∂z ∂z
p
D’où : −λ [C γ ch ( γ e) + D γ sh ( γ e)] = h 2 [C sh ( γ e) + D ch ( γ e)] avec : γ 2 = + α 2 et ω = α R
a
h2 e
En posant : β = γ e et H 2 =
λ
On obtient : −[C β ch (β) + D β sh (β)] = H 2 [C sh (β) + D ch (β)]
 D 
Or : θ(r, z, p ) = R (r, p) Z(z, p) = A J 0 (α r ) [C sh (γ z ) + D ch (γ z )] = C A J 0 (α r ) sh (γ z ) + ch (γ z )
 C 
D H 2 sh (β ) + β ch (β )
D’où : =−
C − β sh (β ) − H 2 ch (β )
On pose : E = A C
 H sh (β ) + β ch (β ) 
θ(r, z, p ) = E J 0 (α r ) sh ( γ z ) + 2 ch ( γ z )
 − β sh (β ) − H 2 ch (β) 
[(−β sh (β) − H 2 ch (β)) ch(γ z ) + (H 2 sh (β) + β ch (β)) sh (γ z )]
θ(r, z, p ) = E J 0 (α r ).
− β ch (β) − H 2 sh (β)
θ(r, z, p) = F J0 (α r ) {[−β sh (β) − H2 ch (β)] ch(γ z ) + [H 2 sh (β) + β ch (β)]sh(γ z )}

Après développement et factorisation on obtient une solution particulière. En faisant la somme de n = 1 à


l’infini de ces solutions, on obtient la solution générale :
n =∞
θ(r, z, p) = ∑ Fn J 0 (αn r ) [βn ch (γ n (e − z )) + H2 sh (γ n (e − z ))]
n =1
∂T(r,0, t )
En z = 0 : λ = h 1 (T(r ,0, t ) − Te ) − φ 0 (t )
∂z
∂θ(r,0, p )
Soit : λ = h 1θ(r,0, p ) − Φ 0 (p )
∂z
n =∞
λ ∑ Fn J 0 (α n r ) [− β n γ n sh (γ n (e − z )) − H 2 γ n ch (γ n (e − z ))] − ...
n =1
n =∞
h 1 ∑ Fn J 0 (α n r ) [β n ch (γ n (e − z )) + H 2 sh (γ n (e − z ))] = −Φ 0 (p )
n =1
n =∞
∑ Fn J 0 (α n r ) (λ βn γ n sh (γ n e ) + λ H 2 γ n ch (γ n e)) + h1 βn ch (γ n e ) + H 2 h1 sh (γ n e) = Φ 0 (p )
n =1

En posant H 1 =
e h1
λ
∞ λ
[( )
, on obtient : ∑ Fn J 0 (α n r ) β 2n + H 2 H 1 sh (β n ) + β n (H 2 + H 1 ) ch (β n )
e
] = Φ 0 (p )
n =1

Si l’on pose : G n = Fn [(
λ 2
e
)
β n + H 2 H1 sh (β n ) + β n (H 2 + H1 )ch (β n ) ]

On obtient : ∑ G n J 0 (α n r ) = Φ 0 (p )
n =1
R
L’orthogonalité des fonctions propres permet d’écrire: ∫ J 0 (αn r ) J 0 (α m r) r dr = 0 si αn ≠ αm
0
R ∞ R
Donc ∫ r J 0 (α m r )dr ∑ G n J 0 (α n r ) = ∫ Φ 0 (p ) rJ 0 (α m r )dr
0 n =1 0
R R
D’où : G n ∫ rJ 02 (α n r )dr = ∫ Φ 0 (p ) rJ 0 (α n r )dr
0 0
R 1
∫ Φ 0 (p ) rJ 0 (α n r )dr Φ 0 (p ) RJ 1 (α n R )
αn 2 Φ 0 (p )
Gn = 0
= =
( )  
R 2
ω2
∫ r J 0 (α n r )dr
R
J 12 (α n R ) + J 02 (α n R )
2
ω n 1 + n .J 1 (α n R )
o 2  H 2 
 3 

On en déduit finalement :

n =∞
θ(r, z, p ) = ∑ Fn J 0 (α n r ) [βn ch(γ n (e − z )) + H2sh (γ n (e − z ))] (3.45)
n =1

e
2 Φ 0 (p )
où : Fn = λ
 ω2
ω n 1 + n
 H2

[( )
 J1 (ω n ) β 2n + H 2 H 1 sh (β n ) + β n (H 2 + H 1 ) ch (β n )

]
 3
ω J (ω )
Les ωn étant les solutions de l’équation transcendante J 0 (ω n ) = n 1 n résolue numériquement. Une
H3
centaine de termes est suffisante pour calculer θ(r,z,p). On calcule ensuite T(r,z,p) par transformation de Laplace
inverse effectuée numériquement.
4 TRANSFERT DE CHALEUR PAR RAYONNEMENT
4.1 Généralités. Définitions

4.1.1 Nature du rayonnement

Tous les corps, quelque soit leur état : solide, liquide ou gazeux, émettent un rayonnement de nature
électromagnétique. Cette émission d’énergie s’effectue au détriment de l’énergie interne du corps émetteur.
Le rayonnement se propage de manière rectiligne à la vitesse de la lumière, il est constitué de radiations de
différentes longueurs d’onde comme l’a démontré l’expérience de William Herschel :
T

Source à
To

Prisme
Ecran absorbant

Figure 4.1 : Principe de l’expérience de William Herschel

En passant à travers un prisme, les radiations sont plus ou moins déviées selon leur longueur d’onde. On
envoie donc les radiations émises par une source à la température T0 sur un prisme et on projette le faisceau
dévié sur un écran absorbant (noirci), on obtient ainsi la décomposition du rayonnement total incident en un
spectre de radiations monochromatiques.
Si l’on déplace le long de l’écran un thermomètre, on mesure la température Te caractérisant l’énergie reçue
par l’écran dans chaque longueur d’onde. En construisant la courbe Te = f(λ), on obtient la répartition spectrale
de l’énergie rayonnée pour la température T0 de la source. On constate alors que:
- L’énergie émise est maximale pour une certaine longueur d’onde λm variable avec T0.
- L’énergie n’est émise que sur un intervalle [λ1, λ2] de longueur d’onde caractérisant le rayonnement
thermique.

On trouvera représentés sur la figure 4.2 les différents types d’ondes électromagnétiques et leurs longueurs
d’ondes correspondantes. On retiendra que le rayonnement thermique émis par les corps se situe entre 0,1 et 100
µm. On notera par ailleurs que le rayonnement est perçu par l’homme :

- Par l’oeil : pour 0,38 µm < λ < 0,78 µm rayonnement visible.


- Par la peau : pour 0,78 µm < λ < 314 µm rayonnement IR.

Thermique
log10(λ)

-11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5
γ X IR

visible
Micro-onde Onde radio Téléphone

Figure 4.2 : Spectre des ondes électromagnétiques (λ en m)


4.1.2 Définitions
4.1.2.1 Classification

Les grandeurs physiques seront distinguées selon :


- La composition spectrale du rayonnement
- Si la grandeur est relative à l’ensemble du spectre elle est dite totale.
- Si elle concerne un intervalle spectral étroit dλ autour d’une longueur d’onde λ elle est dite
monochromatique : Gλ.
- La distribution spatiale du rayonnement
- Si la grandeur est relative à l’ensemble des directions de l’espace, elle est dite hémisphérique.
- Si elle caractérise une direction donnée de propagation, elle est dite directionnelle : Gx.

4.1.2.2 Définitions relatives aux sources

Flux
- On appelle flux d’une source S la puissance rayonnée notée ϕ par S dans tout l’espace qui l’entoure, sur
toutes les longueurs d’onde. Le flux ϕ s’exprime en W.
- Le flux envoyé par un élément de surface dS dans un angle solide élémentaire dΩ est noté d2ϕ
- Le flux envoyé dans tout l’espace par une surface élémentaire dS est noté dϕ.
- Le flux envoyé par une surface S dans l’angle solide dΩ entourant la direction Ox est noté dϕx.

Nous avons donc les relations suivantes : ∫


dϕ = d 2 ϕ et

∫ ∫
ϕ = dϕ = dϕ x
S Ω
Rappel sur les angles solides élémentaires :

L’angle solide sous lequel depuis un point O on voit une surface S est par définition l’aire de la surface
intersection de la sphère de rayon unité et du cône de sommet O s’appuyant sur le contour de la surface S.
L’angle solide élémentaire dΩ sous lequel est vu d’un point O le contour d’une petite surface dS (assimilée à
une surface plane) peut être calculé par :

dS cosα
O dS cos α (4.1)
r α dΩ =
dS r2

n
Figure 4.3 : Schéma de l’angle solide
Propriétés :
- La valeur d’un angle solide Ω est comprise entre 0 et 4π
- Pour un cône de demi-angle au sommet α : Ω = 2 π (1 − cos α )

Emittance énergétique
- Monochromatique :
Un élément de surface dS émet un certain flux d’énergie par rayonnement dans toutes les directions du
½ espace. Ce flux est réparti sur un intervalle de longueurs d’ondes. Si l’on considère le flux d’énergie
dϕλλ + dλ émis entre les deux longueurs d’ondes λ et λ+dλ, on définit l’émittance monochromatique d’une
source à la température T par :

dϕλλ + dλ (4.2)
M λT =
dS dλ

- Totale :
C’est la densité de flux de chaleur émise par rayonnement par dS sur tout le spectre des longueurs
d’ondes. Elle n’est plus fonction que de la température T et de la nature de la source :
λ =∞
dϕ (4.3)
MT = ∫M
λ=0
λT dλ =
dS

Intensité énergétique dans une direction

On appelle intensité énergétique Ix le flux par unité d’angle solide émis par une surface dS dans un angle
solide dΩ entourant la direction Ox :
dϕ x
Ix = (4.4)
dΩ

Luminance énergétique dans une direction



Soit α l’angle fait par la normale n à la surface émettrice S avec la direction Ox. La projection de dS sur le
plan perpendiculaire à Ox définit la surface émettrice apparente dSx = dS cos α. L’intensité énergétique
élémentaire dIx dans la direction Ox par unité de surface émettrice apparente dSx s ‘appelle la luminance
énergétique Lx. En partant de la relation (4.4) :


n Ix Ix d 2ϕx
dS Lx = = = (4.5)
α dS x dS cosα dΩ dS cos α

Ox
Figure 4.4 : Schéma de définition des angles

Application : Formule de Bougouer

On déduit des définitions précédentes l’expression du flux d2ϕx envoyé par un élément dSi de luminance Lx
sur un autre élément dSk :
d 2ϕx = I x dΩ = Lx dSi cos αi dΩ

dSi αk Ox
r
dSk
αi

Figure 4.5 : Schéma de définition des angles dans la formule de Bougouer

dS k cos α k
Où : dΩ est l’angle solide sous lequel on voit la surface dSk depuis la surface dSi donc dΩ =
r2

D’où la formule de Bougouer : dS i cosα i dS k cosα k (4.6)


d 2ϕx = Li x 2
r

4.1.2.3 Définitions relatives à un récepteur

Eclairement

C’est l’homologue de l’émittance pour une source. L’éclairement est le flux reçu par unité de surface
réceptrice, en provenance de l’ensemble des directions.
Réception du rayonnement par un solide

Quand un rayon incident d’énergie ϕλ frappe un corps à la température T, un partie ϕλ ρλT de l’énergie
incidente est réfléchie par la surface S, une autre partie ϕλ αλT est absorbée par le corps qui s’échauffe et le reste
ϕλ τλT est transmis et continue son chemin :

ϕλ ρλT réfléchi ϕλ incident

ϕλ αλT absorbé
Corps à
ϕλ τλT transmis

Figure 4.6 : Schématisation de la répartition d’un flux incident de rayonnement sur un solide

On a évidemment : ϕλ = ϕλ ρλΤ + ϕλ αλΤ + ϕλ τλΤ d’où : ρλT + αλT + τλT = 1

On définit ainsi les pouvoirs monochromatiques réfléchissant ρλT, absorbant αλT et filtrant τλT qui sont
fonction de la nature du corps, de son épaisseur, de sa température T, de la longueur d’onde λ du rayonnement
incident et de l’angle d’incidence.
Si l’on considère l’énergie incidente sur tout le spectre des longueurs d’onde, on obtient les pouvoirs
réfléchissants ρT , absorbant αT et filtrant τT totaux. Les valeurs de ρT, αT et τT de certains corps sont donnés
en annexe A.4.1.

4.1.2.4 Corps noir, corps gris

Corps noir

C’est un corps qui absorbe toutes les radiations qu’il reçoit indépendamment de son épaisseur, de sa
température, de l’angle d’incidence et de la longueur d’onde du rayonnement incident, il est défini par : αλT = 1.
Une surface enduite de noir de fumée est approximativement un corps noir.
Propriétés du corps noir :
- Tous les corps noirs rayonnent de la même manière.
- Le corps noir rayonne plus que le corps non noir à la même température.

Corps gris

Un corps gris est un corps dont le pouvoir absorbant αλT est indépendant de la longueur d’onde λ du
rayonnement qu’il reçoit. Il est défini par : αλT = αT.
En général, on considère les corps solides comme des corps gris par intervalle et on utilise un pouvoir
absorbant moyen vis-à-vis du rayonnement émis pour λ < 3 µm (rayonnement émis par des corps à haute
température comme le Soleil) et un pouvoir absorbant moyen vis-à-vis du rayonnement émis pour λ > 3 µm
(rayonnement émis par les corps à faible température : atmosphère, absorbeur solaire,...). On pourra à titre
d’exemple considérer les valeurs suivantes pour la peinture blanche :
αλT
1
αλT = 0,9

αλT = 0,3

0 λ
λ = 3 µm
Figure 4.7 : Représentation simplifiée du pouvoir absorbant monochromatique de la peinture blanche.
4.2 Lois du rayonnement

4.2.1 Loi de Lambert


Une source est isotrope si la luminance est indépendante de la direction : Lx = L

In Ix Ix
Or Lx = =
dS x dS cos α

De l’égalité Lx = L on déduit la loi de Lambert pour une source isotrope :
α
dI x (4.7)
= L cos α
dS
S
Figure 4.8 : Schématisation de
l’intensité énergétique

Ainsi l’indicatrice d’émission est une sphère tangente en O à la surface émettrice lorsque celle-ci suit la loi de
Lambert :

In

L
L α

dS dS
Luminance Intensité énergétique
Figure 4.9 : Schématisation de la luminance et de l’intensité énergétique d’une source isotrope

Remarque : Comme pour un cône de demi-angle au sommet α : Ω = 2 π (1 − cos α ) et dΩ = 2 π sin α dα ,


α=π α=π
dϕ 2 2
lorsqu’un corps suit la loi de Lambert : M = =L ∫ cos α dΩ = 2 π L ∫ cos α sin α dα
dS α =0 α =0

Soit : M=πL (4.8)

4.2.2 Lois physiques


4.2.2.1 Loi de Kirchoff
M λT
A une température T donnée et pour une longueur d’onde λ donnée, le rapport est le même pour tous
α λT
les corps.
M λT
Pour le corps noir : αλT = 1 , le rapport est donc égal à MολT en appelant MολT l’émittance
α λT
monochromatique du corps noir, donc :

M λT = α λT MoλT (4.9)

L’émittance monochromatique de tout corps est égale au produit de son pouvoir absorbant monochromatique
par l’émittance monochromatique du corps noir à la même température, d’où l’intérêt de connaître le
rayonnement émis par le corps noir.
Cas des corps gris : loi de Kirchoff généralisée

Dans le cas du corps gris, on peut généraliser cette loi ce qui facilite les applications. En effet pour un corps
gris αλT = αT , donc :
λ=∞ λ=∞ λ =∞
MT =
λ=0
∫M λT dλ = ∫α
λ=0
λT Mo λT dλ = αT ∫ Mo
λ =0
λT dλ

En appelant MoT l’émittance totale du corps noir à la température T, nous obtenons pour un corps gris :

M T = α T Mo T (4.10)

L’émittance totale MT d’un corps gris à la température T est égal au produit de son pouvoir absorbant αT par
l’émittance totale MoT du corps noir à la même température.

4.2.2.2 Rayonnement du corps noir

Emittance monochromatique

Elle est donnée par la loi de Planck :

C1 λ−5
Mo λT =
 C 
exp 2  − 1 (4.11)
 λT 

Avec : C1= 3,742.10-16 W.m-2


C2 = 1,4385.10-2 m.K

La loi de Planck permet de tracer les courbes isothermes représentant les variations de MoλT en fonction de
la longueur d’onde pour diverses températures :

Emittance d'un corps noir à 100°C Emittance d'un corps noir à 5777 K
100
2,5E+08

80
2,0E+08
Moλ Τ (W.m )

Mo λΤ (W.m )
-3

-3

60 1,5E+08

40 1,0E+08

20 5,0E+07

0 0,0E+00
0 1 2 3 4
0 10
λ (µ
µ m)
20 30 λ (µ
µ m)

Figure 4.10 : Emittance monochromatique d’un corps noir à deux températures différentes

Remarques :

- La longueur d’onde λM pour laquelle l’émission est maximale varie avec la température de la source :

5
2,897.10-3  T 
λM = (4.12) et Mo λ M T = 0,410   (4.13)
T  10 

Avec T : Température (K)


Pour le Soleil ( T≈ 5777 K ), 90% de l’énergie est émise entre 0,31 et 2,5 µm, le maximum étant situé dans le
spectre visible. Par contre, un corps noir à 373 K (100°C) a son émission maximale vers λ = 8 µm dans l’IR.

Emittance totale MoT

L’intégration de la formule de Planck pour toutes les longueurs d’onde donne l’émittance totale MoT du corps
noir qui n’est plus fonction que de la température T , on obtient la loi de Stefan-Boltzmann :

Mo T = σ T 4 (4.14)

avec σ = 5,675.10-8 W.m-2.K-4


4
 T 
Dans les calculs on écrira souvent : M 0T = 5,675  
 100 

Fraction de l’émittance dans un intervalle donné de longueurs d’onde [λ1, λ2]

C’est la fraction du flux émis par l’unité de surface du corps noir à la température T entre les longueurs
d’ondes λ1 et λ2 :
λ2 λ2 λ2 λ1 λ2 λ1


λ1
Mo λT dλ ∫
λ1
Mo λT dλ
∫ Mo λT dλ − ∫ Mo λT dλ ∫ Mo λT dλ ∫ Mo λT dλ
Fλ1T − λ 2 T = ∞
= = 0 0
= 0
− 0
σ T4 σT 4
σ T4 σ T4
∫ Mo
0
λT dλ

Ce qui peut également s’écrire : Fλ1T − λ 2T = F0 − λ 2T − F0 − λ1T ; Calculons F0 − λT à T constant :


λ λ λ
C1 λ−5 C1 (λ T )−5 C1 (λ T )−5
d(λ T )
1 1 1
F0 − λT =
σ T4 ∫  C 
dλ =
σ ∫  C 
T dλ =
σ ∫  C 
0 exp 2  −1 0 exp 2  −1 0 exp 2  −1
 λT   λT   λT 

Nous constatons que F0-λT ne dépend que du produit λT. Il suffit donc de dresser une fois pour toutes une
table à une entrée unique λT donnant F0-λT et de l’utiliser pour le calcul de Fλ1T − λ 2T = F0 − λ 2T − F0 − λ1T . Le
tableau des valeurs est donné en annexe A.4.2.

4.2.2.3 Rayonnement des corps non noirs

Facteur d’émission ou émissivité

On définit les propriétés émissives des corps réels par rapport aux propriétés émissives du corps noir dans
les mêmes conditions de température et de longueur d’onde et on les caractérise à l’aide de coefficients appelés
facteurs d’émission ou émissivités. Ces coefficients monochromatiques ou totaux sont définis par :

M λT MT
ε λT = et ε T = (4.15)
Mo λT Mo T

D’après la loi de Kirchoff, on montre que :


α λ T = ε λT
(4.16)
Cas des corps gris

Ils sont caractérisés par α λT = α T soit d’après ce qui précède : ε λT = ε T


Or : M T = ε T Mo T , nous en déduisons l’émittance du corps gris à la température T :

MT = εT σ T 4 (4.17)

4.3 Rayonnement réciproque de plusieurs surfaces

Hypothèses :
- Les surfaces considérées sont supposées homogènes, opaques, isothermes et grises.
- Les éclairement sont supposés homogènes et les réflexions diffuses ;

4.3.1 Radiosité et flux net perdu

Le rayonnement qui quitte une surface Si est la somme de son émission propre et de la réflexion d’une partie
du rayonnement incident sur cette surface. On appelle radiosité, que l’on note Ji, l’émittance apparente de la
surface Si donc :

J i = ε i σ Ti 4 + (1 − ε i ) E i (4.18)

Avec Ei : Eclairement de la surface Si (W.m-2)

Considérons maintenant la surface Si choisie parmi n surfaces isothermes et homogènes qui délimitent un
volume :

ε i σ T i4 Ei
(1 - εi) Ei

Si
εi Ei
Figure 4.11 : Schématisation des flux de rayonnement sur une surface

La densité d’énergie nette perdue par rayonnement par Si s’écrit : φ i net = ε i σ Ti − ε i E i


4

En introduisant, d’après (4.18), la radiosité Ji par : Ei =


1
1− εi
(J i )
− ε i σ Ti 4 , nous obtenons :

φ i net =
εi
1− εi
( ) ( )
σ Ti 4 − J i = ε i σ Ti 4 − E i = J i − E i (4.19)

4.3.2 Facteur de forme géométrique

On considère une surface Si qui sur toute son étendue a une émission apparente ϕ i = S i J i .
La surface Si est environnée par un nombre n de surfaces et ϕi est envoyé sur toutes ces surfaces (la surface Si
peut également rayonner vers elle-même si elle est concave). Le flux apparent ϕi peut donc se décomposer de la
manière suivante :
ϕ i = ϕ i →1 + ϕ i →2 + .............. + ϕ i →i + .............. + ϕ i → n
Calculons ϕ i →k qui est la part du flux quittant Si qui atteint Sk :
D’après la formule de Bougouer, le flux d 2 ϕ i →k envoyé par la surface élémentaire dSi vers la surface
élémentaire dSk s’écrit :
dS i cos α i dS k cos α k
d 2 ϕ i→k = L i
r2

Ji
avec Li = comme la surface grise Si suit la loi de Lambert.
π

cosα i cosα k
Nous en déduisons : ϕ i → k = J i ∫ ∫ dS i dS k
SS π r2 i k

Le facteur de forme géométrique fik de la surface Si par rapport à la surface Sk est alors défini par la relation :

cos α i cos α k
S i f ik = ∫∫
Si S k
πr2
dS i dS k (4.20)

Il ne dépend que de la géométrie et de la disposition relative des surfaces Si et Sk. Des formules donnent sa
valeur pour les cas de figure les plus courants (cf. annexe A.4.3). Le flux ϕ i →k peut alors s’écrire simplement :
ϕi → k = J i f ik Si
Le facteur de forme géométrique fik s’interprète simplement comme la fraction du flux total émis en
apparence par Si ( ϕ i = J i S i ) qui atteint la surface Sj.
Remarques :

- Le 2ème membre de la formule (4.20) de définition de fik est symétrique en i et k, on en déduit la relation de
réciprocité des facteurs de forme :

S i f ik = S k f ki (4.21)

- La relation ϕ i = ϕ i →1 + ϕ i →2 + .............. + ϕ i →i + .............. + ϕ i → n peut s’écrire :

ϕ i = J i f i1 S i + J i f i 2 S i + ................ + J i f in S i = J i S i (f i1 + f i 2 + ............ + f in ) or ϕ i = Si J i

D’où : f i1 + f i 2 + ............ + f in = 1 (4.22)

Ces deux relations sont utiles pour la détermination des facteurs de formes de plusieurs surfaces en présence.

4.3.3 Calcul des flux


n
Le flux ϕ →i reçu par la surface Si s’écrit : ϕ → i = E i Si = ∑ϕ
k =1
k →i or ϕ k → i = J k S k f ki
n n
D’où : E i S i = ∑J
k =1
k S k f ki = ∑J
k =1
k S i f ik d’après (4.21).

n
En reportant cette expression dans (4.18), nous obtenons : J i = ε i σ Ti 4 + (1 − ε i ) ∑J k f ik
k =1
Ji 1 n
Soit encore : σ Ti 4 = − ∑ (1 − ε i ) J k f ik
εi εi k =1
n
En utilisant le symbole de Kronecker, nous pouvons écrire : J i = ∑δ
k =1
ik Jk

n
∑ [δ ik − (1 − ε i ) f ik ] J k = ε i σ Ti
4
D’où : (4.23)
k =1

On écrit cette relation pour toutes les surfaces Si dont on connaît les températures. Pour celles dont on connaît
n
plutôt la densité de flux net perdue φ i net on utilise la relation : φ i net = J i − E i = J i − ∑ f ik J k
k =1
Qui peut encore s’écrire :

∑ (δ )
n
(4.24)
ik − f ik J k = φ i net
k =1

Méthode de résolution

Si l’on connaît p températures et (n-p) densités de flux nets φ i net , on écrit p fois l’équation (4.23) et (n-p)
fois l’équation (4.24), on obtient ainsi un système linéaire de n équations à n inconnues : J1, J2, .....Jp,, Tp+1,
......Tn.

La résolution de ce système permet de calculer les (n-p) températures et les p radiosités inconnues. Les p
densités de flux nets inconnues se calculent ensuite par la relation : φ i net =
εi
1− εi
σ Ti 4 − J i ( )
Remarque :

Si une surface est noire (εi = 1), la relation (4. 23) ne peut pas être utilisée. Nous avons alors simplement dans
ce cas la relation : J i = σ Ti 4 et l’on résout le système des (n-1) équations restantes.

Exemple d’application : Cas de deux plans parallèles infinis

On suppose que les températures T1 et T2 ainsi que les émissivités ε1 et ε2 des deux surfaces S1 et S2 sont
connues, on cherche à déterminer le flux net perdu par chacune de ces surfaces.

Nous avons f11 = f22 = 0 car les surfaces S1 et S2 sont planes et ne peuvent pas rayonner vers elles-mêmes.
n
Nous en déduisons f12 = 1 et f21 = 1 en appliquant la relation ∑f
k =1
ik = 1 pour i = 1 et pour i = 2.

La relation (4.23) s’écrit alors de la manière suivante pour i = 1 et i = 2 :


 J1 − (1 − ε1 ) J 2 = ε1 σ T1 4

− (1 − ε 2 ) J1 + J 2 = ε 2 σ T2
4

ε1 T14 + ε2 (1 − ε1 ) T2 4
D’où : J1 = σ
1 − (1 − ε1 )(1 − ε2 )
ε 2 (1 − ε1 )
φ1net =
ε1
1 − ε1
(σ T 1 )  ε
− J1 = σ T14  1 −
4 ε1

ε1 
 − σ T2 4

ε1

 1 − ε1 1 − ε1 ε1 + ε 2 − ε1 ε 2  1 − ε1 ε1 + ε 2 − ε1 ε 2

Et φ1net = − φ2 nnet (
= σ T14 − T2 4 ) ε1 ε 2
ε1 + ε 2 − ε1 ε 2

T1 4 − T2 4
Soit finalement : φ1net = − φ 2 nnet = σ (4.25)
1 1
+ −1
ε1 ε2
4.3.4 Analogie électrique

Flux net perdu par une surface

Nous avons montré que : φi net =


εi
1 − εi
(
σ Ti 4 − J i ) σ Ti 4 − J i
ce qui peut encore s’écrire : ϕi net =
1 − εi
ε i Si
Par analogie, cette relation peut être représentée par le schéma électrique équivalent suivant :
ϕ i net
σ Ti 4
Ji
1− εi
ε i Si
Figure 4.12 : Schéma électrique équivalent du flux radiatif perdu par une surface

On notera que cette résistance thermique de rayonnement ne dépend que des propriétés physiques de la
surface Si et qu’elle est nulle pour un corps noir.

Flux net échangé entre plusieurs surfaces

Le flux net perdu par la surface Si dans ses échanges radiatifs avec l’ensemble des surfaces environnantes
s’écrit d’après la relation (4.19) : ϕ i net = (J i − E i ) S i
Le flux ϕi = Ji Si quittant la surface Si peut se décomposer de la manière suivante :
n
ϕ i = ϕ i →1 + ϕ i →2+.................+ ϕ i →n = ∑J
j=1
i S i f ij

L’éclairement Ei reçu par la surface Si peut se décomposer de la manière suivante :


n n
E i S i = ∑ ϕ j→i = ∑ J j S j f ji
j=1 j=1
Le flux net perdu par Si peut donc s’écrire :
ϕ i ne t = ∑ J i S i f ij − J j S j f j i = ∑ S i f ij (J i − J j ) = ∑ ϕ net i → j
n n n

j=1 j=1 j=1

Ji − J j
Le flux net échangé entre les surfaces Si et Sj s’écrit donc : ( )
ϕ net i → j = J i − J j Si f ij =
1
Si f ij
Cet échange radiatif peut être représenté par le schéma électrique équivalent suivant :
ϕ net i → j

Ji Jj
1
Si f ij

Figure 4.13 : Schéma électrique équivalent du flux radiatif échangé entre deux surfaces

On notera que cette résistance thermique de rayonnement est purement géométrique et qu’elle ne dépend pas
des propriétés physiques des surfaces Si et Sj.

Application : Echange entre deux surfaces grises

Si les deux surfaces S1 et S2 sont seules en présence, le flux net ϕ1net perdu par S1 est égal au flux net ϕ 2net
gagné par S2 . Ce flux est encore égal au flux net ϕnet1→2 échangé entre S1 et S2, nous avons donc les égalités :
ϕ1net = ϕ net1→ 2 = − ϕ 2net
σ T1 4 − J 1 J1 − J 2 J 2 − σ T2 4
Soit ϕ1net = = =
1 − ε1 1 1− ε 2
ε1 S1 S1 f 12 ε 2 S2

Cet échange radiatif peut être représenté par le schéma électrique équivalent suivant :

ϕ1net
σ T1 4
J1 J2 σ T2 4

1 − ε1 1 1− ε2
ε1 S1 S1 f12 ε 2 S2

Figure 4.14 : Schéma électrique équivalent du flux radiatif net échangé entre deux surfaces

T1 4 − T2 4
D’où ϕ1net = − ϕ 2 net = σ (4.26)
1 − ε1 1 1− ε 2
+ +
ε1 S1 S1 f 12 ε2 S2

Utilisation des schémas analogiques


Dans les systèmes simples, il est plus rapide d’utiliser la technique des schémas analogiques que celle du
système linéaire. Lorsqu’on a établi le schéma analogique, on calcule les différentes résistances du circuit puis
on résout par les techniques habituelles utilisées en électricité : loi d’association des résistances en série et en
parallèle, loi des noeuds,...

Exemple d’application : Cas d’une surface S1 convexe complètement entourée par une surface S2
La surface S1 étant convexe elle ne peut pas rayonner vers elle-même donc : f11 = 0
La relation f11 + f12 =1 nous permet de déduire : f12 = 1

La relation (4.26) s’écrit alors :

T1 4 − T2 4 T1 4 − T2 4
ϕ1net = − ϕ 2 net = σ =σ
1 − ε1 1 1− ε 2 1 1 1
+ + + −
ε1 S1 S1 ε 2 S2 ε1 S1 ε 2 S2 S2

ϕ1net = − ϕ 2 net = σ
(
S1 T1 4 − T2 4 )
D’où : 1 S  1  (4.27)
+ 1  ε − 1
 
ε1 S2  2 

Cas particulier où la surface S1 est « petite » devant la surface S2 :


S1
Nous avons dans ce cas : ≈ 0 et la relation (4.27) s’écrit alors :
S2

(
ϕ1net = − ϕ 2net = σ ε1 S1 T14 − T2 4 ) (4.28)

Vue de la surface S1 (« petit corps »), la surface S2 se comporte alors comme un corps noir.
4.4 Emission et absorption des gaz

4.4.1 Spectre d’émission des gaz

Beaucoup de gaz et de mélanges de gaz sont transparents pour T < 3000 K : O2, N2, air sec...

Par contre, les gaz hétéropolaires di-atomiques ou tri-atomiques (CO2, SO2 , CH4...) et des vapeurs
d’hydrocarbures ou d’alcools présentent des bandes d’émission et d’absorption de largeur plus ou moins grande
dans le spectre, le gaz restant transparent entre ces bandes. Les spectres d’émission sont de plus différents selon
la température du gaz.

Le CO2 et la vapeur d’eau sont importants en pratique :


- Présents en grande quantité dans les gaz de combustion, leur rayonnement est parfois essentiel dans les
échanges de chaleur entre les flammes, les gaz chauds et les charges à réchauffer.
- Présents dans l’atmosphère, le flux qu’ils envoient vers la Terre joue un rôle important dans son bilan
thermique :
- Les refroidissements nocturnes importants observés en saison sèche s’expliquent par l’abaissement
du rayonnement émis par l’atmosphère du fait de la faible présence de vapeur d’eau dans l’air.
- L’augmentation de la teneur en CO2 dans l’atmosphère du fait des émissions industrielles et
automobiles augmente le rayonnement émis par l’atmosphère vers la Terre et contribue au
réchauffement de la Terre (effet de serre).

4.4.2 Echange thermique entre un gaz et une paroi

Cas particulier
Traitons le cas d’une masse de gaz hémisphérique et d’une paroi plane de petites dimensions placée au centre
de la base de l’hémisphère :
R
Tg

Tp

Figure 4.15 : Schématisation du cas considéré

Soient Tp et Tg les températures de la paroi et du gaz et R le rayon de l’hémisphère.

Le gaz envoie sur la paroi un rayonnement dont la densité de flux a pour valeur : σ ε g Tg
4
, εg étant le
facteur total d’émission de la couche de gaz d’épaisseur R à la température Tg. εg a la même valeur dans toutes
les directions car la couche de gaz a la même épaisseur dans toutes les directions du fait de sa forme
hémisphérique.
La densité de flux absorbé par la paroi est : ε p σ ε g Tg
4
, εp étant le facteur total d’absorption de la paroi.

La paroi émet par ailleurs un rayonnement d’une densité de flux égale à : σ ε p Tp


4

Au total, la paroi reçoit la densité de flux net :

(
φ p net = ε p σ ε g Tg 4 − Tp 4 ) (4.29)

Cas général

Dans le cas particulier que nous venons de traiter, tous les trajets aboutissant à la paroi ont la même longueur
donc εg est le même dans toutes les directions. Il n’en n’est pas ainsi dans le cas général. Par exemple, dans le
cas d’une paroi sphérique de diamètre D enfermant une masse gazeuse, les trajets aboutissants à la paroi ont une
longueur comprise entre 0 et D. Le calcul de la densité de flux envoyée par le gaz sur la paroi nécessite donc une
intégration par rapport à l’angle d’incidence.
l1 l2

l3

φD

Figure 4.16 : Schématisation du transfert radiatif dans une sphère gazeuse

On trouve par exemple dans ce cas que la densité de flux est égale à celle que l’on obtiendrait avec une
2
hémisphère de rayon équivalent R = D
3
D’une manière plus générale, on trouve qu’une bonne approximation du rayon de l’hémisphère équivalent
peut être calculée par :
4V
R= (4.30)
S

Des valeurs plus précises sont données dans le tableau de l’annexe A.4.4.

Echange thermique entre deux parois séparées par un gaz

Considérons un gaz séparant deux surfaces S1 et S2 supposées planes, parallèles et noires, à des températures
différentes T1 et T2 . On admettra que la masse de gaz est à la température uniforme Tg et qu’elle a une épaisseur
constante L.
S1

σ ε g Tg 4
σ (1 − ε g ) T2 4 σ T1 4

L σ ε g T2 4 σ ε g T1 4

σ T2 4 σ ε g Tg 4 σ (1 − ε g ) T14
S2

Figure 4.17 : Schématisation des flux radiatifs entre deux parois séparées par un gaz

La température Tg du gaz peut être calculée en fonction de T1 et de T2 en écrivant que le flux de chaleur
absorbé par la couche gazeuse est égal au flux qu’elle rayonne vers les deux parois :

2 σ ε g Tg 4 = ε g σ T1 4 + ε g σ T2 4
T1 4 + T2 4
D’où : Tg 4 =
2

La densité de flux qui passe de la surface S1 à la surface S2 s’écrit : φ1→2 = σ T14 (1 − εg ) + σ εg Tg 4

D’où : ( 
φ1net = −φ 2 net = φ1→ 2 − σ T2 4 = σ T1 4 − T2 4 1 −
εg
2
) 

 (4.31)
 
5 TRANSFERT DE CHALEUR PAR CONVECTION
5.1 Rappels sur l’analyse dimensionnelle

5.1.1 Dimensions fondamentales

On peut exprimer les grandeurs physiques en fonction d'un nombre limité de dimensions fondamentales.

Exemples : Vitesse : L . T-1 ; viscosité dynamique : M . L-1.T-1 ; force : M.L.T-2

Sur ces exemples on voit que le nombre de dimensions fondamentales est de 3 : Masse M, Longueur L,
Temps T.

Ces trois dimensions fondamentales ne sont pas toujours suffisantes. Pour les problèmes de transfert de
chaleur, il est nécessaire d'ajouter une 4ème dimension : la température θ et, lorsque l'échange d'énergie entre
grandeurs mécaniques et grandeurs thermiques ne sera pas mesurable, on ajoutera la quantité de chaleur Q qui
sera considérée comme une 5ème dimension.

Remarque : Q, homogène à un travail qui s'exprime en fonction des dimensions fondamentales M, L et T par
Q = M.L.T-2 n'est pas une vraie dimension fondamentale.

La méthode d'analyse dimensionnelle, qui repose sur le principe de l'homogénéité dimensionnelle des termes
d'une équation, est connue sous le nom de théorème de Vaschy-Buckingam ou théorème des groupements π.

5.1.2 Principe de la méthode


Si 1'on peut représenter mathématiquement une loi physique en exprimant une variable physique G1 en
fonction d'un certain nombre d'autres variable physiques indépendantes G2, ..... ., Gn, c’est à dire si G1 = f (G2,
G3,..., Gn) ou encore f (G1, G2,.. ., Gn) = 0, le problème peut être simplifié de la manière suivante :

- On écrit pour chaque variable Gi, l'équation dimension en fonction des dimensions fondamentales. On
dispose alors de n équations qui ont nécessité p dimensions fondamentales pour caractériser toutes les
grandeurs physiques.

- On prélève p de ces n équations que l'on considère comme équations de base. Bien que le choix des
équations prélevées soit arbitraire, il faut toutefois que chaque dimension fondamentale apparaisse au
moins une fois sur l'ensemble des p équations.

- Les (n-p) équations restantes se présentent alors sous forme de (n-p) rapports sans dimensions appelés
groupements π qui sont des "grandeurs réduites". On obtient alors une équation réduite :

g (π1, π2,... πn-p) = 0


Un groupement π est le rapport d'une équation dimension d'une grandeur physique n'appartenant pas à
l'ensemble des équations de base au produit des équations de base, chacune d'elle étant portée à une certaine
puissance :
[G i ]
πi =
[G 1 ] [G 2 ]bi .... [G p ]ei
ai

Pour chaque dimension fondamentale M, L, T, θ, Q figurant au dénominateur, on fait la somme des exposants
que l'on identifie avec l'exposant de la même dimension figurant dans l'équation dimension de la grandeur
physique du numérateur. On obtient ainsi un système linéaire de p équations dont la résolution permet de
déterminer les p exposants des équations de base du dénominateur.

Il suffit alors d'écrire le rapport π en fonction des grandeurs physiques attachées aux équations dimensions de
départ.
5.1.3 Exemple d’application

Considérons un fluide en circulation forcée dans une canalisation cylindrique pour lequel on se propose de
déterminer le coefficient de convection h relatif au transfert de chaleur fluide-paroi qui correspond à une
convection forcée :
Tube

h
Fluide à Τf Vitesse u

Température Τp h

Figure 5.1 : Schéma de la configuration étudiée

Détermination des grandeurs physiques :

Il faut déterminer tous les paramètres dont dépend la densité de flux de chaleur φ (liée à h par φ = h ∆Τ), ce
sont ici :
- Les caractéristiques du fluide :
- λ coefficient de conductibilité thermique
- cp chaleur massique
- ρ masse volumique
- µ viscosité dynamique
- Les caractéristiques de l'écoulement
- u vitesse moyenne du fluide
- La géométrie de la surface d'échange
- D diamètre de la conduite
- L'écart de température paroi-fluide ∆Τ

d'où : f (λ, cp, ρ, µ, u, D, ∆Τ, φ) = 0

Equation dimension de chaque grandeur :

Il faut ensuite écrire l'équation aux dimensions fondamentales M, L, T, θ, Q de chacune des grandeurs, ce qui
s'écrit ici :

λ: Q. T-1.L-1.θ-1
cp : Q.M-1.θ-1
ρ: M.L-3
µ: M.T-1.L-1
u: L.T-1
D: L
Τ: θ
φ: Q.T-1.L-2

Détermination des groupements π :

Il faut maintenant choisir 5 équations de base ( Toutes les dimensions fondamentales ont été utilisées) de
façon à ce que les 5 dimensions fondamentales figurent au moins une fois dans l'ensemble des équations.

Prenons par exemple : λ, ρ, u, D, ∆Τ, il reste φ, cp et µ.

On écrit alors les 3 rapports sans dimension correspondants à ces variables sous la forme :

φ cp µ
π1 = ; π2 = ; π3 =
T a1
λ ρ D u
b1 c1 d1 e1
T a2
λ ρ D u
b2 c2 d2 e2
T a3
λ ρ Dd 3 u e 3
b3 c3
Pour chaque rapport π, on remplace les grandeurs physiques par leurs équations dimensions ce qui donne par
exemple pour π1 :
Q T −1 L−2
[π1 ] =
θa1 (Q T −1 L−1 θ −1 ) b1 (M L−3 )c1 Ld1 (L T −1 )e1
Pour chaque dimension fondamentale, on identifie les exposants de puissance entre numérateur et
dénominateur relatifs à une même dimension ce qui conduit au système :

(Q) : 1 = b1
(T) : -1 = -b1 – c1
(L) : -2 = -b1 – 3c1 + d1 + e1
(θ) : 0 = a1 – b1
(M) : 0 = c1

φD
Le rapport π1 s'écrit donc π1 =
∆T λ
Ce qui avec φ = h ∆θ peut encore s'écrire :
hD
π1 =
λ
On obtient de la même manière :
ρ u D cp µ
π2 = et π3 =
λ ρDu
Le théorème de Vaschy-Buckingam nous permet d'affirmer que la relation :
f (λ, cp, ρ, µ, u, D, ∆Τ, φ) = 0
entre 8 variables peut s'exprimer à l'aide des trois nombres sans dimension π1, π2 et π3 sous la forme :
f (π1, π2, π3) = 0 ou π1 = f(π1, π2).

Signification physique de ces groupements :


D
: Nu = λ
hD
• π1 = est le nombre de Nusselt, il peut aussi s'écrire
λ 1
h
C'est donc le rapport de la résistance thermique de conduction par la résistance thermique de convection. Il
est d'autant plus élevé que la convection est prédominante sur la conduction. Il caractérise le type de transfert
de chaleur.
µ 1
• π3 = = , c’est l’inverse du nombre de Reynolds qui caractérise le régime d’écoulement dans
ρDu Re
la canalisation.

ρ u D cp ρ u D cp µ
• π2 = , c’est le nombre de Peclet On petit aussi 1'écrire : Pe = ⋅ et faire
λ µ λ
cp µ
apparaître un nouveau nombre adimensionnel : Pr = appelé nombre de Prandtl. Ce nombre est
λ
calculable pour un fluide donné indépendamment des conditions expérimentales (il ne dépend que de la
température) et caractérise l'influence de la nature du fluide sur le transfert de chaleur par convection.

On préfère donc chercher une relation sous la forme :

Nu = f (Re, Pr) (5.1)

5.1.4 Avantages de l’utilisation des grandeurs réduites

Ils concernent essentiellement la représentation, la comparaison et la recherche des résultats expérimentaux :


- La représentation des résultats expérimentaux est simplifiée on pourra avoir une courbe reliant 2
variables ou une abaque reliant 3 variables réduites au lieu d'une relation liant (3 + p) paramètres.
- La comparaison des résultats expérimentaux est aussi très rapide et aisée, quel que soit le chercheur,
même si le système d'unité utilisé est différent puisque les grandeurs réduites sont sans dimension.
- La recherche des résultats expérimentaux est facilitée et ordonnée : s’il suffit de tracer une courbe entre
deux variables réduites, c'est qu'il suffit d'effectuer une seule série d'expériences.

Remarque :
Il faut toutefois bien comprendre que la méthode de l’analyse dimensionnelle qui fournit les grandeurs
réduites ne donne pas la forme de la relation qui les lie, la recherche de cette relation fait l'objet du
dépouillement des résultats expérimentaux.

Quelques groupements sans dimensions

Groupement

ρu D
Re = Nombre de Reynolds
µ
cp µ
Pr = Nombre de Prandtl
λ
hD
Nu = Nombre de Nusselt
λ
ρ u D cp
Pe = Nombre de Peclet
λ
h
Ma = Nombre de Margoulis
ρ u cp
β g ∆T ρ2 L3
Gr = Nombre de Grashof
µ2
c p β g ∆T ρ2 L3
Ra = Nombre de Rayleigh
λµ

5.2 Convection sans changement d’état

5.2.1 Généralités. Définitions

Les transferts de chaleur qui s’effectuent simultanément avec des transferts de masse sont dits transferts de
chaleur par convection. Ce mode d’échange de chaleur existe au sein des milieux fluides dans lesquels il est
généralement prépondérant.

Convection naturelle et forcée

Selon la nature du mécanisme qui provoque le mouvement du fluide on distingue :


- La convection libre ou naturelle : le fluide est mis en mouvement sous le seul effet des différences de
masse volumique résultant des différences de températures sur les frontières et d’un champ de forces
extérieures (la pesanteur).
- La convection forcée : le mouvement du fluide est induit par une cause indépendante des différences de
température (pompe, ventilateur,...).
L’étude du transfert de chaleur par convection permet de déterminer les échanges de chaleur se produisant
entre un fluide et une paroi.

Régime d’écoulement
Compte tenu du lien entre le transfert de masse et le transfert de chaleur, il est nécessaire de prendre en
compte le régime d’écoulement. Considérons à titre d’exemple l’écoulement d’un fluide dans une conduite :

- En régime laminaire, l’écoulement s’effectue par couches pratiquement indépendantes.

u=0 umax

Figure 5.2 : Schématisation d’un écoulement laminaire


Entre deux filets fluides adjacents les échanges de chaleur s’effectuent donc :
- Par conduction uniquement si l’on considère une direction normale aux filets fluides.
- Par convection et conduction (négligeable) si l’on considère une direction non normale aux filets
fluides.

- En régime turbulent, l’écoulement n’est pas unidirectionnel :

sous-couche laminaire

umax zone turbulente

u=0
Figure 5.3 : Schématisation d’un écoulement turbulent
L’échange de chaleur dans la zone turbulente s’effectue par convection et conduction dans toutes les
directions. On vérifie que la conduction moléculaire est généralement négligeable par rapport à la
convection et à la « diffusion turbulente » (mélange du fluide dû à l’agitation turbulente) en dehors de la
sous-couche laminaire.

5.2.2 Expression du flux de chaleur

Analogie de Reynolds

De même qu’au niveau moléculaire on explique la viscosité des gaz par la transmission des quantités de
mouvement des molécules lors des chocs intermoléculaires, on explique la transmission de la chaleur par la
transmission d’énergie cinétique lors de ces mêmes chocs.
Cette liaison intime des phénomènes de viscosité et de transfert de chaleur conduit à l’analogie de Reynolds :
dans un écoulement fluide avec transfert de chaleur, le profil des vitesses et le profil des températures sont liés
par une relation de similitude schématisée sur la figure 5.4. Cette similitude sera démontrée plus loin dans le cas
d’un écoulement sur une plaque plane chauffée.

umax Τmax
Τi

u=0 Τp
Figure 5.4 : Représentation de l’analogie de Reynolds dans le cas d’un écoulement turbulent dans un tube

Couches limites dynamique et thermique

Quel que soit le régime d’écoulement, il demeure une couche limite dynamique dans laquelle l’écoulement
est laminaire et dont l’épaisseur est d’autant plus réduite que le nombre de Reynolds est grand. L’épaisseur de
cette couche limite varie en fonction de nombreux paramètres : nature du fluide, température, rugosité de la
paroi, ...
L’analogie de Reynolds montre que le gradient thermique est particulièrement important au voisinage de la
paroi, dans une couche limite thermique qui se développe de manière analogue à la couche limite dynamique.
Quel que soit le régime d’écoulement du fluide, on considère que la résistance thermique est entièrement située
dans cette couche limite thermique qui joue le rôle d’isolant.
Ceci correspond au modèle de Prandtl représenté sur la figure 5.5 à titre d’exemple pour l’écoulement
turbulent d’un fluide dans une conduite.

umax Τ∞

Τi

u=0 Τp

Figure 5.5 : Représentation du modèle de Prandtl pour un écoulement turbulent dans une conduite

Expression du flux
Quel que soit le type de convection (libre ou forcée) et quel que soit le régime d’écoulement du fluide
(laminaire ou turbulent), le flux de chaleur ϕ est donné par la relation dite loi de Newton :

ϕ = h S ∆θ
(5.4)

Le problème majeur à résoudre avant le calcul du flux de chaleur consiste à déterminer le coefficient de
transfert de chaleur par convection h qui dépend d’un nombre important de paramètres : caractéristiques du
fluide, de l’écoulement, de la température, de la forme de la surface d’échange,...
On trouvera dans le tableau 5.1 l’ordre de grandeur du coefficient de transfert de chaleur par convection
pour différentes configurations.

Tableau 5.1 : Ordre de grandeur du coefficient de transfert de chaleur par convection

Configuration h (Wm-2 °C-1)

Convection naturelle
Dans un gaz 2-10
Dans un liquide 100-1000
Convection forcée
Avec un gaz 10-200
Avec un liquide 100-5000
Ebullition de l’eau
Dans un récipient 2500-35000
En écoulement dans un tube 5000-100000
Condensation de l’eau sous 1 atm
Sur une surface verticale 1000-11000
A l’extérieur de tubes horizontaux 10000-25000

5.2.3 Calcul du flux de chaleur en convection forcée

Calcul exact
Dans certains cas de figure simples, un calcul théorique peut permettre d’aboutir à une expression analytique
du flux de chaleur échangé par convection entre un fluide et une paroi. Nous traiterons ici à titre d’exemple le
cas classique de l’écoulement laminaire en régime permanent d’un fluide à propriétés physiques constantes à la
température T∞ sur une paroi plane de longueur L maintenue à une température Tp (cf. figure 5.6).
On constate que la vitesse du fluide évolue d’une valeur nulle à la paroi à une valeur proche de u∞ dans une
zone d’épaisseur δ(x) appelée couche limite dynamique. De la même manière, la température du fluide évolue de
la valeur Tp à la paroi à une valeur proche de T∞ dans une zone d’épaisseur ∆(x) appelée couche limite
thermique.

V∞ V∞

Couche limite
c dynamique :
r r
b V = V∞

y Σ δ

a d
x 0 x x + dx L

Figure 5.6 : Schématisation du développement d’une couche limite dynamique sur une plaque plane

L’équation de conservation de la masse s’écrit sous forme intégrale (cf. annexe A.5.1) :
∂ρ r r
∫ dv + ∫ ρ V. n dS = 0
Λ ∂t Σ

Où n est la normale extérieure à Σ.
∂ρ
En régime permanent : = 0 . Appliquons cette relation au volume [abcd] représenté sur la figure 5.6 :
∂t
→ → δ  δ  → →
∫ ρ V . n dS = − ρ  ∫ u dy  + ρ  ∫ u dy  + ∫ ρ V ∞ . n dS = 0
Σ 0 x 0  x + dx bc

flux masse flux masse flux masse


sortant par ab sortant par cd sortant par bc
→ → d δ 
On en déduit : ∫ ρ V∞ . n dS = −ρ  ∫ u dy  dx
bc dx  0 
L’équation de conservation de la quantité de mouvement en régime permanent (Théorème d’Euler, cf. annexe
A.5.1 ) s’écrit :
→ → → → → →
∫ ρ V  V . n  dS = ∫ ρ f dv + ∫ T dS = ∫ T dS car f = 0 (pas de force de volume due à un champ extérieur)
Σ   Λ Σ Σ

Où T sont les forces extérieures (par unité de surface) s’exerçant par contact sur les faces de la surface Σ
délimitant le volume Λ.
Appliquons cette relation au volume [abcd] :
→ → → δ →  δ →  → → →
∫ ρ V  V . n  dS = −ρ  ∫ V u dy  + ρ  ∫ V u dy  + ∫ ρ V ∞  V ∞ . n  dS (par unité de largeur)
Σ   0 x 0  x + dx bc  
Soit en projection suivant Ox :
→ → δ 2  δ 2  → →
∫ ρ u  V . n  dS = −ρ  ∫ u dy  + ρ  ∫ u dy  + ∫ ρ u ∞  V ∞ . n  dS
Σ   0 x 0  x + dx bc  
→ → δ  δ  → →
∫ ρ u  V . n  dS = −ρ  ∫ u dy  + ρ  ∫ u dy  + ρ u ∞ ∫ V∞ . n dS
2 2
Σ   0 x 0  x + dx bc
D’où en utilisant l’équation de conservation de la masse :
→ → d δ 2  d δ 
∫ ρ u V . n  dS = ρ  ∫ u dy  dx − ρ u ∞  ∫ u dy dx
Σ   dx  0  dx  0 

Analysons les forces en présence suivant Ox :


- sur [ad] s’exerce le frottement pariétal
- sur [bc] comme le profil de vitesse est uniforme, il n’y a pas de frottement
- il n’y a pas de forces de pression puisque la pression est uniforme dans l’écoulement.

On peut donc écrire :


→ d δ 2  d δ  → → → →
∫ T dS = −τ p dx d’où : − τ p dx = ρ  ∫ u dy  dx − ρ u ∞  ∫ u dy dx car ∫ ρ V  V . n  dS = ∫ T dS
Σ dx 0  dx  0  Σ   Σ
τp d  1 u  u  y 
On en déduit : = δ ∫ 1 −  d   (a)
ρ u∞ 2 dx  0 u∞  u ∞  δ 
2
u  y y
On cherche a priori la vitesse sous la forme simple d’un profil parabolique : = a+b  +c 
u∞ δ δ
La vitesse est nulle à la paroi : u ( y = 0) = 0
La continuité de la vitesse et du frottement à la frontière de la couche limite impose les conditions suivantes :
u(y = δ) = u ∞
du
µ (y = δ ) = 0
dy
u y y
On en déduit que : = 2 −  (b)
u∞ δ  δ
 ∂u  u
et τ p = µ   = 2µ ∞

  y =0
y δ
2µ 2 dδ
Les relations (a) et (b) conduisent à : =
ρ V∞ δ 15 dx
µx δ
2
µ 30
Puis par intégration : δ 2 = 30 ou encore :   = 30 =
ρ u∞ x ρ u ∞ x Re x
u∞ ρu∞
τp = 2 µ = 2µ u∞
δ 30 µ x
ρu∞
2µ u∞
τp 30 µ x
On en déduit l’expression du coefficient de frottement : C f x = =
1 1
ρ u∞2 ρ u∞2
2 2
0,73
On obtient finalement : Cf x =
Re x 0,5
Une analyse plus précise (équations locales et pas d’hypothèses sur la forme du profil de vitesse) conduirait à
une constante de 0,664 au lieu de 0,73.

A pression constante, la variation d’enthalpie d’un système est égale à la chaleur fournie à ce système. En
appliquant ce principe à un volume (Λ) de surface (Σ) et en négligeant la dissipation visqueuse (source interne de
chaleur correspondant à la dégradation de l’énergie mécanique en chaleur), il vient :
∂  → → →
∫ (ρ H ) dV + ∫  ρ H V + q  . n dS
Λ ∂t Σ 

où H désigne l’enthalpie massique du fluide et q le vecteur densité de flux de chaleur.
Fluide à T∞
c’ Couche limite thermique :
T = T∞
b’

y ∆

a’ d’
x
x Paroi à Tp x + dx
Figure 5.7 : Schématisation de la couche limite thermique sur une plaque plane

Appliquons cette relation en régime permanent au volume [a’b’c’d’] représenté sur la figure 5.7 pour un fluide
tel que H = c p (T − T0 ) (la pression est supposée constante). La densité de flux de chaleur conductif est nulle sur
la surface [b’c’] puisqu’à l’extérieur de la couche limite thermique la température est uniforme et vaut T∞.
D’autre part, on néglige le flux de chaleur longitudinal (suivant Ox) devant le flux de chaleur transversal (suivant
Oy), la température variant beaucoup plus rapidement dans la direction Oy que dans la direction Ox (hypothèse
de couche limite). Il vient alors :
 ∆   ∆ 
−  ρ c p ∫ u T dy  +  ρ c p ∫ u T dy  + ρ c p T∞ ∫ u dS − q p dx = 0
 0 x  0  x + dx b 'c '
 ∂T 
où q p = −λ   est la densité de flux de chaleur échangé à la paroi (positive si entrant dans le volume
 ∂y  y = 0
[a’b’c’d’]).
En appliquant la conservation de la masse au volume [a’b’c’d’], il vient :
→ → d ∆ 
∫ ρ V . n dS = ρ ∫ u dS = −ρ  ∫ u dy 
b 'c ' b 'c ' dx  0 
d  ∆  d ∆ 
d’où :  ρ c p ∫ u T dy  dx − ρ c p T∞  ∫ u dy  dx − q p dx = 0
dx  0  dx  0 
qp d  1 u 
1 −
T − Tp   y 
 d  
=+ ∆ ∫ (c)
ρ c p u ∞ (Tp − T∞ ) dx  0 u ∞  T −T
 ∞ p
  ∆ 
 
T − Tp y y
2
On cherche a priori la température sous la forme : = a +b  +c 
T∞ − Tp ∆ ∆
La continuité de la température et du flux de chaleur impose les conditions suivantes :
T − Tp
(y = 0) = 0
T∞ − Tp
T − Tp
(y = ∆ ) = 1
T∞ − Tp
dT
λ (y = ∆) = 0
dy
T − Tp y y
On en déduit que : = 2 −  (d)
T∞ − Tp ∆ ∆
 ∂T  Tp − T∞
Et : q p = −λ   = 2λ
 ∂y  y=0 ∆

qp d  1y y y  y    y 
Les relations (c) et (d) permettent d’écrire : =+ ∆ ∫  2 −  1 −  − 2   d  
ρ c p u ∞ (Tp − T∞ ) dx  0 δ  
δ ∆  ∆p    ∆ 
 

On se place dans le cas où ∆ < δ et on suppose que r = ≤ 1 reste constant
δ
d∆ 12 λ
La relation précédente devient alors : ∆ =
dx  r
ρ c p u ∞ r 1 − 
 5
∆
2
24 1 ρ V∞ x
Puis après intégration :   = où Re x =
x Re x Pr  r µ
r 1 − 
 5
2
δ 30
Par ailleurs :   =
x Re x
4
r est donc solution de l’équation : r 2 = (e)
 r
5 Pr 1 −  r
 5
Dans le cas Pr = 1, la solution de l’équation (e) est r = 1, les couches limites dynamique et thermique ont la
même épaisseur et il y a analogie complète entre les transferts de chaleur et de quantité de mouvement. C’est le
cas des gaz pour lesquels Pr ≈ 1.
Le cas r <1 correspond au cas Pr > 1, c’est le cas de l’eau par exemple (Pr ≈ 7). Une solution approchée de
1
∆ −
l’équation (e) est alors : ≈ Pr 3
δ
λ
La densité de flux de chaleur à la paroi s’écrit : q p = h (Tp − T∞ ) = 2 (Tp − T∞ )

1 1
hx 2x δ 2 3
Et : Nu x = = = 0,36 Re x Pr
λ δ ∆
12 13
Un calcul plus précis conduirait à : Nu x = 0,332 Re x Pr (5.5)

Le flux global s’obtient par intégration de qp entre x = 0 et x = L et on en déduit le nombre de Nusselt moyen sur
la surface de longueur L :
___ 12 1
Nu L = 0,664 Re L Pr 3 (5.6)

Calcul approché

Dans les cas plus complexes où une solution analytique ne peut pas être établie, on utilise des corrélations
déduites d’expérimentations.
L’application de l’analyse dimensionnelle montre que la relation liant le flux de chaleur transféré par
convection aux variables dont il dépend peut être recherchée sous la forme d’une relation entre trois nombres
adimensionnels :

Nu = f (Re, Pr) (5.7)

hD
Nu = Nombre de Nusselt
λ
ρu D
Définis par : Re = Nombre de Reynolds
µ
cp µ
Pr = Nombre de Prandtl
λ
où D est la dimension caractéristique de la géométrie considérée qui sera par exemple le diamètre
4 × Section de passage
hydraulique Dh = pour un écoulement dans un conduit (égal au diamètre intérieur
Périmètre
pour un conduit cylindrique), le diamètre extérieur pour un écoulement extérieur perpendiculaire à un tube,
la longueur pour un écoulement à surface libre sur une plaque…
Le calcul d’un flux de chaleur transmis par convection forcée s’effectue donc de la manière suivante :
1. Calcul des nombres adimensionnels de Reynolds et de Prandtl.
2. Suivant la valeur de Re et la configuration → choix de la corrélation (fonction f dans la relation 5.7).
3. Calcul de Nu par application de cette corrélation.
4. Calcul de h =
λ Nu
D
(
et de ϕ = h S Tp − T∞ . )
Pour la convection forcée, les principales corrélations sont données en annexe A.5.2. Les propriétés du fluide
Tp + T∞
(cp, ρ, λ, µ) sont calculées à une température moyenne dite température de film : Tf =
2

5.2.4 Calcul du flux de chaleur en convection naturelle

Mécanisme de la convection naturelle

Considérons un fluide au repos en contact avec une paroi plane à température Τ0. Si l’on porte la paroi à une
température Τ = Τ0 + ∆Τ, le fluide au contact de la paroi va s’échauffer par conduction et la masse du volume
unité va passer de ρ0 à ρ0 - ∆ρ :

Fluide à Τ0, ρ0 Fluide à Τ0, ρ0


→ →
f = ∆ρ g

Τp = Τ0 V=1u Τp = T0 + ∆Τ V=1u

t=0 t
Figure 5.8 : Représentation du mécanisme de convection naturelle

→ →
Il sera donc soumis à une force ascensionnelle f = − ∆ρ g . Le principe fondamental de la dynamique
permet d’évaluer l’accélération du fluide :
∆ρ
Pour un volume unité : m = ρ d’où : ∆ρ g = ρ γ et γ = g
ρ
1  ∆ρ 
En introduisant le coefficient de dilatation cubique β du fluide défini par β = −   , il vient :
ρ  ∆T  P
γ = − β g ∆T
β g ∆Τ est donc le module de l’accélération produite par l’expansion thermique due à la variation ∆Τ de la
température Τ0. Ce mouvement du fluide induit par les différences de masse volumique résultantes des gradients
de température va donner naissance aux courants de convection.
Dans le cas d’un transfert de chaleur par convection naturelle le long d’une plaque plane, le coefficient de
convection dépend des caractéristiques du fluide : λ, ρ, µ, cp, β, g, de la paroi caractérisée par la longueur L et de
l’écart de température ∆θ aux bornes du film, ce que l’on peut traduire par une relation du type :

φ = f (λ, ρ, µ, cp, β, g, L, ∆Τ)

Dans le système M, L, T, θ, Q, cette relation entre 8 grandeurs se réduit à une relation entre trois nombres
adimensionnels :

Nu = f ( Gr, Pr) (5.8)

Définis par :
hD
Nu = Nombre de Nusselt
λ
β g ∆T ρ2 L3
Gr = Nombre de Grashof
µ2
cp µ
Pr = Nombre de Prandtl
λ

Signification physique du nombre de Grashof

Lorsque la masse unité du fluide, soumise à l’accélération β g ∆Τ subit une variation d’altitude L, la
conservation de l’énergie permet d’écrire :
u2
= β g ∆TL
2
u2
représente la variation d’énergie cinétique et β g ∆Τ L la variation d’énergie potentielle.
2
On voit donc que le nombre de Grashof peut se mettre sous la forme :
2
1  u L ρ
Gr =  
2  µ 

Il est donc proportionnel au carré d’un nombre de Reynolds caractérisant l’écoulement. En pratique, en
convection naturelle, le courant qui prend naissance reste laminaire jusqu’à ce que le nombre de Grashof atteigne
une valeur d’environ 109.

Calcul du flux de chaleur en convection naturelle

L’application de l’analyse dimensionnelle montre que la relation liant le flux de chaleur transféré par
convection aux variables dont il dépend peut être recherchée sous la forme d’une relation entre trois nombres
adimensionnels : Nu = f (Gr, Pr) définis par :

hD
Nu = Nombre de Nusselt
λ
β g ∆T ρ 2 L3
Gr = Nombre de Grashof
µ2
cp µ
Pr = Nombre de Prandtl
λ

Le calcul d’un flux de chaleur transmis par convection naturelle s’effectue donc de la manière suivante :

1. Calcul des nombres adimensionnels de Grashof et de Prandtl .


2. Suivant la valeur de Gr et configuration → choix de la corrélation.
3. Calcul de Nu par application de cette corrélation.

4. Calcul de h =
λ Nu
D
et de ϕ = h S Tp − T∞ ( )
Pour la convection naturelle, les principales corrélations sont données en annexe A.5.3. Les propriétés du
fluide (cp, ρ, λ, µ) sont calculées à la température moyenne de film comme en convection forcée.

5.3 Convection avec changement d’état

5.3.1 Condensation
Phénomènes

Les échanges de chaleur entre une vapeur se condensant sur une paroi et la paroi proprement dite sont liés
aux types de condensation qui dépendent essentiellement des interactions liquide-paroi.
Si le liquide ne mouille pas la surface, il se forme alors en certains points des gouttelettes de liquide qui
ruissellent le long de la paroi . Ce type de condensation ne peut s’observer que si la paroi a une surface lisse et
propre. Dans le cas d’une condensation en gouttes, le liquide qui ne forme pas un film continu sur la paroi offre
une résistance thermique négligeable.
Cependant, le type de condensation que l’on rencontre généralement dans la pratique est la condensation en
film : la paroi est isolée de la vapeur par un film continu de liquide qui joue le rôle d’isolant thermique entre la
paroi et la vapeur et fait chuter la valeur du coefficient de transfert de chaleur par convection h par rapport à la
condensation en gouttes.

Valeur du coefficient h pour la condensation en film

La théorie de Nusselt, établie en 1916, relie analytiquement le coefficient de transfert h aux divers paramètres
physiques intervenant dans la condensation en film d’un fluide sur une paroi :

Paroi verticale

Hypothèses :
- Ecoulement laminaire du film.
- Température de paroi constante.
- Gradient de température constant dans le film.
- Grand rayon de courbure du film de condensat.

0
y

Tp Tg

Film de condensat

dx
y
δ

x
Figure 5.9 : Schématisation de la condensation sur une paroi verticale

On notera Tg la température de saturation (rosée) de la vapeur et Tp (<Tg) la température maintenue constante


de la paroi verticale.
Les forces s’exerçant sur le système constitué du liquide d’épaisseur dx compris entre y et δ et de longueur
unité suivant Oz (surface grise) sont :
- La force de pesanteur : ρ l g (δ − y ) dx

- La force due à la vapeur d’eau déplacée : ρ v g (δ − y ) dx


du
- La force de frottement visqueux : µ l dx (hypothèse du fluide newtonien)
dy

Le bilan des forces s’écrit : ρ l g (δ − y ) dx = µ ldx + ρ v g (δ − y ) dx


du
dy
En intégrant l’équation précédente entre y = 0 et y = δ avec la condition limite u = 0 en y = 0, on obtient :
(ρ − ρ v ) g  1 2
u= l  δ y − y 
µl  2 
Le débit massique de liquide condensé à une hauteur x (par unité de longueur suivant Oz) est donné par :
δ  (ρ − ρ ) g 1 2  (ρ l − ρ v ) g δ 3

m = ∫ ρl  l v
 δ y − y  dy = ρ l
0  µl  2  3µ l
Le flux de chaleur cédé par le condensat à la paroi sur la hauteur dx s’écrit :
 ∂T  Tp − T∞
ϕ x = −λ dx   = λ dx
 ∂y  δ
  y =0
Entre les hauteurs x et x + dx, l’épaisseur du film de liquide passe de δ à δ + dδ du fait de la condensation sur
la hauteur dx. La quantité de vapeur condensée entre x et x + dx s’écrit :

d  (ρ l − ρ v ) g δ 3  d  (ρ l − ρ v ) g δ  dδ
3
(ρ l − ρ v ) g δ 2 dδ
 lρ  dx = ρ
 l  dx = ρ l
dx  3µ l  dδ  3µ l  dx µl

Le flux de chaleur cédé par le condensat à la paroi doit être égal à la chaleur latente de condensation libérée
par la quantité de vapeur calculée ci-dessus soit :
(ρ − ρ v ) g δ 2 dδ Tg − Tp
ρl l ∆H = λ dx
µl δ
L’intégration de cette équation avec la condition limite δ = 0 en x = 0 conduit à :

( )
1
 4 µ l λ l x Tg − Tp  4
δ= 
 g ∆H ρ l (ρ l − ρ v ) 
Tg − Tp
Le coefficient de transfert de chaleur local (en x) par convection vérifie : h x dx (Tg − Tp ) = λ l dx
δ
λl
D’où : h x =
δ
1
 g ∆H ρ l (ρ l − ρ v )λ l 3  4
Soit : h x =  
 4 µ l x (Tg − Tp ) 
Le coefficient de transfert moyen s’obtient en intégrant le coefficient local sur la hauteur L de la surface
L
1
condensante : hv =
L ∫h
0
x dx

1
2 2  λ l ρ l g ∆H 
3 2 4
hv = 
Soit finalement : 3  L µ l ∆T 

(5.9)

Avec :
∆H : chaleur latente de condensation (J kg-1)
∆Τ : différence entre la température de rosée de la vapeur et la température de la paroi (°C)
L : hauteur de la paroi (m)

Condition de validité : Re < 2100

Considérons par exemple le cas d’un tube vertical de diamètre extérieur De.
Soient M : débit massique de condensat
S : section de passage du film liquide
On définit le diamètre hydraulique Dh du film par :
sec tion passage S ρ u Dh ρl u 4S 4M
Dh = 4 =4 d’où Re = l = =
périmètre mouillé π De µl µl π De µ l π De
4M
La condition de validité s’écrit donc dans ce cas : < 2100
µ l π De
Remarque :

Les grandeurs physiques relatives au liquide sont évaluées à la température du film définie par la formule de
3 Tp + Tv
Drew : Tf =
4

Tube horizontal
Une valeur moyenne de h pour un tube horizontal peut être calculée par :

1
 λ 3 ρ 2 g ∆H  4
h h = 0,725  l l 
 De µ ∆T  (5.10)
 l 

4M
Avec la condition de validité : Re = < 2100
µl π De

Comparaison entre tube horizontal et vertical

Si l’on note Lv la longueur du tube vertical et Deh le diamètre extérieur du tube horizontal, le rapport des
deux expressions de h conduit à :
hh  L 
= 0,769  v 
hv  De h 
D’où hh > hv si Lv > 2,86 Deh ce qui est pratiquement toujours le cas. Dans les mêmes conditions de
température, le coefficient de transfert est plus élevé sur un tube horizontal que sur un tube vertical.
Dans le cas des condenseurs à faisceaux tubulaires, les tubes n’étant pas tous dans un même plan horizontal,
le liquide tombant d’un tube va « épaissir » le film qui existe sur le tube situé en-dessous de lui de sorte que le
coefficient de transfert de chaleur h est moins élevé sur les tubes inférieurs.
En tenant compte du recyclage du condensat sur les tubes inférieurs, Nusselt a proposé la relation suivante
pour calculer la valeur moyenne de h pour un ensemble de N tubes situés dans un même plan vertical :

1
 λ 3 ρ 2 g ∆H  4
h h = 0,725  l l  (5.11)
 N De µ l ∆T 
 

L’expérience a montré que cette formule théorique donne des valeurs de h inférieures à celles déterminées
expérimentalement et qu’il convient de multiplier la valeur de h donné par la formule (5.9) par un facteur
correctif selon la formule suivante :

 c p ∆T 
h h corrigé = h h 1 + 0,2 ( N − 1)  (5.12)
 ∆H 

5.3.2 Ebullition

Formation des gouttelettes et des bulles



La pression d’équilibre d’une gouttelette de liquide dans sa vapeur est de la forme : p rg (T ) = p s (T ) + ,
r
cf. figure 5.10. Si rg → 0 alors p rg → ∞ , donc une gouttelette ne pourrait théoriquement pas prendre
naissance dans une vapeur qui est un milieu continu. Lors du refroidissement d’une vapeur à pression constante,
la condensation va donc être initiée sur des « germes » de très petits diamètres (poussières en suspension dans
l’atmosphère par exemple) à une température Tg inférieure à la température de saturation Ts(p). Le
développement de la condensation va ensuite avoir pour effet d’augmenter la taille des gouttelettes et diminuer
l’écart entre Tg et Ts(p).
De manière analogue, lorsque l’on chauffe un liquide, on suppose que sur les parois chaudes sur lesquelles se
produit l’ébullition se trouvent des discontinuités (petites cavités contenant de l’air) qui servent de “germes”
favorisant la naissance de bulles de petit diamètre à une température Tb supérieure à la température de saturation
Ts(p). Le développement de l’ébullition va ensuite avoir pour effet d’augmenter la taille des bulles et diminuer
l’écart entre Tb et Ts(p).

p
Courbe d’équilibre
d’une surface plane
de liquide
Courbe d’équilibre
d’une bulle de vapeur
de rayon rb
Courbe d’équilibre
prg (Τ) d’une gouttelette de
liquide de rayon rg


rb

Liquide Vapeur
ps (Τ)

prb (Τ)

Sous-refroidissement Surchauffe Τ
Τ
Figure 5.10 : Diagramme général d’équilibre liquide-vapeur

Les différents régimes d’ébullition

Les variations du coefficient de transfert de chaleur h en fonction de l’écart de température Τp – Τs(p), où Tp


est la température de la paroi chauffée, présentent la même allure pour un grand nombre de liquides, elles sont
représentées par le graphe de Nukiyama (cf. figure 5.11).

Zone AB

Bien que θp > θs(p), il n’y a pas encore naissance de bulles. L’échange paroi-liquide s’effectue par convection
( )
naturelle et obéit à la loi de Newton : ϕ = h S Tp − T∞ , h se calculant par les corrélations concernant la
convection naturelle (cf. annexe A.5.2). Une évaporation se produit sur la surface plane et libre du liquide en
contact avec l’air.
C
h

D
B

0 Τp – Τs(p)
Figure 5.11 : Représentation schématique du graphe de Nukiyama
Zone BC

Les bulles montent en colonne à partir de points isolés de la paroi : les « sites » avec une fréquence de l’ordre
de 100 par seconde. Ensuite les bulles deviennent de plus en plus nombreuses et isolent presque totalement la
paroi par une couche de vapeur presque continue. L’évacuation de la chaleur s’effectue principalement sous
forme de chaleur latente de vaporisation. C’est la zone d’ébullition nucléée.
La densité de flux de chaleur Φ transférée dans cette zone peut être calculée par la formule suivante
(Rosenhow, 1985) :
0,33
c l ∆T  Φ σ 
=C  (5.13)
∆H (Prl )s  µ l ∆H g (ρ l − ρ v ) 

Où : cl Capacité thermique du liquide


∆T Ecart de température Τp – Τs(p)
∆H Chaleur latente de vaporisation
Prl Nombre de Prandtl du liquide à saturation
σ Tension superficielle (valeur pour l’eau dans le tableau 5.2)
g Accélération de la pesanteur
ρl Masse volumique du liquide
ρv Masse volumique de la vapeur
C Constante déterminée expérimentalement (cf. valeurs dans le tableau 5.3)
s s = 1 pour l’eau, 1,7 pour les autres liquides

Tableau 5.2: Valeur de la tension superficielle pour l’eau (d’après Holman, 1990)

Température Tension
saturation superficielle
°C 10-3 N.m-1
0 75,6
15,6 73,3
37,8 69,8
60 66,0
93,3 60,1
100 58,8
160 46,1
226,7 32,0
293,3 16,2
360 1,46
374,1 0

Tableau 5.3: Valeurs de la constante C pour diverses configurations fluide/surface chauffante


(d’après Holman, 1990)
Configuration C
Eau-Cuivre 0,013 Benzènze-Chrome 0,010
Eau-Platine 0,013 Alcool éthylique-Chrome 0,027
Eau-Laiton 0,006 n-Pentane-Chrome 0,015
Eau-Cuivre poli à l’émeri 0,0128 n-Pentane-Cuivre poli à l’émeri 0,0154
Eau-Acier inox poli 0,0080 n-Pentane-Nickel poli à l’émeri 0,0127
Tetrachlorure de carbone-Cuivre 0,013 Alcool isopropylique-Cuivre 0,00225
Tetrachlorure de carbone-Cuivre poli 0,007 Acool n-Butyl-Cuivre 0,00305

Point C

La couche de vapeur isole totalement la paroi du liquide et la chaleur ne peut plus se transmettre que par
l’intermédiaire de la vapeur de très faible conductivité thermique. L’augmentation brutale de la résistance
thermique va provoquer une brusque augmentation de la température de la paroi chauffante jusqu’à un niveau
qui va permettre d’évacuer le flux fourni à la paroi à la fois par conduction-convection et par rayonnement. On
passe ainsi brusquement du point C au point D dont la température dépasse largement 1000°C, on a fusion de la
paroi dans la plupart des cas, c’est pourquoi le point C est appelé point de burn-out.

La détermination du point de burn-out est capitale dans l’étude de l’ébullition pour d’évidentes raisons de
sécurité. La corrélation la plus utilisée pour déterminer cette densité de flux de burn-out est la suivante (Zuber,
1958) :

1 1
π ρv  σ g (ρ l − ρ v )  4
 ρv 2 (5.14)
φ bo = ∆H   1 +
 ρ


24  ρv2   l 

Zone CD

Zone instable.

Zone DE

Zone d’ébullition pelliculaire dans laquelle le transfert de chaleur de la paroi vers le liquide s’effectue par
conduction et par rayonnement à travers la couche continue de vapeur. Les coefficients de transfert de chaleur
peuvent se calculer par (Bromley,1950) :
1

Conduction : (
 λ v 3 ρ v (ρ l − ρ v ) g ∆H + 0,4 c pv ∆T ) 4 (5.15)
h c = 0,62 
 d µ v ∆T 
 

Rayonnement : hr =
(
σ ε Tp 4 − Tsat 4 ) (5.16)
Tp − Tsat

1
h 3
Global : h = h c  c  + h r (5.17)
 h 

La relation empirique (5.17) nécessite l’utilisation d’une méthode itérative pour calculer le coefficient global h.

Intérêt du transfert de chaleur par ébullition

Outre dans les générateurs de vapeur d’eau largement utilisés dans les industries agro-alimentaires et textiles,
ce type de transfert est utilisé pour l’extraction de très importantes puissances calorifiques à partir de surfaces
très réduites : refroidissement de coeurs de réacteurs nucléaires, de moteurs de fusée... du fait des valeurs élevées
des coefficients de transfert, de l’ordre de 100 000 W m-2 °C-1.
6 INTRODUCTION AUX ECHANGEURS DE CHALEUR
6.1 Les échangeurs tubulaires simples

6.1.1 Généralités. Définitions

6.1.1.1 Description

Un échangeur de chaleur est un système qui permet de transférer un flux de chaleur d’un fluide chaud à un
fluide froid à travers une paroi sans contact direct entre les deux fluides.

Exemples : radiateur d’automobile, évaporateur de climatiseur, ...

Un échangeur tubulaire simple est constitué de deux tubes cylindriques coaxiaux. Un fluide (généralement le
chaud) circule dans le tube intérieur, l’autre dans l’espace compris entre les deux tubes. Le transfert de chaleur
du fluide chaud au fluide froid s’effectue à travers la paroi que constitue le tube intérieur :

Isolant thermique

Fluide froid Surface S2 h2

h1
Fluide chaud Surface S1 h r1 r2 r3

0 L x
Figure 6.1 : Schéma d’un échangeur tubulaire simple

6.1.1.2 Hypothèses

Dans les calculs qui suivent, nous avons retenu les hypothèses suivantes :

- Pas de pertes thermiques : la surface de séparation est la seule surface d’échange.


- Pas de changement de phase au cours du transfert.

6.1.1.3 Conventions

Le fluide chaud entre dans l’échangeur à la température T1e et en sort à T1s, le fluide froid entre à Τ2e et sort à
Τ2s.
Deux modes de fonctionnement sont réalisables :

Co– courant Contre – courant

Τ2e T2s T2s T2e


T2 ∆T T2 ∆T

T1e T1 T1s T1e T1 T1s

Figure 6.2 : Schématisation des fonctionnements à co-courant et à contre-courant

6.1.2 Expression du flux échangé

6.1.2.1 Coefficient global de transfert

Une première expression du flux de chaleur transféré dans un échangeur peut être déterminée en écrivant
qu’il est égal au flux de chaleur perdu par le fluide chaud et au flux de chaleur gagné par le fluide froid pendant
leur traversée de l’échangeur :
ϕ = m1 c p1 (T1s − T1e ) = m 2 c p 2 (T2e − T2s )
• •

.
• •
Les produits q c1 = m1 cp1 et q c2 = m 2 c p2 sont appelés les débits calorifiques des deux fluides.
Le flux de chaleur peut donc finalement s’écrire :

ϕ = q c1 (T1 e − T1s ) = q c2 (T2s − T2e ) (6.1)

Par ailleurs, le flux de chaleur ϕ transmis d’un fluide 1 à un fluide 2 à travers la paroi d’un tube cylindrique
s’écrit :
∆T
ϕ=
r 
ln 2 
r 
1  1 1
+ +
2π h 1 r1 L 2 π λ L 2 π h 2 r2 L

Dans les échangeurs de chaleur, on choisit de rapporter le flux de chaleur échangé à la surface S2 = 2π r2 L,
soit d’écrire : ϕ = h S2 ∆θ . Le coefficient global de transfert h d’un échangeur de chaleur s’écrit donc :

−1
 r  
 r2 ln  2  
 r2  r1  1 
h = + + + R en  (6.2)
 h 1 r1 λ h2 
 
 

Ren est une résistance thermique due à l’encrassement des surfaces d’échange dont il faut tenir compte après
quelques mois de fonctionnement (entartrage, dépôts, corrosion,…).

On trouvera dans le tableau ci-dessous les ordres de grandeur de h pour des échangeurs tubulaires en verre et
métallique.

Tableau 6.1 : Ordres de grandeur du coefficient global de transfert h de divers types d’échangeurs

Coefficient global de transfert


h (W m-2 °C-1)
Liquide-liquide 100-2000
Liquide-gaz 30-300

Condenseur 500-5000

6.1.2.2 Cas où h est constant

Fonctionnement à co-courant

Il faut d’abord établir la relation liant le flux de chaleur transmis dans l’échangeur au coefficient global de
transfert h et à la surface extérieure S2 d’échange. Cette relation est fondamentale car elle permet de
dimensionner un échangeur, c’est à dire de calculer la surface d’échange nécessaire pour transférer un flux
imposé.

Pour cela, on effectue un bilan thermique de la partie d’échangeur comprise entre les distances x et x + dx de
l’entrée de l’échangeur :
Τ2 Τ2 + dΤ2

Τ1 h Τ1 + dΤ1

x x + dx
0
L
Figure 6.3 : Schéma des flux élémentaires dans un échangeur tubulaire simple

Le bilan thermique consiste à écrire que le flux de chaleur perdu par le fluide chaud lors de son passage entre
les plans d’abscisse x et x + dx est passé intégralement à travers la paroi de séparation des deux fluides soit :
− q c1 dT1 = h dS2 (T1 − T2 )
dT1 h dS 2
L’équation du bilan thermique s’écrit : =−
T1 − T2 q c1

T2 dépend de T1 donc avant d’intégrer, il faut établir la relation liant ces deux grandeurs. Pour cela, on
effectue le bilan thermique de l’échangeur entre l’entrée de l’échangeur et l’abscisse x en écrivant que le flux de
chaleur perdu par le fluide chaud a été intégralement récupéré par le fluide froid soit :
q
q c1 (T1e − T1 ) = q c 2 (T2 − T2e ) d ' où T2 = T2e + c1 (T1e − T1 )
q c2

Nous pouvons alors écrire en intégrant sur la surface totale d’échange S2 :

S2 T1s T1s
h dS2 dT1 dT1
− ∫ = ∫ = ∫
T1e 1 + q c1   q 
q c1 q
T1e T − c1 (T − T ) − T
0
1 1e 1 2e   T1 −  c1 T1e + T2e 
q c2  q c2   qc 2 

T
h S2  q    1s
D’où : − =
1
ln 1 + c1  T −  q c1 T + T 
  1  q 1e 2e 
 T1e
q c1 q c1 q c2
1+   c2
q c2
Soit :
         
h S2 1   q c1  T −  q c1 T + T  − ln 1 + q c1  T −  q c1 T + T  
− = ln 1 +  1s  q 1e 2 e    1e  q 1e 2 e  
q c1
1+
q c1   q c2   c2  q c2   c2  
q c2
Τ1e - Τ2e

L’écriture du bilan thermique global entre l’entrée et la sortie de l’échangeur :

( )
ϕ = q c1 T1e − T1s = q c2 (T2s − T2e )
q c1 q c1
Permet d’écrire : T1e + T2e = T1s + T2s
q c2 q c2
h S2 1  T −T 
En reportant dans l’équation intégrée, il vient : − = ln 1s 2s 
q c1 q c1  T −T 
1+  1e 2e 
q c2
1
On peut également exprimer en fonction des températures des fluides :
q
1 + c1
q c2

1 1 T1e − T1s
= =
q c1 T2s − T2 e T1e − T1s + T1s − T2 e
1+ 1+
q c2 T1e − T1s

h S2 T1e − T1s  T −T 
D’où la relation : − = ln 1s 2s 
q c1 T1e − T1s + T2s − T2e  T −T 
 1e 2e 

Τ1e - Τ2e qui représente l’écart de température entre le fluide chaud et le fluide froid à l’entrée de l’échangeur
peut être noté : ∆Τe = Τ1e - Τ2e , on écrira de même à la sortie de l’échangeur : ∆Τs = Τ1s - Τ2s .

∆Ts − ∆Te
L’expression précédente peut alors se mettre sous la forme : q c1 (T1e − T1s ) = h S 2
 ∆T 
ln  s 
 ∆T 
 e 
Le premier membre de cette équation représente le flux de chaleur total ϕ transféré dans l’échangeur.
∆Ts − ∆Te
Le rapport : est la moyenne logarithmique (MLDT) de l’écart ∆Τ entre l’entrée et la sortie
 ∆T 
ln  s 
 ∆T 
 e 
de l’échangeur.

Le flux de chaleur échangé se met donc finalement sous la forme :

ϕ = h S 2 ∆Tm (6.3)

∆Ts − ∆Te
Avec : ∆Tm = (6.4)
 ∆Ts 
ln  

 ∆Te 

La distribution des températures des fluides le long de l’échangeur présente l’allure suivante :

T1e

T1s
Tlim
T2s

T2e
0
L x
Figure 6.4 : Evolution des températures dans un échangeur tubulaire fonctionnant à co-courant
Remarques :
- En aucun cas on ne peut avoir Τ2s > Τ1s car à partir de l’abscisse où les deux fluides seraient à la
même température il n’y aurait plus d’échange de chaleur possible.
- Les deux fluides voient leurs températures se rapprocher d’une température limite Tlim, cette
température est donnée par :

q c1 T1e + q c2 T2e (6.5)


Tlim =
q c1 + q c2

Fonctionnement à contre-courant

On montre que la relation (6.3) s’applique aussi bien à un échange à contre-courant qu’à un échange à co-
courant, mais les expressions de ∆Ts et de ∆Te ne sont pas identiques dans les deux cas :

Co-courant Contre-courant

(6.6)
∆Ts = T1s − T2s ∆Ts = T1s − T2e
∆Te = T1e − T2e ∆Te = T1e − T2s

La distribution des températures dans un échangeur à contre-courant présente l’une des allures suivantes :

Τ Τ
Τ1e qc1 < qc2 Τ1e qc1 > qc2

Τ2s

Τ2s Τ1s

Τ1s

Τ2ε Τ2ε
0
x 0 x

Figure 6.5 : Evolution des températures dans un échangeur tubulaire fonctionnant à contre-courant

qc1 < qc2 : On dit que le fluide chaud commande le transfert. Si L → ∞ alors Τ1s → Τ2e et Τ2s ≠ Τ1e
qc1 > qc2 : On dit que le fluide froid commande le transfert. Si L → ∞ alors T2s → Τ1e et Τ1s ≠ Τ2e

Remarque :
- Dans un fonctionnement à contre-courant il est possible d’obtenir Τ2s > Τ1s
- Il est par contre impossible d’obtenir Τ2s > Τ1e ou Τ1s < Τ2e .

Comparaison des deux modes de fonctionnement

Dans un échangeur tubulaire simple, le flux de chaleur transféré est toujours plus élevé avec un
fonctionnement à contre-courant car ∆Τm est plus élevé.

Exemple : Τ1e = 90°C Τ1s = 35°C


Τ2e = 20°C Τ2s = 30°C
(90 − 20) − (35 − 30)
Co-courant : ∆Tm = = 24,6 °C
 90 − 20 
ln  
 35 − 30 
 
(90 − 30) − (35 − 30)
Contre-courant : ∆Tm = = 32,5 °C
 90 − 30 
ln  
 35 − 30 
 

A chaque fois que cela sera possible on choisira donc un fonctionnement à contre-courant.
Plus généralement, un échangeur de chaleur de configuration quelconque aura des performances toujours
supérieures à celles de l’échangeur tubulaire simple en co-courant et inférieures à celles d’un échangeur tubulaire
simple en contre-courant.

6.1.2.3 Cas où h n’est pas constant

On utilise dans ce cas la méthode de Colburn qui fait l’hypothèse que le coefficient global de transfert h varie
linéairement en fonction de ∆Τ : h = a + b ∆Τ.

Nous pouvons écrire :


- A l’entrée de l’échangeur : he = a + b ∆Τe
- A la sortie de l’échangeur : hs = a + b ∆Τs
he − hs he − hs
Les coefficients a et b s’expriment par : b= et a = h e − ∆Te
∆Te − ∆Ts ∆Te − ∆Ts
Le bilan thermique de l’échangeur entre les abscisses x et x + dx s’écrit toujours :
dT1 h dS 2
− q c1 dT1 = h dS2 (T1 − T2 ) soit =−
T1 − T2 q c1
T1s
dT1
Le calcul de ∫ après avoir exprimé h et Τ2 en fonction de Τ1 conduit au résultat final suivant :
T1e h (T1 − T2 )

h e ∆Ts − h s ∆Te
ϕ= S2 (6.7)
 h ∆Ts 
ln  e 

 h s ∆Te 

Remarque : Dans le cas où h ne varie pas linéairement sur tout l’échangeur, on découpera celui-ci en autant de
morceaux sur lesquels on pourra faire l’hypothèse d’une variation linéaire de h.

6.1.3 Efficacité d’un échangeur

6.1.3.1 Définition et calcul

On définit l’efficacité d’un échangeur comme le rapport du flux de chaleur effectivement transféré dans
l’échangeur au flux de chaleur maximal qui serait transféré dans les mêmes conditions de températures d’entrée
des deux fluides dans un échangeur tubulaire de longueur infinie fonctionnant à contre-courant :

ϕ
η= (6.8)
ϕmax

Cas où qc1 < qc2 , le fluide chaud commande le transfert :


Si L → ∞ alors Τ1s → Τ2e d’où : ϕ max = q c1 (T1e − T2e ) et ϕ = q c1 (T1e − T1s )
On définit alors une efficacité de refroidissement :

T1e − T1s
ηr = (6.9)
T1e − T2e

Cas où qc2 < qc1 , le fluide froid commande le transfert :


Si L → ∞ alors Τ2s → Τ1e d’où : ϕ max = q c 2 (T1e − T2e ) et ϕ = q c 2 (T2s − T2e )

On définit alors une efficacité de chauffage :


T2s − T2e
ηc = (6.10)
T1e − T2e

6.1.3.2 Signification du rendement

Lorsque le but recherché par l’installation d’un échangeur est de récupérer de la chaleur, la notion de
rendement prend toute sa justification du point de vue économique. Considérons l’exemple le plus simple d’un
échangeur fonctionnant à co-courant destiné à récupérer de la chaleur sur des fumées. Appelons P le prix en € du
mètre carré d’échangeur (supposé constant) et C le gain en € par W récupéré sur le fluide chaud.

Le gain total engendré par l’échangeur est : G = C . ϕ = C qc1 (T1e - T1s)


Le coût de l’échangeur est supposé proportionnel à sa surface : D = S . P où S est la surface d’échange en
m2. Le bénéfice généré par l’installation de l’échangeur s’écrit : B = G – D . Ces différentes grandeurs sont
représentées schématiquement sur la figure 6.6.

D = f (S)
Gm
ax
G = g (S) Bmax

Tli
m T1s = h (S)

T1e
0 Se Sl S 0 Se Sl

Figure 6.6 : Représentation simplifiée du bénéfice engendré par un récupérateur de chaleur.

On constate que le bénéfice atteint un maximum pour une certaine valeur Se de la surface d’échange.
L’augmentation de la surface d’échange au-delà de Se permet d’augmenter le rendement mais a un effet inverse
sur le bénéfice. Il existe donc une limite économique Se pour la surface d’échange de ce type d’échangeur de
chaleur.

6.1.4 Nombre d’unités de transfert

6.1.4.1 Définition
h S2
On appelle nombre d’unité de transfert noté NUT le rapport adimensionnel qui est aussi égal à
q c1
T1e − T1s
pour le fluide chaud dans le cas d’un échangeur tubulaire simple :
∆Tm
h S2 T − T1s
NUT1 = = 1e (6.11)
q c1 ∆Tm

Le NUT est représentatif du pouvoir d’échange de l’échangeur. Nous allons montrer dans ce qui suit qu’il est
lié à l’efficacité de l’échangeur et que son utilisation permet de simplifier les calculs de dimensionnement des
échangeurs.

6.1.4.2 Relation entre NUT et efficacité

Considérons le cas d’un échangeur tubulaire simple fonctionnant à contre-courant et supposons que le fluide
T − T1s
chaud commande le transfert : qc1 < qc2 donc η r = 1e
T1e − T2e
q c1
Posons z= < 1 et ∆Τmax = Τ1e – Τ2e
qc2
h S2 T − T1s  ∆T 
NUT1 = = 1e ln  s 
q c1 ∆Ts − ∆Te  ∆Te 

Exprimons ∆Τe et ∆Τs en fonction de ∆Τmax et ηr , nous pouvons écrire :

∆Ts = T1s − T2e = T1s − T1e + T1e − T2e = − η r ∆Tmax + ∆Tmax = ∆Tmax (1 − η r )

∆Te = T1e − T2s = T1e − T2e + T2e − T2s = ∆Tmax − z (T1e − T1s ) = ∆Tmax (1 − z η r )

Nous en déduisons l’expression du NUT1 en fonction de ∆Τmax et de ηr :

∆Tmax η r  ∆T (1 − η r )  1  1− zη 
NUT1 = ln  max
= ln  r 
∆Tmax (1 − η r ) − ∆Tmax ((1 − z η r ))  ∆Tmax (1 − z η r )  1 − z  1− η
 r

En reprenant ce calcul dans le cas où le fluide froid commande le transfert puis pour un fonctionnement à co-
courant nous obtenons les relations générales suivantes :

Co-courant Contre-courant

−ln[1 − (1 + z )η ] 1  η −1 
NUTmax = NUTmax = ln 
1+ z z − 1  z η − 1  (6.12)
1 − exp [− NUTmax (1 + z )] 1 − exp [− NUTmax (1 − z )]
η= η=
1+ z 1 − z exp [− NUTmax (1 − z )]

hS q
Avec : NUTmax = et z = cmin
q cmin qcmax

Cas particuliers :
- Pour tous les types d’échangeurs : η = 1 − exp(− NUTmax ) et NUTmax = − ln(1 − η) si z = 0.
NUTmax η
- Pour l’échangeur à contre-courant : η = et NUTmax = si z = 1.
NUTmax + 1 1− η

L’utilisation de ces formules a permis d’établir les abaques présentées en annexe A.6.1.
6.1.5 Calcul d’un échangeur

6.1.5.1 Températures de sorties connues

Le coefficient global de transfert h ayant été calculé, on connaît : qc1, qc2, Τ1e, Τ1s, Τ2e et Τ2s. On peut utiliser
l’une des deux méthodes suivantes pour calculer S2 :

Méthode MLDT :

- On calcule ϕ = q c 1 (T1 e − T1s ) = q c 2 (T2s − T2e )


∆Ts − ∆Te
- On calcule ∆Tm =
 ∆T 
ln s 
 ∆T 
 e 
ϕ
- On en déduit S2 =
h ∆Tm

Méthode du NUT :
q cmin
- On calcule η et z=
q cmax
- On détermine NUTmax par utilisation des formules (6.12) ou des abaques
q
- On en déduit S2 = NUTmax cmin
h

6.1.5.2 Températures de sortie inconnues

Le coefficient global de transfert h ayant été calculé, on connaît : qc1, qc2, Τ1e, Τ2e et S. On peut utiliser l’une
des deux méthodes suivantes pour calculer Τ1s et Τ2s :

Méthode MLDT :
Son application nécessite la résolution (complexe) par des méthodes numériques du système de deux
équations :
q c1 (Te1 − T1s ) = h S ∆Tm

q c1 (T1e − T1s ) = q c2 (T2s − T2e )

Méthode du NUT :
hS q
- On calcule NUTmax = et z = cmin
q cmin q cmax
- On détermine η par utilisation des formules (6.12) ou des abaques. Dans l’expression de η ne
figure qu’une seule température inconnue T1s ou Τ2s que l’on calcule.
- On détermine la deuxième température inconnue par le bilan thermique global de l’échangeur :
q c1 (T1e − T1s ) = q c2 (T2s − T2e )

Remarque : La méthode du NUT qui s’applique directement sans avoir recours à des méthodes numériques
complexes est à préférer dans ce cas de figure.

6.2 Les échangeurs à faisceaux complexes

6.2.1 Généralités
Nous avons jusqu’alors étudié le modèle le plus simple d’échangeur que l’on puisse concevoir à savoir
l’échangeur tubulaire simple. Il est toutefois difficile avec ce type d’échangeur d’obtenir des surfaces d’échange
importantes sans aboutir à des appareils très encombrants. C’est l’une des raisons qui a conduit à développer
d’autres géométries d’échanges.

6.2.2 Echangeur 1-2


C’est l’échangeur à faisceau le plus simple : le fluide circulant dans l’enveloppe effectue un seul passage
tandis que le fluide circulant dans le tube effectue 2 (ou 2n) passages :

1 passage en enveloppe

2 passages en tube

Figure 6.7 : Schéma d’un échangeur 1-2

Une passe en tube s’effectue à co-courant avec l’écoulement en calandre tandis que l’autre s’effectue à
contre-courant (cf. figure 6.7). L’écoulement co-courant est moins efficace que l’écoulement à contre-courant,
l’échangeur 1-2 a donc une efficacité comprise entre celle d’un échangeur tubulaire fonctionnant à co-courant et
celle d’un échangeur tubulaire fonctionnant à contre-courant.

Comme pour l’échangeur tubulaire simple, il existe une relation reliant le nombre d’unités de transfert
maximal NUTmax et l’efficacité η de l’échangeur :

(
NUTmax = − 1 + z )
2 −1/2
ln 
(
 2/η − 1 − z − 1 + z 2 )
1/2 

 (
 2/η − 1 − z + 1 + z 2 )
1/2 

(6.13)
−1

( 1/2 
1 + exp − NUTmax 1 + z 2   )

(
η = 2 1 + z + 1 + z 2)1/2 
  


 
(
1 − exp − NUTmax 1 + z 2  
1/2
)
 

On trouvera également en annexe A.6.1 les abaques établis à partir de cette relation. Le calcul d’un
échangeur 1-2 s’effectue en appliquant la méthode du NUT telle qu’elle a été décrite pour les échangeurs
tubulaires simples.

6.2.3 Echangeur 2-4

Lorsque l’échangeur 1-2 ne permet pas d’obtenir une efficacité supérieure à 0,75, on cherche à se rapprocher
davantage de l’échangeur à contre-courant en effectuant 2 (ou plus) passages en calandre. L’échangeur 2-4
comporte une chicane longitudinale de sorte que le fluide en enveloppe effectue 2 passages. Le fluide dans le
tube effectue 4 (ou 4n) passages (cf. figure 6.8).

Comme pour l’échangeur tubulaire simple, il existe une relation reliant le nombre d’unités de transfert
maximal NUTmax et l’efficacité η de l’échangeur :

[(1 − η1−2 z) (1 − η1−2 )2 ]− 1


η2 − 4 =
[(1 − η1−2 z ) (1 − η1−2 )2 ]− z (6.14)
Où : η1− 2 est le rendement de l’échangeur 1-2 fonctionnant dans les mêmes conditions donné par la relation
(6.13).

2 passages en enveloppe

4 passages en tube

Figure 6.8 : Schéma d’un échangeur 2-4

On trouvera également en annexe A.6.1 les abaques établis à partir de cette relation. Le calcul d’un
échangeur 1-2 s’effectue en appliquant la méthode du NUT telle qu’elle a été décrite pour les échangeurs
tubulaires simples.

6.2.4 Echangeur à courants croisés

Les deux fluides s’écoulent perpendiculairement l’un à l’autre. Un fluide est dit non brassé s’il s’écoule dans
une veine divisée en plusieurs canaux parallèles distincts et de faible section, il est dit brassé dans le cas
contraire. Le brassage a pour effet d’homogénéiser les températures dans la section droite de la veine. Les
échangeurs à courants croisés sont surtout utilisés pour des échangeurs entre un gaz circulant en calandre et un
liquide circulant dans les tubes.

Liquide
Gaz

Gaz
Liquide
Un fluide brassé et un fluide non brassé Deux fluides non brassés

Figure 6.9 : Schéma de deux types d’échangeurs à courants croisés

Comme pour l’échangeur tubulaire simple, il existe une relation reliant le nombre d’unités de transfert
maximal NUTmax et l’efficacité η de l’échangeur :

Deux fluides non brassés :

η = 1 − exp 
( max
)
 exp − z NUT 0,78 − 1 

 − 0,22  (6.15)
z NUTmax
Deux fluides brassés :

−1
 1 z 1 
η= + − 
 1 − exp (− NUT ) 1 − exp (− NUT z ) NUT  (6.16)
max max max 

 
NUTmax = − ln 1 + ln (1 − η z )
1
 z 

Un fluide non brassé :

Fluide commandant le transfert (qc min) non brassé :

η =
1
z
{ [ (
1 − exp − z 1 − e − NUTmax ) ]}
(6.17)
 1 
NUTmax = − ln 1 + ln (1 − η z)
 z 

Fluide commandant le transfert (qc min) brassé :

 1 
η = 1 − exp −   [1 − exp (− z NUTmax )]
  
z 
(6.18)

= − ln [ 1 + z ln (1 − η )]
1
NUTmax
z

Le calcul d’un échangeur à courants croisés s’effectue en appliquant la méthode du NUT telle qu’elle a été
décrite pour les échangeurs tubulaires simples. On trouvera en annexe A.6.1 des abaques représentant ces
différentes formules.

6.2.5 Echangeurs frigorifiques

Une installation frigorifique comporte au moins deux échangeurs de chaleur :


- Un condenseur dont le but est d’assurer le transfert de chaleur du fluide frigorigène au milieu
extérieur
- Un évaporateur dont le rôle est d’assurer le transfert de chaleur du milieu à refroidir au fluide
frigorigène.

Ces deux échangeurs se caractérisent par un écoulement diphasique du fluide frigorigène.

6.2.5.1 Condenseurs

Dans un condenseur, la phase liquide du fluide frigorigène apparaît dès que la température de la surface de
refroidissement devient inférieure à la température de saturation du fluide frigorigène sous la pression de
condensation. Ceci se produit à une distance très faible de l’entrée du condenseur, pratiquement dès le début s’il
s’agit d’un condenseur à eau. On peut ainsi observer, quasiment dès l’entrée de l’échangeur, la présence contre la
paroi froide d’une mince couche de liquide sur la surface de laquelle un film de vapeur saturée se condense.
On peut dès lors considérer que la température du fluide frigorigène est constante et égale à la température de
condensation. Si l’on admet que le coefficient global de transfert h est constant, le profil des températures a
l’allure suivante :

T1e = T1s = Tcondensation

Τ1s

Τ1e
0
S
Figure 6.10 : Evolution des températures dans un condenseur

6.2.5.2 Evaporateurs

Noyés
Dans ce type d’échangeur, l’évaporation se produit à l’extérieur des tubes complètement « noyés » dans la
phase liquide. Si la perte de charge due à la circulation du fluide frigorigène est négligeable, la température de ce
fluide est constante tout au long de l’évaporateur et égale à la température d’évaporation :

Τ1e

Τ1s

Τ2e = Τ2s = Τévaporation

0 S

Figure 6.11 : Evolution des températures dans un évaporateur noyé

Comme dans ces échangeurs le titre de vapeur reste en deçà de 75%, le coefficient d’échange est relativement
élevé et peut être considéré comme constant. La surface d’échange nécessaire se calcule de la même manière que
pour une autre type d’échangeur.

A détente sèche

Dans ce type d’échangeur, l’évaporation se produit à l’intérieur des tubes dans lesquels le fluide frigorigène
circule. Du point de vue des transferts thermiques, deux points différencient ces évaporateurs des précédents :

- Pour éviter tout risque que du fluide liquide pénètre dans le compresseur, les vapeurs sont
légèrement surchauffées ce qui entraîne une variation de la température du fluide frigorigène dans
la partie terminale de l’échangeur.
- Pour les titres de vapeur supérieurs à 75%, le coefficient de transfert côté fluide frigorigène chute
brutalement ce qui ne permet plus de considérer le coefficient global de transfert h comme constant.

Pour dimensionner ces échangeurs, il faut les scinder en plusieurs parties telles que le coefficient global de
transfert h soit constant ou varie linéairement sur chacune d’elles.
T1e

T1s
Τ2s
Τ2e

0 S
Figure 6.12 : Evolution des températures dans un évaporateur à détente sèche

On trouvera dans le tableau 6.2 l’ordre de grandeur des coefficients globaux d’échanges h dans divers types
de condenseurs et d’évaporateurs.

Tableau 6.2 : Ordre de grandeur du coefficient global d’échange pour divers types d’échangeurs frigorifiques
(d’après IIF , 1976)

Coefficient global d’échange h pour divers types de condenseurs (W.m-2. °C-1)


Médium de
Groupe Type h
condensation

Circulation naturelle 9 à 12
Air
Circulation forcée 24 à 30
A chaleur sensible
Immersion 240 à 300
Eau Double tube et contre-courant 700 à 950
Multitubulaires horizontaux 700 à 1000

Tubes lisses 240 à 350


A chaleur latente Evaporation forcée
Tubes à ailettes 120 à 180

Coefficient global d’échange pour divers types d’évaporateurs (W.m-2. °C-1)

A serpentin 70 à 95
A immersion 400 à 580
Refroidisseurs de liquides
Double tube et contre-courant 580 à 820

Plaques eutectiques (eau ou saumure) 35 à 95

Refroidisseurs de gaz
Circulation d’air forcée :
Tubes lisses 35 à 47
Tubes ailetés 16 à 24

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